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chaine de montagne des Alpes De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le massif des Bornes est un massif montagneux des Préalpes du Nord, dans le département de la Haute-Savoie. Il est encadré au sud-ouest par la trouée d'Annecy, au nord-ouest par les collines et plateaux du Genevois, au nord-est par la vallée de l'Arve et au sud-est par la chaîne des Aravis. Constitué de montagnes et plateaux de type jurassien séparés par de profondes vallées et cluses, son plus haut sommet s'élève à 2 438 mètres d'altitude à la pointe Blanche. Au centre du massif se trouve le plateau des Glières, haut lieu de la résistance française.
Il est limité à l'est par la dépression de Thônes et la chaîne des Aravis dans laquelle on trouve les sommets les plus élevés des Préalpes du Nord, au sud-ouest par le lac d'Annecy et le massif des Bauges, et au nord par la vallée de l'Arve et le Chablais.
On peut pénétrer dans le massif par de nombreuses vallées ouvertes, qui séparent bien les différents sommets du massif :
Deux rivières importantes traversent le massif :
Sommets principaux du massif (plus de 2 000 m) hors ceux de la chaîne des Aravis :
Sommets visible d'Annecy (en plus du massif de la Tournette) :
Entre ces sommets se trouvent des plateaux peu élevés mais d'accès difficiles, comme le plateau des Glières tristement célèbre lors de la Seconde Guerre mondiale, ou le Champ Laitier.
Le massif des Bornes fait partie des ceintures de plissement-chevauchement formés par la collision alpine à partir de l'Oligocène. Il est constitué par un empilement de nappes helvétiques, dénommées nappes subalpines mais affiliées à la nappe de Morcles. Ces nappes reposent au sud sur les socles ante-triasiques de la chaîne de Belledonne et au nord, sur les unités constitutives du Jura, représentées notamment par le Salève. Le massif des Bornes chevauche les terrains de la molasse constituant le plateau des Bornes et plus largement le bassin d'avant-pays nord-alpin et, est à son tour chevauché par la nappe constituant la chaîne des Aravis. Les nappes subalpines s'étendent latéralement au-delà du massif des Bornes et constituent aussi le massif du Faucigny à l'est et le massif des Bauges à l'ouest.
En tant que ceinture de plissement-chevauchement, le massif des Bornes est constitué d'une succession de plis non-cylindriques[note 1] alignés selon un axe nord-sud. Du fait de sa position dans le coude que forme la jonction entre les Alpes occidentales et orientales, la trace axiale des plis[note 2] décrit une courbure qui varie d'un axe SO-NE sur le flanc occidental à une orientation ESE-ONO sur le flanc oriental.
Les plis anticlinaux se caractérisent systématiquement par une charpente en urgonien et dont le surcreusement peut faire affleurer les calcaires siliceux sous-jacents (chaine du Bargy, vallée de la Filière). Ils sont généralement droits voire déjetés vers le nord comme celui du Bargy. Les plis synclinaux sont plus étroits en comparaison et semblent parfois pincée entre les anticlinaux. Ils se remarquent par la présence constante des séries paléogènes représentées par les marnes à foraminifères et le grès du Val d'Illiez (flysch nord-helvétique).
Les unités observables à l'affleurement s'étendent entre le Berriasien (base du Crétacé inférieur) et le Rupélien (Oligocène) mais elles sont marquées par une importante lacune stratigraphique entre le Crétacé supérieur et l'Éocène. La séquence inférieure, notamment le Jurassique, est visible dans la vallée du Rhône, et dans une certaine mesure aussi dans le massif du Beaufortain. La succession débute par des intervalles marno-calcaires du Berriasien - Valanginien qui affleurement uniquement de manière ponctuelle à Entremont et dans le vallon du nant de Thuy. Ils décrivent un environnement de bassin dominé par des dépôts de pente. Cette séquence est recouverte par les calcaires siliceux (dénommés Kieselkalk en Suisse) du Valanginien - Hauterivien qui forment de vastes pentes herbeuses surmontées par d'importantes falaises appartenant à l'Urgonien. L'Urgonien (Barrémien - Aptien) forme l'ensemble des parois et lapiaz du massif des Bornes tels que la chaine du Bargy et le Parmelan. Ces deux unités marquent une diminution progressive de la profondeur jusqu'à son apogée avec l'Urgonien et ses récifs coralliens. Il est à son tour recouvert par les grès verts des Aravis (dénommé formation de Garshella en Suisse et de manière erronée Gault ou Gault alpin[note 3]) entre l'Aptien et le Cénomanien et qui amorce une période d'approfondissement et d'ennoiement de la plateforme carbonaté. Cette unité se distingue par la teinte sombre des calcaires et marnes en raison de la présence de glauconie. La séquence Crétacé se termine par les calcaires de Seewen (Cénomanien - Santonien) aussi décrits comme des calcaires sublithographiques en raison de leur texture très fine liée à un dépôt relativement profond (boue carbonatée).
La séquence est interrompue par une lacune stratigraphique qui s'étend jusqu'à l'Éocène et marque le passage du bourrelet frontal sur le domaine helvétique. Ce bourrelet est la conséquence de la flexuration de la croute continentale européenne qui passe alors en subduction. Il entraine une émersion du domaine helvétique et par conséquent l'érosion de la série sédimentaire[note 4]. La sédimentation reprend ensuite avec les calcaires à algues rouges et nummulites de l'Éocène qui décrivent un environnement peu profond. La progression de l'avant-fosse décrit une dernière phase caractérisée par un approfondissement avec le dépôt des marnes à foraminifères et des schistes à Meletta. La dernière phase sédimentaire correspond aux flyschs nord-helvétiques (grès du Val d'Illiez et grès de Taveyannaz) de l'Oligocène qui marque l'arrivée du front orogénique sur le domaine helvétique. Ces dernières unités sont particulièrement conservées au cœur des synclinaux du massif comme le plateau des Glières, Champ Laitier, le col des Cénises et le synclinal de Thônes. Au-delà, vers le nord, débute la sédimentation de la molasse dans le bassin d'avant-pays nord-alpin.
La bordure méridionale du massif des Bornes est défini par une vaste structure synforme qui sépare les reliefs de la montagne de Cotagne, du mont Lachat et de la chaîne du Bargy au nord-ouest, de la chaîne des Aravis au sud-est[1]. Elle est constituée d'un assemblage d'une dizaine d'unités de faible étendue[2], assimilables à des nappes de charriage, et intercalées entre l'unité des Bornes à sa base et celle des Aravis à son sommet. Ces unités sont toutes constituées par un flysch paléogène (Éocène à Oligocène inférieur) surmontant parfois une série sédimentaire d'âge mésozoïque. L'attribution paléogéographique de ces unités est incertaine pour la moitié d'entre-elles (ultrahelvétique ou valaisane) tandis que l'autre moitié est décrite comme helvétique voire subbriançonnaise pour l'une d'entre elles (unité de Roche Vieille).
Le synclinal de Thônes comporte deux klippes penniques[note 5] à ses deux extrémités : la klippe des Annes à l'est et la klippe de Sulens à l'ouest. La première correspond au mont Lachat de Châtillon et la pointe d'Almet tandis que la seconde klippe représente le sommet éponyme. Ces deux klippes appartiennent à la nappe des Préalpes médianes qui affleure principalement dans le relief voisin du massif du Chablais. La série stratigraphique est néanmoins restreinte à l'intervalle entre le Trias et le Pliensbachien (Jurassique inférieur). La klippe des Annes surmonte des flyschs allochtone à lentilles tandis que les unités de Manigod, de Natbellet et le flysch à lentille de Nantbellet servent d'interface avec la klippe de Sulens[2].
Les Bornes sont un massif particulièrement arrosé, mais les anciens redoutaient particulièrement les années très pluvieuses et froides qui étaient des années de faibles récoltes et potentiellement de famines comme en 1812.
Dès 1881, la vallée de Thônes accueille une des 172 stations météorologiques recensées dans les Alpes :
Les années de sécheresse — relative — les plus mémorables sont les années 1782, 1800, 1802, 1816, 1818, 1832, 1859, 1870, 1893, 1904, 1906, 1921, 1949, 1962, 1976, 1983, 1984, 1994 et 2003[3].
Parmi les années les plus froides : (−22,2 °C), , (−21,0 °C), (−21,2 °C), (−18,0 °C).
Au Néolithique, la grotte de La Balme-de-Thuy est occupée l'été par des chasseurs-cueilleurs.
En 1151, le seigneur Aymon de Faucigny fonde un monastère dans la vallée de Béol. Le Bienheureux Jean d'Espagne lui donnera son nom définitif ayant trouvé en ce lieu son « reposoir ». Au Moyen Âge, le seigneur des Clefs régnait sur une grande partie des Bornes. Son vaste domaine s'étendait du Reposoir jusqu'à la rive droite du lac d'Annecy.
Le , le Bienheureux Pierre Favre naît au hameau du Villaret à Saint-Jean-de-Sixt.
Dans la nuit du 21 au , les troupes françaises du général Moutesquiou envahissent par surprise le duché de Savoie, obligeant l'armée savoyarde, le roi et de nombreux fonctionnaires et membres du clergé à se réfugier au Piémont. Fin octobre, l'Assemblée des Allobroges, réunie dans la cathédrale de Chambéry déclare la fin du despotisme, la suppression des corvées et de la gabelle, la fin de la milice et la création du département du Mont-Blanc. Les Savoyards deviennent français pour 23 ans.
Dès le début 1793 et avant même l'arrêté du , mettant fin à l'exercice de la religion dans le département, la population des Aravis, très attachée à l'Église catholique romaine, ressent fortement les évènements et développe de très forts sentiments contre-révolutionnaires. Le dimanche , les paroisses s'insurgent contre les mesures antireligieuses et surtout l'établissement du tirage au sort des « volontaires » enrôlés par l'armée révolutionnaire. Les révoltés décident de faire du pont de Dingy qui commande l'entrée de la vallée de Thônes, leur première ligne de résistance. Surpris par la fusillade, la grêle de pierres et l'explosion de mines, mais aguerris, les soldats républicains réussissent à prendre le pont puis se lancent à la poursuite des insurgés dans toute la vallée. Une bataille décisive de 2 nuits et un jour s'engage dans la nuit du 7 au entre les soldats de la république et les insurgés à Morette. Le , les insurgés n'ayant plus de munitions sont obligés de se replier dans les bois et la montagne laissant la route de Thônes ouverte aux troupes françaises.
La bataille aura causé la mort de 12 insurgés, 5 autres insurgés, dont une femme, Marguerite Frichelet-Avet, seront faits prisonniers et condamnés à mort par la justice révolutionnaire. Les troupes françaises prennent la ville de Thônes, dont les habitants par milliers se sont enfuis dans les montagnes proches, et la mettent à sac. Le curé témoigne : « Les toits abattus, les portes, fenêtres, armoires brisées, tout le bétail emmené, tout le vin bu ou versé ; le pillage fut si universel qu'il ne resta ni pain, ni blé au retour des malheureux habitants [...] Toute la paroisse attendait le massacre général [...] Je ne crois pas que la terreur puisse être portée plus loin qu'elle n'était parmi le peuple [...] On se fuyait les uns des autres dans la crainte que ce fut des espions français ». Au Grand-Bornand, la population s'organise en vue de l'arrivée des troupes françaises et dans la peur d'être massacrée. Les provisions, les semailles et les animaux sont cachés dans les forêts. Des milliers de personnes aussi s'y réfugient.
L'amnistie est proclamée dès le , permettant aux habitants de regagner leurs habitations. Cependant les révolutionnaires mettent en place pour 10 années une véritable armée d'occupation avec l'obligation pour les communes de subvenir aux frais de casernement des soldats. Au total 86 insurgés seront tués par la troupe d'occupation. Le , Marguerite Frichelet-Avet est exécutée sur le Pâquier d'Annecy à l'âge de 37 ans pour son rôle dans « la guerre de Thônes ». Ses dernières paroles furent : « Je meurs fidèle à mon Dieu et à mon Roi. Vive la religion catholique ! Vive le roi de Sardaigne ! Tirez seulement. »[4].
Durant les mois suivants, l'hostilité des habitants de la vallée de Thônes grandit à l'encontre du nouveau « régime révolutionnaire » à cause des nombreuses atteintes portées à la religion catholique ; en 1794, le clocher, une « offense pour l’œil révolutionnaire » est démoli. La conscription de masse fut imposée par l'occupation française ; elle constitua une véritable saignée dans les familles et appauvrit grandement la vallée en diminuant la capacité des forces de travail.
En 1812, le massif connaît une importante famine due à un hiver très enneigé et un printemps très pluvieux, l'estive ne peut se faire qu'en août.
En 1831, trois communes du Haut, s'allient pour construire le « pont des Antérieux », aussi appelé « pont des Étroits » ou « pont de la Douane ».
En 1851, la vallée de Thônes est frappée d'une importante épidémie de variole (petite vérole).
Le Régie d’électricité de Thônes est distributeur et fournisseur d'électricité depuis 1931
En 1971, la « Coopérative des producteurs de reblochon fermier » est créée à Thônes.
En 1991, le festival international « Au Bonheur des Mômes » est créé au Grand-Bornand.
La chaîne des Aravis est souvent étroitement associée au massif des Bornes, qu'on appelle alors massif des Bornes-Aravis. Mais on rencontre également l'appellation raccourcie « massif des Aravis » pour l'ensemble du massif, peut-être un effet du marketing touristique.
Le massif bénéficie d'un enneigement exceptionnel compte tenu de son altitude moyenne. Il abrite deux stations de sports d'hiver (ski alpin et fond) avec des pistes de 900 à 2 000 m :
L'activité touristique est également très forte en été. Une des caractéristiques de ces « stations » est d'être avant tout des villages de montagne où il y a encore une forte activité agricole.
Le plateau des Glières est également un site réputé de ski de fond.
Le massif est le pays du reblochon, le fameux fromage, né à Thônes[5], et qui est fortement produit de manière artisanale dans les vallées du massif. Deux marchés importants se tiennent hebdomadairement à Thônes et au Grand-Bornand. 17 400 tonnes ont été produites en 2002 et 15 200 tonnes en 2009. On notera également une forte industrie du bois.
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