Contraint, parce qu'orphelin très jeune, à toutes sortes de professions qui lui assurent les moyens matériels de s'adonner à la peinture —il participe en 1930 à l'installation de l'exposition du Bauhaus au Grand Palais—, Roger Bezombes est élève de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. S'il est formé à l'art de la fresque par Paul Baudoüin, René Barotte n'en restitue pas moins que la préférence du jeune homme va à la pratique de « l'école buissonnière » qu'il met à profit pour faire des copies au Musée du Louvre[1]. C'est l'époque où les peintures de Paul Gauguin, Vincent van Gogh et Henri Matisse lui sont révélées par Maurice Denis[2] dont il demeurera proche jusqu'au décès accidentel de celui-ci, le peignant sur son lit mortuaire le .
Roger Bezombes se rend en Afrique pour la première fois en 1936 grâce à une bourse de voyage et reçoit la même année le second grand prix de Rome. Il parcourt en 1937 le Maroc où il se lie d'amitié avec Albert Camus[3]. L'année 1938 lui offre à la fois sa première exposition personnelle à la galerie Charpentier à Paris avec des toiles et des gouaches sur le thème du Maroc[4] et l'attribution du grand prix national des arts, lui valant un grand périple qui, de Dakar à Alger, le fait passer par le Tchad, Tamanrasset et le Hoggar[3].
Roger Bezombes visite la Palestine en 1953, la Tunisie et l'Égypte en 1954[3]. Il est nommé peintre officiel de la Marine en 1955[5]. Pierre Mazars analyse qu'«après une période où l'on remarque l'influence de Van Gogh et de Braque, particulièrement dans ses paysages de Provence, il est venu à une écriture plus schématique, les taches colorées et les épaisseurs de matière prenant plus d'importance que le sujet. Il a même exécuté des œuvres composites, mi -aquarelles mi-papiers collés, dans lesquelles il incorporait des morceaux de journaux»[6].
«L'éventail des formes du talent de Bezombes est remarquable», écrit Lynne Thornton, «allant des tableaux, des peintures murales, des cartons de tapisserie, des illustrations de livres, des décorations monumentales en céramique, des décors de ballet et de théâtre, aux sculptures-totems, aux objets-sculptures, aux bijoux et aux médaillons»[12].
Contribution bibliophilique
Paul Mousset, Quand le temps travaillait pour nous, illustrations de Roger Bezombes, mille trois cent vingt exemplaires numérotés, Grasset, 1943.
Henry de Montherlant, Notes de la guerre sèche - Somme, Oise, mai-, illustrations de Roger Bezombes, Éditions littéraires de France, 1943.
Guy de Chézal (avant-propos de Marcel Berger), En auto mitrailleuse à travers les batailles de mai 1940, douze eaux-fortes de Roger Bezombes, six cent quinze exemplaires (dont vingt-cinq hors commerce) numérotés, Librairie Plon, 1944.
Myriam Harry, La petite fille de Jérusalem, douze compositions de Roger Bezombes gravées sur bois par Jacques Beltrand, huit cent cinq exemplaires numérotés, Fayard, 1950.
Charles Morgan, Portrait dans un miroir, illustrations de Roger Bezombes, Fayard, 1953.
Emmanuel Roblès, Le grain de sable, dix lithographies originales de Roger Bezombes, trois cents exemplaires numérotés, Noël Schumann, Paris / Éditions de l'Empire, 1955.
Pierre Borel, Côte d'azur, couverture de Roger Bezombes, Éditions B. Arthaud, 1955.
Air France - Rêver le monde, Imprimerie Fernand Mourlot, 1981[13], seize affiches dont Vacances, Merveilles de la Terre, Gastronomie, Les îles, Exotisme, Orient, Raffinement, Liberté, Vie du monde, Monde nouveau, Ciel[14].
Philexfrance, exposition internationale de philatélie, palais du C.N.I.T., Paris, Imprimerie Fernand Mourlot, .
Publication
Roger Bezombes, « en A.O.F. Au pays des roses noires », Plaisir de France, Paris, juillet-.
Roger Bezombes, L'exotisme dans l'art et la pensée, Éditions Elsevier, 1953.
Pierre Laprade (préface de Roger Bezombes), Architectures de la Méditerranée à travers les croquis de Pierre Laprade, Berger-Levrault, 1983.
1er Salon Biarritz - San Sebastián: École de Paris, peinture, sculpture, casino de Biarritz et Musée San Telmo, Saint-Sébastien (Espagne), juillet-septembre 1965.
Galerie des Ponchettes, Nice, septembre-octobre 1966.
L'Orient rêvé par l'Occident, musée d'art et de culture de Marrakech, mai 2016 - janvier 2017[20].
«Surtout soucieux de mettre en évidence l'aspect coloré du tableau, Bezombes supprime le modelé et prend beaucoup de libertés avec la perspective italienne. La multiplicité des couleurs, souvent réparties en zones qui ne correspondent ni à des ombres ni à des différences de matière dans les objets, crée une impression de papillotement.» - Revue Connaissance des arts[16]
«Les accords de tons ont de la hauteur, de la noblesse... Souvent aussi, cette peinture précieuse, riche d'hommages aux regards, fait frémir les doigts, et l'on se remet à songer à des vitraux, à des gemmes, à des bois introuvables, à des plumages d'oiseaux disparus. Élégance de manières, peinture pour aristocratie mentale. Et tout se tient, placé au-delà d'une zone commune, à la manière d'un mirage.» - André Beucler[21]
«Il est de ceux qui ont vigoureusement ranimé l'art de la médaille quand il fut appelé à travailler à l'Hôtel de la Monnaie à Paris, n'hésitant pas à transformer la forme des médailles ni à substituer à l'académisme régnant une écriture plus libre et plus fougueuse.» - Pierre Mazars[6]
«Bezombes, pour qui la couleur conserve comme un émerveillement de l'enfance...» - René Huyghe de l'Académie française et Jean Rudel[22]
«Des compositions baroques marquées par le lyrisme de l'Orient et par ses splendeurs colorées.» - Gérald Schurr[23]
«Bezombes produit une peinture qui a sa source dans l'École de Paris de l'entre-deux-guerres et qui est constituée d'une imagerie agréable et diverse, traduite dans une construction plastique qui emprunte un peu la couleur flatteuse du postimpressionnisme et un peu la composition stylisée du post-cubisme.» - Jacques Busse[5]
«L'ensemble d'affiches de Roger Bezombes relève d'une indéniable originalité. Pour la première fois, il ne s'agit plus d'illustrer des pays mais des concepts: la Méditerranée, les îles, le soleil, la liberté... Et, une fois réunies, ces seize affiches forment un puzzle général: Vies du monde d'Air France.» - Anne Doridou-Heim[13]
Musée national d'art moderne, Paris, Le harem, huile sur toile, 1938; Évêque, huile sur papier, avant 1939; Portrait de l'oiseau qui n'existe pas, aquarelle, 1957; Le bouquet de fleurs romantique, technique mixte sur contreplaqué, 1957.
Transept côté droit de l'église Saint-Ferdinand-des-Ternes, Paris (en collaboration avec Hélène Bezombes), Les sacrements de baptême, de confirmation et de pénitence[30].
César, Portrait de Roger Bezombes, médaille, tirage limité à cent exemplaires, éditée par la Monnaie de Paris à l'occasion de l'exposition Roger Bezombes, 1972.
Richard R. Brettell, Paul Hayes Tucker et Nathalie H. Lee, Nineteenth and Twentieth paintings in the Robert Lehman Collection, Metropolitan Museum of Art / Princeton University Press, 2009.
(en) Richard R. Brettell, Paul Hayes Tucker, Natalie Henderson Lee, Metropolitan Museum of Art New York: Nineteenth- and Twentieth-century Paintings, Metropolitan Museum of Art, 2009
(voir en ligne), p.370
Anne Doridou-Heim, « La plus belle vitrine d'Air France sur la terre: les affiches sont l'expression sur papier d'un rêve parlant d'aventures, de luxe et de vitesse », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°29, 24 juillet 2009.
« Les peintres dans les galeries contemporaines - Les dernières toiles de Bezombes: des natures mortes », Connaissance des arts, n°69, novembre 1957, page 114.
Jean Lepage, L'épopée orientale, Éditions Somogy, 2005.
Joël Millon et Claude Robert, 5, avenue d'Eylau à Paris, Catalogue de l'atelier Roger Bezombes, Hôtel Drouot, .
(en) Richard R. Brettell, Paul Hayes Tucker et Nathalie H. Lee, Nineteenth and Tweltieth paintings in the Robert Lehmann Collection, Metropolitan Museum of Art / Princeton University Press, 2009.
Jean Lepage, Les peintres du Musée d'art et d'histoire de Narbonne, Éditions du musée d'Art et d'Histoire de Narbonne, 2009.
Élisabeth Cazenave, (préface de Françoise Durand-Évrard), Les artistes de l'Algérie. Dictionnaire des peintres, sculpteurs, graveurs (1830-1962), Éditions de l'Onde, 2010.
François de Beaulieu, Dictionnaire du golge du Morbihan, Le Télégramme éditeur, 2011.
Jean Lepage, L'Orient fantasmé, Éditions du musée d'Art et d'Histoire de Narbonne, 2011.