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un tiers des cancers les plus communs dans les pays développés pourraient être évités par un changement de régime alimentaire De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le rôle de l'alimentation dans la prévention des cancers est de plus en plus mis en évidence par la recherche sur le cancer.
Selon le Fonds mondial de recherche contre le cancer, dont les experts ont pris en compte 7 000 études scientifiques, 30 % des cancers sont liés à l'alimentation[1]. On estime qu’environ un tiers des cancers les plus communs dans les pays développés pourraient être évités par un changement de régime alimentaire[2].
D'un côté, la recherche montre qu'une série d'aliments ont potentiellement une action anticancéreuse et que leur consommation régulière peut aider à la prévention primaire du cancer. Parmi ces aliments, les principaux sont :
De l'autre côté, une partie des scientifiques actifs dans le domaine de la recherche sur le cancer s'intéressent de plus en plus aux conséquences de la nourriture transformée industriellement, qui implique un apport excessif en graisses et sucres et une carence en produits végétaux[3],[4]. Ainsi, les sources d'oméga-6 comme le maïs, le soja et le tournesol, massivement utilisées en Occident pour la nourriture du bétail et dans la fabrication de nourriture transformée industriellement, sont de plus en plus montrées du doigt car elles induisent un grand déséquilibre entre oméga-6 et oméga-3 dans l'alimentation occidentale, favorisant par là le cancer et l'obésité.
Selon l'American Institute for Cancer Research (AICR), les acides gras oméga-3 combattent le cancer par plusieurs mécanismes : ils réduisent la production des enzymes qui favorisent la croissance des cellules cancéreuses, ils augmentent le taux de mortalité de ces cellules et ils inhibent la formation de nouveaux vaisseaux sanguins nécessaires à leur croissance (processus appelé angiogenèse)[5].
Auteur de plus de 230 publications dans des revues médicales internationales, le professeur Richard Béliveau (professeur de biochimie depuis 1984 à l'Université du Québec à Montréal, où il est titulaire de la Chaire en Prévention et Traitement du Cancer[3],[4]) dirige une équipe de 30 chercheurs qui travaillent sur la prévention et le traitement du cancer[3],[4]. Dans le film documentaire Notre poison quotidien de Marie-Monique Robin, il explique la relation entre acides gras polyinsaturés oméga-6, inflammation et cancer[6] :
« Une des conséquences de la consommation de « malbouffe » et de produits industriellement transformés, c'est la surconsommation d'oméga-6 versus les oméga-3. Les oméga-3 génèrent des molécules anti-inflammatoires, les oméga-6 génèrent des molécules pro-inflammatoires. De façon traditionnelle, dans notre alimentation, on consomme un ratio de 1 pour 1 (rapport entre acides gras oméga-6 et oméga-3) mais, avec l'industrialisation de la malbouffe, on utilise surtout des huiles hydrogénées et des huiles de maïs et de tournesol qui ne contiennent que des oméga-6. Donc les graisses qui proviennent de l'industrie de la malbouffe et de la transformation industrielle sont des graisses qui amènent au niveau métabolique un ratio oméga-6 / oméga-3 de 25:1. Lorsqu'on consomme l'alimentation industrielle, on se met métaboliquement, physiologiquement en mode pro-inflammatoire »
Or « l'inflammation fait le lit du cancer »[3],[4]. En effet, des cellules cancéreuses apparaissent constamment dans notre organisme à la suite d'agressions par des virus, des radiations ou des produits chimiques[3]. Chaque jour, notre corps produit 1 million de cellules précancéreuses[1] mais l'organisme humain est équipé pour lutter contre ces microtumeurs qui apparaissent en permanence. Si l'organisme est en bonne santé, la cellule défectueuse est détectée par les lymphocytes NK (Natural Killers, tueurs naturels) qui la poussent à se suicider[3],[4]. Lorsque le système immunitaire est affaibli par une inflammation chronique, ce mécanisme de défense échoue et la cellule défectueuse commence à se multiplier[3],[4].
Par ailleurs, l'excès d'oméga-6 nuit à l'assimilation des oméga-3 (qui ont un effet anti-inflammatoire[7],[8],[9] donc anticancer[6],[10],[5]) parce que ces deux familles d'acides gras font appel aux mêmes enzymes pour être métabolisées[11],[12].
On notera enfin que l'abus d'oméga-6 et le déficit en oméga-3 favorisent non seulement le cancer mais également l'obésité transgénérationnelle : « les chercheurs ont exposé quatre générations de souris à un régime alimentaire de type occidental, caractérisé par ces mêmes rapports oméga-6/oméga-3. Résultat : ils ont observé une augmentation progressive de leur masse adipeuse sur plusieurs générations » selon le Centre national de la recherche scientifique (CNRS)[13].
Le ratio entre oméga-6 et oméga-3 dans l'alimentation humaine traditionnelle est de 1:1 à 2:1[1],[14],[8].
Mais ce ratio a énormément augmenté depuis la Seconde Guerre mondiale dans l'alimentation occidentale pour se situer aujourd'hui autour de 14:1 en Europe[11], autour de 18:1 en France et pour monter jusqu'à 40:1 aux États-Unis[15],[16] (le rapport de 25:1 cité plus haut par le Pr Béliveau étant un chiffre moyen pour le monde occidental).
Cette augmentation énorme[8] est due principalement :
La multiplication des cas de cancer en Occident s'explique donc en partie par l'excès d'acides gras oméga-6 et par le ratio élevé entre oméga-6 et oméga-3 dans l'alimentation[5],[25].
Il est probablement irréaliste de revenir au rapport d'avant guerre mais le rapport idéal entre oméga-6 et oméga-3 devrait être :
Grâce à l'action anti-inflammatoire[7] des acides gras polyinsaturés oméga-3, les aliments qui en fournissent ont un effet protecteur contre le cancer[6],[10],[5].
Sources primaires d'oméga-3 :
Les ratios les plus faibles sont les meilleurs.
Mesures scientifiques :
Les poissons gras (sardine, maquereau, anchois, sprat, hareng, thon, saumon, truite) sont une source appréciable d'oméga-3[29],[30],[34],[36],[35],[12] mais ils appellent plusieurs réserves importantes :
Au contraire des oméga-3, les sources d'oméga-6 « font le lit du cancer » par l'action pro-inflammatoire des acides gras oméga-6, comme il a été expliqué plus haut[6],[7].
Parmi les huiles végétales mentionnées ici, on soulignera le ratio oméga-6 / oméga-3 très élevé de l'huile de tournesol, qui est l'huile la plus utilisée par l'industrie agroalimentaire[Notes 7].
Les ratios les plus élevés sont les plus mauvais.
Les experts du Fonds mondial de recherche contre le cancer estiment que les fruits et légumes diminuent probablement le risque de souffrir de certains types de cancers, comme les cancers de la bouche, du pharynx, du larynx, de l'œsophage, de l'estomac, de la prostate, du poumon, le cancer colorectal, celui des ovaires et de l'endomètre[88].
Pour l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « Les régimes alimentaires riches en fruits et en légumes pourraient avoir un effet protecteur contre de nombreux cancers. »[89] et la consommation insuffisante de fruits et légumes figure parmi les principaux facteurs de risque de cancer[90].
Dans son rapport « Nutrition et cancer » de mai 2011[91], l'agence française ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) constate que « La relation directe entre consommation de légumes et de fruits et la diminution de risque de cancer est jugée probable pour les cancers de la bouche, du pharynx, du larynx, de l'œsophage, de l'estomac et du poumon (pour les fruits seulement). L'effet protecteur des fruits et légumes serait associé à leur teneur en divers micronutriments et microconstituants, capables d’agir sur des mécanismes potentiellement protecteurs. De plus, la consommation de légumes contribue de manière probable à diminuer le risque de prise de poids, de surpoids et d'obésité, eux-mêmes facteurs de risque de plusieurs cancers. ».
Le Fonds mondial de recherche contre le cancer (World Cancer Research Fund) et l'ANSES recommandent de « consommer chaque jour au moins 5 fruits et légumes variés pour atteindre au minimum 400 g par jour »[92],[91].
Selon le Pr Béliveau, c'est le strict minimum : « L'idéal, c'est sept à dix par jour. »[1].
L'American Institute for Cancer Research (AICR) recommande de manger plus de légumes, de fruits et de céréales[93].
Les molécules anticancéreuses contenues dans l'alimentation peuvent maintenir à l'état latent les tumeurs microscopiques qui apparaissent en permanence dans l'organisme et les empêcher de progresser[1].
Selon le Pr Richard Béliveau[6] :
« Dans de nombreux fruits et légumes, on retrouve des molécules qui, pharmacologiquement, ont le même effet que certains médicaments de chimiothérapie. Certaines de ces molécules sont cytotoxiques (elles détruisent les cellules cancéreuses), certaines de ces molécules sont pro-apoptotiques (elles induisent la cellule cancéreuse à se suicider), certaines de ces molécules sont anti-inflammatoires (elles bloquent l'inflammation dont la cellule cancéreuse a besoin pour son développement). »
D'autres molécules d'origine végétale auraient un effet antiangiogénique : elles préviendraient la formation des vaisseaux sanguins qui nourrissent la croissance des microtumeurs (angiogenèse)[88].
Plusieurs de ces molécules sont des antioxydants, c'est-à-dire des substances produites par les plantes pour se protéger des dommages provoqués par l'oxygène durant la photosynthèse : on peut citer l'acide ascorbique (vitamine C), le tocophérol (vitamine E), les polyphénols, les flavonoïdes, les caroténoïdes (bêta-carotène, lycopène) et les tanins[29].
Plusieurs centaines d'études de population, notamment regroupées dans de grandes méta-analyses comme EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition), INCA2 ou MOOSE, ont évalué les bienfaits potentiels des fruits et légumes dans la lutte contre le cancer. Dans plus de 80 % des travaux pris en compte, un effet protecteur a été trouvé, en particulier pour les cancers des voies supérieures, de l'estomac, du poumon, du côlon et du rectum[29].
Les résultats de l'étude EPIC, qui doivent être confirmés, montrent que la consommation de fruits et légumes est associée à une diminution significative du risque de cancer du côlon chez les non-fumeurs et les ex-fumeurs[91].
La méta-analyse du Fonds mondial de recherche contre le cancer a recensé les aliments végétaux qui ont un effet protecteur possible contre certains cancers. Les aliments de la famille des alliacées (ail, oignon, poireau, échalote, ciboulette), par exemple, auraient une action bénéfique contre le cancer de l'estomac et contre le cancer colorectal[88].
Les recherches du professeur Béliveau et de son équipe ont montré que certains légumes et certains fruits ont un effet inhibiteur sur des tumeurs humaines mises en culture pendant 24 ou 48 heures sur des milieux qui contiennent différents extraits d'aliments[6],[94].
Le tableau ci-dessous montre les taux d'inhibition de la croissance tumorale observés par le professeur Béliveau et son équipe par rapport à des échantillons de contrôle, tels que reproduits dans le petit ouvrage Les réflexes anticancer au quotidien de David Servan-Schreiber, disponible en ligne, qui en donne une représentation plus visuelle[94],[Notes 9].
Taux d'inhibition | Cancer du cerveau | Cancer du côlon | Cancer de la prostate | Cancer du sein | Cancer du poumon |
---|---|---|---|---|---|
Plus de 90 % | ail, poireau, chou, betterave, oignon, brocoli, canneberge, épinard | ail, oignon, poireau, chou, brocoli, betterave, épinard, asperge | ail, chou, oignon, poireau, brocoli | ail, poireau, oignon, chou, brocoli, radis | ail, poireau, oignon, chou |
80 à 90 % | oignon jaune, haricot, chou rouge | Navet | betterave, chou rouge, céleri | navet | betterave, épinard |
70 à 80 % | asperge, céleri, navet, fraise | aubergine | navet, poivron orange, épinard, concombre | chou vert, chou rouge | chou vert, aperge |
60 à 70 % | chou rouge | asperge, courge | asperge, épinard | chou fleur, oignon jaune, brocoli | |
50 à 60 % | courge | laitue, haricot vert | fenouil, radis, aubergine, pomme de terre, tomate, chou chinois | betterave, pomme de terre, concombre, poivron orange | navet |
20 à 50 % | concombre, tomate, radicchio, cerise, fenouil | céleri, pomme de terre, chou chinois, fenouil | endive, laitue, haricot | céleri | aubergine, chou rouge, laitue, haricot, céleri, pomme de terre |
Moins de 20 % | carotte, chou chinois, pomme de terre, endive, laitue, poivron, aubergine | courge, carotte, endive, poivron orange, concombre | carotte | laitue | chou chinois, fenouil, courge, carotte, endive |
Effet contraire | radis, melon de Cavaillon | radis, tomate, piment | endive, fenouil, tomate, carotte, chou chinois, aubergine | poivron orange, concombre, radis, tomate |
Il ressort de ces résultats que les légumes de la famille des alliacées (ail, oignon, poireau, échalote, ciboulette) et de la famille des brassicacées (chou et brocoli) ainsi que les fruits rouges (canneberge, fraise, cerise) figurent dans le peloton de tête des aliments anticancer les plus efficaces[4],[29],[94],[88],[95],[96].
On voit également que certains aliments ont un effet contraire et stimulent la croissance des cellules cancéreuses par rapport aux échantillons témoins mais cet effet varie en fonction du type de cancer : le radis, par exemple, stimule le cancer du cerveau, du côlon et du poumon, mais il inhibe le cancer de la prostate et le cancer du sein[94].
Le professeur Béliveau et son équipe ont ensuite implanté des tumeurs humaines à des souris de laboratoire.
Les souris nourries par voie orale avec un cocktail des aliments anticancer les plus efficaces trouvés lors des tests in vitro ci-dessus ont montré une réduction de 90 % de la masse tumorale par rapport aux souris témoins, alimentées avec une nourriture classique de souris de laboratoire[6].
Le curcuma, ou safran des Indes (appelé turmeric en anglais), est une épice qui provient du broyage du rhizome séché de la plante Curcuma longa[95],[97] (qui fait partie de la famille du gingembre) et constitue la base du curry[98] auquel elle confère sa couleur jaune[4]. En Inde, le curcuma est utilisé dans la médecine ayurvédique depuis au moins trois mille ans[4],[95].
Il est l'anti-inflammatoire naturel le plus puissant identifié à ce jour[99],[100],[101],[102].
Son principe actif est la curcumine, un polyphenol qui est la molécule végétale la plus étudiée par les scientifiques pour son potentiel anticancer[103]. Les pouvoirs anti-inflammatoires de la curcumine ont été confirmés dans plus de 3 000 publications scientifiques[3] et elle a également des propriétés antioxydantes (indice ORAC 159.277[29]), anti-virales, anti-bactériennes, anti-fongiques, anti-coagulantes, anti-allergiques, anti-arthritiques, anti-diabétiques et anti-Alzheimer[104],[105],[99]. Excellent cicatrisant, il est également employé pour soigner les ulcères de l'estomac et pour protéger le foie[106].
La biodisponibilité de la curcumine est faible, ce qui signifie que seule une petite fraction de la curcumine consommée atteint le sang et les tissus[103].
Cette biodisponibilité est cependant fortement augmentée en présence de poivre noir[103],[100],[95]. Selon le Pr Béliveau, le poivre noir augmente de mille fois la biodisponibilité du curcuma dans l'intestin : d'après lui, « prendre le curcuma sans poivre noir n'est presque pas efficace »[105].
Cet effet est dû à la piperine du poivre qui, par ailleurs, augmente également la biodisponibilité de la catéchine du thé (voir plus loin) et montre également en elle-même des propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes, anticancéreuses et anti-pyrétiques lors de tests en laboratoire[103],[107].
Les Indiens consomment environ 1 000 fois plus de curcuma que les Américains, or, la fréquence des cancers en Inde est de 5 à 20 fois moindre, selon le type de cancer[108],[105],[Notes 10]. Des chercheurs estiment qu'il pourrait expliquer l'écart impressionnant entre les taux de certains cancers en Inde par rapport aux pays occidentaux[95].
Un grand nombre de recherches ont déjà été menées sur les propriétés anticancer du curcuma, mais les résultats n'en sont encore qu'à leurs débuts[109].
Les études de laboratoire menées sur des cellules cancéreuses ainsi que sur des animaux de laboratoire montrent que la curcumine peut aider à prévenir ou à traiter différents types de cancers, dont le cancer de la prostate, du côlon, du sein, de l'intestin, de l'estomac et de la peau[109],[98]. La curcumine semble capable de tuer les cellules cancéreuses[20],[98] (action pro-apoptose), de prévenir la formation des vaisseaux sanguins qui nourrissent la croissance des microtumeurs (action anti-angiogenèse) et de réduire la formation de métastases[110],[97], comme le montrent en particulier les recherches du Pr Bharat Aggarwal, chef de la section de recherche sur les cytokines au Centre médical MD Anderson à Houston[108].
Selon Bharat Aggarwal « il n'y a pas de cancer qui ne réponde pas à la curcumine » et « la curcumine et un inhibiteur de toutes les grandes étapes de la formation du cancer »[110].
Mais ces résultats n'ont pas encore été confirmés chez l'homme[111], en raison du manque d'études cliniques randomisées en double aveugle[112],[113].
Malgré cela, le Centre médical MD Anderson à Houston (Texas), un des plus gros centres d'oncologie de la planète, traite les patients atteints du cancer avec de la curcumine[105].
Les radicaux libres sont des substances très réactives capables d'initier des réactions en chaîne utiles mais aussi nuisibles au corps humain[114].
Ces substances ont un effet cancérigène qui résulte de l'oxydation des protéines, de l'ADN (mutagenèse) et des lipides des membranes cellulaires (lipoperoxydation)[115],[116]. Elles sont impliquées dans le processus du vieillissement et des maladies dont la fréquence augmente avec l'âge comme les cancers, les maladies cardio-vasculaires, la maladie d’Alzheimer et l'ostéoporose[117].
Les radicaux libres peuvent être d'origine exogène, produits par exemple par les radiations (ultra-violets, rayons gamma)[114], ou endogène, apparaissant comme sous-produits de la respiration[114],[117] et du métabolisme de l'oxygène.
Pour lutter contre ces agents agressifs, les cellules du corps humain disposent de systèmes de défense consistant en antioxydants endogènes[117], principalement des enzymes comme la catalase, la superoxyde dismutase, la glutathion peroxydase, la peroxyrédoxine, la glutathion réductase et la coenzyme Q10 également connue sous le nom d'ubiquinone[114],[118],[119].
Mais ces antioxydants endogènes peuvent ne pas suffire, et un apport extérieur peut alors se révéler nécessaire[117], sous la forme d'antioxydants exogènes présents dans les légumes et les fruits[118],[117],[116] :
Les fruits rouges et noirs constituent une des principales sources d'antioxydants exogènes[116], en particulier des polyphénols[29] et plus particulièrement des anthocyanes[120] :
Le pouvoir antioxydant des aliments est exprimé au moyen de l'indice ORAC (Oxygen Radical Absorbance Capacity)[125] :
Fruit | nom anglais | ORAC (fruit) | ORAC (jus) |
---|---|---|---|
Baies d'açaí | Açaí | ||
Baies de canneberge | Cranberry | ||
Cassis | Blackcurrant | ||
Prune | Plum | ||
Mûre | Blackberry | ||
Framboise | Raspberry | ||
Bleuet | Blueberry | ||
Grenade | Pomegranate | ||
Pomme Red Delicious | Red Delicious apple | ||
Fraise | Strawberry | ||
Datte | date | ||
Cerise | Cherry | ||
Groseille rouge | Red currant | ||
Figue | Fig | ||
Baies de goji | Goji berry (wolfberry) | ||
Pomme Gala | Gala apple | ||
Pêche | Peach | ||
Raisin rouge | Red grape | ||
Abricot | Apricot | ||
Nectarine | Nectarine |
Indice ORAC des principaux fruits rouges et noirs.
Outre le vin rouge, qui fait l'objet d'une section distincte plus loin dans cet article, le cidre est également une source non négligeable de polyphénols[120].
Les agrumes sont une bonne source d'antioxydants alimentaires[128]. Chez eux, les anti-oxydants les plus cités sont les flavonoïdes dont les flavanones[129],[130]. Le zeste est spécialement riche en composés phénoliques qui se retrouvent dans leurs huiles essentielles[131],[132]. L'hespérétine et l'auraptène donnent lieu à des recherches actives[133].
La tomate est riche en lycopène, un antioxydant de la famille des caroténoïdes, qui lui donne sa couleur rouge[134],[135],[136],[137],[138]. La pelure de la tomate contient davantage d'antioxydants (composés phénoliques, vitamine C et lycopène) que sa chair et ses graines[139].
Le lycopène est à la fois le caroténoïde le plus abondant dans le corps humain[134] et celui qui a le plus grand pouvoir antioxydant[135],[138]. Une consommation abondante de tomates semble associée à une réduction de certains cancers, et en particulier celui de la prostate car, comme le souligne le Professeur Richard Béliveau, « le lycopène absorbé s'accumule préférentiellement au niveau de la prostate »[137]. Les pays gros consommateurs de tomates comme l'Italie, l'Espagne et le Mexique sont beaucoup moins touchés par ce type de cancer[138].
Alors que la cuisson a un effet néfaste sur les vitamines, elle a au contraire un effet positif sur le lycopène[136],[139].
La biodisponibilité du lycopène est en effet augmentée par la cuisson[134],[135],[140], et ce pour deux raisons :
Les produits transformés de la tomate (jus, ketchup, sauce tomate, soupe) sont donc de meilleures sources de lycopène que la tomate crue[141].
Enfin, le lycopène étant liposoluble, il est mieux assimilé en présence de matières grasses comme l'huile d'olive ou le fromage[134],[135],[136],[137],[141].
Aliment | Teneur en lycopène |
---|---|
Concentré de tomates | |
Coulis de tomates | |
Ketchup | |
Sauce tomate | |
Soupe de tomates condensée | |
Tomates en conserve | |
Jus de tomates | |
Tomate cuite | |
Tomate crue | |
Une étude de population menée pendant 12 ans (de 1986 à 1998) par le Dr Edward Giovannucci, de l'Université Harvard, auprès de 47.365 hommes américains (choisis parmi les professionnels de la santé) a montré que la consommation fréquente de produits dérivés de la tomate est associée à une diminution du risque de cancer de la prostate de 23 %, et même de 35 % pour les cancers extraprostatiques[143]. Cette association paraît plus forte pour les hommes âgés de 65 ans et plus[143] ce qui selon le Pr Béliveau « indique que le lycopène serait plus apte à contrer le développement du cancer de la prostate associé au vieillissement que celui qui se produit plus tôt, vers 50 ans, qui semble être d'origine génétique »[137].
En 2007, un comité international d'experts travaillant pour le World Cancer Research Fund (WCRF) publie son deuxième rapport sur les relations entre l'alimentation, l'activité physique et les risques de cancer, basé sur l'analyse de 500 000 études scientifiques, et conclut, entre autres choses, qu'il existe un faisceau de preuves suffisant en faveur des effets protecteurs des aliments contenant du lycopène, en particulier la tomate et ses produits dérivés, dans le cadre de la prévention du cancer de la prostate[134],[144].
Le chocolat noir à plus de 70 % de cacao possède une action anticancéreuse grâce aux polyphénols et aux flavonoïdes, des antioxydants naturels contenus dans la poudre de cacao[145],[146],[147],[148],[149],[150] mais également grâce à son contenu élevé en cuivre[151].
Le cacao est l'un des aliments qui possèdent les plus grandes propriétés antioxydantes[95] :
Consommer 20 grammes de chocolat noir par jour apporte la quantité nécessaire de polyphénols à un effet anticancer optimal[145],[147],[150] : l'American Institute for Cancer Research (AICR) recommande une once par jour, soit 28 grammes[149]. Jeanne Calment, doyenne de l'humanité décédée à l'âge de 122 ans, consommait un kilo de chocolat par semaine[153].
Par contre, le chocolat au lait n'a pas les mêmes vertus[150] pour plusieurs raisons :
Quant au chocolat blanc, il n'a aucune action anticancer car il ne contient pas de flavonoïdes, étant produit à partir de beurre de cacao et non de poudre de cacao[145]. Ce n'est d'ailleurs pas du chocolat au sens strict[148].
Selon l'American Institute for Cancer Research (AICR), un ensemble cohérent d'études en laboratoire et d'études de population établissent un lien entre une consommation modérée de chocolat et la santé cardiaque, en ce compris une diminution de la pression artérielle et un ralentissement de l'oxydation du cholestérol LDL (le mauvais cholestérol)[148].
En ce qui concerne le cancer, les études n'en sont qu'à leur début selon l'American Institute for Cancer Research : une revue récente des études sur les propriétés protectrices du cacao a conclu que les preuves sont pour le moment limitées mais prometteuses[148].
Des études faites en laboratoire auraient mis en évidence la capacité des flavonoïdes du cacao à retarder le développement de certains cancers notamment celui du poumon, du sein, du foie, du côlon et de la prostate, à contrer la croissance de cellules cancéreuses ainsi que l'angiogenèse[145],[152].
De nombreux chercheurs reconnaissent aujourd'hui les propriétés anticancéreuses du thé[95], et en particulier du thé vert. Des centaines d'articles scientifiques documentent clairement que les catéchines (composés antioxydants de la famille des flavonoïdes, une sous-classe des polyphénols) peuvent bloquer le développement des tumeurs[154] en bloquant le démarrage de l'angiogenèse[4],[95].
On notera cependant que le thé brûlant, comme toute autre boisson trop chaude, augmente le risque de cancer de la cavité orale, du larynx, du pharynx et de l'œsophage[29] car les brûlures répétées altèrent la capacité auto-réparatrice des cellules lésées[155].
Le thé vert est plus thérapeutique que le thé noir[95] :
Le thé vert a un indice ORAC un peu plus élevé que le thé noir : 1253 contre 1128[125].
Mais les thés verts ne contiennent pas tous la même quantité de catéchines : les thés verts japonais en contiennent généralement plus que les thés chinois[95].
Selon l'American Institute for Cancer Research (AICR), les études in vitro réalisées sur des tissus et les études in vivo réalisées sur des animaux montrent que les polyphénols contenus dans le thé (principalement la catéchine EGCG) inhibent directement le développement de divers types de cancer, mais l'AICR tempère ces résultats en soulignant que certaines de ces études utilisent des doses de catéchine qui sont largement supérieures à ce que les gens boivent habituellement[156].
En janvier 2002, l'équipe du Pr Béliveau a publié des résultats démontrant que le thé vert avait un effet avéré sur la prévention et le traitement des tumeurs cancéreuses : trois tasses par jour permettent de diminuer de 50 % la fréquence du cancer colorectal[1]. Les recherches menées par lui en 2006 ont montré que le thé vert peut ralentir significativement la croissance d'un certain nombre de cancers, parmi lesquels les cancers du sein, de la prostate, de la peau et du rein ainsi que la leucémie[4],[157].
Selon l'American Institute for Cancer Research, de petites études sur l'humain montrent que boire du thé peut temporairement augmenter la capacité de nos cellules à avoir une activité antioxydante : plusieurs expérimentations de préparations de thé vert montrent des résultats prometteurs en matière de cancer de la prostate, et d'autres études sont en cours[156].
Les études de population montrent des résultats divergents, selon l'American Institute for Cancer Research, bien que certaines études révèlent un potentiel de réduction de risque pour plusieurs cancers, dont le cancer de la prostate et le cancer colorectal[156].
Ces résultats divergents reflètent des variations dues au type de thé (certaines études de population étudient le thé vert et le thé noir séparément alors que d'autres prennent en compte la consommation totale de thé), à la façon dont le thé est préparé (le contenu du thé vert en molécules anticancéreuses varie d'un facteur 50 selon le type de thé et le temps d'infusion[1]), mais aussi à des différences génétiques et à l'impact du style de vie (cigarette, alcool et exercice physique)[156].
Le vin rouge est riche en polyphénols, auxquels il doit son goût astringent[120], et en particulier en resvératrol, qui provient de la peau et des pépins du raisin[158].
Le resvératrol est un des polyphénols les plus médiatisés[29] et les plus étudiés depuis le début des années 1990 quand il a été découvert par une équipe de scientifiques japonais[159].
Dans les années 1990, le resvératrol a fait l'objet de centaines d'études portant d'abord sur ses propriétés anti-inflammatoires et sur son implication dans le paradoxe français (French Paradox) mais, à partir de l'an 2000, les études ont porté de plus en plus sur son action anticancéreuse[159].
Les chercheurs ont ainsi mis en évidence au début des années 2000 que cet antioxydant inhibe une protéine qui protège les cellules cancéreuses contre la chimiothérapie[160] et qu'il est capable, en laboratoire, de tuer les cellules cancéreuses sans léser les cellules normales[161],[162],[163].
Mais les effets bénéfiques des polyphénols du vin ne ressortent que d'expérimentations sur cellules ou sur l'animal, ou d'essais cliniques à court terme, et pas d'essais cliniques à long terme[164].
Une étude de population menée entre 1998 et 2009 en Toscane par le Docteur Richard Semba de l'Université Johns-Hopkins (Baltimore) et publiée en 2014 dans le Journal of the American Medical Association indique que les personnes qui avaient un régime alimentaire avec de fortes teneurs de resvératrol ne vivaient pas plus longtemps ou n'avaient pas moins de maladies cardiovasculaires ou de cancer que celles qui consommaient de faibles quantités de cet antioxydant[165],[166]. Cependant, les auteurs de cette recherche « ne pointent pas l'inefficacité des polyphénols dans leur ensemble mais la difficulté d'isoler une molécule - à l'instar du resvératrol - comme responsable des effets démontrés »[29] : « Ces effets bénéfiques (...) doivent provenir d'autres polyphénols ou substances trouvées dans le vin » selon le Docteur Semba[165].
Par ailleurs, les effets supposés bénéfiques du vin sont à opposer aux effets délétères bien établis de l'alcool[164], sans compter que l'éthanol, même en petite quantité, peut être mauvais pour l'évolution de certaines tumeurs[20].
Le Fonds mondial de recherche sur le cancer recommande de consommer 25 g de fibres alimentaires par jour pour prévenir le cancer[95].
Les sources principales de fibres alimentaires sont les suivantes[95] :
Les compléments alimentaires ne sont pas recommandés pour la prévention du cancer : les études démontrent que lorsqu'ils sont pris en haute dose, ils peuvent être inducteurs de cancers[95]. Les études ATBC et CARET (Bêta-Carotene And Retinol Efficacy Trial, étude menée aux États-Unis au début des années 1990 sur 18 000 personnes), par exemple, ont montré sur le long terme un risque jusqu'à cinq fois plus élevé de cancer chez les fumeurs qui reçoivent chaque jour 20 mg de bêta-carotène en gélules[29],[159].
Dans son rapport « Nutrition et cancer », l'agence française ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) constate que « la relation entre consommation de compléments alimentaires contenant du β-carotène à dose élevée et augmentation du risque de cancer du poumon chez les individus exposés à des facteurs de risque (tabac ou amiante) est jugée convaincante »[91].
En ce qui concerne les compléments alimentaires « riches en oméga-3 », leur intérêt a été remis en question par de nombreuses synthèses d'études[29].
En conclusion : les aliments sont de meilleures sources de vitamines et de minéraux que les compléments alimentaires[95].
Les carences en vitamine D sont associées à des risques plus élevés de cancer du côlon, de la prostate et du sein[95]. La Société canadienne du cancer conseille aux adultes de prendre en automne et en hiver un supplément de 1 000 UI de vitamine D par jour, car il est presque impossible d'obtenir cette quantité par le biais de l'alimentation[95].
Quant au sélénium, des études montrent qu'il protège contre le cancer de la prostate, et des indicateurs montrent que le sélénium en complément alimentaire pourrait réduire le risque de cancer du poumon et du côlon[159].
Un important vulgarisateur de l'utilisation de l'alimentation dans la prévention des cancers est Richard Béliveau, professeur de biochimie depuis 1984 à l'Université du Québec à Montréal, où il est titulaire de la Chaire en Prévention et Traitement du Cancer[3],[4].
Il a consacré au sujet plusieurs ouvrages de vulgarisation dont Les aliments contre le cancer et Cuisiner avec les aliments contre le cancer (avec son collaborateur Denis Gingras). Richard Béliveau est un pionnier de la « nutrathérapie », qui vise à faire de notre alimentation une arme contre le cancer[154],[167].
Un autre promoteur de cette utilisation est David Servan-Schreiber, médecin et docteur ès sciences français, diplômé de l'université Laval à Québec comme Richard Béliveau. Ce médecin humaniste a contribué à faire connaître au grand public de nombreux concepts nutritionnels novateurs[168].
Atteint d'un cancer du cerveau depuis le début des années 1990, il survit plus de vingt ans à la maladie et publie en 2007 le livre Anticancer : Prévenir et lutter grâce à nos défenses naturelles. Son petit ouvrage Les réflexes anticancer au quotidien est disponible gratuitement en ligne[169].
En 2000, l'ingénieur agronome français Pierre Weill fonde avec l'éleveur Jean-Pierre Pasquet l'association Bleu-Blanc-Cœur, un groupement d'agriculteurs, de scientifiques et de médecins décidés à s'engager pour une « agriculture au service de la santé »[170],[171].
Cette association, reconnue par les Ministères français de l'Agriculture, de l'Environnement et de la Santé publique[171], est née de la constatation faite durant les années 1990 par l'éleveur Jean-Pierre Pasquet que ses vaches produisent un beurre de meilleure qualité au printemps lorsqu'elles sont en pâture[56]. À partir de cette observation, Pasquet et Weill entreprennent de développer une « agriculture santé » qui préserve la chaîne alimentaire en utilisant plus de graines riches en oméga-3 naturels[56].
L'initiative Bleu-Blanc-Cœur essaime dans divers pays comme la Suisse, le Japon, le Canada, Israël, la Tunisie, l'Italie et la Belgique, où se crée en 2014 une association appelée Healthy Farming Association qui lance une initiative appelée Mieux pour Tous directement inspirée de Bleu-Blanc-Cœur[171], dont elle reprend le logo en adaptant le slogan : « Mieux pour tous. Oméga-3 naturels ».
En 2022, le label Bleu-Blanc-Coeur, reconnu par l’État depuis 2008[172], concerne 7000 agriculteurs[170].
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