Prison de la Santé
établissement pénitentiaire français situé à Paris De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La prison de la Santé, officiellement centre pénitentiaire de Paris-La Santé, simplement surnommée la Santé, est un établissement pénitentiaire français situé dans l'est du quartier du Montparnasse du 14e arrondissement de Paris, au 42, rue de la Santé. Établissement historique ouvert en 1867, célèbre pour avoir accueilli des détenus notoires, elle est aujourd'hui la dernière prison intra-muros de Paris. Centre pénitentiaire, elle comprend un quartier de maison d'arrêt et un quartier de semi-liberté.
Centre pénitentiaire de Paris-La Santé | |||||
« Prison de la Santé » | |||||
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La prison de la Santé (en 2007), photographiée depuis un étage élevé de l'hôtel Paris Marriott Rive Gauche. | |||||
Localisation | |||||
Pays | France | ||||
Région | Île-de-France | ||||
Localité | Paris | ||||
Arrondissement | 14e | ||||
DISP | Paris | ||||
Coordonnées | 48° 50′ 02″ nord, 2° 20′ 23″ est | ||||
Géolocalisation sur la carte : 14e arrondissement de Paris
Géolocalisation sur la carte : Paris
Géolocalisation sur la carte : Île-de-France
Géolocalisation sur la carte : France
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Architecture et patrimoine | |||||
Architecte(s) | Émile Vaudremer | ||||
Construction | |||||
Propriétaire | État français | ||||
Installations | |||||
Type | Centre pénitentiaire : maison d'arrêt et quartier de semi-liberté | ||||
Superficie | 2,8 ha | ||||
Capacité | 920 places | ||||
Fonctionnement | |||||
Date d'ouverture | 1867, 2018 (réouverture) | ||||
Opérateur(s) | Ministère de la Justice | ||||
Statut actuel | En fonctionnement (d) | ||||
Date de fermeture | 2014-2018 (pour travaux) | ||||
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En 1861, l'architecte Joseph Auguste Émile Vaudremer, dont ce fut la première commande publique d’envergure, se voit confier le soin d'élaborer les plans d'une nouvelle prison qui s'élèvera sur le site d’un ancien « marché aux Charbons ». Celle-ci sera construite entre 1863 et 1867[1],[2].
Auparavant, sur les mêmes lieux, s’élevait une « maison de la santé », construite sur ordre d’Anne d’Autriche, transférée en 1651 à ce qui est aujourd'hui le centre hospitalier Sainte-Anne (au sud). Elle a donné son nom à la rue de la Santé, et par conséquent à la prison[1].
La décision de construire cette prison est prise à cause de la nécessité de démolir la prison des Madelonnettes, trop exiguë et située sur le tracé de la future rue Turbigo. Onzième prison de la capitale, la maison d'arrêt de la Santé est inaugurée le [3].
À l'origine, l'établissement comporte cinq cents cellules, portées à mille à la suite de la fermeture de la prison parisienne de la Grande Roquette en 1900[4]. Elles font 4 mètres de long, 2,5 de large et 3 de hauteur. On compta jusqu'à 2 000 détenus, répartis en quatorze divisions. D'abord prison double (un quartier cellulaire et un quartier auburnien), la prison adopte le régime pennsylvanien et devient une prison entièrement cellulaire au début du XXe siècle[1],[2],[5].
La prison est édifiée sur un terrain de 2,8 hectares de forme trapézoïdale, encadré[1],[6] :
Depuis son ouverture, deux systèmes d'enfermement différents cohabitent au sein de l'établissement[1],[6] :
Une des particularités de la Santé est que, jusqu'en 2000, les personnes détenues étaient réparties par origine géographique et ethnique à l'intérieur de la prison. Une partie des détenus (ceux qui poursuivent des études en particulier) sont regroupés dans les sections, mais la plupart d'entre eux sont disséminés dans quatre blocs :
Ces blocs ont récemment fait l'objet d'une rénovation d'ampleur. L'établissement est partiellement fermé à partir de 2014 et ce jusqu'en 2019 afin d'être réhabilité ; le quartier de semi-liberté étant maintenu en fonctionnement pendant les travaux[9].
La prison de la Santé est aujourd'hui la dernière prison intra-muros de Paris. Les autres établissements pénitentiaires situés dans le ressort de la cour d'appel de Paris sont situés à Villepinte, à Fresnes, à Fleury-Mérogis, à Meaux, à Melun et à Auxerre.
Soutenu par le ministre des Affaires culturelles André Malraux, l'architecte Jean Faugeron propose en 1965 de détruire la prison de la Santé pour construire à la place un immeuble pyramidal en fuseau d'environ 50 étages (180 mètres de hauteur), qui abriterait le ministère de l'Éducation nationale. En 1974, l'arrivée au pouvoir de Valéry Giscard d'Estaing met un terme au projet[10],[11].
Les parloirs sont situés au 1, rue Messier comme pour le reste de la population pénale, à proximité du local d'accueil des proches.
Le , la prison de la Santé ferme ses portes pour des travaux de rénovation qui dureront jusqu'en 2019, pour un coût estimé à 800 millions d'euros. Le quartier de semi-liberté (cent places) et les bureaux de l'administration restent en activité pendant les travaux et seront transférés dans de nouveaux locaux au fur et à mesure de l'avancement du chantier[12],[13].
Ces travaux de modernisation doivent permettre de réduire à 800 places la capacité de la prison (contre 920 places auparavant), tout en conservant le même nombre de places réservées au quartier de semi-liberté[6].
Le quartier bas bâti autour du panoptique est entièrement réhabilité. Les cellules sont agrandies (passant de 7 à 9 m2) dans le respect du bâtiment d'origine et selon les principes d’encellulement individuel modernes, avec une douche et un sanitaire intégrés. Les niveaux inférieurs accueillent des espaces communs, tandis que les quartiers d'hébergement sont placés dans les niveaux supérieurs. Les cours de promenade sont végétalisées et traitées de manière à offrir des dégagements visuels. Hormis les détenus en semi-liberté, les personnes détenues pénètrent dans l'enceinte par une nouvelle entrée sécurisée situé rue de la Santé, à une trentaine de mètres au sud dans l'ancienne entrée principale rénovée dans sa configuration d'origine[6].
Le « quartier haut » est intégralement reconstruit et intègre les parloirs, ainsi que les ateliers réservés au travail volontaire des personnes détenues[6].
Le quartier de semi-liberté situé dans la partie nord du « quartier bas », est aménagé sous la forme d'un îlot urbain bâti autour d'une cour de promenade végétalisée et dispose de sa propre entrée rue de la Santé, à l'angle du boulevard Arago[6].
Le , alors dirigée par Christelle Rotach depuis 2017, la prison de la Santé rouvre[14]. Pour sa première semaine, la maison d’arrêt n’accueille que quatre-vingts détenus venus des prisons de Fresnes (Val-de-Marne) et de Fleury-Mérogis (Essonne), le seuil des 100 % d’occupation devant être atteint avant l’été. Le taux de surpopulation atteint 165 % en février 2023[réf. souhaitée].
L'emprisonnement des « personnalités » condamnées est également une des spécificités de la Santé. Le quartier où ces personnes sont affectées est appelé le « quartier des particuliers », QB4 (quartier bas numéro 4) ou QPV (quartier des personnalités vulnérables) par l'administration pénitentiaire et souvent « quartier VIP » par les médias. En réalité, presque chaque prison française en a un. À la Santé, il y a 19 places et les cellules sont identiques à toutes les autres de la prison. Les détenus y vivent en vase clos afin d'être protégés du reste de la population carcérale, en raison de la nature des faits qui leur sont reprochés (notamment ceux à caractère sexuel), de leur médiatisation ou au risque qu'elles soient racketées. L'établissement a accueilli de nombreuses « personnalités » qui y ont purgé leur peine[15],[16], ainsi que des policiers ou gendarmes condamnés et des « balances »[17].
Le film Quartier V.I.P s'y déroule en partie.
Ce sont les seules évasions connues de cette prison.
En 1899, à la suite de la fermeture et de la démolition du dépôt des condamnés dit de « La Grande Roquette » (ou plus simplement « La Roquette »), les hommes condamnés (déjà jugés) sont incarcérés à la Santé en attendant leur transfert au bagne de Guyane ou leur exécution capitale.
Les exécutions se faisant auparavant à l'entrée de la Grande Roquette, on décida de faire de même (ou presque) à la Santé. La guillotine fut désormais dressée à l'angle de la rue de la Santé et du boulevard Arago, sur le trottoir. La première exécution - la première à Paris depuis dix ans - eut lieu le ; ce fut celle d'un parricide nommé Georges Duchemin[44]. Parmi les exécutions qui ont dès lors lieu devant la Santé, on compte celles, le , de membres de la bande à Bonnot : Raymond Callemin, Étienne Monier et André Soudy.
Le , Eugène Boyer, un criminel de 27 ans, à qui est refusée la grâce présidentielle la veille par le président Paul Doumer, devant être exécuté, est sauvé in extremis (une vingtaine de minutes avant) de la guillotine à la suite de l’assassinat du chef de l’État survenu le jour même où son exécution était prévue : en effet, en France, en matière de grâce, le président pouvait revenir sur sa décision jusqu’à la dernière minute, et manifestement, Eugène Boyer n’aurait pu bénéficier de cette possible « ultime clémence ». Il sera finalement gracié par Albert Lebrun le - qui respecta la tradition de gracier les condamnés à mort les premiers temps de la fonction présidentielle - et est envoyé au bagne de Guyane. Il est dénommé André Baillard dans Papillon récit autobiographique ((largement) romancé) de Henri Charrière.
Près d'une quarantaine de condamnés finirent leurs jours en ce lieu. Ce fut également à cet endroit qu'eut lieu l'avant-dernière exécution publique en France, celle du cambrioleur et double assassin Max Bloch, le . Quinze jours plus tard, le , on guillotinait devant la prison de Versailles Eugen Weidmann, coupable de six assassinats, et le 24 juin, la décision était prise d'interdire les exécutions publiques. La même décision faisait que les condamnés à mort dépendant de la Cour d'appel de la Seine (soit la Seine-et-Oise et l'Aube) devaient subir leur exécution à la prison de la Santé.
Le , les frères Vocoret, qui avaient abattu trois policiers à Issy-les-Moulineaux, furent les premiers guillotinés à l'intérieur de la prison.
Pendant l'Occupation, outre des criminels de droit commun, on y pratiqua également les exécutions de dix-huit résistants et communistes. Neuf d'entre eux, exécutés entre et , furent guillotinés. Les neuf autres furent fusillés le . Une plaque commémorative, apposée sur le mur de la prison à l'angle des rues Jean-Dolent et de la Santé, rappelle leur fin tragique.
Après la Libération, seuls des condamnés de droit commun furent exécutés dans la cour d'honneur de la prison de la Santé (à part plusieurs militants du FLN entre 1958 et 1960). On peut citer Marcel Petiot, en 1946, le marquis Bernardy de Sigoyer en 1947, Émile Buisson (« l'ennemi public no 1 ») en 1956, Jacques Fesch en 1957, Georges Rapin, dit « Monsieur Bill » en 1960.
Les derniers condamnés à mort guillotinés à la Santé sont Roger Bontems et Claude Buffet. Ils étaient les auteurs d'une tentative d'évasion avec prise d'otages qui se termina par la mort de ces derniers, en 1971. Condamnés à mort à Troyes le , ils furent exécutés le 28 novembre suivant ; il s'agit des derniers condamnés à la peine capitale à avoir été exécutés à Paris[39].
Après eux, les condamnés à mort franciliens furent enfermés à la prison de Fresnes (qui devait théoriquement devenir plus tard, en 1978, la seule prison habilitée à accueillir des exécutions capitales) mais aucun ne fut exécuté, l'abolition de la peine de mort ayant été décidée entre-temps.
Cependant, lorsqu'elles ne servaient pas, c'est dans les sous-sols du centre national d'orientation de la prison de Fresnes que les deux guillotines restant en métropole étaient entreposées.
En face de la sortie de la prison, existait un café, nommé À la bonne Santé. Les proches des détenus s'y retrouvaient, ainsi que les détenus libérés. Des scènes de plusieurs films s'y passent et y ont été tournées. L'établissement a fermé dans les années 1980. Actuellement[Quand ?], le local sert à l'administration pénitentiaire.
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