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club d’influence français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le Siècle est un club français fondé en 1944 par le journaliste Georges Bérard-Quélin.
Fondation |
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Type | |
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Forme juridique |
Association déclarée |
Domaine d'activité | |
Siège |
Paris (13, avenue de l'Opéra) |
Pays |
Fondateur | |
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Présidente |
Véronique Morali (depuis ) |
Site web |
RNA | |
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SIREN | |
OpenCorporates |
Cette association regroupe des dirigeants politiques, économiques, culturels et médiatiques. Ses membres sont en grande majorité des hommes parisiens[réf. nécessaire].
En 2020, il compte 766 membres et invités (membres non encore définitivement admis)[1]. Son unique activité est d'organiser chaque mois un dîner entre ses membres[1]. Il est régulièrement décrit par la presse comme un lieu élitiste[2],[3],[4].
Son président actuel est Pierre Sellal.
L’association Le Siècle est fondée à la Libération le et déclarée le par d’anciens résistants réunis autour du journaliste et résistant Georges Bérard-Quélin[5],[6]. Des rencontres avaient déjà eu lieu depuis le au domicile de Bérard-Quélin, et rassemblaient six hommes et une femme[7], Yvonne Dornès, féministe et franc-maçonne, créatrice de la revue Planning familial[1].
Si des dîners rassemblant des pans de l'élite existaient déjà par le passé, Bérard-Quélin souhaite que Le Siècle soit transpartisan et permette aux différents partis, qui étaient très opposés à la Libération, de se rencontrer et d'échanger[8], cela pour « favoriser la rencontre de celles et ceux attentifs à la vie publique » en un « lieu d'excellence démocratique »[1].
Le Siècle correspond à ce que l’histoire et la sociologie politique appellent des « lieux de sociabilité » des élites[réf. nécessaire] : Le Siècle est « un point de rencontre obligé pour ceux qui aspirent à diriger et ceux qui veulent continuer à le faire »[9].
Le Siècle rassemble peu d'individus sous la Quatrième République mais prend en importance avec les années[10]. Les premiers gouvernements de la Cinquième République comptaient 20 % de membres du Siècle dans leurs rangs environ. La proportion croît pour atteindre 58 % sous le gouvernement Raymond Barre 3. La proportion oscille entre le tiers et la moitié des ministres, avec un pic à 72 % sous le gouvernement Édouard Balladur[11].
Au , Le Siècle comptait 751 membres et 159 invités qui attendaient une décision sur leur admission en tant que membre[12]. Au , Le Siècle comptait 566 membres et 161 invités[12].
Les dîners du Siècle sont interrompus durant la crise sanitaire relative au coronavirus après le 831e dîner du , dont la tenue est critiquée par Mediapart pour son non-respect des règles sanitaires[13].
En , le constitutionnaliste Olivier Duhamel, président depuis 2020 et membre depuis 1983[Note 1], démissionne de la présidence du club à la suite d'accusations de viol et d'agressions incestueuses[14],[15]. Ce scandale entraine également la démission de deux de ses proches du conseil d'administration, Marc Guillaume et Jean Veil[1]. Nicole Notat et Denis Kessler sont rappelés au conseil d'administration pour les remplacer[1].
La maire de Lille, Martine Aubry, a déclaré que l'objectif du Siècle était de faire communiquer des personnes avec des avis opposés. Elle affirmait ainsi que « c’était très intéressant. Je me retrouvais à des tables avec des gens extrêmement différents […]. L’initiative peut être perçue comme totalement élitiste, mais cela reste un vrai lieu de rencontre. J’y ai beaucoup appris. Car, pour moi, la vraie intelligence, c’est d’essayer de comprendre des gens qui ont une logique différente »[11].
Gaël Giraud, soupçonné à tort d'être membre du club, rapporte que des connaissances qui y sont lui ont rapporté que le but du Siècle était de discuter des sujets prioritaires à traiter dans les médias : « De quoi il faut parler et ne pas parler »[16].
Le Siècle est une association loi de 1901 ayant son siège au 13 avenue de l'Opéra, dans le 1er arrondissement de Paris[17]. Le conseil est composé de 15 ou 16 personnes choisies par cooptation.
Le conseil d'administration, qui se réunit une fois par mois, décide du recrutement de nouvelles personnes en examinant le dossier de chaque postulant. L'acte de candidature ne peut être spontané. Le postulant est sélectionné par deux membres du Siècle, dont, obligatoirement, un membre du conseil d’administration. L’admission est soumise à un vote : chaque membre du conseil d’administration dispose d’une boule noire (refus) et d’une boule blanche (acceptation). Chaque boule noire vaut deux blanches. Théoriquement il faut donc avoir 67 % de boules blanches pour l’emporter, mais en pratique trois boules noires valent automatiquement décision de refus pour éviter les tensions internes. Le candidat ne devient pas membre à ce moment, il est simplement « invité », situation qui peut durer plusieurs années. Le statut de l’invité est à nouveau examiné : il peut alors être coopté comme membre ou remercié[18]. Le statut de membre n’est pas définitif.[réf. nécessaire]
Bien que présentes les premières années du Siècle, les femmes y ont ensuite été interdites de 1949 à 1983[19],[Note 2]. Cette interdiction entrainera la démission de Robert Badinter en 1979 et deux ans après l'arrivée de la gauche au pouvoir, elles y sont réadmises[1],[Note 3]. En 2011, Nicole Notat devient la première femme à être élue présidente[20].
Les Communistes en sont exclus jusqu'à leur entrée au gouvernement en juin 1981[1],[Note 4].
En 2020, aucune personnalité de l'extrême gauche ou de l'extrême droite n'a été membre du Siècle[1]. Les Verts ne sont pas non plus représentés[1].
On trouve dans ce club un grand nombre de noms du monde politique, de la finance mais aussi de la justice, ou encore le directeur général de Twitter France, la présidente de la CNIL[21],[13].
Les membres du Siècle assurent le financement de l’association grâce à une cotisation mensuelle de 220 €[22]. Les convives règlent leur dîner [12].
Dix fois par an, le dernier mercredi du mois, 280 membres du Siècle sont invités à dîner[1]. Ils se réunissent au Cercle de l'Union interalliée, au 33 rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris. Jusqu'à fin 2013 l'Automobile Club de France, place de la Concorde accueillait ces rencontres[23]. Le repas coûte (en 2020) 82 €, à la charge des membres[1].
La soirée se déroule traditionnellement en deux phases[24] :
Plusieurs scènes du film Fin de concession (2010) de Pierre Carles et Les Nouveaux Chiens de garde (2012) de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, évoquent ces dîners.
Une étude menée en montre que 50 % des membres du Siècle sont diplômés d'un institut d'études politiques. Environ 40 % des membres sont diplômés de l'École nationale d'administration (ENA). Plusieurs cumulent les deux écoles. Environ 25 % ont fréquenté une école d'ingénieurs ou une école de commerce[11].
En 2020, 20 % des membres étaient des femmes[1], contre 15 % en [25]. Mais en 2021, 50 % des membres du Conseil d'administration sont des femmes[26].
Emmanuel Ratier, journaliste et politologue classé à l'extrême droite[27],[28] qui a publié Faits et Documents et qui est l'auteur d'une enquête sur l'association, s’était intéressé de manière sociologique à la composition de ce club. Selon lui, seulement 15 à 30 % des membres du club seraient francs-maçons. Seul le pouvoir réel attaché au poste ou à la position des candidats entre en ligne de compte pour le recrutement des membres[29].
Les journalistes Jean Guisnel, Rémi Kauffer et Roger Faligot écrivent que l'attrait premier du Siècle lors de sa création était qu'il était ouvert à tous sous condition de vote, et ne requérait pas d'adhérer à une religion, à une philosophie ou à une obédience particulière[30].
Si le Siècle n'est pas secret, le club a vocation à être discret. Le journaliste d'extrême-droite Emmanuel Ratier avait affirmé qu’entre 1944 et un article paru en 1977 dans le journal L'Humanité, son existence n’aurait jamais été une seule fois mentionnée dans un article de journal ou dans un livre ; il reprenait à son compte la thèse de la collusion des élites proposée par Guy Debord dans La Société du spectacle[29].
En 2012, dans le film Les Nouveaux Chiens de garde, tiré du livre éponyme de Serge Halimi, les réalisateurs Gilles Balbastre et Yannick Kergoat dénoncent le Siècle comme un lieu de collusion entre élites économiques, politiques et médiatiques.
Les sociologues François Denord, Paul Lagneau-Ymonet et Sylvain Thine remarquent cependant dans leur étude du Siècle (2011) que « malgré le halo de mystère qui nimbe ses rencontres, Le Siècle n’est pas une assemblée de comploteurs. Rien de crucial ne s’y conclut et les exemples de transactions nouées entre deux coups de fourchette sont si peu nombreux que la presse les répète inlassablement [lorsqu'il y en a] »[11].
La journaliste du Monde Marie-Béatrice Baudet, dans un article sur le club en 2021, constate que des grandes fortunes françaises — Bernard Arnault, François Pinault ou Xavier Niel — n'en font pas partie[1]. Selon un communicant, « ils n'ont pas de temps à y perdre », et selon lui « viennent au Siècle, ceux qui espèrent rencontrer des gens intéressants ou ceux qui ont besoin de les rencontrer »[1]. Un avocat, membre du club, indique que « le Siècle fait fantasmer ceux qui en sont exclus. Oui c'est vrai on peut pousser une connaissance en espérant qu'elle vous renverra un jour l'ascenseur mais franchement les véritables manettes du pouvoir sont ailleurs »[1].
Alain Minc, qui en est membre depuis le début des années 1980, regrette que « L'institution a du mal à se déverrouiller. Pour la génération Internet, Le Siècle c'est du paléolithique. Les patrons de start-up y sont rares »[1].
Les rassemblements du Siècle font l'objet de contre-manifestations par des militants. Ainsi, un pique-nique informel était proposé tous les mois, vers 19 h 30, de à par le journaliste et réalisateur Pierre Carles et par Michel Fiszbin, ancien président de Zaléa TV et cofondateur de l’association « Pour Voir, Pas Vu », sur la place de la Concorde. Cette contre-manifestation avait pour but de mettre en avant les invités du Siècle et de rappeler les règles de déontologie (Charte des journalistes[64]) aux journalistes présents[65].
Lors de la contre-manifestation du , plusieurs centaines de personnes manifestent devant l’hôtel de Crillon contre la tenue d’un dîner mensuel. Pendant plus de deux heures, les personnalités participant à ce dîner sont conspuées[66]. La police intervient pour mettre fin à la manifestation et interpelle une soixantaine de personnes (dont un client allemand de l’hôtel de Crillon)[67],[68].
Depuis , des moyens considérables de sécurité sont mis à disposition sur la place et dans le quartier alentour sur ordre de Michel Gaudin, alors préfet de police de Paris, également membre du club[29].
En 2021, le président du Siècle Olivier Duhamel est dénoncé dans un livre, pour des faits d'inceste, agressions sexuelles et viols sur mineur. Il reconnaît les faits, prescrits, devant la police et démissionne de la présidence[69].
Deux membres du conseil d'administration du Siècle, Marc Guillaume et Jean Veil, proches d’Olivier Duhamel, au courant de ces faits depuis des années, annoncent démissionner du club[1].
Le Siècle s’emploie à surmonter le scandale[1].
Pour le journaliste Laurent Valdiguié dans Marianne, cette affaire jette le discrédit sur le Siècle et remet même en question son existence[9].
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