Locquénolé
commune française du département du Finistère De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Locquénolé ([lɔkenɔle] (en breton : Lokenole) est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France. Après Île-de-Sein et Île-Molène, c’est la troisième plus petite commune du département.
Locquénolé Lokenole | |||||
L'Arbre de la Liberté et le clocher de l'église Saint-Guénolé. | |||||
Administration | |||||
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Pays | France | ||||
Région | Bretagne | ||||
Département | Finistère | ||||
Arrondissement | Morlaix | ||||
Intercommunalité | Morlaix Communauté | ||||
Maire Mandat |
Francis Lebrault 2020-2026 |
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Code postal | 29670 | ||||
Code commune | 29132 | ||||
Démographie | |||||
Gentilé | Locquénolésiens | ||||
Population municipale |
799 hab. (2021 en évolution de +1,01 % par rapport à 2015) | ||||
Densité | 940 hab./km2 | ||||
Géographie | |||||
Coordonnées | 48° 37′ 31″ nord, 3° 51′ 34″ ouest | ||||
Altitude | Min. 0 m Max. 81 m |
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Superficie | 0,85 km2 | ||||
Type | Bourg rural | ||||
Unité urbaine | Hors unité urbaine | ||||
Aire d'attraction | Morlaix (commune de la couronne) |
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Élections | |||||
Départementales | Canton de Morlaix | ||||
Législatives | Quatrième circonscription | ||||
Localisation | |||||
Géolocalisation sur la carte : France
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Géolocalisation sur la carte : Finistère
Géolocalisation sur la carte : Bretagne (région administrative)
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Locquénolé fait partie traditionnellement du Pays Pouched, qui se situe entre la Penzé et la Rivière de Morlaix et comprend les communes de Carantec, Henvic, Taulé et Locquénolé. On parle aussi du pays chikolodenn, initialement le nom de la coiffe portée par les femmes de la région de Saint-Pol-de-Léon[1].
Locquénolé est située sur la rive gauche de la Rivière de Morlaix, à environ 7 km de Morlaix, face à l'embouchure du Dourduff et est toute proche de la Manche. Locquénolé est bordée au nord, à l’ouest et au sud par Taulé et à l’est, par la rivière de Morlaix. La superficie de la commune n'est que de 0,85 km2. Le finage communal, de taille réduite, est pentu (versant ouest de la Rivière de Morlaix), avec un fort dénivelé, allant de 81 mètres d'altitude au niveau de la mer (le bourg est vers 15 mètres d'altitude).
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[2]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Finistère nord, caractérisée par une pluviométrie élevée, des températures douces en hiver (6 °C), fraîches en été et des vents forts[3]. Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Littoral », exposée à un climat venté, avec des étés frais mais doux en hiver et des pluies moyennes[4].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,5 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 9,6 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 889 mm, avec 15,8 jours de précipitations en janvier et 7,4 jours en juillet[2]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Pleyber-Christ à 14 km à vol d'oiseau[5], est de 11,7 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 101,6 mm[6],[7]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[8].
Henri Clouard a décrit Locquénolé en 1919 comme un véritable paradis terrestre :
« Locquénolé est le paradis terrestre : toutes les essences d'arbres, des chemins fleuris, un bijou de clocher, et cela posé comme une corbeille au bord d'une riante haie. Les barques semblent prêtes à entrer dans les terres, celles-ci prêtes à glisser heureusement dans leurs propres reflets. Mais non, ce n'est pas tant de grâce que je me rappelle. Imaginez le cimetière tout contre les sables, insouciant sous les arbres, offert aux claires voiles gonflées. Un glas sonne : des jeunes filles portent en terre leur amie. Étrange village ! Nulle part la vie et la mort ne sont à ce point mêlées ; nulle part, deux univers ne se trouvent, sous les apparences d'un si doux mariage, plus tragiquement confrontés[9]. »
Au , Locquénolé est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à 7 niveaux définie par l'Insee en 2022[10]. Elle est située hors unité urbaine[11]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Morlaix, dont elle est une commune de la couronne[Note 1],[11]. Cette aire, qui regroupe 24 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[12],[13].
La commune, bordée par la Manche, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[14]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit[15].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires artificialisés (64,7 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (56 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones urbanisées (64,7 %), zones agricoles hétérogènes (19,1 %), forêts (14,5 %), zones humides côtières (1,5 %), eaux maritimes (0,3 %)[16]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Le nom de la localité est attesté sous les formes Lancolvett au XIe siècle, ecclesia Guingaloci en 1163 et Locus Guennolay vers 1330.
Son nom vient du breton lok, du latin locus (« lieu consacré ») et de Gwenole (saint breton fondateur de l'abbaye de Landévennec).
Des restes d'ancien camp retranché romain sont encore visibles à 1 000 mètres à l'ouest du bourg, au lieu-dit Douvezou Sant Mélar, lieu supposé de la décapitation de saint Mélar.
Au haut Moyen Âge, les moines de Landévennec établissent un monastère au lieu-dit Lancolvett (nom qui provient du vieux breton lann et de l'altération du nom de la rivière du Queffleut) :
« Selon la tradition, saint Guénolé en quittant le Tréguier pour passer dans le Léon aurait abordé sur la rive gauche de la rivière de Morlaix à l'endroit qui, de son nom, s'est appelé Loc-Guénolé. Un monastère y aurait été construit (il est indiqué au XIe siècle dans le Cartulaire de Landévennec) et donné à saint Guénolé lui-même pour le remercier d'un miracle accompli en ce lieu. Locquénolé dut être d'abord un prieuré de l'abbaye de Lanmeur, fondée au cours du VIe siècle par saint Samson, évêque de Dol et, pour cette raison, dépendit jusqu'à la Révolution de ce diocèse, bien qu'enclavée totalement dans celui de Léon[17]. »
La paroisse est dénommée Locus Guennolay dans le pouillé de la « Province de Tours »[18].
Locquénolé aurait été pillé à plusieurs reprises par les Normands, en particulier l'église dont il n'a dû rester après leurs passages que les murs et les piliers[19]. Depuis Albert Le Grand, la recherche a fait des progrès. Nous pouvons comprendre : le monastère est détruit au IXe siècle, puis une nouvelle église romane est construite au Xe siècle.
Au XVIIe siècle, la châtellenie de Daoudour est subdivisée en deux juridictions : celle de « Daoudour-Landivisiau », dite aussi « Daoudour-Coëtmeur », qui avait son siège à Landivisiau et comprenait Plouvorn et ses trèves de Mespaul et Sainte-Catherine, Plougourvest et sa trève de Landivisiau, Guiclan, Saint-Thégonnec, Guimiliau, Lampaul-Bodénès, Pleyber-Christ, Commana et sa trève de Saint-Sauveur, Plounéour-Ménez et pour partie Plouénan ; et celle de « Daoudour-Penzé », qui avait son siège à Penzé et comprenait Taulé et ses trèves de Callot, Carantec, Henvic et Penzé, Locquénolé, Saint-Martin-des-Champs et sa trève de Sainte-Sève[20].
En 1676, le prédicateur Julien Maunoir vint prêcher à Locquénolé.
En 1759, une ordonnance de Louis XV ordonne à la paroisse de Locquénolé de fournir deux hommes et de payer 13 livres pour « la dépense annuelle de la garde-côte de Bretagne »[21].
À partir de 1764, il fut interdit de procéder à des inhumations dans l'église. René-Marie Gourcun, seigneur de Keromnès, gouverneur de Carhaix et ex-colonel de cavalerie, décédé le et Pierre le Gac de Lansalut, seigneur de Coatilès, ancien sénéchal et gouverneur de Guingamp, décédé le furent les derniers à l'être. Lors du redallage de l'église en , de nombreux squelettes furent découverts[22] (75 environ).
Jusqu'en 1803, lors du pardon, fixé le jour de l'Ascension était organisée une troménie : « il était d'usage de porter processionnellement autour de la paroisse les reliques du saint patron. À cette procession se réunissaient celles de Taulé, d'Henvic et de Carantec. (...) Ces processions se faisaient jusqu'à l'année dernière avec la plus grande pompe et avec un très grand concours du peuple qui y assistait avec la plus grande piété »[23]. Des cérémonies analogues avaient lieu le dimanche suivant à Henvic et le dimanche de la Trinité à Taulé.
Les deux députés représentant la paroisse de Locquénolé lors de la rédaction du cahier de doléances de la sénéchaussée de Lesneven le étaient François Le Roux et Hervé Geffroy[24]. Dans ce cahier de doléances, « Locquénolé, qui a une grève très resserrée sur laquelle il ne croît pas de goémon, demande à pouvoir s'étendre pour la coupe du goémon dans les districts voisins »[25]. C'est le seul vœu particulier émis par la paroisse.
Le recteur [curé] de Locquénolé, Couffon[26], refusa de prêter serment à la Constitution civile du clergé et, devenu prêtre réfractaire, se cacha, avec l'accord de la châtelaine Marie-Anne Le Gac de Lansalut, dans le château de Kerriou, puis émigra à Jersey jusqu'en 1803, date à laquelle grâce au Concordat, il retrouva sa charge de curé de Locquénolé.
Locquénolé a conservé son Arbre de la Liberté, le seul encore en vie dans le Finistère, planté le 30 nivôse an II () :
« Vive la Montagne. An nom de la loi ce trente nivôse, l'an II de la République française, à deux heures de l'après-midi, le conseil général de la commune de Locquénolé, présidé par le citoyen Claude Geffroy, Maire, assisté des citoyens officiers municipaux du conseil général, présent le citoyen Christophe Jourdren, agent national provisoire, nous sommes rendus, suivis des bons citoyens de la commune, au milieu de la place principale du bourg, où une fosse étant faite aux fins d'y planter l'Arbre de la Liberté, les sonneurs ayant été mandés et un grand concours de citoyens s'y étant rendus, l'arbre a été planté aux acclamations du peuple, pénétré de joie de voir planter un monument qui attestera à la postérité l'attachement que ladite commune a toujours eu pour la liberté, l'amour des lois et le soutien de la République. Les citoyens et citoyennes ont dansé autour de l'Arbre de la Liberté jusqu'à la nuit. À Locquénolé, le même jour, mois et an que devant et signé[27]. »
Le curé de Locquénolé, Couffon, écrit vers 1805 : « Mes paroissiens ne sont pas riches. Il n'y a que deux propriétaires[28] sur la paroisse. Les autres sont tous fermiers ou pêcheurs ».
Selon des statistiques agricoles publiées en 1849 et concernant selon les productions des années comprises entre 1836 et 1846, la répartition de l'occupation des terres est alors la suivante : pour une superficie totale de 85 ha seulement, la commune possédait 56 ha de terres arables, 16 ha de landes et bruyères, 8 ha de bois, taillis et plantations, 4 ha de prairies naturelles, pas de marais ni d'étangs ; la commune ne possédait alors aucun moulin en activité. Les paysans de Locquénolé cultivaient à l'époque 11 ha d'avoine, 11 ha de froment, 8 ha d'orge, 1 ha de seigle, 4 ha de sarrasin, 15 ha d'ajoncs d'Europe, 1 ha de lin,aucun ha de chanvre, 2 ha de navets, betteraves, carottes et choux (dont 1 ha de navets), 8 ha de trèfle, 3 ha de pommes de terre, 4 ha restant en jachère, et élevaient 18 chevaux (2 mâles, 14 juments, 2 poulains), 152 bovins (dont 81 vaches), 43 porcs, aucun ovin ni caprin, 30 poules et 10 coqs, 30 canards, aucune oie, et possédaient 20 ruches à miel. En 1836, la population agricole est de 374 personnes, soit 82,4 % de la population communale totale qui était alors de 454 habitants[29].
Le , par un codicille à son testament,Marie-Anne Le Gac de Lansalut, qui habitait le château de Kerriou, lègue six cents francs aux familles pauvres de Locquénolé, trois cents francs pour l'entretien intérieur de l'église paroissiale et « six cents francs de rente pour l'entretien de deux religieuses, à charge de donner l'instruction aux petites filles et de prodiguer leurs soins aux malades »[30].
Le romancier populaire Pierre Zaccone décrit ainsi Locquénolé vers 1867 :
« À une lieue de la ville de Morlaix (...) s'élève un modeste petit bourg que l'on appelle Locquénolé. Une quarantaine de cabanes construites en amphithéâtre, sur le versant d'un coteau boisé dont les pieds baignent dans la mer, composent tout le village ; mais si l'aspect des maisons est généralement triste, si les habitants portent sur leurs traits hâlés l'empreinte des rudes fatigues du métier de gabarier qu'ils exercent, vu de la rade ou des coteaux voisins, le groupe d'habitations de cette commune revêt tout à coup des couleurs inattendues, et il se dégage du pittoresque tableau qu'il présente un charme qui séduit et attire[31]. »
À une date non précisée, mais vers le premier tiers du XIXe siècle,un jeune homme de Locquénolé aurait eu l'intuition que le maërl, en amendant le sol, améliorerait les récoltes ; il suggéra à son père d'en répandre sur ses champs ; son père refusa, mais le garçon profita d'une absence de son père pour en enfoui dans un coin de champ la récolte fut à cet endroit bien meilleure et, le fils ayant avoué sa supercherie, le père en répandit dans ses champs, puis ses voisins l'imitèrent. C'est ainsi que l'usage du maërl se développa dans la région morlaisienne et que les agronomes commencèrent à s'y intéresser[32].
Un texte de 1852 décrit la récolte du maërl par les pêcheurs de Locquénolé :
« Le maërl que les pêcheurs de Locquénolé vont pêcher au large à une lieue du château du Taureau : on le drague en toute saison depuis un temps immémorial ; on voit souvent jusqu'à 150 charrettes chargées de maërl acheté à l'embouchure de la rivière à raison de 5 à 6 francs la batelée prise sur le rivage, 8 à 9 francs sur le quai de Morlaix. Une batelée équivaut à sept charretées ordinaires[33]. »
L'épidémie de choléra de 1849-1850 fait 9 morts à Locquénolé[34].
En 1874 est décidée la construction d'« un édifice à destination de mairie et d'école des garçons »[35].
En 1901, une jeune fille de la commune, Marceline Jourdren, 15 ans, reçut le prix Tourville pour avoir sauvé une fillette engluée dans la vase sur la plage de Locquénolé[36]. En 1905, Jeanne Ravalec, de Locquénolé, obtint un "prix de vertu" décerné par l'Académie française car, orpheline à 16 ans, elle éleva ses cinq frères et sœurs, et paya même les dettes de son père[37].
Les sœurs de la Congrégation du Saint-Esprit, installées à Locquénolé depuis 1842 grâce à un legs de Mademoiselle de Lansalut[38] en furent chassées en 1905[39]. En 1906, au plus fort de la querelle des inventaires, les paroissiens de Locquénolé empêchent l'inventaire prévu dans leur paroisse[40].
Le "pardon du Bas de la Rivière" était alors fréquenté si l'on en croit le journal Ouest-Éclair : « Jamais plus beau temps ne favorisa une fête : aussi la foule s'achemina-t-elle en voiture, à bicyclette et à pied vers le Bas de la Rivière. Les restaurants annonçaient des menus exquis. Les jeux de toute sorte promettaient du plaisir à la jeunesse. Bref, on s'écrase partout : aussi, bien des amateurs de grand air empruntent-ils canots et embarcations pour faire de réconfortantes excursions à travers la rade. Le Dourduff en bénéficie et même les îles pittoresques qui avoisinent le château du Taureau. Malgré ces touristes occasionnels, la procession est accompagnée d'une belle affluence, comme d'habitude »[41].
Le fut volé dans l'église paroissiale le Saint-Ciboire avec les hosties qu'il contenait, qui furent jetées à l'eau par le voleur, un pauvre hère sans domicile fixe, qui avait aussi commis d'autres vols. Le voleur fut condamné à 5 ans de prison par le tribunal de Morlaix[42].
Le service du téléphone ouvre à Locquénolé le [43].
Locquénolé fut indirectement desservi par le rail, pendant les années d'existence de la voie ferrée des Chemins de fer armoricains allant de Morlaix à Plestin-les-Grèves, passant sur la rive droite de la "rivière de Morlaix" desservant par exemple Le Dourduff-en-Mer en Plouezoc'h ; la gare "Bas de la Rivière-Locquénolé" était certes sur la rive droite, mais grâce au "passeur du Dourduff", le père Alanik[44], qui assurait depuis le hameau du Brûly le service d'un bac permettant la traversée de la ria, Locquénolé était relié indirectement à cette voie ferrée qui, déclarée d'utilité publique en 1910, n'ouvrit qu'après la Première Guerre mondiale et ne servit que 4 ans entre 1921 et 1925.
Le est inaugurée la "route de la Corniche" : « Les bords de la rivière de Morlaix sont réputés à l'égal de ceux de l'Odet ou de la Rance. Désormais, la magnifique promenade, qui s'arrêtait aux abords du bourg de Locquénolé, se prolongera jusqu'aux falaises granitiques et aux futaies verdoyantes de Carantec. Pendant 13 km défileront, sous les yeux du promeneur, châteaux, bois, parcs et coquettes villas, tandis que la route nouvelle suivra tous les méandres capricieux de la rivière de Morlaix, de son large estuaire et de sa rade, vaste et bien abritée. (...). La construction de la route fut votée en 1912. La première partie fut achevée, jusqu'au hameau de Saint-Julien, en 1915 par des prisonniers de guerre allemands. Leur affectation à d'autres travaux arrêta la construction jusqu'en 1920, date à laquelle elle fut reprise »[45].
Au début du XXe siècle, un garde maritime était en poste à Locquénolé. Les difficultés de navigation dans la rivière de Morlaix provoquaient parfois des échouements : par exemple le vapeur Ouistreham, avec un chargement de 900 tonnes de rails, s'échoua face à Locquénolé en septembre 1910, mais s'en tira finalement sans dommages[46] ou le sloop Jean-Joseph, qui coula le en face du corps de garde de Locquénolé[47].
En 1907, le second maître Jean Coat[48], de Locquénolé, fit partie des victimes de l'explosion du cuirassé Iéna le , qui explosa dans le port de guerre de Toulon et qui fit 118 morts. Cette explosion est liée au « scandale des poudres », qui opposa violemment Léopold Maissin et Albert Louppe, deux directeurs de poudreries situées dans le Finistère.
Locquénolé disposait d'une flottille de pêche. En 1923, 68 bateaux de pêche étaient recensés pour l'ensemble Carantec-Locquénolé[49], souvent associée à celle du Dourduff-en-Mer, port situé en face sur l'autre rive de la « rivière de Morlaix » et pêchant maquereaux, lieus, congres, crustacés, coquillages (huîtres, palourdes, coquilles Saint-Jacques, ormeaux, etc.), araignées de mer, homards, langoustes, etc. Les femmes aussi pêchaient comme en témoigne par exemple cet article du journal Ouest-Éclair en 1930 : « Les pêcheuses de Locquénolé et Saint-Julien ont fait une belle cueillette de praires, palourdes et coques, vite enlevées au marché de Morlaix où les marchandes apportent leurs envois quotidiens en vieilles, grondins, tacauds, vendus souvent à la descente du train, place Cornic »[50]. Le même journal avait aussi, par exemple, écrit en 1928 : « Les femmes de Saint-Julien et Locquénolé ont pris des coques et des palourdes en grande quantité »[51]. Cette pêche à pied, quotidienne, faite à marée basse, ou en bateau, était alors importante et concernait aussi berniques, crevettes, etc. Un fait divers survenu en 1910 évoque « trois pêcheuses de crevettes » dont une enlisée dans la vase[52].
En 1899 et à nouveau en 1921 - 1922, des invasions de pieuvres provoquèrent une ruine temporaire des pêcheurs de la région, y compris de ceux de Locquénolé[53].
Une « Société des régates de Locquénolé » fut créée en 1928[54]. Locquénolé était alors un lieu de villégiature prisé par les notables : par exemple dès 1888, le vicomte R. de Perrien[55], en 1896 le baron Roger de Sivry[56], en 1889 Auguste de Penguern y venaient en villégiature[57] ou en 1912 la marquise de Latour-Maubourg[58]. Une vie mondaine s'y était développée comme en témoigne par exemple cet écho paru dans la presse de l'époque : « Le mariage du baron Bernard de la Chapelle avec Mademoiselle Louise de Penguern a été célébré en l'église de Locquénolé. Les témoins étaient pour le marié, le vicomte Charles de la Chapelle d'Uscelles et le marquis de Saint-Belin-Malin, ses oncles ; pour la mariée M. Paul de Penguern, son frère et M. Auguste de Penguern, son oncle. La quête a été faite par Melles Nicole de Pardieux, Anne de Rubercy, Simone de Lannurien et Antoinette de Rubercy, qu'accompagnaient MM. Paul de Penguern, Abel de Rubercy, François de la Chapelle et Jacques de Lannurien »[59]. Locquénolé disposait aussi d'un hôtel : le Lion-d'Or.
En 1915, des prisonniers de guerre allemands vinrent faire des travaux de voirie à Locquénolé[60] dans le cadre de la construction de la « route de la Corniche » menant à Carantec. Le journal Ouest-Éclair écrit : « Un détachement d'environ 80 prisonniers de guerre allemands, provenant de Roscoff et Locquénolé, où ils travaillaient à la nouvelle route du Bas de la Rivière à Carantec, a été embarqué à la gare [de Morlaix] et dirigé vers Le Mans »[61].
Le monument aux morts de Locquénolé[62] porte les noms de 57 personnes mortes pour la France, dont 41 pendant la Première Guerre mondiale (parmi ces victimes, Yves Quéguiner, né le à Locquénolé, décédé des suites de ses brûlures lors de l'explosion de Halifax (Canada, Nouvelle-Écosse) le ) et 16 pendant la Seconde Guerre mondiale.
Marie Le Goaziou, née à Morlaix le et décédée à Locquénolé le , fut une militante active du Sillon, infirmière bénévole à l'hôpital de Morlaix pendant la Première Guerre mondiale ; elle s'occupa des patronages catholiques de Morlaix pendant l'entre-deux-guerres et fut résistante pendant la Seconde Guerre mondiale, puis milita ensuite au Mouvement républicain populaire (MRP)[63].
2015 | 2020 | 2021 | - | - | - | - | - | - |
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791 | 799 | 799 | - | - | - | - | - | - |
Commentaire : En un peu plus de deux siècles, la population de Locquénolé a été multipliée par 2,9, mais l'évolution a été inégale selon les périodes. L'augmentation de la population a été presque continue tout au long du XIXe siècle, atteignant un premier maximum en 1891 avec 766 habitants et, après un fléchissement momentané, son maximum absolu en 1906 avec 845 habitants. Pendant le XXe siècle, la population a fléchi jusqu'en 1954 (perdant 279 habitants entre 1906 et 1954, soit - 23,6 % en 48 ans) avant, par delà de faibles dents de scie, de se stabiliser ces dernières décennies aux alentours de 700 habitants. La proximité de Morlaix, ville peu dynamique il est vrai, n'a entraîné qu'un faible mouvement de périurbanisation sauf depuis 2006.
Le solde naturel, négatif depuis 1968 (11 décès pour 8 naissances en 2001 par exemple), s'est amélioré ces dernières années, devenant même positif depuis 2006 (29 naissances pour 15 décès pour les trois années 2006-2007-2008). La commune connaît à nouveau depuis la décennie 1960 une immigration nette même si sa population reste relativement âgée (23,1 % de 0 à 19 ans pour 18,5 % de 65 ans et plus en 2007)[66].
Le nombre des logements s'est accru, passant de 288 en 1968 à 427 en 2007 (+ 139 logements, soit + 48 % en 39 ans) et surtout au profit des résidences principales, passées de 234 à 331 pendant la même période (+ 97 logements, soit + 41 %), le nombre des résidences secondaires restant relativement modeste en dépit de la situation littorale (69 résidences secondaires en 2007, soit 16 % du total des logements)[67].
Le hameau de Kerguélen avait 700 habitants vers 1900[68].
selon la population municipale des années : | 1968[69] | 1975[69] | 1982[69] | 1990[69] | 1999[69] | 2006[70] | 2009[71] | 2013[72] |
Rang de la commune dans le département | 219 | 209 | 221 | 213 | 207 | 220 | 213 | 212 |
Nombre de communes du département | 286 | 283 | 283 | 283 | 283 | 283 | 283 | 283 |
En 2016, Locquénolé était la 217e commune du département en population avec ses 787 habitants (territoire en vigueur au ), derrière Saint-Sauveur (216e avec 799 habitants) et devant Plougar (218e avec 783 habitants).
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
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Maires avant 1944
| ||||
1944 | 1968 | Louis Quéguiner[73] | SFIO→Cent.G | Maraîcher |
1969 | 1977 | Jean Raoul | Cent.G | |
1977 | 1983 | Henri de la Forest | DVD | |
1983 | 1995 | Pierre Gégaden | ||
1995 | 2001 | Alain Plouzennec | DVD | Directeur de société |
2001 | mai 2020 | Guy Pouliquen | PS | Retraité de l'enseignement |
mai 2020 | En cours | Francis Lebrault[74] | ||
Les données manquantes sont à compléter. |
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