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suite de mots rythmés formant l'unité de base d'une composition poétique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le vers (du latin versus, « le sillon, la ligne d'écriture », puis « le vers », historiquement « ce qui retourne à la ligne ») est un énoncé linguistique soumis à des contraintes formelles d'ordre métrique. Du respect de telles contraintes, qui peuvent être implicites ou explicites, dépendra, dans une culture donnée et à une époque donnée, la reconnaissance d'un énoncé en tant que vers.
En poésie littéraire imprimée, le vers est souvent repérable grâce à un retour à la ligne indépendant de la bordure de la page. Le vers est souvent associé à la poésie, mais toute poésie n'est pas forcément versifiée, de même que toute forme versifiée n'est pas nécessairement poétique. L'énoncé qui constitue un vers ne se confond pas nécessairement avec une phrase : une phrase peut s'étendre sur plusieurs vers et, inversement, un seul vers peut toucher à plusieurs phrases. Le rejet et le contre-rejet sont des cas où l'organisation des vers s'écarte de la structure syntaxique.
Le vers français se décompose en plusieurs unités appelées « syllabes » (de préférence à pieds, terme réservé à la métrique latine ou grecque). En fonction de ces syllabes, on peut mesurer les différents vers et les grouper ; il suffit, pour cela, de compter les syllabes.
Il n'existe pas de propriété intrinsèque qui permette de distinguer, infailliblement et pour toutes les cultures, le vers du « non-vers ». Lorsque Maurice Grammont[1] tente de le définir comme :
on comprend bien que, non content de limiter sa définition au vers français, il en exclut par la même occasion le vers « blanc » (non rimé), ou le célèbre « Chantre », de Guillaume Apollinaire, dont l'unique vers serait bien en peine de rimer à quoi que ce soit :
Cette définition exclut de même le « vers libre », dont le nombre de syllabes peut ne connaître aucune régularité.
À défaut de mieux, il faudra bien se contenter du jugement social (est réputé vers tout ce qui est, plus ou moins consensuellement, reconnu comme tel) tout en s'appliquant à expliciter, pour chaque culture, chaque période et chaque style, les contraintes métriques spécifiques qui servent de base à une telle reconnaissance. Plus ces contraintes métriques sont fortes, plus elles auront tendance à agir à leur tour sur l'énoncé linguistique sous-jacent : inversions, curiosités syntaxiques ou lexicales, archaïsmes, licences orthographiques sont autant d'éléments qui aideront à identifier un vers comme tel.
La prose se caractérise par l'absence des contraintes métriques qui font le vers : tout énoncé qui n'est pas en vers est en prose, mais il est toujours possible d'oublier qu'un vers est un vers et, partant, de le lire comme de la prose.
Par écrit, la prose s'organise en paragraphes. Chaque vers est en principe suivi d'un retour à la ligne. La cohérence graphique du vers est telle qu'on en marque souvent la première lettre par une majuscule, même si le mot la portant n'est pas le premier d'une phrase. De même, si, par manque de place, on ne peut écrire un vers en entier sur une ligne, on le signale :
(Louis Aragon, fragment d'« Épilogue », in Les Poètes)
La partie rejetée à la ligne suivante, ne constituant pas un nouveau vers, est précédée d'un crochet gauche et alignée à droite (ou fortement décalée).
On tend à grouper les vers : dans la chanson de geste, une suite, de longueur variable, de vers partageant la même assonance s'appelle une laisse. Dans les genres lyriques, on appellera strophe un bloc de vers. Souvent de longueur fixe, la strophe peut se caractériser par un arrangement particulier de ses rimes. Traditionnellement, on groupe les vers du sonnet en deux quatrains et deux tercets.
Dans les éditions modernes, on sépare les strophes par une ligne blanche, ce qui n'a pas toujours été le cas. Il n'est pas rare que la strophe coïncide avec une unité syntaxique, ou ait une cohérence sémantique.
Le vers traditionnel ou classique se définit donc surtout par son mètre, c'est-à-dire par un ensemble de contraintes formelles auxquelles il se soumet.
On connaît trois grandes familles de mètres :
Les longs vers sont presque invariablement divisés par une césure, contrainte qui est l'une des rares à être communes à toutes les familles de mètres. Cette universalité pourrait bien être due à l'incapacité de l'esprit humain à appréhender globalement des longues suites de syllabes.
La rime est une contrainte métrique fréquente, qu'on s'attend à trouver avant tout en métrique syllabique, souvent aussi en métrique accentuelle. Elle est généralement absente des métriques quantitatives.
La notion de pied, présente en métrique quantitative comme en métrique accentuelle, n'a aucun sens en métrique syllabique puisque les syllabes n'y sont pas hiérarchisées.
Prédominant dans la poésie des langues romanes, le vers à mètre syllabique est déterminé par son nombre de syllabes. La poésie française y a recours de manière prépondérante, ce qui ne l'empêche pas de frayer à l'occasion avec les mètres quantitatifs voire accentuels (cf. par exemple hexamètre dactylique et strophe sapphique).
Le mètre des vers français est caractérisé par le nombre de ses syllabes (ou de ses voyelles), à l'exclusion des syllabes féminines surnuméraires pouvant survenir en fin de vers (vers féminins) ou, dans certains cas, à la césure (césure « épique »). Certains mètres sont plus courants que d'autres (bien que, dans la poésie contemporaine — et, pour les vers chantés, déjà à la période classique — règne une grande liberté). Ils sont signalés ici par la mise en gras. De manière générale, les vers pairs sont plus fréquents que les vers impairs :
En poésie française traditionnelle, les vers sont rimés. De plus, les décasyllabes et les alexandrins comportent une césure tombant toujours entre deux mots. Cette césure est le plus souvent à la quatrième position pour les premiers (4 // 6) et à la sixième (6 // 6, ou césure à l'hémistiche) pour les seconds. On décrit aussi des décasyllabes avec césure sixième (6 // 4) ou cinquième (5 // 5, appelé alors taratantara[2]), mais ils sont tout à fait exceptionnels. On rencontre aussi occasionnellement, moins souvent toutefois que la césure à l'hémistiche, des alexandrins avec double césure (4 // 4 // 4).
Quand un poème, ou une strophe, ne sont composés que de vers identiques, on les qualifie d'« isométriques ». Dans le cas contraire, ils sont dits « hétérométriques ».
Dire les vers est un art pour lequel il n'existe aucune règle absolue, valable indépendamment de la position esthétique adoptée. Les uns veulent « casser le vers » et s'ingénient à faire oublier ses régularités métriques, comme s'ils voulaient qu'on n'entende que de la prose. D'autres[3] défendent un jeu restreint de règles de diction. D'autres encore[4] proposent d'asseoir la diction poétique sur une étude de son histoire et de lui appliquer, en somme, l'approche « historiquement informée » qu'ont largement adoptée les interprètes de la musique ancienne. On est donc aujourd'hui très loin des dogmes véhiculés par les traités de déclamation du XIXe siècle.
Une diction « neutre » du vers français est-elle possible ? Peut-être, mais à condition de renoncer au préalable à toute prétention esthétique et à tout souci d'exactitude historique. Ce qu'on peut proposer alors, c'est une diction « scolaire » des vers syllabiques français, qui se borne à en rendre perceptibles les régularités métriques, à l'image de ce qu'il est convenu d'appeler la scansion pour les vers gréco-latins. Sans aucune valeur artistique, elle peut constituer un point de départ dans l'apprentissage de la déclamation, quitte à être modifiée et adaptée en fonction de la position esthétique choisie.
Une telle diction devrait au minimum se conformer aux règles suivantes :
On peut illustrer ces règles « scolaires » minimales par la transcription approximative (en API) des vers suivants extraits du poème LIII « L'Invitation au voyage » de Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal, « Spleen et Idéal ») :
— Les soleils couchants Revêtent les champs |
[le sɔlɛj kuʃɑ̃] [ʁəvɛtə le ʃɑ̃] |
5 syll. 5 syll. |
Extrait du poème «Romance Sonámbulo» de Federico García Lorca (avec la prononciation européenne académique)
— Verde que te quiero verde. Verde viento. Verdes ramas. |
[ˈberðe ke te ˈkjeɾo ˈβerðe] [ˈberðe ˈβjento ˈberðes ˈramas] |
8 syll. 8 syll. |
L'accent, dans la versification espagnole, modifie notamment le rythme du vers. La versification espagnole se soucie plutôt de maintenir le rythme, le nombre de syllabes étant à ce propos modifié. La structure rythmique exige que l'accent porte sur la pénultième (avant-dernière) syllabe : (_)(´)(_).
Si l'accent porte sur la dernière syllabe (_)(_)(´), il faut y ajouter un silence équivalent à une syllabe pour que la structure redevienne (_)(´)(_): El barco so(bre)(la)(mar) > el barco sobre (la)(mar)(_).
Si l'accent porte sur l'antépénultième (avant-avant-dernière) syllabe (´)(_)(_), il faut supprimer la valeur rythmique de celle qui la suit pour que la structure redevienne (´)(supprimée)(_), donc (_)(´)(_) : Agitan dulcemente las brisas (cá)(li)(das) > Agitan dulcemente las bri(sas)(cáli)(das). On ne doit jamais supprimer la syllabe, mais sa valeur rythmique.
Pour que le vers soit régulier, le poète doit tenir en compte ces faits lorsqu'il écrit, puisque ceci modifie le calcul des syllabes : (_)(´)(_) = calcul habituel ; (_)(_)(´) = +1 ; (´)(_)(_) = -1. De ce fait, le vers « El barco sobre la mar » n'a pas sept (7) syllabes, mais sept-plus-une (7+1=8) syllabes ; le vers devient ainsi régulier.
Quant à la « sinalefa », il faut tenir en compte que deux sons vocaliques contigus font partie de la même syllabe s'ils appartiennent à des mots différents : Con la sombra en la cintura = Con-la-som-braen-la-cin-tu-ra. Deux sons vocaliques contigus dans le même mot constituent une syllabe s'il s'agit d'une diphtongue: Verde viento. Verdes ramas. = Ver-de-vien-to-Ver-des-ra-mas. Par contre, deux sons vocaliques font partie de deux syllabes différentes s'il s'agit d'un hiatus: con ojos de fría plata = con-o-jos-de-frí-a-pla-ta. Les licences de non respect des « sinalefas » on les appelle « hiatos » ; les licences de non respect des diphtongues, « diéresis » ; les licences de non respect des hiatus, « sinéresis ».
Voici un poème de l'espérantophone letton Nikolajs Ķurzēns (1910-1959) :
Ankoraŭ devas nigri vera nokto ankoraŭ devas fajri vera tago |
[anˈkoɾaw ˈdevas ˈniɡɾi ˈveɾa ˈnokto] [anˈkoɾaw ˈdevas ˈfajɾi ˈveɾa ˈtaɡo] |
11 syll. 11 syll. |
Voici un vers de l'espérantophone tchèque Eli Urbanová (1922-2012) :
La dolĉe lula belo betula | [la ˈdolt͡ʃe ˈlula ˈbelo beˈtula] | 10 syll. |
Kanjis | Hiraganas | Rōmaji | Sens des paroles en français |
---|---|---|---|
色は匂へと |
いろはにほへと |
Iroha ni ho heto |
Le plaisir est enivrant mais s'évanouit |
Il n'est possible que dans les langues dont la prosodie comprend des oppositions de quantité (vocalique ou syllabique), comme le latin et le grec ancien. Les schémas de la métrique antique se décomposent en effet en pieds élémentaires, construits sur l'alternance de positions syllabiques « longues » (¯) et des positions syllabiques « brèves » ( ̆). Lorsqu'on « scande » un vers, on établit son schéma métrique et l'on s'efforce de le réciter en rendant ce schéma apparent.
Le mètre quantitatif n'est pas réservé aux langues indo-européennes anciennes (grec ancien, latin, sanskrit) : il se rencontre aussi dans des langues qui, comme l'arabe, connaissent des oppositions de quantité (voir poésie arabe). Les oppositions de quantité qui subsistaient en français de la Renaissance ont aussi donné lieu à une poésie authentiquement quantitative, illustrée notamment par Jean-Antoine de Baïf. En revanche, c'est par abus de langage qu'on qualifie de pentamètre iambique un vers anglais relevant de la métrique accentuelle.
Comme dans les poésies gréco-latine et sanskrite, les métriques quantitatives ne tiennent en général aucun compte de l'accent tonique.
Les dénominations des pieds sont empruntées au grec, qui nous a fourni l'essentiel du vocabulaire d'analyse poétique et rhétorique. On représente :
Dans la métrique grecque et latine, on considère qu'une longue équivaut à deux brèves, ce qui explique certaines des substitutions autorisées (par exemple ¯ ˘ ˘ → ¯ ¯), mais pas certaines autres (par exemple ˘ ¯ → ¯ ¯).
Les vers se décomposent en mesures (ou « mètres »), dont chacune peut comporter un ou plusieurs pieds élémentaires. Ainsi, un trimètre iambique se compose-t-il de trois mesures comptant chacune deux pieds iambiques, un hexamètre dactylique de six mesures comptant chacune un pied dactylique. Du fait des substitutions souvent possibles (– → UU), le nombre de syllabe d'un vers donné, comme l'hexamètre dactylique, est variable (voir aussi sous scansion). De plus, comme dans le mètre syllabique, il existe des césures, localisées par rapport aux pieds. Comme son nom l'indique, une césure penthémimère intervient après le cinquième demi-pied (soit deux pieds et demi). Parallèlement aux termes grecs, il existe une terminologie latine. Un sénaire iambique, ou iambique sénaire, est un vers comprenant six pieds iambiques, et qui grosso modo, équivaut au trimètre iambique grec.
Les poésies grecques et latines, bien que très proches dans leur utilisation des mètres quantitatifs, divergent par certains aspects. Renvoyons, pour la description détaillée de chaque mètre, à sa page propre :
Cette liste est loin d'être exhaustive.
Les vers peuvent être regroupés en systèmes. Dans ce cas, la répartition des syllabes longues et brèves se fait sur l'étendue de la strophe et non du vers seul. Par exemple, dans la poésie élégiaque ou lyrique, il est courant d'utiliser le distique élégiaque, strophe composée d'un hexamètre dactylique suivi d'un pentamètre.
Principaux systèmes :
Voici scandé le vers 75 du premier chant de l'Iliade, œuvre écrite en hexamètres dactyliques, comme le demande le genre épique. La césure est penthémimère. L'accent n'a aucune incidence sur le vers et les syllabes d'un pied donné ne font pas forcément partie d'un même mot (les pieds sont séparés par la barre droite, la césure est indiquée par deux barres obliques et les couleurs permettent de relier les syllabes d'un même pied) :
Μῆ- | νιν | Ἀ- | πόλ- | λω- | νος | ἑ- | κα- | τη- | ϐε- | λέ- | τα- | ο | ἄ- | νακ- | τος | |||
¯ |
̆ |
̆ | |
¯ |
¯ | |
¯ |
// | ̆ |
̆ | |
¯ |
̆ |
̆ | |
¯ |
̆ |
̆ | |
¯ |
̆ |
Le vers national latin est le vers saturnien, dont on connaît encore mal le fonctionnement. Hormis ce vers spécifique, la métrique latine n'offre que très peu d'originalité par rapport à la métrique grecque[7]. Elle lui a en effet emprunté ce système, de même qu'elle a emprunté nombre de genres littéraires et artistiques à la Grèce. Les principales différences se trouvent dans les règles de scansion.
Voici un distique élégiaque d'Ovide (L'Art d'aimer, livre II, vers 197-198). Il se compose naturellement d'un hexamètre dactylique suivi d'un pentamètre.
Ce- | de | re- | pug- | nan- | ti | ; | ce- | den- | do | uic- | tor | a- | bi- | bis | |||
¯ | ̆ | ̆ | | ¯ | ¯| | ¯ | // | ¯ | | ¯ | ¯| | ¯ | ̆ | ̆| | ¯ | ̆ |
Fac | mo- | do, | quas | par- | tis | il- | la | iu- | be- | bit | a- | gas. | ||||||
¯ | ̆ | ̆ | | ¯ | ¯ | | ¯ | // | ¯ | ̆ | ̆ | | ¯ | ̆ | ̆ | | ¯ |
Dans certaines langues connaissant pourtant les oppositions de quantité vocalique, les pieds et les mètres sont définis par la répartition de l'accent tonique et non la quantité. C'est le cas en anglais : la syllabe accentuée joue le rôle d'une longue, les autres celui d'une brève. L'essentiel de la métrique anglaise, cependant, suit celle de la métrique classique (gréco-latine). Par exemple, le pentamètre iambique, l'un des mètres les plus utilisés en anglais, se présente ainsi (l'accent tonique est signalé par le gras, les pieds sont séparés par la barre droite) :
Samuel Taylor Coleridge est célèbre pour ses imitations en anglais d'hexamètres dactyliques gréco-latins dans son poème Hexameters.
La poésie espérantophone utilise le plus souvent des vers accentuels, construits souvent sur une métrique iambique ou amphibrachique. Par exemple, le poème Ho, mia kor' figurant dans l'ouvrage fondateur Langue Internationale (1887) de Louis-Lazare Zamenhof, est écrit dans un rythme à base iambique rendant les battements du cœur du créateur inquiet de son succès[réf. nécessaire] (les traductions ci-dessous représentent une tentative pour rester aussi proche que possible de l'original sans « tordre » la langue française plus que la poésie ne l'autorise) :
Ho, mia kor', ne batu maltrankvile, |
Ô mon cœur, ne bats pas d'inquiétude, | ||
Ho, mia kor', post longa laborado, |
Ô mon cœur, après un long labeur, |
Par contre les très célèbres poèmes La Vojo (eo) (1896) et Preĝo sub la verda standardo (eo) (1905), également de Zamenhof, sont amphibrachiques ; voici la prmière strophe de chacun d'eux :
Tra densa mallumo briletas la celo |
À travers une dense obscurité scintille le but | ||
Al Vi, ho potenca senkorpa mistero, |
À Toi, ô puissant mystère sans corps |
Comme en français, au moins dans les exemples ci-dessus, la rime concerne la dernière voyelle accentuée et tout ce qui la suit, que cette voyelle se trouve dans la dernière syllabe du vers (rime masculine) ou dans l'avant-dernière (rime féminine).
La poésie russe connaît[8] :
Il existe en russe trois sortes de rimes :
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