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actrice, chanteuse, réalisatrice et scénariste française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jeanne Moreau, née le à Paris 10e et morte le dans le 8e arrondissement de la même ville, est une actrice, chanteuse et réalisatrice française.
Nom de naissance | Jeanne Moreau[1] |
---|---|
Naissance |
Paris 10e (France) |
Nationalité | Française |
Décès |
(à 89 ans) Paris 8e (France) |
Profession |
Actrice Chanteuse Réalisatrice |
Films notables |
Touchez pas au grisbi Ascenseur pour l'échafaud Les Amants La Nuit Jules et Jim Eva La Baie des Anges Viva Maria! La mariée était en noir Les Valseuses |
Elle a joué dans plus de cent trente films — dont Ascenseur pour l'échafaud, Les Amants, Moderato cantabile, Jules et Jim, Eva, Le Journal d'une femme de chambre, Viva Maria !, La mariée était en noir, La Vieille qui marchait dans la mer... — sous la direction de réalisateurs comme Luis Buñuel, Theo Angelopoulos, Wim Wenders, Rainer Werner Fassbinder, Michelangelo Antonioni, Manoel de Oliveira, Joseph Losey, Orson Welles, Elia Kazan, Jacques Becker, François Truffaut, Louis Malle, Jacques Demy, Jean Renoir, Marguerite Duras ou encore Agnès Varda.
En 1992, elle obtient le César de la meilleure actrice pour La Vieille qui marchait dans la mer, suivi de deux César d'honneur en 1995 et en 2008.
En 1998, l'Académie américaine des arts et des sciences du cinéma lui rend hommage lors d'une cérémonie. En 2000, elle est la première femme élue à l'Académie des beaux-arts de l'Institut de France, au fauteuil créé en 1998 dans la section Création artistique pour le cinéma et l'audiovisuel.
Jeanne Moreau naît en 1928 dans le 10e arrondissement de Paris[1].
Son père, Anatole-Désiré Moreau[2], né à Mazirat dans l'Allier, fils d'un huilier, est le gérant de la brasserie À la cloche d'or, au coin de la rue Fontaine et de la rue Mansart à Paris[3]. Sa mère, Kathleen Buckley, née à Blackpool (Lancashire, Angleterre), est la fille d'un marin-pêcheur ; de nationalité britannique, elle est danseuse aux Folies Bergère et rejoint plus tard la troupe de Joséphine Baker.
Après avoir passé une partie de son enfance à Vichy[4] et à Mazirat[5], la future comédienne achève ses études secondaires à Paris et commence à suivre, à l'insu de ses parents, les cours de théâtre de Denis d'Inès, alors doyen de la Comédie-Française. En 1946, elle entre dans sa classe comme auditrice, au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris.
Début 1947, elle passe le concours d'entrée au Conservatoire tout en jouant un petit rôle dans Le Lever de soleil à la Comédie-Française. En , elle participe au premier festival d'Avignon avec de brèves apparitions dans trois pièces (avec Anne Caprile elle joue notamment une suivante de la reine (Léone Nogarède) dans La Tragédie du roi Richard II sous la direction de Jean Vilar)[6]. De retour au « Français », elle obtient, en , le rôle de Joas dans Athalie.
Pensionnaire de la Comédie-Française, c'est à la suite de la publication d'une photo d'elle dans la pièce Un mois à la campagne que son père la chasse de la maison familiale. Elle se fait réellement remarquer en 1950 dans Les Caves du Vatican d'André Gide, mise en scène par Jean Meyer, où elle joue la petite prostituée. Ce rôle lui vaut la couverture de Paris Match et les félicitations de Paul Léautaud. Par la suite, elle incarne de nouveau un personnage de prostituée dans une reprise d’Othello, avec Aimé Clariond dans le rôle-titre ; à cette occasion Orson Welles, qui prépare l'adaptation cinématographique de la pièce, la remarque.
Démissionnant de la Comédie-Française en 1952, elle rejoint le TNP de Jean Vilar, se produit au Festival d'Avignon où elle joue le rôle de l’infante dans le Cid, avec Gérard Philipe, alors qu'elle aurait voulu celui de Chimène. En 1952, elle revient au festival avec le rôle de Nathalie d'Orange dans Le Prince de Hombourg, mais y est mal à l'aise et accepte, sur le conseil de Gérard Philipe, la proposition du théâtre Antoine pour jouer dans la pièce L’Heure éblouissante d'Anna Bonacci (mise en scène de Fernand Ledoux), un rôle, encore une fois, de prostituée. Lors de cette pièce, elle rencontre l'écrivain Blaise Cendrars.
Elle obtient ses premiers rôles au cinéma dans Meurtres de Richard Pottier en 1950, puis dans Touchez pas au grisbi de Jacques Becker en 1954. La même année, elle est une très sensuelle et frivole reine Margot pour Jean Dréville.
En 1956, alors qu'elle joue dans la pièce La Chatte sur un toit brûlant, elle rencontre Louis Malle qui prépare le film Ascenseur pour l'échafaud et le scénariste Roger Nimier qui lui présente Paul Morand. Cette œuvre révèle toute la subtilité de son jeu et Les Amants, qui fait scandale lors de sa sortie, lui donne l'image d'une héroïne moderne.
Pour Roger Vadim, elle incarne un avatar de la marquise de Merteuil auprès de son compère de toujours Gérard Philipe dans Les Liaisons dangereuses 1960, transposition contemporaine du roman de Choderlos de Laclos. Elle obtient le prix d'interprétation féminine du Festival de Cannes 1960 pour Moderato cantabile de Peter Brook, d'après Marguerite Duras.
En 1961, Michelangelo Antonioni lui confie le premier rôle de La Nuit aux côtés de Marcello Mastroianni et Monica Vitti. Eva de Joseph Losey, Le Procès d'Orson Welles et La Baie des Anges de Jacques Demy confirment sa réputation de comédienne exigeante et rigoureuse, prête à mettre son talent au service d'œuvres ambitieuses et de metteurs en scène audacieux.
L'année 1962 marque un tournant dans la carrière de Jeanne Moreau avec le film Jules et Jim de François Truffaut qu'elle avait déjà rencontré en 1958 lors du Festival de Cannes 1958. Le producteur Jacques Canetti sort la bande originale du film Le Tourbillon qu'elle interprète dans le film avec Serge Rezvani à la guitare. Le succès du film et de la bande originale est immédiat.
À la suite de l'énorme succès rencontré par cette œuvre, elle lie connaissance avec l'Américaine Anaïs Nin qui la veut pour incarner son héroïne dans le film L’Espionne dans la maison de l'amour, tiré d'un de ses romans[7]. Finalement, le film ne se fait pas, mais une solide amitié est née. Elle part ensuite en Californie pour jouer dans une série de films et, lors d'une soirée, Anaïs Nin lui présente l'écrivain Henry Miller, son compagnon d'alors, qui lui dit un jour : « Surtout, ne dites jamais aux gens avec qui vous travaillez, que nous sommes amis, votre réputation serait fichue ». Elle se lie aussi d'amitié avec Tennessee Williams et Peter Brook.
En 1965, elle tourne en anglais dans Falstaff, de son ami Orson Welles.
À partir de cette époque, elle ne cesse d'être sollicitée par de grands réalisateurs : Luis Buñuel (Le Journal d'une femme de chambre), Tony Richardson (Mademoiselle, Le Marin de Gibraltar), Bertrand Blier (Les Valseuses), Elia Kazan (Le Dernier Nabab), André Téchiné (Souvenirs d'en France), Rainer Werner Fassbinder (Querelle), Michel Deville (Le Paltoquet), Theo Angelopoulos (Le Pas suspendu de la cigogne), Wim Wenders (Jusqu'au bout du monde, Par delà les nuages coréalisé avec Antonioni) ou plus récemment Amos Gitaï (Désengagement, Plus tard tu comprendras).
Elle a retrouvé Truffaut dans un drame policier adapté de William Irish : La mariée était en noir en 1968 et avait également tourné de nouveau avec Louis Malle trois ans auparavant dans Viva Maria ! où elle donnait la réplique à Brigitte Bardot. Pour sa prestation, elle avait remporté un BAFTA en 1967. Losey a aussi fait de nouveau appel à elle pour Monsieur Klein (1976) et La Truite (1982).
Ayant été encouragée par Orson Welles, elle passe à la réalisation avec Lumière en 1976 et L'Adolescente en 1979.
En 1974, elle fait une incursion au Québec pour jouer dans le film Je t'aime, de Pierre Duceppe. Elle y reviendra, en 2006, à l'invitation du metteur en scène et réalisateur Yves Desgagnés qui réalise une adaptation de Roméo et Juliette où elle joue le rôle de Laurence.
En 1977, elle part vivre à New York et découvre le livre Solstice de Joyce Carol Oates, une histoire d'amitié entre deux femmes. Jeanne Moreau veut en faire son troisième film. Elle écrit le scénario avec l'auteur du livre, mais les studios Walt Disney, qui sont contactés comme producteurs éventuels, refusent finalement, considérant qu'il s'agit d'une histoire déguisée de lesbiennes, du fait, dans le scénario, de la relation ambiguë entre les deux femmes.
Jean-Pierre Mocky révèle ses talents comiques en 1987 dans Le Miraculé avec Michel Serrault et Jean Poiret, et La Vieille qui marchait dans la mer — adaptation d'un roman de Frédéric Dard par Laurent Heynemann — lui vaut le César de la meilleure actrice en 1992.
Jeanne Moreau est souvent revenue au théâtre et toujours avec des prestations mémorables comme en 1973 dans La Chevauchée sur le lac de Constance de Peter Handke. Alors qu'elle joue dans cette pièce, elle rencontre et se lie d'amitié avec Patricia Highsmith, qui vit près de Fontainebleau. En 1986, elle triomphe dans Le Récit de la servante Zerline d'Hermann Broch pour lequel elle obtient de nombreuses distinctions, dont un Molière. En 1989, elle revient au festival d'Avignon dans le rôle-titre de La Célestine, de Fernando de Rojas.
Pour la télévision, elle collabore entre autres avec Jean Renoir (Le Petit Théâtre de Jean Renoir), Jacques Doillon (L'Arbre) et de nombreuses fois avec Josée Dayan (Balzac, Les Misérables, Les Parents terribles, Les Rois maudits). La réalisatrice lui offre d'ailleurs, pour le grand écran, le rôle de son amie Marguerite Duras dans Cet amour-là, d'après le témoignage du dernier compagnon de l'auteure.
Jeanne Moreau reçoit des mains de Sharon Stone, en 1998, un hommage de l'Académie des Oscars pour l'ensemble de sa carrière. Il s'agit de la plus haute distinction délivrée par cette académie pour une comédienne internationale, en reconnaissance de sa contribution à l'histoire du cinéma.
Elle a également interprété de nombreuses chansons en français, écrites principalement par Serge Rezvani, Géo Norge, Elsa Triolet et Marguerite Duras (India Song). Certaines, inspirées par la musique brésilienne, furent composées par Antoine Duhamel sur ses propres textes.
Elle est la seule comédienne à avoir présidé deux fois le jury du Festival de Cannes : en 1975 et en 1995. Elle y a aussi été plusieurs fois maîtresse de cérémonie. Elle a également présidé l'Académie des Césars de 1986 à 1988.
La filmographie de Jeanne Moreau a laissé une place importante à la jeune génération de cinéastes européens. De fait, elle participe activement depuis 2003, d'abord, cette année-là, comme présidente du jury, puis comme marraine fidèle, au Festival international des jeunes réalisateurs Premiers Plans d'Angers[8]. Elle assure elle-même la direction artistique du festival, proposant ainsi des rétrospectives (Louis Malle, Ingmar Bergman) et retourne régulièrement à Angers où en parallèle au festival Premiers Plans, elle crée en 2005 une école de cinéma, Les Ateliers d'Angers, reconnue comme une main tendue à la relève. Chaque année depuis lors, cette formation accueille une vingtaine de jeunes réalisateurs européens en quête de perfectionnement en techniques cinématographiques, afin de passer du court métrage au long métrage.
Sa carrière en tant que chanteuse démarre avec deux albums originaux de Serge Rezvani (alias Cyrus Bassiak) en 1963 et 1967, dont le célèbre J'ai la mémoire qui flanche et Tout morose (accompagnée par Elek Bacsik à la guitare, et Michel Gaudry). En 1975, elle enregistre le single India song (musique de Carlos D'Alessio, paroles de Marguerite Duras et arrangements de Karel Trow) dont la face b, Rumba des iles est un dialogue entre elle-même et Marguerite Duras. D'autres albums suivent dont, en 1981, l'album sur des textes du poète belge Norge (le nombril, Pas bien, etc.), toujours enregistré par Jacques Canetti. En 2010, elle enregistre avec Étienne Daho l'intégrale du Condamné à mort, long poème de Jean Genet, à l'occasion du centenaire de l'anniversaire de naissance de l'écrivain, et revient à Avignon en [9] pour lire à nouveau ce texte, toujours chanté par Etienne Daho sur une musique d'Hélène Martin[10].
En 2011, elle chante en duo avec Christian Olivier le single Emma, intégré à l'album L'an Demain des Têtes Raides.
En 2014, elle est membre du comité de soutien à la candidature d'Anne Hidalgo à la mairie de Paris[11].
Jeanne Moreau est retrouvée morte par sa femme de ménage au matin du , dans son appartement parisien du square du Roule, rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris[12],[13],[1].
Elle est inhumée au cimetière de Montmartre (division 21) à Paris[14], non-loin de François Truffaut. Son fils Jérôme la rejoint dans le même caveau à sa mort en 2019.
Selon ses volontés testamentaires, l’actrice a légué l’ensemble de ses biens, ainsi que la propriété de ses droits d’auteur et moraux et sur l’œuvre de sa vie, au « Fonds Jeanne Moreau », créé en [15], et qui a pour mission de soutenir le cinéma et le théâtre, et d'en favoriser l'accès aux enfants.
À sa création, l’actrice désigne le chanteur Etienne Daho comme administrateur et ambassadeur du fond, et il est présidé par l’avocat Robert Guillaumond[16], aidé du diplomate Hugues Goisbault.
Jeanne Moreau a été mariée deux fois. En 1949, elle épouse le comédien et réalisateur français Jean-Louis Richard et accouche le lendemain de leur mariage, le , de leur fils Jérôme[17]. Elle divorce en 1951, mais Jean-Louis Richard la dirige néanmoins après leur séparation dans Mata Hari, agent H 21 et Le Corps de Diane.
Elle a vécu avec l'acteur Philippe Lemaire en 1956.
Après avoir évité à la dernière minute de se marier avec Teodoro Rubanis en 1966[18], elle convole en secondes noces en 1977 avec le réalisateur américain William Friedkin, auteur de L'Exorciste et de French Connection (leur union a duré quatre ans).
Vers 1995, ayant lu Le Livre tibétain de la vie et de la mort de Sogyal Rinpoché, elle assiste à ses conférences et s’intéresse au bouddhisme[19].
À Paris, elle a vécu rue du Cirque puis dans un grand appartement près de la place de l'Étoile[20],[21].
Grande séductrice au cinéma, Jeanne Moreau a dit concernant sa vie sentimentale :
« J’ai séduit beaucoup d’hommes. J’ai toujours été vers des hommes qui avaient du talent. Je n’ai pas eu des amants pour avoir des amants[22]. »
Le chanteur Sacha Distel raconte :
« Un jour, j’enchaînais les morceaux, tête dans les cordes comme pour mieux oublier mes soucis, et lorsque j’ai relevé la tête, une superbe brune était là et m’a jeté un regard assassin. Le tout avant de sortir, sans un mot, au bras d’un type avec lequel elle avait l’air de s’ennuyer sec. « C’est Jeanne Moreau », m’a glissé le barman. J’ai trouvé son numéro (grâce à tonton Raymond), que je formai aussitôt sur mon cadran. Elle m’accueillit par cette phrase : « J’attendais votre appel. » J’ai craqué dès le premier soir. Il y avait de quoi. Jeanne était une sorte de tornade, l’amoureuse dont tout jeune homme rêve[23]. »
Les plus connues sont ses liaisons avec le couturier Pierre Cardin débutée en 1961 et ayant duré quatre ans[24], avec les cinéastes Louis Malle[25] et François Truffaut, Jean-Louis Trintignant lors du tournage de Mata Hari, agent H 21[3] et Tony Richardson qui quitte Vanessa Redgrave pour elle mais qu’elle quitte ensuite pour un jeune marin[3], le producteur Raoul Lévy[26] ou encore le jeune acteur Pierre-Loup Rajot en 1987[3].
Brigitte Bardot, dans le premier tome de ses mémoires, lui prête aussi une aventure avec l'acteur américain George Hamilton, pendant le tournage de Viva Maria ! au Mexique.
Quant à Georges Moustaki, tout juste s’enorgueillit-il d’avoir tenu Jeanne Moreau dans ses bras. « Elle m’a accordé ses faveurs pendant quelques mois idylliques », rapporte-t-il. Lassée de ses infidélités, elle l’a quitté et ne lui a plus adressé la parole pendant trente-cinq ans[27].
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par les bases de données Allociné et IMDb.
Avec Étienne Daho, mise en musique du poème éponyme de Jean Genet, pour célébrer le centenaire de son anniversaire de naissance.
En 2008, à l'occasion de ses 80 ans et de ses soixante ans passés sur le grand écran, de nombreux hommages lui sont rendus, notamment au Festival Premiers Plans d'Angers et à la Cinémathèque française. Après avoir reçu un César d'honneur en 1995, elle reçoit un Super César d'honneur lors des Césars 2008, pour consacrer sa carrière.
La 43e cérémonie des César se déroulant en est dédiée à Jeanne Moreau qui appose son image sur son affiche officielle.
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