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opération militaire israélienne De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La guerre de Gaza de 2008-2009, ou opération Plomb durci (en hébreu מבצע עופרת יצוקה), est une opération militaire israélienne[8] dans la bande de Gaza qui débuta le à 11 h 30 UTC+2 (9 h 30 UTC) en riposte à des attaques du Hamas. Caractérisée d'abord par des raids aériens, elle est suivie par une offensive terrestre lancée le vers 19 h 30 HNEC[9],[10]. L'objectif déclaré de l'armée israélienne est de mettre fin aux tirs de roquettes Qassam du Hamas lancés depuis la bande de Gaza sur les populations israéliennes, en particulier sur la ville voisine de Sdérot, et à son réapprovisionnement en armement, en s'en prenant aux combattants du Hamas et en détruisant des infrastructures qu'il utilise[11], en particulier les centaines de tunnels creusés sous la frontière entre la bande de Gaza et le Sinaï.
Date |
- (22 jours) |
---|---|
Lieu | Bande de Gaza |
Issue |
Victoire militaire israélienne |
Ehud Olmert (Premier ministre) Ehud Barak (Ministre de la défense) Gabi Ashkenazi Yoav Galant Ido Nehoshtan Eli Marom Eyal Eisenberg (en) Yuval Diskin |
Ismaël Haniyeh Mahmoud al-Zahar Khaled Mechaal Nizar Rayyan † Osama Mazini (en) Tawfik Jaber † Ismaïl Jaabari † Ahmed Jaabari Mohammed Deïf Saïd Seyam † Ihab al-Ghussein Ramadan Shallah Abdelaziz Awda |
Armée de l'air israélienne : 80 chasseurs-bombardiers F-15, F-16, hélicoptères de combat AH-1 Cobra, AH-64 ; Mazi : 2 000 chars de combat ; Marine israélienne : frégates, corvettes, patrouilleurs ; Effectifs totaux de l'armée israélienne : 161 000 hommes et 465 000 réservistes | 20 000 hommes ; lance-roquettes Qassam, mortiers, engins explosifs improvisés |
10 soldats tués 3 civils tués Total : 13 morts |
167 policiers tués (PCHR) 223 combattants tués (PCHR), 700 selon Israël, 600 à 700 militants et membres des forces de sécurité selon le ministre de l'intérieur du Hamas[5] 895 civils tués (PCHR) Total : 1 330 morts[6],[7] |
Batailles
Le au matin, un cessez-le-feu est annoncé par le gouvernement israélien, qui dit avoir atteint ses objectifs[12]. Quelques heures plus tard, le Hamas annonce à son tour un cessez-le-feu[13] d'une semaine afin de laisser le temps aux forces israéliennes de se retirer de la bande de Gaza et d'ouvrir ses points de passage pour l'aide humanitaire et les produits de première nécessité[14], mais Israël dit que le retrait se fera sans prendre en compte ce délai ; d'après des responsables israéliens, toutes les troupes israéliennes ont quitté le territoire palestinien dès le [15]. Le Hamas déclare lui aussi avoir gagné la guerre[16], avançant notamment que « notre peuple ne s'est pas rendu », et qu'il va se réarmer et que la fabrication d’« armes saintes » est son objectif[17]. En pratique, le cessez-le-feu n'a cependant pas totalement mis fin aux tirs de roquettes[18].
Cette opération militaire a suscité des réprobations, citant le caractère jugé disproportionné de la riposte israélienne, du nombre de victimes civiles parmi les Palestiniens, et des controverses sur l'armement israélien. Un rapport de l’ONU, estime l'armée israélienne coupable de crimes de guerre au cours de cette offensive, estimant qu'elle avait une stratégie « conçue pour punir, humilier et terroriser la population civile »[19].
Les tirs de roquettes Quassam et de mortiers palestiniens débutèrent en et, entre cette date et fin 2008, occasionnèrent la mort de 24 personnes (16 Israéliens, et 8 non-Israéliens dont deux Bédouins et deux Palestiniens) âgées de 2 à 70 ans[20]. En particulier, pour l'année 2008 pendant laquelle l'offensive israélienne débute, le nombre de victimes israéliennes est de quatre morts. Entre 2005 et 2007, Israël a tiré plus de 14 600 obus sur la bande de Gaza, tuant 59 Palestiniens et en blessant 270[21]. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, entre 2005 et 2008, 116 Israéliens (en incluant les civils et les soldats de l'armée israélienne ainsi que les différentes polices et les membres de services armés) furent tués à la fois en Israël et dans les territoires Palestiniens dans le cadre de « conflits directs » et 1 509 furent blessés[22]. Durant la même période de la guerre, 1 735 Palestiniens furent tués, incluant des civils et des membres de divers groupes, et 8 308 furent blessés dans le cadre de « conflits directs »[22].
Le Hamas justifie ses hostilités par ses objectifs militaires, le Jihad et les tirs de roquettes Quassam et de mortiers sur les populations israéliennes en affirmant à la presse internationale qu'ils sont une forme de « légitime défense »[23]. Le Hamas reproche à Israël des « assassinats, agressions et arrestations »[23]. Depuis le début de la deuxième intifada le jusqu'au , l'ONG israélienne de défense des droits de l'homme B'Tselem a dénombré, pour la bande de Gaza, 2 994 Palestiniens tués par l'armée israélienne, 459 Palestiniens tués par d'autres Palestiniens, et 136 Israéliens tués par les groupes palestiniens[24]. D'autre part et selon les chiffres du gouvernement israélien, quelque 7 900 Palestiniens étaient détenus dans les prisons israéliennes pour terrorisme au [25], dont 333 mineurs (30 de moins de 16 ans)[26].
Au soir du , selon le bilan provisoire rapporté par le chef des services d'urgence à Gaza Mouawiya Hassanein et selon les chiffres communiqués par le Hamas, 1 315 Palestiniens ont été tués dans l'offensive israélienne[27], dont 410 mineurs et plus de 100 femmes, tandis que 5 285 autres ont été blessés[27] ; selon le Centre palestinien pour les droits de l'homme, les civils composent 65 % des tués[28]. En Israël, 3 civils et 10 soldats israéliens ont perdu la vie, et 113 soldats ont été blessés ainsi que plus de 84 civils, selon B'Tselem[29]. Pour sa part, les forces armées israéliennes comptent entre 1 100 et 1 200 morts dont 700 combattants palestiniens[6], et une source non identifiée, se décrivant comme médecin à Gaza, compte au total entre 500 et 600 morts[30].
Les tirs de roquettes sur le territoire israélien se sont poursuivis, sans interruption depuis le début du conflit, jusqu'au au matin. De nouvelles roquettes palestiniennes ont été tirées les 29 et , provoquant des ripostes israéliennes[18].
Pour l'armée israélienne, cette opération porte le nom d’« opération Plomb durci » (ou « opération Plomb fondu », en hébreu מבצע עופרת יצוקה (Oferet Yetsukah) ; en anglais Cast Lead ; terme issu d'une chanson[31] pour Hanoucca), alors que la presse occidentale parle en général de la « guerre de Gaza[32] ». Dans le monde arabe et musulman, il est souvent question du « massacre de Gaza[33] », et de nombreux Palestiniens appellent le jour du début de l'offensive le « massacre du samedi noir[34],[35] ». Le terme spécifique de « guerre » est aussi contesté au motif que la capacité militaire des Palestiniens vis-à-vis des forces israéliennes[36] serait quasi nulle[37],[38].
Depuis le retrait des forces armées et des colonies israéliennes de la bande de Gaza en , B'Tselem compte, de à , 1 609 Palestiniens tués par l'armée israélienne, et 99 Israéliens tués par les groupes palestiniens[48] ; B'Tselem compte aussi un total de plus de 8 200 détenus palestiniens pour terrorisme dans les prisons israéliennes[49], dont plus d'une centaines de mineurs[50], et 1 soldat israélien, Guilad Shalit, détenu par le Hamas depuis le et libéré le en échange de plus d'un millier de condamnés pour terrorisme par Israël.
Les tirs de roquettes Qassam et de mortiers palestiniens débutèrent en , et, entre cette date et fin 2008, occasionnèrent la mort de 24 personnes (16 Israéliens, 8 ressortissants étrangers)[51] sur les 952 mineurs palestiniens durant la même période[48]. En particulier, pour l'année 2008 seule, le nombre de victimes israéliennes est de 4 tués par tirs de roquettes et mortier[51] sur les 31 Israéliens tués en 2008[48]. Le Hamas, pour sa part, déclare que les tirs de Quassam et de mortiers sont une forme de légitime défense[52] face aux violences israéliennes.
L'offensive israélienne se place dans les derniers jours de la transition entre la présidence de George W. Bush et celle de Barack Obama, réputé moins favorable à Israël que son prédécesseur. L'investiture de Barack Obama a lieu le mardi , soit deux jours après la proclamation des cessez-le-feu.
Selon Pierre Razoux, responsable de recherches au Collège de défense de l'OTAN, « c'est un conflit voulu à la fois par le Hamas et une partie de la classe politique israélienne ».
Les ONG Amnesty International[55] et Human Right Watch[56] avait déjà dénoncé toutes deux des présumés crimes de guerre commis par les deux parties durant le conflit.
Le , le Conseil des droits de l'homme des Nations unies publie le rapport d'une mission d'enquête dirigée par le Sud-Africain Richard J. Goldstone[57] dans lequel l'armée israélienne et les militants palestiniens sont initialement accusés d'avoir commis des « actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l'humanité[58],[59] ». Il évoque de graves manquements commis par les forces de défense d'Israël (comprenant des consignes discriminatoires de tir, des saccages, l'utilisation d'armes interdites, des graffitis racistes) et condamne l'usage de la violence contre des civils israéliens par les groupes armées palestiniens (les armes choisies par ceux-ci ne seraient pas assez précises pour faire une distinction).
Le , le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, qu'Israël juge biaisé, adopte une résolution condamnant l'absence de collaboration d'Israël à l'enquête de la commission conduite par le juge Goldstone. L'adoption a été fait avec 25 voix pour, 6 contre (dont les États-Unis) et 11 abstentions[60].
La position de l'État d'Israël est que lors de l'opération Plomb durci, l'armée n'a pas « tué intentionnellement des civils » et qu'Israël n'a fait qu'exercer « son droit d'auto-défense » face à des « attaques terroristes »[61]. Le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri, maintient que « des crimes de guerre ont été commis contre les 1,5 million de personnes vivant à Gaza » par Israël et le ministre palestinien des Affaires étrangères, Ryad al Malki, a jugé que le « rapport reste aussi clair que les crimes qu'Israël a commis au cours de cette guerre[62] ».
Le , le juge Goldstone, dans une tribune publiée dans le Washington Post, a déclaré qu’il est temps de « reconsidérer » les conclusions du rapport portant son nom. Il considère aujourd'hui qu'à la lumière des éléments d’enquêtes publiés par Israël « on ne peut plus dire qu’Israël est responsable de crime de guerre. » Il a par ailleurs déploré que le Hamas n'ait, quant à lui, mené aucune enquête et qu'avoir escompté qu'il le fasse était une « erreur ». Il a ajouté qu'il n'a pas été suffisamment fait état du fait que le rapport Goldstone a qualifié les attaques du Hamas contre les populations civiles israéliennes comme étant illégales et des actes de terrorisme. Il a aussi souligné qu'il était indéniable que le Conseil des droits de l'homme des Nations unies avait « une histoire de parti-pris contre Israël » et qu'il doit condamner « l'inexcusable massacre commis de sang-froid » récemment contre une famille israélienne, dont deux enfants et un bébé alors qu'ils étaient dans leurs lits[63]. Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a réagi en déclarant qu'il était maintenant démontré que comme les autorités israéliennes l'avaient toujours affirmé « qu'Israël n'a pas nui intentionnellement aux civils ». Il a demandé à l'ONU d'annuler et classer ce rapport.
Le les trois autres coauteurs du rapport (Hina Jilani, Christine Chinkin et Desmond Travers) publient un communiqué commun critiquant le retrait de Richard Goldstone de ce rapport, affirmant que le rapport est juste et qu'Israël n'a pas su démontrer que les crises n'étaient pas délibérées[64]. Dans un entretien accordé au Middle East Monitor, Hina Jilani insiste sur le fait que rien dans la tribune à travers laquelle Richard Goldstone se rétracte ne pourrait ébranler l'objectivité du rapport initial[65]. (voir l'article consacré au rapport Goldstone).
La guerre entre Israéliens et le Hamas est un cas classique de guerre asymétrique. Israël possède une armée régulière, tandis que le Hamas n'en a pas. À la place, le Hamas utilise des tactiques asymétriques, essentiellement des tirs frontaliers de snipers et des attaques de roquettes, mais aussi des attentats-suicide. Le Hamas déploient leurs forces dans des zones civiles dans le but d'empêcher Israël de mettre en œuvre des forces et tactiques conventionnelles, ce que le chercheur Michael C. Desch résume par : « Rien de tel qu'une guerre urbaine pour mettre les forces en présence à un niveau similaire »[66]. Cette dernière « multiplie le nombre de configurations possibles de combat, augmente la densité du terrain des hostilités, disperse les forces engagées, réduit la distance entre combattants et non-combattants, exige toujours plus de capital humain, donne une prime à l'absence d'équipements de haute technologie, augmente le taux probable de pertes humaines, complique les tactiques d'affrontements militaires et rend caducs les indicateurs traditionnels de réussite ou d'échec[66]. » Israël tend à utiliser des tactiques sur des cibles précises, notamment des assassinats ciblés de dirigeants basés sur le renseignement et rejette la responsabilité des pertes civiles sur les forces palestiniennes, en raison de leur utilisation de boucliers humains et d'ambulances des Nations unies pour le transport des combattants. Par ailleurs, Israël met en œuvre des mesures de restriction du mouvement des Palestiniens lors des hostilités (en particulier par l'utilisation de barrières physiques), en restreignant l'approvisionnement de la bande de Gaza à partir de son territoire.
: Tsahal lance son opération « Plomb durci » à 11 h 30 (9 h 30 UTC), lorsque plus de cinquante chasseurs F-16 Falcon et hélicoptères d’attaque AH-64 Apache de l’Armée de l'air israélienne (Heyl Ha Avir) pénètrent l’espace aérien de la bande de Gaza, tuant 225-292 Palestiniens et en blessant plus de 1 000. Durant cette première vague, la Heyl Ha Avir largue plus de cent bombes guidées par GPS GBU-39[67] qui, selon elle, touchent les 50 cibles prévues[68], soit le QG du Hamas à Tell Zaatar, des camps d’entraînement à Tell Zaatar, au sud de la bande de Gaza et à Gaza-centre, le centre de commandement et d’armurerie à Gaza-centre, l’école de police du Hamas, le bureau de l’ex-Premier ministre de l'Autorité palestinienne Ismaël Haniyeh, le QG des Brigades Izz al-Din al-Qassam au nord de la bande et des sites de lancement enterrés de roquettes Qassam[69]. Le général Dan Harel (en), chef d'État-Major adjoint de Tsahal confirme le jour-même le choix des cibles : « Cette opération est différente des précédentes. Nous avons mis la barre très haut et nous allons dans cette direction. Nous ne frappons pas uniquement les terroristes et les lance-roquettes, mais aussi l'ensemble du gouvernement du Hamas. Nous visons des édifices officiels, les forces de sécurité, et nous faisons porter la responsabilité de tout ce qui se passe sur le Hamas et ne faisons aucune distinction entre ses différentes ramifications. Nous ne sommes qu'au début de la bataille. Le plus dur est encore devant nous et à cela, il faut se préparer. Nous voulons changer les règles du jeu »[70].
À 12 h 00 (10 h 00 UTC), une seconde vague de 60 chasseurs et hélicoptères de combat se concentre sur 60 sites de lancement enterrés de Qassam. Au total, 170 cibles sont touchées, tuant 230 habitants de la bande et en blessant plus de 780, selon l’ONG israélienne B'Tselem. Parmi eux, 140 membres des forces de sécurité du Hamas sont tués, dont les généraux Tawfik Jaber[71] et Ismaïl Jaabari[72], avec au moins 15 civils. Des enfants feraient partie des victimes[71].
: vingt-cinq sorties aériennes sont conduites ce jour-là, portant le nombre de morts à 287 et le nombre de blessés à 900[73]. Une roquette tirée de nuit d'un F-16 sur une mosquée proche de l'hôpital Al-Shifa à Gaza-centre, d'où des roquettes auraient été tirées, tue 4 membres du Hamas[74].
À l'instar du lieutenant-colonel (à la retraite) de l'US Army Ralph Peters (en), qui estime que « les stratèges de l'Armée de l'air israélienne sont allés plus loin que la conception de l'US Air Force de « choc et effroi, (ang. : shock and awe) » (…) en s'employant à tuer le plus grand nombre de terroristes possibles[75] », le journaliste français Jean Guisnel pense que l'approche aérienne israélienne s'appuie sur la théorie des cinq cercles du colonel de l'US Air Force John Warden : « Pour l'instant, appliquant à la lettre la théorie des cinq cercles du colonel américain John Warden qui voit « l'ennemi comme un système », l'état-major israélien casse systématiquement et durablement l'ensemble des bâtiments et des points d'appui du Hamas, après avoir commencé par tuer le plus grand nombre possible de ses dirigeants et des membres de son appareil de sécurité[70] ».
Par ailleurs, la Heyl Ha Avir fait à nouveau un large usage de ses drones Hermes 450 Ziq de reconnaissance et de surveillance, stationnés sur la base aérienne de Palmachim, au sud de Tel-Aviv. Ils seraient équipés de désignateurs laser au profit des F-16.
Avant les bombardements aériens visant des immeubles occupés par des civils, Tsahal leur passe des coups de téléphone, une pratique validée par la Justice israélienne appelée « roof knocking ». Typiquement, un officier des services de renseignements appelle par téléphone les occupants d'une maison visée, dix ou quinze minutes avant le tir d'un missile[76],[77]. Les habitants sont appelés par téléphone, message vocal ou SMS[78]. Dans certains cas, le Hamas demande à des civils de stationner sur les toits pour dissuader les pilotes israéliens d'attaquer[79], ce que font certains habitants[77]. Confrontés à cette situation, les officiers supérieurs de l’Armée de l'air israélienne annulent le bombardement ou lancent une maquette de missile sur une partie vide du toit afin d'effrayer les habitants et les forcer à abandonner l'immeuble[79].
En 2006, le Centre palestinien pour les droits de l'homme estimait que l'avertissement préalable d'habitants par Tsahal était constitutif de guerre psychologique, étant donné que certains immeubles sont bombardés et pas d'autres[80]. Amnesty International et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU estiment que, étant donné la forte densité de population de Gaza, il n'existe pas d'endroit « sûr » dans les camps de réfugiés[81].
Selon Tsahal, le but de l'invasion terrestre, référencée comme la deuxième phase de l'opération « Plomb durci », est de sécuriser l'intérieur de la bande de Gaza d'où des tirs de roquettes ont eu lieu malgré les bombardements aériens (tuant un soldat et 3 civils israéliens le ). En géographie militaire, la modalité de contrôle de la bande choisie par les Forces terrestres israéliennes (Mazi) est la « maîtrise virtuelle[82] » : ainsi, le , l'artillerie de Mazi, positionnée à l'extérieur, bombarde durant plusieurs heures les abords de la bande afin de faire exploser les mines et engins explosifs improvisés du Hamas avant que les troupes ne s'y engagent[83]. Au matin du , faisant le choix tactique du « swarming (en)[84] », des groupes autonomes ou semi-autonomes de fantassins de Mazi pénètrent par plusieurs points de la bande (Beit Lahiya et Beit Hanoun, au nord de la bande[85]) et se rapprochent de Gaza-centre en restant à couvert dans des zones faiblement urbanisées[83].
L'armée israélienne est parvenue à réduire de moitié le temps nécessaire à l'évacuation sanitaire aérienne par hélicoptère des soldats blessés sur le terrain par rapport à 2006. En moyenne, les transferts vers un hôpital ont duré quarante-cinq minutes contre une heure et demie précédemment. Au total, onze opérations de sauvetage sous le feu du Hamas ont eu lieu dans la bande de Gaza en un peu plus de trois semaines. Pour le soin aux blessés, le service médical de l'armée a également utilisé, pour la première fois, un agent hémostatique permettant de coaguler le sang à la place du bandage utilisé habituellement. Enfin, les soldats ont étrenné un nouveau gilet pare-balles utilisé comme seconde couche sous le gilet en céramique standard. Cet équipement serait particulièrement efficace contre des éclats d'obus[86].
En vue du combat, les combattants palestiniens piègent des maisons et des immeubles et construisent un vaste réseau de tunnels[87],[88]. Un combattant du Hamas rapporte que le groupe a construit un réseau de tunnels sous Gaza-centre qui lui permettrait de s'affronter à Tsahal en combat urbain[88]. Le colonel Herzi de la 35e brigade parachutiste (Hativat HaTzanhanim) estime qu'un tiers des maisons sont piégées[89] avec des mannequins, des explosifs et des tunnels. Le but de la manœuvre serait que les soldats israéliens tirent sur les mannequins, les prenant pour des combattants; une explosion aurait lieu et les soldats tomberaient ou seraient tirés dans un tunnel où ils seraient faits prisonniers[90]. Le général de brigade Eyal Eisenberg ajoute que des bombes sont dissimulées dans des paraboles de télévision par satellite et estime « monstrueuse » et « inhumaine » le piégeage de maisons et d'écoles[91]. Ron Ben-Yishai, un « embedded journalist » (journaliste accrédité et embarqué), rapporte que des pâtés entiers de maisons sont piégés et câblés en vue d'une confrontation urbaine. Tsahal a publié un plan supposé montrer « la position d'explosifs et des forces du Hamas dans la banlieue d'Al-Attara, au nord de la bande de Gaza ». Ce plan montrerait que le Hamas a placé de nombreux explosifs et des caches pour ses snipers dans des zones résidentielles, plusieurs mosquées et à proximité d'un dépôt de gaz[92]. Selon le colonel britannique Tim Collins, les explosions secondaires durant Plomb durci indiquent nécessairement la présence de caches d'explosifs[93].
Des représentants du Hamas affirment combattre avec l'aide de véhicules blindés et d'armes, donnés par Israël, les États-Unis et d'autres pays à l'Autorité palestinienne et confisquées à cette dernière[94]. Le Hamas et le Jihad islamique palestinien confectionnent une multitude d'engins explosifs improvisés (EEI), certains étant des armes anti-personnel, d'autres étant plantés ou enfouis le long des routes pour être activés contre les chars et les véhicules de transport de troupes israéliens. Certains de ces EEI sont fabriqués à partir de flacons de médicaments transférés à la bande de Gaza comme aide humanitaire par Israël[95].
Le Centre d'information sur les renseignements et le terrorisme, un laboratoire d'idées israélien, rapporte des témoignages de combattants du Hamas arrêtés par le Shabak selon lesquels le Hamas a utilisé des bâtiments publics (y compris des mosquées et des écoles) et des résidences privées comme sites d'entrepôts d'armes, a tiré des roquettes depuis des bâtiments publics et privés, et a utilisé des institutions publiques à des fins militaires, dans l'idée que Tsahal serait dissuadée de les attaquer[96].
Le New York Times rapporte les dires d'un combattant anonyme du Hamas se définissant comme « civil et combattant ». Ce dernier affirme que, étant donné la petitesse et l'enfermement de la bande de Gaza, il n'y a pas d'autre endroit où rester à part dans les zones civiles. Il rajoute que la plupart des Palestiniens acceptent d'abriter les militants du Hamas[97]. Le même quotidien affirme que « ne voulant pas servir d'appât à Israël et se découvrir, les militants du Hamas combattent en civil ; il a été même ordonné aux policiers de quitter leurs uniformes[79] ».
Le Hamas dispose de roquettes Qassam artisanales et de roquettes de conception « rustique » similaires à la Grad (BM-21 Katioucha) ex-soviétique[98] ayant cependant une portée plus longue, capables de toucher des villes comme Ashkelon (à 16,5 km), Ashdod (à 35 km au nord) et Beer-Sheva[99] (à 40 km) et pouvant à terme menacer Tel-Aviv à 70 km[100].
En plus des attaques de roquettes de la bande de Gaza, Israël subit des tirs non revendiqués de l'extérieur de la bande.
Le , trois roquettes Katioucha sont tirées du Liban sur la ville de Nahariya, au nord d'Israël, blessant deux pensionnaires d'une maison de retraite. L'artillerie de l'armée de terre israélienne riposte au tir. Aucune revendication n'est formulée[101], même si des analystes pensent que les responsables seraient des groupuscules proches du mouvement chiite du Hezbollah[102]. L'attaque est condamnée par le Premier ministre libanais[103], qui fait arrêter 7 suspects.
Le , des soldats israéliens qui procèdent à des travaux d'ingénierie sur le plateau du Golan se retrouvent sous le feu d'un tireur inconnu situé dans la partie du Golan contrôlée par la Syrie[104]. Le , une patrouille de l'armée de terre israélienne sur la frontière jordanienne se retrouve sous le feu d'un tireur inconnu situé de l'autre côté de la frontière[105]. Les deux escarmouches ne causent aucun blessé.
Le , au moins trois roquettes Katioucha sont tirées du Liban sur les régions du Golan et de Galilée, obligeant ses habitants à gagner les abris. L'artillerie de l'armée de terre israélienne riposte aux tirs[106]. Aucun blessé n'est à déplorer et aucune revendication n'est formulée.
Malgré la proclamation d'un cessez-le-feu par chacun des belligérants le , des tirs de roquettes venant de Gaza — que le Hamas condamne paradoxalement[107] et des raids aériens israéliens, visant principalement les tunnels d'approvisionnement en armes[87] ou les auteurs de ces tirs, ont toujours lieu en février et en .
Au soir du , selon le bilan provisoire rapporté par le chef des services d'urgence à Gaza, Mouawiya Hassanein, 1 315 Palestiniens ont été tués dans l'offensive israélienne[27] dont plus de 410 enfants et 100 femmes, et plus de 5 285 autres ont été blessés[27] ; selon le Centre palestinien pour les droits de l'homme, les civils composent 65 % des tués[28]. Côté israélien, 3 civils et 10 soldats israéliens ont perdu la vie, et 113 soldats ont été blessés ainsi que plus de 84 civils, selon B'Tselem[29].
Date | Bilan morts palestiniens | Bilan morts israéliens |
---|---|---|
230 | 1 | |
115 | 0 | |
22 | 3 | |
20 | 0 | |
27 | 0 | |
26 | 0 | |
22 | 0 | |
30 | 0 | |
42 | 1 | |
52 | 3 | |
81 | 2 | |
60 | 0 | |
66 | 1 | |
49 | 0 | |
33 | 2 | |
50 | 0 | |
47 | 0 | |
45 | 0 | |
43 | 0 | |
90 | 0 | |
60 | 0 | |
58 | 0 | |
42 | 0 | |
5 | 0 | |
Total[108] | 1 315 | 13 |
Afin de ne pas être accusé de surévaluer la proportion de civils, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) qui corrobore le nombre de victimes régulièrement fournis par les Palestiniens de la bande de Gaza, ne compte comme civils que les femmes et les enfants[109]. Ainsi :
Selon les forces de défense israéliennes (IDF), il y a eu 1 166 Palestiniens tués, dont 709 militants de divers groupes armés, ce qui correspond à un maximum de 39,2 % de civils[112]. B'Tselem parle quant à lui de 1387 Palestiniens tués, parmi lesquels 773 civils (dont 252 enfants âgés de moins de 16 ans), 330 militants (dont 19 mineurs) et 248 officiers de police[113].
Plusieurs ONG (Centre palestinien pour les droits de l'homme, Centre Addameer) et organisations palestiniennes telle le FPLP se sont plaintes de la répression accrue du Hamas durant et après le conflit et l'accusent d'exécutions sommaires[114]. Le New York Times affirme que, durant le conflit, le Hamas a exécuté dans l'enceinte de l'hôpital Al-Shifa 6 Gazaouis suspectés de collaboration avec Israël[115]. De même, le Jerusalem Post affirme que le Hamas aurait exécuté des Palestiniens suspectés de collaboration avec le Fatah[116]. Enfin, Yuval Diskin, directeur du Shabak, l'agence de contre-espionnage israélienne, affirme que le Hamas a tué 70 partisans du Fatah sous couvert de la guerre[117]. Le Shabak assure avoir reçu du renseignement humain de Palestiniens sur les opérations du Hamas dans la bande de Gaza, dont certaines auraient été interceptés par le Hamas, entraînant l'exécution des informateurs suspectés[118].
Par ailleurs, le Hamas a arrêté des membres supposés du Fatah, commettant parfois sur eux des actes de violence comme des passages à tabac et des tirs systématiques d'armes à feu dans les jambes[119]. Le Jerusalem Post cite des sources anonymes de responsables du Fatah selon lesquels, dans la première semaine du conflit, 75 membres du Fatah ont subi des tirs dans les jambes et ont eu les bras brisés[116] et après le cessez-le-feu, 100 autres ont été torturés, blessés et/ou tués dans plusieurs hôpitaux et écoles transformés en « centres d'interrogatoire »[120].
Ihab al-Ghossein, porte-parole du ministère de l'Intérieur du Hamas dans la bande de Gaza, a d'abord rejeté ces allégations[121] avant de reconnaître et justifier les exécutions de « collaborateurs[122] ».
Plusieurs membres importants du Hamas et de son bras armé sont tués durant les opérations, notamment le général Tawfik Jaber, chef de la police à Gaza[123], le ministre de l'Intérieur Saïd Seyam[124], le cheik Nizar Rayyan[125] et le chef des services de sécurité, le général Salah Abu Shrakh[126]. Le Jihad islamique palestinien confirme la mort de son combattant Wajih Mushtahi, ancien membre du Comité olympique palestinien[127]. Les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa confirment la mort de Ali Hijazi, « commandant local, responsable des tirs de roquettes contre Israël[128] ».
En tout, les groupes militants rapportent que 158 de leurs combattants (sans compter les policiers) ont été tués, un chiffre en contradiction avec les statistiques du Centre palestinien pour les droits de l'homme de 223 combattants (sans compter les policiers) et de Tsahal de 700 combattants[129]. Sur les 158, le Hamas affirme avoir perdu 48 combattants tandis que le Jihad islamique palestinien en dénombre 38 et le Comité de résistance populaire, 34[130].
Islam Shahwan, porte-parole de la police et membre du Hamas, déclare dans une conférence de presse que « le général Tawfik Jaber et 230 officiers et policiers ont été tués[131] ».
Finalement, le , le ministre de l'intérieur du Hamas, Fathi Hamad (en), précise les pertes du Hamas qui s'élèverait à 600 ou 700 tués (250 policiers le premier jour puis 150 membres des forces de sécurité et 200 à 300 combattants des brigades Al-Qassam). Le reste des victimes sont des civils[5]. Le ministre de l'Intérieur du Hamas ajoute qu'Israël aurait minimisé le niveau précis des pertes israéliennes qu'il estime à 50 tués. Ces chiffres sont à rapprocher de celui de 700 membres du Hamas tués, selon les Israéliens.
Selon le New York Times, des résidents palestiniens et des officiels israéliens déclarent que le Hamas soignait ses propres blessés dans différents centres médicaux (et non des hôpitaux) et qu'il est difficile d'estimer le nombre de combattants morts du Hamas, beaucoup ne portant pas d'uniformes[132].
Pour Richard Horton, qui résume une étude de deux ans menée en collaboration avec des Palestiniens, l'Organisation mondiale de la santé et d'autres agences de l'ONU, « depuis 2000, les territoires palestiniens occupés ont subi un accroissement de l'insécurité, en raison de l'érosion voire de l'effacement complet de nombreux progrès sanitaires enregistrés jusqu'alors […]. Ces revers, ajoutés aux offensives israéliennes sur Gaza, ont plongé la région dans une crise humanitaire[133] ».
Les médias jouent un rôle primordial dans la guerre. L'accès de la presse internationale à la bande de Gaza est limité à la fois par l'Égypte et Israël. Le , la Cour suprême d'Israël émet un arrêt ordonnant au gouvernement d'autoriser l'entrée des correspondants étrangers à Gaza chaque fois que les points de passage sont ouverts, mais Tsahal refuse de s'y plier[135]. Des arrestations de journalistes ont lieu en Israël pour violation de la censure en temps de guerre, entraînant la protestation des associations de journalistes. Les campagnes de relations publiques jouent également un rôle important, notamment au travers des nouveaux médias.
Les informations publiées par la presse internationale sont parfois sujettes à caution. Ainsi, les médias annoncent le qu'une école de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient a été bombardée par l'armée israélienne, causant 43 morts. Cette information sera largement répercutée au cours des semaines à venir. Ce n'est que le qu'un journaliste du quotidien canadien The Globe and Mail, enquêtant sur place, découvre que l'école n'a jamais été bombardée et que personne n'y est mort[136]. Les résultats de l'enquête du journaliste canadien sont confirmés par le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU, qui pourtant avait laissé écrire le contraire durant trois semaines[137]. Cependant, à l'exception du Washington Post, qui reprend l'information avec un peu de retard, le rectificatif ne sera repris par aucun des médias qui avaient fait état du « bombardement » de l'école[138].
Comme durant le conflit israélo-libanais de 2006[139], la guerre de Gaza engendre également une propagande, de l'hacktivisme et une cyberguerre effrénée de la part des deux parties, qui entraîne le vandalisme de sites web[140], des dénis de service ou des piratages de noms de domaine et l'apparition de « diplomatie médiatique » sur Facebook, Second Life, ou Twitter. Le Hamas anime une vingtaine de sites sur Internet dont Aqsa Tube, conçu en 2008 sur le modèle de YouTube. Cette plate-forme audiovisuelle diffuse des vidéos présentant sous un jour favorable les tirs de roquettes sur Israël. On y trouve également un lien vers la chaîne satellite du Hamas, Al-Aqsa TV, ce qui a pour effet d’augmenter le nombre de ses téléspectateurs en contournant les restrictions imposées à sa diffusion[141]. De même, Tsahal a ouvert une chaîne sur YouTube ainsi qu'un blog pour montrer ses actions et expliquer son point de vue[142], selon la logique éprouvée de la hasbara. Le Ministère de l'Intégration et de l'Immigration israélien met sur pied une « armée » de blogueurs, dévolue à inonder de commentaires les sites jugés « problématiques[143] ».
Selon Pierre Razoux : pour Israël, « il s'agit d'empêcher le Hamas de reconstituer ses stocks de roquettes » tandis que pour le Hamas, « il s'agit de maintenir la pression sur Israël en tirant des roquettes et des missiles sur les villes voisines (…), de kidnapper des soldats ou des civils israéliens »[54]. Pour le général de brigade (à la retraite), ancien officier du Shin Beth et ancien porte-parole de l'armée israélienne Ephraïm Lapid :
« (Les combattants du Hamas) savent qu'ils ne peuvent pas détruire Israël et ses capacités militaires. Mais ils peuvent atteindre l'esprit, le moral de la société, ce qui est peut-être pire. À bien des égards, il s'agit ici de 50 000 personnes — les habitants de la région de Sderot, touchée par les roquettes Qassam — sur 7 millions, ce n'est pas tant. Ces tuyaux d'un mètre font que nous ne pouvons pas sécuriser notre population. C'est ce qui cause les vrais dégâts[144]. »
Dans l'attente de la mise en service en 2010 du système de défense rapprochée antimissiles Dôme de fer préféré au Counter-Rockets, Artillery Mortars Phalanx CIWS, Israël reste dépourvue face aux attaques de Qassam[145].
Ainsi, le vice-ministre de la Défense Matan Vilnai avait déclaré[146] le à la radio de l'armée que les Palestiniens de Gaza risquaient une « shoah » si les tirs de roquettes continuaient :
« Plus le tir des Qassam s'intensifie et les roquettes atteignent une plus grande distance, plus ils feront survenir sur eux une shoah plus importante car nous utiliserons toute notre puissance pour nous défendre. »
Ce terme de « Shoah » étant rarement utilisé en Israël en dehors de l'extermination des Juifs d'Europe par les nazis, l'expression a choqué et fait craindre le pire, mais Matan Vilnai a par la suite fait savoir par son porte-parole qu'il n'avait aucunement voulu faire allusion à un génocide et qu'il avait employé le mot « Shoah » dans le sens de désastre[147] ; le mot « Shoah » en hébreu signifiant d'une part « catastrophe » et faisant référence, d'autre part, au génocide perpétré par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
Vilnai ajoute dans cette même émission[146] qu'une vaste opération militaire est donc en préparation :
« Ce sera triste, et difficile, mais nous n'avons pas d'autre choix. (…) Nous sommes proches d'utiliser toute notre force. Jusqu'à maintenant, nous avons utilisé un petit pourcentage de la puissance de l'armée à cause de la nature du territoire. »
Le général de brigade (à la retraite), ancien porte-parole de l'armée israélienne Ephraïm Lapid déclare[144] le :
« Pour l'instant, il y a un dilemme, qui n'est que temporaire, entre la reprise des opérations et la poursuite du cessez-le-feu entre le Hamas et Israël. Car ce cessez-le-feu masque la continuation du combat par l'organisation. (Le Hamas) a besoin de ce break pour renforcer ses capacités et recevoir de l'aide de l'Iran. Certains en Israël pensent que nous devrions pas leur laisser cette option et que nous devrions prendre une attitude offensive. De mon point de vue cependant, je ne vois pas d'option militaire qui ferait cesser la violence. La seule voie permettant d'y aboutir — et on le voit dans l'histoire des relations entre Israël et les pays arabes — est la négociation. Mais nous devons être forts. Ils ne seront prêts à aller à la table des négociations que si nous sommes forts. Nous ne pouvons pas envoyer des signaux de faiblesse comme cela a été le cas avec le Liban »
À la suite de la trêve signée le [148], les statistiques officielles du ministère des Affaires étrangères israélien montrent une diminution des tirs de roquettes qui passèrent d'une moyenne de 179 par mois de novembre à juin 2008 à 3 par mois de juillet à [149]. À ce propos, dans un rapport[40] officiel des renseignements israéliens (le Intelligence and Terrorism Information Center) publié sur le site du ministère des Affaires étrangères il est écrit que :
« À partir du , il y eut une réduction marquée dans l'étendue des attaques sur la population de l'Ouest du Negev. La trêve fut sporadiquement violée par des tirs de mortier et de roquettes, lancés par des organisations terroristes non contrôlées, dans certains cas sans l'accord du Hamas (en particulier par des partisans du Fatah et de Al-Qaeda). Le Hamas prenait soin de respecter la trêve. »
Toutefois, le cessez-le-feu dégénère en , et dans le même rapport[40] officiel israélien il est écrit :
« le , l'armée israélienne a mené une opération militaire près de la barrière de sécurité avec Gaza afin de prévenir une prise d'otage planifiée par le Hamas, qui avait creusé un tunnel sous la barrière dans ce but. Sept terroristes du Hamas furent tués lors de cette opération. En représailles, le Hamas et les autres organisations terroristes attaquèrent Israël avec un barrage massif de roquettes. »
Cela fut rapporté dans quelques médias[150], et selon[151] un diplomate occidental en poste à Jérusalem :
« Comme les fois précédentes, c’est Israël qui est à l’origine de la rupture de la trêve. Mais les militants du Hamas n’ont pas assez d’intelligence politique pour ne pas répliquer, ce qui fait qu’on ne retient que les tirs de roquettes Qassam contre la population israélienne »
Les habitants d'Ashkelon avaient d'ailleurs manifesté le « contre une recrudescence des attaques transfrontalières depuis Gaza »[152].
D'ailleurs, plusieurs jours après le début de l'offensive, le , Neve Gordon, professeur de sciences politiques et directeur du département de politique et de gouvernement à l'université Ben Gurion du Negev, explique[153], après avoir précisé qu'il souffrait personnellement des tirs de roquettes :
« Et je pense que ce qu'Israël a fait jusqu'à maintenant n'a que peu de chose à voir avec l'arrêt des roquettes, mais en fait cela est une action à visée électorale en Israël. C'est une action pour construire la réputation des militaires israéliens après leur humiliation en 2006. Et ce qu'ils font en fait c'est un bombardement aérien et un massacre de la population, et nous devons dire non à cela. »
Une fois l'opération Plomb durci lancée, le général Yoav Galant, commandant de la région sud, explique[154] que l'objectif est de « renvoyer la bande de Gaza des décennies en arrière en termes de capacité militaire, en faisant le maximum de victimes chez l'ennemi et le minimum au sein des forces armées israéliennes. »
De façon plus générale, selon Mark Heller, chercheur à l'Institut d'études sur la sécurité nationale à l'université de Tel-Aviv : « Le souci est que par le passé — peut-être un passé mythique — les gens ne cherchaient pas les ennuis avec Israël car ils avaient peur des conséquences. Maintenant la région est pleine de rhétorique provocatrice comme quoi Israël ne serait qu'un tigre de papier. Cette opération est une tentative pour restaurer la perception que si vous provoquez ou attaquez vous paierez un prix disproportionné[155]. »
Jean-Yves Camus, politologue, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques développe cette idée :
« Ces facteurs psychologiques rendent la situation bien différente de celle qui prévalait avant la victoire électorale du Hamas : avec l’OLP, chacun en Israël savait, même s'il prétendait le contraire, qu’il existait un terrain de négociation ; avec le Hamas, aucune discussion n’est possible tant que le mouvement islamiste n’aura pas reconnu le droit à l’existence d’un État juif. Qu’en l’espèce il existe sans doute, au sein du Hamas, une minorité lucide et capable de franchir ce pas, ne change rien pour l’instant au sentiment dominant en Israël, d’un combat existentiel pour garantir la survie de l’État hébreu : jamais il n’a existé de conjoncture comme celle d’aujourd’hui, où Israël doit faire face au triple déni d’existence du Hamas, du Hezbollah et du président iranien, sans compter le problème majeur que pose la radicalisation d’une bonne partie des Arabes israéliens[156]. »
Ce même analyste ajoute :
« malgré l’ampleur de l’action contre Gaza, l’équipe au pouvoir a définitivement intégré l’idée d’un État palestinien indépendant et sera inévitablement amenée, si elle est reconduite, à faire d’autres concessions pour aboutir à un accord de paix, la droite idéologique au contraire, n’a toujours pas avalisé l’idée même qu’il existe un « peuple palestinien », encore moins celle qu’il dispose d’un État, et considérant que le temps joue pour Israël, elle tentera de retarder par tous les moyens un règlement global du conflit, y compris en tenant tête à la pression internationale[156]. »
En outre, lors de son passage en France, Tzipi Livni a déclaré que dans cette guerre son pays « représentait les valeurs du monde libre »[157].
Ron Ben-Yishai, commentateur israélien spécialiste des affaires militaires[réf. nécessaire], déclare que : « Ce qui a commencé à Gaza samedi matin est apparemment une action limitée visant à obtenir un cessez-le-feu à long terme entre le Hamas et Israël selon des termes favorables à Israël[158]. »
Le Hamas aussi voulait des conditions plus favorables pour la poursuite du cessez-le-feu : Yuval Diskin, actuel dirigeant du service de sécurité israélien Shin Bet,
« dit au cabinet israélien (le ) que le Hamas est intéressé par une prolongation du cessez-le-feu, mais veut en améliorer ses conditions[159]. »
Diskin poursuit en précisant que le Hamas demandait deux choses : la fin du blocus, et un cessez-le-feu israélien en Cisjordanie.
En , une vaste opération est en voie de préparation[160],[146]. Le , Haaretz indique que l'opération « Plomb durci » a en réalité été préparée de longue date[161]. Par ailleurs, Haaretz écrit que le lancement de l'opération est précédé d'une campagne de « désinformation » de la part de l'état-major israélien afin de « tromper et induire en erreur l’opinion publique » et qui « a pris le Hamas par surprise et a permis d’accroître de manière significative le nombre de ses victimes durant les bombardements »[161].
Pour sa part, le président égyptien ne voit pas de surprise, mais place la responsabilité du conflit sur le Hamas : Mohammed Hosni Moubarak a reproché au Hamas d'avoir invité Israël à la confrontation en refusant de prolonger la trêve avec l'État hébreu quelques jours avant le début de l'opération Plomb durci[162].
Les États-Unis contribuent significativement au budget militaire israélien, au travers d'une aide de 30 milliards de dollars versés à Israël par les États-Unis sur une période de dix ans à partir de 2008 (en hausse de 25 % depuis la décennie précédente), soit 3 milliards de dollars par an ce qui représente 20 % du budget militaire annuel israélien et 4 % du budget global de la nation israélienne en 2017[175],[176]. Pendant les dix années allant de 1999 à 2008, l'aide publique totale (économique et militaire) versée par les États-Unis à Israël s'élève à au moins 27 milliards de dollars[177],[178], et à presque 2,1 milliards de dollars (dont 839 millions de dollars pour la seule année 2008) pour l'Autorité palestinienne et diverses aides au développement en Palestine[179],[180],[181] (n'est pas comptabilisé l'aide humanitaire aux réfugiés versée a l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient). Israël était le plus grand bénéficiaire de l'aide publique extérieure des États-Unis jusqu'en 2004, et le deuxième derrière l'Irak depuis[177].
Au niveau logistique, une preuve récente du soutien des États-Unis à Israël est apportée par l'Agence Reuters, citée par Le Monde le . La Marine américaine s'apprêterait à faire livrer 325 conteneurs standards de 20 pieds contenant des 'munitions' directement dans le port israélien d'Ashdod entre la mi et la fin . Le volume de la livraison étonne un courtier maritime, interrogé par Reuters : « Transporter quelque 3 000 tonnes de munitions en un seul chargement, c'est beaucoup (…) nous n'avons pas vu cela sur le marché depuis des années ».
La révélation de cette livraison d'armes a mis en difficulté le département de la Défense des États-Unis. Il a d'abord tenté, de la démentir () en arguant que « Ce ravitaillement, qui était antérieurement prévu, est un ravitaillement de routine et n'est pas destiné à soutenir la situation actuelle à Gaza » et que « la livraison de munitions est destinée à des stocks américains installés en Israël suivant un accord passé entre les États-Unis et Israël en 1990 »[182]. Puis, le , devant la protestation du gouvernement de la Grèce, où le navire devait être affrété, le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell, dut concéder l'annulation de l'opération et la recherche d'autres moyens de livraison, plus discrets[183].
Au total, toujours selon Reuters dans la même enquête, cette livraison de matériel militaire était la deuxième prévue dans le même mois de janvier, et faisait suite à « une cargaison encore plus importante de matériels militaires des États-Unis vers Israël avant le début des opérations dans la bande de Gaza ».
Une demande de rapport officiel est déposée par le représentant Dennis Kucinich, élu au Congrès des États-Unis[184].
Selon le Haaretz, l’ambassadeur des États-Unis aux Nations unies, Zalmay Khalilzad, avait « reçu des instructions explicites de ses supérieurs au département d’État de torpiller toute initiative proposée par le bloc arabe destinée à donner au Conseil de sécurité le statut d’arbitre officiel avec une implication directe dans la recherche d'une solution à la crise de Gaza », au début du mois de janvier[185].
Une estimation préliminaire des dommages par l'UNOSAT, institut issu de l'ONU et du CERN, effectuée à partir d'imagerie satellite sur la bande de Gaza indique au un millier de bâtiments détruits (857 totalement et 151 sévèrement endommagés, 116 cratères dus à des impacts sur des routes et 361 dans des champs cultivés ou non)[186].
Il importe de distinguer le droit international humanitaire (DIH) et les droits de l'homme, dont nombre de ses dispositions peuvent être suspendues lors d'un conflit armé. Par ailleurs, un ensemble plus limité de règles sont applicables aux conflits armés non internationaux, notamment l'article 3 commun aux quatre conventions de Genève et ses deux protocoles additionnels de 1977 (Protocole I, Protocole II). Le droit international humanitaire oblige à distinguer les combattants des civils (et protège ces derniers), à ce que les attaques militaires soient proportionnelles et que des maux superflus ne soient pas infligés. La violation de ces règles est constitutive de crime de guerre[187].
Les experts en droits de l'homme considèrent que le principal écueil du droit international humanitaire est sa quasi-impossibilité à être appliqué, même si les textes sont clairs[188].
Selon le droit international, les puissances occupantes ont certaines responsabilités[189]. Israël soutient que son occupation a cessé depuis le plan de désengagement de la bande de Gaza de 2005[190],[191]. Cependant, l'UNRWA et Human Rights Watch ne sont pas d'accord avec cette analyse et considèrent Israël comme une puissance occupante[192],[193]. Israël maintient un contrôle militaire de l'espace aérien de la bande de Gaza, de ses frontières communes avec l'État hébreu (non de Rafah) et de sa zone économique exclusive.
Israël est accusée de « génocide » par le père Miguel d'Escoto Brockmann, président de l'Assemblée générale des Nations unies[194], de « punitions collectives » par Richard A. Falk, rapporteur spécial du Conseil des droits de l'homme des Nations unies (UNHRC)[195] ; d'« avoir ciblé des civils » par M. Falk[195], Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne[196], et Raji Sourani du Centre palestinien pour les droits de l'homme (PCHR)[197] ; de « réponse militaire disproportionnée » par M. Falk[195], Amnesty International France[198] et, d'une façon plus nuancée, par John Holmes, secrétaire général adjoint des Nations unies aux Affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence[199] ; de n'avoir pas « soigné et évacué les blessés » par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR)[200], de l'utilisation dans des zones résidentielles de « boucliers humains » par Amnesty International UK[201] et « de prendre délibérément pour cible les équipes médicales venant en aide à des blessés » par Physicians for Human Rights (PHR)[202]. Toutes ces infractions sont constitutives d'une violation du droit international humanitaire[195].
La position d'Israël est que l'utilisation de la force militaire à Gaza constitue un acte de légitime défense, plutôt que des représailles ou des punitions collectives[203].
La définition israélienne de « cible légitime » qui sous-tend les attaques de bâtiments publics, y compris des institutions, est également accusée d'être trop large par B'Tselem et Human Rights Watch. Selon la BBC, « Israël estime simplement que [les ministères de l'Éducation, de l'Intérieur et des Affaires étrangères et le bâtiment du Parlement] font partie de l'infrastructure du Hamas — et qu'il n'y a aucune différence entre ses bras politique et armé »[204]. B'Tselem, dans une lettre au procureur général d'Israël, Menachem Mazuz, affirme que les règles du droit international humanitaire ne sont pas respectées dans la qualification de certaines cibles comme étant militaires[205]. Les conventions de Genève spécifient que « les forces de police civiles font partie de la population civile », si elles ne sont pas engagées dans les hostilités[206].
Une étude d'Anthony H. Cordesman (en) du Center for Strategic and International Studies estime qu’« en dépit de son coût humanitaire réellement élevé », l'opération « Plomb durci » est « légitime » au regard du droit international humanitaire[207]. Selon Yediot Aharonot, « des discussions ont eu lieu au sein de Tsahal à propos de la légalité des frappes contre des habitations utilisées comme dépôts de munitions lorsque des avertissements suffisants ont été données à leurs habitants. Il a été décidé que cela entrait dans les limites du droit international humanitaire et était donc légitime »[208].
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA)[210], Human Rights Watch[211],[212], B'Tselem[213], le ministère de la Santé à Gaza[214], le CICR[215], John Ging, directeur de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA)[216], et Amnesty International France[198] accusent Tsahal d'utiliser du phosphore blanc dans la bande de Gaza. Après avoir nié cette utilisation[217] et lancé une commission d'enquête[218],[219], l'armée de l'air israélienne la reconnaît[220], en rappelant qu’« elle utilise ces armes en accord avec le droit international »[221]. Les projectiles éclairants ou fumigènes sont tolérés en principe selon le droit humanitaire international, mais pas l'usage de ces derniers en tant que projectiles incendiaires[164] interdites par le protocole III (non ratifié notamment par Israël et les États-Unis, pas plus que la quasi-totalité des pays arabes ou musulmans[222]) de la Convention sur certaines armes classiques du [223],[224]. Amnesty International accuse par ailleurs l'armée de terre israélienne d'utiliser dans des zones civiles des fléchettes, une arme anti-personnel[225].
Le , les quotidiens Haaretz[226] et Maariv publient une version abrégée et autocensurée de témoignages de réservistes israéliens, initialement rapportés dans la lettre d'information de l'académie prémilitaire Yitzhak Rabin de Tivon. Ces témoignages font état de violations du droit international humanitaire, en particulier de tirs injustifiés ayant provoqué la mort de civils palestiniens, dus au laxisme des règles d’engagement. Ces témoignages ont suscité une polémique et l'ouverture, le , de deux enquêtes criminelles par le procureur général de l’armée israélienne, Avishai Mandelblit.
Des groupes de défense des droits de l'homme prépareraient des actions en justice pour crimes de guerre contre des officiers de haut rang israéliens. Le gouvernement israélien aurait donc demandé à ses officiers de ne pas se rendre en Europe, notamment au Royaume-Uni, sans autorisation préalable de la justice militaire[227]. Ehud Olmert a déclaré qu'Israël protégerait activement ses concitoyens contre toute forme de poursuites.
En , une plainte pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre à l'encontre de 14 dirigeants politiques et militaires israéliens a été déposée en Belgique en vertu de la compétence universelle[228].
John Holmes, secrétaire général adjoint des Nations unies aux Affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence, condamne l’utilisation « cynique » des installations civiles par le Hamas et les tirs de roquettes contre Israël, qu’il qualifie de violations claires du droit international humanitaire[199]. Irwin Cotler, ancien ministre de la Justice du Canada, professeur de droit à l'université McGill et président du Congrès juif canadien, estime qu'il n'existe « presque aucun exemple comparable » dans le monde actuel autre que le Hamas d'un groupe qui viole systématiquement le droit international humanitaire[188].
La BBC rapporte le que « des témoins et des experts confirment que le Hamas tire des roquettes de zones peuplées de civils et que ces deux sources sont d'accord sur le fait que le mouvement viole de façon flagrante le droit international humanitaire et ciblant des civils avec ses roquettes[204] ». Amnesty International accuse le Hamas d'utiliser la population civile palestinienne comme boucliers humains[229],[230]. Israël estime que le Hamas brouille les lignes entre civils et combattants et est donc responsable des pertes civiles à Gaza. Le ministère des Affaires étrangères israélien déclare que « l'utilisation par le Hamas de boucliers humains » et « l'utilisation opérationnelle de zones civiles hautement construites et densément peuplées » viole le Statut de Rome de la Cour pénale internationale[231], la troisième convention de Genève de 1949 et est constitutive de crime de guerre.
En 2007, le chef politique en exil du Hamas, Khaled Mechaal, avait justifié les récents tirs de roquettes contre Israël comme étant de l’« autodéfense[232] ». À l'époque, Human Rights Watch déclare : « Les groupes armés palestiniens, à savoir le Hamas, le Djihad islamique, les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa ainsi que les Comités de résistance populaire, ont dit que les attaques délibérées contre des civils avec des roquettes artisanales et très imprécises, dénommées Qassam, sont des représailles pour des actions israéliennes ; mais les représailles contre des civils sont toujours illégales »[233].
On rapporte par ailleurs que le , des militants palestiniens ont tiré des mortiers contenant du phosphore sur Eshkol, dans le Néguev[234],[235].
« Barak et le parti travailliste sont les principaux bénéficiaires de cette guerre (…) À ce stade, la guerre profite bien aux trois principaux partis. »
Concernant le soutien populaire, Delphine Matthieussent, correspondante du journal Libération à Jérusalem, rend compte le de son expérience sur place :
« Il y a une très forte mobilisation de la population en faveur de l'offensive à Gaza[243]. »
Aussi, ce soutien se retrouve dans les médias, et, hormis certaines personnes qui s'expriment en leur propre nom (voir ci-dessous « Oppositions »), il semble que seuls s'opposent à l'intervention certains mouvements pacifistes ainsi que les Arabes israéliens (20 % de la population du pays, surtout localisée au nord), qui ont notamment manifesté à Nazareth et en Galilée.
On peut résumer la position israélienne majoritaire par celle de l'historien Benny Morris qui loue la « grande efficacité de l'assaut aérien israélien » même si ce dernier ne
« résoudra pas le problème de base posé par la Bande de Gaza peuplée de 1,5 million de palestiniens paupérisés et désespérés qui sont gouvernés par un régime fanatique et sont coincés par des barrières et des frontières contrôlées par Israël et l'Égypte[244]. »
Morris ajoute qu'Israël subit plusieurs menaces d'un genre nouveau :
« Ce qui est commun à ces menaces particulières c'est leur non-conventionalité. Entre 1948 et 1982, Israël s'est assez bien tiré de la menace des armées arabes conventionnelles. De fait, il les a écrasés plusieurs fois de suite. Mais la menace nucléaire iranienne, l'apparition d'organisations comme le Hamas ou le Hezbollah qui agissent depuis des frontières internationales et au sein de populations civiles denses, et la désaffection croissante des arabes israéliens pour l'État et leur identification avec ses ennemis, présentent un ensemble de défis complètement nouveaux. Et ce sont des défis que les dirigeants et le public d'Israël, soumis aux normes comportementales démocratiques et libérales de l'Occident, semblent trouver particulièrement difficiles à relever[244]. »
Le , dans une entrevue[245] avec la BBC, Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères israéliennes, déclare :
« Il n'y a pas d'alternative (à la campagne militaire contre le Hamas). Comme dans toute guerre, il y a des victimes civiles, mais nous ne les visons pas. »
Le , l'organisation pacifiste de gauche, Shalom Archav, réclame un cessez-le-feu immédiat, mettant ses espoirs dans un accord à long terme et l'implication de la communauté internationale, comme expliqué dans le communiqué que l'organisation a fait paraître dans la presse israélienne : « Le moment est venu pour le gouvernement d’Israël de cesser le feu et de laisser la place à la diplomatie. Aujourd’hui, il nous faut obtenir un accord à long terme qui mette fin aux attaques du Hamas, ce qui assurerait le calme et la sécurité pour le Sud d’Israël avec le soutien de la communauté internationale. Shalom Arshav appelle Barak, Livni et Olmert à ne pas répéter les erreurs de la deuxième guerre du Liban et de stopper aujourd’hui toute action militaire[246] ! »
Le , soit une semaine après le début de l'offensive, une manifestation contre l'opération Plomb durci rassemble 10 000 personnes à Tel-Aviv[247].
Parmi les personnalités qui s'opposent à cette offensive, un autre historien israélien, Tom Segev, explique[248],[249] : « Mais l'assaut sur Gaza ne demande pas d'abord et avant tout une condamnation morale — il demande quelques rappels historiques. Aussi bien la justification qui en est donnée que les cibles choisies sont une récurrence des mêmes préceptes de base qui se sont révélés faux à de multiples reprises. Pourtant Israël les tire de son chapeau encore et encore, dans une guerre après l'autre. »
Parmi les groupes pacifistes, Gush Shalom, le Bloc de la paix, s'indigne[250] de cette offensive : « Le meurtre de centaines de Palestiniens et la destruction des infrastructures permettant la vie quotidienne dans la bande de Gaza sont des actes abominables. Ceux qui espèrent en tirer des bénéfices électoraux se trompent grandement. »
Aussi, le cofondateur de Gush Shalom, Uri Avnery, après avoir rappelé[251] que le Hamas est né grâce à la bienveillance du gouvernement d'Israël qui y voyait le moyen de contrer le Fatah, et qu'il a maintenant été décidé de le « liquider » en prenant les roquettes Qassam comme « prétexte », annonce[251] que : « Cette guerre l’écrit en lettres capitales : Israël a manqué une chance historique de faire la paix avec le nationalisme arabe laïque. Demain, il pourra être confronté à un monde arabe uniformément fondamentaliste, un Hamas multiplié par mille. »
Pour Gaï Davidi, militant des Anarchists Against the Wall : « […] c'est un acte de vengeance. Il n'y a aucun enjeu militaire. Détruire les missiles Kassam tirés depuis Gaza est impossible. Il faudrait envahir totalement la bande et tout le monde craint en Israël de perdre un seul soldat. Ce qui est sûr, c'est que, comme toutes les actions de force, cette guerre ne va servir en rien à protéger Israël. Elle va créer de la souffrance et de nouvelles destructions des deux côtés[252]. »
L'historien israélien Shlomo Sand a déclaré dans un entretien paru fin janvier 2009 dans Télérama : « Nous avons semé la désolation, tué 1 300 Palestiniens, en avons blessé plus de 5 000, les deux tiers des femmes et des enfants, presque tous victimes de notre aviation. Le Hamas est-il éliminé ? Avons-nous renforcé le camp de la paix chez les Palestiniens[253] ? »
Selon Hanan Ashrawi, une députée palestinienne indépendante de Ramallah, cette opération Plomb durci de grande envergure ne fait que renforcer la sympathie du peuple palestinien pour le Hamas[254].
Amira Hass, journaliste et auteure israélienne, rapporte[255] dans le journal Haaretz les propos d'un palestinien de la bande de Gaza, opposé au Hamas, selon qui
« Soixante-dix policiers furent tués là, pas tous membres du Hamas. Et même ceux qui soutenaient le Hamas étaient des jeunes gens qui cherchaient un boulot, un salaire. Ils voulaient vivre. Et pour cela, ils sont morts. Soixante-dix en un seul coup. Cet assaut n'est pas contre le Hamas. C'est contre nous tous, la nation entière. Et aucun palestinien ne consentira à voir son peuple et son pays détruits de cette façon. »
Le cycle est bien connu ; déjà, à la mi-, le journal israélien Haaretz notait :
« Les offensives de l'armée israélienne contre la bande de Gaza sous contrôle du Hamas ont donné un coup d'accélérateur à la popularité du dirigeant du groupe islamiste Ismail Haniyeh parmi les Palestiniens de ce territoire et de la Cisjordanie[256]. »
Puis, à la mi-, Husam Abu Zarifa, un analyste politique, annonçait que :
« le Hamas a perdu une part de son soutien populaire, et des sondages récents montrent que son soutien a décru à cause de sa responsabilité dans la situation actuelle difficile à Gaza, ainsi, il veut retourner à une résistance armée afin d'accroître sa popularité et le soutien arabe[257]. »
En Cisjordanie, l'Autorité palestinienne, l'OLP et le Fatah rendent le Hamas responsable des victimes palestiniennes[258]. En retour, le Hamas les accuse de collusion avec Israël.
Le , Ismaël Haniyeh, dirigeant du Hamas, explique[259] lors d'une adresse télévisée aux Palestiniens que l'offensive israélienne doit s'arrêter avant qu'une proposition de trêve puisse être prise en considération. Israël doit aussi lever son blocus économique de Gaza et ouvrir ses passages frontaliers. Il ajoute qu'« Après cela il sera possible de discuter de tout sans aucune exception ». Il maintient donc ce qu'il avait déjà déclaré[260] le comme étant les conditions pour la poursuite de la trêve alors fragilisée.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon appelle à un « cessez-le-feu immédiat[261] », tout comme la Ligue arabe[262], l'Union européenne[263] et de nombreux gouvernements. Le , à la suite d'un premier échec[264], le Conseil de sécurité des Nations unies vote la résolution 1860 appelant à « un cessez-le-feu immédiat, durable et pleinement respecté, menant au retrait complet des forces israéliennes de Gaza ». Les États-Unis s'abstiennent de voter[265], afin de ne pas bloquer le processus sans prendre de position trop tranchée, mais la résolution est ignorée à la fois par Israël et le Hamas[266].
Trente-cinq États condamnent l'offensive militaire israélienne et expriment leur soutien au peuple palestinien. En protestation, la Bolivie, le Qatar, la Jordanie, la Mauritanie et le Venezuela réduisent drastiquement leurs relations diplomatiques avec Israël. Treize États publient des déclarations soutenant Israël ou « son droit à l'autodéfense ». Sept autres condamnent les opérations du Hamas. La plupart des gouvernements du monde entier condamnent les deux parties ou aucune. Le gouvernement égyptien de Hosni Moubarak se montra très critique vis-à-vis du Hamas[267], ainsi que le gouvernement allemand pour qui le Hamas a « rompu unilatéralement le cessez-le-feu[268] ».
La guerre est marquée par des manifestations pour ou contre les deux parties, avec de nombreux défilés s'opposant souvent à la position officielle de leur gouvernement sur la guerre. Les plus importantes manifestations contre Israël ont lieu en Europe de l'Ouest et dans les pays musulmans. Certaines dégénèrent avec des affrontements entre les manifestants et la police, entraînant des arrestations. Des manifestations pro-israéliennes ont également lieu dans plusieurs pays.
L'offensive militaire israélienne provoque une vague antisémite en Europe[269]. Le nombre d'actes antisémites rapportés durant la guerre équivaut au triple des incidents rapportés sur la même période l'année passée et constitue un record sur 20 ans[270].
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