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moyen militaire illégal De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'usage de boucliers humains au cours d'un conflit armé, souvent une guerre asymétrique, consiste à placer des otages, consentants ou non, en des lieux jugés stratégiques afin d'éviter leur bombardement. Elle peut aussi consister à dissimuler des combattants dans des zones civiles ou à faire marcher des soldats en plaçant devant eux les « boucliers humains ».
Par extension, le terme désigne également dans le langage courant quelqu’un qui fait spontanément rempart avec son corps dans un geste sacrificiel pour protéger quelqu’un d’autre, ou quelque chose, d’un péril imminent et inévitable en l’encaissant à sa place.
L'usage de bouclier humain est devenu explicitement interdit depuis la quatrième Convention de Genève du , aux articles 28 et 49[1] :
« Article 28. Zones dangereuses - Aucune personne protégée ne pourra être utilisée pour mettre, par sa présence, certains points ou certaines régions à l'abri des opérations militaires[2]. »
« Article 49. Déportations, transferts, évacuations. La Puissance occupante ne pourra retenir les personnes protégées dans une région particulièrement exposée aux dangers de la guerre, sauf si la sécurité de la population ou d'impérieuses raisons militaires l'exigent[3]. »
Le recours aux boucliers humains est aussi interdit par le Protocole I, article 51.7[1] :
« 7. La présence ou les mouvements de la population civile ou de personnes civiles ne doivent pas être utilisés pour mettre certains points ou certaines zones à l'abri d'opérations militaires, notamment pour tenter de mettre des objectifs militaires à l'abri d'attaques ou de couvrir, favoriser ou gêner des opérations militaires. Les Parties au conflit ne doivent pas diriger les mouvements de la population civile ou des personnes civiles pour tenter de mettre des objectifs militaires à l'abri des attaques ou de couvrir des opérations militaires[4]. »
Et dans le Protocole II, article 5.2 c[1] :
« Personnes privées de liberté. Ceux qui sont responsables de l'internement ou de la détention des personnes visées au paragraphe 1 respecteront dans toute la mesure de leurs moyens les dispositions suivantes à l'égard de ces personnes :
c) les lieux d'internement et de détention ne seront pas situés à proximité de la zone de combat. Les personnes visées au paragraphe 1 seront évacuées lorsque les lieux où elles sont internées ou détenues deviennent particulièrement exposés aux dangers résultant du conflit armé, si leur évacuation peut s'effectuer dans des conditions suffisantes de sécurité[5]. »
L'interdiction fait aussi partie du droit international humanitaire coutumier[1].
Dans les Caraïbes, le corsaire Henry Morgan et ses hommes utilisent des jésuites qu'ils venaient de capturer comme boucliers humains pour attaquer une place forte.
Lors de l'invasion britannique par le lac Champlain, de la Nouvelle-France en 1760, les troupes américano-britanniques utilisèrent un bouclier humain pour prendre le Fort de Chambly, sur la rivière Richelieu:
« Le jeudi au matin... un détachement est parti vers Chambly ; ils étaient environ un millier d'hommes commandés par le colonel Derby... Sans perdre de temps, un détachement se rend dans chaque maison pour y chercher les femmes et leurs enfants. On les conduit devant le fort pour former une muraille humaine devant les assiégeants. Aussitôt, les défenseurs cessent leurs tirs et regardent avec effarement le déroulement des événements. Dès que tout est mis en place, le brave Derby... donne l'ordre à ses hommes de faire feu au-dessus des têtes des otages. Lusignan... envoie un émissaire... (Derby répond) que s'ils ne se rendent pas immédiatement, il les soumettra tous (la garnison) par les armes »[6].
Quelques mois plus tard, toutes les troupes françaises de la Nouvelle-France quittent définitivement l'Amérique.
En 1914, lors de la bataille de Belgique l'armée impériale allemande utilise des civils belges comme bouclier humain, parmi d'autres crimes de guerre[7],[8].
Bien que cette tactique ne soit pas nouvelle, elle a été utilisée de façon récente en Irak durant la première guerre du Golfe. Le , Saddam Hussein déclare que seront utilisés comme boucliers humains les « ressortissants de nations agressives ».
Au cours du conflit israélo-libanais de 2006, les forces de défense d'Israël accusent le Hezbollah d'utiliser des boucliers humains pour dissimuler ses hommes et justifie ainsi ses larges opérations au Sud Liban contre des villages civils.
Le Hezbollah nie se servir de bouclier humain et n'hésite pas à faire la comparaison avec les accusations américaines justifiant le massacre de civils vietnamiens lors de la guerre du Viêt Nam[réf. nécessaire].
Amnesty International et Human Rights Watch réfutent « l'utilisation de civils comme des boucliers humains par le Hezbollah » avancée par Israël ainsi que la présence de membres du Hezbollah ou la conduite d’activités militaires dans une zone civile[10][source insuffisante],[11][source insuffisante].
Les autorités israéliennes accusent le Hamas d'utiliser les civils comme boucliers humains en dissimulant son arsenal et ses centres opérationnels dans des hôpitaux, des mosquées ou des écoles et aussi en contraignant les populations à rester dans les secteurs qu'Israël informe préalablement qu'ils vont être attaqués.
Des enquêtes de presse ont également établi l'usage de boucliers humains par l'armée israélienne[12].
Durant la guerre de Gaza en 2014 l'UNRWA, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, a découvert des roquettes dans deux des écoles qu'elle administre. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déclaré que « les responsables transforment les écoles en cibles militaires potentielles ». Des journalistes ont constaté que le Hamas tire bien des roquettes « près des maisons, ou dans des terrains vagues adjacents »[réf. nécessaire].
Selon Ban Ki-Moon et Israël, l'organisation Hamas lance des roquettes depuis des villes palestiniennes, et dans certains cas depuis des écoles[14].
Ainsi à la suite de la guerre de Gaza de 2014, Israël, rejette la responsabilité du nombre élevé de morts parmi les civils palestiniens sur le Hamas pour sa politique de bouclier humain[15]. Israël accuse les militants du Hamas de mettre la population palestinienne en danger et décrit en quoi cela consisterait[16]:
En juillet 2014, l'Union Européenne déclare que « tous les groupes terroristes à Gaza doivent se désarmer » et que « L'UE condamne fermement les appels à la population civile de Gaza à s'offrir en boucliers humains ». Néanmoins, concernant l'opération militaire israélienne contre le Hamas à Shuja’iyya, l'UE se dit « particulièrement consternée par le coût humain »[17],[18].
La Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, a condamné en juillet 2014 les groupes palestiniens de Gaza les accusant de violations du droit humanitaire international « en plaçant des roquettes dans des écoles et des hôpitaux et même en tirant ces roquettes de zones densément peuplées »[19].
Le dirigeant du Hamas, Khaled Mechaal, dément les accusations de bouclier humain contre son organisation dans une interview sur CNN en août 2014[20].
En 2004, la police aux frontières israélienne est accusée par des militants pro-palestiniens d'avoir « utilisé comme bouclier humain » un jeune garçon de treize, contre des jets de pierres durant une manifestation dans le village de Bidou en Cisjordanie[21] afin de dissuader ses camarades de continuer de lancer des pierres sur leur véhicule selon leur hypothèse[22].
Selon Israël lors de la guerre Israël-Hamas de 2023, le Hamas utilise à la fois la population de la bande de Gaza et des centaines d'otages comme boucliers humains[23].
Une enquête du quotidien israélien Haaretz a documenté l'emploi de civils palestiniens comme boucliers humains par l'armée israélienne dans la bande de Gaza. Des Palestiniens sont capturés arbitrairement et envoyés dans des maisons et dans des tunnels, les mains liées. Les faits seraient connus des officiers supérieurs, y compris de l’état-major général de l’armée israélienne. Par ailleurs, de vidéos ont montré des Palestiniens attachés sur le capot de véhicules israéliens lors de patrouilles dans des villes palestiniennes de Cisjordanie[12].
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