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livre de Padmasambhava (livre des morts tibétain) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le Bardo Thödol, (tibétain : བར་དོ་ཐོས་གྲོལ, Wylie : bar do thos grol, « la libération par l'écoute dans les états intermédiaires »), publié en français sous le titre de Livre des morts tibétain, est un texte du bouddhisme tibétain[1] décrivant les états de conscience et les perceptions qui se succèdent pendant la période qui s’étend de la mort à la renaissance. L’étude de son vivant ou la récitation du principal chapitre par un lama lors de l’agonie ou après la mort est censée aider à la libération du cycle des réincarnations, ou du moins à obtenir une meilleure réincarnation.
Livre des morts tibétain | |
Bardo. Vision des divinités sereines | |
Auteur | Padmasambhava, Yeshe Tsogyal |
---|---|
Pays | Tibet |
Genre | Terma (religion) |
Titre | Bardo Thödol |
Date de parution | VIIIe siècle |
Éditeur | Librairie d'Amérique et d'Orient Adrien maisonneuve |
Lieu de parution | Paris |
Date de parution | 1933 et 1979 |
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Le nom de l’ouvrage, composé de bardo (état intermédiaire), de thö (entendre) et de dol (libérer), signifie libération par l’audition pendant les stades intermédiaires [entre la mort et la renaissance]. Entendre le texte récité, ou le connaître par cœur, peut aider le défunt à se libérer du samsara au moment de la mort. Le nom de thödol s’applique à différents textes dont la récitation aux morts a le pouvoir de libérer des renaissances. Il existe par exemple un livre des morts associé au Bonpo : La lampe qui illumine la libération par l’écoute pendant les bardos (wylie : sNyan brgyud bar do thos grol gsal sgron chen mo), qui ressemble au livre tibétain des morts et pourrait l'avoir précédé de deux siècles[2].
En 2005, une traduction plus complète est publiée en anglais[3],[4], laquelle est traduite en français en 2009[5],[6].
Cet ouvrage est lié à l’école nyingmapa, dont la tradition voit dans certains textes sacrés d'auteurs prestigieux des redécouvertes par des Tertöns d’ouvrages cachés dénommés terma. Le Bardo Thödol est un terma attribué à Padmasambhava, fondateur de l'école, et redécouvert sur le mont Gampodar par le fils âgé de 15 ans de Maître Nyida Sangye, Karma Lingpa (~1350). L'ouvrage, composé par Padmasambhava, fut écrit par sa parèdre ou épouse Yeshe Tsogyal au VIIIe siècle[7]. Le mont Gampodar ou Gampo Dar se situe sur le territoire du monastère de Daklha Gampo.
L’ouvrage contient la description des transformations de la conscience et des perceptions au cours des trois états intermédiaires qui se succèdent de la mort à la renaissance, ainsi que des conseils pour échapper aux réincarnations, ou du moins obtenir une meilleure réincarnation[8] :
Sont également décrits dans le texte trois autres bardos qui ne sont pas spécifiques à la mort, mais appartiennent à l’expérience des vivants : celui de l’état de conscience ordinaire, celui du rêve, celui de la méditation profonde[14].
L’ouvrage mentionne les rituels à observer et les 4 prières récitées par les lamas :
Dans le cas où le corps n’est pas présent, une effigie sur papier du défunt, appelée jangbu, est attachée à un bâtonnet et placée sur l’autel. À l’issue du rituel, le lama la brûle, libérant ainsi l’âme de ses fautes ; celle-ci se réincarne aussitôt.
La version intégrale contient de plus des descriptions des différents signes annonçant un proche trépas, et comment éventuellement en repousser l'échéance.
L’ensemble témoigne de l’expérience de la formation et de la dissolution des divers états de conscience, obtenue grâce à la méditation. Un parallèle a été fait entre le chikhai bardo et l'expérience de mort imminente. On reconnait également l’influence des croyances et pratiques prébouddhiques appelées bön et des traditions populaires.
La renommée du Bardo Thödol en Occident remonte à la découverte de sa partie principale, les étapes du bardo, par le théosophe américain Walter Evans-Wentz, qui le fit traduire par Lama Kazi Dawa Samdup. Jung en fit un commentaire psychologique.
Dans les années 1960, Timothy Leary et Ralph Metzner s’en inspirèrent pour écrire The Psychedelic Experience sur les effets du LSD. John Lennon en tire Tomorrow Never Knows.
En 1992, Sogyal Rinpoché publia pour la première fois un ouvrage présentant la perspective spirituelle bouddhiste basée sur la compréhension des bardos, Le Livre tibétain de la vie et de la mort.
La première version intégrale en anglais a été publiée en 2005, traduite par Gyurme Dorje et révisée par Thupten Jinpa, traducteur officiel du Dalaï Lama, et Graham Coleman.
C'est en s'inspirant, entre autres, du Bardo Thödol, que l'ésotériste italien Tommaso Palamidessi (1915-1983) a rédigé son ouvrage Il libro cristiano dei morti, Rome (Livre chrétien des morts), recueil de prières et d’exhortations que l’officiant doit lire à intervalles réguliers après la mort de l’assisté, pour orienter son esprit dans l’au-delà et l’aider ainsi à se délivrer du cycle des réincarnations.
Antoine Volodine (né en 1949) a écrit un roman formé de sept récits autour du Bardo Thödol, qui fut publié pour la première fois en 2004.
Pierre Henry ainsi que Éliane Radigue et Symbol Of Subversion en ont donné une interprétation musicale.
Le film de Gaspar Noé Enter the Void fonde sa structure narrative sur la succession des états de conscience, de la mort du héros à son incarnation.
Dans son ouvrage Le Livre tibétain de la vie et de la mort, Sogyal Rinpoché écrit que certains Occidentaux assimilent l’expérience de mort imminente (NDE) aux descriptions du Bardo Thödol. Sogyal Rinpoché note que la question méritera une étude dépassant le cadre de son livre. Il aborde cependant la question en termes de similitudes et différences. Il note que l’expérience de sortie hors du corps de la NDE correspond à la description du Livre tibétain des morts. Il mentionne qu’au Tibet, les Tibétains sont familiers avec le phénomène de délok (dé lok, qui est revenu de la mort), une notion décrite par Françoise Pommaret dans son ouvrage Les Revenants de l'au-delà dans le monde tibétain, publié aux éditions du CNRS en 1989. L’expérience des déloks correspond au Bardo Thödol et à la NDE[19].
Le Dr Christophe Fauré note également, dans Cette vie… et au-delà – Enquête sur la continuité de la conscience après la mort, des similitudes entre les rapports circonstanciés d’expériences de mort imminente étudiés par de nombreux médecins à travers le monde et les descriptions bouddhistes du Bardo Thödol.
Dans l'ouvrage Dormir, rêver, mourir : explorer la conscience avec le Dalaï-Lama, un débat est ouvert entre des scientifiques et le dalaï-lama, où ce dernier donne des arguments en faveur d'un état de rêve, et non d'une sortie hors du corps de l'esprit.
Début de la récitation : le chikhai bardo extrait de Textes Tibétains inédits traduit par Alexandra David-Néel[20] :
« As-tu reçu l'enseignement du sage gourou initié au mystère du bardo ? Si tu l'as reçu, rappelle-le à ta mémoire et ne t'en laisse pas distraire par d'autres pensées. Conserve fermement ton esprit lucide. Si tu souffres, ne t'absorbe pas dans la sensation de la souffrance. Si tu éprouves un reposant engourdissement d'esprit, si tu te sens t'enfoncer dans une calme obscurité, un apaisant oubli, ne t'y abandonne pas. Demeure alerte. Les consciences qui ont été connues comme étant (nom du mourant) tendent à se disperser. Retiens-les unies par la force de l'Yid kyi namparshéspa (tibétain : ཡིད་ཀྱི་རྣམ་པར་ཤེས་པ ; wylie : yid kyi rnam par shes pa; français : conscience du mental). Tes consciences se séparent de ton corps et vont entrer dans le Bardo. Fais appel à ton énergie pour les voir en franchir le seuil en ta pleine connaissance. La clarté fulgurante de la Lumière sans couleur et vide va, plus rapide que l'éclair, t'apparaître et t'envelopper. Que l'effroi ne te fasse point reculer et perdre conscience. Plonge-toi dans cette lumière. Rejetant toute croyance en un ego, tout attachement à ton illusoire personnalité, dissous son Non-être dans l'Être et sois libéré. Peu nombreux sont ceux qui, n'ayant pas été capables d'atteindre la Libération au cours de leur vie, l'atteignent à ce moment si fugitif qu'il peut être dit sans durée. Les autres, sous l'effet de l'effroi ressenti comme un choc mortel, perdent connaissance. »
La première édition de , chez le même éditeur, compte 242 p. et contient un commentaire du psychologue Carl Gustav Jung, qui n'a pas été repris dans l'édition de 1979. Il y a eu deux réimpressions en et , (ISBN 2-7200-0001-9).
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