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carte du réseau routier de l'Empire romain De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La Table de Peutinger (Tabula Peutingeriana ou Peutingeriana Tabula Itineraria), appelée aussi carte des étapes de Castorius, est une copie de la fin du XIIe siècle[1] d'une ancienne carte romaine où figurent les routes et les villes principales de l'Empire romain qui constituaient le cursus publicus[2].
Ce document était également connu autrefois sous le nom de « table théodosienne »[3] (ou tabula theodosiana), nom qui fait référence à l'empereur Théodose car, selon d'Aigueperse, une copie affiche des vers écrits du temps de cet empereur[4].
Elle est actuellement conservée à la Bibliothèque nationale autrichienne de Vienne (Autriche).
Depuis 2007, elle est inscrite au Registre international Mémoire du monde de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, les sciences et la culture (Unesco), en tant que patrimoine documentaire de l'Autriche.
La table de Peutinger est une carte dessinée sur parchemin à la fin du XIIe siècle[1], qui consiste en une sorte de fac-similé d'un document de l'Antiquité romaine[5]. Elle fut découverte en 1494 par Conrad Celtis à Worms[2]. Elle porte le nom de l'humaniste et amateur d'antiquités Konrad Peutinger (1465-1547), qui la reçut en héritage de son ami Conrad Celtis en 1508[2]. Bien qu'il fût dans les intentions de Peutinger de publier la carte, il mourut avant de mener à bien cette tâche. À la mort de Peutinger, une copie de cette carte fut exécutée à la demande de sa famille, et c'est grâce à cette copie qu'Abraham Ortelius en donna l'édition imprimée[6] en 1598 à Anvers[réf. nécessaire].
On croyait la carte de Peutinger disparue : on ne la retrouva qu'en 1714, et l'année suivante elle fut remise au prince Eugène. À sa mort en 1736, l'empereur Charles VI racheta sa bibliothèque et l'intégra au fonds de la bibliothèque impériale ; la carte de Peutinger y reçut le numéro d'inventaire Codex Vindobonensis 324. En 1863, pour assurer sa conservation, la carte fut découpée en panneaux qu'on protégea de plaques de verre, remplacées en 1977 par des plaques d'acrylique[réf. nécessaire].
Elle est de nos jours conservée dans la Bibliothèque nationale d'Autriche, au sein du Département des manuscrits, autographes et fonds d'archives. Elle est encore utile aux historiens et aux archéologues[7].
L'originalité de la Table de Peutinger — unique carte ancienne représentant le réseau routier cursus publicus de l'Empire romain — lui vaut de faire partie du patrimoine mondial de l'UNESCO au titre de son inscription au Registre international Mémoire du monde en tant que patrimoine documentaire de l'Autriche, en 2007[7],[5].
La table est composée de onze parchemins conservés (le plus à l'ouest étant perdu), assemblés pour former une bande de 6,82 m sur 0,34 m[2]. Elle montre 200 000 km de routes, mais aussi l'emplacement de villes, mers, fleuves, forêts, chaînes de montagnes. La table montre la totalité de l'Empire romain, le Proche-Orient et l'Inde, indiquant le Gange et le Sri Lanka (Insula Taprobane), et même la Chine est mentionnée. La topographie, déformée, n'est que vaguement représentée. Rome est symbolisée de façon exceptionnelle[10].
La première feuille représente l'est des îles Britanniques, les Pays-Bas, la Belgique, une partie de la France et l'ouest du Maroc. On peut apercevoir sur la 4e partie la ville d'Hippone[11] (la partie sud des feuilles 1, 2, 3, 4 et 5 représente l'Algérie). L'absence de la péninsule ibérique laisse supposer qu'une douzième feuille, aujourd'hui manquante, présentait l'Espagne et le Portugal, ainsi que la partie occidentale des îles Britanniques. Le fac-similé de Konrad Miller (de) en 1887 présente une tentative de restitution de cette page manquante (partie blanche, à gauche).
Quelque 555 villes et 3 500 autres particularités géographiques sont indiquées, comme les phares et les sanctuaires importants, souvent illustrées d'une petite image.
Les cités importantes de l'empire sont au nombre de trois : Rome, Constantinople, Antioche — Elles sont signalées par un médaillon orné.
Les villes de taille immédiatement inférieure sont en nombre de six : Nicomédie (Izmit), Nicée (Iznik), Aquilée et Ravenne. Ancyre (Ankara) et Alexandrie sont représentées, mais leurs noms ne sont pas indiqués. Elles sont représentées avec une muraille d'enceinte et un nombre de tours variables, sauf Alexandrie qui est représentée par un phare.
Les autres villes sont représentées par un ou deux bâtiments[n 1].
Il faut noter que nombre de grandes villes d'aujourd'hui n'ont pas droit à cette précédente représentation, seuls leurs noms y figurent.
Le format ne permet pas une représentation réaliste des paysages, mais ce n'était pas dans les intentions du concepteur. La carte est conçue comme une représentation symbolique, à l'image des plans de transports en commun (bus, métro, RER) permettant de se rendre facilement d'un point à un autre, de connaître les distances des étapes, sans offrir une représentation fidèle de la réalité[2]. De fait, elle est considérée comme la première représentation cartographique d'un réseau.
Par contre, c'est une carte très détaillée des distances, qui sont exprimées la plupart du temps en milles romains, ou dans d'autres unités si elles étaient en cours dans une région, par exemple des lieues gauloises en Aquitaine[12]. Cela permettait d'avoir une idée assez exacte de la distance et du temps pour se rendre de n'importe quel point à un autre, même si parfois quelques liaisons ne sont pas indiquées.
Les parcours sont assez réalistes. Chaque station porte la longueur de l'étape, tandis que des vignettes signalent les villes principales, les villes thermales, etc. Nombre de ces « stations » ne correspondent pas à des villes, mais à des carrefours. Inévitablement, cette copie du XIIIe siècle comporte des erreurs de copistes. Certains noms de villes ou des distances d'étapes comportent des coquilles : Grenoble est nommée Culabone alors que le nom classique antique de cette ville est Cularone (Cularo) ; certains V deviennent II, ou inversement. De plus, l'interprétation de l'écriture médiévale a occasionné d'assez nombreuses méprises. En effet, les z ressemblent à des h (Mannert a soupçonné l'erreur sans oser la corriger) ; les t se distinguent à peine des c et des i (lesquels n'ont pas de point) ; les N majuscules ressemblent à des H, etc.[13]. Afin de faciliter l'utilisation de la Table, il est conseillé d'avoir en regard un exemplaire d'une « carte de redressement », où les stations et itinéraires de la Table sont reportés sur une carte géographique moderne. Pour la Gaule : « Carte de redressement de la Gaule pour l'intelligence de la Table de Peutinger », par exemple.
Elle est probablement basée sur la carte du monde préparée par Marcus Vipsanius Agrippa (né en 64 av. J.-C., mort en 12 av. J.-C.), un ami personnel de l'empereur Auguste. Après sa mort, la carte a été gravée dans le marbre et placée sur le Porticus Vipsaniæ, non loin de l'Autel de la Paix d'Auguste, le long de la Via Flaminia. Toutefois, c'est une version actualisée au IVe siècle qui paraît présentée. Il est possible aussi que le format d'origine ait été modifié et écrasé pour faciliter sa représentation sur parchemin.
La carte figure la Dacie, constituée au IIe siècle[2], ainsi que certaines villes de Germanie inférieure détruites au Ve siècle ou encore Constantinople qui devient capitale en 330. De plus, Ravenne y est mentionnée comme étant une capitale (érigée sous ce titre en 402), ce qui correspond à la fin de l'Empire romain d'Occident. C'est ce qui a engagé plusieurs auteurs à soutenir l'hypothèse de la "Table théodosienne", en la considérant comme un complément à la Notitia dignitatum (catalogue de l'administration de l'Empire) datant de cette époque.
Mais le substrat semble beaucoup plus ancien. On y voit la ville de Pompéi pourtant détruite en 79 par l'éruption du Vésuve. D'autres éléments (par exemple dans la Pars IV – Levant de la Ligurie) sont peut-être antérieurs à 109 av. J.-C., année de construction de la Via Aemilia Scaura, qui n'est pas indiquée sur la Table. Aucune route n'est indiquée non plus entre Pise et Luni, alors que figurent bien les Fossae Papirianae, marais situés près de l'actuelle Versilia, indiquées comme Fossis Papirianis (cf. Pars IV - Segmentum IV).
La Table de Peutinger est de ce fait une compilation de plusieurs cartes romaines, la plus ancienne antérieure à la fin du Ier siècle, qui a ensuite été mise à jour au IVe siècle et au Ve siècle[14]. L'indication de la "Francia", en tête de la Pars II, ne laisse aucun doute sur ces additions tardives.
Le manuscrit est généralement daté du XIIIe siècle [réf. souhaitée]. Il serait l'œuvre d'un moine copiste anonyme de Colmar qui aurait reproduit vers 1265 un document plus ancien.
Plusieurs hypothèses sont avancées quant à l'origine de cette Table : « simple indicateur routier destiné à guider l'utilisateur dans son déplacement d'un point à un autre », parchemin qui appartenait « à un représentant ou à un commerçant procédant à des livraisons en différents points du territoire ainsi localisés »[15].
L'original est actuellement conservé à la Bibliothèque nationale autrichienne à Vienne.
Après une première édition partielle, en 1591, sous le nom de Fragmenta tabulæ antiquæ, par Abraham Ortelius pour le compte de la maison d'édition de Jan Moretus (Jean Moret), la Table est finalement imprimée par Moretus en décembre 1598, toujours à Anvers, en 250 exemplaires.
Il existe également une copie, en noir et blanc, de la Table dans les archives de la cartothèque de l'IGN, à Saint-Mandé (Val-de-Marne). C'est un fac-similé de la « copie von Scheyb » datant de 1753. La Bibliothèque nationale de France possède également des exemplaires d'éditions plus anciennes : la Table dite d'Anvers (1598) et celle d'Amsterdam (1619).
En 1869, Ernest Desjardins édite une version française officielle[13] commandée par le ministre de l'Éducation qui se veut définitive car analysant les copies existantes. C'est l'occasion de critiquer ses prédécesseurs, notamment Scheyb (1753) et la réédition de Mannert (1824), dans lequel il relève 89 erreurs de lecture pour la Gaule, sans compter les errements de dessin et 8 omissions de voies, et 387 erreurs pour la totalité de l'Empire[17]. Il a aussi introduit une projection des données de Peutinger sur une carte moderne.
Une autre version de la Table a été réalisée par Konrad Miller (de) en 1887 (voir plus haut)[18].
Depuis la présidence autrichienne du Conseil de l'Union européenne de 2006, une copie en couleur de la Table est exposée dans le bâtiment du Conseil à Bruxelles.
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