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diplomate et homme politique français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Hubert Védrine, né le à Bellegarde-en-Marche (Creuse), est un haut fonctionnaire et homme politique français longtemps membre du Parti socialiste. Après avoir travaillé avec le président François Mitterrand comme conseiller diplomatique puis secrétaire général de l'Élysée, il est nommé au Conseil d'État en 1986. Hubert Védrine devient par la suite ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Lionel Jospin, de 1997 à 2002, sous la présidence de Jacques Chirac.
Hubert Védrine | |
Hubert Védrine en 2014. | |
Fonctions | |
---|---|
Ministre des Affaires étrangères | |
– (4 ans, 11 mois et 2 jours) |
|
Président | Jacques Chirac |
Premier ministre | Lionel Jospin |
Gouvernement | Jospin |
Prédécesseur | Hervé de Charette |
Successeur | Dominique de Villepin |
Secrétaire général de la présidence de la République française | |
– (4 ans) |
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Président | François Mitterrand |
Prédécesseur | Jean-Louis Bianco |
Successeur | Dominique de Villepin (indirectement) |
Porte-parole de la présidence de la République française | |
– (2 ans, 11 mois et 23 jours) |
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Président | François Mitterrand |
Prédécesseur | Michèle Gendreau-Massaloux |
Successeur | Jean Musitelli |
Biographie | |
Nom de naissance | Hubert Yves Pierre Védrine |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Bellegarde-en-Marche (France) |
Nationalité | Française |
Parti politique | PS |
Diplômé de | IEP de Paris ENA |
Profession | Diplomate |
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|
Ministres français des Affaires étrangères | |
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Il est l’auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages et intervient régulièrement dans les médias français sur les sujets de géopolitique en France et à l'étranger.
Hubert Yves Pierre Védrine est le fils de Jean Védrine, ami et collaborateur de François Mitterrand[1] et, par sa mère, le petit-fils du peintre verrier Francis Chigot. Son père est lyonnais. Prisonnier pendant la guerre, il tombe gravement malade. Il est rapatrié et part se reposer chez l'un de ses amis, à Bellegarde-en-Marche dans la Creuse où il rencontre la sœur de ce dernier qu'il épouse[2]. Hubert Védrine naît dans la maison de sa grand-mère maternelle, dans ce village[2].
Il étudie au lycée Albert-Camus à Bois-Colombes. Après l'obtention du baccalauréat, intègre l’Institut d'études politiques de Paris, dont il est diplômé en 1968 (section Service public). Il obtient une licence d'histoire en 1969. Il intègre l’École nationale d'administration en 1970.
En 1974, il épouse Michèle Froment, médecin (CNAM - division hospitalière) puis conseiller-maître à la Cour des comptes, puis DG de l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) de 2002 à 2008, rattachée au ministère de l’Environnement. Le couple a deux fils : Laurent, né en 1976, et Julien, né en 1980.
À sa sortie de l'ENA en 1974 (promotion Simone Weil), il est affecté au ministère de la Culture, puis au ministère de l'Environnement et du cadre de vie, avant de rejoindre en mobilité celui des Affaires étrangères. Par ailleurs, il a été conseiller municipal de Saint-Léger-des-Vignes, dans la Nièvre, de 1977 à 1995, où il était domicilié au presbytère de Saint-Léger-des-Vignes du père britannique et résistant Nicolas Glencross ; il a aussi été suppléant du candidat socialiste Daniel Benoist aux élections législatives de 1978.
François Mitterrand, élu président de la République, l’appelle à l’Élysée dès son arrivée au mois de , au sein d’une équipe restreinte de dix personnes. Durant le premier septennat, il est son conseiller diplomatique. Il est nommé au Conseil d'État en . En , il est rappelé à l’Élysée en tant que porte-parole de la présidence. Le , il est nommé secrétaire général de la présidence de la République, et il le restera jusqu'au départ de François Mitterrand en . Il réintègre le Conseil d’État avant de rejoindre le cabinet d’avocats Jeantet Associés. Il assure également des chroniques dans Le Point (rubrique « Étranger »), aux côtés de Claude Allègre (rubrique « Science »).
Le , après la victoire de la gauche plurielle aux élections législatives anticipées consécutives à la dissolution parlementaire décidée par le président Chirac, il est nommé ministre des Affaires étrangères par celui-ci, sur la proposition du nouveau Premier ministre socialiste Lionel Jospin. Il reste à ce poste durant les cinq ans que durent le gouvernement Jospin et la troisième cohabitation, soit jusqu'en . Il est le seul ministre des affaires étrangères à être resté en fonction pendant près de 5 années consécutives depuis Maurice Couve de Murville (1958-1968). Il l'est notamment pendant la Guerre du Kosovo en 1998-1999. Il co-préside avec le ministre britannique Robin Cook la conférence de Rambouillet où fut tenté, sans succès, de régler diplomatiquement la question du Kosovo. C'est durant cette période qu'il définit également la notion et l'utilisation du terme d'« hyperpuissance » pour qualifier les États-Unis. L'action d'Hubert Védrine au Quai d'Orsay fut appréciée aussi bien par la gauche que par la droite. Jacques Chirac écrira à ce propos dans ses Mémoires :
« Ce qui caractérise Hubert Védrine, c'est une grande finesse d'analyse alliée à une parfaite maîtrise des rouages diplomatiques, la fidélité à des convictions affirmées en même temps qu'une ouverture d'esprit à rebours de tout esprit dogmatique. À cela s'ajoute ce qui fait de lui un homme d'un commerce toujours agréable : sa courtoisie, sa pondération naturelle. Hubert Védrine n'est ni le représentant d'une caste, ni celui d'un parti. Sa liberté de jugement le distingue tout autant des cercles diplomatiques traditionnels. Dans sa conception de la politique étrangère française comme dans sa vision du monde, il réussit à concilier l'exigence gaullienne et le pragmatisme mitterrandien, l'attachement profond à la souveraineté nationale et la conscience éclairée d'une nécessaire adaptation aux évolutions de l'Histoire[3]. »
Hubert Védrine quitte ses fonctions ministérielles après l'échec de Lionel Jospin à l'élection présidentielle de 2002. En 2003, il crée une société de conseil géostratégique : Hubert Védrine Conseil. Depuis 2003, il préside l'Institut François-Mitterrand[1],[4]. Il est également membre du club Le Siècle.
En 2004, dans la perspective des élections régionales, il est pressenti pour être tête de liste en Limousin, proposé par le président sortant Robert Savy, François Hollande, ou Gérard Collomb mais il ne donne pas suite[5].
Depuis 2005, il est administrateur du groupe LVMH, dont l'actionnaire majoritaire est Bernard Arnault[6]. Hubert Védrine est aussi membre du conseil d'administration de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS)[7].
À la demande du secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, il est nommé membre du Haut Conseil pour l'Alliance des Civilisations, auquel il participe de 2005 à 2009, aux côtés de dix autres personnalités, dont le président iranien Khatami ou le Nobel de la Paix Desmond Tutu. Il a participé en 2007, à la demande du Président Jacques Chirac, aux côtés de Nicolas Hulot, Alain Juppé, et Edgar Morin au comité chargé de préparer la Conférence de Paris sur l'environnement visant à poser les bases d'une future Organisation des Nations unies pour l'Environnement.
En 2007, il est pressenti par Nicolas Sarkozy pour être nommé ministre de la Défense mais il décline la proposition[1].
Le , Nicolas Sarkozy lui confie la rédaction d'un rapport sur la France et la mondialisation[1], qu'il lui remet en septembre.
Le , Hubert Védrine est aspergé de peinture rouge en pleine rue par un collectif altermondialiste qui exige qu'il soit traduit en justice « pour sa responsabilité dans la politique française d'assistance à la préparation et à l'accomplissement du génocide des Tutsis au Rwanda ». Édouard Balladur, Alain Juppé et Hubert Védrine contestent et rejettent absolument cette présentation de la politique française menée au Rwanda avant 1994[réf. souhaitée]. Après cette agression, Hubert Védrine porte plainte pour violences en réunion.
En 2010, il se voit décerner par l’ambassade du Qatar à Paris le prix « Doha Capitale Culturelle Arabe », accompagné d’un chèque de 10 000 euros[8].
De 2011 à 2014, il siège au conseil consultatif de la banque d'affaires américaine Moelis & Company (en)[9].
François Hollande, devenu président de la République, le charge d'un rapport sur une éventuelle nouvelle sortie de l'OTAN qu'il remet le [10],[11]. Le , il remet un rapport intitulé Un partenariat pour l'avenir (au sujet des relations économiques franco-africaines), commandé par le ministre de l'Économie Pierre Moscovici, aux côtés de Lionel Zinsou, Hakim El Karoui, Tidjane Thiam et Jean-Michel Severino[12],[13].
À partir de il assure un cours sur les réalités internationales à l'Institut d'études politiques de Paris, transformé en séminaire à partir de 2011 à PSIA sur la perception des menaces.
Il est chroniqueur hebdomadaire dans Les Matins de France Culture, dans lesquels il anime la rubrique « Le monde selon Hubert Védrine » jusqu'en 2016, avant de participer régulièrement à l’émission L'Esprit public animée par Émilie Aubry et Patrick Cohen.
Secrétaire général de l’Élysée de 1991 à 1995, Hubert Védrine est un intermédiaire essentiel avec le pouvoir exécutif et participe à tous les conseils restreints, où ont été décidées les interventions militaires au Rwanda. Étant donné l'état de santé, à l'époque, du président François Mitterrand – affaibli par un cancer en phase terminale –, Hubert Védrine est régulièrement mentionné par des spécialistes de la question[14] comme un des principaux responsables de la politique de l'Élysée vis-à-vis du Rwanda, avec le général Christian Quesnot, chef d’état-major particulier du président de la République, l'amiral Jacques Lanxade, chef d'état-major des armées, et Bruno Delaye, conseiller pour les Affaires africaines au cabinet présidentiel (de 1992 à 1994) en remplacement de Jean-Christophe Mitterrand.
Patrick de Saint-Exupéry, dans Complices de l'Inavouable, confirme l'influence de Hubert Védrine dans le rôle de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda. En tant que secrétaire général de l'Élysée, il aurait eu, de fait, accès à tous les documents nécessaires pour comprendre l'évolution du régime du président rwandais Juvénal Habyarimana entre 1990 et 1994, durant la guerre civile débutée en 1990, puis de la tournure des événements, après l'attentat contre ce dernier le et l'accomplissement du génocide par le gouvernement intérimaire. L'auteur a cependant été condamné par la décision du 11 juillet 2017 de la Chambre criminelle de la Cour de Cassation pour diffamation publique dans cet ouvrage.
D'une manière constante, Hubert Védrine exprimera publiquement sa solidarité avec Francois Mitterrand et la politique étrangère menée comme en 2004, en tant que président de l’Institut François-Mitterrand, qui organise des manifestations célébrant la politique étrangère de François Mitterrand, déclarant par exemple en 2004 : « Ma conclusion, et ma conviction sont que l’action de la France, hélas seule, a retardé le génocide jusqu’en 1994 ».
En 1998, lors d'une mission d'information parlementaire présidée par Paul Quilès[réf. souhaitée], auprès des médias, Hubert Védrine défend l'idée que la France n'a pas participé au génocide des Tutsi au Rwanda en 1994[15].
Or, au cours de son audition par la commission de la Défense de l'Assemblée nationale, le , interrogé par le député socialiste Joaquim Pueyo qui lui demandait : « Est-ce que la France a livré des munitions aux forces armées après le début du génocide ? À quelle date ? », Hubert Védrine a reconnu que des livraisons d'armes par la France au régime de Kigali ont été réalisées à partir de 1990 et après le début du génocide, ajoutant : « Ce n’est pas la peine de découvrir, sur un ton outragé, qu’il y a eu des livraisons qui se sont poursuivies, c’est la suite de l’engagement d'avant »[16],[17], malgré la résolution 918 du 17 mai 1994 adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU, stipulant l'embargo sur les armes à destination du Rwanda[18]. De plus, Hubert Védrine a affirmé que ces armes n'ont jamais servi au génocide, sans faire référence à d'éventuelles livraisons, durant la période même du génocide, ce qui pourtant était la question posée par le député Joaquim Pueyo[19].
Dans son témoignage, Guillaume Ancel, un des officiers de l'opération Turquoise envoyé au Rwanda en plein génocide, a confirmé avoir reçu l’ordre de réarmer les Hutu génocidaires en juillet 1994, et avoir été témoin d'une de ces livraisons d’armes « aux génocidaires dans les camps de réfugiés » basés au Zaïre (RDC aujourd'hui)[20], [21].
En , la revue XXI (fondée par Patrick de Saint-Exupéry) publie un article faisant état du témoignage d'un haut fonctionnaire qui a examiné différents documents des archives, non communiquées au public, concernant ces événements.
Selon ce témoin, les documents incluent une note signée par Hubert Védrine enjoignant aux militaires français de réarmer les génocidaires hutus, passant la frontière du Rwanda vers la république démocratique du Congo (ex Zaïre) lors de l'opération Turquoise[22],[23]. Hubert Védrine n'a pas souhaité commenter cette publication[24].
Le rapport de la commission française d’historiens sur le rôle de la France au Rwanda, présidée par l’historien Vincent Duclert, et remis au président de la République en mars 2021, mentionne quant à lui : « Il n'y a plus de cession d'armes onéreuse ou gratuite au-delà de mars 1993 ». Mais la conclusion du rapport attribue à la France — et notamment aux membres de l'état-major particulier de François Mitterrand dont Hubert Védrine faisait partie — « des responsabilités lourdes et accablantes » dans le déroulement du génocide contre les Tutsi, sans toutefois évoquer de « complicité »[25].
Entre le 26 mars et le 3 juin 2021, Guillaume Ancel traite Hubert Védrine dans une série de tweets de « personnage tellement arrogant qu’il est incapable de se remettre en cause », et l’accuse d’avoir « collaboré avec les nazis du Rwanda », tout en le comparant à Maurice Papon, haut fonctionnaire condamné pour complicité de crimes contre l’humanité pendant la Shoah. Hubert Védrine engage des poursuites pour diffamation et injure publique. En mai 2022, le tribunal de Paris estime que l’ex-militaire a dépassé les « limites admissibles de la liberté d’expression ».
À la suite de ce verdict, Hubert Védrine déclare dans un communiqué : « Cette décision forte du tribunal judiciaire est l’occasion de réaffirmer que la France n’est ni complice ni responsable du génocide des Tutsi »[26],[27].
Lors de ce procès, l'historien Stéphane Audoin-Rouzeau déclare qu'Hubert Védrine devrait se retrouver « devant une cour d’assises pour complicité de crimes contre l’humanité et crimes de génocide »[28].
En 2021, dans un entretien à la revue Éléments, Hubert Védrine condamne ceux qui critiquent la position de la France de François Mitterrand au Rwanda, estimant que « le Rwanda est devenu le prétexte pour tous les gauchistes de la place de Paris de régler leur compte avec François Mitterrand, la Ve République, la France comme puissance »[1]. Ces propos sont notamment dénoncés par Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste[29].
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