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actrice française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Claude Jade, née le à Dijon (Côte-d'Or) et morte le à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), est une actrice française.
Nom de naissance | Claude Marcelle Jorré |
---|---|
Naissance |
Dijon (Côte-d'Or) |
Nationalité | Française |
Décès |
(à 58 ans) Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) |
Profession | Actrice |
Films notables |
Baisers volés L'Étau Mon oncle Benjamin Domicile conjugal Le Bateau sur l'herbe La Fête à Jules L'Amour en fuite |
Séries notables |
Les Oiseaux rares L'Île aux trente cercueils Cap des Pins |
Elle devient célèbre en incarnant Christine Darbon dans le cycle de films de François Truffaut : Baisers volés (1968), Domicile conjugal (1970) et L'Amour en fuite (1978). Truffaut fait d'elle la « petite fiancée du cinéma français ».
D’autres rôles contribuent à sa popularité : Manette dans Mon oncle Benjamin et Véronique d'Hergemont dans le feuilleton L'Île aux trente cercueils. Claude Jade joue également dans des films américains (L'Étau d'Alfred Hitchcock), belges, japonais, allemands, italiens ou encore soviétiques.
En 2006, elle interprète son dernier rôle au théâtre dans Célimène et le Cardinal.
Issue d'une famille d'universitaires protestants, Claude Marcelle Jorré naît le à Dijon (Côte-d'Or). Ses parents, Marcel Jorré et Marcelle Schneider, fille du peintre Émile Schneider, sont professeurs.
Elle obtient l'autorisation de se présenter au concours d'entrée au conservatoire de Dijon en septembre 1963 alors qu'elle n'a pas 15 ans et est reçue première, grâce à son interprétation de la fable de La Fontaine Le Coq et le Renard et du poème de Paul Verlaine Après trois ans[1]. À partir de cette date, elle conjugue études classiques et théâtre.
À l'été 1965 (elle a 16 ans et est encore élève au lycée et au conservatoire de Dijon), alors qu'elle est en vacances avec ses parents, elle est contactée par son cousin Guy Jorré, réalisateur à la télévision, pour jouer un petit rôle dans un téléfilm : « C'est ainsi que, à distance, j'ai été engagée pour tourner une journée, le rôle de Mlle Lily dans Le Crime de la rue de Chantilly[n 1]. »[réf. nécessaire]
À l'automne 1966, le bac et un 1er prix de comédie en poche[2], elle s'installe à Paris et devient l'élève de Jean-Laurent Cochet dont elle suit les cours pendant plus d'un an au théâtre Édouard-VII. À cette époque, Jean-Laurent Cochet est secondé par d'autres professeurs : Béatrix Dussane donne, une matinée par semaine, des cours de poésie, Odette Laure des cours d'expression corporelle et de yoga, et Mary Marquet enseigne la poésie.
Dans les années 1960, la télévision devient un moyen pour beaucoup de jeunes comédiens de débuter ou d'accéder au cinéma, voire au théâtre. C'est le cas de Claude Jade qui, alors qu'elle n'est élève chez Jean-Laurent Cochet que depuis deux mois et avant même de jouer au théâtre, tourne dans les séries La Prunelle (1966-1967) puis Allô Police (1967) où, comme elle le dit, elle fait surtout « partie du décor », même si elle a un peu de texte. Elle-même est surprise par ce départ si rapide : « Je me suis donné trois ans pour faire quelque chose, pas trois mois. »[réf. nécessaire]. Claude Jorré devient alors Claude Jade, tout simplement en consultant un dictionnaire à la lettre J : « C'est doux Jade, la sonorité me plaît […] en prononçant ce nom, on est sûr qu’il s'agit d'une femme… »[réf. nécessaire]
En juin 1967, elle est engagée au théâtre Moderne par l'acteur et metteur en scène Sacha Pitoëff pour jouer le rôle de Frida dans Henri IV de Luigi Pirandello. François Truffaut la découvre (« Danielle Darrieux à ses débuts » dira-t-il[réf. nécessaire]) et lui propose le rôle de Christine Darbon dans son film Baisers volés, qu'il tourne de janvier à avril 1968.
Premier des trois films qu'elle tourne avec Truffaut, Baisers volés reçoit à sa sortie une avalanche de récompenses : Grand prix du cinéma français, prix Louis-Delluc, prix Méliès, prix Fémina belge, prix du British Film Institute et prix de la Hollywood Foreign Press Association. Il est sélectionné pour représenter la France à l'Oscar du meilleur film étranger 1969 et marque le début de l'idylle entre l'actrice et le cinéaste.
Truffaut, à qui elle doit le surnom de « petite fiancée du cinéma français », songe à l'épouser, et demande très cérémonieusement sa main à ses parents, mais revient sur sa décision au dernier moment[3].
Elle lui pardonne et ils deviennent d'indéfectibles amis. Claude Jade, qui représente aux yeux de la critique la pureté, la grâce, le naturel et la simplicité[4], devient célèbre du jour au lendemain. Louis Chauvet écrit : "La titulaire du premier rôle féminin, Claude Jade, ajoute un charme à l’intrigue. Démarche souple et gracieuse dont se fût enchanté Valery Larbaud. Parler naturel, verbe fluide. On ne peut prévoir encore comment évoluera la comédienne, mais on apprécie la joliesse d’une présence. Enfin, Claude Jade traduit bien la curiosité secrète, un peu taquine, qu’une jeune fille en fleur peut éprouver à l’égard d’un si déconcertant soupirant." (Chauvet, Figaro)
Courtisé par Antoine Doinel (Jean-Pierre Léaud) dans Baisers volés, son personnage sage et naïf change et évolue au fur et à mesure que les épisodes passent vers plus de gravité et d'amertume : épouse douce et amère dans Domicile conjugal (1970) et ex-femme indépendante et déterminée dans L'Amour en fuite (1978).
En 1971, Truffaut propose à son co-scénariste Jean-Loup Dabadie, pour Une belle fille comme moi, de confier à Claude Jade le rôle de Camille Bliss. Mais le scénariste la trouve trop jeune et c'est finalement Bernadette Lafont, de dix ans son aînée, qui est choisie. Hormis le « cycle Doinel », elle ne tourne pas d'autre film avec Truffaut et dira : « Je crois qu'au fond, il n'avait pas envie de me sortir du tiroir Doinel… »[5].
En 1968, Alfred Hitchcock s'apprête à tourner une superproduction américaine, dont une partie de la distribution doit être française. Claude Jade raconte que François Truffaut, qui trouve que « Claude Jade pourrait être la fille clandestine de Grace Kelly » tant la ressemblance est grande, l'a mise en rapport avec lui : « Mes parents étant anglicistes, je n'avais aucun problème pour m'exprimer en anglais. » Hitchcock demande à la rencontrer à Paris : « Il trouva que j'avais l'accent britannique […] Il était fidèle à un certain type de femme, et ça a aussi joué en ma faveur »[réf. nécessaire].
Deux jours plus tard, elle est engagée officiellement et le [6], Claude Jade commence le tournage de L'Étau (Topaz), dans lequel elle incarne Michèle Picard, fille d'un agent secret (Frederick Stafford)[n 2]. Les autres acteurs français engagés dans ce film sont Dany Robin, Michel Subor, Michel Piccoli et Philippe Noiret.
Après L'Étau, Claude Jade revoit Alfred Hitchcock le à Paris lorsque celui-ci est décoré de l'ordre des Arts et des Lettres et reste en relation épistolaire avec lui. Les réponses d'Hitchcock à ses lettres sont toujours étonnantes, parfois déroutantes mais toujours pleines d'humour, telle cette réponse à une carte d'Australie : « Chère Claude… Avez-vous sauté dans la poche d'un kangourou pour faire le tour de ville ? Si c'est le cas, vous avez dû avoir une promenade très cahotante. Affectueusement, Hitch » ; ou en réponse à son faire-part de mariage en 1972 : « Chère Claude, mes plus chaleureuses félicitations à l'occasion de votre mariage dont le faire-part vient de me parvenir. Efforcez-vous d'être le plus fidèle possible à votre mari. Cordialement, Hitch. »[réf. nécessaire]
« Je crois qu'au fond il m'aimait bien »[réf. nécessaire] dit-elle. Elle le rencontre pour la dernière fois au Festival de Cannes en 1975[n 3]. Malgré la « chance extraordinaire » d'avoir pu tourner avec Hitchcock, Claude Jade reconnaît plus tard n'avoir pas su profiter de cette rencontre professionnelle, comme elle l'aurait fait si elle avait eu davantage de métier et d'expérience[réf. nécessaire].
Outre Hitchcock et Truffaut, Claude Jade attire l'attention de nombreux réalisateurs comme André Hunebelle qui l'engage dans Sous le signe de Monte-Cristo (1968), une version contemporaine très librement adaptée de l'œuvre d'Alexandre Dumas avec Pierre Brasseur, Raymond Pellegrin, Michel Auclair et la jeune Anny Duperey entre autres. De l'aveu même de Claude Jade, ce film est « complètement raté »[7].
Début 1969, elle tourne sous la direction d'Édouard Molinaro le rôle de Manette, la fiancée de Jacques Brel dans Mon oncle Benjamin, avec, entre autres, Rosy Varte, Bernard Blier et Alfred Adam. Le scénario du film est adapté du roman de Claude Tillier, pamphlétaire bourguignon du XIXe siècle. Le film est tourné en Bourgogne (la région natale de Claude Jade), à Vézelay et aux environs de Corbigny.
En 1972, elle est Laura, fille de notaire (Jean Rochefort) et étudiante en médecine confrontée à une mère suffragette extravagante (Annie Girardot) dans Les Feux de la Chandeleur de Serge Korber. Pour Denys de La Patellière, elle joue la pure Françoise aux côtés de Robert Hossein dans Prêtres interdits (1973). Dans Le Pion de Christian Gion, elle donne la réplique à Henri Guybet : elle est Dominique Benech, la voisine du pion et mère esseulée d'un de ses élèves, qui nourrit à son égard de tendres sentiments.
Si la plupart du temps elle joue les « jeunes femmes sages », elle interprète aussi quelques « garces » : dans Le Bateau sur l'herbe (1970), elle est Éléonore, une jeune fille « odieuse » entre deux amis (Jean-Pierre Cassel et John McEnery) ; dans Le Malin plaisir (1974), Julie, une jolie femme sans scrupules, qui séduit dans son « nid de serpent » un écrivain (Jacques Weber). Avec Chantal Goya et Nicole Jamet, elle forme un trio de filles qui draguent les garçons dans Trop c'est trop de Didier Kaminka.
À la suite de L’Étau, Universal Pictures offre à Claude Jade un contrat exclusif de sept ans qu'elle refuse, car elle ne veut pas perdre sa liberté et supporter la contrainte de ne travailler que pour les Américains : « Je suis française, je tenais à pouvoir jouer dans ma langue et à vivre chez moi, auprès de ceux que j’aime. J'ai donc refusé. »[réf. nécessaire]
Le studio lui propose alors un contrat sans exclusivité, par lequel elle ne doit être à la disposition que pour un film par an, sur une durée de sept ans. Mais le contrat est annulé, faute de propositions et à la suite d'une crise financière chez Universal, tout comme ceux de Katharine Ross, Joanna Shimkus et de Tina Aumont. L’expérience américaine de Claude Jade demeure unique : Tony Richardson l’engage pour jouer Romola de Pulszky, femme de Vaslav Nijinski (Rudolf Noureev), dans Nijinsky's Life, écrit par Edward Albee et produit par Albert R. Broccoli et Harry Saltzman, mais le projet n’aboutit pas.
La célébrité acquise grâce au film d'Hitchcock lui ouvre néanmoins une carrière internationale : aux États-Unis, en Union soviétique, au Japon, en Allemagne, en Italie et en Belgique. En 1969, elle tourne en Belgique dans Le Témoin de la réalisatrice Anne Walter ; en 1972, dans La Fête à Jules (Home Sweet Home) de Benoît Lamy, elle est Claire, une infirmière autoritaire, qui s’humanise au contact d'un jeune assistant social, joué par Jacques Perrin. En 1975, elle joue le double rôle d'Anne et de Juliette dans Le Choix de Jacques Faber.
Elle tourne trois films en Italie : Number One (1973) de Gianni Buffardi, Meurtres à Rome (1974) de German Lorente, dans lequel elle retrouve Frederick Stafford dont elle est cette fois la maîtresse, et Caresses bourgeoises (1977) de Eriprando Visconti où elle incarne Maria Térésa, jeune femme mal mariée à un homme impuissant. Dans les années 1980 elle tourne également quatre épisodes du feuilleton Ma fille, mes femmes et moi (Voglia di volare), avec Gianni Morandi.
Au Japon, elle joue, en japonais, le rôle de sœur Marie-Thérèse, une missionnaire suisse, dans Le Cap du nord de Kei Kumai (1975).
Pendant les années 1980, à Moscou, elle joue dans deux films soviétiques, Téhéran 43 (1980) et Lénine à Paris (1981).
Claude Jade tourne dès ses débuts beaucoup pour la télévision. Elle décroche son premier rôle marquant dans le feuilleton Les Oiseaux rares (tourné en 1967 et diffusé en 1969) de Jean Dewever, dans lequel elle joue Sylvie Massonneau, une des cinq filles d'Anna Gaylor et Guy Saint-Jean.
Après son passage dans la compagnie Pitoëff, puis sa rencontre avec Truffaut, les rôles et les engagements deviennent plus nombreux et surtout plus intéressants. Elle tourne la série télévisée Mauregard (1968) produite par Claude de Givray, co-scénariste de Baisers volés, qui connaît de sérieux retard, à la suite des événements de mai. Elle y joue l’orpheline Françoise, mariée à Maxence (Richard Leduc).
Truffaut lui dit en plaisantant : « Avec tes grands yeux bleus, tu pourrais jouer Les Deux Orphelines à toi toute seule. »[réf. nécessaire]
En 1969, Jean-Christophe Averty lui confie, pour les fêtes de Noël, le rôle d'Héléna dans Le Songe d'une nuit d'été de Shakespeare qu'il a lui-même traduit. Fin 1971, elle joue le rôle-titre dans une féerie prévue pour le 31 décembre : Shéhérazade de Jules Supervielle, réalisée par Pierre Badel. En 1972, c'est Le Château perdu de François Chatel, où elle joue le rôle de Louise de La Vallière, la jeune favorite de Louis XIV. Elle enchaîne la même année avec le téléfilm de Philippe Arnal La Mandragore, d’après la pièce de Machiavel, où elle incarne la belle Lucrèce, coiffée de la même résille créée spécialement pour Liz Taylor dans La Mégère apprivoisée[réf. nécessaire]. Puis ce sont, entre autres, les rôles d’Hélène, jeune femme sans scrupules, dans Malaventure (1974), Penny Vanderwood dans Les Robots pensants (1975), l’infirmière Blanche dans Les Anneaux de Bicêtre (1976) aux côtés de Michel Bouquet,Lucile Desmoulins dans la série Les Amours sous la Révolution (1977), etc.
Claude Jade obtient une grande popularité avec le feuilleton L'Île aux trente cercueils, réalisé en 1979 par Marcel Cravenne d’après l'adaptation du roman de Maurice Leblanc. Elle interprète le personnage central de l’histoire, Véronique d'Hergemont, lequel apparaît de façon presque continue dans l’intégralité des six épisodes (« En fait, sur les cinq mois qu'a duré le tournage, il n'y a eu qu’une seule journée où mon nom ne figurait pas au plan de travail »[réf. nécessaire]). L’histoire se déroule en 1917 pendant la Première Guerre mondiale. Ses recherches conduisent l'héroïne en Bretagne sur la piste de son père et de son fils qui, alors que tout le monde les croit morts, se sont réfugiés sur l’île de Sarek, plus connue dans la région comme l'« Île aux trente cercueils ». Dès son arrivée, le cauchemar commence : des messages énigmatiques, une prophétie effrayante, la terreur superstitieuse des habitants de l’île, des morts brutales…
Début 1980, Claude Jade, qui a juste terminé l'émission de télévision Antenne à Francis Perrin dans laquelle elle est sa partenaire pour des extraits de Jean de la Lune et On ne badine pas avec l'amour, rejoint son mari, le diplomate français Bernard Coste, nommé en poste à Moscou.
Peu de temps après son arrivée, le producteur français Georges Cheyko, qui est prêt à commencer le tournage d'un grand film, en coproduction avec les Russes, l’engage pour tourner dans Téhéran 43 des réalisateurs russes Alexandre Alov et Vladimir Naoumov ; c'est son premier film soviétique. Dans cette histoire d'espionnage complexe, elle joue Françoise, jeune maîtresse d'un ancien espion travaillant pour les nazis. Le tournage dure onze mois et se déroule à New York, Paris, et aux studios de Moscou Mosfilm. Dans la distribution internationale, on retrouve entre autres Alain Delon et Curd Jürgens.
Le réalisateur Sergueï Ioutkevitch, ayant appris que Claude Jade vit à Moscou, lui propose le rôle d’Inès Armand, la maîtresse de Lénine, dans son film Lénine à Paris[n 4]. Le film est tourné à Moscou et à Paris. Ioutkevitch lui dédicace sa biographie par ces mots en français : « À une très grande actrice, Claude Jade avec l’admiration, très amicalement. S.Y. Paris-Moscou 1980. »[réf. nécessaire]
Pendant son séjour moscovite, elle n’en continue pas moins de revenir régulièrement en France pour tourner des téléfilms : Nous ne l'avons pas assez aimée dans lequel elle incarne Gisèle, une femme schizophrène, La Grotte aux loups dans le rôle de Solange, institutrice et détective amateur, ou encore Lise et Laura où elle est, à deux époques différentes, l’épouse de Michel Auclair. En 1981, c'est une comédie du réalisateur Michel Nerval Le bahut va craquer où elle joue une prof de philo un peu pimbêche aux côtés de Michel Galabru et Darry Cowl. La même année, une réalisatrice allemande, Gabi Kubach, lui confie le rôle d’Evelyn, une jeune femme fragile et fantasque, qui s’éprend d'un Américain dans Rendez-vous in Paris. Le film est tourné en Tchécoslovaquie, dans les Sudètes et à Prague.
Elle effectue également un séjour en Arménie avec un groupe de Français, dont l’écrivain Georges Conchon et l’ancien ministre Georges Gorse.
En été 1982, après trois années passées à Moscou, son mari est nommé conseiller culturel à Nicosie (Chypre). C’est lors de cette période qu’elle tourne L'Honneur d'un capitaine de Pierre Schoendoerffer. En 1983, reprise par le théâtre (qu'elle n’a jamais abandonné), elle joue Les Exilés de James Joyce au théâtre des Célestins de Lyon, mise en scène de Jean Meyer. En février 1984, elle revient à Paris afin de répéter la pièce Le Faiseur d'après Balzac, qu’elle crée quelques semaines plus tard (c'est sa cinquième et dernière pièce avec Jean Meyer aux Célestins de Lyon). Elle en profite pour rendre visite à François Truffaut, déjà très malade. « Il m’a paru très confiant ; ou était-ce une manière élégante de me cacher la vérité sur son état ? »[réf. nécessaire]. La même année, elle joue Marelle, une jeune femme recherchant son mari disparu, dans le téléfilm Une petite fille dans les tournesols de Bernard Férié, tourné à Auch dans le Gers et qui reçoit le prix de la Société des auteurs.
C'est à Nicosie qu’elle apprend, le , la mort de François Truffaut : « La mort de François fut la première d'une longue liste d'êtres chers à mon cœur, et curieusement ma vie n’a plus été la même. »[réf. nécessaire] Invitée par Jeanne Moreau, elle se rend à Cannes pour l’hommage que le cinéma rend à François Truffaut en 1985. Une grande partie des interprètes de ses films, parmi lesquels Delphine Seyrig, Brigitte Fossey, Bernadette Lafont, Fanny Ardant, Marie Dubois, Jacqueline Bisset, Catherine Deneuve, Jean-Pierre Léaud, Gérard Depardieu, Charles Denner, Charles Aznavour, Henri Garcin, Jean-Claude Brialy et Jean-Pierre Aumont, se retrouve sur la scène du palais des Festivals pour la projection du film de Claude de Givray, Vivement Truffaut, et pour une photo de famille.
Fin 1985, après six années d’« exil » (« Je suis sûre que ma carrière en a pâti »[réf. nécessaire]), elle se réinstalle à Paris. À son retour, elle demeure active au théâtre comme à la télévision. Cependant, elle éprouve des difficultés à retrouver une place au cinéma. En 1986, René Féret lui offre le rôle ambigu d'Alice dans un film policier, L'Homme qui n'était pas là, aux côtés de Sabine Haudepin, Valérie Stroh, Georges Descrières et Jacques Dufilho. La même année, elle joue à Paris dans une pièce de Vladimir Volkoff, L’Interrogatoire, mise en scène de Christian Alers, le rôle de l’épouse d’un officier allemand dont les Américains veulent obtenir les aveux.
À la même période, Claude Jade est contactée par Daniel Cohn-Bendit qui s’intéresse à l'œuvre de François Truffaut (rencontré lors de l’« Affaire Langlois » en 1968) et a le projet de réaliser un film avec les interprètes du cycle Doinel dans leur propre rôle[réf. nécessaire]. Le projet n'a pas de suite.
À l’été 1987, Claude Jade s'envole pour la Guadeloupe ; elle tourne avec le réalisateur d'origine iranienne Iradj Azimi Le Radeau de la Méduse, où elle joue le rôle de Reine Schmaltz, l'épouse du futur gouverneur du Sénégal, mondaine charmante et totalement inconsciente de la tragédie qui se joue. Le titre du film fait référence au célèbre tableau du peintre Géricault, la base du film ayant pour origine l'histoire vraie du naufrage de la frégate La Méduse en 1816, au large des côtes du Sénégal et des événements dramatiques qui suivirent. Le film rencontre presque autant de malheurs que son sujet : retards liés aux réglages des prises de vues, intempéries multiples (dont le célèbre cyclone Hugo) qui obligent à refaire les décors, problèmes de financement et de distribution qui retardent la sortie qui ne se fit qu’en 1998.
Cette même année, elle tourne dans le feuilleton Le Grand Secret de Jacques Trébouta, d’après un roman de René Barjavel et un scénario d’André Cayatte. Elle y incarne Suzan Frend, l’épouse mystérieuse de Claude Rich. Puis un film Qui sont mes juges ? d’André Thierry, où elle joue l'épouse d'un camionneur, joué par le rugbyman Jean-Pierre Rives, mais qui n'est pas distribué et demeure inédit. Au printemps 1988, elle tourne dans le feuilleton en trente épisodes La Tête en l'air de Marlène Bertin et diffusé seulement en 1993 ; elle y est Sylvie, une ancienne danseuse, mère d’une fille passionnée d’aviation (Valérie Karsenti). À la rentrée suivante, on la retrouve dans une pièce de théâtre, écrite par Catherine Decours pour le bicentenaire de la Révolution française, Régulus 93 ou la Véritable Histoire du citoyen Haudaudine, mise en scène de Jean-Luc Tardieu qui dirige l'Espace 44 à Nantes. Elle y est, dans le rôle de la marquise de Bonchamps, entourée de Bruno Pradal, Geneviève Fontanel, Liliane Sorval, Michel Le Royer, Michel Fortin…
En 1989, elle tourne le feuilleton Fleur bleue de Jean-Pierre Ronssin. La même année, le réalisateur Charles Bitsch (un ami de jeunesse de Truffaut) lui propose de jouer dans un épisode de la série V comme vengeance le rôle d’Agnès, ménagère mariée à un représentant (Roger Miremont). Puis, en 1990, elle tourne avec Stéphane Bertin L'Éternité devant soi ; enfin dans l'épisode Windows de la série américaine Le Voyageur, elle joue Monique, la voisine mystérieuse.
En 1991, elle incarne au cinéma Gabrielle Martin, la mère de Jules (Guillaume de Tonquédec) et femme trompée par son mari (Philippe Khorsand), dans Tableau d'honneur de Charles Nemes. La même année, elle joue une comédie de boulevard de Julien Vartet Un château au Portugal au studio des Champs-Élysées, mise en scène de Idriss. Le metteur en scène Jean Maisonnave l’engage en 1992 pour jouer à l’Athénéum de Dijon la pièce de Michel Vinaver Dissident, il va sans dire, qui met en scène, dans un immeuble à loyer modéré, Hélène et son fils drogué. Cette même année, elle joue au cinéma la lesbienne Caroline aux côtés de Michel Serrault et Corinne Le Poulain dans Bonsoir de Jean-Pierre Mocky.
Jean-Daniel Verhaeghe lui propose en 1993 le rôle de Madame des Grassins, mère empressée d'un des prétendants d'Eugènie Grandet d'après le roman de Balzac, avec Jean Carmet, Dominique Labourier, Bernard Haller… En 1994, elle est engagée par Jacques Richard dans Porté disparu. Après quelques séries (Navarro, Julie Lescaut…), elle joue en 1995 dans un téléfilm écrit d’après le dernier scénario de François Truffaut, Belle Époque de Gavin Millar[n 5].
À partir du milieu des années 1990, Claude Jade se fait plus rare sur les écrans, non par choix mais parce que les propositions et les engagements se font moins nombreux : « Quand j’ai débuté, j’ai eu tant de facilité, que je ne pensais pas qu'il pût y avoir des lendemains incertains. Ils existent bel et bien. »[réf. nécessaire] Elle connaît des périodes d’inactivité forcée, tant dans le cinéma qu’à la télévision ou au théâtre : « Pour une femme particulièrement, c’est un métier difficile, car, avec l’âge l'emploi change, et les beaux rôles se raréfient […]. Il faut pouvoir et savoir attendre qu'un metteur en scène fasse appel à vous […]. L’âge peut être un handicap[n 6]… »
Elle profite du « creux de la vague » pour enregistrer des dramatiques radiophoniques et des contes pour enfants (elle s’y était déjà essayée en 1976), notamment sur France Culture, et faire des lectures publiques, à Paris et en Corse.
En 1997, elle joue Mme Marquis, veuve de la victime, dans un épisode de la série Inspecteur Moretti, Un enfant au soleil de Gilles Béhat. En 1998, dans la série policière Une femme d'honneur, elle joue Madeleine Trobert, la mère d'une jeune fille enlevée.
De 1998 à 2000, elle joue dans le très long feuilleton télévisé Cap des Pins créé par Nicolas Cohen, dont elle est l’héroïne principale, Anna Chantreuil, mariée à Gérard (Paul Barge). En 1999, elle joue dans un court métrage La Rampe de Santiago Otheguy pour le film à sketches Scénarios sur la drogue, le rôle d’une quinquagénaire souffrant de dépendance à l’alcool.
Jean Daniel Verhaeghe lui propose, en 2000, de tourner en République tchèque dans la mini-série Sans famille d’après Hector Malot, qu’il réalise pour les fêtes de Noël. En septembre 2001, elle remonte sur les planches à Paris, au Nouveau Théâtre Mouffetard, pour jouer le rôle de Marie Sodérini, dans Lorenzaccio, une conspiration en 1537 d'Henri Lazarini d'après Alfred de Musset. En 2003, elle tourne un court-métrage À San Remo de Julien Donada, puis quelques séries : La Crim' en 2004, Groupe flag en 2005 .
Après cinq ans d'absence, elle revient au théâtre en février 2006, dans une pièce de Jacques Rampal, Célimène et le Cardinal qu’elle interprète avec Patrick Préjean au théâtre du Lucernaire à Paris[8]. Le Figaro du écrit : « Claude Jade, qu’on est heureux de retrouver, est très bien en épouse provocatrice tout en finesse bouscule Patrick Préjean en serviteur de Dieu »[source insuffisante], et Marianne du : « L’interprétation des excellents comédiens, Patrick Préjan et Claude Jade, donne à cette pièce résolument moderne, le cachet d’un grand classique. »[source insuffisante]
Atteinte d’un cancer de la rétine (rétinoblastome), Claude Jade se voit obligée de porter une prothèse oculaire lors de la dernière représentation de Célimène et le Cardinal en août 2006. Elle est résolue à reprendre la pièce en 2007 lorsqu'elle meurt soudainement le de métastases hépatiques à l'âge de 58 ans. Ses obsèques ont lieu le 5 décembre en l’église réformée de l'oratoire du Louvre, rue Saint-Honoré, à Paris. Elle est ensuite incinérée au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, puis ses cendres sont remises à la famille[9].
Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture, salue « l’incarnation de l’élégance, de la simplicité et du charme à la française ». Selon ses propos, « elle reste en cela un exemple pour des générations de comédiens qui gardent l’envie de croire en ce fichu métier comme elle aimait l’appeler[10],[11]. »
Véronique Cayla, directrice générale du Centre national de la cinématographie, témoigne : « C'est avec une grande tristesse que j'ai appris la disparition de Claude Jade. Grande et belle comédienne, elle a représenté, plus particulièrement dans les films de François Truffaut, qui l’avait découverte, la grâce discrète de la jeune femme française. Aujourd’hui je rends hommage à une comédienne à la douce luminosité, à une femme, qui a toujours gardé intacte sa lucidité sur son métier et je présente mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches[12]. »
Jacques Rampal, auteur de Célimène et le Cardinal, écrit : « Elle a fini sa vie sur scène… elle a fini en beauté, donnant une représentation remarquable, c’était le , c'était hier. [Claude Jade] n'était pas très à l’aise dans un milieu où il faut parfois jouer des coudes. [… Mais], elle n’était ni jalouse, ni amère. »[réf. nécessaire]
En , le conseil municipal de Dijon, sa ville natale, donne son nom à une allée[13].
Le , Claude Jade épouse Bernard Coste, un diplomate français rencontré lors d’un déplacement à Rio au Brésil[14]. Le couple a un fils, Pierre, né en 1976.
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