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peintre, graveur et sculpteur français (1898-1964) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean Léon Fautrier né le à Paris et mort le à Châtenay-Malabry[1] est un peintre, graveur et sculpteur français.
Naissance | |
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Décès |
(à 66 ans) Châtenay-Malabry |
Nom de naissance |
Jean Léon Fautrier |
Autres noms |
Jean Perdu et Jean Faron (pseudonymes sous la Résistance) |
Nationalité | |
Activité | |
Formation | |
Maître | |
Représenté par | |
Mouvement | |
Distinction | 1960 Grand prix de la XXXe Biennale de Venise 1961 Grand prix de la VIIe Biennale de Tokyo |
Jean Fautrier est au début peintre figuratif, qui est avec Jean Dubuffet le plus important représentant du courant de l'art informel, suivant le critique Michel Tapié associé au tachisme, puis évolue vers l'art abstrait. Il est aussi un pionnier de la technique de haute pâte[2].
Jean Fautrier est d'abord élevé par sa grand-mère irlandaise qu'il adore. Après la mort de son père, puis de sa grand-mère en 1907, sa mère l'emmène à Londres. Il est admis à la Royal Academy en 1912 où il a comme professeur Walter Sickert[3]. En 1917, durant la Première Guerre mondiale, il s'engage dans l'armée. Il est gazé sur le front Nord. Réformé et démobilisé, il s'installe à Paris après l'armistice, en 1920 et prend un atelier à Montmartre au 6, rue Nicolet. Il quitte la butte Montmartre en 1923 et s'installe au 46, rue Hippolyte-Maindron.
Il vit avec Andrée Pierson, son premier modèle de 1918 à 1935. Entre 1920 et 1921, il voyage au travers de l'Europe et fait un premier séjour au Tyrol.
Il expose ses premiers tableaux à la galerie Visconti, puis à la galerie Fabre à Paris en 1924. Ses œuvres sont alors d'un style proche du post-expressionnisme de la Nouvelle Objectivité allemande (La Promenade du dimanche au Tyrol, ou Tyroliennes en habits du dimanche, 1921-1922, musée d'Art moderne de la ville de Paris)[4]. Il rencontre la collectionneuse Jeanne Castel qui lui achète des tableaux. En 1924, sa première exposition personnelle à la galerie Visconti est un succès. Jeanne Castel lui présente Paul Guillaume qui devient son marchand et lui verse un salaire régulier jusqu'à la crise de 1929. En 1927, il s'installe dans l'ancien atelier de Marcel Gromaire au no 20 rue Delambre qu'il quittera en 1934. Durant cette même année 1927, il réalise une série de peintures (portraits, natures mortes, animaux écorchés, nus féminins, paysages) où la couleur noire domine. En 1928, il séjourne pour la première fois sur l'île de Port-Cros dans le Var dont il peindra plusieurs fois les paysages méditerranéens. Jeanne Castel lui présente André Malraux qui lui propose d'illustrer une édition de l'Enfer de Dante pour Gallimard, projet qui n'aboutira pas.
Léopold Zborowski, s'intéresse également à son travail, et l'expose en même temps que Moïse Kisling, Amedeo Modigliani et Chaïm Soutine en 1926.
La crise de 1929 n'épargne pas le monde de l'art. En 1934, à court de ressources, Fautrier devient pendant cinq ans moniteur de ski en Savoie et gère un hôtel, un dancing à Tignes, et ouvre la boîte de nuit la "Grande Ourse"
à Val-d'Isère. En parallèle, il continue de pratiquer la sculpture avec de nombreux nus, portraits ou têtes.
Il rencontre Yvonne Loyer, qu'il épouse le . Ils divorceront le . Il se remet à peindre dès 1937 des paysages, des glaciers, des lacs de montagne, des couchers de soleil où se lit l'influence de Turner. En 1939, il part pour Marseille, Aix, et Bordeaux. Il rentre à Paris en 1940, et loge chez Jeanne Castel au 3, rue du Cirque. Il rencontre Thérèse Malvardi qui devient sa nouvelle compagne. En 1941, il prend un atelier au 216, boulevard Raspail, qui devient un lieu de réunions et de boîtes aux lettres pour la Résistance. Il participe aux salons parisiens et expose à la galerie Alfred Poyet en
Il est arrêté par la Gestapo allemande en janvier 1943 dans son atelier. Il est libéré grâce à l'intervention du sculpteur Arno Breker, à la demande de Jean Paulhan avec lequel il est très lié, ainsi qu'avec René Char, Robert Ganzo, Francis Ponge et Paul Éluard dont il illustra des œuvres. Il rejoint Chamonix, puis de retour à Paris, trouve refuge à Châtenay-Malabry dans la Tour Velléda, pavillon isolé de la clinique psychiatrique du Docteur Henri Le Savoureux à la Vallée-aux-Loups[5]. À cent mètres de son atelier, la Gestapo et la carlingue viennent déposer des corps torturés de nuit ou fusiller les résistants[6] au lieu-dit « L'Orme mort »[7]. Il commence à peindre sa série des Otages, suite de tableaux où un simple empâtement blanc et rond est entouré d'un fond vert d'eau, un simple trait rouge semblant former un nez, un œil tuméfié ou des blessures.
En 1945, les Otages sont présentés à la galerie René Drouin avec une préface d'André Malraux qui associe les tableaux au massacre d'Oradour-sur-Glane[8]. L'exposition rencontre le succès avec un thème « vibrant d'actualités », souligné par les titres de tableaux : Oradour, Massacre, Torse de fusillé, Femme suppliciée. Elle soulève aussi des interrogations, pour le critique Michel Ragon : « Chaque tableau était peint de la même manière. Sur un fond vert d’eau, une flaque de blanc épais s’étalait. Un coup de pinceau indiquait la forme du visage. Et c’était tout. » Même Malraux dans sa préface s'interroge : « Ne sommes-nous pas gênés par certains de ces roses et de ces verts presque tendres, qui semblent appartenir à une complaisance […] de Fautrier pour une autre part de lui-même ? »[9]
Jean Paulhan publie Fautrier l'enragé accompagné de gravures de Fautrier.
Jeannine Aeply, qu'il a rencontrée pendant la Seconde Guerre mondiale, devient son épouse. Ensemble ils ont deux enfants : Dominique (né en 1946) et Manuelle (née en 1947).
En 1950, Jeannine Aeply et Fautrier mettent au point un procédé de reproduction dit « originaux multiples » mêlant reproduction chalcographique et peinture. Dans les années qui suivent, Fautrier travaille à l'illustration de plusieurs ouvrages, parmi lesquels L'Alleluiah de Georges Bataille où se mêlent silhouettes, situations érotiques et fantasmes de destruction. En 1951, le critique Michel Tapié associe Fautrier dans une exposition « informelle » à Jean Dubuffet, Henri Michaux, Georges Mathieu et Jean-Paul Riopelle sous le titre de signifiants de l'informel.
En 1954, il recommence à peindre. L'abstraction pour le peintre ne veut pas dire hors de la réalité mais dans celle-ci, avec « ascèse, purge, catharsis » comme le remarque le poète Francis Ponge[10]. À Paris à la galerie Rive Droite en 1955, il expose Objets, une suite de tableaux qui sont autant de natures mortes, portraits de flacon, d'encrier, d'objets industriels, verres, pots, etc. puis en 1956 Nus avec une préface de Francis Ponge.
Dans les années 1950, Fautrier fait la connaissance de Robert Droguet (1929-2005) qui est un grand admirateur de son travail. Les deux hommes échangent une correspondance qui tourne beaucoup autour du livre Méditation ou Fautrier 43, sur lequel les deux hommes travaillent alors[11].
En réaction à l'invasion de Budapest par les troupes soviétiques en 1956, Jean Fautrier reprend le motif des Otages pour la suite des Têtes de partisans, variations sur le vers « Liberté, j'écris ton nom » de Paul Éluard.
Enfin, jusqu'à sa mort qui survient en 1964, Fautrier brosse des tableaux d'inspiration plus structurée où se superposent stries, lignes colorées et grilles à plusieurs côtés, qui reprennent les motifs de séries antérieures, nus, paysages de montagne, de Port-Cros, coucher de soleil Okhlahoma, lapins morts…
Invité d'honneur de la 33e Biennale de Venise de 1960, Fautrier y reçoit le grand prix de peinture, conjointement à Hans Hartung. Puis il reçoit le grand prix de la 7e Biennale de Tokyo en 1961. Le , Jean Fautrier signe avec Michel Couturier, pour une durée d'un an reconductible, un contrat d'exclusivité mondiale pour toutes les œuvres exécutées après 1950[réf. nécessaire]. En 1964, à l'occasion de la rétrospective que lui organise le musée d'Art moderne de la ville de Paris, Fautrier fait un don significatif d'œuvres. Il meurt le , jour prévu de son mariage avec Jacqueline Cousin qu'il a rencontrée en 1962. Il est inhumé au cimetière ancien de Châtenay-Malabry.
De 1945 à 1964, Jean Fautrier habita à L'Île Verte, propriété qu'il baptisa ainsi du nom d'un de ses tableaux, située au 34, rue Eugène Sinet à Châtenay-Malabry. Rachetée en 2003 par le conseil départemental des Hauts-de-Seine, elle fait partie de l'ensemble de verdure de la Vallée-aux-Loups, avec la maison de Chateaubriand et l'arboretum[12].
Son prix record en salle des ventes est obtenu avec 2,9 millions d'euros chez Sotheby's, à Londres en 2011 pour Corps d'otage de 1943[21]. Un grand Otage de la collection Bourdon s'est vendu pour 16,2 millions de francs en 1990 par l'étude Loudmer à Paris[22].
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