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type d'unité militaire provisoire De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Un régiment de marche est un régiment créé provisoirement, en vue d'opérations militaires, sur la base de recrutements non conventionnels.
Ces recrutements peuvent être opérés de trois manières :
Il existe aussi des bataillons de marche ou des escadrons de marche dont les effectifs sont plus restreints, et parfois des brigades de marche et des divisions de marche regroupant plusieurs régiments.
Les unités de marche ont été utilisées au cours du XIXe siècle et du XXe siècle dans les armées françaises, austro-hongroises, allemandes et russes. Il s'agit d'unités provisoires, constituées en dehors de règlements du temps de paix à partir d'éléments très divers.
En France, au XIXe siècle et principalement sous le Premier Empire, on a également utilisé la dénomination régiment provisoire pour désigner un régiment créé par prélèvements sur différentes unités régulières ou à partir des soldats restés en dépôt dans les casernes ; au XXe siècle, seule la dénomination régiment de marche a continué à être utilisée.
En Allemagne et dans les anciens états allemands, ainsi qu'en Russie, on utilise la dénomination régiment combiné pour désigner un régiment créé par des prélèvements sur différentes unités régulières.
Les premiers régiments de marche sont apparus durant les guerres napoléoniennes. La guerre d'Espagne, particulièrement coûteuse en vies humaines, a contraint Napoléon Ier à constituer à partir de 1808[1] des régiments de marche destinés à compenser ces pertes.
Dans sa correspondance, Napoléon Ier distinguait les régiments provisoires, en attente d'affectation, et les régiments de marche qui étaient mis en marche vers les théâtres d'opérations extérieures ou, en sens inverse, pour regagner les casernements d'origine en métropole.
C'est surtout à partir de 1812 et de la campagne de Russie que l'emploi des régiments de marche s'est généralisé. Ainsi :
Lors de la retraite de Russie, des régiments de marche furent constitués pour reconduire à leurs unités d'origine des hommes issus de différents corps, amalgamés provisoirement et ainsi réunis pour la route[3].
Durant l’expédition d’Espagne en , des dépôts de corps se rendaient en Espagne sous le nom de régiments provisoires[3].
Plus tard, lors de l'expédition de 1830 et de la prise d'Alger, des régiments de marche ont été mis en œuvre. Le général Étienne Alexandre Bardin explique dans son Dictionnaire de l'armée de terre qu'ils ont été utilisés parce que les unités d'infanterie légère ne devait compter que deux bataillons formés d'hommes aguerris.
À cette époque, les opinions divergeaient quant à l'utilité des régiments de marche. Si l'administrateur Pierre Agathange Odier en préconisait l'usage dans son Cours d'études sur l'administration militaire publié en 1824, le général Étienne Alexandre Bardin exprimait un avis contraire en écrivant, toujours dans son dictionnaire qui sera publié après sa mort en 1841, que « si dans les mouvements d'une grande guerre et pendant les opérations lointaines, on est forcé de recourir à ce moyen pour alimenter l'armée, cette ressource est détestable administrativement et donne naissance à tous les embarras d'une comptabilité inextricable ».
Les expéditions menées à l'extérieur durant le Second Empire ont eu recours aux régiments de marche.
Des régiments de marche issus de l'armée d'Afrique sont engagés de 1854 à 1856 durant la guerre de Crimée.
Le corps expéditionnaire français qui débarqua au Mexique le était essentiellement constitué du 1er régiment de marche fort de 2 000 hommes issus du 1er régiment d'infanterie de marine et du 2e régiment d'infanterie de marine.
Il reçut la même année le renfort du 2e régiment de marche de cavalerie (lieutenant-colonel Margueritte) composé de deux escadrons issus du 12e régiment de chasseurs à cheval et de deux escadrons issus du 3e régiment de chasseurs d'Afrique[4].
Le désastre de la guerre franco-allemande de 1870 a conduit les Français à créer dans l'urgence de nombreux régiments de marche. Les dépôts des régiments d'infanterie et des bataillons de chasseurs envoyèrent aux armées, les quatrièmes bataillons composés principalement d'hommes de la réserve rappelés sous les drapeaux, ces bataillons de circonstance péchèrent surtout par les cadres.
Il a été organisé 97 régiments de marche, numérotés de 1 à 101. Quelques-uns de ces régiments ont changé de dénomination et ont pris, pendant la guerre, des numéros de régiments de ligne. Il a également été créé, plus de 35 bataillons de chasseurs à pied[5]
Il exista aussi un certain nombre de bataillons de marche, formés en septembre 1870, versés dans les régiments de marche sauf trois seulement qui ont subsisté pendant toute la campagne :
Le 13e Corps d'Armée (général Vinoy) est formé en à Paris. Les régiments de marche de ce corps sont constitués de trois bataillons de dépôt appartenant à des régiments différents avec des recrues ou d'anciens soldats rappelés[6].
Le 5e de marche (colonel Hanrion) et le 6e de marche (lieutenant-colonel du Guiny)[note 1],[7] avec deux compagnies de marche de chasseurs forment la 1re brigade du général Mattat. Le 7e de marche (lieutenant-colonel Tarayre) et le 8e de marche (lieutenant-colonel Drouet)[note 2],[7] forment la 2e brigade du général Daudel. Avec trois batteries de 4 et une compagnie du génie, ces deux brigades constituent la 1re division d'infanterie du général d'Exéa.
Le 9e de marche (lieutenant-colonel Miquel de Riu) et le 10e de marche (lieutenant-colonel Damedor de Molans)[note 3],[7] forment la 1re brigade du général Guérin. Le 11e de marche (lieutenant-colonel Née-Devaux) et le 12e de marche (lieutenant-colonel de Labaume)[note 4],[7] forment la 2e brigade du général Blaise. Avec trois batteries de 4 et une compagnie du génie, ces deux brigades constituent la 2e division d'infanterie du général de Maud'Huy.
Le 13e de marche (lieutenant-colonel Morin) et le 14e de marche (lieutenant-colonel Vanche)[note 5],[7] avec deux compagnies de marche de chasseurs forment la 1re brigade du général de Susbielle. Le 35e régiment d'infanterie de ligne (colonel de la Mariouse) et le 42e régiment d'infanterie de ligne (colonel Avril de Lenclos) forment la 2e brigade du général Guilhem. Avec trois batteries de 4 et une compagnie du génie, ces deux brigades constituent la 3e division d'infanterie du général Blanchard.
Après le désastre de Sedan, un gouvernement de la Défense nationale proclame le la Troisième République et la déchéance de l’Empereur Napoléon III. Le 14e Corps d'Armée (général Renault) est aussitôt formé dans le camp retranché de Paris. Les bataillons de dépôt étant partis, ne restait, dans chaque régiment qu'une compagnie chargée de recevoir les soldats rappelés au drapeau, compagnie dédoublée par la suite. Ces demi-compagnies devait former les régiments du 14e Corps. Chaque régiment nouveau contenait ainsi dix-huit compagnies de corps différents[6].
Le 15e régiment de marche (lieutenant-colonel Benedetti) et le 16e régiment de marche (lieutenant-colonel Gaduel) avec deux compagnies de chasseurs à pied forment la 1re brigade de marche du général Ladreit de la Charrière qui sera tué le lors de la défense de Paris.
Le 17e régiment de marche (lieutenant-colonel Sermensan) et le 18e régiment de marche (lieutenant-colonel Beaufort) forment la 2e brigade du général Lecomte. Avec deux batteries de 4 et une section du génie, ces deux brigades constituent la 1re division du général Béchon de Caussade qui trouvera la mort le lors du siège de Paris.
Le 19e de marche (lieutenant-colonel Collasseau) et le 20e de marche (lieutenant-colonel Niel) avec deux compagnies de chasseurs à pied forment la 1re brigade du général Bocher.
Le 21e de marche (lieutenant-colonel de Vandeuil) et le 22e de marche (lieutenant-colonel Barbe) forment la 2e brigade du général Paturel. Avec deux batteries de 4 et une section du génie, ces deux brigades constituent la 2e division du général d'Hugues.
Le 23e de marche (lieutenant-colonel Dupuy de Podio) et le 24e de marche (lieutenant-colonel Sanguinetti) avec deux compagnies de chasseurs forment la 1re brigade du général Benoît.
Le 25e de marche (lieutenant-colonel Jourdain) et le 26e de marche (lieutenant-colonel Lecerf) forment la 2e brigade du général Courty. Avec deux batteries de 4 et une section du génie, ces deux brigades constituent la 3e division du général de brigade de Maussion.
En dehors des deux corps d'armée, on forma, avec des éléments divers, un régiment de zouaves de marche, le 28e de marche avec les dépôts de la Garde Impériale, les 36e, 37e, 38e et 39e de marche avec les dépôts restés à Paris.
En , les différents corps d'armée de l'Armée de l'Est du général de division Bourbaki sont renforcés par des régiments de marche.
Le 15e Corps d'Armée du général de division Martineau des Chenez reçoit[6] :
Le 18e Corps d'Armée du général de division Billot reçoit[6] :
Le 20e Corps d'Armée du général de division Clinchant reçoit[6] :
Le 24e Corps d'Armée du général de division Bressolles reçoit[6] :
La Réserve générale du capitaine de frégate Pallu de la Barrière reçoit[6] :
Moins d'un an après le début de la Première Guerre mondiale, le gouvernement a décidé le de constituer 40 bataillons de marche, soit 2 par région militaire[8]. Ils étaient composés de nouvelles recrues, de soldats restés en dépôt dans leur garnison et de blessés rétablis.
Des régiments de marche sont également créés à partir des troupes d'Afrique, comme le 4erégiment de marche de tirailleurs.
Le 1er régiment étranger de Sidi Bel-Abbès et le 2e régiment étranger de Saida, cantonnés en Algérie, mettent sur pied quatre demi-bataillons destinés à constituer l’ossature des futurs régiments :
Le régiment de marche de la Légion étrangère (RMLE) est créé le par fusion du 2e de marche du 1er étranger et du 2e de marche du 2e étranger. Il participe à la bataille de la Somme en 1916 et à la seconde bataille de la Marne en 1918.
À l'aube de la Seconde Guerre mondiale, lors de la déclaration de guerre de septembre 1939, un régiment de marche est constitué à partir de trois bataillons des 146e RIF, 156e RIF et 160e RIF, sous les ordres du lieutenant-colonel Vogel pour participer à l'offensive de la Sarre[9]. Il pénètre en Allemagne dans les bois de la Warndt, puis reçoit l'ordre de se retirer après la capitulation de la Pologne.
À la même époque, des régiments de marche de la Légion étrangère ont été constitués pour accueillir les étrangers qui désiraient se battre sous le drapeau français. C'est ainsi que 5 000 Ukrainiens qui ne voulaient endosser ni l'uniforme polonais, ni l'uniforme soviétique, ont été versés aux 21e, 22e, et 23e régiments de marche de volontaires étrangers (RMVE)[10].
Après l'armistice du 22 juin 1940, les unités d'Afrique qui s'étaient ralliées à la France Libre ont été organisées par le général de Gaulle en bataillons de marche agglomérés principalement dans la 1re division française libre. Le 1er régiment de marche de spahis marocains, créé le , est le premier régiment de marche de la France Libre. Le régiment de marche du Tchad, créé en à partir du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad, premier régiment de la France Libre, s'est illustré de Koufra jusqu'en Allemagne. Grâce à ses faits d'armes, ce régiment est le seul régiment de marche qui n'a pas été dissous à la Libération et qui est toujours en activité sous cette appellation.
À noter enfin que du jusqu'au , le 3e régiment étranger d'infanterie a repris l'appellation de régiment de marche de la Légion étrangère qui était la sienne du au .
Durant la bataille de Hohenlinden, en décembre 1800, le corps bavarois qui se battait contre la France aux côtés de l'Autriche-Hongrie comportait un régiment combiné de chevau-légers comprenant six escadrons[11]. C'est là l'une des premières apparitions de ce type de régiment.
L'armée austro-hongroise a utilisé des unités de marche au cours de la Première Guerre mondiale. Les bataillons de marches étaient regroupés dans des régiments de marche, et deux régiments de marche formaient une brigade de marche[12].
Le Grand-duché de Bade, créé en 1806, sous l'impulsion de Napoléon, a fourni en 1808 pour la campagne d'Espagne un régiment d'infanterie combiné qui s'est battu au côté des Français et est devenu en 1809 le Linien Infanterie Regiment No 4 (4e régiment d'infanterie de ligne)[13].
En 1812, le corps auxiliaire prussien était essentiellement formé de régiments combinés composés de bataillons ou d'escadrons issus de différents régiments.
Une fois la paix revenue, la Prusse a continué de mettre en œuvre des régiments combinés lors de ses grandes manœuvres. C'est ainsi, que lors des grandes manœuvres de Kalisch qui réunirent durant l'été 1835 l'armée russe et l'armée prussienne, cette dernière avait fourni deux régiments combinés de cavalerie et un régiment combiné d'infanterie[14].
Durant la Première Guerre mondiale, l'armée allemande comportait des régiments combinés, tels que le 79.R/85.L, formé à partir de quatre compagnies du 79e régiment d'infanterie de réserve et deux bataillons du 85e régiment d'infanterie de Landwehr.
La Wehrmacht a mis sur pied des bataillons de marche dans l'infanterie et dans la cavalerie au cours de la Seconde Guerre mondiale, de 1943 à 1945.
En octobre 1813, lors de la bataille de Leipzig, l'armée de réserve russe de Pologne commandée par Bennigsen comportait un 2e régiment combiné de Uhlans comprenant quatre escadrons.
Dans les années 1830, l'armée impériale russe a pris l'habitude de créer des régiments combinés, formés à partir de plusieurs unités régulières, pour participer à ses grandes manœuvres. Ainsi, lors des grandes manœuvres de Kalisch qui réunirent durant l'été 1835 l'armée prussienne et l'armée russe, la garde impériale russe avait mis en œuvre un régiment combiné de cavalerie et un régiment combiné d'infanterie[14].
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