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lac d’Europe occidentale De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le Léman (/lemɑ̃/ Écoutez), ou par pléonasme lac Léman, également dénommé lac de Genève notamment dans le canton de Genève et dans plusieurs langues, est un lac d'origine glaciaire situé en Suisse et en France ; par sa superficie, c'est le plus grand lac alpin et subalpin.
Léman | ||
Le Léman depuis Veytaux. | ||
Le Léman vu par Sentinel-2. | ||
Administration | ||
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Pays | Suisse France |
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Cantons | Vaud Genève Valais | |
Département | Haute-Savoie | |
Statut | Site Ramsar | |
Géographie | ||
Coordonnées | 46° 27′ N, 6° 33′ E | |
Type | Lac naturel | |
Origine | Glaciaire | |
Montagne | Massif du Jura, massif du Chablais et Préalpes de Vaud et Fribourg (d) | |
Superficie | 581,3 km2 |
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Longueur | 73 km | |
Largeur | 14 km | |
Altitude | 372 m | |
Profondeur · Maximale · Moyenne |
309,7 m 152,7 m |
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Volume | 89 km3 | |
Hydrographie | ||
Bassin versant | 7 395 km2 | |
Alimentation | Rhône, Dranse, Venoge, Aubonne, Versoix, Morge, Veveyse, Promenthouse, Chamberonne, Eau Froide, Baye de Montreux, Vuachère, Morges, Forestay, Hermance | |
Émissaire(s) | Rhône | |
Durée de rétention | 11,8 années | |
Îles | ||
Nombre d’îles | 7 | |
Île(s) principale(s) | île de Peilz, île de Chillon, île de Salagnon, île de la Harpe, île Rousseau, île de Choisi, île aux Oiseaux | |
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Le lac, d'une longueur d'environ 72,8 km et d'une largeur maximale inférieure à 14 km, est en forme de croissant orienté de l'est vers l'ouest. Le rivage nord et les deux extrémités sont suisses et sont partagés entre les cantons de Genève, de Vaud et du Valais. Le rivage sud, quant à lui, est français et situé dans le département de la Haute-Savoie. La frontière franco-suisse passe au milieu du lac[1].
Le Léman est principalement alimenté par le Rhône, fleuve franco-suisse qui coule d'est en ouest, constituant 75 % des apports[2]. Sa formation a des origines multiples : plissement tectonique pour la partie du Grand-Lac et action du glacier du Rhône pour le Petit-Lac (entre Yvoire et Genève). Il s'est constitué lors du retrait progressif du glacier du Rhône après la dernière période glaciaire, il y a près de seize mille ans. Ses berges ont été fortement artificialisées[3].
En 2006, selon une étude de la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL), seulement 3 % de côtes sont encore sauvages. Hors 23 % de prés semi-naturels et de cultures, environ 60 % des berges et abords sont aménagés, enrochés, pavés, privatisés, ce qui limite probablement l'expression de l'écopotentialité du site.
Le toponyme Léman renvoie à une racine indo-européenne, signifiant « lac »[4]. L'origine du nom fait que « lac Léman » est un pléonasme ou une tautologie, puisque cela signifie « lac lac ». Cette formulation existe cependant depuis l'Antiquité[4],[5].
Au Ier siècle av. J.-C., le grec Strabon parle de « lemanè limnè ». Cette forme est ensuite reprise par les autres auteurs grecs, comme Dion Cassius au IIe siècle (« lemanos limnè »), avant d'être popularisée par les textes en latin[5]. Elle est utilisée par Jules César en et les géographes de l'époque, qui parlent de « lacus lemanus »[4],[5]. Au début de l'ère commune, Pomponius Mela et Pline l'Ancien reprennent cette même forme, suivis par Ammien Marcellin au IVe siècle[6].
Les humanistes et cartographes du XVIe siècle Sebastian Münster et Gérard Mercator reprennent « Léman », dont se sert l'administration bernoise, puis les autorités révolutionnaires (république lémanique, département du Léman). François Bonivard, en 1529, parle du « lac Lemanne » mais précise « qu'est nostre lac de Genesve »[4]. Au XVIIIe siècle, des auteurs tels que Jean-Jacques Rousseau, Voltaire et Lord Byron utilisent « Léman », donnant une certaine célébrité au nom[7].
Au XIXe siècle, la carte Dufour utilise la forme « Lac Léman » et la forme prend le dessus sur « lac de Genève ». Dès lors, « Léman » figure sur toutes les cartes nationales des grands États par souci de normalisation[7].
La forme « lac de Lausanne » s'impose dès le IIe siècle. Sa première apparition, dans l’Itinéraire d'Antonin, utilise « lacus lausonnius » ou « lacu Lausonio »[4],[8],[9]. La plus ancienne carte géographique connue de la région lémanique, la table de Peutinger, copie du XIIIe siècle de cartes romaines antiques, reprend cette forme (lacus Losanete ou lacus Losanetes)[10],[8].
La forme « lac de Lausanne » aurait ainsi prévalu au Moyen Âge ; à la fin du XIVe siècle, dans son Saint voyage de Jérusalem, Ogier IX d'Anglure mentionne le « lac de Lozanne », et une gravure de Lausanne à Venise datant de 1567 porte l'inscription « Lago di Losanna »[10]. La forme « lac de Lausanne » n'est plus utilisée à partir du milieu du XIXe siècle[7].
Le nom de « lac de Genève » apparaît au XVIe siècle, mais il coexiste avec « Léman », qui réapparaît grâce à l'étude des textes anciens réalisée par les humanistes de l'époque. En 1538, Aegidius Tschudi parle alors de « lac Léman ou de Genève ». En 1552, dans un plan de la ville de Genève, Sebastian Münster écrit que « le Rhône traverse le lac de Genève, ou de Lausanne, qu'on appelait autrefois lac Léman ». Les nombreuses cartes italiennes de la seconde moitié du XVIe siècle utilisent quant à elles « lac de Genève »[8].
Au XVIIe siècle, les cartes utilisent « lac de Genève » pour le Petit-lac et « lac de Lausanne » pour le Grand-lac. Cette distinction disparaît cependant au siècle des Lumières[8]. Le nom de « lac de Genève », ou « bassin de Genève », est cependant toujours attribué au petit lac du Léman[11], soit la partie du lac entre Genève et Nyon ou Versoix[12],[13], notamment sur les cartes officielles suisses[14].
Dès le XVIIIe siècle, « lac de Genève » est utilisé couramment dans les langues étrangères et les premiers guides touristiques[10],[8] : en allemand : Genfersee, déjà attesté au XVe siècle ; en anglais : lake of Geneva ; l'italien utilise la double nomenclature « Lemano » et « lago di Ginevra »[4]. En français, cette forme n'est cependant utilisée que par les auteurs genevois[10].
L'appellation alternative « lac de Genève » pour l'ensemble du lac subsiste encore toutefois sur la carte nationale suisse jusqu'en 2003[15], pour être ensuite utilisée uniquement pour le Petit-lac.
Le nom du lac est le sujet d'un débat entre certains Genevois, qui l'appellent « lac de Genève », et les Français, les Valaisans et les Vaudois, qui l'appellent « Léman »[11],[16].
Dans Le Léman : monographie limnologique, le naturaliste originaire de Morges François-Alphonse Forel écrit : « L'usage tend à s'établir en géographie, et cela avec raison, de préférer, partout où il en existe, le nom personnel d'un lac au nom de la ville située sur ses bords. Un lac est un individu géographique en lui-même et par lui-même ; il a sa vie propre et indépendante de toute action humaine ; ses relations avec les cités des hommes transitoires et passagères en comparaison de la durée bien supérieure du lac, sont d'importance accessoire »[14],[7].
Le Léman se situe à l'ouest de la Suisse et au nord du département français de la Haute-Savoie[17], au pied du massif du Jura[18]. La frontière entre la France et la Suisse, fixée à l'origine par le traité de Lausanne de 1564 entre le duché de Savoie et la Suisse, se trouve sur l'axe du lac jusqu'à ce que celui-ci soit rejoint par le prolongement de la frontière terrestre[19].
Le niveau du lac est régulé artificiellement à une altitude fluctuant entre 371,7 et 372,3 mètres depuis 1884[20]. L'altitude moyenne de la surface du lac, mesurée entre 1943 et 2008, se trouve à 372,05 mètres ; son altitude minimum a été mesurée à 371,78 mètres en 1949 et son maximum à 372,19 mètres en 1977. La profondeur maximale du Léman se situe à 309,7 mètres au-dessous de la surface du lac, tandis que la profondeur moyenne du lac est de 152,7 m[21].
Les rives du lac s'étendent sur 200,2 kilomètres, dont 58 en France, 102 dans le canton de Vaud 7,6 en Valais et 32,6 dans le canton de Genève[21]. Le Léman est le plus grand lac d'Europe de l'Ouest[18]. Sa superficie totale de 580,1 km2 est partagée entre la France (234,8 km2) et la Suisse (345,3 km2 dont 298,0 km2 dans le canton de Vaud, 10,6 km2 en Valais et 36,7 km2 dans le canton de Genève)[21]. Les principales villes au bord du Léman sont Genève, Lausanne et Montreux en Suisse et Évian-les-Bains et Thonon-les-Bains en France[22]. Au total, 65 communes sont riveraines du Léman.
Le bassin lémanique est constitué par trois unités géologiques principales[23],[24]. Les roches sédimentaires mésozoïques du domaine jurassien constituent le substratum rocheux profond dont la partie émergente forme le massif du Jura ainsi que le Salève. Son implication sur le Léman se réduit à la présence d'accidents décrochant qui traversent le bassin lémanique du nord-ouest au sud-est mais sans avoir d'impact sur les dépôts superficiels quaternaires[25]. À la verticale du Léman, ces roches constituent un substratum plongeant sous les reliefs des Préalpes et des massifs cristallins externes dans le cadre de l'orogenèse alpine. La dépression occasionnée par la flexure de la plaque eurasiatique plongeant sous la plaque africaine constitue le bassin d'avant-pays nord alpin dont le remplissage molassique forme l'encaissant du lac. La molasse, datant de l'Oligocène et du Miocène, est subdivisée en deux grands ensembles tectoniques. La molasse du plateau (Chattien - Aquitanien) est très peu déformée et correspond à la moitié nord-ouest de l'encaissant du lac. La moitié sud-est du lac est creusée dans la molasse subalpine ou molasse charriée (Rupélien). Cette dernière chevauche la molasse du plateau et se distingue par de nombreuses déformations entraînant la formation de reliefs d'altitude modérée tels que le mont Pèlerin. La molasse subalpine est surmontée à son tour par les nappes helvétiques des massifs subalpins (massif des Bornes) et ultrahelvétiques à penniques du massif du Chablais (Trias à Éocène). Ces dernières servant aussi localement (Meillerie - Saint-Gingolph) de substrat rocheux au Léman[24]. Ainsi le Grand-Lac repose sur une juxtaposition d’unités tectoniques depuis les nappes penniques des Préalpes jusqu’à la molasse du Plateau tandis que le Petit-Lac est intégralement creusé dans la molasse du Plateau.
« Tandis que nombre de lacs ont une nature parfaitement simple et évidente à la première étude, le Léman, comme du reste la plupart des lacs subalpins, est difficile à expliquer ; sa théorie est encore obscure et en grande partie hypothétique. La géologie moderne est arrivée à établir quelques faits positifs de son histoire ; d'autres restent encore à l'état de pure hypothèse. »
— 1892, Forel[26]
Trois écoles se sont opposées sur l'origine du Léman (et des grands lacs alpins en général) entre la seconde moitié du XIXe siècle et les années 1970[27],[28],[29] : l'influence tectonique, l'origine glaciaire et un modèle mixte invoquant à la fois une érosion fluviatile et une déformation tectonique[b]. Si l'origine tectonique bénéficie de nombreux soutiens jusque dans les années 1970, les travaux réalisés à partir de l'imagerie sismique du substratum lacustre dans les années 1980 corroborent la thèse de l’émergence du Léman par surcreusement glaciaire du glacier du Rhône lors des grandes phases des glaciations quaternaires[28],[31].
Louis Albert Necker est le premier à proposer en 1841 une origine tectonique au Léman[32]. Elle bénéficie d'un appui large auprès de la communauté scientifique dès les années 1860. Trois mécanismes différents sont proposés pour justifier une origine tectonique du Léman.
Le premier invoque la formation de plis : Pierre Jean Édouard Desor suggère que des plissements auraient favorisé la formation d'un lac de cluse (le Grand-Lac) tandis que la partie occidentale du Léman depuis Lausanne serait un lac d'érosion[33]. Charles Lyell est le premier à proposer une théorie générale des lacs alpins en 1864[34] ; selon lui, le soulèvement des Alpes aurait été suivi par une série d'affaissements qui auraient engendré des cuvettes finalement comblées par l'eau. Cette théorie est ensuite reprise et développée par Albert Heim en 1891[35].
Le second modèle décrit la cuvette du Léman comme un graben et sous-entend la présence de failles qui longeraient le lac. Bernhard Studer, en 1864, est l'un des premiers à le proposer. Alphonse Favre (1885) propose un modèle décrivant la formation du Léman par un assemblage de plis et de cassures. Ce modèle est tardivement remis au goût du jour par la supposée identification de failles dans le substratum du Léman à partir des données d'imagerie sismique et qui délimiterait une structure en graben dans le Petit-Lac[27],[36],[37]. Bien qu'ils ne prouvent pas que le Grand-Lac soit lui aussi d'origine tectonique, un autre travail datant de 1969 aurait identifié la présence d'une faille au large d'Évian-les-Bains et suggérerait que le socle lémanique serait découpé en plusieurs compartiments qui auraient joué lors d'une phase de néotectonique générale de l'Europe. L'orientation des plans de faille (plongent vers le sud-est) et leur mécanicisme (failles liées à un charriage) sont néanmoins en contradiction avec cette théorie[38].
Enfin, le troisième modèle est élaboré par Augustin Lombard en 1939 et lie la formation du lac à la mise en place des nappes[39]. Il interprète le Petit-Lac comme une zone surélevée par les nappes ultrahelvétiques (initialement suggéré par Édouard Paréjas en 1938) tandis que le Grand-Lac serait une zone affaissée par le poids des nappes des Préalpes médianes. Ces deux compartiments seraient par ailleurs délimités par des structures transversales nord-sud datant du Quaternaire. Cette hypothèse est ensuite remaniée par Colette Serruya et al. en 1966 sur la base des premiers résultats obtenus par réflexion sismique dans le lac[40]. Ils considèrent que les terrains molassiques entre le Jura et les Préalpes se seraient déformés parallèlement à la chaine jurassienne ce qui aurait conféré sa morphologie au Petit-Lac tandis que le Grand-Lac résulterait du chevauchement de la molasse subalpine qui aurait formé un haut-fond et expliquerait sa courbure vers le nord. Le poids des nappes aurait ensuite provoqué un affaissement de la région qui aurait permis son ennoiement.
François-Alphonse Forel suggéra un modèle très proche[41] de celui de Lyell selon lequel le soulèvement des Alpes favorise une érosion fluviatile importante qui creuse des vallées en pentes continues jusqu'à la mer puis un affaissement général des Alpes entrainant la formation de contre-pentes dans les vallées qui leur confère la morphologie étroite et allongée caractéristique des lacs alpins qui sont enfin progressivement comblés. Cette hypothèse est reprise par G. Bourdon[42] puis par André Delebecque[43].
Plus récemment, un modèle[44] comparait la vallée du Rhône en amont du Léman aux canyons du sud des Alpes formés lors de la crise de salinité messinienne qui furent creusés par les rivières jusqu'à atteindre une profondeur inférieure au niveau actuel de la mer. Ce modèle est néanmoins en contradiction avec la remontée du substratum lémanique marquant la transition entre le Grand-Lac et le Petit-Lac[28].
Andrew Ramsay[45],[46] et John Tyndall sont les premiers dès 1862 à proposer que les lacs alpins seraient dus au surcreusement glaciaire, théorie reprise en France par Gabriel de Mortillet[47]. Leur hypothèse est ensuite corroborée par les travaux de Albrecht Penck et de Eduard Brückner sur les glaciers alpins.
L'hypothèse de la formation des lacs par l'action des glaciers est ensuite reprise par Étienne Joukowsky en 1920[48] puis par Léon-William Collet en 1925 dans son traité sur les lacs[49]. Des géographes soutiennent aussi l'hypothèse d'une érosion glaciaire comme Emmanuel de Martonne, André Allix et Jules Blache.
Élie Gagnebin propose en 1937[50] un modèle de formation du Léman qui repose sur la présence de plateau morainique et de dépôts glaciaires sur les flancs des Préalpes et qu'il interprète comme d'anciennes auges glaciaires. L'auteur décrit la formation du lacs au travers des quatre stades glaciaires (Gunz, Mindel, Riss et Würm).
Aujourd'hui les recherches les plus récentes insistent sur le creusement de la cuvette du Léman par les avancées du glacier du Rhône lors de grandes phases de glaciation[28],[31]. En effet, le glacier du Rhône recouvrait la région de l'actuelle Vevey d'environ un kilomètre de glace et la région genevoise d'environ 700 mètres. Lors de la glaciation de Würm, le glacier du Rhône descendait depuis le Valais et se séparait en deux parties distinctes au contact du massif du Jura ; l'une partant vers le sud en direction de Genève puis Lyon, l'autre en direction du nord sur le Plateau suisse en s'intégrant au Rhin. À la fin de cette glaciation, au recul des glaces, un affluent du Petit Lac creuse le seuil d'Yvoire et met en communication les deux bassins versants auparavant séparés ; le Léman prend ainsi sa forme actuelle.
Coiffant le soubassement rocheux dont les roches les plus jeunes sont datées du Miocène inférieur (Molasse d’eau douce inférieure), la série stratigraphique du Léman comprend une séquence glaciaire à glacio-lacustre du Pléistocène inférieur surmontée par des dépôts lacustres holocènes. Leur description repose sur des relevés d’imagerie sismique, qui ont abouti à la description d’unités sismiques, et sur des carottages pour certaines d’entre elles. Ces accumulations sédimentaires présentent néanmoins des disparités entre le Petit Lac et le Grand Lac.
Une succession de périodes d’érosion relative à l’avancée des glaciers durant les périodes glaciaires successives au Pléistocène marque le creusement du bassin lémanique dans le substrat rocheux. Durant cette période, les sédiments glaciaires déposés durant chaque cycle sont systématiquement érodés par les phases de glaciations ultérieures si bien que seuls subsistent aujourd’hui, à quelques exceptions près, les dépôts glaciaires datant au moins du dernier maximum glaciaire.
Les plus anciennes traces de dépôts glaciaires correspondent au lac d’Écoteaux[51],[52], au nord de Vevey, situé à plus de 400 m au-dessus du niveau actuel du lac et témoigne d’un relief encore peu raboté par les glaciers. Ces dépôts datés de la base du Pléistocène inférieur (−780 000 ans) se prolongeraient jusqu’au maximum de la glaciation de Würm.
La séquence glaciaire à glacio-lacustre est décrite dans le Petit Lac où elle est aussi la plus développée[25]. Cette différence avec le Grand Lac s’expliquerait par la géométrie étroite du Petit Lac qui aurait empêché que le glacier atteigne le fond de la vallée glaciaire, laissant un espace d'accommodation suffisamment important pour favoriser le dépôt d’une épaisse série glaciaire. Elle est subdivisée en 12 unités sismiques (U1 à U12). Elles sont majoritairement composées de sédiments fins (argile à silt) laminés. L’unité U1 serait antérieure au maximum de la glaciation de Würm. Des dépôts équivalents sont généralement attribués aux glaciations du Riss voire au début du Würm. Les unités U2 à U6 correspondent à des dépôts glaciaires contemporains du dernier maximum glaciaire. C’est la séquence la plus épaisse (jusqu’à 150 m). L’unité U2 est ainsi considéré comme la première séquence de dépôt du dernier cycle glaciaire. Cet intervalle est entrecoupé par des niveaux de diamictite et de tillite. Les unités U7 à U12 marquent l’ultime déglaciation du glacier du Rhône (Dryas ancien) et décrivent une accumulation glacio-lacustre (inférieure à 100 m d’épaisseur) liée à l’apparition d’un lac qui s’étend au fur et à mesure du retrait du glacier du Rhône. La distribution de ces unités ainsi que la présence de tillite et de moraine de poussée montrent toutefois que la période de déglaciation est marquée par deux périodes de réavancées (stade de Coppet, U9 et de Nyon, U11) liées à des phases de refroidissement mineures. L’unité U12 enfin marque le début des apports fluviatiles dans le lac.
Dans le Grand Lac, les dépôts équivalents ont été reconnus uniquement en imagerie sismique. Deux séquences glaciaires et deux séquences lacustres ont été reconnues ainsi que plusieurs surfaces d’érosion. Celle séparant les deux séquences glaciaires est associé au stade de Nyon ce qui permet de définir que l’unité glaciaire inférieure est équivalente aux unités U1à U10[25]. L’unité glaciaire supérieure est alors équivalente à U12 et se concentre uniquement dans la partie occidentale du Grand Lac. Les dépôts présentent par ailleurs une extension discontinue, notamment sur les flancs mais peuvent se montrer très épais dans l’axe central du lac[24].
La phase de remplissage lacustre débute à la fin du Pléistocène et se poursuit actuellement. Elle correspond aux unités sismiques U13 et U14 dans le Petit Lac[25] qui décrivent un remplissage mineur (quelques dizaines de mètres au maximum) contrôlé par les apports des cours d’eau et des courants lacustres. Les dépôts forment respectivement des cônes deltaïques et des contourites. Ces dernières, plus abondantes, répandent les apports sédimentaires sur le fond du lac. Elles résultent du passage de courants de fond qui circulent en sens inverse des courants de surface, qui sont eux-mêmes influencés par l'orientation des vents dominants. Une campagne d'imagerie sismique dans la région de Corsier et des Hauts-Monts[53] a ainsi mis en évidence que le régime des vents a fortement varié au cours du Quaternaire oscillant entre des directions SO et NE ce qui s'est matérialisé par des modifications des circulations des courants de fonds et donc sur la dispersion des sédiments.
Dans le Grand Lac, ces dépôts sont nettement plus épais que les séries glacio-lacustres (50 à 350 m[24]). Ils sont aussi alimentés par les affluents du Léman mais ils sont surtout entrecoupés par neuf séquences de transport en masse[c] dans les trente derniers mètres de la séquence lacustre. Ils sont séparés par dépôts argilo-silteux laminés de sédiment hémipélagique d'épaisseur décimétrique. Ces dépôts massifs résultent d’évènements ponctuels comme celui du Tauredunum qui se sont produits entre 3 895 ± 225 ans AP et 1 387 ans AP[54]. Ces dépôts chaotiques à dominante argileuse ont une épaisseur qui varie entre 2 et 10 m d'épaisseur et sont globalement évalués entre 1 et 250 millions de m3 de sédiments[d]. Ils résulteraient d'instabilité de pente, les niches d'arrachements demeurent visibles sur les versants nord et sud du Grand Lac, ou d'effondrement du delta du Rhône, ce dernier générant les plus gros volumes de transport en masse. Ces différents évènements sont eux-mêmes provoqués par des séismes, des surcharges sédimentaires voire des modifications de pressions dans le sédiment engendrées par les résurgences au fond du lac. Plusieurs d'entre eux sont ainsi corrélés avec des évènements sismiques comme le tremblement de terre d'Aigle en 1584, celui de l'Âge de Bronze précoce (3 695 ans AP) et de 2 200 ans AP. Quatre autres sont attribués à des effondrements de delta dont le plus récent est celui du Tauredunum ce qui suggère un taux de récurrence de 300 à 500 ans. Le volume des dépôts les plus importants serait suffisant pour générer un tsunami dont la hauteur des vagues pourrait atteindre de 1 à 3 m de haut voire plusieurs mètres de haut pour l'épisode du Tauredunum.
Le toit de la succession est enfin composé d'une couche de sédiment hémipélagique de 5 m d'épaisseur[54] qui forme un drapage et lisse le relief lacustre. Cette succession est interrompu par plusieurs évènements turbiditiques[55]. Ces dépôts présentent une teinte plus sombre que la sédimentation hemipélagique de couleur grise et sont d'épaisseur centimétrique. Ils sont déclenchés par des épisodes crues des affluents (Rhône ou Dranse) ou par des épisodes d'instabilité des cônes sous-marins associés à ces affluents. Deux groupes sont identifiés d'après leur composition : les turbidites de composition siliciclastique sont affiliées à des apports du Rhône tandis que les turbidites carbonatés proviennent de la Dranse. Certaines turbidites sont associées, avec incertitude, avec le tremblement de terre d'Aigle de 1584 (1 500 ± 100 ans AP), un épisode de vidange de lac (1 785 ± 115 ans AP) se produisant entre le XVIIe siècle et le XVIIIe siècle. L'épisode le plus récent correspond à une instabilité sur le cône sous-marin du delta de la Dranse[56] qui se serait produit en 1 974 ± 4 ans AP. La faible fréquence des épisodes turbiditiques dans le Haut-Lac (de 0,017 à 0,03 turbidites par an[55]) contraste par ailleurs avec le niveau d'activité du delta du Rhône où ont été enregistrés cinq évènements au cours de 78 jours de mesures[57] et souligne que seuls des évènements majeurs atteignent le plaine abyssale du Haut-Lac.
En raison de son origine glaciaire, le Léman présente une topographie similaire à celle des vallées glaciaires avec notamment un fond partiellement plat au milieu du lac. Les variations bathymétriques permettent de distinguer le Haut Lac, constituant le versant amont du lac, du Grand Lac qui définit la partie centrale et la plus profonde du lac tandis que le Petit Lac se distingue par une profondeur inférieure à 70 m.
Horace Bénédict de Saussure est le premier à s'être intéressé à la profondeur du lac qu'il évalue dans le cadre de ses mesures de la température de l'eau[58] auquel lui succèdent Henry De la Beche[59], Charles Martins[60] et, Marc-Auguste Pictet et Jacques-André Mallet[61]. La première carte bathymétrique est réalisée en 1892[62] par François-Alphonse Forel à partir d'une compilation de mesures effectuées par plusieurs auteurs entre 1873 et 1889 dont Philipp Gosset et J. Hörnlimann dans le cadre de l'édification de l'Atlas topographique de la Suisse. Elle est complétée plus tard par celle de André Delebecque en 1898[43] pour la partie française. La carte de Forel est reprise par l'Office fédéral de topographie comme carte topographique officielle jusqu'au XXIe siècle. Dès les années 1960, des campagnes de prospection sismique sont menées dans le lac[27],[63]. Elles aboutissent à la première carte bathymétrique précise du lac[37]. La carte bathymétrique officielle de Forel est depuis remplacée par une nouvelle version établie à partir de données obtenues par échosondeur multifaisceaux[64],[65].
Le Haut Lac sert de transition depuis la vallée du Rhône et est occupé par le prolongement sous-lacustre au delta du Rhône qui est traversée par une série de canyons[66]. Il se présente sous la forme d'un plateau en pente douce sur toute sa largeur tandis que les rives sud et nord forment des escarpements hérités de l'érosion glaciaire. Quelques reliefs correspondant à des affleurements conglomératiques de la molasse subalpine (équivalents aux poudingues du mont Pèlerin) rompent la monotonie et forment des crêtes orientées nord-ouest - sud-est. Neuf canyons sous-lacustres[64] ont ainsi été identifiés depuis les premiers travaux de cartographie du Léman par François-Alphonse Forel et André Delebecque dès 1885 [43],[67],[68],[69]. Leur nombre reflète les variations de configuration du delta du Rhône au cours du temps et de la localisation de l'embouchure principale du fleuve. Par opposition, les embouchures des rivières voisines (Veveyse, Baie de Clarens, Baye de Montreux, Veray, Tinière et Morge) constituent des rentrants mineurs dans la bathymétrie du lac et ne présentent pas de canyons sous-lacustres[70].
À la suite d'opérations d'endiguement du Rhône en amont du lac entre 1863 et 1894, le delta du Rhône s'est stabilisé et alimente aujourd'hui un unique canyon, appelé aussi canyon principal[64],[71], long de 14 km, d'une largeur pouvant atteindre environ 1 km à l'embouchure et profond de 40-50 m[e]. Il est emprunté par des courants de turbidités issus du Rhône qui, outre leur charge sédimentaire, présentent une différence de température suffisamment importante avec les eaux du lac pour être assez denses et plonger par gravité sous la surface. Ils constituent la principale source d'apport sédimentaire dans le lac et permettent leur épandage dans la plaine centrale du lac. Ces courants sont particulièrement fréquents lors des périodes de crue du Rhône durant lesquelles ils peuvent être actifs pendant plusieurs heures[72]. Deux petits canyons au nord-est du canyon principal sont réactivés ponctuellement lorsque les courants liés aux épisodes de crue débordent du canyon principal[70]. Enfin, un canyon, situé à l'extrémité ouest du delta et longeant le littoral de Saint-Gingolph, constitue le prolongement sous-lacustre du canal Stockalper. son activité est indépendante du canyon principal.
Les apports sédimentaires sont dominés par des graviers fluviatiles qui forment une épaisse accumulation (10 m) à l'embouchure du delta du Rhône tandis que les fractions plus fines (sables, silts) sont exportés au large dans les canyons[70]. Une partie se dépose au fond des canyons, voire sur les épaulements des canyons lorsque les courants sous-lacustres débordent, et le reste est transporté jusque dans la plaine centrale. Les graviers font l'objet d'une exploitation depuis 1929 dans le lac mais aussi jusqu'à 1,5 km en amont de l'embouchure. Cependant, le développement de nombreux barrages dans le bassin versant du Rhône et sa canalisation ont entrainé une diminution significative des apports sédimentaires dans le lac ce qui provoque une migration des dépôts sédimentaires vers le delta et non plus dans la plaine centrale[70]. Enfin la pente du delta est aussi soumise à des instabilités gravitaires qui peuvent entrainer le glissement d'un volume plus ou moins important de sédiment vers la plaine centrale[f]. Celui-ci peut alors entrainer un déplacement de masse d'eau suffisamment important pour engendrer un tsunami comme celui du Tauredunum[54].
Le Grand Lac forme la partie la plus profonde du lac (plus de 300 m). Elle se caractérise dans sa moitié est par une zone relativement plate, la plaine centrale, qui s'étend sur toute la largeur du lac. Les rives sud et nord demeurent escarpées mais leur pente s'adoucit. La moitié ouest du Grand-lac sert de transition avec le Petit lac sous la forme d'une pente vallonnée. Les rives présentent alors une pente douce, à l'exception du delta de la Dranse qui marque une avancée dans le lac.
Le Petit Lac se distingue par sa profondeur relativement faible (inférieure à 70 m), diminuant à moins de 10 m vers l'exutoire à Genève. La bathymétrie relativement homogène est uniquement contrariée par une dépression s'enfonçant sous les 300 m d'altitude en aval du resserrement de Promonthoux et d'un haut-fond, les Hauts-Monts, qui forme un promontoire sous-marin (9 à 14 m de profondeur) depuis la rive gauche à hauteur de Corsier[53],[73].
Sa topographie n'est pas directement affectée par son héritage glaciaire au cours duquel des gorges étroites ont été creusées mais l'épaisse couverture sédimentaire (200 m) qui scelle ces paléoreliefs nivelle la surface[74] et forme localement des reliefs de faible amplitude qui témoignent du retrait progressif du glacier du Rhône[75]. La bathymétrie actuelle présente ainsi une morphologie constituée d'un assemblage de fosses et de barres de longueur kilométrique dont la distribution est aujourd'hui contrôlée par les courants transitant à travers le Petit Lac[73].
Le Léman est alimenté par un bassin versant qui s'étend sur 7 395 km2 à travers les cantons suisses romands du Valais, de Vaud, de Fribourg et de Genève, ainsi que des départements français de Haute-Savoie et de l'Ain. Les sources sont situées dans les Alpes pennines, les Préalpes suisses, les Préalpes de Savoie et le Jura. Ses principaux affluents sont par ordre décroissant le Rhône, la Dranse, l'Aubonne, la Venoge et la Versoix[76].
Le Rhône en amont du Léman (débit moyen de 179,2 m3/s entre 2005 et 2015) contrôle l'hydrographie du lac. Ses variations, principalement dues à l'influence glaciaire, génèrent des fluctuations du niveau du lac que François-Alphonse Forel a mesuré comme étant en moyenne de 1,54 m entre l'été et l'hiver, avant la construction du barrage qui régit le niveau du lac depuis 1883[g],[77]. Les apports sédimentaires du Rhône sont de l'ordre 3 317 t/an[64] mais cet approvisionnement est aujourd'hui en grande partie influencé par les nombreux ouvrages hydroélectriques construits dans le bassin versant[70]. Les sédiments sont autant issus des unités de socle des Alpes (Alpes pennines) que des unités de couverture sédimentaire (massif du Chablais et préalpes suisses).
La Dranse, l'Aubonne, la Venoge et la Versoix ont respectivement des débits moyens de 16,7, 4,8, 3,5 et 2,7 m3/s[78] et leur bassin versant est entièrement composés de roches sédimentaires. Le Rhône à Genève est également l'unique émissaire du Léman[79]. Son débit moyen est alors de 318,3 m3/s[78] soit presque du double de celui à l'embouchure.
Canton / Département | Superficie du bassin versant | Part du bassin versant | Part du Canton / Département |
---|---|---|---|
Valais | 5 013 km2 | 67,59 % | 95,96 % |
Vaud | 1 313 km2 | 17,70 % | 40,88 % |
Fribourg | 39 km2 | 0,53 % | 2,33 % |
Genève | 66 km2 | 0,89 % | 23,36 % |
Haute-Savoie | 901 km2 | 12,15 % | 20,53 % |
Ain | 85 km2 | 1,15 % | 1,48 % |
L'eau des affluents génère, à leurs embouchures, un courant dans le Léman ; le Rhône peut voir son courant (en profondeur dans le lac, suivant le ravin sous-lacustre) s'étaler sur plus de 6 km[77]. De plus, étant de températures différentes de la température moyenne de l'eau du lac, les eaux de ces affluents (souvent d'origine nivale) s'étalent dans cette eau lacustre où elles finissent par trouver leur équilibre densimétrique. Un courant plus faible et plus localisé se créé à l'embouchure, où les eaux du lac s'échappent[77].
D'origine thermique, d’autres courants horizontaux (très variables) et verticaux (brassage du lac en fin d'année) peuvent également être mesurés. Mais ce sont les courants dus à l'action mécanique des vents qui sont les plus importants, en surface d'abord, puis en réaction avec des courants en profondeur allant en sens inverse des vents[77].
À l'instar des océans, des mers et des grands lacs, le Léman subit des marées, infimes mais identifiables (de l'ordre de 4 mm)[80].
Durant l'hiver 2017, les eaux du Léman ont été brassées jusqu'à une profondeur de 200 mètres. Selon la CIPEL, ce brassage n'a pas été complet, le lac ayant une profondeur supérieure à 300 mètres[81].
Il s'agit de deux types d'ondes stationnaires observées dans le lac. Les unes concernent la surface libre, interface entre l'air et l'eau, les autres impliquent la thermocline, interface entre les eaux superficielles (épilimnion) et les eaux profondes (hypolimnion).
Les premières études sur ce sujet ont été effectuées par le naturaliste, physiologiste et limnologue vaudois, originaire de Morges, François-Alphonse Forel.
Le lac reçoit 8,3 millions de tonnes d'alluvions par an dont 6,1 de la part du Rhône, 1,1 de la part de la Dranse, et 1,1 pour les autres affluents. À Genève, le Rhône n'évacue qu'une masse d'environ 30 000 tonnes par an.
Les eaux du Léman sont riches en substances dissoutes, notamment carbonates et sulfates de calcium et magnésium ; les matières en suspension sont décelables dans un milieu calme ; la quantité de ces matières arrivant au lac principalement par le Rhône se monte annuellement à 8 millions de tonnes (1966)[82].
Situé à la bordure nord-ouest des Alpes, le Léman, par la masse d'eau qu'il contient, crée autour de lui un microclimat, en particulier à Montreux et ses abords immédiats, cette partie de la Riviera lémanique étant protégée de la bise.
En hiver, le lac restitue la chaleur accumulée durant l'été, ce qui adoucit les températures à son voisinage. En été, il rafraîchit tout son pourtour.
En hiver, en cas de conditions climatiques particulières, avec notamment de l'air sec froid et stagnant en haute et moyenne altitude, l'humidité qui s'élève des eaux du lac se transforme en épais stratus qui s'accumulent sur une épaisseur de deux ou trois cents mètres, épaisse couche pouvant stagner durant deux à trois semaines. Cette mer de nuages déborde souvent du bassin lémanique et envahit les vallées adjacentes jusqu'à une altitude de 800 à 1 000 m.
Selon Météo suisse, le climat de la rive nord du Léman (secteur de Pully) présente, pour la période 1981-2001, des normes climatiques suivantes :
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 0,3 | 0,7 | 3,5 | 6,4 | 10,7 | 13,8 | 16,1 | 15,9 | 12,6 | 9,1 | 4,2 | 1,4 | 7,9 |
Température moyenne (°C) | 2,2 | 3 | 6,6 | 10 | 14,4 | 17,8 | 20,3 | 19,7 | 15,8 | 11,6 | 6,1 | 3,2 | 10,9 |
Température maximale moyenne (°C) | 4,4 | 5,6 | 10,1 | 14 | 18,7 | 22,4 | 25 | 24,4 | 19,8 | 14,6 | 8,6 | 5,3 | 14,4 |
Ensoleillement (h) | 72 | 97 | 159 | 179 | 201 | 229 | 252 | 234 | 183 | 128 | 79 | 58 | 1 872 |
Précipitations (mm) | 77 | 67 | 78 | 87 | 117 | 112 | 92 | 110 | 114 | 113 | 93 | 92 | 1 153 |
Nombre de jours avec précipitations | 10,1 | 8,8 | 10,2 | 9,8 | 12,1 | 10,4 | 9 | 9,5 | 8,8 | 10,1 | 10,2 | 10,7 | 119,7 |
Ville | Ensoleillement (h/an) |
Pluie (mm/an) | Neige (j/an) | Température moyenne (°C) |
---|---|---|---|---|
Lausanne | 1 828 | 1 005 | 8 | 10.5 |
Zurich | 1 531 | 1 054 | 20 | 9 |
Lausanne | 1 872 | 1 153 | 10 | 11 |
Lugano | 2 069 | 1 559 | 4 | 12 |
La Chaux-de-Fonds | 1 710 | 1 441 | 45 | 6 |
En raison du changement climatique, la température moyenne des eaux de surface du lac (à 5 mètres de profondeur) est passée de 10,9 °C en 1970 à 12,9 °C en 2016 (+ 2 °C en 46 ans)[83].
Le Léman est balayé régulièrement par des vents généraux, des vents d'orages et des vents thermiques connus des météorologues locaux, mais aussi des navigateurs et des riverains[84].
Les brises thermiques nocturnes sont des vents pouvant atteindre 20 km/h. Descendant les vallées par lesquelles elles sont canalisées, elles apparaissent en fin d’après-midi. Un relief abrupt engendre un vent plus fort[85].
Le lac héberge plusieurs îles, toutes situées sur le territoire suisse :
Nr. | Nom de l'île | Superficie m² | Distance au rivage m |
Commentaire | Commune | Secteur |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | Île de Chillon | 5070 | 2 | héberge le château de Chillon | Veytaux | Haut Lac |
2 | Île de Peilz | 77 | 480 | face à Villeneuve et les Grangettes | Villeneuve et Noville[réf. nécessaire] | Haut Lac |
3 | Île de Salagnon (Île aux Mouettes) | 1450 | 110 | près de Clarens | Montreux | Haut Lac |
4 | Île aux Oiseaux | 60 | 60 | près de Préverenges | Préverenges | Grand Lac |
5 | Île de la Harpe | 2368 | 70 | près de Rolle | Rolle | Grand Lac |
6 | Île de Choisi | 120 | 70 | près de Bursinel | Bursinel | Grand Lac |
7 | Île Rousseau | 3390 | 60 | au débouché du lac sur le Rhône | Genève | Rhône |
Bien que les grandes villes soient épargnées par ce phénomène, de nombreuses parcelles au bord du lac, principalement dans les petites communes du district de Nyon, du district de Morges et les communes limitrophes de la ville de Genève, appartiennent à des propriétaires privés[86]. Les habitants des communes de La Tour-de-Peilz et de Gland, ont néanmoins obtenu par votation populaire, respectivement en novembre 2010 et en , que leurs rives soient accessibles au public sur tout le territoire de leur commune. Néanmoins, malgré ces deux votations, le délai pour que le public puisse se promener sur l'ensemble du territoire prendra plusieurs années en raison des oppositions des propriétaires sur les modalités d'expropriation de leurs parcelles[87].
L'accès aux rives du Léman est souvent sujet à conflits entre les propriétaires et les partisans d’un chemin au bord de l’eau[88], en particulier l’association Rives publiques[89], fondée en 2003, concernant notamment la Loi fédérale sur l’aménagement du territoire (LAT), qui stipule à l'Art. 3, de tenir libres les bords des lacs et des cours d’eau et de faciliter au public l’accès aux rives et le passage le long de celles-ci[90], ainsi que la Loi sur le marchepied le long des lacs et sur les plans riverains (LML)[91], qui date de 1926 et qui stipule à l'Art. 1, que : Sur tous les fonds riverains du lac Léman, des lacs de Neuchâtel et de Morat, des lacs de Joux et Brenets, et du lac de Bret, il doit être laissé, le long de la rive et sur une largeur de 2 mètres, un espace libre de toute construction ou autre obstacle à la circulation, pour le halage des barques et bateaux, le passage ou marchepied des bateliers et de leurs aides, soit pour tous autres besoins de la navigation ainsi que pour ceux de la pêche. et que : Lorsqu'il y a une grève le long du fonds riverain, la distance de 2 mètres sera prise sur le dit fonds, dès la limite de la grève.
C'est la Loi Littoral, par l'intermédiaire du Code général de la propriété des personnes publiques qui énonce les servitudes des berges de cours d'eau domaniaux. Celle-ci est entrée en vigueur le [92].
Selon un panneau installé par la mairie d'Anthy-sur-Léman, « Les propriétaires riverains d'un cours d'eau ou d'un lac domanial ne peuvent planter d'arbres ni se clore par haies ou autrement qu'à une distance de 3,25 mètres. Leurs propriétés sont grevées sur chaque rive de cette dernière servitude de 3,25 mètres, dite servitude de marchepied »[93].
La qualité de l'eau s'est globalement améliorée depuis les années 1970. Cependant, le , les préfets de Savoie et de Haute-Savoie ont dû interdire la pêche pour consommation et commercialisation de l'omble chevalier (Salvelinus alpinus) dans le Léman en raison de taux très élevés de polychlorobiphényles (PCB) et de dioxines « supérieurs aux normes réglementaires » pour deux échantillons de ces poissons, « les rendant impropres à la consommation humaine et animale »[94], « jusqu’à ce qu’il soit établi par des analyses officielles que ces mesures ne s’avèrent pas utiles à la maîtrise du risque pour la santé publique » en attendant qu'une enquête de l’Agence française de sécurité sanitaire de aliments (Afssa) précise l'ampleur du problème (la pêche sans consommation du poisson reste autorisée, ainsi que la baignade et les sports nautiques, les PCB étant faiblement solubles dans l’eau).
La conservation du milieu naturel est assuré par plusieurs organisme : une réserve naturelle, deux réserves de chasse, un site inscrit, deux sites classés.
Un site Natura 2000 est géré par Thonon Agglomération, la réserve naturelle nationale du delta de la Dranse est gérée par le Conservatoire d’espaces naturels de Haute-Savoie.
Deux zones sur le Léman sont des sites Ramsar. Le plus important, le site dénommé Les Grangettes[95] occupe sur 6 342 ha l'est du Haut-Lac, la réserve naturelle des Grangettes, l'embouchure du Rhône et Le Bouveret. La limite ouest étant une ligne entre le port et le camping de La Pichette (commune de Chardonne) sur la rive nord et Saint-Gingolph sur la rive sud[96]. Le site Rives du Lac Léman, reconnu le , occupe lui une surface de 3,335 ha sur la rive française entre les embouchures de la Dranse et du Vion[97], sont inclus dans le site Ramsar, dans la partie française : le domaine de Ripaille, la baie de Sciez, les rives entre Tougues et Hermance.
Leurs buts sont de préserver, restaurer et entretenir les milieux naturels : • renforcement des habitats littoraux, des roselières aquatiques rares ; • entretien de l’îlot de l’étang de Saint Disdille pour favoriser la nidification de l’avifaune au sein de la réserve naturelle ; • la restauration de diverses zones humides[98].
En 2021, une trentaine d'espèces de poissons et de crustacés cohabitent dans le Léman ainsi que, depuis quelques années, une espèce de cnidaire et dont voici la liste (non exhaustive) :
En 2021, l’EAWAG publie le "Projet Lac", un recensement des poissons des lacs de l’arc alpin. Le Léman héberge les espèces suivantes : Abramis brama, Alburnus alburnus, Barbus barbus, Cyprinus carpio, Gobio gobio, Leuciscus leuciscus, Rutilus rutilus, Scardinius erythrophthalmus, Scardinius hesperidicus, Squalius cephalus, Tinca tinca, Barbatula quignardi, Barbatula sp “Lineage II”, Coregonus palaea, Salmo trutta, Salvelinus umbla, Thymallus thymallus, Perca fluviatilis “Yellow-orange form”, Perca fluviatilis “Red form”, Salaria fluviatilis “French lineage”, Cottus gobio “Rhine lineage”, Esox lucius, Gasterosteus gymnurus, Ameiurus melas et Lota lota. Plusieurs espèces précédemment observées dans le lac n’ont pas été inventoriées dans le Projet Lac, dont deux espèces de corégones : Coregonus fera et Coregonus hiemalis qui sont considérées comme éteintes. Les résultats seront utilisés pour la pêche durable et la protection de la biodiversité[107].
On y trouve des oiseaux sédentaires et nicheurs comme le cygne tuberculé, le canard colvert, la mouette rieuse, la foulque macroule, le fuligule morillon, le harle bièvre, le grèbe huppé, le grand cormoran, le milan noir, le goéland leucophée, le goéland cendré, la nette rousse, le héron cendré, le grèbe à cou noir, le grèbe castagneux ou la gallinule poule-d'eau.
Se situant sur un courant migratoire entre les Alpes et le Jura, le lac est une zone de prédilection pour de nombreux oiseaux. En provenant du nord-est de l'Europe, de Scandinavie ou même de Sibérie, 150 000 volatiles viennent y prendre leur quartier d'hiver, dont le fuligule morillon, le grèbe huppé, le fuligule milouin, le grand cormoran, le harle bièvre, la foulque macroule, le garrot à œil d’or, le grèbe à cou noir, le grèbe castagneux, le goéland leucophée[108] et occasionnellement le goéland brun, le harle huppé, l'eider à duvet, le canard souchet, la macreuse brune, le fuligule milouinan.
Il y a également des espèces estivantes comme la mouette rieuse, le goéland leucophée et la nette rousse ou le martinet noir et le milan noir sur le rivage et dans les villes. Une oie à tête barrée, oiseau originaire de l'Extrême-Orient a été observée depuis les rives du lac[109].
Le Léman contient quelque 14 millions de débris plastiques selon une étude de 2019. Cette pollution, semblable, en proportion, à celle des océans, provoque des dommages considérables sur la faune et la flore[110].
En 1992, le Département militaire fédéral reconnaît que des déchets militaires sont immergés dans des lacs suisses. Concernant le Léman, on a trouvé un obus et plusieurs caisses de munitions à une profondeur de 40 m au large de Bellevue. Ils ne seront pas récupérés pour éviter des dégâts en raclant le fond[111].
Depuis de nombreuses décennies, les eaux du Léman connaissent une inquiétante prolifération de nouvelles espèces exotiques. Une association franco-suisse se bat pour endiguer l'expansion d'une des plus importantes expansions, celle de la Renouée du Japon qui s'étend au bord du lac et notamment dans sa rive sud, autour de Saint-Gingolph et de Publier[112].
La pollution était préoccupante dans les années 1980, mais la situation s'est stabilisée avec une diminution des algues et un meilleur apport en oxygène. Toutefois, des déchets chimiques comme les phosphates et les engrais continuent à se déverser dans le lac.
La Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL) est une commission transfrontalière travaillant depuis 1963 à l'amélioration de la qualité des eaux du Léman, sur la base d'une convention entre la France et la Suisse[113]. L'actuel plan d'action 2011-2020 de la CIPEL, orientant les travaux de la commission, vise à préserver les milieux aquatiques et à garantir certains usages du lac (alimentation en eau potable de la population, pratique d'activités nautiques de loisirs, peuplement piscicole de qualité, etc.).
Le secrétariat permanent de cette organisation est basé à Nyon, quartier de Changins, situé dans le canton de Vaud. Ce service gère l'administration, les services financiers, technique et scientifique ainsi que la coordination des travaux de la commission[114].
Les études en paléo-environnement, faites à partir des restes de végétaux, par la station d'hydrologie lacustre de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), basée à Thonon-les-Bains, avaient révélé que le bassin lémanique a connu de fortes variations climatiques et biologiques depuis un demi-siècle. De nombreuses espèces végétales ont disparu, car les concentrations excessives de phosphore, d'herbicides, de pesticides et de métaux lourds — on trouve encore, au fond des lacs alpins, les traces de la métallurgie au plomb de l'époque romaine — issues des activités urbaines et agricoles — un mètre carré de berge pollué pollue lui-même 12 m3 d'eau — ont permis à l'excès la production des algues qui ont surconsommé l'oxygène contenu dans l'eau : c'est l'eutrophisation.
Cette densification de la matière solide en suspension fragilise le phytoplancton, car il ne reçoit plus assez de lumière — la baisse de la masse de phytoplancton a entraîné, à son tour, la disparition d'espèces de poissons comme l'épinoche, disparue en 1922 mais que l'on trouvait encore en petit nombre jusque dans les années 1970, et la méduse d'eau douce Craspedacusta sowerbyi disparue en 1962, mais revue depuis. De plus, la disparition du phytoplancton fournit un terrain propice aux cyanobactéries ou micro-algues (Planktothrix rubescens), qui rendent l'eau, par création de toxines hépatiques, nocive à la consommation des poissons, et même à la baignade.
L'observation, le suivi des cycles saisonniers et annuels des écosystèmes limniques, l'étude des incidences du climat et des pollutions (herbicides, pesticides, métaux lourds), le suivi des concentrations de protozoaires ciliés, des rotifères et autres espèces zooplanctoniques herbivores qui filtrent l'eau, la connaissance des espèces nouvelles apparues, ont permis au fil des années d'établir des plans de sauvegarde et de prévention, qui passent d'abord par l'amélioration de l'alimentation en eau potable du bassin et donc du lac lui-même.
La raréfaction des brassages complets du lac, qui nécessitent des hivers très froids lors desquels l'eau de surface apporte son oxygène en profondeur, le réchauffement climatique, qui modifie les dates des périodes de frai des poissons, vont être à l'origine de nouvelles adaptations de l'écosystème du lac. Les deux derniers brassages complets du Léman ont eu lieu durant l'hiver 2011-2012, et lors de l'hiver 2006. Les températures glaciales qui ont régné durant les deux premiers mois de 2012, avec des minima en dessous de -10 °C au bord du Léman, et de fortes périodes de bise ont refroidi les eaux du Léman et les ont brassées. Dans le Petit Lac, du fait de sa faible profondeur (moins de 80 m), les eaux sont homogénéisées chaque année[115].
À la suite d'une étude publique, le site ArcInfo, service d’information suisse francophone, indique qu’une quantité estimée à une cinquantaine de tonnes de déchets plastiques sont rejetées dans les eaux du Léman chaque année. Ces détritus arrivent par le Rhône, un dixième étant évacué en aval à Genève. Cette étude a été effectuée par le Dr Julien Boucher en partenariat avec une équipe de École polytechnique fédérale de Lausanne[116].
L’association pour la sauvegarde du Léman profite de cette information pour lancer un appel pour une prise de conscience du problème au niveau local[117].
Le Léman s'est installé sur le site d'un ancien fossé d'affaissement de type molassique très profond[118]. Celui-ci a ensuite été façonné par les phases de glaciation qui se sont succédé durant le Quaternaire. Ce n'est qu'entre et que le lac est progressivement libéré des glaces. Le niveau de l'eau est alors de 33 à 36 mètres plus élevé qu'actuellement et la végétation aux alentours encore pauvre : quelques genévriers et quelques bouleaux nains.
La faune est alors composée de rennes, de chevaux et de mammouths. La végétation ne se développe vraiment que lorsque commence la période climatique du Bølling en ; le niveau du Léman descend alors jusqu'à une hauteur supérieure de 8 mètres au niveau actuel. Celui-ci continue dès lors de baisser régulièrement, atteignant un premier minimum en , à un niveau inférieur de quelques mètres au niveau actuel, puis le niveau remontera avant la fin de la Préhistoire.
Les premiers humains identifiés dans le bassin lémanique ont été des chasseurs de rennes du magdalénien, à la fin du paléolithique supérieur ; des traces de campement ont été retrouvées à proximité de Veyrier au sud de Genève, dans les carrières du Salève[119]. Mais les vestiges ultérieurs, ceux des villages palafittiques établis le long des rives, livrent surtout une extraordinaire documentation sur les conditions de vie à l’époque préhistorique. Ces villages dits « lacustres » ont été classés au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Aujourd’hui, le Léman est artificiellement maintenu entre les cotes 371,7 et 372,3 m, ce qui efface les variations saisonnières que l’on a connues jusqu’à la fin du XIXe siècle. Toutefois, l’archéologie montre qu’il y a eu, sur le très long terme, des changements de niveaux bien plus importants : en raison de modifications majeures du climat, le lac a évolué dans une tranche d’altitude d’environ neuf mètres[120].
Au cours des millénaires, les humains se sont adaptés à ces conditions variables, s’établissant au voisinage immédiat du rivage lorsque de périodes relativement sèches créaient des conditions de basses eaux, et se retirant plus haut en période de transgression du lac. Les couches archéologiques n’ont été conservées que lorsqu’elles étaient protégées par l’eau, ce qui explique que seules les stations palafittiques sont bien documentées. Les habitats situés plus haut, en terrain sec, ont pour la plupart disparu sous l’effet de l’érosion.
La phase d’occupation la plus ancienne connue est celle du Néolithique moyen, lorsque des groupes d'agriculteurs-éleveurs s'installent sur la terrasse littorale nouvellement libérée par la baisse des eaux, alors que le lac est à un niveau fort bas (vers 368 m). La station de Corsier–Corsier-Port a laissé des vestiges datés de 3856 av. J.-C[20].
Après une brève remontée des eaux dans l’ensemble de la Suisse (vers 3300-) les stations littorales connaissent à nouveau un grand développement et cet essor s’étend sur près de huit siècles (3250-2450 av. J.-C.). Sur le Léman, à un niveau de 369,3 m, la station de Vers-l’Église, à Morges, est la seule qui ait conservé un témoignage de cette époque, avec un matériel céramique que l’on peut dater entre 2950 et [20].
Au néolithique final et Bronze ancien, entre 2400 et 1800 av. J.-C., on ne trouve plus guère de stations palafittiques, ni sur le Léman, ni ailleurs sur le Plateau suisse. Il s’agit assurément d’une période de forte hausse des niveaux d’eau, une condition qui a obligé les populations à se retirer des rives. Mais, peu après, intervient une sérieuse baisse : la station de Cologny-La Belotte a livré des pilotis datés par dendrochronologie de 1805 à , accompagnés de matériel archéologique du Bronze ancien. Le lac se situe alors à une altitude de 370 m, donc environ deux mètres au-dessous du niveau actuel. La station de Morges–Les Roseaux possède une couche archéologique similaire, à un niveau de 369,6 m et, tout près de là, le site de Préverenges a donné de nombreux pilotis contemporains, qui attestent deux étapes d’occupation, avec une césure brutale de 129 ans correspondant assurément à une brusque montée des eaux[20].
À l’âge du Bronze moyen intervient la dégradation climatique du Löbben, entre 1600 et , dégradation qui entraîne un haut niveau des eaux. Cet état pourrait correspondre à la fameuse terrasse lémanique de 3 m, la surface du lac se trouvant à 375 m. Ce phénomène a été observé en divers endroits, notamment à Vidy près de Lausanne[20].
Entre 1085 et 850 av. J.-C., on constate une nouvelle occupation générale des rives lacustres. À cette époque, le Léman connaît un niveau particulièrement bas, vers 369 m. Les fouilles de Plonjon ont montré que cet état est continu entre 1067 et , avec tout de même des variations. Le niveau le plus bas a été mesuré sur le site d'Anières-Bassy, à une altitude de 366,4 m, soit 5,6 m au-dessous du niveau actuel. Cette station n’a pas encore livré de datation par dendochronologie, mais le matériel céramique trouvé en surface permet de la dater du Bronze final[20].
La date de 850 avant notre ère marque la fin des occupations palafittiques, non seulement au bord du Léman, mais sur l’ensemble des lacs du Plateau suisse. La dégradation du climat subatlantique entraîne en effet une importante montée des eaux de tous les lacs du nord des Alpes et marque la fin de l’émersion des terrasses littorales, favorables à l’établissement de constructions sur pilotis[20].
En 563, durant le haut Moyen Âge, l'éboulement du mont Taurus provoque un tsunami sur le Léman[121],[122]. La vague aurait alors atteint 8 mètres à Évian et à Genève, 13 mètres à Lausanne, détruisant de nombreux villages[i].
« [La montagne] se précipita si subitement qu'elle engloutit un fort qui était proche, ainsi que des villages avec tous leurs habitants, et elle agita tellement le lac (...) que, sorti de ses deux rives, il dévasta de très anciens villages avec hommes et troupeaux ; il détruisit même beaucoup de lieux saints avec leurs desservants et il enleva avec furie le pont de Genève, des moulins et des hommes, et étant entré dans la cité de Genève, il y fit périr plusieurs personnes. »
À la suite de sa libération de la tutelle bernoise et des remous dus à la création de la République française en 1792, des patriotes vaudois, le plus connu étant Frédéric-César de La Harpe, avocat dans le pays de Vaud, font la proclamation de la création d'une république sœur de la France, dénommée par ses initiateurs sous le nom de « république lémanique », mais celle-ci restera à l'état d'un simple projet, sinon de simple tentative[124],[125].
L'avocat vaudois rédigea en 1797, avec le concours de Vincent Perdonnet, des Instructions pour l'Assemblée représentative de la République lémanique, mais, par la suite, la République helvétique incorpora le Pays de Vaud sous l'appellation canton du Léman, sans qu'il ait eu le temps de proclamer la naissance d'un état indépendant[126].
Jusqu'en 1713[127], le Léman a toujours été sujet à de fortes variations saisonnières. La période estivale était en général marquée par des hautes eaux en raison de la fonte des glaces dans le massif alpin, tandis que l’hiver se caractérisait par une situation de basses eaux. À partir du XVIIIe siècle, plusieurs infrastructures sont construites par Genève sur le Rhône émissaire dont de nombreuses claies de pêche, palissades, estacades, retenues pour les biefs des moulins et autres établissements industriels, et tout particulièrement le barrage de la machine hydraulique assurant l’alimentation en eau des fontaines de la ville. Ces installations entrainent cependant d'importantes variations du niveau du lac et conduit les habitants des rives vaudoises et valaisannes à se plaindre de plus en plus souvent d’inondations et de dégâts causés à leurs propriétés riveraines. Ils accusent les habitants de Genève d’obstruer l’exutoire du Rhône et ainsi d’empêcher un écoulement normal du fleuve[128].
Il en résulte un conflit intercantonal de près de deux siècles, les Genevois assurant non seulement qu’ils ouvraient entièrement le barrage de la machine hydraulique en période de hautes eaux, mais aussi qu’ils n’observaient eux-mêmes aucune hausse de niveau, relevés scientifiques à l’appui. L’affaire s’envenime et culmine avec le retentissant « procès du Léman »[129] devant le Tribunal fédéral qui dura sept ans (1877-1884). La difficulté était en effet d’ordre scientifique et méthodologique. Comment mesurer le niveau réel d’une masse d’eau aussi considérable et en constant mouvement ? Vers la fin du XIXe siècle, les écarts saisonniers pouvaient atteindre plus de 2 m[130].
Il y a d’une part les partisans d’une approche pragmatique, en général des non-scientifiques, qui recensent les signes manifestes d’exhaussement du lac, et d’autre part des ingénieurs cantonaux comme Adrien Pichard, Guillaume Henri Dufour ou Ignace Venetz, qui préfèrent se fier à des mesures dont les résultats attestent d'une relative stabilité du niveau. Guillaume Henri Dufour utilise notamment un repère circulaire de 85 mm de diamètre au dos de la Pierre du Niton pour mesurer le niveau de l’eau à la sortie du Rhône[131],[132]. Il faut attendre le troisième quart du XIXe siècle, avec les travaux de François-Alphonse Forel, pour mieux comprendre toute la complexité de l’équilibre hydraulique du Léman. Celui-ci est en effet soumis à l’influence du vent, de la pression atmosphérique (déterminant les fameuses seiches lémaniques), de la pluviométrie, de mini-marées (qui ne sont pas négligeables sur une si grosse masse d’eau), mais aussi d’apports d’eau accrus en raison, dès le XIXe siècle, de déboisements dans les Alpes valaisannes et d’assèchements de marais dans la vallée du Rhône qui précédemment agissaient comme des régulateurs, ou encore d’un accroissement de la pluviométrie et de la fonte des glaces en raison du réchauffement climatique. Plutôt que de tenter de mesurer les variations du niveau réel du Léman, chose presque impossible, Forel, par une image dont l’évidence s’impose, a montré l’influence incontestable des obstacles qui ont progressivement encombré le Rhône : « Quand le robinet d'un tonneau est fermé partiellement, il s'écoule moins de vin que quand il est tout ouvert »[133].
Le procès débouche sur la signature le d’une convention intercantonale puis du règlement fédéral du pour la régularisation des eaux du Léman. Elles se traduisent par la construction du barrage à rideaux mobiles du pont de la Machine puis de celui de l'usine hydraulique de la Coulouvrenière où une série de vannes horizontales maintiennent le niveau du lac entre les cotes 371,70 et 372,30 m au-dessus du niveau de la mer[130].
À la suite d'un acte intercantonal de régularisation ratifié le [134] par les cantons de Genève, Vaud et Valais, sous l’égide de la Confédération, ce rôle de régulation est repris depuis 1995 par le barrage du Seujet, construit 100 m plus en aval et qui sert aussi à produire 25 GWh d'électricité par an en se servant du Léman comme réservoir. Sa production complète celle des barrages de Verbois et de Chancy-Pougny situés en aval sur le Rhône.
L'accord de 1984 définit aussi de nouvelles cotes à 371,6 m de mars à avril et 372,3 m de juin à décembre[127]. Le niveau du lac est abaissé chaque année bissextile à 371,45 m pour permettre la réalisation de travaux d'entretiens et de réfection des ouvrages situés au bord du lac[135].
En 1988, une colonie d’eider à duvet (canard marin d’Europe du Nord) s'installe dans la réserve des Grangettes, mais c’est seulement en 2020 que l’on observe pour la première fois une femelle couver sur un îlot de coquillages, à l'abri des prédateurs. Il est alors décidé de maintenir le niveau du lac stable afin d’éviter de submerger l'îlot[135].
Jusqu'à présent, la régulation des eaux du lac était définie en fonction des problèmes d'inondation, de gestion des berges et des installations riveraines. L'aspect écologique était peu voire pas du tout pris en compte dans la régulation. Depuis, la CIPEL étudie la possibilité de mettre en place un marnage plus fréquent pour favoriser les écosystèmes littoraux[127]. Les roselières ainsi que certains oiseaux comme les limicoles ou les oiseaux d'eau en migration pourraient bénéficier d'un marnage plus régulier. Certains végétaux, aujourd'hui disparus comme la littorelle pourraient réinvestir les rives du lac. Cependant un impact négatif n'est pas exclu concernant notamment les invertébrés benthiques.
Au XIIIe siècle, les comptes de la châtellenie de Chillon mentionnent l’existence d’une galère appartenant au prince de Savoie[136]. Depuis cette période, jusqu’en 1720, des galères naviguent sur le Léman pour le compte de la Savoie, de Genève et de Berne[137]. En référence à cette époque, une réplique de galère a été construite à Morges et navigue actuellement sur le Léman.
Dès le XVe siècle, les archives de Savoie mentionnent la présence de barques sur le Léman. Largement inspirées par l’architecture des galères qui les ont précédées sur le lac, les barques du Léman sont de grands bateaux à voiles latines. Leur principale période d’activité est le XIXe siècle et le début du XXe siècle où elles transportent souvent des chargements de pierres depuis les carrières de Meillerie vers Genève[138]. Actuellement cinq barques du Léman naviguent sur le lac : deux barques préservées et trois répliques[139],[140].
À partir du 18 juin 1823, pour la première fois en Suisse, un bateau à vapeur fait son apparition : le Guillaume Tell[141]. Construit par une entreprise bordelaise avec un moteur venant d'Angleterre, sa mise en service est l’œuvre du consul américain Edward Church, qui y voyait un moyen de promouvoir cette invention de son compatriote Fulton. Avec ses 23 mètres pour 200 places et une vitesse de 13 km/h, il permet de relier Genève à Lausanne en 6 h, à comparer avec la journée de voyage nécessaire pour faire le trajet en diligence dénommée malle-poste avec une dizaine de personnes à bord[142].
Cette innovation rencontre un grand succès et voit apparaître des concurrents. En 1824, les Genevois mettent en service le Winkelried tandis que les Lausannois lancent le Léman (500 places, 18 km/h) en 1826[141]. Le « Guillaume Tell » quitte le service en 1836 pour laisser la place à des bateaux plus grands et plus rapides avec une coque en fer et non en bois. C'est la grande époque des bateaux à vapeur qui ne commence à s'achever qu'avec l'arrivée progressive des trains à partir de 1855. Ce nouveau concurrent pousse les sociétés de navigation à s'entendre, ce qui aboutit finalement à la fondation de la compagnie générale de navigation (CGN) en 1873[143].
La CGN continue encore aujourd'hui d'exploiter à la belle saison une flotte de bateaux à vapeur datant du début du siècle dernier, ainsi qu'en toutes saisons, une flotte moderne remplissant une mission de service public en assurant de multiples liaisons quotidiennes entre les villes suisses de Lausanne et Nyon et les villes françaises d'Évian, Thonon, Yvoire et Chens.
En 1885, la Société internationale de sauvetage du Léman (SISL) est créée. Cette association a pour but de secourir les navigateurs en difficulté. Actuellement, elle compte 34 sections, réparties autour du lac, qui disposent toutes de moyens de sauvetage modernes.
Le , le vapeur L'Helvétie heurte de son étrave un radeleur (barque à fond plat permettant la prise en charge des passagers et de la marchandise) qui se dirigeait vers le bateau. L'embarcation chavire et les seize occupants se noient[144]. L'accident se produit dans le cadre de la lutte acharnée que se livraient les différentes compagnies de navigation avant la création de la CGN en 1873. L'Helvétie part en effet en retard de Genève en raison d'une forte bise. À l'approche de Villeneuve, le capitaine constate que L'Aigle est déjà à quai l'obligeant à accélérer pour espérer le rattraper à Nyon. L'ambiance survoltée est par ailleurs renforcée par la présence d'une fanfare jouant sur le pont. L'Helvétie arrive ainsi à pleine vitesse et en fanfare à Nyon, double L'Aigle mais embroche dans sa course le radeleur qui devait l'aborder par tribord en passant devant le bateau. La fanfare qui joue alors à la poupe monopolise l'attention des passagers qui ne remarquent par le chavirage du radeleur et dont le bruit couvre les cris des naufragés. Dans le même temps, l'équipage est occupé avec le second radeleur venu par bâbord. Le capitaine de L'Helvétie et son pilote sont condamnés respectivement à 5 et 6 mois de prison pour négligence et imprudence. De son côté la presse réclame la construction d'embarcadères dans les ports et une responsabilisation des capitaines.
Le , le vapeur L'Hirondelle s’échoue sur des récifs, au lieu-dit La Becque, à 200 mètres du rivage, devant la commune de La Tour-de-Peilz. Le navire sombre entièrement le 30 juillet, à la suite d'une tempête nocturne[144]. L'Hirondelle est le premier vapeur métallique entièrement construit en Suisse par les ateliers Escher, Wyss & Cie à Zurich en 1855 et navigue sur le lac dès août 1855. Parti de Genève, le vapeur accoste à Vevey où embarquent 200 passagers qui se rajoutent aux 150 passagers déjà à bord. À hauteur de la pointe de la Becque, le timonier remplaçant Visinand[145] manœuvre L'Hirondelle pour éviter la barque Jeanne d'Arc mais se rapproche dangereusement du rivage. Le capitaine du navire est alors occupé à distribuer les billets aux passagers embarqués à Vevey tandis que le pilote s'occupe des bagages. En raison d'une méconnaissance des fonds et d'une visibilité réduite par la foule présente sur le pont, le timonier ne peut éviter les rochers présents le long du rivage. Le bateau s'enfonce jusqu'au tambour en moins de deux heures. Les passagers et les marchandises sont secourus indemnes par la Jeanne d'Arc et plusieurs bateaux de pêcheurs et sont débarqués à La Tour-de-Peilz. Malgré plusieurs tentatives de renflouage et de remorquage, L'Hirondelle sombre définitivement le 30 juillet vers 2 h 30 du matin. L'épave gît aujourd'hui à 42 m de profondeur au large de La Tour-de-Peilz tandis que sa poupe descend à 58 m[146]. Hasard de la navigation, la barque Jeanne d'Arc finira par couler en novembre 1863 après avoir heurté le vapeur Le Simplon[145].
Le , le yacht à vapeur « Le Nemo » sombre vers 19 h 30 à la suite d'un fort coup de vent sur le lac à environ 7 km de la Suisse[144]. Le bateau à fond plat, propriété de William Marcet, médecin à Yvoire, était conçu en Angleterre pour naviguer sur la Tamise. Le médecin revenait d'une réunion de médecins à Lausanne depuis Ouchy. Le médecin, un petit garçon et un mécanicien ont juste eu le temps de monter à bord d'un canot de sauvetage avant qu'une énorme vague remplisse le bateau. Aujourd'hui, l'épave gît à 300 m de profondeur au large de Lausanne[147].
Le , en raison d'une faible visibilité liée à des conditions météorologiques dégradées (pluie torrentielle et fort vent), le Cygne éperonne le cargo mixte Rhône. Le flanc bâbord du Rhône sur l'avant du tambour est transpercé par la proue du Cygne[144],[148]. Le Rhône coule à 3-4 km d'Ouchy et 11 victimes sont à dénombrer. La collision a lieu au large d'Ouchy en fin de journée. Le Rhône quitte Évian vers 17 h 15 en direction d'Ouchy tandis que le Cygne avec à son bord une dizaine de passagers effectue le trajet en sens inverse mais se déroute vers Thonon en raison de l'état du lac. Pour une raison inconnue, le Cygne effectue une manœuvre soudaine sur la gauche qui le conduit à éperonner Rhône par bâbord. Le choc entraîne l'extinction des lumières sur le Cygne, tandis qu'une importante brèche se forme à hauteur du salon de seconde classe Rhône. Les deux bateaux restent encastrés pendant quelques minutes et les passagers du Rhône en profitent pour sauter à bord du Cygne malgré la confusion à bord. Lorsque le Cygne se dégage, l'eau s'engouffre dans l'immense brèche et le Rhône coule en glissant sous le Cygne dans un immense tourbillon. Seulement 5 minutes séparent l'abordage du naufrage. Parmi les onze victimes, se trouve la mère et la sœur du capitaine du Cygne qui avaient préféré prendre le Rhône plutôt que d'attendre l'arrivée du Cygne en raison de la météo. Le Cygne rejoint Ouchy vers 18 h 15 en marche arrière, l'étrave enfoncée. La cloison étanche lui permettra d'atteindre le quai malgré les nombreuses fuites d'eau. Le capitaine du Cygne, M. Gopp, sera arrêté le lendemain puis acquitté en mars 1884 car il aurait respecté les règles de navigation. Des voix s'élèvent néanmoins pour demander une clarification des règles de navigation en matière de croisement : en effet, les règles vaudoises, genevoises et françaises étaient en contradiction[149]. Le capitaine du Rhône, Alexandre Lacombe, deviendra directeur commercial de la CGN en 1896. L'épave repose à 300 m de profondeur entre Lausanne et Évian[150] et la cloche fut remontée en accord avec les autorités vaudoises et est depuis exposé au Musée du Léman à Nyon[151].
Le à 12 h 5, la chaudière du Mont-Blanc II explose lors du débarquement de ses passagers à Ouchy faisant 26 victimes[152]. À la suite d'importants travaux, le navire est rebaptisé La Suisse I et reprend son service commerciale en 1893[153].
Le , la mouche à marchandises Ville d'Évian arrive au débarcadère de Nyon chargée de 24 tonnes de marchandise. Elle est alors prise par le travers sous une rafale de vent, une partie de son fret basculant sur tribord. En raison de la gîte marquée, l'eau pénètre par les hublots restés ouverts et le Ville d'Évian coule à 5 mètres du quai par 30 mètres de fond. Alors que six membres d'équipage ont été sauvés, un matelot a sombré avec le bateau, qui sera renfloué entre le 16 et [154].
Le , le bateau-promenade La Fraidieu fait naufrage dans la baie de Saint-Disdille près de Thonon-les-bains, causant ainsi la mort de 24 personnes, en majorité des orphelines qui étaient alors en colonie de vacances. La cause du naufrage a principalement été attribuée à la surcharge du navire conçu pour transporter 50 personnes et qui en transportait 58 (mais essentiellement des enfants), mais après expertise, il semble que le navire était vétuste et sa coque présentait des fissures[155],[156].
Le à 16 h 55, la vedette à moteur, la Sainte-Odile chavire à 200 m du port d’Yvoire, tuant sept personnes. Malgré une météo se dégradant avec l'apparition de Joran, les signaux clignotants d'alarme suisse[j] et une bonne expérience du lac, Fernand Raymond quitte l'embarcadère avec 25 passagers à bord et se fait surprendre par deux lames qui font chavirer le navire en quelques minutes par 4,5 m de fond[158]. Les passagers n'avaient par ailleurs pas montré d'inquiétude[159]. Les témoins de la scène dont le comte Berthier de Sauvigny et le futur maire d'Yvoire, Jean-François Kung[160], récupèrent les naufragés. Le maire de l'époque, Paul Jacquier, sentant venir la catastrophe, avait même prévenu 10 minutes avant le sauvetage, les pompiers et les gendarmes et parlera par la suite d'inconscience. De même le pilote du Rhône de la CGN indiquera au tribunal : « Ils sont gonflés de sortir sur cette petite embarcation par le temps que l'on voit va avoir ». À la suite de ce second naufrage, moins d'un an après celui de La Fraidieu, le sous-préfet de l'époque, Henri Baud, réuni la semaine suivante les seize communes lacustres, les représentants des sections de sauvetage, des sociétés nautiques, des pêcheurs et des loueurs de bateaux[161]. Dès 1971, les sauveteurs français reçoivent trois vedettes équipées de deux moteurs de 120 CV (Léman I, II et III) et six embarcations légères d'intervention rapide. Les règles de navigation en eau douce sont aussi renforcées en France, sur proposition du sous-préfet, par le décret du [162],[163] entrainant le retrait de plusieurs navires.
Le , un bateau de plaisance de cinq mètres de long percute un rocher au large d'Yvoire. Ses cinq occupants sont récupérés par les sapeurs pompiers français[164].
Les Bains des Pâquis sont une installation de bains publics située sur le môle de la rive droite du Léman qui protège la rade de Genève, à la hauteur du quartier des Pâquis.
Cet équipement, créé en 1872, abrite le siège de l'Association des usagers de Bains des Pâquis (AUBP) et du Sauvetage de Genève. Cette association, créée en 1987 a pris la décision d’ouvrir les bains tout l’année[165].
Créé en 1932, Genève-Plage est un parc de 42 000 m² qui héberge une piscine publique et une plage située sur le territoire de la commune de Cologny, dans le canton de Genève.
Les bains de Bellerive à Lausanne est la plus grande piscine au bord du lac. D'autres piscines avec accès au lac sont présentes dans les villes de Nyon, Morges, Pully, Corseaux, Villeneuve.
Centre nautique à Évian-les-Bains
Le Léman comporte plus d'une centaine de ports répartis sur le littoral lacustre. Si la plupart sont gérés par les collectivités publiques, certains sont opérés par des structures privées comme des sociétés nautiques (Port de la Nautique à Genève) ou des coopératives. L'Office des Nations unies à Genève gère aussi sa propre installation portuaire (UN Port) à l'extrémité nord de Genève[166]. Le port du Vieux-Rhône est le seul port à ne pas être situé sur la rive du lac mais le long du Vieux-Rhône.
Canton / Département | Port | Capacité | Ville |
---|---|---|---|
Genève | Port de la Nautique | 1 000 | Cologny |
Haute-Savoie | Port des Mouettes | 850 | Évian-les-Bains |
Genève | Port-Choiseul | 800 | Versoix |
Haute-Savoie | Port de Plaisance de Rives | 798 | Thonon-les-Bains |
Valais | Port du Bouveret | 786 | Port-Valais |
Vaud | Port de Vidy | 750 | Lausanne |
Vaud | Port d'Ouchy | 745 | Lausanne |
Genève | Rade de Genève - Rive gauche | 700 | Genève |
Genève | Port-Noir | 437 | Genève |
Haute-Savoie | Port de Plaisance d'Yvoire | 430 | Yvoire |
Environ 20 000 embarcations sont amarrées au bord du lac, pour ce qui concerne la plaisance, les déplacements et la pêche. Selon une enquête effectuée par les services cantonaux de navigation et publiée en 2017, 40 % des bateaux amarrés dans les 70 ports ne naviguent jamais et un certain nombre d'autres bateaux sortent « rarement à très rarement »[168].
Un service de bateaux à aubes (dont la flotte est appelée Belle Époque), dessert depuis le XIXe siècle les principales localités entourant le lac. Sa gestion est confiée à la Compagnie générale de navigation sur le lac Léman (CGN).
La mission de la CGN est l'exploitation commerciale des moyens de transport sur le Léman, l'entretien, la conservation et l'exploitation des bateaux. En plus de sa flotte, la CGN possède un chantier naval à Lausanne, à proximité du port.
La flotte comprend 5 bateaux à vapeur et à roues à aubes, 3 bateaux à propulsion Diesel-électrique et à roues à aubes, 5 bateaux « modernes » sans roues à aubes, 4 vedettes et 2 navibus.
La Société des Mouettes genevoises (SMGN-SA) exploite un réseau de quatre lignes lacustres naviguant sur le Léman, au niveau de la rade de Genève. Cette société gère six bateaux peints en rouge et jaune, couleurs de la ville de Genève. D'ici la fin des années 2010, deux des trois bateaux en bois seront remplacés par des bateaux à propulsion électrique
On peut également naviguer à l'ancienne avec des barques traditionnelles (dites aussi barques de Meillerie du nom d'une carrière et de son port), mais les missions de ces navires historiques sont plus liées à l'activité touristique et au devoir de mémoire locale qu'au transport de biens ou de personnes. Aujourd'hui, cinq barques sont en circulation et se destinent à la plaisance, dont La Neptune, construite en 1904, restaurée en 2004, la Vaudoise (ex la Violette, construite en 1932), la Savoie, réplique d'un navire en 1896, construite en 2000, l'Aurore, copie d'une cochère gingolaise et construite, elle aussi, en 2000 et La Demoiselle, également dénommée « barque des enfants » est la réplique, à l'identique, d'un bateau construite à Vevey en 1828 et portant le même nom[169].
L'installation d'une société de bateaux volants électriques assurant un service de taxi dénommés Sea Bubble est prévue à Genève entre les deux rives du lac.
Depuis avril 2018, une ligne pilote est en test pour une durée initiale de trois à neuf mois. Ce projet a reçu le soutien du département des transports du canton de Genève[170].
La phase de commercialisation pour une livraison des engins était envisagée au premier trimestre 2019[171].
À la fin de 2019, aucune demande d'homologation n'avait été transmise au Canton de Genève.
Toutefois, Alain Thébault rêve toujours de voir flotter un jour ses « SeaBubbles » sur les eaux bleues du lac. Il réaffirme le 16 octobre 2019, son intention de déployer ses navires au printemps 2020[172].
L'élaboration du navire dénommé Évian One, puis sa construction s'inscrit dans le cadre du plan de développement engagé par un complexe hôtelier d'Évian. Il s'agit d'un catamaran équipé de deux moteurs de 330 chevaux avec des coques profilées, afin d'obtenir le meilleur aérodynamisme possible. Les clients du complexe hôtelier peuvent rallier l'aéroport de Genève en cinquante minutes au lieu d'une heure et trente minutes par la route[173].
Quatre sous-marins ont plongé dans le Léman : le mésoscaphe Auguste Piccard (lors de l'exposition nationale suisse de 1964), le F.-A. Forel (mis à l'eau en 1979) et les sous-marins russes Mir 1 et Mir 2 en 2011[174],[175].
Le sous-marin F.-A. Forel est toujours visible, car il a été cédé à la Fondation de « La Maison de la Rivière », situé à Tolochenaz, par l'ingénieur Jacques Piccard, en novembre 2006, et reste une pièce de la collection permanente de ce musée situé à proximité immédiate du lac[176].
En 2018, un robot planeur sous-marin élaboré aux États-Unis va sonder les tourbillons du Léman, afin de permettre aux chercheurs locaux de l'école polytechnique fédérale de Lausanne, de pouvoir collecter des données inédites qui permettront de mieux comprendre l’impact du gyre sur la structure tridimensionnelle de l’écosystème aquatique lémanique[177].
La pratique de motomarine (ou jet-ski) sur les eaux lémaniques a été interdite par les autorités fédérales suisses depuis le février 2019[178].
Côté français, le préfet de Haute-Savoie affirme dès juin 2018 vouloir faire interdire totalement cette pratique dès l'année 2019[179].
L'interdiction est effective sur l'ensemble du lac depuis le 1er juin 2019[180].
Pour stimuler le développement de l'aviation à Genève alors balbutiant, la société Perrot Duval, spécialisée dans la motorisation, offre en 1909 un prix de 5 000 Frs au premier pilote capable d'effectuer une traversée aérienne du Léman dans sa longueur (80 km)[181]. La traversée est alors considérée comme un exploit car elle s'effectue un an après la première traversée de la Manche par Louis Blériot, alors moitié plus courte (35 km), et la topographie autour du lac restreint les zones d’atterrissage sur la rive gauche. Le défi est cependant rapidement réalisé par les frères Henri et Armand Dufaux le [182], après s'être inscrit le [181].
La traversée est effectuée par Armand Dufaux, son frère Henri ne sachant pas nager, à bord d'un Dufaux 4 de leur conception. L'avion est équipé de 35 flotteurs construits à partir de vessies de cochon qu'ils achètent dans les charcuteries de Genève. La tentative est initialement annoncée pour le mais elle est reportée pour le en raison d'une avarie moteur, soit après le meeting de Viry qui a lieu du 14 au [181].
Le vol débute depuis Noville à « 5h44’59’’3/5 » d'après le chronomètre des commissaires[181]. Le décollage a lieu sur une zone marécageuse empêchant un roulage trop important au risque de s'embourber. Armand Dufaux vole à 30-50 m au-dessus du lac mais doit dès le début gérer des trous d'air qui le menace de s'écraser dans le lac d'autant plus qu'il n'est pas sanglé. La plaque protectrice de celluloïd qui lui sert de pare-brise s'envole ensuite et, dépourvu de lunettes, reçoit le vent, les gaz d'échappement et l'huile moteur en plein visage. Armand Dufaux traverse la ligne d'arrivée virtuelle Versoix – Bellerive, signalé par un coup de canon tiré depuis Bellerive, les yeux brûlés par l'huile de ricin mais il lui faut encore atterrir sur la rive pour gagner le prix. Il effectue un virage sur la droite qui le rabat encore plus vers le lac en raison du couple moteur. Son moteur commence alors à faiblir et l'avion perd le peu d'altitude qui lui reste. Il atterrit comme prévu au lieu-dit la Gabiule, sur la commune de Collonge-Bellerive, entre deux poteaux télégraphiques, à « 6h41’06’’2/5 » soit un parcours de 66 km réalisé en « 56’06’’ 4/5 ».
Grâce à cet exploit, Armand Dufaux supplante le record de durée de vol au-dessus des eaux de Louis Blériot dont la traversée de la Manche avait été effectuée en 37 min. Un monument, conçu par Maurice Sarkissof, est inauguré à l'emplacement de l’atterrissage le à l'initiative des amis des frères Dufaux et du Club Suisse d'Aviation[181]. Le monument sera ensuite déplacé en 1932 (46° 15′ 50″ N, 6° 12′ 21″ E) dans une rue qui sera nommée en l'honneur du pilote à la suite de son décès en 1941. Aujourd'hui un monolithe marque toujours l’atterrissage.
Aucune période de fermeture annuelle de la pêche n'est imposée pour le Léman, il existe cependant des périodes de protection selon les différentes espèces de poisson. L'application d'un concordat entre la France et la Suisse permet que ces limitations soient les mêmes dans ces deux pays. Un permis de pêche est obligatoire pour pécher sur le plan d'eau. La pêche sans permis peut être autorisée mais à condition de pécher au bouchon fixe et avec une limite d'une ligne par personne[183].
En 2015, selon le site de presse économique français La Tribune, 132 pêcheurs professionnels étaient en activité sur le lac. Selon ce même site, la profession génère une centaine d'emplois, tous liés à la transformation du poisson[184].
En 2007, au total 1,2 million d'ombles chevaliers (de 5 à 9 mm) et 500 000 truites (de 5 à 10 mm) ainsi que des féras ont été lâchés autant du côté français que suisse, mais, selon l'INRA, « la reproduction naturelle a repris le dessus, grâce à la meilleure santé du lac qui offre une qualité de planctons accrue ». Cependant, « le brochet, grand prédateur du lac, fait des ravages » en particulier chez l'omble chevalier et la truite. Du coup, les captures de cette espèce sont passés en quelque temps de 4 tonnes avec un but de 50 tonnes par an, mais cela ne semble pas suffire.
Selon le site de l'université de Genève après une forte augmentation consécutive à ce repeuplement intensif, les captures d’ombles chevaliers dans le Léman sont en constante diminution depuis les années 2000[185].
Saint-Gingolph s'est fait connaitre à partir des années 1920 pour sa production de fausse perles imitant le rendu d'une perle naturelle. Elles étaient réalisées à partir du broyage des écailles d'ablette qui ont la particularité d'exploiter la brillance de leur écaille comme camouflage. Le produit à la texture pâteuse et à l'éclat scintillant était autrefois dénommée essence ou brillant d'Orient[186]. Des perles en porcelaine sont ensuite plongées dans cette solution mélangée à du collodion pour obtenir le résultat final.
À l'origine, au début du XXe siècle, la confection de ces perles s'effectuait à Paris qui comptaient alors plusieurs ateliers de conception de fausses perles et nécessitaient l'importation de brillant d'Orient d'Allemagne. L'avènement de la Première Guerre mondiale entraine l'arrêt des approvisionnements et obligent les fabricants parisiens à se tourner vers la pisciculture de Thonon-les-Bains. La demande élevée (10 kg d'écaille d'ablette par jour[k]) et le prix élevé (jusqu'à 120 Francs le kilo en 1919) génère une ruée des pêcheurs entre Saint-Gingolph et Neuvecelle. Ces derniers capturaient les poissons au moyen d'une seine à petite maille pour ne pas les abimer. La technique, dénommée l'aéroplane, était interdite mais les autorités fermaient les yeux pendant la guerre. Le brillant d'Orient était ensuite envoyé en barrique à Paris par train. Le reste du poisson était ensuite vendu comme sardine ordinaire ou rejeté dans le lac[l]. Parallèlement, des ateliers de confections de perles apparaissent à Saint-Gingolph, Meillerie et Thonon-les-Bains mais seul ceux de Saint-Gingolph (la Perle de Saint-Gingolph, la Perle du Lac, la Perle Orion et la Perle du Léman) réussissent à subsister. L'ouverture des frontières ainsi que le développement de nouvelles techniques entrainent leur fermeture définitive en 1974 et sauve par la même occasion l'ablette de l'extinction. L'activité reprend au début des années 2020 avec l'ouverture de la Fabrique des Perles du Léman[187]. Son procédé de fabrication se distingue par l'absence de recours à des substances toxiques en recourant à des polymères à base de coton et reposent sur l'extraction de nacre depuis divers poissons (féra, gardon et perche)[188].
La Société Internationale de Sauvetage du Léman (SISL) est une organisation franco-suisse à but non lucratif ayant pour but le sauvetage sur le lac. Formée de 2 200 membres bénévoles, elle est active depuis 1885. Elle est organisée en 34 sections, qui ont chacune la responsabilité d'un poste de sauvetage[189].
En avril 2017, la SISL dispose de 25 unités d'intervention (embarcations de sauvetage sans cabine) et 27 vedettes (embarcations de sauvetage avec cabine)[190].
Le flotte historique et traditionnelle des canots à rames représente 43 unités, pour la plupart entièrement en bois. Ces canots sont utilisés pour les entraînements et les courses à la rame.
Le lac est équipé d'un réseau de phares alertant les usagers du lac, souvent deux heures à l'avance, de l'imminence d'un probable coup de vent ou orage. Au nombre de 22, ils sont disposés tout autour du lac regroupés dans trois zones d'alerte : le Haut Lac (Vevey, La Tour-de-Peiz, Montreux, Villeneuve, Le Bouveret, et Meillerie), le Grand Lac (Rolle, St-Prex, Morges, St-Sulpice, Vidy, Ouchy, Pully, Lutry, Cully, Evian, Thonon et Excenevex) et le Petit Lac (Genève, Versoix, Nyon et Nernier)[191].
Selon l'article 40 Signaux d’avis de tempête de l’ordonnance sur la navigation dans les eaux suisses « L’avis de fort vent (feu orange scintillant à environ 40 apparitions de lumière par minute) attire l’attention sur le danger de l’arrivée de vents dont les rafales peuvent atteindre 25 à 33 nœuds (env. 46 à 61 km/h), sans indication précise de l’heure. Il est émis aussi tôt que possible. »
« L’avis de tempête (feu orange scintillant à environ 90 apparitions de lumière par minute) attire l’attention sur le danger de l’arrivée de vents dont les rafales peuvent dépasser 33 nœuds (env. 60 km/h), sans indication précise de l’heure. »[192].
Le lac est lié à l'organisation de nombreuses compétitions sportives, notamment dans le domaine nautique, mais aussi des épreuves d'autres sports pratiqués sur ses berges. Ses rives accueillent de nombreux triathlons dont notamment à Lausanne[193], à Thonon-les-Bains[194] et à Genève[195].
La motomarine, bien que sujette à désaccord, est interdite sur l'ensemble du Léman en vertu d'un accord entre la France et la Suisse[196].
Le siège du Comité international olympique est situé au bord du Léman au château de Vidy et son musée longe le quai d'Ouchy, à Lausanne.
Depuis 1972, le tour du lac Léman à l'aviron à la rame est organisé chaque année par la Société nautique de Genève. Il s'agit de la plus longue course d'aviron au monde puisque ce ne sont pas moins de 160 km qui sont parcourus le long des côtes en une seule étape.
Il y a plusieurs compétitions comme la traversée internationale du lac Léman à la nage (Lausanne - Evian) de 13 km[201], la Traversée de Montreux-Clarens à la nage de 1,8 km[202], la Traversée du lac de 1,8 km à Genève[203], toutes en été.
La Coupe de Noël, créée en 1934, Les participants devant parcourir la distance de 100 mètres dans une eau avoisinant les 6 °C en décembre à Genève[204].
Bien qu'il paraisse relativement difficile de déterminer les sites à retenir pour donner une approximation de la fréquentation touristique du Léman, il reste toutefois possible, d'après une étude de 2001 de l'Observatoire national du tourisme (ONT), de connaitre la fréquentation touristique liée au lac pour la Suisse était de 1 550 000 personnes en 1999[205].
En ce qui concerne la France, il était indiqué pour l’année 2001 une fréquentation dans les pays du Léman représentant 16 % des nuitées du département de la Haute-Savoie[206]. Le nombre de nuitées en hôtels et campings cette année-là ayant été d'environ 4 500 000[207], cela représente donc quelque 720 000 nuitées.
Le sentier de grande randonnée GTA (Grande traversée des Alpes), créé au début des années 1970, commence à Saint-Gingolph, au bord du Léman, au niveau de la frontière franco-suisse.
Fondé et inauguré le par maître Edgar Pelichet, le musée du Léman se situe à Nyon, en Suisse dans le canton de Vaud, face au port de plaisance[208].
Constamment agrandi, le musée du Léman présente tout ce qui est trait au lac Léman. Des aquariums géants présentent la faune piscicole du lac. Ce musée couvre une surface de 1 000 m2 d’expositions permanentes et temporaires auxquelles s’ajoutent des locaux administratifs et techniques[209].
Ce petit écomusée local, situé dans le petit quartier portuaire de Thonon-les-bains, dénommé Rives, a été créé en 1987. sa vocation est d'être un lieu de mémoire à l'égard des professionnels de la pêche au Léman[210].
Des barques, mais aussi des moteurs, nasses et filets, outils anciens ou actuels, sont exposés, offrant ainsi une image la plus exhaustive possible de l'organisation de la pêche en pays lémanique. Un diaporama vous présente leur vie et leur activité au fil de l'année, en toute saison.
Outre les grandes villes du bassin lémanique dont Genève et Lausanne, on trouve sur la Riviera vaudoise le château de Chillon dans son cadre romantique unique popularisé par La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau et Le Prisonnier de Chillon de Lord Byron. Les sites présentés ci-dessous sont situés à proximité immédiate de la rive lémanique :
Le lac comprend également de nombreuses plages, notamment dans les grandes villes côtières. Depuis juin 2018, une nouvelle plage publique située dans le quartier des Eaux-Vives, près du centre de Genève, est accessible gratuitement. Celle-ci s’étend sur environ 400 mètres sur la rive du lac et peut accueillir jusqu'à 8 000 baigneurs[213].
Il s'agit d'un projet de mise en place d'une traversée routière du Léman en amont de la ville de Genève (Suisse).
De nombreuses propositions de ponts ou de tunnels, sur des tracés situés plus ou moins loin de la ville, ont été successivement conçus depuis 1896[214], puis au cours du XXe siècle.
Confirmée par une étude cantonale menée entre 2008 et 2010, l'utilité de la traversée du lac a été inscrite au plan directeur cantonal 2030 en septembre 2013[215]. En mars 2019, Le Grand Conseil a accepté un crédit de 6,3 millions de francs pour financer la première tranche d'études. Ayant reçu de vives critiques de la part de l'opposition locale, sa réalisation qui est conditionnée par le feu vert de la Confédération n'est pas prévue avant 2040[216].
Comme toute étendue d'eau de grande superficie, c'est tout d'abord cet élément qui va occuper la première place dans la mythologie lémanique et dans ses mystères[217]. Selon la Chronologie du Pays de Vaud, écrit de Jean-Antoine Laurens da Monti-Bourboni[218] qui date de 1614, on peut découvrir le nom d’un certain Lemannus, fils du troyen Pâris, qui se serait installé sur les rives du lac et lui aurait ainsi donné son nom. L'ouvrage dénommé L'histoire de l'État et de la ville de Genève, édité en 1682 relate une légende assez similaire en indiquant, en outre, que ses sujets se rebellèrent contre lui, le chassèrent et tuèrent un de ses fils[219].
Selon une légende basée sur le célèbre personnage créé par l'écrivain François Rabelais, le géant Gargantua aurait créé le lac pour étancher sa soif, mais, il serait aussi à l'origine de la création du Salève, qui correspondrait au remblai de terre créé par le creusement du fond lac par le géant[220].
Selon Grégoire, évêque de Tours qui rapporta dans son ouvrage dénommé Les Sept Livres des Miracles, « il y a dans le lac Léman des truites si grosses qu'elles pèsent jusqu'à cent livres »[221].
Si on considère le nombre de naufrages répertoriés[222], il n'est pas trop étonnant que des histoires plus ou moins inventées puissent être évoquées quant à l'existence possible d'un trésor immergé, notamment au sujet d'un navire ayant fait naufrage alors qu'il transportait des collecteurs d'impôts. Un stock d'armes datant de la Seconde Guerre mondiale reposant au fond du lac, côté français, est également évoqué sur le site du journal savoyard Le Messager.
Le tableau La Pêche miraculeuse (1444), de Konrad Witz, illustre de manière très précise le paysage bocager du Petit lac, c'est-à-dire de l'extrémité occidentale du Léman. On y voit au loin les Voirons, le Môle et le mont Salève. Il s'agit-là du « premier portrait topographique » de la peinture médiévale, c'est-à-dire le premier tableau, dans l'histoire de l'art, intégrant une scène biblique dans un paysage réel réaliste[223].
Un tableau, signé Théophile Steinlein, aquatinte peinte vers 1830, représente le château de La Tour-de-Peilz[224].
Camille Corot a représenté à plusieurs reprises la ville de Genève et le lac[225]. Le Quai des Pâquis à Genève, vers 1842, est conservé au Musée d'art et d'histoire de Genève[226].
Ferdinand Hodler s'installe au 29 quai du Mont-Blanc à Genève, où il peindra de nombreuses toiles de la vue qu'il avait de son balcon, face au lac. Il a aussi peint le lac au pied du Grammont[227]. Il est mort le à Genève, laissant derrière lui quelques peintures inachevées des paysages représentant le Lac Léman et la chaîne du Mont-Blanc[228].
L'œuvre de Gustave Courbet est un cas particulier de la peinture paysagère lémanique : en 2017, un tableau dénommé la Vue du lac Léman, appartenant au musée municipal d'art et d'histoire de Granville, avait été « oublié » dans les réserves du musée depuis la Seconde Guerre mondiale. Le tableau est exposé dans ce musée depuis le [229]
De nombreux autres peintres tels que le français Albert Marquet, le suisse François Bocion, le japonais Fujishima Takeji, les autrichiens Hubert Sattler et Albert Rieger ont représenté le lac dans leurs œuvres.
Montreux est la principale ville liée à la culture musicale contemporaine qui soit située au bord du lac. Un festival de jazz y a été créé en 1967, mais également, des concerts y sont organisés dans le cadre du Super Pop de Montreux, label organisé par le fondateur et directeur du Festival de jazz de Montreux, Claude Nobs (1969 - 1974)[230],[231].
De 1969 à 1974, de nombreux musiciens de genre musical défileront à Montreux, devenue une capitale du rock locale dont notamment Pink Floyd, Led Zeppelin, Santana, Canned Heat, Yes, Chicago, Deep Purple et Frank Zappa[232].
Deux chansons, universellement connues, ont rendu célèbre le lac : la première est liée aux manifestations musicales de Montreux et la seconde du fait de l'existence d'un studio d'enregistrement, le Mountain Studios dont le groupe de rock britannique Queen était le propriétaire de 1979 jusqu'en 1993[233].
Parue en 1972 dans l'album Machine Head et largement connue pour son riff de guitare, la chanson Smoke on the Water, interprétée par Deep Purple, évoque l'incendie du casino de Montreux en 1971. Cette chanson dont le titre signifie en anglais : La fumée sur l'eau évoque la fumée et les flammes de cet incendie au-dessus du lac. Le nom du lac est cité dans le texte dans la deuxième strophe, sous son nom anglais.
« We all came out to Montreux
On the Lake Geneva shoreline
To make records with a mobile...//... »
Chanson du groupe Queen, A Winter's Tale, écrite et interprétée par Freddie Mercury, est sortie en décembre 1995 et est le second extrait de l'album Made in Heaven. Elle évoque le Léman, la région de Montreux, ses oiseaux et sa beauté.
« It's winter-fall
Red skies are gleaming - oh -
Sea gulls are flying over
Swans are floatin' by
Smoking chimney-tops
Am I dreaming ...//... »
On peut également citer la chanson Bicycle Race sortie en 1978., du même groupe et écrite par le même Freddie Mercury, inspiré par une étape du Tour de France à Montreux, où le groupe enregistrait l'album Jazz aux Studios Mountain[234].
« Quand le soir descend sur le lac Léman
qu'il est doux d'aller tendrement...//... »
« Encore mal éveillé du plus brillant des rêves,
Au bruit lointain du lac qui dentelle tes grèves,
Rentré sous l’horizon de mes modestes cieux,
Pour revoir en dedans je referme les yeux,
Et devant mes regards flottent à l’aventure,
Avec des pans de ciel, des lambeaux de nature ! »
Le Léman et son environnement immédiat, ont inspiré des grands auteurs et dessinateurs de bande dessinée de renommée mondiale.
Un numéro du magazine français, L'Alpe, publié par l'éditeur grenoblois Glénat et paru au printemps 2016, est entièrement consacré au lac sous le titre : Lac Léman, petite mer des Alpes[253]. Cette revue explique dans cette édition que si le Léman fut souvent évoqué au cinéma, son absence dans les images filmées s'explique généralement par le coût du tournage en Suisse ou « Tout coûte extrêmement cher » et une « côte française moins accessible ».
Néanmoins, le Léman est directement une source d'inspiration pour de nombreux films français, suisses et d'autres pays :
Ces personnalités ont contribué par leurs actions historiques, scientifiques, sportives, industrielles, sociales ou culturelles à la notoriété du Léman et de son bassin.
La Leman street à Londres n'a aucun rapport avec le lac (il s'agit du nom d'un ancien maire de Londres). La ville de Lake Geneva, située au bord du Geneva Lake dans l'État du Wisconsin, aux États-Unis, n'a, elle aussi, aucun rapport direct avec le lac franco-suisse, bien que la ville côtière de Geneva tire son nom de Genève[279].
La banque du Léman, établissement bancaire suisse créé par la Caisse d'Épargne française[280] en 2014, et dont le siège suisse est installé près de la gare de Genève[281].
En France
En Suisse
En France
En Suisse
En France
En Suisse
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