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militaire et homme politique français (1747-1827) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
François Alexandre Frédéric de La Rochefoucauld, 7e duc de La Rochefoucauld, 2ème duc d'Estissac et duc de Liancourt ([1],[2] - ) est un homme politique, militaire, scientifique, philanthrope et pair français.
François XII de La Rochefoucauld-Liancourt | |
Portrait du 7e duc de La Rochefoucauld par François-Séraphin Delpech (Château de Versailles et de Trianon). | |
Fonctions | |
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Membre de la Chambre des Pairs Pair héréditaire | |
– (11 ans, 7 mois et 10 jours) Pairie héréditaire |
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Prédécesseur | Pairie créée |
Successeur | François XIII de La Rochefoucauld |
Membre de la Chambre des pairs Pair à vie | |
– (9 mois et 16 jours) Pairie à vie |
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Représentant français | |
– (1 mois et 4 jours) |
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Élection | 9 mai 1815 |
Circonscription | Oise |
Groupe politique | Modéré |
Prédécesseur | Circonscription créée |
Successeur | Circonscription supprimée |
Président de l'Assemblée constituante | |
– (15 jours) |
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Prédécesseur | Jean-Georges Lefranc de Pompignan |
Successeur | Isaac Le Chapelier |
Député à l'Assemblée nationale constituante | |
– (2 ans, 3 mois et 3 jours) |
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Circonscription | Bailliage de Clermont-en-Beauvaisis |
Groupe politique | Noblesse Club des feuillants |
Prédécesseur | États généraux de 1789 |
Successeur | Assemblée nationale législative |
Député aux États généraux | |
– (1 mois et 22 jours) |
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Circonscription | Bailliage de Clermont-en-Beauvaisis |
Groupe politique | Noblesse |
Prédécesseur | États généraux de 1614 |
Successeur | Assemblée nationale constituante |
Biographie | |
Titre complet | Prince de Marcillac, duc de La Rochefoucauld, d'Estissac et de Liancourt |
Nom de naissance | François XII Alexandre Frédéric de La Rochefoucauld |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | La Roche-Guyon (Val-d'Oise, France) |
Date de décès | (à 80 ans) |
Lieu de décès | Paris 10e (France) |
Sépulture | Cimetière de Liancourt |
Nationalité | Française |
Parti politique | Doctrinaires |
Père | François de La Rochefoucauld |
Mère | Marie de La Rochefoucauld |
Conjoint | Félicité de Lannion |
Enfants | 4 enfants dont : François XIII, Alexandre et Frédéric |
Famille | Maison de La Rochefoucauld |
Profession | Homme politique, Militaire, Scientifique |
Religion | Catholicisme |
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Épris de progrès technique, il a notamment fondé la ferme modèle de Liancourt en 1769, l'École nationale supérieure d'arts et métiers en 1780 et la Caisse d'Épargne et de Prévoyance de Paris (première caisse d'épargne en France) en 1818. Il était aussi membre de l'Académie des sciences.
Fils de Louis François Armand de La Rochefoucauld de Roye, duc d'Estissac grand maître de la garde-robe du Roi, et de Marie, seconde fille d'Alexandre, duc de La Rochefoucauld (1690-1762), François Alexandre Frédéric de La Rochefoucauld prend d'abord du service dans les carabiniers et se marie en 1764[1].
Connu dans sa jeunesse sous le titre de comte de La Rochefoucauld[3], il obtient les honneurs du Louvre le [3] et prend le nom de duc de Liancourt, nom d'une terre possédée par sa famille[1].
En 1765-1766, il emmène dans son « Grand Tour » d'Italie le peintre et graveur lyonnais Jean-Jacques de Boissieu[4] (1739-1810). Il visite l'Angleterre en 1769, y fait connaissance de Walpole.
Il devient colonel d'un régiment de cavalerie de son nom le [3], brigadier de dragons le , puis grand'maître de la Garde-Robe du Roi et duc héréditaire d'Estissac, par succession paternelle, le [1]. Comme survivancier de son père en la charge de grand-maître de la garde-robe, il en remplit les fonctions dans les dernières années de Louis XV, et les continue pendant le règne de Louis XVI.
« Ce dernier prince et son auguste épouse avaient, à leur avènement, témoigné au duc de Liancourt une confiance d'autant plus honorable, qu'elle était le prix de la conduite ferme et sage que ce seigneur avait tenue sous le dernier règne, en s'isolant de toutes les intrigues dont madame du Barry était devenue l'âme ou le prétexte[5]. »
— Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France
Mais le duc de Liancourt ne fait à Versailles que de courtes apparitions, et vient mettre en pratique dans sa terre de Liancourt les améliorations industrielles et agricoles qu'il avait observées dans ses voyages[1]. Il fonde d'abord une ferme modèle dans laquelle il cherche à propager la culture des prairies artificielles, à supprimer le système des jachères, et à élever des bestiaux venus de Suisse et d'Angleterre.
En 1780, il fonde à Liancourt, une école pour instruire les enfants des soldats pauvres de son régiment. Cette institution prendra une grande extension et comptera en 1788 (année où elle devient l'École des Enfants de la Patrie[6] sous la protection du roi) jusqu'à 130 élèves[1]. Elle deviendra en 1806 l'École d'Arts et Métiers de Châlons-sur-Marne, à l'origine de l'actuelle école d'ingénieurs Arts et Métiers ParisTech et de toute l'histoire de ses élèves, les gadzarts.
Entre 1781 et 1783, François de La Rochefoucauld-Liancourt effectue deux voyages d'études à travers la France. À chaque étape, il relate avec soin tout ce qu'il a vu dans un journal très détaillé, Voyages en France, qu'il destine à son père. Lors de son passage par Nantes, alors deuxième port négrier français après Bordeaux, il critique particulièrement la traite négrière et l'esclavage dans les colonies :
« La manière dont les pauvres noirs sont traités fait vraiment tort à notre humanité. Premièrement, ce sont des prisonniers de guerre, pris avec nos armes, avec celles que nous leur donnons en échange. Ils sont chargés au nombre de quatre ou cinq cents sur un de nos vaisseaux à l’entrepont sans voir le jour, les fers aux pieds et aux mains toute la journée. On les conduit, l’un après l’autre, sur le pont, pour respirer le bon air et se dissiper de l’ennui qui les dévore ; on les nourrit avec des haricots, principalement, et du pain ; arrivés aux îles, on les vend sur le pied de mille à douze cents francs. Le capitaine du vaisseau a dans la main le succès de cette entreprise. Si son bâtiment marche bien, s’il traite les nègres avec douceur, s’il les nourrit, il en meurt peu et il n’y a pas de révolte. Aussi sont-ils pour l’ordinaire, intéressés du tiers dans le chargement. Mais pour revenir aux nègres, il faut qu’on les traite bien cruellement pour que sur 80 000 nègres que l’on compte à la Martinique il en meurt quinze à vingt mille par an. Il faut bien, il est vrai, que les lois soient sévères pour maintenir 80 000 noirs sous la domination de 10 000 blancs, mais il faut aussi qu’on les traite avec une cruauté bien affreuse pour qu’il en meurt une quantité annuelle aussi considérable. »[7]
Le duc de Liancourt est nommé et reçu chevalier des ordres du Roi les 1er janvier et 30 mai 1784[5]. En 1786, il fait visiter à Louis XVI les établissements agricoles et industriels de la Suisse[1]. Il est créé maréchal-de-camp le [5].
Lorsque les États généraux sont convoqués il est élu, le , député de la noblesse par le bailliage de Clermont-en-Beauvaisis. Défenseur dans l'Assemblée de la monarchie constitutionnelle, il essaye de concilier les idées nouvelles avec l'Ancien Régime[1] et apporte dans cette assemblée les mêmes principes de réforme et les mêmes sentiments d'équité et de modération que ceux professés par le duc de La Rochefoucauld, son cousin germain[5].
Lors de l'insurrection populaire du 14 juillet, le duc de Liancourt, « craignant pour les jours du roi et pour sa couronne[5] », va éveiller ce prince dans la nuit de ce même jour au 15, lui fait part des événements de Paris et de la prise de la Bastille. Son mot au roi est bien connu[1] :
« — Mais c'est donc une révolte ? s'écriait Louis XVI effrayé de l'agitation du peuple.
— Non, sire, fit gravement le duc ; c'est une révolution[8] »
Et après lui avoir dépeint le caractère menaçant de cette fatale insurrection, il conjure S. M. de se rendre à l'Assemblée Nationale, d'accorder le rappel de M. Necker, l'« idole du jour[5] », au principal ministère, enfin d'ordonner le départ des troupes étrangères cantonnées aux environs de Versailles et de Paris[5]. On peut lire dans Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France, tome VIII, p. 64-66 :
« Ce conseil, dont les suites étaient au-dessus de toutes prévisions, fut adopté par le roi. L'enthousiasme que la présence de ce prince infortuné excita dans la capitale, acquit au duc de Liancourt une popularité à laquelle il était loin d'aspirer, et qui nécessairement devait motiver l'éloignement de ceux des conseillers du prince qui s'étaient opposés à ce voyage. Désormais désigné dans l'opinion comme l'un des appuis des prétentions populaires, le duc de Liancourt, dont le zèle et l'attachement pour le roi ne s'étaient jamais démentis, donna l'exemple d'un rare dévouement en servant la monarchie dans les rangs de ceux mêmes qui se proposaient de la renverser. »
Commandant en Normandie lors du projet du départ du roi concerté avec M. le Fort, maréchal-de-camp, en , le duc de Liancourt, qui déjà avait eu l'occasion de faire offrir à S. M., par l'organe de M. Bertrand de Molleville, son ministre, toute sa fortune sous la seule réserve de 100 louis de rente, et qui même avait été assez heureux pour faire accepter un premier prêt de 190 000 livres avec la promesse de réaliser et d'y joindre 900 000 livres dans la première quinzaine d'août, avait désigné Gaillon comme la ville où par son grade, sa fortune et son crédit, il pouvait servir le plus utilement la famille royale. La reine avait d'abord approuvé ce projet ; mais partageant les préventions de la cour contre le chef chargé de l'accomplir, cette princesse finit par en dissuader le roi et par faire rejeter une mesure dont le succès eût probablement empêché l'affreuse catastrophe que la France n'a cessé de déplorer[non neutre]. Il est vrai que le roi seul connaissait les véritables sentiments du duc de Liancourt : car lorsqu'il fit à M. Bertrand de Molleville l'offre d'un million pour être mis à la disposition de S.M., ce ministre ne fut pas maître de contenir sa surprise. Le duc de Liancourt en parut affecté, et lui dit :
« Vous avez peut-être cru, comme beaucoup d'autres, que j'étais démocrate, parce que j'ai été du côté gauche ; mais le roi, qui a connu jour par jour mes sentiments, ma conduite et mes motifs, et qui les a toujours approuvés, sait mieux que personne que je n'étais pas plus démocrate qu'aristocrate, mais que j'étais tout uniment un franc et loyal royaliste ; il n'ignorait pas que je n'aurais pu lui être d'aucune utilité en me plaçant dans le côté droit, parce qu'un individu de plus ou de moins ne l'aurait rendu ni plus fort ni plus faible, tandis qu'en gagnant la confiance du côté gauche, j'étais à portée d'être plus tôt informé des complots ou des manœuvres qui pouvaient se tramer, et d'en instruire S.M. Je ne vous dirai pas que je n'aie désiré plusieurs réformes que je croyais utiles, mais je n'ai jamais voulu une révolution ; et, quoique je fusse toujours placé du côté gauche, je défie qu'on puisse dire que j'aie jamais appuyé une motion violente, ou que je me sois jamais levé pour faire passer un décret contraire aux véritables intérêts du roi, ou à son autorité que j'ai toujours distinguée de l'abus que pouvaient en faire ses ministres. On m'a reproché d'avoir empêché le roi de partir à l'époque du 14 juillet, et de lui avoir conseillé de se rendre à l'assemblée ; mais qui pouvait prévoir les suites funestes qu'a eues cette mesure, et ces suites ne doivent-elles pas être attribuées à toutes les fausses ou faibles démarches qui l'ont accompagnée, et sur lesquelles je n'ai pas été consulté ? Au reste, j'ai conseillé à S.M. de prendre ce parti, parce que c'était celui que j'aurais pris moi-même, si j'avais été à sa place ; si je me suis trompé, c'est la faute de mon esprit ou de mon jugement, mais ce n'est certainement pas celle de mon cœur, que le roi sait bien lui être et lui avoir toujours été entièrement dévoué. »
— M. Bertrand de Molleville, Mémoires particuliers pour servir à l'histoire de la fin du règne de Louis XVI, t. II, , p. 110-111, 132-134.
Toute la vie politique du duc de Liancourt est tracée dans ce passage et dans le discours qu'il prononça à la tribune le . Alors il défendait de tous ses moyens la monarchie constitutionnelle, comme depuis la Restauration il n'a cessé de concourir au maintien de la monarchie selon la Charte.
Après la prise de la Bastille, le duc de Liancourt fut investi de la présidence de l'Assemblée, qui accueillit « avec faveur[1] » ses rapports sur la mendicité, sur l'état des hôpitaux du royaume, sur la formation d'ateliers de secours pour les indigents, etc. Adversaire de la loi contre les émigrés, il se prononce d'autre part pour la liberté de conscience et pour la liberté individuelle, et s'honore, en proposant le premier l'abolition du supplice de la corde[1].
En même temps il continuait de s'occuper avec ardeur de la fondation à Liancourt d'une filature de coton, où de nouveaux procédés furent mis en œuvre[1].
Le 6 octobre 1789 de la même année, le duc de Liancourt accompagna la famille royale et demeura auprès du roi à l'Hôtel-de-Ville de Paris[9]. Le 16 janvier 1790, il défend à l'assemblée nationale le comte d'Albert de Rions, chef d'escadre, contre lequel le peuple de Toulon s'était soulevé[9], s'oppose à ce que les clubs révolutionnaires ou autres assemblées délibérantes puissent admettre dans leur sein les militaires retirés du service.
Le 16 juin 1791, sur la proposition de La Rochefoucauld, l'Assemblée nationale confirme la décision de démolir conjointement le château de la Tournelle et la porte Saint-Bernard (qui était située juste à côté) pour la somme d'un million de francs[10]. Peu de jours après le « fatal retour » de Varennes, il ose démasquer à la tribune les projets des démagogues, dans la séance du 14 juillet 1791[11] : « Disons la vérité tout entière, le roi n'est bravé que par des factieux ; c'est à la royauté qu'on en veut. C'est le trône qu'on veut renverser. » Chargé après la session du commandement d'une division militaire en Normandie, le duc de Liancourt s'efforce d'y pacifier les esprits[1]. Il commandait à Rouen comme lieutenant-général à l'époque du 10 août 1792. Lorsque la nouvelle de ces événements lui parvient, il fait prêter serment de fidélité au roi et à la constitution, par toutes les troupes régulières et milices sous son commandement[11].
Destitué peu de jours après et vivement poursuivi par ses ennemis, il ne parvient à leur échapper qu'en s'embarquant au Crotoy[12],[note 1] et en passant en Angleterre, où il séjourne jusqu'en 1794 dans la petite ville de Bury[11]. Il s'y lie avec le célèbre Arthur Young[1]. De l'exil il écrit, lors du jugement du roi, à Barère, président de la Convention, pour lui demander à témoigner en faveur du roi ; mais cette démarche est vaine[1].
Le duc de La Rochefoucauld (il avait repris ce titre depuis la mort de son cousin germain tué à Gisors, le 4 septembre 1792, qui fit du duc de Liancourt le chef des nom et armes de sa maison[3]) quitte alors l'Europe en 1794, et parcourt en observateur et en philosophe les États-Unis[1].
Participant aux travaux de la Société d'émancipation de Pennsylvanie, il est témoin des astuces et combats juridiques menés autour de cette émancipation[16], l'une d'entre elles consistant à placer les esclaves sous un contrat de travail courant jusqu'à l'âge de 28 ans, permettant de déjouer la colère des États esclavagistes et des colons français de Saint-Domingue réfugiés en Amérique.
Il publie pendant cette période, plusieurs essais relatifs à ses expériences : Notice sur l’impôt territorial en Angleterre (1790) et Des prisons de Philadelphie (1796).
En 1795, il entame avec cinq compagnons un voyage[17] qui couvre une grande partie des États du Nord et du Canada. Lui et ses compagnons traversent le Niagara pour Fort Érié et croisent aussi le Fort Chippawa. À Newark (Niagara-on-the-Lake), avec Aristide du Petit-Thouars, il est accueilli par le lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe[17]. Mais il n'obtient pas l'autorisation de poursuivre son voyage et reçoit de Lord Dorchester, gouverneur du Canada, un ordre d'expulsion. Dépité il s'en retourne aux États-Unis en rejoignant Albany.
Au cours de ses différents voyages en Amérique septentrionale, il a rédigé une dizaine de volumes de carnets[18], qu'il annotera ensuite durant toute sa vie. Ces manuscrits sont conservés aux Archives Nationales à Paris. Une édition en 8 volumes[18] en a été publiée dès son retour en France en 1799, dans l'indifférence générale. Quelques exemplaires en subsistent aujourd'hui, dont l'un est conservé aux Archives gadzarts de Liancourt, dans l'Oise. En 2009, la Fondation Arts et Métiers en a réédité une version brochée, à quelques centaines d'exemplaires.
Des États-Unis il revint en Europe vers la fin de l'année 1798, puis voyagea en Hollande, dans le nord de l'Allemagne et au Danemark[11].
« Vers cette époque », écrit un biographe[Lequel ?], « Louis XVIII, du fond de sa retraite, lui fit demander, comme s'il avait été déjà sur son trône, de renoncer à la charge de grand-maître de la garde-robe que son père avait payée 400 000 livres. Le duc répondit aussitôt par un respectueux refus, et telle fut sans doute l'origine de la disgrâce dans laquelle il tomba plus tard sous la Restauration[1]. »
Peu apprécié du Comte de Provence, futur Louis XVIII, il ne se mêle que peu à son entourage exilé et en 1797 il sollicite sans succès l’autorisation de rentrer en France. Réfugié chez son fils à Altona près de Hambourg en février 1798, il attendra jusqu'à la fin de 1799 l'autorisation de rentrer en France, sans doute avec l'aide de Talleyrand qu'il avait côtoyé pendant son exil à Philadelphie[19].
En l'an VI, étant à Hambourg, il fit des démarches et rédigea un Mémoire pour rentrer en France :
« Cette démarche, écrivait-il, me coûte horriblement ; elle semble un acquiescement à ce que je croirais devoir appeler une injustice. Mais je suis rongé de chagrins, accablé de malheurs, et je sens qu'il me faut promptement ou sortir ou y succomber. »
Alors il reprit à Liancourt la direction des institutions qu'il avait fondées et que la Révolution avait respectées, et « attendit ainsi le retour des Bourbons[1] ».
Il rentra en France après le 18 brumaire (novembre 1799) et vécut dans la retraite, s'occupant seulement d'œuvres de bienfaisance jusqu'au jour où sa radiation de la liste des émigrés fut prononcée. Il rentra alors dans la possession de la seule partie de ses biens qui avait été conservée par le gouvernement comme biens nationaux[11].
Dans cette restitution se trouvait compris le château de Liancourt où, dès l'année 1780, il avait fondé une vaste école dans laquelle 25 fils de soldats recevaient l'entretien et l'éducation nécessaires pour devenir dans l'armée de bons ouvriers ou des sous-officiers instruits. Le gouvernement accordait une solde de 7 sous par jour pour la nourriture de chacun des élèves ; tout le reste était à la charge du fondateur. Telle a été l'origine de la célèbre école des Arts et Métiers qui, après avoir doublé la richesse et la population du village de Liancourt[11], a été transférée successivement à Compiègne et à Châlons-sur-Marne, toujours dirigée par le duc de la Rochefoucauld, sous le titre d'inspecteur général du Conservatoire national des arts et métiers.
En 1800[20] il est le premier à importer en France la vaccination qui sert à prévenir de la variole ; le procédé, mis au point par l'anglais Edward Jenner, consiste à inoculer à l'être humain la vaccine de la vache, maladie qui est bénigne chez l'homme et qui le préserve ensuite de la variole, qui elle peut être mortelle. Il est décoré de la Légion d'honneur en 1810[2].
François XII de La Rochefoucauld | |
Achille Devéria, François-Alexandre-Frédéric, duc de La Rochefoucauld-Liancourt, lieutenant-général (1747-1827), 1836, Versailles[21] | |
Titre | Duc de La Rochefoucauld (1792-1827) |
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Autres titres | Duc de Liancourt Duc d'Estissac |
Prédécesseur | Louis-Alexandre de La Rochefoucauld |
Successeur | François XIII de La Rochefoucauld |
Arme | Cavalerie |
Grade militaire | Lieutenant général[3],[22] |
Commandement | Régiment de La Rochefoucauld dragons 15e division militaire |
Distinctions | Chevalier du Saint-Esprit[3] Chevalier de Saint-Louis Chevalier de la Légion d'honneur |
Autres fonctions | Grand maître de la garde-robe du Roi Membre de la Chambre des pairs |
Dynastie | Maison de La Rochefoucauld |
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Louis XVIII ne lui rendit pas sa charge et se contenta de l'appeler à la Chambre des pairs le , le créant pair de France, sous le titre de duc de la Rochefoucauld, « qui lui était dévolu comme réunissant en sa personne les deux premières branches ducales de sa famille », depuis la mort du duc de la Rochefoucauld, son cousin-germain massacré à Gisors le .
Pendant les Cent-Jours, fidèle au parti des « libertés constitutionnelles », il consent à siéger dans la Chambre des représentants, où l'envoie l'arrondissement de Clermont (Oise), le 9 mai 1815, par 64 voix sur 88 votants[1].
Mais au second retour de Louis XVIII, il reprend sa place parmi les pairs, s'abstient au procès du maréchal Ney, et reste l'ami de la royauté tout en repoussant les opinions des ultras[1].
Il exerce ensuite plusieurs fonctions publiques à titre gratuit, défend l’abolition de la Traite des Noirs[23], et l’interdiction des jeux et loteries.
Il fonde le 15 novembre 1818, la Caisse d'Épargne et de Prévoyance de Paris, première caisse d'épargne de France.
Nommé en 1816 membre du conseil général des hôpitaux, il s'occupe activement de la Société de la morale chrétienne qu'il préside, et qui poursuivait l'abolition de la traite des Noirs et la suppression des loteries et des jeux. Inspecteur général de l'École des Arts et Métiers transférée à Châlons sous les auspices du gouvernement, membre du conseil général des manufactures, du conseil d'agriculture, du conseil général des prisons, du comité de vaccine, il se voit privé en 1823 par le ministère Villèle, qu'il combattait à la Chambre des pairs, de huit fonctions publiques et gratuites[1]. En revanche, l'Académie des sciences l'admet au nombre de ses membres[1].
Au titre d'inspecteur-général et de président du conseil de perfectionnement du conservatoire des Arts et Métiers, il joignait ceux de membre du conseil général des prisons, du conseil général des manufactures, du conseil général d'agriculture, du conseil général des hospices de Paris et du conseil général de l'Oise. Toutes ces fonctions étaient sans traitement, et exigeaient au contraire de continuels sacrifices. Le duc de la Rochefoucauld en a cessé l'exercice depuis l'ordonnance royale du 14 juillet 1823, et au mois d'août il a cessé d'être président du comité de vaccine[24]. « Tout le monde sait que ce fut du château de Liancourt que s'était répandue dans toute la France la vaccine, cette découverte importante, qui a tant ajouté aux droits que la maison de la Rochefoucauld s'était acquis depuis six siècles à la reconnaissance publique; ce fut encore dans ce château que fut fondée l'une des premières écoles les mieux ordonnées d'enseignement mutuel[24]. »
Le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, qui venait de faire les premiers essais de l'enseignement mutuel et de fonder la première caisse d'épargne de France, jouissait d'une extrême popularité, lorsqu'il est atteint brusquement, le , de « la maladie » qui l'emporte le [1] au 9 rue Royale.
Ses funérailles sont marquées par de pénibles incidents[25]. Les élèves de l'École des Arts et Métiers s'étant rendus en foule à l'église et ayant voulu porter son cercueil sur leurs épaules, sont chargés dans la rue Saint-Honoré par la gendarmerie ; le cercueil tombe dans la boue et se brise, laissant apparaître le corps. Les insignes de la pairie qui le décoraient, sont foulés aux pieds. On réclame vainement une enquête : l'affaire est étouffée par le ministère[25]. Suivant ses dernières volontés, le duc de La Rochefoucauld est enterré à Liancourt. Aujourd'hui son premier monument funéraire a été remonté dans la ferme de Liancourt, propriété de le Fondation Arts et Métiers et son corps transféré dans un monument funéraire familial au cimetière de Liancourt. Il est écrit sur son monument funéraire : "Heureux celui qui a compris les besoins du Pauvre".
À la fin du XXe siècle, ses descendants ont transféré sa riche bibliothèque (plusieurs milliers d'ouvrages) dans une salle aménagée dans une tour du château de La Rochefoucauld (Charente), berceau de la famille[26]. Son portrait par Gros et un buste de lui y sont également visibles[27].
On a de lui un très grand nombre d'écrits sur l'agronomie, l'abolition de la peine de mort, la politique, les finances et fiscalité, la géographie, la sociologie[25],[28] :
Larochefoucauld a également publié plusieurs brochures sur les caisses d'épargne et d'autres écrits populaires sous le nom du père Bonhomme.
Image | Armoiries |
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Armes du duc de Liancourt (1763-1792)
Écartelé: aux 1 et 4, de gueules à la bande d'argent (de Roye) ; au 2 et 3, d'or au lion d'azur armé et lampassé de gueules (de Roucy) ; sur le tout, burelé d'argent et d'azur à trois chevrons de gueules brochant[40], celui du chef écimé (de La Rochefoucauld)[38]. | |
Armes du duc de La Rochefoucauld, pair de France, « chef des nom et armes de sa maison[3],[39] »
Burelé d'argent et d'azur, à trois chevrons de gueules, brochant sur le burelé, le premier chevron écimé[39],[41]. |
François Alexandre Frédéric de La Rochefoucauld était le fils aîné de Louis François Armand de La Rochefoucauld de Roye (22 septembre 1695 † 28 mai 1783), 1er duc d'Estissac[43] et de Marie de La Rochefoucauld (1718-1789), dite « Mademoiselle de La Rocheguyon », dame d'Aubijoux, du Luguet, de Belesta et de Bernis, fille d'Alexandre de La Rochefoucauld (1690-1762), duc de La Roche-Guyon, duc de La Rochefoucauld (1728-1762). Il avait pour frères et sœurs :
16. François de La Rochefoucauld, comte de Roucy (1603-1680) | ||||||||||||||||
8. Frédéric-Charles de La Rochefoucauld, comte de Roye (1633-1690) | ||||||||||||||||
17. Julienne Catherine de La Tour d'Auvergne (1604-1638) | ||||||||||||||||
4. Charles de La Rochefoucauld, comte de Blanzac (1665-1732) | ||||||||||||||||
18. Guy Aldonce Ier de Durfort (1605-1665), marquis de Duras | ||||||||||||||||
9. Elisabeth de Durfort (1632-1715) | ||||||||||||||||
19. Elisabeth de La Tour d'Auvergne (1606-1685) | ||||||||||||||||
2. Louis François Armand de La Rochefoucauld de Roye (1695-1783), 1er duc d'Estissac | ||||||||||||||||
20. Louis d'Aloigny, marquis de Rochefort (1583-1657) | ||||||||||||||||
10. Henri Louis d'Aloigny, marquis de Rochefort ( † 1676) | ||||||||||||||||
21. Marie Habert ( † 1657) | ||||||||||||||||
5. Marie-Henriette d'Aloigny (vers 1663-1736) | ||||||||||||||||
22. Guy de Laval, marquis de Sablé (vers 1622-1646) | ||||||||||||||||
11. Madeleine de Laval (vers 1646-1729) | ||||||||||||||||
23. Marie Séguier (1618-1710) | ||||||||||||||||
1. François XII, duc de La Rochefoucauld (1747-1827) | ||||||||||||||||
24. François VII, duc de La Rochefoucauld (1634-1714) | ||||||||||||||||
12. François VIII, duc de La Rochefoucauld (1663-1728) | ||||||||||||||||
25. Jeanne Charlotte du Plessis-Liancourt (1644-1669) | ||||||||||||||||
6. Alexandre, duc de La Rochefoucauld (1690-1762) | ||||||||||||||||
26. François Michel Le Tellier, marquis de Louvois (1641-1691) | ||||||||||||||||
13. Madeleine Charlotte Le Tellier (1665-1735) | ||||||||||||||||
27. Anne de Souvré, marquise de Courtanvaux (1646-1715) | ||||||||||||||||
3. Marie de La Rochefoucauld, dame d'Aubijoux (1718-1789) | ||||||||||||||||
28. Louis de Bermond du Caylar, marquis de Toiras ( † 1675) | ||||||||||||||||
14. Jacques François de Bermond du Caylar, marquis de Toiras ( † 1691) | ||||||||||||||||
29. Élisabeth d'Amboise, comtesse d'Aubijoux ( † 1694) | ||||||||||||||||
7. Élisabeth de Bermond du Caylar, comtesse d'Aubijoux (1691-1752) | ||||||||||||||||
30. Louis de Bérard, marquis de Vestric | ||||||||||||||||
15. Françoise Louise de Berard, dame de Bernis ( † 1734) | ||||||||||||||||
31. Louise de Saint-Bonnet ( † 1707) | ||||||||||||||||
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