Textes du bouddhisme
ensemble des textes considérés comme ayant une valeur notable pour l'enseignement, la pratique ou la diffusion du bouddhisme De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Les textes du bouddhisme sont l'ensemble des textes considérés comme ayant une valeur notable pour l'enseignement, la pratique ou la diffusion du bouddhisme, dans son sens le plus large. Cet ensemble recouvre donc de nos jours des écrits d'importance différente, selon qu'ils font partie d'un, de plusieurs ou de tous les canons bouddhiques, qu'ils reprennent des paroles du Bouddha ou sont de simples gloses, ou encore selon leur degré d'ancienneté et de popularité.
Les différents courants du bouddhisme s'appuient sur de nombreux textes, tous compilés après la mort du Bouddha, celui-ci n'ayant rien écrit, si bien que la transmission des paroles du Bouddha s'est faite oralement pendant quatre à cinq siècles, avant que les suttas du canon pāli ne commencent à être mis par écrit.
La base du canon bouddhique est constituée de textes en pāli, en sanskrit, en chinois et en tibétain ; le bouddhisme au Japon s’appuie aussi de façon importante sur des textes composés en japonais. Les premiers textes bouddhiques furent tout d’abord rédigés en prakrits, langues indo-aryennes vernaculaires proches du sanskrit, dont fait partie le pāli, langue du canon theravada. Les textes du canon mahāyana furent rédigés dans une variété de prakrits, puis ultérieurement traduits en une forme hybride de sanskrit (le « sanskrit bouddhique hybride »), au cours de différents conciles. Certains furent néanmoins directement écrits en sanskrit par des philosophes de caste brahmane comme Nagarjuna, ou dans les grands centres d’études comme Nalanda. Ils furent par la suite traduits d'un prakrit ou du sanskrit en chinois depuis le milieu du IIe siècle, puis, quelques siècles plus tard, en tibétain ou en japonais, à partir d'un prakrit, du sanskrit ou du chinois. Des apocryphes, commentaires et traités, furent rédigés en chinois, en tibétain et en japonais.
Ces textes se sont longtemps transmis à travers des copies successives. En ce qui concerne le canon pāli, le climat d’Asie du Sud-Est et du sud de l’Inde était particulièrement défavorable à la conservation des supports végétaux (feuilles, écorces) sur lequel les textes étaient couchés. C'est ainsi que la Pali Text Society pour l’étude et la traduction en anglais de ce canon, fondée au XIXe siècle, n’a pas trouvé d’exemplaire antérieur au XVIIIe siècle. Les fragments de textes bouddhiques les plus anciens connus à ce jour[Note 1], un Abhidhamma sarvastivadin sur écorce de bouleau, datent des deux premiers siècles de notre ère et proviendraient du Gandhara, où ils auraient été conservés dans des jarres de terre.
On considère que le bouddhisme theravâda s'appuie sur les textes les plus anciens en pāli, compilés sous l'appellation de Tipitaka (sanscrit : Tripitaka), les « trois corbeilles ». Récités régulièrement par des générations de moines avant d’être couchés par écrit, ils contiendraient les discours « authentiques » du Bouddha (Sutta) et les règles monastiques (Vinaya) par lui instaurées, ainsi que des commentaires et exégèses (Abhidhamma) plus tardives.
Il convient cependant de nuancer ces affirmations, comme l'explique l'indianiste André Bareau[1] : en effet, les textes de la tradition ont été transmis uniquement par voie orale, et ce plus ou moins jusqu'au début de notre ère, soit durant quelque cinq siècles après la mort du Bouddha. C'est seulement à partir de ce moment qu'ils ont été mis par écrit. Par ailleurs ces textes étant peu utilisés au cours de rituels, ils pouvaient être modifiés, contrairement à ce qui était le cas dans le brahmanisme. On ajoutait donc volontiers des éléments ou on remaniait les textes, en fonction des besoins ainsi que de la compréhension de la doctrine ou des règles monastiques que l'on avait. Par conséquent, « l'ensemble de la littérature canonique du bouddhisme antique est (...) une immense mise en œuvre collective et anonyme, lentement élaborée durant un demi-millénaire par tous les moines, et ils furent légions, que leurs pairs avaient jugés assez sages, vertueux et instruits pour enseigner et expliquer à leurs jeunes condisciples ce qu'ils avaient appris eux-mêmes de leurs maîtres[2]. » Ces multiples modifications étaient en général attribuées au Bouddha lui-même.
Le bouddhisme mahāyāna, qui apparaît au début de notre ère, s’appuie, lui aussi, sur des textes Sutta et Vinaya, mais également sur un grand nombre d’autres texte qui lui sont propres, composés en majorité durant le premier millénaire de l’ère chrétienne. Les plus importants d'entre eux sont des sûtras. Ce mot sanscrit, équivalent du pāli sutta se traduit par jīng (經/经) en chinois, kyō en japonais et Mdo en tibétain. Bien qu'ils aient été écrits par des maîtres éveillés dans les premiers siècles de l’ère commune, leur contenu est généralement considéré comme la parole du Bouddha historique transmise secrètement (parfois par des créatures fantastiques comme les nâgas) pendant plusieurs siècles avant d’être révélés au monde, ou comme l’enseignement d’un autre bouddha ou d’un bodhisattva. Les tantras du vajrayana, écrits à partir du IVe siècle, sont également considérés comme provenant du Bouddha.
Outre les sûtras et les tantras, il existe dans le mahayana des textes dus ou attribués à des philosophes, moines ou pratiquants laïques. Ils occupent une place très importante dans certains courants. On trouve parmi eux de nombreux commentaires de sûtras, des commentaires de commentaires, divers traités, ainsi que des textes exprimant l’expérience des rituels et de la méditation à travers des styles poétiques comme les charyagitis du vajrayana (ex : Les Cent mille chants de Milarépa) ou les koans du zen. Beaucoup remontent aux premiers siècles de l’ère commune, mais certains ouvrages de maîtres japonais ou tibétains peuvent dater des premiers siècles du deuxième millénaire.
Si les theravadin ne reconnaissent que les textes du Tipitaka, les plus anciens donc les seuls selon eux à renfermer la doctrine authentique des origines, la tradition mahayana (et vajrayana) considère, quant à elle, que Gautama Bouddha a dispensé son enseignement selon différents niveaux pour l’adapter aux différents degrés d’avancement spirituel de ses disciples. Selon cette perspective, les suttas hinayana du Tipitaka sont destinés à un auditoire moins avancé, tandis que les sûtras mahayana s'adressent aux disciples les plus avancés. Enfin, à l’intérieur même du mahayana, le vajrayana considère les tantras comme supérieurs aux sûtras.
Au fil des siècles apparurent de nouveaux courants présentant leurs textes de référence comme l’expression ultime de l’enseignement du Bouddha (sous sa forme sambhogakaya ou dharmakaya) qui remplaçaient tous les précédents. C'est le cas des écoles basées sur le Sūtra du Lotus et l’Avatamsaka ou, dans la tradition tibétaine, du kalachakra, du dzogchen ou de la mahamudra. Ces courants définissent parfois leur enseignement comme ekayana, « voie unique » qui englobe toutes les autres, hinayana, mahayana et vajrayana.
Ces différents niveaux de textes sont souvent vus comme trois « mises en mouvement [successives] de la roue du Dharma », en référence au premier sermon du Bouddha dans le Parc aux daims, assimilé à la mise en branle ou première mise en mouvement de la roue de la Loi. Cette division en trois tours de roue apparaît tout d’abord dans les textes yogaçara développant la doctrine de vijnapti-matra, dont le plus ancien qui nous reste est le Sandhinirmocana Sūtra (en) (IIe siècle) : aux textes de la première époque (Agamas) succède un deuxième tour de roue, les soutras de type prajnaparamita ; le troisième tour est constituée des textes exposant la doctrine vijnapti-matra.
Ce concept sera repris par différents courants. Ainsi, pour les courants chan et zen, la troisième roue est représentée par les textes développant le concept de tathagatagharba (nature de bouddha universelle), dont le Lankavatara Sutra ; les écoles vajrayana considèrent, elles, que la troisième roue se concrétise dans les tantras. Quant au bouddhisme Shingon, il voit le premier niveau dans les sûtras dictés par le Bouddha historique nirmanakaya ; viennent ensuite les sûtras mahayana tels que le Sutra du Lotus attribué au sambhogakaya sous la forme de différents bouddhas ; le troisième niveau est constitué des tantras vajrayana, enseignement parfait du dharmakaya.
Les theravâdins se servent des textes les plus anciens, écrits en pāli et compilés sous l'appellation Tipitaka (en sanskrit Tripitaka), les « trois corbeilles », qui sont :
Les textes ci-dessous proviennent du Sutta Pitaka.
Les sûtras mahāyāna sont très nombreux, au nombre de six cents environ. Les corpus chinois et tibétains sont les plus complets, les textes en sanscrit moins nombreux. Récemment ont été découverts quelques textes anciens en prakrit.
Certains (Sûtra du Diamant et Sûtra du Cœur notamment), sont récités quotidiennement dans de grandes parties du monde bouddhiste ; d'autres sont plus spécifiquement liés à certains courants.
Plusieurs grands pratiquants ont laissé des traités très importants dans le développement du bouddhisme et de ses différents courants. On peut citer
Les textes les plus représentatifs du bouddhisme vajrayāna sont les tantras décrivant méditations et rituels qui lui valent son autre nom de « bouddhisme tantrique ». Les textes tantriques sont présentés comme relevant d’un niveau supérieur (troisième roue) aux corpus des soutras hinayana (première roue) et mahayana (deuxième roue). Ils auraient été enseignés par le Bouddha historique, mais tenus secrets. Le canon tibétain en contient environ 500, que complètent plus de 2000 commentaires. Une partie semble empruntée au shivaïsme.
Ils font l'objet d’une classification en quatre catégories qui suit plus ou moins leur ordre d’apparition :
Au milieu du XIe siècle apparaît le Kālacakratantra, encore appelé Advaya, qui prétend remplacer les précédents en proposant une représentation synthétique de toutes les déités réparties en 3 systèmes. Rédigé en sanscrit classique, il serait, au contraire des précédents, l’œuvre d’un érudit plutôt que d’un mystique. Le concept d’ ādibuddha, bouddha primordial (Samantabhadra puis Vajradhara), y apparaît pour la première fois.
L’essentiel de la doctrine du fondateur du bouddhisme Shingon se trouve dans Les dix fascicules :
Certaines éditions du canon des différents courants constituent des références importantes, quoique non exhaustives :
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