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militante de la « Women's Social and Political Union », par extension militante pour le droit de vote des femmes dans le monde anglo-saxon De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le terme suffragettes [syfʁaʒɛt][1] Écouter (en anglais : [ˌsʌfrəˈdʒɛts][2]) désigne, en son sens strict, les militantes de la Women's Social and Political Union, une organisation créée en 1903 pour revendiquer le droit de vote des femmes au Royaume-Uni. Ses modes d’action, fondés sur la provocation, rompirent avec la bienséance qui dominait jusqu’alors le mouvement suffragiste britannique.
En 1918, les femmes britanniques obtinrent le droit de vote à partir de 30 ans (les hommes pouvaient, eux, voter dès l'âge de 21 ans). L'égalité fut établie dix ans plus tard, lorsque les femmes furent autorisées à voter dès 21 ans en 1928.
Ce terme possédait une connotation négative puisqu'il était utilisé par la presse pour discréditer les femmes dans leur engagement (le suffixe « -ette » visait à minorer ces femmes et leur engagement)[3].
Par extension, le terme est parfois utilisé pour désigner l’ensemble des militantes pour le droit de vote des femmes dans le monde anglophone. Cependant, la question se pose aujourd'hui, de réhabiliter le terme de « suffragiste » à la place de « suffragette » pour éviter tout jugement de valeur et adopter une appréciation historique neutre.
Avant la Première Guerre mondiale, les femmes n'ont pas le droit de vote (des exceptions existent cependant : la Nouvelle-Zélande depuis 1893, l'Australie depuis 1901, la Finlande depuis 1906, la Norvège depuis 1913 et quelques États américains).
Au cours du XIXe siècle, quelques lentes avancées concernant les droits de femmes avaient été gagnées[Où ?] : le droit des femmes mariées de disposer de leurs biens propres, le droit de vote dans certaines élections mineures, le droit de faire partie du conseil d'administration d'une école[Quand ?].
En 1832, en Grande-Bretagne est lancée la première pétition féministe présentée au Parlement en 1851 demandant le droit de vote des femmes[pas clair][4],[5],[6].
En 1873, aux États-Unis, Lillie Devereux Blake intervient devant la Commission constitutionnelle de New York en faveur du vote des femmes. Avec Matilda Joslyn Gage, elle signe la Déclaration des droits des femmes du centenaire de 1876.
En 1876, en France, Hubertine Auclert fonde la société Le Droit des femmes, qui soutient le droit de vote des femmes. Elle devient en 1883 Le Suffrage des femmes.
Au Royaume-Uni, en 1897, Millicent Fawcett fonde la National Union of Women's Suffrage Societies, afin d'obtenir le droit de vote pour les femmes. Espérant y parvenir par des moyens pacifiques, Fawcett donne des arguments pour convaincre les hommes politiques, seuls à avoir le pouvoir de l'octroyer. Elle met par exemple en évidence que les femmes devaient obéir aux lois et donc devraient avoir le droit de participer à leur élaboration.
En 1903, Emmeline Pankhurst fonde la Women's Social and Political Union (WSPU) et avec ses trois filles Christabel, Sylvia et Adela ainsi qu'un groupe de femmes britanniques rapidement nommées suffragettes, commença une bataille plus violente pour obtenir l'égalité entre hommes et femmes.
En 1905, Christabel et Annie Kenney sont arrêtées pour avoir crié des slogans en faveur du vote féminin lors d'une réunion politique du Parti libéral. Elles choisissent l'incarcération plutôt que de payer l'amende. C'est le début d'une suite d'arrestations suscitant une sympathie grandissante du public pour les suffragettes. Celles-ci se mettent à incendier des institutions symboles de la suprématie masculine qu'elles contestent, comme une église ou un terrain de golf réservé aux hommes[7]. En 1908, au Parlement britannique, Muriel Matters et Helen Fox s'enchaînent à la grille de la galerie des Dames, afin d'obscurcir la salle des travaux parlementaires. Pour les détacher, il faudra démonter cette grille[8]. Winston Churchill, alors ministre de l'Intérieur (1910-1911), se proclame favorable au droit de vote des femmes, tout en refusant de céder aux actions illégales ; il ne s'oppose donc pas à la multiplication des arrestations.
Des grèves de la faim s'ensuivent dans les prisons. La police tente d'alimenter de force les récalcitrantes et le gouvernement répondit, sans succès, avec la loi Cat and Mouse Act, officiellement The Prisoners (Temporary Discharge for Ill Health) Act 1913) : lorsqu'une gréviste de la faim devenait trop faible, elle était relâchée, puis réincarcérée une fois sa vie hors de danger[9].
Les suffragettes ont ce qu'elles considèrent comme leur première martyre, en 1913, quand Emily Davison est tuée en tentant d'accrocher une écharpe, en signe de protestation, autour du cou du cheval du roi George V, qui participait au derby d'Epsom[10].
La Première Guerre mondiale a pour conséquence une importante pénurie de main-d'œuvre masculine liée à la mobilisation et amène les femmes à occuper des emplois traditionnellement masculins. Cela provoque une remise en question des capacités des femmes au travail. La guerre cause une rupture au sein du mouvement des suffragettes. D'une part, le courant dominant représenté par le WSPU d'Emmeline et Christabel Pankhurst appelle à un « cessez-le-feu » dans leur campagne tant que dure le conflit, et d'autre part des suffragettes plus radicales, représentées par le Women's Suffrage Federation de Sylvia Pankhurst, proche des marxistes, appellent à la poursuite des hostilités. Le courant majoritaire participe avec enthousiasme aux campagnes de recrutement pour l'armée, et mène une tournée de distribution de fleurs, symboles de couardise, dans la rue, à des hommes en âge de se battre qui ne se sont pas engagés.
En 1918, le Parlement du Royaume-Uni vote une loi (the Representation of the People Act 1918) accordant le droit de vote aux femmes de plus de 30 ans propriétaires terriennes ou locataires - ou dont le conjoint l'est - ayant un loyer annuel supérieur à 5 £, ainsi que les diplômées d'universités britanniques. En 1928, les conditions de vote pour les femmes sont alignées sur celles des hommes (droit de vote à 21 ans).
Le Royaume-Uni est le huitième pays à octroyer le droit de vote aux femmes. Les États-Unis, sur le plan fédéral, l'adoptent en 1919. En France, les femmes n'eurent ce droit qu'en 1944, à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Le mouvement pour le droit de vote des femmes n'était pas monolithique et était parcouru par diverses tendances. La plus évidente distingue les suffragettes de la Women's Social and Political Union (WSPU), qui prône la violence comme moyen d'action afin d'attirer l'attention des médias et le soutien du public en mettant en avant le sacrifice de ses militantes, et la plupart des autres organisations, les suffragistes, qui sont légalistes. La Women's Freedom League (WFL) rejoint l'analyse politique radicale de la WSPU mais s'en éloigne en utilisant des méthodes d'action non-violentes (refus de payer l'impôt, militantes qui s'enchaînent d'elles-mêmes aux grilles du Parlement, etc.). Fondé en 1907, la WFL est d'ailleurs une scission de la WSPU, 77 militantes le quittant pour protester contre l'autoritarisme de la famille Pankhurst dans la direction du mouvement[11].
Qu'on parle de suffragettes ou de suffragistes, la cause du droit de vote réunissait des femmes aux visions politiques et sociétales divergentes, entre les bourgeoises conservatrices, les libérales et les militantes socialistes. Les suffragistes se retrouvent sur un combat commun mais sont divisées en de multiples associations structurées autour de bases religieuses, politiques, professionnelles ou encore géographiques : ainsi l'Actresses' Franchise League (en) qui regroupe des actrices, la Jewish League for Woman Suffrage (en) des membres de la communauté juive ou encore la Teignmouth Suffrage Society qui accueille des femmes de la petite station balnéaire de Teignmouth. Cependant, la plupart des associations suffragistes étaient affiliées à l'organisation légaliste National Union of Women's Suffrage Societies (NUWSS), tandis que les groupes de suffragettes (WSPU et WFL) maillaient le pays de sections qui en étaient directement dépendantes[11].
Dans les années 1900, les associations ne sont en général pas affiliées à des partis politiques. Cette distance s'explique par le souvenir des premières militantes, qui n'ont pas oublié le dédain que leurs revendications rencontraient dans les instances partisanes. Par ailleurs, ne pas afficher de couleur politique permettait de transcender, par la question du droit de vote, des opinions politiques généralement opposées. L'apolitisme affiché des associations n'empêchait toutefois pas de les cataloguer comme plutôt conservatrices, libérales ou socialistes. Comme le note l'historienne Myriam Boussahba-Bravard, « tout un chacun pouvait trouver "chaussure à son pied" dans le mouvement suffragiste ». La question du droit de vote produit par ailleurs une nouvelle idéologie qui unit des militantes pourtant diverses, car leur campagne « mettait en application une théorie de l’activisme à l'usage des femmes de toutes classes, de tous âges et de toutes appartenances politiques qui, jusqu’alors, n’avaient pas été systématiquement politisées », notamment à l'acmé du mouvement, en 1910, alors que la presse n'est désormais plus majoritairement hostile à l'égard des suffragistes[11].
Pourtant, la règle extra-partisane finit par se briser. Ainsi, la Conservative and Unionist Women's Franchise Association (en) fondée en 1908 est liée au Parti conservateur et ne défend pas le suffrage universel mais simplement un suffrage censitaire qui serait étendu aux femmes. En 1912, lorsque Millicent Fawcett du NUWSS se rapproche du Parti travailliste, sa décision provoque des critiques des suffragistes libérales, comme Eleanor Rathbone, qui quitte l'association. Avec l'obtention du droit de vote et d'éligibilité en 1918, un certain nombre de militantes s'engageront dans des partis politiques, certaines se présentant sous une bannière partisane aux élections législatives qui se tiennent la même année, mettant fin à l'unanimisme de façade du mouvement pour le droit de vote des femmes[11].
Les suffragettes ont parfois eu recours à des méthodes assimilées par certains historiens à du terrorisme. Si certains réfutent ce terme et lui préfèrent le qualificatif de « vandalisme », arguant du fait que les propriétés et bâtiments que des suffragettes ont détruits ou incendiés étaient vides (il y en eut 250 en 6 mois en 1913[12]), l'historien Simon Webb rappelle que Mary Leigh et d'autres suffragettes ont mis le feu à un théâtre, avant d'y faire exploser une bombe, alors que des gens étaient à l'intérieur. Elles ne furent cependant pas accusées de terrorisme, car ce crime n'existait pas à l'époque, et furent poursuivies pour avoir « causé une explosion de nature à mettre en danger la vie d'autrui »[13].
Les suffragettes britanniques ont surtout eu recours aux attaques à la bombe à partir de 1912, en ciblant notamment des lieux touristiques et des églises dont la Tour de Londres, l'abbaye de Westminster, la cathédrale Saint-Paul, la Banque d'Angleterre, causant notamment des dommages à des pièces exposées au British Museum et à la National Gallery[14],[15]. En 1913, la militante Emily Davison fait sauter une bombe au domicile du chancelier David Lloyd George[16],[14]. La bombe ayant soufflé les vitraux de la cathédrale de Lisburn en 1914, attribuée aux suffragettes, représente à la fois la première explosion de bombe du XXe siècle en Irlande, précédant celles de l'IRA[17], et la dernière bombe posée par les suffragettes : elle explosa le jour de l'entrée en guerre du Royaume-Uni, après quoi la plupart des suffragettes stoppèrent leurs activités et s'impliquèrent dans l'effort de guerre[16].
L'historienne Fern Riddell découvrit qu'en plus des bombes, les suffragettes envoyèrent des courriers piégés (méthode dont elles sont les inventrices, selon Simon Webb) contenant des flacons de phosphore qui se brisaient lorsqu'ils étaient manipulés, occasionnant de sévères brûlures chez les postiers. Fern Riddell affirme qu'en 1913, les suffragettes étaient un « groupe terroriste très organisé », et selon elle « il ne fait aucun doute que tout ceci a toutes les caractéristiques de ce qu'on définirait aujourd'hui comme du terrorisme ». Elle cite aussi les propos de la police et des suffragettes, employant tous deux l'expression de « règne de terreur » pour qualifier la campagne menée par les suffragettes, ou les journaux de l'époque titrant sur le « terrorisme suffragette ». Pour Fern Riddell, certains détails indiqueraient qu'au cours de leurs dernières années, il y eut une tentative coordonnée des suffragettes pour effacer leurs actions les plus violentes des ouvrages de mémoires publiés[18].
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