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ensemble médiéval de récits animaliers écrits en ancien français et en vers De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Roman de Renart est un ensemble médiéval de récits animaliers écrits en ancien français et en vers. Ces récits disparates, rédigés par différents auteurs, sont appelés à partir du Moyen Âge « branches ». Ils sont composés principalement en octosyllabes à rimes plates. Les branches les plus anciennes (vers 1174) sont attribuées à un certain Pierre de Saint-Cloud. Dès le XIIIe siècle, les branches sont regroupées en recueils, apportant une certaine unité. Les auteurs du Roman de Renart sont pour la plupart anonymes mais quelques-uns sont identifiés : Pierre de Saint-Cloud, Richard de Lison, et un prêtre, de la Croix-en-Brie[1],[2],[3].
Titre original |
(nl) Reintje de Vos |
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Format | |
Partie de |
Reynard the Fox (en) |
Langue | |
Genres |
Littérature épique (en) Conte merveilleux |
Personnage |
Renart (d) |
Pays | |
Œuvre dérivée |
Le Roman de Renard Reynart le Goupil (d) |
Le Roman de Renart (avec l'article défini) est le titre des éditions modernes, qui considèrent cet ensemble comme une œuvre cohérente. Celle-ci raconte les tours et violences dont le goupil Renart est l'auteur, aux dépens des autres animaux du royaume. Les animaux sont présentés avec des caractéristiques anthropomorphiques, mais vivant au contact de l'homme.
Dès le XIIe siècle, la bourgeoisie a sa propre littérature, véritable satire sociale avant la lettre. Elle est par essence malicieuse, pittoresque, mais le plus souvent réaliste. Il nous en reste essentiellement des fabliaux (Estula, Le Lévrier et le Serpent, Les Trois Aveugles de Compiègne), le Roman de Renart, et, plus tard, des farces (La Farce de Maître Pathelin, XVe siècle).
Le Roman de Renart est une œuvre composée de courts récits indépendants en vers octosyllabiques. Écrit en français, langue romane d'où le nom roman, il comprend vingt-sept branches rédigées, au cours des temps, par des auteurs différents. Il met en scène des animaux dont les deux principaux sont le loup Ysengrin et surtout le goupil Renart, le héros si célèbre. Le récit contient 80 000 vers, à rimes plates pour favoriser la récitation de ces récits (ils étaient racontés, sous diverses formes, par les jongleurs à la population, très peu de gens sachant lire et écrire au Moyen Âge).
Ces textes ont des fonctions diverses :
Ces textes ont inspiré certains auteurs contemporains comme Carl Gustav Jung, dans la création de son concept d'enfant intérieur et Paul Radin, dans son étude du Trickster. Ces auteurs furent intéressés par la figure de Till l'espiègle ou celle du renard dans Le Roman de Renart, entre autres, comme modèles de ce qu'ils nommaient le « fripon divin » : un être espiègle, malicieux et facétieux.
Les œuvres les plus tardives (Renart le Bestourné (à l'envers) de Rutebeuf, ou l'anonyme Renart le Contrefait (1319-1342), accentuent encore la satire.
Selon certaines interprétations, Renart représenterait le petit peuple, toujours prêt à mille « jongleries » pour survivre ; Ysengrin : la bourgeoisie, lourde et patentée ; Grimbert, le blaireau : le clergé et Brun, l'ours : la noblesse. Mais dans le texte, tous les personnages sont explicitement présentés comme appartenant à la noblesse. Renart est un chevalier qui vit dans son château de Maupertuis et est le premier à se moquer des vilains et à vivre à leurs dépens en les ridiculisant voire en n'hésitant pas à les tuer.
Les frères Grimm y voient une « épopée animalière (Thiersage) venue de Germanie via Tacite », ce qui lui conférerait des racines indo-européennes.
Mais le monde des animaux, miroir du monde humain, sert avant tout à critiquer celui-ci. Les auteurs se moquent de tout, des chevaliers aux pèlerins, de la justice aux courtisans, montrant partout l'hypocrisie. Successeurs d'Ésope, ils préfigurent les fables de Jean de La Fontaine.
Dans le récit en vers Ysengrimus, de Nivard de Gand[4] de 1148, plusieurs animaux retrouvent un nom fixé, de longue date, par la tradition. Ce sont : Reinardus le goupil, Balduinus l’âne (Baudouin), Bruno l’ours. Le nom des autres animaux ne reparaît plus… Inventés pour la circonstance, ils disparaîtront avec leur auteur.
Les sources du Roman de Renart sont variées[5]. Figurent au nombre de celles-ci l’Ecbasis captivi et surtout l’Ysengrimus de Nivard de Gand[5]. S’y ajoutent des fables ésopiques gréco-latines, adaptées en français dans des recueils nommés isopets et reprises par Marie de France[5].
Ces textes sont issus d'une longue tradition de récits animaliers rédigés en latin médiéval.
Elle peut se retrouver dans :
Peu d'auteurs sont connus. Le plus ancien est probablement Pierre de Saint-Cloud. On a également identifié Richard de Lison, et un troisième auteur désigné comme étant « le prêtre de la Croix-en-Brie ». Mais il y a 29 autres auteurs non identifiés.
Pierre de Saint-Cloud est un poète français de la seconde moitié du XIIe siècle. Les branches II et Va du Roman de Renard lui sont attribuées. Il aurait été le collaborateur d'Alexandre de Paris pour la Quatrième partie du Roman d'Alexandre[7].
Richard de Lison[8],[9] est un clerc[8],[9] français[8] du XIIe siècle[8]. Auteur de la branche XII[8] vers [9], il précise son identité à la fin de ses écrits : « ceci vous a [été] dit [par] Richard de Lison »[9].
Le prêtre de la Croix-en-Brie est l'auteur de la branche IX[10],[9] au commencement du XIIIe siècle. Il se présente au début de son œuvre : « Un prêtre de la Croix-en-Brie […] a mis tout son soin et toute son application à faire une nouvelle branche sur Renart, qui s'y connaît en ruses et en tromperies ». Rien ne permet de savoir avec certitude s'il était prêtre de La Croix-en-Brie ou si ce nom n'est qu'un pseudonyme. La vie rustique et villageoise dont il dresse le tableau correspond à celle de l'Île-de-France aux XIIe et XIIIe siècles[9].
Elles ont varié au gré des rééditions, d'autant que les manuscrits ne les présentaient ni en fonction de la chronologie interne du roman, ni en fonction de leur date de composition (certaines étant de plus altérées ou mélangées). Leur identification par Ernest Martin fait toutefois office de référence :
Alors que la plus ancienne source littéraire de l'épopée de Renard, l'Ysengrinus, avait déjà été composée en Flandre à Gand vers 1148, par le clerc Nivard de Gand, il existe une version en moyen néerlandais (le flamand, précisément), « Van den vos Reynaerde (nl) », datant du treizième siècle et reprenant le texte de la version française ultérieure, surtout de la branche de Pierre de Saint-Cloud. L'auteur serait un certain Willem die Madocke maecte (nl) et la traduction est formée de 3 469 vers. C'est cette traduction qui a permis au personnage d'être devenu populaire en Flandre et aux Pays-Bas. C'est lui aussi un des grands écrits littéraires médiévaux de la langue néerlandaise. On trouve même à Hulst une statue à son effigie.
Dans le 14e siècle, Van den vos Reynaerde fut retravaillé et augmenté jusqu'à être presque deux fois plus long. C'est sur cette version ultérieure, également en langue flamande, et connue comme Reinaerts Historie, qu'est basée une célèbre version de l’œuvre en bas saxon, parue en 1498 à Lübeck sous le nom de Reynke de vos.
Une version allemande composée sans doute autour de 1180 par l'Alsacien Heinrich der Glichesaere est elle aussi plus ancienne que les plus anciens manuscrits français du roman de Renart qui nous sont parvenus. Le plus ancien manuscrit (début XIIIe siècle) est intitulé Isengrīnes nōt (le mal d'Ysengrin) et les deux copies du XIVe siècle ont adopté le titre de Reinhart Fuchs.
C'est sur la version en bas saxon Reynke de vos (1498, voir sous Versions en flamand et bas saxon) que Johann Christoph Gottsched en 1752 puis, indirectement, Goethe en 1794 se sont appuyés pour écrire en allemand leurs propres versions de Reineke Fuchs. L'intérêt du poème original de Heinrich der Glichesaere n'avait pas échappé à Jacob Grimm qui l'a repris et publié sous le titre Reinhart Fuchs à Berlin en 1834.
Le Reynke de vos bas-saxon a également été traduit en danois. Ces traductions en allemand et en danois ont mené à des traductions en suédois, islandais, latin et anglais.
En Ukraine, l'adaptation sous le nom de Lys Mykyta (Лис Микита, lit. Mykyta le Renard) est connue, avec des noms modifiés, mais avec une intrigue intacte.
Selon l'érudit Lucien Foulet, sa composition s’échelonne de 1174 à 1250. Vingt-huit auteurs indépendants y ont collaboré, dont seulement trois ont tenu à nous transmettre leur nom. Ces écrivains ont réalisé une œuvre maîtresse, et à succès.
Rutebeuf écrivit un Renart le bestourné et un dit De Brichemer, et Jacquemart Giélée de Lille un Renart le Nouvel. Le Couronnement de Renart date de la seconde moitié du XIIIe siècle. Maurice Delbouille, dans Lettres françaises de Belgique (dirigé par Charlier et Hanse), identifie son auteur par sa langue, « marquée fortement de particularités dialectales picardes et wallonnes », à un clerc vivant à la Cour du Comte de Namur. Le Couronnement de Renart par l'âpreté de son ton, la violence de ses mises en cause, paraît comme détaché du Roman de Renart proprement dit bien qu'il lui doive beaucoup.
Au XIVe siècle, on réécrit deux fois Renart le Contrefait. D'après Corinne Pierreville [14] c'est l’œuvre d’un clerc anonyme qui pratiqua le métier d'apothicaire après avoir été révoqué de son ordre pour bigamie. La première version (BnF fr. 1630), de 31 940 octosyllabes, rédigée entre 1320 et 1327 [15], a été remaniée entre 1328 et 1342 pour donner naissance à une seconde version (manuscrit de Vienne 2562 et BnF fr. 370), qui ne compte pas moins de 40 000 vers.
Le Roman de Renart a été souvent adapté en français moderne.
Il existe plusieurs adaptations du roman en films d'animation ; notamment Le Roman de Renard, long métrage de Ladislas Starewitch avec marionnettes sorti en France en 1941 ou Le Roman de Renart, sorti en 2005.
Le Roman de Renart sert de base au Robin des Bois de Walt Disney Pictures[18],[19]. Le projet d'adaptation en dessin animé remonte aux années 1930 mais la gaillardise médiévale des aventures de Renart (connotations sexuelles, satire de la religion et des hommes d'église, en particulier des moines, souvent portraiturés en gros et gras profiteurs ainsi que l'immoralité fondamentale du héros, escroc, voleur et beau parleur qui met les rieurs de son côté) gênait considérablement Disney, surtout dans le contexte du très puritain Code Hays, qui plus est dans une œuvre destinée au jeune public[18]. C'est pourquoi les divers travaux, projets et esquisses d'un renard anthropomorphe et rusé furent finalement recyclés dans une œuvre très différente, mettant en scène Robin des Bois dans la forêt de Sherwood[18].
En 1974, le Roman de Renart est adapté dans une série d'animation jeunesse en 18 épisodes, jouée par des marionnettes[20]. Elle est réalisée par Richard Rein et produite par l'ORTF. Les dialogues sont de Jean Ache. Henri Virlojeux et Alain Cuny prêtent respectivement leur voix à Renart et Ysengrin. Jean-Michel Caradec interprète les chansons. Animation : Monique Petit, Liliane Pelizza, Michel Lemaréchal. Musique et effets sonores : Bernard Parmegiani. Marionnettes et maquettes des décors : Jacques Schmidt et Patrick Obligine. Décor : Maurice Izard. Générique : Maxime Le Forestier.
En 1985, Le Roman de Renart a été adapté assez librement et « modernisé » dans une série d'animation française intitulée Moi Renart.
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