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département français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'Eure (/œʁ/[Note 1]) est un département français de la région Normandie[2]. Il tire son nom de l'Eure, rivière qui le traverse avant de rejoindre la Seine. L'Insee et La Poste lui attribuent le code 27. Sa préfecture est Évreux.
Eure | |
Administration | |
---|---|
Pays | France |
Région | Normandie |
Création du département | |
Chef-lieu (Préfecture) |
Évreux |
Sous-préfectures | Les Andelys Bernay |
Président du conseil départemental |
Alexandre Rassaërt (DVD) |
Préfet | Simon Babre[1] |
Code Insee | 27 |
Code ISO 3166-2 | FR-27 |
Code Eurostat NUTS-3 | FR231 |
Démographie | |
Gentilé | Eurois, Euroises |
Population | 598 934 hab. (2021) |
Densité | 99 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 49° 05′ nord, 1° 00′ est |
Superficie | 6 040 km2 |
Subdivisions | |
Arrondissements | 3 |
Circonscriptions législatives | 5 |
Cantons | 23 |
Intercommunalités | 12 |
Communes | 585 |
Liens | |
Site web | eureennormandie.fr |
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De 1956 à 2016, le département de l'Eure appartient à la région Haute-Normandie dont il constitue la partie méridionale. Il est aujourd'hui intégré à la région Normandie. Il est limitrophe des départements de la Seine-Maritime au nord, de l'Oise, du Val-d'Oise et des Yvelines à l'est, d'Eure-et-Loir au sud, de l'Orne et du Calvados à l'ouest. Il est le seul département normand à être limitrophe de l'Île-de-France.
D'une altitude moyenne de 150 mètres, l'Eure est un département constitué de plateaux séparés par des vallées plus ou moins profondes. Celles-ci délimitent les différentes régions naturelles qui sont au nombre de 13 : le pays de Lyons, le Vexin normand, le Vexin bossu, la vallée de la Seine, le plateau de Madrie, la campagne de Saint-André, le plateau du Neubourg, le pays d'Ouche (partagé avec l'Orne), le Roumois, le Lieuvin, le Marais-Vernier, le pays d'Auge (partagé avec le Calvados et l'Orne) et un petit secteur du Perche, qui se prolonge dans les départements d'Eure-et-Loir et de l'Orne.
De façon générale, les paysages de l'Eure sont profondément influencés par les différents pays riverains. Ainsi, « le Vexin français se prolonge sur le Vexin normand ; le Mantois et la Beauce poursuivent leur influence jusqu’aux portes de Rouen ; le pays d’Ouche est à cheval sur l’Eure et l’Orne et enfin le pays d’Auge en Basse-Normandie, transparaît jusqu’aux bords de la Risle aval[3]. »
Cinq grands ensembles paysagers se distinguent nettement :
Avec un taux de boisement de 23 %, l'Eure est le département normand le plus boisé. Principalement implantées dans les vallées ou leurs abords, les forêts couvrent environ 132 775 hectares de son territoire. Elles sont constituées à 85 % de feuillus (chêne et hêtre principalement) et à 15 % de résineux (pin sylvestre, douglas et pin laricio essentiellement)[7].
L'Eure compte trois forêts domaniales (c'est-à-dire qu'elles font partie du domaine privé de l'État et sont gérées par l'Office national des forêts) :
Les autres grandes forêts du département de l'Eure sont celles de Beaumont-le-Roger, de Conches, de Breteuil, d'Évreux et de Bourth.
Le réseau hydrographique de surface, modérément développé, s'étend sur un total de plus de 3 176 km de cours d'eau. Il est concentré sur un petit nombre de rivières principales qui, avec leurs principaux affluents, représentent un linéaire total de 1 350 km[11].
Les différents cours d'eau
Au Nord, ce sont la Seine et ses affluents de rive droite :
Le Sud est traversé par les rivières qui rejoignent la Seine en rive gauche :
Les rivières euroises prennent pour la plupart leur source en dehors des limites départementales : dans le Perche ornais pour la Risle, l’Iton, l’Eure et l’Avre et dans le pays de Bray (Seine-Maritime) pour l’Andelle et l’Epte. Seuls l’Oison, le Gambon et la Calonne prennent leurs sources dans le département[13]. Elles appartiennent toutes au bassin de la Seine à l’exception de la Calonne qui est un affluent de la Touques.
De manière générale, les vallées humides euroises adoptent une direction Nord-Sud (à l'inverse des vallées sèches qui s'orientent plutôt vers une direction Est-Ouest). Sous l'effet du climat périglaciaire quaternaire, ces vallées ont vu leurs versants évoluer de façon différente. En effet, le versant nord présente une pente douce et se trouve recouvert de colluvions argilo-limoneuses tandis que le versant sud présente une pente abrupte sur laquelle la craie affleure[14].
État écologique des cours d'eau
La Seine est le seul cours d'eau du département de l'Eure dont l'état écologique est considéré comme mauvais. En revanche, de nombreux petits affluents, notamment dans le Nord-Ouest (le ruisseau saint-Christophe, le Sébec, le ruisseau de la fontaine Barbotte) et dans le Nord-Est (le Gambon et l'Andelle) sont en très bon état. Mais de façon générale, « la majorité du linéaire des cours d'eau dans l'Eure présente des altérations écologiques (physico-chimique, chimique ou morphologique) qui déclassent la qualité en état moyen »[15].
L'ensemble des cours d'eau de l'Eure est menacé par différentes espèces invasives dont deux, en particulier, sont dangereuses et posent des difficultés : la renouée du Japon et la Jussie.
La continuité écologique
Aujourd'hui, plus de 1 300 seuils ou barrages sont recensés sur l'ensemble du bassin hydrographique du département. Ces constructions, destinées initialement à l'utilisation de l’énergie des cours d’eau, ou parfois à la navigation ou à la création de plans d’eau, barrent le lit des rivières et des ruisseaux et font obstacle à la continuité écologique. 60 % de ces ouvrages ne serviraient plus[16].
De manière générale, l'Eure présente une géographie d'ensemble relativement uniforme, faite de plateaux faiblement ondulés, incisés par des vallées parfois profondes et encaissées, dessinant alors des paysages en creux. Cet aspect de la géographie euroise, beaucoup plus marqué dans le nord que dans le sud, crée des passages entre plateaux et vallées souvent rapides, voire brutaux, et sans véritable transition : les coteaux, les falaises, les pentes, dessinent des espaces étroits, peu accessibles, abrupts ou subverticaux[17].
L'altitude moyenne du département se situe aux alentours des 150 mètres NGF. En remontant vers le nord, l’altitude baisse lentement pour finalement s'approcher du 0 NGF (notamment près de l'estuaire de la Seine).
Le climat du département de l'Eure est océanique. Sous l'influence fréquente des dépressions venues de l'Atlantique, il est marqué globalement par l'humidité et une douceur des températures.
De nombreux facteurs locaux diversifient le climat : proximité ou non du littoral, altitude (- 0,6° par 100 m soit 1,5° entre zéro et 240 m), situation ventée ou d’abri, couverture végétale, qualité thermique des sols, etc. En effet, une différence importante se distingue entre, d'un côté, les zones situées au nord et à l'ouest, et de l'autre, les zones situées au sud et à l'est. Ainsi, le Lieuvin, le pays d'Auge, le pays d'Ouche ainsi que le Vexin ont un climat plus frais et plus humide. En revanche, le plateau de Saint-André et le plateau de Madrie se caractérisent par une pluviosité plus faible (moins de 600 mm par an), la rapprochant en cela des plateaux d'Île-de-France. La pluviométrie moyenne en fait le département le plus sec de Normandie.
En été, les nuits sont relativement fraîches, avec une grande amplitude thermique les journées ensoleillées. Cette fraîcheur nocturne, associée à des vents faibles, favorise la formation de brumes et brouillards.
L’Eure possède un bâti dense et réparti de façon homogène sur son territoire. Le paysage, profondément marqué par la présence de l'homme, se caractérise par l'absence d'étendues vides. Ainsi, il est presque impossible de parcourir plus de trois kilomètres sans croiser une ou plusieurs habitations (qu'il s'agisse d'une ferme isolée, d'un hameau, d'un village ou d'une ville)[18].
Cette occupation régulière du territoire par le bâti permet de distinguer une hiérarchie urbaine s’organisant de la façon suivante :
Toutefois, à l'échelle régionale, des nuances se distinguent, contribuant, ainsi, à différencier les paysages entre eux :
Le bâti n'est pas organisé partout de la même façon. Les formes urbaines diverses contribuent à différencier les unités de paysages entre elles. Parmi la grande variété de formes urbaines présentes dans l'Eure, il en est quelques-unes qui sont spécifiques au département, contribuant à son caractère identitaire[19].
Dans l'Eure, de nombreuses villes sont implantées au creux des vallées (afin, notamment, d'être proches des rivières dont l'eau est utile au développement industriel) : c'est vrai pour Évreux, Pont-Audemer, Bernay, Brionne, Verneuil-sur-Avre, Pacy-sur-Eure, Gisors, et beaucoup d'autres. Il en résulte des villes discrètes, qui, nichées dans les vallées et le plus souvent entourées par des coteaux boisés, ne se perçoivent pas depuis les plateaux. Cependant, des vues urbaines d'ensemble remarquables se dégagent depuis le sommet des coteaux (c'est notamment le cas au Château-Gaillard où une vue imprenable s'offre sur Les Andelys et la vallée de la Seine, ou encore au donjon de Brionne où l'on domine la vallée de la Risle).
En revanche, la capacité d’accueil limitée des sites bâtis conduit à des phénomènes de débordement, liés à la pression du développement urbain. On constate alors des villes qui s’allongent de façon excessive dans les vallées et des extensions urbaines débordant sur les plateaux, avec la création de quartiers satellisés, déconnectés des centres-villes comme c’est le cas à Pacy-sur-Eure, Évreux ou Gisors.
Dans ces villages typiques du Lieuvin, du pays d'Auge, du Roumois et du pays d'Ouche, les maisons ne se regroupent pas les unes près des autres autour de l'église. En effet, chaque habitation conserve son terrain tout autour, créant ainsi un tissu villageois aéré. Le village s’organise autour d’une route ou d’un carrefour qui prend rarement l’aspect d’une rue car les abords restent généralement enherbés. Il n’offre pas une image urbaine mais plutôt une ambiance jardinée où la végétation est présente partout : les clôtures restent transparentes ou se parent de haies champêtres et taillées, et les arbres des jardins débordent généreusement sur la rue.
Dans le Vexin normand, et sur les plaines du Neubourg et de Saint-André, les villages, généralement assez grands, présentent un caractère un peu austère : de grandes fermes, dont les bâtiments s’alignent perpendiculairement à la rue, offrent des façades aveugles prolongées par des murs d’enceintes. Peu de maisons s’ouvrent directement sur la rue, les jardins n'étant pas visibles. Une place, ou une mare demeure souvent l'espace le plus végétalisé et le plus convivial.
Ces villages, étirés le long des routes, sont hérités d'un parcellaire ancien, organisé perpendiculairement à la chaussée et relativement étroit. Les habitations s’égrènent sur une seule ligne le long de la route qui constitue le seul lien entre elles. L'ensemble compose une campagne habitée, où les relations entre villages et espaces agricoles environnants sont étroites, aussi bien d'un point de vue physique que visuel.
Les centres urbains de quelques villes de l'Eure ont été gravement endommagés par les bombardements allemands lors de la Seconde Guerre mondiale (contrairement aux villes de Basse-Normandie ou du Havre qui furent bombardés par les Alliés avant le débarquement). C'est notamment le cas de Vernon, de Gisors, de Louviers et d'Évreux qui fut sinistrée à 47 %. Lors de la reconstruction d'après guerre, un nouveau matériau incontournable apparaît : le béton armé, qui se marie par force aux vestiges médiévaux préservés.
Certains paysages autour des grandes villes sont gagnés par la péri-urbanisation (notamment autour d’Évreux ou de Louviers). Fortement marqués par la standardisation et l'absence d'identité, ces périphéries constituent des espaces non urbains mais sous influence urbaine qui grignotent de plus en plus les terres agricoles. Composés de lotissements d’habitat individuel, de zones d’activités et de zones commerciales, d'échangeurs et de ronds-points routiers, ils se retrouvent partout sur le territoire français.
Selon le recensement général de la population du , 7,2 % des logements disponibles dans le département étaient des résidences secondaires.
Ce tableau indique les principales communes de l'Eure dont les résidences secondaires et occasionnelles dépassent 10 % des logements totaux en 2008 :
Ville | Population municipale | Nombre de logements | Rés. secondaires | % Rés. secondaires |
---|---|---|---|---|
Les Barils | 168 | 463 | 393 | 84,94 % |
Pullay | 375 | 519 | 363 | 69,74 % |
La Neuville-du-Bosc | 538 | 369 | 175 | 47,27 % |
Saint-Pierre-de-Cormeilles | 608 | 384 | 114 | 29,66 % |
Les Baux-de-Breteuil | 643 | 403 | 115 | 28,54 % |
Le Fidelaire | 978 | 555 | 133 | 23,96 % |
Lyons-la-Forêt | 754 | 489 | 112 | 22,90 % |
Marcilly-sur-Eure | 1 487 | 794 | 178 | 22,41 % |
Ivry-la-Bataille | 2 603 | 1 631 | 361 | 22,17 % |
Francheville | 1 226 | 680 | 123 | 18,13 % |
Épaignes | 1 292 | 641 | 102 | 15,98 % |
Lieurey | 1 374 | 698 | 100 | 14,29 % |
Sources :
L'Eure tire son nom de l'Eure, rivière qui le traverse avant de rejoindre la Seine.
Avant l'avènement de la domination romaine, le territoire actuel du département de l'Eure est partagé entre trois peuplades de la Gaule celtique :
Il ne reste que peu de traces de ces tribus dans le territoire du département de l'Eure : les plus importantes retrouvées jusqu'à présent sont les pierres druidiques des Ventes.
Au milieu du Ier siècle av. J.-C., Jules César entreprend la conquête de la Gaule, conquête qui aboutit à la guerre des Gaules. Les Eburovices et les Véliocasses se défendent de façon redoutable. Mais rapidement vaincus et décimés, ces deux tribus se soumettent au pouvoir romain et leur remettent leurs terres. Les différents peuples gaulois se romanisent alors peu à peu.
Une fois la paix revenue, sous l'impulsion des Romains, les arts, les sciences, le commerce et l'industrie se développent. Des routes stratégiques et militaires, formées de deux ou trois rangs de pavés superposés, sont construites. Ces voies relient notamment Évreux à Lillebonne en passant par Brionne et Aizier, Lillebonne à Lisieux en passant par Pont-Audemer et Cormeilles, Brionne à Lisieux, Évreux à Dreux, etc.[20]. Enfin, trois villes principales sont établies : Évreux, Condé-sur-Iton et Brionne. Le territoire correspondant à l'actuel département de l'Eure fait alors partie de la deuxième Lyonnaise, qui est gouvernée par des chefs militaires et des chefs civils.
Sous le règne romain, les mœurs religieuses changent très peu : le polythéisme romain ne parvient à s'imposer qu'au sein des villes. En dehors, les croyances des peuples de la Gaule celtique perdurent et les druides célèbrent encore leurs cérémonies traditionnelles.
C'est dans ce contexte que saint Taurin vient apporter la parole évangélique à Évreux. Il est vu "comme l'apôtre, le fondateur et le premier évêque de l'église d'Évreux et placé au rang des pontifes dont les fidèles doivent honorer la mémoire". Une église est construite à l'endroit même où est retrouvé son tombeau. Les populations des environs d'Évreux délaissent alors peu à peu leurs pratiques superstitieuses ancestrales et se convertissent au christianisme. Une société nouvelle se met en place et s'organise sous le règne de Clovis, le premier roi des Francs qui se soit converti à la doctrine du Christ.
Par la suite, sous le règne des successeurs de Clovis, le territoire de l'Eure fait partie de la Neustrie. À cette époque, les églises et les monastères s'y multiplient. Parmi ces derniers, certains acquièrent une grande réputation en même temps qu'ils accumulent les richesses. Au milieu des guerres incessantes caractérisant la fin de règne des derniers Mérovingiens, les monastères deviennent des refuges pour les lettres. On y étudie également l'histoire et la scolastique et on y pratique la culture de la terre.
Au début de l'ère carolingienne, sous l'impulsion de Charlemagne, le territoire du royaume des Francs s'accroît : intégration du duché de Bavière, conquête du royaume des Lombards, de la Saxe, de quelques territoires en Espagne, dans les possessions byzantines et dans les pays slaves. Malgré quelques parties instables, Charlemagne réussit à tenir l'ensemble de son territoire et à dominer à la fois les hommes et les institutions.
À sa mort, le royaume plonge peu à peu dans l'anarchie à cause des guerres fratricides entre ses successeurs et les invasions incessantes des Vikings. En 841, ces derniers remontent pour la première fois la Seine. Ils pillent Rouen et sa cathédrale et détruisent les abbayes de Jumièges et de Saint-Wandrille. La motivation principale des Vikings est l’appât du gain et la recherche de l'or. La résistance à leurs assauts est souvent insignifiante : "les villes sont généralement mal défendues et le roi Charles le Chauve, petit-fils de Charlemagne, doit faire face à de multiples dangers. Les Bretons poussent à l’ouest, l’Aquitaine menace de faire sécession tandis que l’aristocratie franque revendique de nouveaux pouvoirs"[21]. Les Vikings vont profiter de cette situation chaotique.
Ainsi, à la fin du IXe siècle, Rol ou Rollon, un des chefs vikings, terrorise les territoires compris entre Rouen et Évreux, villes dont il se rend maître. Il lance également des assauts vers Paris et vers Chartres, mais ceux-ci se soldent par des échecs.
En 911, Charles le Simple, las de ces attaques incessantes et désespéré de pouvoir vaincre définitivement les Vikings, décide de négocier avec Rollon. Il fait proposer à celui-ci, par l'intermédiaire de François, archevêque de Rouen, la cession du territoire compris entre, d'un côté, les vallées d'Andelle et de l'Epte, et de l'autre, la mer. En échange de quoi, Rollon doit se convertir au christianisme et doit assurer la protection du royaume, notamment contre ses compatriotes vikings qui seraient tentés de remonter la Seine. Ces négociations aboutissent au traité de Saint-Clair-sur-Epte, traité par lequel il est donné naissance au futur duché de Normandie.
Si les historiens ne sont pas tous d’accord sur l’exacte étendue de la concession accordée par Charles le Simple à Rollon, il apparaît certain qu'une grande partie du territoire actuel de l'Eure en fait partie.
911 à 1035 : de Rollon à Robert le Magnifique
Rollon, qui est considéré par les historiens comme le premier duc de Normandie (il est en réalité le jarl, c'est-à-dire le comte), ramène la paix et la sécurité sur son territoire. Après avoir été la terreur des peuples, il souhaite, désormais, en être le bienfaiteur. Pour cela, il réprime le brigandage, sécurise les voies de communication et développe le commerce. Il veut également relancer l'église et rétablir la vie monastique. Ainsi, à Évreux, il fait rebâtir les églises et fait un don à la cathédrale.
Pendant la minorité de son petit-fils, Richard Ier, Évreux tombe aux mains de Hugues le Grand, comte de Paris, puis de Louis IV d'Outremer, lequel s'empare de la Normandie et fait Richard prisonnier. Plus tard, lorsque celui-ci recouvre le duché de Normandie, il épouse Emma, fille d'Hugues le Grand et sœur d'Hugues Capet, dans la cathédrale d'Évreux.
Quelques années plus tard, Évreux est de nouveau assiégée ; cette fois, par Lothaire, le roi de France. Évreux résiste, mais, un traître, Guillaume Machel, permet à Lothaire de s'emparer de l'une des portes et de se rendre maître de la ville. Celle-ci est donnée à Thibaud, le comte de Chartres, lequel finit par la restituer, en 965, afin d'obtenir la paix. Lothaire conclut également, la même année, sur les bords de l'Epte, un accord avec les Normands.
En 990, Richard Ier érige en comté le diocèse d'Évreux et le donne à son fils Robert le Danois, déjà archevêque de Rouen. Personnage le plus important après le duc, celui-ci n'envisage ses fonctions que sous l'éclat extérieur qu'elles lui offrent. Il commet de nombreuses fautes morales qu'il essaie de réparer peu de temps avant sa mort. Richard, son fils aîné, lui succède en 1037. Il fait, au contraire de son père, preuve de piété et de sagesse.
1035 à 1087 : le règne de Guillaume le Conquérant
En 1035, le duché de Normandie passe dans les mains de Guillaume II, dit le Conquérant, alors qu'il n'est encore qu'un enfant[Note 2]. Trop jeune et inexpérimenté, il ne parvient pas, dans un premier temps, à comprimer l'ambition des seigneurs. Le comté d'Évreux souffre ainsi de ces nombreuses guerres intestines. Ainsi, Crespin, comte de Brionne, est tué par les seigneurs de Montreuil en défendant sa baronnie du Sap et d'Orbec. Roger Ier de Tosny, seigneur de Conches, opposant de Guillaume II, se querelle avec Onfroy, comte de Beaumont, partisan du duc : lors d'une bataille opposant leurs troupes entre Bourgtheroulde-Infreville et Boissey-le-Châtel, Roger et ses deux fils périssent.
En 1045, Guillaume II apprend que Guy, comte de Vernon et de Brionne, qui nourrit des prétentions au titre de duc, projette de s'emparer du duché de Normandie. Guillaume porte le siège alors à Brionne. Mais Guy de Vernon parvient à s'échapper avec certains de ses soldats et se réfugie à Verneuil. Le duc Guillaume brûle le château de Brionne et prononce la confiscation de ses biens.
En 1047, après la bataille du Val-ès-Dunes, Guillaume II réussit à affermir son autorité dans l'ensemble du duché. Il réside alors à Lyons-la-Forêt. C'est à ce moment qu'il commence à lorgner le trône d'Angleterre dont il se prétend l'héritier en vertu d'une donation que le roi Édouard le Confesseur a fait en sa faveur. Les seigneurs normands, ambitieux et avides de pouvoir, secondent leur duc dans cette conquête. C'est le cas notamment du comte de Beaumont, du comte d’Évreux, du comte de Breteuil, des seigneurs de Conches, etc. Après le succès de la bataille d'Hastings, nombre d'entre eux s'établissent en Angleterre après avoir reçu, en échange de leurs services, des biens et des terres.
1087 à 1135
En 1087, après la mort de Guillaume le Conquérant, son fils, Robert II de Normandie, dit Robert Courteheuse, lui succède comme duc de Normandie. Malheureusement, l'anarchie et la discorde s'imposent très vite au sein du duché sous l'impulsion des principaux barons normands tels que Guillaume d'Évreux, Raoul II de Tosny, Guillaume de Breteuil ou Robert II de Bellême. Ainsi, en 1092, une guerre ensanglanta toute la région d'Évreux et de Conches. Robert Courteheuse est incapable d'affirmer son autorité.
En 1096, après l'appel du pape Urbain II, Robert part, accompagnés de nombreux vassaux, pour la Terre Sainte dans le cadre de la première croisade. Pendant son absence, le duché est confié à son frère, Guillaume le Roux, roi d'Angleterre. Celui-ci fait construire, au cours de sa tentative de conquête du Vexin, la forteresse de Gisors, ville alors placée à la frontière entre la Normandie et la France. Mais sa mort survient rapidement. Henri Ier Beauclerc, le troisième fils de Guillaume le Conquérant, devient roi d'Angleterre tandis que Robert Courteheuse revient de la croisade. En 1105, Henri Ier déclare la guerre à Robert et, après sa victoire à Tinchebray, s'empare de la Normandie.
À cette époque, le comté d'Évreux doit revenir à Amaury III de Montfort. Mais, le roi Henri, qui n'aime pas la maison Montfort, refuse de lui reconnaître ce droit. Amaury assiège donc Évreux et la prend de force. Henri vient, alors, poster son armée à Breteuil, puis mène le siège devant Évreux. À la suite de cette attaque, celle-ci est détruite en grande partie par les flammes et sa population disséminée dans les campagnes alentour.
Le département a été créé à la Révolution française, à effet du en application de la loi du , sous la dénomination « Département d'Évreux »[22], à partir d'une partie de la province de Normandie.
Chef-lieu du département à sa création, Évreux abandonna ce titre au cours de l'année 1793 au profit de Bernay, mais le récupéra avant la fin de cette même année[23].
Le département fut d'abord divisé en six districts (Évreux, Les Andelys, Bernay, Louviers, Pont-Audemer et Verneuil) en 1790 puis en cinq arrondissements à partir de 1800 : Évreux, Bernay, Les Andelys, Louviers et Pont-Audemer. Les deux derniers furent supprimés en 1926, celui de Pont-Audemer étant rattaché à Bernay et celui de Louviers partagé entre Les Andelys et Évreux.
Après la victoire des coalisés à la bataille de Waterloo (18 juin 1815), le département est occupé par les troupes prussiennes de juin 1815 à novembre 1818 (voir «occupation de la France à la fin du Premier Empire»).
Après le coup d'État du 2 décembre 1851 de Napoléon III, l'Eure fait partie des départements placés en état de siège afin de parer à tout soulèvement massif. Moins d'une centaine d'opposants sont arrêtés[24].
En 2021, le département comptait 598 934 habitants[Note 3], en évolution de −0,5 % par rapport à 2015 (France hors Mayotte : +1,84 %).
2016 | 2021 | - | - | - | - | - | - | - |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
602 825 | 598 934 | - | - | - | - | - | - | - |
Nom | Code Insee |
Intercommunalité | Superficie (km2) |
Population (dernière pop. légale) |
Densité (hab./km2) |
Modifier |
---|---|---|---|---|---|---|
Évreux | 27229 | CA Évreux Portes de Normandie | 26,46 | 47 289 (2021) | 1 787 | |
Vernon | 27681 | CA Seine Normandie Agglomération | 34,92 | 24 543 (2021) | 703 | |
Louviers | 27375 | CA Seine-Eure | 27,06 | 18 350 (2021) | 678 | |
Val-de-Reuil | 27701 | CA Seine-Eure | 25,94 | 12 647 (2021) | 488 | |
Gisors | 27284 | CC du Vexin Normand | 16,67 | 11 919 (2021) | 715 | |
Pont-Audemer | 27467 | CC de Pont-Audemer / Val de Risle | 14,66 | 9 848 (2021) | 672 | |
Bernay | 27056 | CC Intercom Bernay Terres de Normandie | 24,03 | 9 622 (2021) | 400 | |
Les Andelys | 27016 | CA Seine Normandie Agglomération | 40,62 | 7 937 (2021) | 195 | |
Verneuil d'Avre et d'Iton | 27679 | CC Interco Normandie Sud Eure | 56,00 | 7 305 (2021) | 130 | |
Gaillon | 27275 | CA Seine-Eure | 10,19 | 6 801 (2021) | 667 | |
Mesnils-sur-Iton | 27198 | CC Interco Normandie Sud Eure | 125,03 | 6 145 (2021) | 49 | |
Vexin-sur-Epte | 27213 | CA Seine Normandie Agglomération | 114,49 | 5 990 (2021) | 52 | |
Saint-Sébastien-de-Morsent | 27602 | CA Évreux Portes de Normandie | 10,02 | 5 530 (2021) | 552 | |
Le Val d'Hazey | 27022 | CA Seine-Eure | 14,37 | 5 194 (2021) | 361 | |
Pacy-sur-Eure | 27448 | CA Seine Normandie Agglomération | 22,03 | 5 001 (2021) | 227 |
Variation de population 2006 - 2011 : + 20 890 hab.
Taux annuel moyen de variation de la population 2006 - 2011 dû au solde naturel : + 0,5 %
Taux annuel moyen de variation de la population 2006 - 2011 dû au solde migratoire : + 0,3 %[28]
Le département de l'Eure regorge de très nombreux musées de tradition et de savoir-faire tels que : la Chaumière aux Orties à la Haye-de-Routot, l'écomusée-moulin Amour de Saint-Ouen-de-Pontcheuil, le four à pain-musée de La Haye-de-Routot, la maison du sabotier de La Haye-de-Routot, le musée du verre de Conches, le musée de la ferronnerie et des métiers annexes de Francheville, le musée des instruments à vent de la Couture-Boussey, le musée du cidre de Saint-Aubin-le-Guichard, le musée du Pays de Conches, la Manufacture - Musée du peigne et parures d'Ézy-sur-Eure, le musée de la reliure du château de Beaumesnil, la maison du lin de Routot, le musée municipal de Louviers, etc.
On trouve également :
Les principales villes de l'Eure possèdent leur théâtre. Ainsi, on peut citer : le théâtre d'Évreux, le théâtre du Grand Forum à Louviers, le théâtre de l'Arrosoir à Vernon, le théâtre Édith-Piaf à Bernay, etc.
Les salles de concert présentes dans le département de l'Eure sont les suivantes : le Kubb à Évreux, la MJC de Bernay, le théâtre de l'Arsenal et le théâtre des Chalands à Val-de-Reuil, le Moulin à Louviers, l'Éclat à Pont-Audemer, la MJC Le Silo à Verneuil-sur-Avre, etc.[29].
Le Rock dans tous ses états était le plus grand événement musical de l'Eure. Créé en 1983, ce festival était principalement orienté vers les musiques rock et électroniques. Il avait lieu tous les ans, à l'hippodrome d'Évreux. Ce festival a évolué et s'appelle désormais "Rock'in Evreux".
Beaucoup d'autres évènements musicaux, faisant, généralement, la part belle aux groupes normands, ont également lieu, aux quatre coins du département[31].
Certains sont consacrés à un style musical ou à un thème précis :
D'autres proposent une programmation variée et éclectique :
Quant à l'Église catholique, le département correspond à l'actuel diocèse d'Évreux. Celui-ci fait partie, comme les autres diocèses normands, de la Province ecclésiastique de Rouen. L'évêque actuel est Mgr Christian Nourrichard.
Terre essentiellement catholique dans les siècles passés, le département de l'Eure a connu, comme le reste de la France, une forte déchristianisation au cours du XXe siècle.
L'Eure dispose d'un patrimoine religieux très important, témoignant de l'importance du catholicisme autrefois. Cela va des églises, présentes dans presque tous les villages, aux abbayes telles que celles du Bec-Hellouin ou de Mortemer, en passant par les calvaires ou les croix de chemin. L'Eure est le département français qui a conservé le plus grand nombre de confréries de charité (on en dénombre environ 120). Une confrérie de charité est une association de paroissiens, les charitons, qui assurent bénévolement les inhumations et participent aux offices religieux. L’origine de ces confréries remonte au XIe siècle, du temps des premières grandes épidémies où personne ne voulait s’occuper de l’inhumation des défunts. La Charité de la Landepéreuse est la plus ancienne : elle daterait de 1080.
Tous les deuxièmes dimanches de septembre, les Mauriciens de toutes les communautés et de toutes les religions se retrouvent à Pinterville où Jacques-Désiré Laval, le « saint » de l'île Maurice, natif du département, exerça son ministère pendant deux ans.
Le département est considéré comme un désert médical avec, en 2023, 94 médecins pour 100 000 habitants[32].
Les effectifs salariés sont répartis de la façon suivante[33] :
Secteurs d'activité | Emploi salarié | Pourcentage |
---|---|---|
Agriculture | 1 682 | 0,9 |
Industrie | 38 627 | 22,2 |
Construction | 11 500 | 6,6 |
Tertiaire | 122 464 | 70,3 |
Total | 174 273 |
Le taux de chômage, au premier trimestre 2014, était de 10,4.
Les 10 entreprises qui emploient le plus de salariés sont[34] :
L'agriculture est un secteur économique important qui occupe un total de 3 850 km2 (63 % de la superficie du département), soit :
Les différents systèmes agricoles eurois sont répartis sur le territoire en fonction des caractéristiques des sols et du climat[35]. Ainsi, le Sud-Est de l'Eure produit essentiellement du blé, de l'orge et du colza à cause de ses terres légères et son climat relativement sec semblables à la Beauce voisine. En remontant vers le nord, sur les sols fertiles du plateau du Neubourg et du Vexin, la production est orientée vers le lin et les pommes de terre; quant aux betteraves, il faut y associer l'industrie de transformation centenaire associée (sucrerie d'Étrépagny). Tout à fait au nord du département, dans le Roumois l'élevage de vaches laitières et de bovins à viande est associé aux grandes cultures. À l'ouest, sur les reliefs plus accidentés du Lieuvin et surtout du pays d'Auge, les cultures sont moins présentes au profit de l'élevage laitier ou mixte lait et viande. Enfin, le maraîchage et l'horticulture, peu développés, se trouvent essentiellement dans la vallée de la Seine et autour des agglomérations.
L’Eure est un territoire favorable au développement industriel : une position géographique stratégique entre, d'un côté, le marché francilien et, de l'autre, les ports normands tels que Rouen et Le Havre ; un tissu dense de PME performantes et un paysage économique structuré autour de filières d’excellence comme la pharmacie/cosmétique, l’aéronautique et le spatial, l’automobile ou encore les constructions électriques et électroniques[36]
Le département de l’Eure compte sur son territoire 35 700 établissements le plaçant au 8e rang des départements industriels français[35]. Ce dynamisme industriel est dû à la présence de leaders nationaux et internationaux tels que : Valois et Groupe GMD (plasturgie), GlaxoSmithKline et Sanofi Pasteur (pharmacie), Aerochim et Hermès (cosmétique), Schneider Electric (composants électriques). En outre, le département accueille de grands laboratoires de recherche et développement, notamment avec le pôle de compétitivité Cosmetic Valley et le cluster Polepharma.
L'Eure ne dispose pas de côte maritime, et seuls quelques endroits présentent un caractère « spectaculaire », tels que le site de Château Gaillard près des Andelys ou la pointe de la Roque qui domine l'estuaire de la Seine en aval du pont de Tancarville. L'Eure bénéficie en revanche de paysages assez préservés de l'industrialisation et de l'urbanisation, de grandes forêts, de campagnes typiques avec de fraîches vallées et de villes d'importance moyenne ou petite qui ont su préserver leur charme et leur caractère. Le tourisme qui s'y pratique est plutôt un tourisme de week-end car ce département est favorisé par sa proximité de Paris et sa situation sur la route des plages du Calvados. D'ailleurs beaucoup de ses habitants vont travailler dans la région parisienne ou dans l'agglomération rouennaise.
L'Eure possède huit jardins remarquables[37].
Au 31 décembre 2011, l'Eure compte 456 édifices comportant une protection au titre des monuments historiques. 143 d'entre eux sont classés ; les 313 autres sont inscrits[39].
Le département de l'Eure a conservé un nombre important de forteresses et de châteaux médiévaux hérités, notamment, des conflits franco-normands. Ces monuments sont particulièrement présents dans les vallées de l'Avre, de la Seine et de l'Epte qui correspondent approximativement à l'ancienne frontière entre la France et la Normandie, mais également dans la vallée de la Risle. Voici quelques exemples de ce type de construction :
D'autres châteaux, de construction plus récente, jalonnent également l'ensemble du territoire eurois :
Le patrimoine religieux de l'Eure se distingue par :
Dans l'Eure, l'eau a constitué un moteur de développement industriel très important. En effet, l'énergie hydraulique a permis au département de connaître une prospérité et un essor économique importants au cours du XIXe. Ainsi, en 1860, l'Eure est "le premier département par la puissance équipée de ses rivières". L'avènement des machines à vapeur et le choix du département de l'Eure de persister sur la voie hydraulique précipitera son déclin. Même au début du XXe, alors que l'énergie hydraulique est majoritairement utilisé en France pour produire de l'électricité, "l'Eure continue à l'utiliser surtout sous forme d'énergie mécanique directe et par là-même se condamne au déclassement économique"[61]. De ce passé industriel, subsistent encore, au sein des vallées euroises :
Les matériaux les plus répandus dans le bâti traditionnel sont le bois, la brique, l’argile, la craie et le calcaire, le silex, le grès, la pierre de grison, la pierre de Vernon et l'ardoise.
L'élément principal, à la base de l'identité architecturale normande dans l'Eure, est la maison à pans de bois (ou colombages). Cette architecture est présente sur la quasi-totalité du département : à l'est avec Lyons-la-Forêt ou Etrepagny, à l'ouest avec Le Bec-Hellouin ou Cormeilles, au sud avec Rugles, et enfin, au nord, avec Quillebeuf-sur-Seine ou Vieux-port. Quelques exemples de cette architecture :
Le second élément caractéristique de l'architecture normande dans l'Eure est la brique[67]. Matériau facilement réalisable puisqu'il est fait à partir d'argile, il est surtout présent dans la partie sud du département. Sa couleur varie généralement entre l'orange foncé et le rouge sombre (il n'existe que peu de briques jaunes ou grises). La brique peut être vitrifiée (elle subit une cuisson trop importante et les silices présentes dans l'argile deviennent verre), vernissée (une couche de vernis est passée sur la brique avant sa cuisson) ou émaillée (une couche d'émail est ajoutée). Ces différents types de briques permettent de réaliser des décors sur les façades des constructions.
Troisième élément : la bichromie[68]. Possible grâce à la variété des matériaux, la bichromie n'est pas une technique constructive, mais une technique de parement. Ainsi, des matériaux sont mis en interaction afin de créer un motif en damier permettant d'enrichir la décoration des façades. Ces matériaux sont la plupart du temps au nombre de deux (on parle donc de bichromie), plus rarement au nombre de trois (on parle alors de trichromie) et enfin, très rarement, au nombre de quatre (il s'agit de quadrichromie). L'église de Mesnil-sous-Vienne, comporte ainsi un damier fait de grès rouge, de brique, de silex noir et de craie.
Si, très souvent, le parement est un damier semblable aux cases d'un échiquier, il contient parfois des blasons ou des calices, et dans le cas de l'église de Saint-Grégoire-du-Vièvre, d'un rébus portant sur l'ensemble du mur Sud[69].
L'essentage[70] consiste à couvrir des parois verticales par des éléments généralement utilisés pour des toitures comme les ardoises ou de petites planchettes de bois. Cette technique est utilisée pour orner les façades des bâtiments dans les centres villes ; elle a donc un but décoratif. Dans les campagnes, l'essentage permet de recouvrir les pignons situés à l'ouest, façades principalement battues par les pluies et les vents, afin de protéger les parties composées de chaux et/ou de colombages. Parfois, l'essentage peut concerner l'ensemble des façades d'une maison. Certains essentages présentent des caractéristiques particulières afin de renforcer l'aspect décoratif et donner plus de charme aux façades. On trouve, ainsi, des essentages en ardoise, en châtaignier, en bois, en plaques de zinc, etc.
En tant que département normand, l'Eure offre une gastronomie basée sur les spécialités "classiques" de cette région : la pomme, le lait et la viande ainsi que les alcools comme le cidre, le calvados et le pommeau. À noter également que l'Eure possède de nombreux marchés réputés, dont certains sont spécialisés : le marché aux pommes de Sainte-Opportune-la-Mare, le marchés au foie gras du Neubourg, la foire aux harengs de Lieurey, etc.
Deux variété de pommes sont originaires de l'Eure : la Calville blanc d'hiver (cette pomme est en réalité originaire du duché de Wurtemberg, mais cultivée aux alentours de 1600 dans le village de Calleville, elle a fini par en prendre le nom) et la pomme de Rever (elle est spécifique du Marais-Vernier ; elle tient son nom de l’abbé François Rever).
Dans l'Eure, sont produits certains alcools typiques de la Normandie : le cidre, le calvados, le calvados Pays d'Auge, AOC et le pommeau de Normandie, AOC. La plus grande distillerie de calvados et de pommeau de Normandie est installée dans l'Eure, à Cormeilles, depuis 1910.
D'autres produits sont originaires de l'Eure ou produits sur son territoire. C'est notamment le cas :
Une partie du département de l'Eure est compris dans le parc naturel régional des Boucles de la Seine normande. Au total, 32 communes et une ville-porte (Pont-Audemer), appartiennent à ce parc riche d'un patrimoine naturel et culturel exceptionnel. De nombreuses richesses du parc, qu'elles soient historiques, architecturales ou naturelles, se trouvent du côté eurois.
Ancien méandre de la Seine, le Marais Vernier[74] est une vaste zone humide de 4 500 hectares. Véritable amphithéâtre naturel, il est constitué de roselières, de prairies humides et de tourbières (2 000 hectares, ce qui en fait la plus grande tourbière de France), d’innombrables canaux et fossés et de la Grand’Mare. Le Marais-Vernier se distingue également par sa faune (hérons cendrés, oies, cigognes, martins pêcheurs, chevêches, butor étoilé, balbuzard pêcheur, bécassine des marais, corlieu, busard Saint-Martin, etc.), sa flore (orchis de mai, épipactis des marais, écuelle d’eau, grande douve, sphaigne, rossolis, linaigrette à feuille large, marisque, choin noirâtre, cirse anglais, lobélie brûlante, troscart des marais, utriculaire, hydrocharis des grenouilles, âche inondée, cresson à petites feuilles, orchis à fleurs lâches, orchis négligé, iris des marais, lychnis fleur-de-coucou, piment royal, etc.). Des vaches écossaises ont été introduites pour entretenir les pâtures du Marais-Vernier ainsi que des chevaux de Camargue.
Au 2 juin 2014, le département de l'Eure comprend 159 sites classés et 104 sites inscrits[75].
L'Eure comprend 18 sites classés Natura 2000, qui couvrent environ 5 % de son territoire (forêt de Lyons ; Marais-Vernier et basse vallée de la Risle ; Risle, Guiel, Charentonne ; îles et berges de la Seine, etc.).
Armée
Spectacle, cinéma et médias
Gastronomie
Ingénierie et sciences
Littérature
Musique
Peinture et dessin
Politique
Religion
Sculpture
Sport
Blasonnement :
« coupé, en 1 de gueules aux deux léopards d'or armés et lampassés d'azur, et en 2 d'azur semé de fleurs de lys d'or, à la bande componée d'argent et de gueules de six pièces. » |
Ce blason reprend les armoiries de la Normandie, région dont fait partie le département, et celles de la ville d'Évreux, son chef-lieu. Il a été proposé par l'héraldiste Robert Louis en 1950[76].
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