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dirigeant d'entreprise, administrateur de sociétés et homme politique français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Thierry Breton, né le à Paris, est un dirigeant d'entreprises, administrateur de sociétés, homme politique et écrivain français.
Vice-président de Bull (1996-1997), président-directeur général de Thomson (1997-2002) puis de France Télécom (2002-2005), il est ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie au sein du gouvernement Raffarin III de 2005 à 2007, puis enseignant à la Harvard Business School (2007-2008). Alors qu'il est président-directeur général du groupe Atos de 2009 à 2019, il est classé à trois reprises (2010, 2017 et 2018) parmi les 100 patrons les plus performants au monde par la Harvard Business Review.
il est également président de l'Association nationale de la recherche et de la technologie (ANRT) et membre élu de l'Académie des technologies.
En 2019, il est nommé commissaire européen, chargé du marché intérieur, de la politique industrielle, du tourisme, du numérique, de l'audiovisuel, de la défense et de l'espace. Il en démissionne le 16 septembre 2024 suite à des désaccords avec la présidente Ursula von der Leyen.
Thierry Breton naît le à Paris[1], il est le fils de Denis Breton, directeur au Commissariat à l'énergie atomique, et de Simone Margot[2].
Après avoir effectué sa scolarité à l'École alsacienne à Paris (du primaire au lycée, de 1963 à 1972[3]) puis ses classes préparatoires aux grandes écoles au lycée Louis-le-Grand[4], Thierry Breton obtient, en 1979, son diplôme d'ingénieur de l'École supérieure d'électricité (Supélec)[5]. Ultérieurement, en 1994, il est auditeur de la 46e session de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN)[6].
Thierry Breton commence sa carrière en 1979 comme professeur d'informatique et de mathématiques au lycée français de New York, dans le cadre de son service national au titre de la coopération[7]. En 1981, il crée Forma Systems, une société d'analyse de systèmes et d'ingénierie informatique dont il devient président-directeur général[8]. Il en quitte la présidence en 1986 pour se consacrer au projet du Futuroscope[9],[10]
À la suite de sa rencontre en 1982 avec René Monory, qui le considérera comme étant son héritier politique[11], il participe à la conception du Futuroscope de Poitiers en tant que chef du projet, de 1986 à 1990. Il contribue notamment au développement de la partie « aire d'activités technologiques » qui deviendra la Technopole du Futuroscope.
De 1990 à 1993, il est directeur général de CGI, Compagnie Générale de l'Immobilier[12].
En 1993, il entre chez Bull qui est en proie à de grandes difficultés, en tant que directeur de la stratégie et du développement aux côtés de Jean-Marie Descarpentries[1]. Il en devient directeur général adjoint. Administrateur du groupe à partir de 1996, il accède en septembre à la vice-présidence du conseil d'administration alors qu'il est âgé de 40 ans[13] et devient administrateur délégué (directeur général) du groupe. En , considérant que la filiale microinformatique de Bull (Zenith Data Systems) ne possède pas la taille critique, Thierry Breton décide, avec l'aide du japonais NEC, de la fusionner avec l'américain Packard Bell[14], après avoir aidé les deux groupes à se rapprocher l'année précédente[15].
En [16],[17], il est nommé par le gouvernement à la tête de Thomson, alors valorisée un franc symbolique, et repositionne le groupe autour des nouvelles technologies de l'image et d'Internet. Considéré comme une véritable pépite pour le groupe, le portefeuille de brevets du groupe (RCA), hérité de General Electric en 1998, génère un chiffre d’affaires de 1,8 milliard de francs en 1999. Après une recapitalisation de onze milliards de francs (1,7 milliard d'euros) par l'État français[17], le redressement de l'entreprise valorise Thomson jusqu'à cent milliards de francs en 2002, tandis que 30 % des actions du groupe sont alors en circulation et le reste contrôlé par l'État (dix milliards d'euros). Ce dernier revend progressivement sa participation au marché et in fine en 2003 son reliquat, représentant 18,5 % du capital du groupe électronique pour un montant résiduel de 950 millions d’euros[18].
En 2001, Thierry Breton est élu par La Tribune « Stratège de l'année » pour sa gestion de Thomson. En , il est nommé président d'honneur de la société à la suite de son départ pour France Télécom[4].
En 2003, l’État français vend ses dernières participations dans Thomson et l'accumulation des difficultés et de fortes pertes mène le groupe au bord du gouffre[19].
Régulièrement décrit comme un « redresseur » d’entreprises[20],[21], Thierry Breton est nommé par le gouvernement à la tête de France Télécom le [22].
L'opérateur, surendetté à hauteur de 70 milliards d'euros à la suite de l'éclatement de la bulle financière de l'Internet[23] voit sa situation se dégrader à grande vitesse en raison de la défiance des agences de notation. France Télécom est alors surnommée « l’entreprise la plus endettée au monde »[23].
Lors de la prise de fonction de Thierry Breton, qui conserve le même salaire qu'il avait chez Thomson (2,3 fois supérieur à celui de son prédécesseur[24],[25]), le cours de l’action est inférieur à 7 €[26]. Deux mois après son arrivée, le cours de Bourse augmente de 170 %[27]. Il lance alors le plan « Ambition FT 2005 »[28], s’appuyant sur les deux axes de croissance constitués par l’ADSL et la téléphonie mobile[29].
Cette initiative, qui doit permettre à l’entreprise de « reprendre son destin en main », se base sur trois axes visant chacun quinze milliards de réduction de dette[30] : un renforcement des fonds propres de l’entreprise ; un refinancement auprès des marchés et un programme d’amélioration opérationnelle, baptisé « TOP », comprenant un plan de réduction de coûts qui – accentué par le volet social Act engagé par son successeur Didier Lombard[31] – participe selon un rapport du cabinet Technologia, à l'augmentation des facteurs de risques psychosociaux ayant pu affecter les salariés[32] du groupe.
En parallèle d'une situation financière délicate, l’opérateur voit la concurrence s'intensifier en France, son marché historique, alors même que l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), « gendarme des télécoms », demande un dégroupage ADSL[33]. Pour répondre à ces défis, Thierry Breton signe notamment la fin de l’aventure Orange en Bourse et reprend le contrôle à 100 % de sa filiale et de ses bénéfices[34]. Il lance le plan « Internet haut débit pour tous » en , ayant pour objectif de mettre le haut débit à disposition de 90 % des Français[35]. Pour ce faire, il augmente les dépenses du secteur de l'innovation de 20 % par rapport à 2003 et lance la charte Départements innovants pour accélérer le développement du haut débit en région[36]. L'année suivante, l’entreprise enregistre plus de 7 000 brevets déposés en France et à l’étranger[37]. La même année France Télécom réintègre Wanadoo afin d’intégrer les activités de téléphonie fixe et de fournisseur d’accès[37]. En , il annonce le lancement de la Livebox, première offre « Triple Play » de l’opérateur[38].
En , le gouvernement finalise la privatisation de France Télécom, engagée progressivement depuis 1996, mais conformément à la loi du , proposée et défendue par Thierry Breton[39] le statut spécifique des employés fonctionnaires est maintenu[40].
Sous la direction de Thierry Breton, France Télécom sera le premier opérateur historique à avoir élaboré et mis en œuvre le concept d'« opérateur intégré »[41]. En moins de trois ans, il aura ramené la dette sous la barre des 40 milliards d'euros[42].
À son départ pour le ministère de l’Économie en , le cours de l’action est de 23 €[43].
Il est nommé président d’honneur de France Télécom[44], après avoir choisi de ne pas percevoir d’indemnités de départ[7], initialement prévues à hauteur de vingt et un mois de rémunération brute[45].
En , la Harvard Business Review publie pour la première fois le classement des 100 patrons les « plus performants » au monde (The 100 Best-Performing CEOs in the World)[46] s'appuyant sur une étude académique reprenant les performances comparées, au cours de leurs mandats, des chefs d'entreprise des 2 000 plus grandes entreprises mondiales sur une période courant de 1995 à 2009. Thierry Breton y occupe la 62e position au titre de son mandat de président-directeur général de France Télécom[46].
En , Thierry Breton est nommé président du directoire de l'entreprise française de services numériques Atos Origin, rebaptisée depuis Atos[47]. Il est élu président-directeur général du groupe le par l'assemblée générale des actionnaires administrateur, puis par le conseil d'administration[48]. À l'annonce de sa nomination, le cours en Bourse, situé à 18 €, se renchérit de 7,84 %[49].
Atos réalise en 2008 un chiffre d'affaires de 5,5 milliards d'euros et compte 50 000 salariés.
En , il dirige l'acquisition des activités informatiques du groupe industriel allemand Siemens[50] qui permet au groupe de changer de dimension avec 78 500 collaborateurs dans 42 pays[51], se hissant au second rang européen derrière IBM[52]. L'opération est saluée par les marchés financiers, l'action d'Atos gagnant 11,6 %[53].
Avec l'intégration de 28 000 ingénieurs[54], Atos devient l'une des plus importantes coopérations industrielles et technologiques franco-allemandes depuis Airbus[55], se traduisant notamment par un rapprochement financier (Siemens prenant 15 % du capital d'Atos), la création d'un fonds d'investissement commun de cent millions d'euros et une réponse conjointe à des appels d'offres internationaux[56].
Cette stratégie est distinguée par le prix « coopération industrielle » remis par la chambre franco-allemande de commerce et d’industrie[56], Atos étant reconnu par la suite comme « l' Airbus » des services informatiques[57].
Thierry Breton fait adopter en 2012 le statut de société européenne (SE) à Atos[58], qui dispose d'un siège en France et d'un second en Allemagne, à Munich[59].
Il participe par ailleurs à d’autres projets institutionnels européens au sein desquels le partenariat avec l’Allemagne est central, comme le European Cloud Partnership (2012-2014) de la Commission européenne qu’il copréside avec Jim Snabe, co-PDG du leader mondial allemand de logiciels SAP.
Avec OVHcloud, il copilote le Plan Cloud des 34 plans de la Nouvelle France Industrielle qui promeut notamment le stockage et le traitement des données Européennes en Europe[60], position qu'il reprendra comme commissaire européen[61].
En , Thierry Breton lance une OPA amicale sur l’acteur informatique historique français Bull, visant à faire d’Atos le numéro un européen du cloud et l’un des principaux acteurs mondiaux en big data et cyber-sécurité[62]. Cette acquisition, saluée par les marchés (l’action d’Atos gagnant 6,2 % et celle de Bull 21,9 % le jour de l’annonce), permet notamment au groupe de se positionner sur le segment des supercalculateurs[63] et en devenir le seul constructeur européen.
Six mois plus tard, il annonce l’acquisition par Atos des activités d’outsourcing informatique de Xerox ainsi qu’un partenariat stratégique avec le groupe américain. Cette opération, accueillie très favorablement en Bourse[64], fait entrer Atos dans les cinq premières sociétés numériques au monde[65]. L’entreprise, qui a doublé de taille en six ans, compte près de 100 000 employés[65].
Par la suite, alors qu’en 2021, Atos connaît une « année noire » sont dénoncées les acquisitions coûteuses de la décennie passée, sous la direction de Thierry Breton[66],[67]. Selon L'Usine nouvelle, cette « croissance effrénée » était alors critiquée en interne[68]. Fin 2023, Atos ne pouvant plus supporter la dette contractée pendant les années où Thierry Breton était dirigeant, entame son démantèlement et lutte pour sa survie[69],[70].
Il annonce en 2011 son objectif de supprimer « l'usage interne » du courrier électronique, mettant en œuvre une stratégie baptisée « Zero-Email »[71] qui vise à le remplacer par des outils appropriés tels que réseaux sociaux d'entreprise, messageries instantanées et outils collaboratifs. Il déclare à cette occasion que l'explosion non contrôlée des courriels internes est susceptible de créer à terme une « pollution informationnelle » moderne[72].
En 2012, il est élu par Les Échos « Stratège de l'année » pour sa gestion d'Atos[73]. L’année suivante, l’entreprise est classée au second rang du palmarès des employeurs français de RegionsJob et L'Express, qui prend notamment en compte les conditions de travail, les perspectives de carrière et la pérennité de l’entreprise[74].
En 2016, il annonce le lancement d'un programme scientifique au sein d'Atos consacré à l'ordinateur quantique, préparant ainsi les révolutions technologiques à l'horizon 2030. Le projet, baptisé Atos Quantum, est confié à l'ingénieur Cyril Allouche. Il se dote d'un comité scientifique prestigieux, comprenant notamment Serge Haroche, lauréat du prix Nobel de physique, Alain Aspect (également lauréat en 2022) ainsi que Cédric Villani, lauréat de la médaille Fields[75].
En , la capitalisation boursière du groupe s’élève à 7,29 milliards d’euros, en hausse de plus de 5 milliards par rapport à [76]. En 2016, il est élu par L'Usine nouvelle « Industriel de l'année » pour avoir doublé, en huit ans, la taille du groupe Atos, le tout sans endettement[77].
En , le groupe Atos fait son entrée dans l'indice CAC 40 de la Bourse de Paris[78] ; il perçoit alors 5,47 millions d'euros de salaire annuel[79].
En , la revue américaine Harvard Business Review le classe 52e patron le plus performant au monde pour sa gestion du groupe Atos[80]. En 2018, il est à nouveau classé parmi les 100 meilleurs patrons au monde[81], figurant ainsi pour la seconde année consécutive et pour la 3e fois en moins de dix ans dans le classement mondial des Top 100.
En , il annonce la distribution aux actionnaires d'Atos de près d'un quart du capital de la filiale Worldline, afin de créer deux pure players et deux groupes à dimension mondiale à partir d'un seul[82].
En , anticipant la loi PACTE, il fait voter par les actionnaires d'Atos la « raison d'être » de l'entreprise, qui consiste notamment à « contribuer à façonner l'espace informationnel » au sein duquel transitent les données[83].
Les difficultés d’Atos peu après son départ ont pour conséquence la multiplication des critiques de sa gestion du fleuron technologique français[67] et de ses choix stratégiques qui se sont révélés « peu judicieux », selon les analystes[84]. En 2021, Capital considère que « l'héritage de Thierry Breton pèse lourd » dans la chute d'Atos[85]. Pour Alternatives économiques, Atos a été « victime de la folie des grandeurs de Thierry Breton. »[86]
Le , le président de la République, Emmanuel Macron, propose sa nomination comme membre de la Commission européenne chargé de la politique industrielle, du marché intérieur, du numérique, de la défense et de l'espace[87].
Entre la date de sa prise de fonction du rôle de PDG d'Atos, le 10 février 2009, et sa date de départ, le 31 octobre 2019, le cours boursier d'Atos est passé de 14€ à 72€[88]. Entre 2009 et 2019, le chiffre d'affaires du groupe Atos passe de 5,1 milliards d'euros à 11,6 milliards d'euros. Sur la même période, la marge brute du groupe passe de 0,29 milliard d'euros à 1,19 milliard d'euros[89],[90].
Pour prévenir les risques de conflits d'intérêts, il cède l'intégralité de ses actions Atos[91] : en 2018, il détenait 508 085 actions de l'entreprise, pour une valeur de plus de trente millions d'euros (il en cède 71 620 en pour une valeur de 5,3 millions d'euros, pour un total de 10,5 millions en cinq ans)[92]. Au cours de son mandat chez Atos, il a engrangé près de 26 millions d'euros bruts de rémunération[93]. En quittant ses fonctions pour devenir commissaire européen, son âge lui permet en théorie de bénéficier d'une pension de 711 000 euros par an, soit le triple de son salaire de commissaire européen (270 000 euros par an)[92], mais il décide d'en suspendre le versement durant toute la durée de son mandat[94].
Avant son audition par les parlementaires européens devant valider sa candidature[95], l’association Anticor dépose plainte afin de relancer une affaire de « délit de favoritisme et prise illégale d'intérêts » [96],[97] présumée classée sans suite[98], pour laquelle le Parquet national financier avait ouvert une enquête en sur les conditions d'attribution de plusieurs marchés publics concernant le parc des radars automatiques[99].
Le média Reflets.info, qui a consulté la plainte, indique que l'avocat d'Anticor, Jérôme Karsenti, « y explique notamment que le ministère de l’Économie et des Finances a été "un acteur central" de quatre marchés « faramineux » passés entre l’État et des sociétés du groupe Atos. (...) Son actuel PDG, Thierry Breton, et un autre de ses dirigeants, son ancien directeur de cabinet à Bercy, Gilles Grapinet, auraient pu "influer sur la signature" desdits contrats quand ils étaient au ministère, "constituants ainsi le délit de prise illégale d'intérêts tel que prévu et réprimé par les articles 432-12 et 432-13 du Code Pénal"[100].»
Sa candidature est approuvée par le Parlement européen le [101],[102],[103].
De 1986 à 1988, Thierry Breton intègre le cabinet de René Monory au ministère de l'Éducation nationale en tant que conseiller pour l'informatique et les technologies nouvelles[104]. Il siège en outre au conseil régional de Poitou-Charentes, de 1986[105] à 1992, (à la tête de la commission formation[4] et en tant que vice-président à partir de 1988)[11], que préside Jean-Pierre Raffarin, sous l'étiquette divers droite.
En 1993, il est chargé d'une mission sur le télétravail par le Premier ministre Édouard Balladur[106]. Cette mission donnera lieu à la publication de deux rapports à La Documentation Française : Le télétravail en France (1993) et Les Téléservices en France (1994)[9].
Déjà pressenti pour succéder à Nicolas Sarkozy à la tête de Bercy en [7],[107], Thierry Breton est nommé ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie dans le gouvernement Raffarin III[108] en , en remplacement d'Hervé Gaymard.
Il est en 2005 l'un des artisans de la privatisation des autoroutes, puis contribue à la privatisation de France Télécom. Il s'engage en faveur de la rigueur budgétaire, avec des coupes dans les finances publiques comme dans la fonction publique[109].
Lors de ses deux années et demie passées à la tête de Bercy, il axe sa politique économique sur la nécessité d'assainir les comptes publics via notamment la réduction de la dette[110]. Il déclare dès que la France « vit au-dessus de ses moyens »[111], faisant écho aux propos tenus par le Premier ministre Raymond Barre en 1976[112]. Il affirme aux Français que la totalité de leurs impôts sur le revenu sert uniquement à financer les seuls intérêts de la dette nationale[113].
Un mois plus tard, il installe une commission, présidée par le patron de BNP Paribas Michel Pébereau[114], chargée de « rompre avec la facilité de la dette publique »[115].
Fixant comme objectif prioritaire le maintien du déficit public sous la barre des 3 % du PIB en 2005 et en 2006[116], il préconise la baisse des dépenses publiques et la suppression de plus de 5 000 postes de fonctionnaires, dont environ 2 600 au sein même de Bercy[117].
Fin 2005, le déficit de la France retombe à 2,9 % du PIB[118], après trois années consécutives de dépassement du taux de 3 %[119]. En 2006, le déficit public est ramené à 2,5 % et la dette publique enregistre une forte baisse, de 66 % à 63,9 % du PIB[120]. Pour la première fois depuis 1995, le budget du pays est en excédent primaire[121]. En parallèle, le PIB de la France augmente de 2,1 % en 2006, contre 1,7 % en 2005[122]. En , le taux de chômage se situe entre 8,4 % et 8,8 %, score le plus faible enregistré depuis [120].
Il présente en une loi sur « la modernisation de l'économie », votée la même année, visant à favoriser l’accès des PME aux marchés financiers, encourager la recherche et promouvoir l’intéressement des salariés aux résultats de l’entreprise[123]. Il se prononce à cette occasion en faveur de la transcription en droit français du statut de « société européenne », permettant aux entreprises d’opérer dans toute l’UE sur la base d’un ensemble de règles financières unifié[124].
Il mène parallèlement une réforme de simplification fiscale, réduisant de six à quatre le nombre de tranches d'impôt sur le revenu[125], et met en place la déclaration de revenus pré-remplie sur Internet[126].
Il souhaite que la France soit le premier pays à se pencher sur le développement et la valorisation de son patrimoine immatériel[127]. Il confie ainsi en à Maurice Lévy et Jean-Pierre Jouyet un rapport sur l’économie de l’immatériel dans le but de créer une agence du patrimoine immatériel de l’État ayant pour vocation le recensement et la valorisation de ses actifs immatériels (droit à l’image ; marques, etc.)[128]. Cette agence (la première au monde de ce type[128]) est mise en place par un arrêté du [129]. Ce patrimoine immatériel est comptabilisé pour 10 milliards d'euros d'actifs au bilan annuel de l'État pour 2010[130].
Il termine son mandat le , au terme du quinquennat de Jacques Chirac. La passation de pouvoir avec Jean-Louis Borloo, désigné ministre de l'Économie par le président de la République nouvellement élu Nicolas Sarkozy, a lieu le lendemain[131].
En , à la suite du rejet de la candidature de Sylvie Goulard par le Parlement européen, le président de la République, Emmanuel Macron, propose la nomination de Thierry Breton comme membre de la commission von der Leyen, chargé de la politique industrielle, du marché intérieur, du numérique, de la défense et de l'espace[132]. Le , le Parlement européen approuve sa nomination[133].
En 2021, le média Politico le classe parmi les 28 personnalités européennes les plus puissantes d'Europe, à la seconde place de la catégorie « Disrupteurs »[134].
Le 16 septembre 2024, il démissionne, sur fond de divergences avec sa présidente Ursula von der Leyen[135], n'ayant pas été reconduit malgré une nomination par Emmanuel Macron[136],[137] Selon le journal Libération, « la présidente de la Commission a expliqué à Emmanuel Macron qu’elle reprochait à Breton d’avoir fait publiquement obstacle à la nomination, en avril, d’un député européen, Markus Pieper, comme «représentant de l’UE pour les PME», une fonction jusque-là honorifique, mais transformée pour l’occasion en poste grassement payé (plus de 20 000 euros par mois pour un contrat de quatre ans qui pourrait être prolongé de deux ans)[138]. »
De 1997 à 2005, en parallèle de ses fonctions de président-directeur général de Thomson puis de France Télécom, il est président du conseil d’administration de l'université de technologie de Troyes[139].
À partir de juillet 2007, il quitte la France pour aller enseigner à plein temps pendant deux ans à l'université Harvard aux États-Unis. Son cours de gouvernance enseigné à la Harvard Business School, l'université de management et d'économie de Harvard, s'intitule Leadership and corporate accountability[140],[141].
Depuis 2018, il préside le comité stratégique de Sorbonne Université[142], première université française dans le classement de Shanghai[143],[144], à la suite de la fusion entre Paris-Sorbonne (Paris-IV) et Pierre-et-Marie-Curie (Paris-VI)[142] . En , il lance une des campagnes de collecte de fonds les plus importantes d'Europe pour un établissement universitaire [145], avec pour objectif de lever cent millions d'euros d'ici 2022 afin d'accélérer les projets scientifiques[146].
En , Thierry Breton propose, dans une interview accordée aux Échos , la création d'un Fonds européen de défense et de sécurité[147]. Fonctionnant sur le même principe que le Fonds européen de stabilité financière, le FEDS a vocation à refinancer l'ensemble des dettes des pays de la zone euro liées à la défense et réduire ainsi l'endettement européen, favorisant ainsi la convergence franco-allemande. Cette proposition est également défendue dans le quotidien économique de référence allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ)[148].
En , Thierry Breton publie une tribune dans Le Monde : « Free menace l'innovation dans les Télécoms »[149] le jour même où Xavier Niel (vice-président et directeur de la stratégie d'Iliad, maison mère de Free) publie dans Les Échos : « Free Mobile : mythes et réalités »[150] ; des tribunes largement commentées qui s'ajoutent au débat de fond sur la politique industrielle, l'emploi et l'innovation dans les télécommunications[151].
Il soutient Alain Juppé pour la primaire présidentielle des Républicains de 2016[152] puis, après la défaite de ce dernier, appelle à soutenir Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle de 2017[153]. Il rejoint ainsi d'autres anciens ministres chiraquiens ayant appelé à voter pour le candidat d'En marche.
En , il dépose avec l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin un dossier auprès du comité Nobel pour faire reconnaître l'action de Jacques Chirac en faveur de la paix[154]. L'initiative, soutenue par 280 parlementaires français[155], est également appuyée par des dignitaires étrangers, comme l'ancien Président sénégalais Abdou Diouf[156].
En 1984, âgé de 29 ans, il publie Softwar, thriller technologique et l'un des premiers livres à se saisir du sujet des virus informatiques, sur fond de tension américano-soviétique[157]. L'ouvrage, coécrit avec l'écrivain Denis Beneich, est traduit dans une dizaine de langues[157] et s'écoule à 1,5 million d'exemplaires[158]. Il est adapté pour la télévision en 1992[159].
Avec Vatican III, publié en 1985, il imagine que le Vatican tente de renforcer la chrétienté dans le monde par le biais de satellites géostationnaires, donc via la propagande de l'image[160]. L'ouvrage est distingué meilleur roman de science-fiction de l'année à l'occasion des Gutenberg du livre[161].
Dans Netwar, paru en 1987, il met en scène un réseau de jeunes informaticiens milliardaires à la tête de puissants réseaux de télécommunications[160]. Le livre est distingué par le prix Mannesman-Tally qui récompense le meilleur roman lié à l'informatique[160].
Il publie ensuite six essais, de 1991 à 2007[160].
Thierry Breton est en faveur de l'utilisation de l'énergie nucléaire civile. Il déclare : « Pour parvenir à la neutralité carbone, il faut réellement passer à la vitesse supérieure dans la production d'électricité décarbonée en Europe, sachant que la demande d'électricité elle-même va doubler en trente ans ! Cela implique des investissements considérables pour augmenter les capacités de production des énergies décarbonées : le nucléaire et les énergies renouvelables. ». Il considère qu'« il faudra investir 500 milliards d'euros dans les centrales nucléaires de nouvelle génération » d'ici à 2050[162].
Alors que l'Union européenne doit trancher si le nucléaire doit être classé parmi les « énergies vertes », Thierry Breton déclare que l'Union européenne aura besoin du nucléaire pour tenir ses objectifs du Green New Deal[163].
Compte tenu de la guerre en Ukraine et des menaces sur l'approvisionnement en gaz en Europe, il appelle l'Allemagne à prolonger ses centrales nucléaires pour contribuer à la sécurité énergétique européenne[164],[165].
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