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islamologue et politologue français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
François Burgat, né le à Chambéry, est un islamologue et politologue français.
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Chercheur, aujourd'hui retraité, à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (IREMAM) et directeur de recherche au CNRS (émérite de 2016 à 2021), président du conseil scientifique et administratif du Centre arabe de recherches et d'études politiques (CAREP), il consacre l’essentiel de ses travaux à l’étude des dynamiques politiques et des courants islamistes dans le monde arabe.
Connu pour ses positions militantes sur l'islam, François Burgat suscite plusieurs polémiques sur l'islamisme et le monde arabe.
François Burgat est né à Chambéry, en Savoie[1]. Il a passé plus d'un quart de sa vie dans le monde arabe, pour les CNR ou le ministère des Affaires étrangères[2].
En 1981, il devient docteur d'État en droit public, avec une thèse dirigée par François d'Arcy, intitulée Les villages socialistes de la révolution agraire algérienne : la place du droit dans le changement social[1].
De 1973 à 1980, il enseigne le droit à l'université de Constantine en Algérie. De 1983 à 1989, il est chercheur à l’IREMAM et enseignant à l'IEP d'Aix-en-Provence. Il est ensuite chercheur au Centre d'études et de documentation économiques, juridiques et sociales (CEDEJ) du Caire en Égypte de 1989 à 1993, puis directeur du Centre français d'archéologie et de sciences sociales (CEFAS) de Sanaa au Yémen de 1997 à 2003[3], période à laquelle il œuvre à l’extension de la vocation territoriale du CEFAS au sultanat d’Oman, en Arabie saoudite et en Érythrée, qui deviendra par la suite le Centre français de recherche de la péninsule Arabique (CEFREPA).
Il est nommé, en mai 2008, directeur de l'Institut français du Proche-Orient (Ifpo), à Damas en Syrie jusqu’en septembre 2012, puis à Beyrouth au Liban d’octobre 2012 à avril 2013. A l’Ifpo, il préside depuis Damas à la création de deux nouvelles antennes de l’Institut à Erbil, capitale du Kurdistan irakien et dans la partie Est de Jérusalem, à destination des Territoires palestiniens occupés.
À l'IREMAM, il a successivement dirigé le programme ANR « Du Golfe à l’Océan : entre violence et contre violence »[4](2007-2010), et le programme « When Authoritarianism Fails in the Arab World » (WAFAW) financé pour quatre ans (2013-2017) par une advanced grant du Conseil européen de la recherche.
Il est président du Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (Carep)[5],[6]. De plus, Mohamed Louizi déclare que pendant deux décennies, François Burgat a visé à absoudre la confrérie de tout lien avec le sectarisme salafiste totalitaire et oppressif. Son objectif est de les présenter comme plus accessibles au public français, tirant parti de son expérience faisant autorité. Il est membre du comité de rédaction de la revue Orient XXI[5].
Il explique la montée de l'islamisme radical en France par des raisons essentiellement politiques, telle que les mauvaises politiques d'intégration, le passé colonial de la France non assumé, la politique étrangère de la France dans le monde arabe et musulman[7]. Selon lui, la France est à l’origine et aux fondements de la montée du radicalisme religieux, qu’importent les textes sacrés. Il écrit dans Le Monde en 2020 : « En luttant contre l’islam politique, l’Occident démocrate se trompe dangereusement de cible »[8].
Pour l'historienne franco-tunisienne Leyla Dakhli, il se différencie des positions (elles-mêmes également différentes entre elles) d'islamologues tels qu'Olivier Roy, Gilles Kepel ou Jean-Pierre Filiu[9]. Pour l’universitaire Alain Gabon, « Si Kepel met en évidence les dimensions religieuse, scripturale-théologique et idéologique de « l'extrémisme religieux » (y compris dans sa version non violente), et si Roy et d'autres soulignent ses aspects psychologiques et même psychiatriques, Burgat re-contextualise, re-historicise et surtout re-politise l'islamisme et le djihadisme, sans supposer que le premier mène naturellement au second à la manière de la « théorie du tapis convoyeur » ou de « la pente glissante » (« conveyor belt ») »[10].
Au terme d’une thèse consacrée à la politique agraire et d’aménagement rural du gouvernement algérien des années 1970[11] avant de s’intéresser au phénomène de l’islamisme dans son contexte français et international, François Burgat a essentiellement centré ses travaux sur l’aire arabe en général, le Maghreb d’abord et en particulier. Il a consacré au phénomène de l’islam politique quatre ouvrages individuels successifs. La problématique à laquelle il est demeuré fidèle est résumée dans plusieurs entretiens tels que ceux donnés à la revue Confluences[12]
Ses travaux portent plus spécifiquement sur les pays dans lesquels il a séjourné, notamment l'Algérie, l’Égypte, le Yémen ou la Syrie, dont il suit les principales dynamiques politiques, qu’elles soient ou non liées à la destinée des courants islamistes. Sur la Libye du colonel Kadhafi, il a été le co-auteur avec André Laronde d’une synthèse[13]
En , lors de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, François Burgat reprend sur Twitter, selon Conspiracy Watch, « un mot d’ordre marqué au coin du complotisme anti-juif le plus éculé » appelant à une « séparation du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et de l'État », diffusant l’idée selon lequel le CRIF serait au cœur de l'État français et « dicterait sa volonté à la République »[14]. Selon Franc-tireur, la phrase est par la suite reprise par le politologue et lobbyiste Nabil Ennasri dont il est directeur de recherche[15]. Franc-tireur écrit aussi que de son côté, François Burgat se moque en jouant sur les mots « conspira-sionisme »[8].
Commentant un livre en octobre 2018 portant sur la tentative de coup d’État de 2016 contre Recep Tayyip Erdoğan, François Burgat déclare que la thèse développée dans l'ouvrage n'est pas expliquée par la Télavivision française, mot-valise - selon Conspiracy Watch - construit avec « Tel-Aviv » et « télévision » qui suggère que « les chaînes de télévision française sont sous le contrôle de Tel-Aviv »[16].
Cette accusation d’antisémitisme est reprise par L’Obs[17] et Le Monde » fin 2018 et début 2019[18],[19]. Pour Burgat, ces accusations sont basées sur une « série de mensonges » et détournent notamment la « signification parfaitement explicite » de l'un de ses tweets. Il juge, par ailleurs, la lutte contre l'antisémitisme comme un « instrument parfaitement légitime et indispensable »[19]. Dans l’introduction en ligne de cette tribune de François Burgat, le journal en ligne Orient XXI soutient que les citations de L’Obs et du Le Monde sont « tronquées » et que « l’accusation d’antisémitisme ne sert plus seulement à dénoncer les véritables judéophobes, mais de nombreux chercheurs ou intellectuels qui critiquent la politique occidentale dans le monde musulman ou dénoncent la stratégie israélienne d’écrasement des Palestiniens. »[19]
En , Matthieu Aron journaliste de L'Obs, cite un tweet de Burgat du 2017 : « La vraie question n’est plus de savoir si Tariq Ramadan « a violé trois femmes », expliquait-il , mais bien « avec l’aide de qui ces trois femmes sont-elles parvenues si facilement à rouler trois magistrats dans la farine ? »[20] ».
En 2020, alors que Ramadan est inculpé en France et en Suisse, Burgat signe une deuxième pétition évoquant un complot contre son ami de trente ans[8].
Pour l’hebdomadaire Marianne, il s'agit là d'un discours complotiste insinuant que la justice française n’est pas indépendante et qu'elle est pilotée par des juges intrinsèquement anti-Ramadan. De plus, l'appel bafoue la séparation des pouvoirs et l'independance de la justice, en demandant à la ministre de la Justice Nicole Belloubet d'intervenir dans la procédure[21]. Le même magazine le décrit comme « le compagnon de route le plus fidèle de Ramadan »[22].
En , la journaliste du Figaro, Judith Waintraub, le considère comme un « islamo-gauchiste »[23]. En , un portrait dans le journal Marianne reprend le même qualificatif[24], l'accusant de faire du lobbying pour le Qatar par l'intermédiaire du Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (Carep), qu'il dirige, branche française de l’« Arab Center for Research and Policy Studies ». Marianne pointe du doigt une « longue et intense proximité avec les autorités politiques et religieuses de l’émirat, Frères musulmans compris ».
En 2021, le chercheur Bernard Rougier estime que l'islamologue Francois Burgat « s'est identifié à son objet d'étude, traduisant dans le domaine universitaire ce que les acteurs militants lui ont confié, et reprenant à son propre compte le discours des islamistes. Souvent, quand j'interrogeais des figures islamistes en Egypte ou au sein du Hamas, ils me demandaient des nouvelles de leur "frère" Burgat. »[25]. Franc-Tireur indique que Burgat assume ses « liens avec les Frères musulmans » et encourage même leur « pleine participation à la production des normes sociales »[8].
En 2023, l'anthropologue Florence Bergeaud-Blackler publie Le frèrisme et ses réseaux, une enquête sur l’entrisme des Frères musulmans en Europe dont plusieurs pages sont consacrées à François Burgat[26]. Dans Mediapart, Burgat dénonce cet ouvrage inquiétant et son auteure « raciste » voire nazie[8]. Bergeaud-Blacker est ensuite victime d’une forte campagne de dénigrement et de harcèlement sur les réseaux sociaux, qui la pousse même à porter plainte pour des menaces de mort reçues[8]. Burgat est également désigné par Fadila Maaroufi comme l'un des « artisans de cette campagne » et comme un « compagnon de route » des Frères musulmans[27]. Selon le magazine Le Point, entre le 25 février et le 7 avril, François Burgat tweete ainsi ou retweete sur son compte Twitter 85 messages ciblant explicitement son ex-collègue[6].
En janvier 2024, François Burgat relaie un communiqué du mouvement islamiste et terroriste Hamas répondant à un article du New York Times sur les « allégations de viol et de violences commises par des combattants » les qualifiant de « fausses » car « faisant partie de la tentative sioniste de diaboliser la résistance » du « peuple palestinien »[28] puis en affirmant sur Twitter avoir « infiniment, je dis bien infiniment plus de respect et de considération pour les dirigeants du Hamas que pour ceux de l'État d'Israël », soulignant une nouvelle fois sa proximité avec la cause palestinienne[29]. Il relaie également un communiqué du Hamas qui saluait « la virilité et l'honneur » des attaques du 7 octobre[29].
Le 9 juillet, mis en cause pour « apologie du terrorisme » il est convoqué par la police en raison ses propos tenus en janvier[28],[30]. Libération rappelle que « la thèse souvent portée par l’islamologue qui soutient de longue date que la «violence islamique» ne viendrait pas de l’islam mais serait la conséquence d’une histoire coloniale dans laquelle prendrait place la création de l’État d’Israël »[28].
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