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porte-avions français en service depuis 2001 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le Charles de Gaulle (indicatif visuel R91) est un porte-avions nucléaire de la Marine nationale française, dont il est le bâtiment majeur et la pièce maîtresse. Il est le premier et unique bâtiment de combat de surface à propulsion nucléaire construit en Europe occidentale.
Charles de Gaulle (R91) | |
Le Charles de Gaulle en avril 2022. | |
Autres noms | PH 75 (1973), Bretagne (1975), Richelieu (1986) puis Charles de Gaulle (1987) |
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Type | Propulsion nucléaire navale |
Histoire | |
A servi dans | Marine nationale |
Commanditaire | Délégation générale pour l'Armement |
Chantier naval | DCN (Brest) |
Commandé | (Décision ministérielle) |
Quille posée | (Assemblage sur cale des éléments en préfabrication depuis le 24 novembre 1987) |
Lancement | |
Armé | |
Mise en service | (du 21 mai au 1er juin 2001, participation à l'exercice franco-italien Trident d'or) |
Statut | En service |
Équipage | |
Équipage | environ 2 000 personnes[1] dont 1 200 marins, 90 de l’état-major embarqué et 600 du Groupe aérien embarqué (1 777 personnes début 2020[2]) |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 261,50 mètres (hors-tout) |
Maître-bau | 64,36 m (pont) - 31,5 m (flottaison) |
Tirant d'eau | 8,50 mètres (9,50 à pleine charge) |
Déplacement | 42 500 tonnes à pleine charge |
Propulsion | 2 réacteurs nucléaires à eau pressurisée K15, 2 groupes turboréducteurs 61 SW, 2 hélices à 4 pales fixes |
Puissance | 83 000 ch (61 MW) |
Vitesse | 27 nœuds (50 km/h) |
Caractéristiques militaires | |
Armement | 4 × Sylver A43 (8 x Aster 15) 32 missiles en tout (2 groupes) 2 x Sadral (12 missiles Mistral en tout) |
Électronique | 3 centrales de navigation inertielle SIGMA 40 PA CDG, retrofit des centrales à cardans MiniCIN ; radar: 1 SMART-S Mk2, 1 DBRV-26D, 1 DRBV -15 1 Arabel ;2 Scanter 6000; 1 système de veille et de conduite optroniques EOMS NG; 1 système de veille panoramique Artemis; systèmes TACAN et IFF ; contre mesures : 1 ESMARBR-21, 1ESM ARBG-2, 2 brouilleurs ARBB-33, 4 lance-leurres Sagaie, 1 leurre antitorpilles SLAT ; système de commandement SENIT 8 ;
Liaison 11 et 16 |
Rayon d'action | Illimité - autonomie 45 jours de vivres |
Aéronefs | 40 aéronefs dont : 30 à 40 Rafale Marine F3R |
Carrière | |
Pavillon | France |
Port d'attache | Base navale de Toulon |
Indicatif | R91 |
MMSI | 912260192 |
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Depuis 2001, la France est le seul pays en dehors des États-Unis à avoir terminé la construction d'un porte-avions à propulsion nucléaire[Note 1]. Ce porte-avions est doté de 2 catapultes à vapeur. Cette configuration, nommée CATOBAR, n’est utilisée et maîtrisée que par la France et les États-Unis. Un bâtiment utilisant ce système est en développement en Chine.
Le Charles de Gaulle a remplacé le porte-avions Clemenceau. Un second porte-avions, le PA 2, devait être construit pour remplacer le Foch, conformément aux promesses du président Sarkozy lors de la campagne présidentielle de 2007[4], mais le projet a finalement été repoussé, des études d'évaluation ont été menées en 2009[5], puis il a été abandonné en 2013[6].
Paris est la ville marraine du Charles de Gaulle depuis le . Il est entré en cale sèche aux bassins Vauban de Toulon en pour y subir un chantier d'entretien et de mise à niveau de dix-huit mois ; il a retrouvé son quai habituel, aux appontements Milhaud, le après 15 mois en cale sèche. Un nouveau déploiement a été réalisé au début de 2019 après les essais à la mer commencés le [7], puis le retour à bord du groupe aérien embarqué (GAE) et la qualification de l’ensemble du groupe aéronaval de la Marine nationale[8],[9],[10].
Le , Florence Parly, ministre des Armées, annonce le début de la phase d'étude du programme de remplacement du Charles de Gaulle[11] avec le PANG. L'évaluation du coût de la conception et de la construction d'un premier porte-avions de nouvelle génération dans sa version nucléaire, équipements inclus, est de 225 millions d’euros par an pendant vingt ans. Le Charles de Gaulle serait ainsi retiré du service opérationnel de la Marine nationale vers 2040[12].
L'indicatif visuel du Charles de Gaulle est R91[13]. Il s'agit d'un porte-avions de taille moyenne, plus petit que ceux de l'US Navy, mais nettement plus gros que les porte-aéronefs Cavour (Italie), espagnols et indiens. Il mesure 261,5 mètres de long, 64,36 m de large et 75 m de haut, soit l'équivalent d'un immeuble de 25 étages[14]. Avec un déplacement de 42 500 tonnes[Note 2], il peut embarquer environ 2 200 marins à son bord, avec un supplément de 800 militaires en transport de troupes.
Selon les ingénieurs ayant travaillé sur le projet du PA 2 du temps de la coopération franco-britannique, la conception très cloisonnée de la coque du Charles de Gaulle et de ses systèmes de sécurité avancés (lutte contre les incendies notamment), en font un bâtiment pouvant rester à flot après avoir encaissé plusieurs torpilles et missiles[15].
La surface du pont d'envol atteint les 12 000 m2 et dispose d'une surface de hangars aéronefs de 4 600 m2[16] de 138 mètres de long pour 29 mètres de large, avec un peu plus de 6 mètres de hauteur sous le pont supérieur, aménagé en deux demi-hangars pouvant être séparés en déployant une grande cloison pare-feu en cas d’incendie et relié au pont d'envol par deux ascenseurs latéraux à tribord derrière l'îlot de 21 × 12 m d'une capacité de 36 t pouvant recevoir chacun deux avions afin d'accélérer les mouvements entre le pont d'envol et le hangar[17].
Le plus comparable par la taille est l'Amiral Kouznetsov, qui est légèrement plus grand que le Charles de Gaulle, mais dont les capacités opérationnelles sont limitées car sa propulsion n'est pas nucléaire et il n'est pas un véritable porte-avions, mais un porte-aéronefs : il ne dispose pas de catapulte, ce qui limite le poids au décollage et les possibilités opérationnelles des avions qui sont essentiellement destinés à des missions d’interception[18],[19],[20].
Le Charles de Gaulle est équipé d'une propulsion nucléaire qui lui assure une vitesse maximum de 27 nœuds (50 kilomètres par heure), au lieu de 32 pour le Foch et le Clemenceau. Toutefois, la moindre vitesse du Charles de Gaulle n'est pas un obstacle à la mise en œuvre de l'aviation embarquée grâce à la puissance accrue de ses deux catapultes C 13-3 américaines de 75 m de long qui permettent de lancer des appareils de 25 tonnes à 270 km/h en 2 secondes avec 4 à 5 g d'accélération[21].
La propulsion nucléaire facilite grandement l'approche des avions à l'appontage, car ils ne passent plus dans les turbulences thermiques dues aux fumées des machines des porte-avions à propulsion classique ; elle facilite aussi l'organisation du pont d'envol, dans la mesure où l'emplacement de l'îlot central n'est plus conditionné par le positionnement des cheminées et a donc pu être placé assez en avant sur le pont. Les deux ascenseurs latéraux, dont la capacité d'élévation de 36 tonnes permet de recevoir deux avions à la fois, ont été placés en arrière pour faciliter les mouvements entre le pont d'envol et le hangar. La capacité des ascenseurs à acheminer deux avions toutes les deux minutes sur le pont, leur emplacement et l'emplacement des zones de parking d'alerte, situées à l'arrière et sur tribord, celui de la zone de recueil, située à l'extrême avant, permettront au navire de lancer en 15 minutes, une vague d'assaut d'une vingtaine d'avions complètement équipés, de la récupérer et de la relancer 4 heures plus tard[22].
La capacité en vivres (120 tonnes) et en carburant (3 400 tonnes) du Charles de Gaulle lui confère 45 jours de totale autonomie en opération. Son groupe aérien peut effectuer 100 vols par jour pendant 7 jours, soit plus de 700 vols en totale autonomie. Ceci entraîne l'obligation de ravitailler à la mer lors des missions de longue durée de plusieurs mois, que sa propulsion nucléaire lui permet. Un pétrolier-ravitailleur qui assure 30 jours supplémentaires d'autonomie totale est affecté en permanence au GAN TF473 pour ravitailler le Charles de Gaulle et les autres bâtiments du groupe. Avec un seul ravitaillement par semaine, le niveau de carburant à bord ne descend jamais en dessous de 70%, soit plus d'un mois de totale autonomie en opération[23]. Lors de mission de guerre de haute intensité, un second pétrolier-ravitailleur est affecté en renfort. Pendant que l'un des deux reste avec la flotte, l'autre peut faire la navette vers les points de rechargement pour garantir la présence permanente d'un pétrolier-ravitailleur auprès du Charles de Gaulle. Ce dispositif renforcé a été utilisé en 2002 lors de l'opération Héraclès au large de l'Afghanistan[24].
Le rapport d'information no 358[25] de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées du sénat sur l'avenir du groupe aéronaval indique que :
Selon le contre-amiral Hervé de Bonnaventure, commandant de la Force maritime de l'aéronautique navale (ALAVIA), cette grande vitesse de croisière obtenue par la propulsion nucléaire « compliquerait sérieusement la tâche d'un ennemi, même technologiquement avancé : par simple effet mathématique, quand nous doublons la distance par rapport à une menace, nous multiplions par quatre la surface de la zone à investiguer[23]. »
Le rapport d'audition de l’amiral Christophe Prazuck, chef d’état-major de la marine par la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées du sénat du [29] indique que le Charles de Gaulle :
Le Charles de Gaulle permet également la mise en œuvre d’un avion de guet aérien conférant une large maîtrise de l’espace aérien environnant (hémisphère d’un diamètre de 200 nautiques au lieu de 60 nautiques avec un hélicoptère comme c'est le cas des porte-avions des marines autres que la marine américaine ou la marine française) et de ce fait il est le seul porte-avions non américain pouvant commander et contrôler (mission C2[30]) au profit d'un des deux CAOC (Combined Air Operations Center) de l'OTAN, des COMAO (COMposite Air Operation)[31], c'est-à-dire des raids complexes d’aéronefs différents réalisant des missions à objectifs multiples dans la profondeur des lignes ennemis, comme ce fus le cas lors de l'opération Chammal[32].
Selon le contre-amiral Hervé de Bonnaventure, commandant de la Force maritime de l'aéronautique navale (ALAVIA), les lois internationales disposant la liberté de circulation maritime jusqu'à 12 nautiques permettent à un porte-avions de s'approcher des côtes de 154 états dans le monde, l'énorme rayon d'action du Rafale Marine, la possibilité de le ravitailler en vol et de tirer les missiles de croisière SCALP EG et ASMP-A, font du couple Charles de Gaulle / Rafale un outil capable de traiter des objectifs au cœur des états hostiles. Le capitaine de vaisseau Éric Aymard commandant du GAé (COMGAé) déclare que « le Charles de Gaulle nous a véritablement ouvert un nouveau champ opérationnel et j'estime que nous sommes passés dans une autre catégorie. Le porte-avions nucléaire se révèle parfaitement adapté aux opérations soutenues et nous pouvons lancer dans un laps de temps bien plus de sorties que depuis une unité de la classe Clemenceau. Je vais vous donner une comparaison qui résume tout. Pendant le conflit en Bosnie, de 1993 à 1996, le Clemenceau et le Foch se sont relevés quasi sans discontinuité en mer, et avec 35 avions, nous avions généré environ 1 500 sorties opérationnelles en trois ans, essentiellement de jour. En Libye, avec 18 chasseurs et Hawkeye seulement, ce sont 1 573 sorties qui ont été effectuées, de jour comme de nuit, en un peu plus de cinq mois[23]. »
L’amiral Jean-Philippe Rolland, commandant la force d’action navale déclare : « Un porte-avions permet d’organiser, de constituer et de projeter un groupe aéronaval. Et posséder un groupe aéronaval, c’est pouvoir tirer le meilleur parti des moyens qui le composent. Ceux-ci ne se résument pas au porte-avions et au groupe aérien. Une frégate de défense aérienne est plus puissante lorsqu’elle agit au sein d’un groupe aéronaval que seule ou dans un groupe de frégates. Un sous-marin nucléaire d’attaque est plus performant lorsqu’il agit en soutien d’un groupe aéronaval car un tel groupe fait accéder tous les échelons de commandement et d’exécution à une connaissance du théâtre qui est plus large, plus détaillée et plus riche. Les équipages engagés dans un groupe aéronaval sont rapidement hissés au meilleur niveau de maîtrise de leur savoir-faire. C’est d’ailleurs pour cette raison sans doute qu’un porte-avions attire des frégates alliées comme on l’a vu à l’occasion de l’appareillage du Charles de Gaulle – nous pourrons y revenir. Un porte-avions rend ceux qui l’accompagnent mieux informés, plus forts et plus performants. »
Puis il compare le couple porte-avions Charles de Gaulle/Rafale avec le couple de HMS Queen Elizabeth : « Le F-35 est un avion imposant, de cinquième génération, qui, à pleine charge, sera sans doute plus lourd que le Rafale. Il emportera beaucoup de carburant, sans doute un peu plus que le Rafale. Il en consommera une grande partie pour décoller et pour se poser, si bien que la quantité de carburant disponible pour la mission sera inférieure à la charge utile théorique. Le F-35 est un avion furtif, dont l’armement est en soute, à la différence du Rafale, qui a un armement visible sous les ailes : cela restreindra sa charge utile et il est probable que ses capacités seront moindres en termes de munitions. Le F-35, enfin, n’aura pas la capacité de ravitaillement en vol en interne d’un groupe aérien. Le Rafale marine est capable de ravitailler en l’air un autre Rafale : en configuration dite « nounou » ou « super-nounou », il peut donner jusqu’à huit tonnes de pétrole à un autre Rafale. Même si l’on ne dispose pas d’un A330 Phénix ou d’un ravitailleur américain, on est capable de projeter très loin dans la profondeur, de manière autonome, en mettant des Rafale en configuration « nounou ». Le porte-avions britannique n’aura pas cette possibilité... »[33].
Le porte-avions est propulsé par deux réacteurs nucléaires à eau pressurisée K15 (surnommés Adyton et Xena[34]) de 150 MW chacun, l'équivalent de la production des deux barrages hydroélectriques du lac de Sainte-Croix[35]. Ces réacteurs fournissent de la vapeur actionnant deux groupes de turbines, chacune reliée par un réducteur à l'une des deux lignes d'arbres d'hélice : l'une (à tribord) de 125 m de long pour les turbines avant et l'autre (à bâbord) de 75 m de long pour celles de l'arrière. Il faut 55 officiers mariniers atomiciens pour s'occuper de la salle des machines du navire[36].
La puissance nominale de 83 000 ch permet d'atteindre la vitesse maximale de 27 nœuds, nécessaire pour assurer en toute sécurité des catapultages de Rafale en configuration de masse maximale par vent vrai nul. Cette vitesse maximale est inférieure de 5 nœuds à celle des porte-avions français précédents, le Clemenceau et le Foch dont la puissance était de 126 000 ch.
Selon la DCN (désormais Naval Group), la vitesse n'est pas un but en soi : l'important c'est la capacité à faire décoller les avions les plus lourds, par mer force 6 ou 7, grâce à la longueur des catapultes et au système SATRAP (Système Automatique de TRAnquillisation et de Pilotage)[37].
Le choix de la propulsion nucléaire a été motivé par plusieurs avantages jugés essentiels pour ce type de bâtiment :
Le porte-avions est équipé d'un système de stabilisation SATRAP : (Système Automatique de TRAnquillisation et de Pilotage)[37]. Ce système permet de réduire les mouvements non désirés du navire : le roulis, le lacet, l’embardée et la gîte. Il coordonne, par l'intermédiaire d'un calculateur centralisé, l'action des différents organes : deux paires d'ailerons stabilisateurs et le gouvernail servent à « tranquilliser » la plate-forme en réduisant les mouvements de lacet, de roulis et d'embardée. L'ensemble de masses mobiles pour « COmpenser la GITE » (Cogite), composé de douze lignes de wagonnets métalliques (représentant une masse totale de plus de 240 tonnes) se déplaçant dans des tunnels perpendiculaires à l’axe de la coque, permet au porte-avions de virer à plat et de compenser la gîte générée par le déplacement des aéronefs sur le pont d'envol. La combinaison des deux systèmes (tranquillisation et Cogite) permet de mettre en œuvre son groupe aérien embarqué dans des conditions de mer dégradées[39].
Ce système de stabilisation donne une gîte limitée à 1° par force 3-4 et de 3° maximum par force 6[37], il permet au Charles de Gaulle de mettre en œuvre des avions de 20 tonnes par mer de force 5 et 6. Par comparaison, le Clemenceau et le Foch avaient été étudiés pour l'emploi d'appareils de 13 tonnes par mer force 3 à 4[38].
Le groupe aérien embarqué (GAE) varie selon les missions[23], et peut atteindre 40 aéronefs qui depuis le dernier arrêt technique majeur (ATM) peuvent tous être rangés dans le hangar[40] :
En 2014, pendant la mission Bois-Belleau, le parc des deux flottilles de chasseurs incluait 11 Rafale Marine et 9 Super-Étendard. Lors de la dernière période d'IPER (indisponibilité périodique pour entretien et réparations) programmée en 2017, les installations techniques et zones stockages de pièces spécifiques au Super-Étendard ont été démontées puisque depuis 2016, les trois flottilles de chasse de la Marine nationale ne le mettent plus en œuvre (bascule sur le Rafale Marine). Le gain de place obtenu par l'homogénéisation des installations techniques et des zones de stockage permettra de mettre en œuvre deux flottilles avec 24 Dassault Rafale, et même en cas de nécessité jusqu'à 30 (en plus des Hawkeye et des hélicoptères) selon le Commandant du GAé en prélevant des appareils de la troisième flottille de soutien normalement en régénération à la BAN de Landivisiau pour renforcer les deux flottilles en alerte[45].
De même, l'hélicoptère Alouette III (Pedro) de la flottille 22S pour les opérations de SAR Jour a effectué sa dernière mission sur le Charles de Gaulle à la fin de la mission Arromanche 3 le [46].
La capacité maximale aérienne est de 100 vols par jour pendant 7 jours par pontées massives de 20 à 24 avions, renouvelables toutes les 4 heures ou par pontées enchaînées de 4 à 8 avions toutes les 1 h 30 min environ[22]. Le Charles de Gaulle peut catapulter un avion toutes les 30 secondes. Comme les catapultes avant et latérales débordent sur la piste oblique, l'appontage et le catapultage simultanés sont impossibles.
La soute à munitions de 4 900 m3 beaucoup plus spacieuse que celle de la classe Clemenceau (3 000 m3) permet d'emporter près de 600 tonnes de munitions[22], ce qui est suffisant pour couvrir l'ensemble des missions pendant plusieurs semaines sans faire appel au pétrolier ravitailleur du GAN task force 473.
Lors d'un appontage, le pilote du Rafale dispose de 90 mètres pour passer de 220 km/h à zéro, encaissant une décélération de choc dans une manœuvre qu'il doit réussir en 1,5 seconde. Cela représente une décélération de 40 m/s2, soit environ 4 g[47]. Les pilotes sont guidés par les officiers d'appontage (OA) qui disposent de plusieurs systèmes d'aide et peuvent demander au pilote de remettre les gaz pour éviter un accident[48] :
Le groupement technique aéronautique du Charles de Gaulle assure un service H24 pour permettre d'entretenir et réparer tous les aéronefs présents à bord. Ils disposent pour cela d'un stock de plus d'un million de pièces de rechange, de plusieurs ateliers et hangars, d'un banc d'essai réacteur pour les Atar 8K50 des SEM et d'un second banc pour les SNECMA M88-2 des Rafale. Le taux de disponibilité des Rafale est de 94 % et celui des Hawkeye est supérieur à 90 %, ce qui selon la Marine nationale constitue un niveau à faire pâlir d’envie n’importe quelle force aérienne[40].
Le système tactique SENIT 8 du Charles de Gaulle est le cœur du Système d'armes qui dispose d'un ensemble de capteurs radars de veille à courte et moyenne portée et de radars secondaires pouvant suivre 2 000 contacts aériens, navals ou sous-marins. Le porte-avions assure le commandement de la lutte anti-surface pour l'ensemble du Groupe aéronaval, alors que la frégate de défense aérienne (FDA) en assure le commandement de la lutte anti-aérienne et anti-missile.
Les armes d'autodéfense mettent en œuvre des missiles sol-air, en particulier les deux systèmes SAAM (Système d'Armes Anti-Missiles) armés de 32 missiles Aster 15[51] (16 cellules pour le lanceur Sylver de tribord avant et 16 autres sur celui de bâbord arrière) qui constitue le troisième et avant-dernier rideau de défense après les chasseurs Rafale M, les 16 missiles Aster 30 et 16 missiles Aster 15 de la frégate de défense aérienne (FDA) qui assure le commandement de la lutte anti-aérienne et anti-missile du groupe aéronaval, et avant les deux lanceurs Sadral armés de 12 missiles Mistral. Les missiles Aster des FDA ou du Charles de Gaulle considérés par les spécialistes comme les plus performants du monde en 2016 peuvent être tirés en salve contre une attaque saturante omnidirectionnelle. Ils sont efficaces sur 360° et selon le chef du service arme du Charles de Gaulle, ils assurent une bulle de sécurité totale de 10 nautiques contre tous les missiles subsoniques ou supersoniques actuellement en service, y compris ceux qui seraient tirés de très près par un sous-marin et le système de défense du Charles de Gaulle est réputé plus efficace que celui plus ancien des porte-avions américains actuellement en service. Lors du passage dans certains détroits ou canaux dangereux, les deux lanceurs Sadral sont complétés par deux lanceurs de missile Mistral sur trépieds disposés à l'avant et à l'arrière du pont. Au cas où un missile aurait passé les trois barrières d'Aster et de Mistral, le Charles de Gaulle dispose d'un système de guerre électronique et de brouilleurs ARBB33 qui selon le chef du service LAS) est optimisé contre les autodirecteurs des missiles anti-navire les plus modernes et la faible signature Radar du Charles de Gaulle rend l'usage des lances-leurres électroniques obsolètes[23]. Pour la défense asymétrique, le Charles de Gaulle dispose de 5 mitrailleuses de 12,7 mm à changement rapide du canon (CRC). Elles sont utilisées contre toutes types d'embarcations et mis en œuvre par son détachement permanent de fusiliers-marin. Ils disposent d'armement individuel dites "d'infantrie" : Pistolet HK USP 9 x 19 mm parabellum, fusils automatiques FAMAS G2 5,56 x 45 mm OTAN, fusils pompe FAP Valtro PM 12 x 76 mm, fusils de précision HK G3 7,62 x 51 mm OTAN avec lunette pour tireur d'élite, fusils mitrailleur minimi 5,56 x 45 mm OTAN, fusils mitrailleur AANF-1 7,62 x 51 mm OTAN mm.
Une équipe NEDEX (Neutralisation Destruction d'EXplosifs) de 4 démineurs est embarquée par précaution, en cas de découverte d'un colis piégé à bord.
Il dispose de la liaison de données tactiques liaison 16. Il participe au réseau en tant que centre de contrôle et de commandement (plate-forme C2). Il peut à ce titre, prendre le contrôle de chasseurs sur le Groupe de Participation Liaison 16 Control et leur assigner diverses missions ; les chasseurs (plates-formes Non-C2) sont informés de la situation tactique en écoutant le Groupe de Participation Liaison 16 surveillance.
Il continue à mettre en œuvre la Liaison 11 car de nombreuses plates-formes du Groupe aéronaval français ne disposent que de cette Liaison de Données Tactiques.
Afin de permettre la tenue d'une image tactique et opérative unique, il travaille en configuration multi-liaisons (Liaison 16 + Liaison 11) ; à cette fin, il met en œuvre une fonction de dataforwarding qui permet l'échange de données entre les deux liaisons de données. Un lien satellitaire (via Syracuse 3) devrait permettre la mise en œuvre dans le futur de la Liaison de Données Tactiques J-Over IP[52] ; dès aujourd'hui, il possède la capacité de mettre en œuvre le JREAP-C (en) qui lui permet de transmettre des messages de la série-J empaquetés sous IP. Il dispose des structures d'accueil d'une cellule JICO.
Il est important de noter qu'en mettant en œuvre pleinement les principes définis dans le concept de guerre en réseau ou NCW (Network centric warfare), les plates-formes Non-C2 (essentiellement les Dassault Rafale), une fois pris sous contrôle après catapultage, font entièrement partie du système d'armes du porte-avions, où elles agissent en tant que plates-formes Non-C2 c'est-à-dire en tant que senseurs et d'armes du SENIT 8.
Le Charles de Gaulle est équipé de trois centrales de navigation inertielle SIGMA 40 PA CDG[53] conçues par Safran Electronics & Defense[54].
Le porte-avions Charles de Gaulle remplace le Clemenceau, un porte-avions à propulsion classique (chaufferie à vapeur fonctionnant au mazout et turbines), en 2001. Le Clemenceau et son sistership le Foch furent armés respectivement en 1961 et 1963 ; le besoin d'un remplacement avait été identifié en 1973[59].
En 1975, un programme militaire est adressé au STCAN de la DCN à Paris pour étudier un projet à propulsion nucléaire baptisé PH 75. Ce porte-aéronefs mesurera 208 m de long dont 202 m de pont d'envol dont la largeur maximale atteindra 46 m, le déplacement sera de 18 400 t. La propulsion sera assurée par un réacteur nucléaire CAS230 associé à deux turboréducteurs-condensateurs de 65 000 ch chacun avec deux diesels de secours d'une autonomie de 3 000 nautiques à 10 nœuds. La vitesse maximale sera de 28 nœuds. Le hangar aéronautique (L 84 m x l 21 m x h 6,5 m) permettra d'emporter 25 hélicoptères Lynx, ou 15 SA330 Puma ou 10 SA321 Super-Frelon. L'armement défensif sera composé de deux batteries de missile sol-air crotale et quatre canons bitubes de 40 mm antiaériens. L'effectif global sera de 1 000 hommes. L'équipement électronique comportera un radar DRBV-26 de veille air, un radar DRBV-51 de veille combinée, deux radars DRBC-32 de conduite de tir, un sonar DUBA 25 et deux DECCA pour la navigation[60].
La construction de trois unités PH-75 est envisagée.
Des essais anti-collision du compartiment nucléaire, par les plus gros navires, sont réalisés à la DCN à Brest, sur maquettes.
Le choix d'une propulsion nucléaire était dicté par la conjoncture de l'époque, afin de conforter l'indépendance de la politique étrangère et de l'action militaire de la France. D'après certains calculs, le combustible nucléaire devait éviter l'achat de près de 1,5 milliard de litres de pétrole sur vingt ans. En 1977, le programme, rebaptisé PA-75, sera étendu à la conception d'un nouveau porte-avions, l'option étant ouverte entre la refonte des porte-avions Clemenceau et Foch et la construction d'une nouvelle génération de porte-avions nucléaires, adaptés au lancement d'avions à décollage court.
Le projet est terminé en 1979, mais les études de construction ne seront pas entreprises. Le projet de Porte-Hélicoptères PA-75 sera remplacé par celui d'un porte-avions à propulsion nucléaire dotés de catapultes[25].
La construction du Charles de Gaulle a débuté le [61].
La structure fut assemblée en aux chantiers navals de la DCN, à Brest. Achevé en le porte-avions était alors, avec un déplacement de 42 500 tonnes, le plus lourd bâtiment de guerre lancé en Europe de l'Ouest depuis le porte-avions HMS Ark Royal de 1950.
Le nom initialement choisi en 1986 était Richelieu, nom traditionnel dans la Marine française pour ses bâtiments importants, honorant la mémoire du duc et cardinal de Richelieu, homme politique illustre de l'histoire de France. Mais le projet[62] a été renommé Charles de Gaulle l'année suivante par le Premier ministre de l'époque, Jacques Chirac.
La construction du Charles de Gaulle a représenté 25% de la charge de travail de la DCN-Brest entre 1990 et 1996 et le chantier a mobilisé entre 1 000 et 1 200 personnes selon les périodes pour 13 millions d'heures de travail, 2 millions d'heures d'études et 11 millions d'heures pour la construction. C'était alors l'un des plus grands chantiers de France[37].
Le budget du programme Charles de Gaulle est de près de 20 milliards de francs, dont les deux tiers pour la construction du porte-avions, soit environ 3 milliards d'euros[61], environ 2,2 milliards de dollars US à comparer aux 4,3 milliards de dollars américains du porte-avions USS Ronald Reagan qui est entré en service la même année.
Le porte-avions a été officiellement armé et admis au service actif le .
Les premiers essais en mer du Charles de Gaulle en janvier 1999 permirent d'identifier la nécessité d'allonger la piste oblique pour permettre l'appontage des E-2C Hawkeye avec des configurations dégradées des brins d'arrêt[61].
À l'origine du programme, en 1986, le porte-avions avait été conçu pour permettre le catapultage, l'appontage et les manœuvres sur le pont du Super-Étendard, du Rafale Marine, du Breguet Alizé et éventuellement du F/A-18 C/D.
Le choix, en 1992, d'acquérir 3 E-2C Hawkeye neufs pour la somme de 6 milliards de francs comme avion de guet a modifié la donne. Le pont était certes dimensionné pour permettre un catapultage et un appontage dans des conditions de sécurité normale, mais son maniement en bout de piste, lors d'appontages dans des conditions extrêmes, aurait risqué de ralentir son acheminement au parking et d'empêcher les autres appareils de se succéder rapidement. L'appareil a en effet une envergure très importante pour un avion embarqué, avoisinant les 25 mètres[61].
Les médias non spécialisés ne manquèrent pas d'ironiser sur cette opération, alors que :
Du 18 au , un phénomène vibratoire est apparu au niveau de l'appareil à gouverner lors des essais à grande vitesse. Malgré ces difficultés, le Charles de Gaulle pouvait néanmoins atteindre une vitesse de 28 nœuds en naviguant à un cap constant. Des études complémentaires ont permis de localiser la source des dysfonctionnements : les safrans arrière ont été légèrement déplacés pour se situer dans l'axe des hélices[61].
Au cours des travaux d'études finales et de construction, la décision fut prise de mettre en conformité la protection radiologique avec les dernières normes CIPR en vigueur, rendues applicables entre-temps. Ceci nécessita des modifications limitées des protections radiologiques à proximité des réacteurs.
Le , au cours d'un essai d'un réacteur nucléaire, une combustion d'éléments de protection radiologique proches du réacteur provoqua l'émission d'une épaisse fumée restée contenue dans l'enceinte de confinement des réacteurs.
Pour être efficace, le matériau, du bois compressé imbibé de bore et d'autres composants, donc sensible à la température, doit être proche des enceintes chaudes du réacteur. Son positionnement plus précis au montage et l'amélioration de sa protection thermique ont résolu le problème[61].
Durant la nuit du 9 au , alors que le porte-avions naviguait en Atlantique ouest, faisant route vers Norfolk, en Virginie, une pale de l'hélice bâbord se brisa, et le navire dut retourner à Toulon pour remplacer l'hélice défectueuse. L'enquête qui suivit mit en évidence que les hélices de remplacement comportaient les mêmes défauts de structure : des retassures (défauts survenant lors du refroidissement du métal coulé dans le moule) près de l'axe des hélices (réalisées d'une pièce dans un alliage cuivre-aluminium) ; ce défaut est dû au fournisseur Atlantic Industrie[64], qui avait effectué des compressions de son personnel le plus expérimenté[réf. nécessaire]. Les hélices du Foch et du Clemenceau, moins adaptées au Charles de Gaulle ont été utilisées, ce qui devait limiter la vitesse maximale à 25 nœuds, au lieu des 27 nœuds prévus. Le , il appareille avec deux anciennes hélices, et réalisa des pointes de vitesse à 25,2 nœuds aux essais.
Les anciennes hélices sont remplacées fin mai 2008 par deux hélices Rolls-Royce Naval Marine de 20 tonnes et 6 mètres de diamètre, fabriquées aux États-Unis, permettant l'accueil des Rafale F3, dont l'appontage en situation difficile requiert un porte-avions marchant au moins à 27 nœuds, ce qui, dans le cas où le temps le permet, est sa vitesse maximale.
Le , un quartier-maître qui réalise une opération de maintenance de routine pour débloquer un clapet de non-retour défaillant sur l’une des 48 caisses du système de collecte des eaux usées du bâtiment, perd connaissance après avoir inhalé du sulfure d'hydrogène. Un second quartier-maître tente de le secourir et s'évanouit à son tour. Ils sont immédiatement secourus par l'équipe médicale de bord et envoyés à l'hôpital de Toulon. Le second quartier-maître reprend son service quelques semaines plus tard mais le premier reste plongé dans un coma profond, et sa famille décide de porter plainte. La marine nationale ne pouvait être mise en cause puisqu'un message en date du du commandement de la Force d’action navale (FAN), recommandait par précaution à tous les bâtiments d'appliquer la procédure d’intervention en espaces confinés lors des opérations de maintenance sur les caisses d’eaux usées. Cependant un mois plus tard, la commission d’hygiène et de prévention du bâtiment estime que le message n’est en fait qu’un rappel des procédures, qu’il ne concerne pas spécifiquement le compartiment abritant les caisses d’eaux usées puisque le constructeur, DCNS, ne l’a pas classé comme local confiné. Cinq marins sont alors mis en examen pour négligence alors qu'au moment des faits ils exerçaient des responsabilités en rapport avec l'accident, un maître principal responsable de la section collecteur-pompes, un enseigne de vaisseau et un lieutenant de vaisseau alors chef du service de sécurité, un capitaine de vaisseau alors officier de sécurité nucléaire, un contre-amiral alors commandant en second du bâtiment et qui en assurait le commandement au moment de la réception du message d'alerte de la FAN. Un premier jugement prononcé en par la chambre militaire du tribunal correctionnel de Marseille, relaxe les deux officiers supérieurs mis en examen, et condamne les trois autres marins à des peines de trois mois à un an de prison avec sursis, les estimant coupables de graves négligences. En , la cour d’appel d’Aix-en-Provence déboute le parquet qui avait demandé une aggravation des peines et décide de relaxer définitivement trois des cinq marins mis en examen, et de réduire la peine de l'enseigne de vaisseau à 3 mois de prison avec sursis et celle du chef du service de sécurité à 6 mois de prison avec sursis considérant que « c’était à lui qu’il appartenait de signaler le risque »[65].
Tous les 10 ans, pour le rechargement du combustible et la modernisation en profondeur des équipements, le porte-avions effectue un « arrêt technique majeur » (ATM) appelé aussi « indisponibilité périodique pour entretien et réparation » (IPER), d'une durée de 18 mois[66].
En 2008, le Charles-de-Gaulle est entré en cale sèche à Toulon, pour sa première grande période de maintenance programmée depuis sa mise en service, en 2001, dite IPER et renommée ATM depuis 2017.
La principale opération parmi les 80 000 lignes de travaux a été le remplacement des éléments combustibles des deux cœurs nucléaires qui a redonné un potentiel énergétique de 9 à 10 ans de propulsion et d’alimentation électrique.
Le , alors qu'il était en phase de remontée en puissance après son IPER, le Charles de Gaulle a de nouveau été contraint d'arrêter ses activités à la mer du fait de « problèmes de fabrication et de conception » sur la ligne d'arbre. Selon un rapport parlementaire, « la conception du bâtiment dans les années 1990 s'appuie sur des données scientifiques et industrielles fondées sur les retours d'expérience des autres bâtiments de la Marine nationale à propulsion vapeur. Or, la technologie utilisée a atteint ses limites à bord du porte-avions Charles de Gaulle. En effet, les performances demandées en couple et en vitesse sont significativement plus élevées que celles des accouplements conçus auparavant. Il apparaît aujourd'hui que la durée cumulée du fonctionnement des accouplements du Charles de Gaulle ne peut excéder une vingtaine de milliers d'heures et non 100 000 heures comme initialement prévu[67] ». Les travaux de l'ordre de 10 millions d'euros ont été réalisés par DCNS.
Une autre intervention a été nécessaire sur le pont d'envol : le changement de la peinture du revêtement de la piste, qui s'était révélée trop abrasive pour les nouveaux câbles de frein des brins d'arrêt du Charles de Gaulle. Une nouvelle peinture de revêtement a donc été utilisée pour recouvrir le pont d'envol[61]. En 2011 des travaux DCNS ont modifié le revêtement de la zone d'appontage, et de la partie du pont d'envol mis en place suivant un procédé adapté par DCNS. Elles ont été réalisées en 2011 avec une peinture qui augmente l'adhérence des trains avant des avions lors des appontages, tout en réduisant leur sollicitation. Le résultat étant probant, la même peinture est appliquée aux zones de roulage de la piste d'aviation et de parking, à l'occasion d'une autre période d'entretien du porte-avions en 2013[68].
En 2017, le Charles de Gaulle est entré en cale sèche, à Toulon, pour sa seconde grande période de maintenance programmée laissant à nouveau la France sans porte-avions pour environ dix-huit mois. Le chantier est placé sous la maîtrise d’œuvre de Naval Group et la maîtrise d’ouvrage conjointe de la Direction générale de l'Armement (DGA) et du Service de soutien de la flotte (SSF), son budget est de 1,3 milliard d’euros. Jusqu’à 2 100 personnes, dont 1 000 du côté de Naval Group et ses sous-traitants et 1 100 membres d’équipage du Charles de Gaulle ont travaillé sur le chantier dans une zone protégée de 280 000 m2 autour de la cale sèche des bassins Vauban.
Les principales opérations parmi les 200 000 lignes de travaux sont[44],[69]:
Le , après dix-neuf mois de travaux, le porte-avions quitte Toulon pour entamer sa campagne d'essais à la mer.
Le Charles de Gaulle est le plus grand navire de guerre européen, et surtout le plus puissant, capable de projeter un groupe aérien de 40 aéronefs et qui le restera dans les années 2020 malgré la mise en service des deux nouveaux porte-avions britanniques, plus grands mais aux capacités inférieures[72]. En effet, les deux porte-avions britanniques disposent d'un groupe aérien limité à une douzaine de chasseurs selon la dernière revue stratégique britannique de 2010[73], et sans possibilité de mise en œuvre d'avions de guet aérien tel que le Hawkeye car ils sont dépourvus de catapultes.
Le Charles de Gaulle est une base aérienne projetable au même titre que celles de l’armée de l’Air, mais dotée en plus d’ateliers de réparation, de carburant, de munitions et de rechanges. N’étant contraint par aucun accord d’un pays d’accueil, il peut être déployé immédiatement sur le théâtre d’opérations. Dès son premier déploiement en Afghanistan en , il permet à la France de commencer des missions avec des avions armés alors que les pays du Golfe n’autorisent alors au départ de leurs bases que des missions de reconnaissance d'avion non armés Mirage IV[74].
Il offre à la France un outil de diplomatie par le simple fait de son appareillage en raison de sa capacité polyvalente et graduée d’action en mer et de l'outil stratégique qu'il constitue par son utilisation de la liberté d’action des espaces maritimes. « Quand le groupe aéronaval a appareillé, il y a eu des effets politiques dus au . Cela a provoqué une réaction de Poutine, qui a décidé de considérer la France comme alliée et a donné l'ordre au Moskva d'aller à la rencontre du Charles de Gaulle et de travailler de façon tout à fait conjointe » déclare le contre-amiral René-Jean Crignola qui est le premier non-américain à la tête de la Task Force 50 de l'OTAN avec le Charles de Gaulle comme navire-amiral[32].
Avec son importante capacité de projection en opération extérieure, le déploiement du Charles de Gaulle permet en 2016 à la France de tripler sa capacité de projection contre l'organisation État islamique[75].
De 2001 à 2016, le Charles de Gaulle a parcouru l’équivalent de plus de 30 tours du monde passant 2 071 jours en mer soit un peu plus de cinq ans et demi sans interruption sur l’eau et procédant à près de 80 000 catapultages et appontages[72].
Alors que les États-Unis préparaient leur riposte au 11 septembre 2001 sous la forme de l'opération Enduring Freedom, les médias français se plaignaient du manque de puissance militaire déployable. À la même époque, la Commission de la Défense rapportait que la maintenance de la flotte était de mauvaise qualité. Dans ce contexte, le Charles de Gaulle, alors en réparation, était à nouveau l'objet de critiques, qui seront récurrentes et souvent fort caustiques par la suite.
Les États-Unis ont un taux de disponibilité de leur porte-avions de 50% soit six porte-avions disponibles en permanence. Avec un taux de disponibilité de 70% depuis 10 ans la Marine nationale fait mieux que l'US Navy, mais l'absence du second porte-avions rend les périodes d'indisponibilité du Charles de Gaulle très voyantes et provoque à chaque fois des polémiques. Le lancement du deuxième porte-avions (PA2) ayant été annulée par les présidents Sarkozy et Hollande, les études vont être recommencées lors de la LPM 2019-2025 afin de profiter des compétences des ingénieurs et techniciens qui ont travaillé sur les programmes Charles de Gaulle et PA2 pour définir le cahier des charges du remplaçant du Charles-de-Gaulle[76].
Le , la frégate Cassard, quatre avions AWACS et le Charles de Gaulle participèrent à un essai de Liaison 16. Le réseau permit une surveillance en temps réel de l'espace aérien du Sud de l'Angleterre jusqu'à la mer Méditerranée. Les données collectées furent aussi retransmises en temps réel vers le Jean Bart via l'ancien système Liaison 11.
Le , la France décida d'envoyer le Charles de Gaulle dans l'océan Indien pour soutenir les opérations de l'OTAN en Afghanistan.
La Task force 473, avec 2 900 hommes sous le commandement du contre-amiral François Cluzel appareilla le 1er décembre. La task force comprenait le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle, les frégates La Motte-Picquet, Jean de Vienne et Jean Bart, le sous-marin nucléaire d'attaque Rubis, le pétrolier ravitailleur La Meuse et l'aviso Commandant Ducuing.
La force aérienne comprenait 16 Super-Étendard, un E-2C Hawkeye, deux Rafale et plusieurs hélicoptères.
Le , la task force 473 fut intégrée dans une force internationale, à côté des groupes navals américains du USS Theodore Roosevelt et USS John C. Stennis, et du Giuseppe Garibaldi italien. La force incluait plus de cent navires, français, américains, canadiens, britanniques, allemands, italiens, néerlandais, australiens, espagnols et japonais sous un commandement centralisé inter-allié à Bahreïn.
Les Super-Étendard exécutèrent leurs premières missions sur l'Afghanistan le , réalisant des missions de reconnaissance et de bombardement, couvrant plus de 3 000 kilomètres. Au total, ils réalisèrent 140 missions, 12 par jour en moyenne, échappant à cinq missiles Stinger.
Le , un satellite d'observation Helios repéra des activités anormales près de Gardêz. Le lendemain, après que des membres des forces spéciales américaines dans la région eurent confirmé ces observations, le Charles de Gaulle lança deux Super-Étendard de reconnaissance. Le 20, des forces britanniques et américaines entrèrent dans la vallée, et le , l'opération Anaconda débuta.
En mars, des Super-Étendard et six Mirage 2000 prirent en charge des attaques aériennes contre des cibles d'Al-Qaïda. Quelques cibles proposées par les forces américaines furent refusées, de peur d'atteindre des civils. Pourtant, le président américain George W. Bush se félicita de l'engagement de « notre fidèle alliée, la France, qui a déployé un quart de sa marine de guerre dans l'opération Enduring Freedom »[77]. À cette époque, la force aérienne française avait été portée à 16 Super-Étendard, 6 Mirage 2000 D, 5 Rafale, deux ravitailleurs aériens KC-135, et deux Hawkeye. À partir de février, le Charles de Gaulle et le USS John C. Stennis échangèrent quelques avions de façon à resserrer les liens entre alliés et un E2-C Hawkeye de la VAW-112 fut le premier avion étranger à apponter sur la piste avec les brins d'arrêt[Note 3].
Le , le Charles de Gaulle arriva à Singapour pour une escale, et repartit vers Oman le 18. À la même époque, la tension commençait à monter sur la question de l'Irak ; le vice-amiral François Cluzel déclara à la presse : « La France s'oppose à toute action contre l'Irak. Si quelque chose est entrepris, nous ne prendrons probablement pas part à la coalition. »
À la suite du refus de la France de participer à l'invasion de l'Irak en 2003, les États-Unis décident d'un embargo sur la livraison de « composants et pièces détachées américaines des armements en usage dans l'armée française », dont des pièces des catapultes du Charles de Gaulle, pour lesquelles ils ont le monopole[78],[79]. L'embargo sera levé en 2005 après l'envoi des forces spéciales françaises en Afghanistan, réclamé depuis longtemps par les États-Unis[78].
Le porte-avions Charles de Gaulle représenta la France à Portsmouth, aux cérémonies de célébration du 200e anniversaire de la bataille de Trafalgar (), l'une des plus sévères défaites de la Marine française, combat où la flotte alliée franco-espagnole perdit 22 vaisseaux et 4 400 marins.
De à , le Charles de Gaulle a été placé en IPER (Indisponibilité Périodique pour Entretien et Réparations) renommé ATM (arrêt technique majeur) en 2016[72], laissant ainsi pendant près de dix-huit mois la France sans porte-avions (durée initialement prévue de 16 mois) tous les sept ans. Les aéronefs du groupe aéronaval ont été contraints de s'entraîner à terre sur une piste de la base de Landivisiau[80], dont le marquage au sol recréait la taille et la forme des pistes axiale et latérale du Charles de Gaulle.
Le , le CrossMed (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage en Méditerranée) reçut un appel de détresse du Babolin, un huit-mètres dont la coque prenait l'eau. Le Charles de Gaulle, en manœuvres dans le secteur, envoya un hélicoptère qui hélitreuilla l'équipage de trois hommes, malgré un vent de 35 nœuds, une mer agitée et une mauvaise visibilité.
Après la période d'essai et de maintien en condition opérationnelle (MCO), le Charles de Gaulle et son groupe aéronaval (GAN) dénommé Task force 473 mènent à bien la mission Agapanthe 2010 en Afghanistan. Ses avions ont effectué 180 missions de guerre dans le cadre de l'opération Enduring Freedom puis, après l'exercice Varuna réalisé avec la Marine indienne[81], le Charles de Gaulle et son groupe ont été engagés durant l'opération « Harmattan » en Libye ayant pour but de faire appliquer la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies. Le , lors de l'opération Harmattan, le Charles de Gaulle a passé le cap des 342 000 nautiques, soit l'équivalent de 16 tours du monde depuis sa mise en service, dont 100 000 depuis fin 2008[82].
Dès sa remise en service en , il est de nouveau indisponible à cause de l'usure prématurée de pièces du système de propulsion. L'essentiel de l'année 2009 sera consacré aux réparations et dès que le porte-avions est en état de naviguer, il participe à des exercices de mise en conditions opérationnelles (MCO), dont les indispensables qualifications des pilotes du groupe aéronaval.
Du 10 au , le PAN Charles de Gaulle est en exercice en mer du Nord, avec une puissante force aéronavale de 40 bâtiments appartenant à 11 pays de l'OTAN, ainsi que la Suède comme invitée, à l’occasion de l'exercice Brillant Mariner qui vise à préparer les unités navales qui seront mises au service de l'Alliance en cas d'activation de la composante maritime de la force de réaction rapide de l'OTAN (NRF, NATO Response Force). Au 1er juillet, la France prend le 15e tour d'alerte de la NRF et, pendant six mois, elle assure le commandement de la force navale NRF 15 avec, comme pièces maîtresses, le porte-avions Charles de Gaulle et le bâtiment de projection et de commandement Mistral. Le parc aérien embarqué pour l'exercice est limité à 12 Super Étendard, 7 Rafale, 2 Hawkeye, et 2 Dauphin.
Le Charles de Gaulle franchit le cercle polaire arctique, événement relativement rare, le samedi à 23 h 5 min 10 s sur les paroles de circonstance : « Adjoint de quart, inscrivez au journal de navigation : passage du cercle polaire dans le sens sud-nord ». Ce déplacement au nord du bâtiment est la conséquence de la présence d'un nuage de cendres perturbant le vol des aéronefs et provoqué par l'éruption du volcan Eyjafjöll en Islande.
Après avoir appareillé mercredi de Toulon, le porte-avions Charles de Gaulle a regagné sa base le . Alors que le bâtiment menait d'ultimes entraînements au large avant son déploiement en océan Indien, un problème technique a été détecté, un défaut d'isolation sur une armoire électrique qui commande des soupapes de sécurité au niveau de la propulsion[83],[84],[85]. Depuis son admission au service actif en 2001, « c'est la seconde fois que le porte-avions revient à quai sur incident technique ».
Les investigations menées pour identifier le défaut électrique ont mis en évidence un dysfonctionnement sur une soupape de sécurité. Après expertise, la décision a été prise, le samedi , de procéder à un échange standard de la soupape.
Le porte-avions appareille le après deux semaines de réparation et participe à la mission Agapanthe 2010 comme prévu[86]. Le groupe aéronaval (GAN) dénommé Task force 473, articulé autour du porte-avions Charles de Gaulle, comprend la frégate anti-sous-marine Tourville, la frégate de défense aérienne Forbin, le pétrolier-ravitailleur La Meuse et le sous-marin nucléaire d’attaque Améthyste[87]. Le groupe aérien embarqué ayant perdu un Rafale le qui s'est abîmé en mer peu après le catapultage[88], est depuis cette perte constitué de neuf Rafale de la flottille 12F, de douze Super-Étendard de la 17F et de deux Hawkeye de la 4F ainsi que d'un groupe hélicoptères[89].
Ceux-ci ont effectué 180 missions de guerre au-dessus de l'Afghanistan, entre le et le , date à laquelle le porte-avions a quitté l'opération Enduring Freedom.
138 de ces sorties avaient pour objet des missions d'appui aérien rapproché, mais aucune munition n'a été tirée au combat. Dix sorties ont été des missions de reconnaissance et 38 de contrôle aérien[90].
Le Charles de Gaulle participe à l'opération « Harmattan » en Libye ayant pour but de faire appliquer la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies. Il a appareillé de Toulon le , pour faire route vers les côtes libyennes. Le groupe aéronaval (GAN) dénommé Task force 473 du porte-avions Charles de Gaulle, l'escorte comprend un sous-marin nucléaire d'attaque, trois frégates (la frégate anti-sous-marine Dupleix, la frégate de défense aérienne Forbin, et la frégate légère furtive Aconit). Sa proximité de la Libye permet de réduire le délai d’intervention des avions à 10 minutes au lieu de 2 heures depuis la Corse, et d’allonger la durée de mission de chaque appareil sans ravitaillement en vol. Son parc aérien est composé de 10 Rafale M, et 6 Super-Étendard modernisés, de 5 hélicoptères et 2 appareils de surveillance Grumman E-2 Hawkeye[91] et deux avions de transport logistiques Grumman C-2 Greyhound prêtés par l'US Navy pendant deux semaines pour accélérer les rotations logistiques. Bien que son parc d'avions de combat ne représente que 15% du parc de l'armée française, la Marine nationale peut réaliser entre 30% et 50% des missions françaises en Libye démontrant ainsi l'intérêt de disposer d'un tel équipement selon le consultant Pierre Servent et l'amiral Philippe Coindreau commandant du GAN lors de leurs interventions sur BFM TV[92]. Le bâtiment rentre à Toulon le en présence du président français pour une nouvelle révision technique.
1 350 sorties et 3 600 heures de vol ont été enregistrées en 120 jours d’activité aérienne au profit de l’opération Harmattan. 2 380 catapultages et appontages ont été réalisés.
Les sorties générées par le porte-avions se répartissent en 840 d’attaque (Rafale et SEM), 390 de reconnaissance (Rafale), 120 de détection et de contrôle (E-2C) et 240 de ravitaillement en vol (Rafale, SEM)[93].
Après une période d'indisponibilité pour entretien intermédiaire (IEI), dans son port base de Toulon de janvier à [94] et un entraînement complet en Méditerranée avec son groupe aéronaval, le porte-avions Charles de Gaulle a recouvré, à partir du , sa pleine qualification opérationnelle et se tient à la disposition du commandement pour toute opération de projection de puissance en mer ou en profondeur contre la terre[95].
Du au , le Charles de Gaulle participe à l'opération « Bois Belleau » dans le Nord de l'océan Indien et le golfe arabo-persique. À cette occasion, il effectue des manœuvres durant cinq semaines avec le groupe aéronaval CSG-10 dont le navire amiral est le porte-avions USS Harry S. Truman.
Le , le groupe aéronaval Arromanches[96] composé du Chevalier Paul, de la Meuse, du HMS Kent, du SNA Améthyste, et articulé autour du porte-avions Charles de Gaulle, a franchi le canal de Suez et rejoint la zone maritime « océan Indien ».
Le , le Charles de Gaulle arrive dans le golfe Persique. Il rejoint le dispositif de l'opération Chammal afin de renforcer la position de la France dans la coalition contre l'organisation terroriste EI[97]. Le Charles de Gaulle est parti le de Toulon pour une mission d'environ cinq mois et il doit être engagé durant huit semaines dans le Golfe[98]. Du 12 au , il assure seul la permanence aéronavale en attendant la relève d'un porte-avions américain[99]. Le , il quitte l'opération Chammal et se dirige vers Goa en Inde pour participer à l'exercice Varuna 2015 avec la marine indienne.
Le , le Charles de Gaulle est reparti de Toulon[100] pour la mission Arromanches II en Méditerranée orientale afin d'être le plus proche de la côte syrienne au lieu du golfe Persique prévu initialement[101], le groupe aéronaval se renforce progressivement et comprend un sous-marin nucléaire d'attaque, un bâtiment ravitailleur, la frégate anti-sous-marine la Motte-Piquet, la frégate de défense aérienne Chevalier Paul ainsi que la frégate belge Léopold Ier, la frégate allemande Augsburg[102], et la frégate britannique HMS Defender[103]. Constitué de 32 appareils dont 18 Rafale M, et 8 Super-Étendard modernisés, de 4 hélicoptères et 2 appareils de surveillance Grumman E-2 Hawkeye, le groupe aéronaval du Charles de Gaulle passe le canal de Suez le et se repositionne dans le golfe Persique, devenant le bâtiment amiral de la Task Force 50, qui regroupe l’ensemble des moyens aéronavals engagés contre l'organisation terroriste EI par la coalition internationale. L'engagement par la France d'un groupe aéronaval puissant lui permet d'être le premier pays non-américain à se voir confier le commandement de la Task Force 50. Le , le groupe aéronaval du Charles de Gaulle franchit le détroit d'Ormuz. Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter se rend le sur le Charles de Gaulle avant qu'il ne rallie sa nouvelle zone d’opération dans le golfe Persique où il reprend ses opérations contre l'organisation terroriste EI[104].
Le , le Charles de Gaulle et son groupe aéronaval constitué des frégates Chevalier Paul, Cassard, Jean de Vienne, Augsburg, USS Ross, du pétrolier-ravitailleur Marne et d'un sous-marin nucléaire d'attaque, appareillent de Toulon pour une ultime mission de lutte contre l'organisation terroriste EI avant l'arrêt technique du porte-avions français. Mi-novembre, le Forbin relève le Chevalier Paul, tandis que l'USS Mason succède à l'USS Ross. Le Cassard et le FGS Augsburg sont quant à eux relevés par les frégates légères furtives La Fayette et Guépratte. Au total plus de douze bâtiments différents auront ainsi participé au déploiement Arromanches III.
Pour son action de commandement de la Task Force 50, Charles de Gaulle reçoit la distinction américaine Meritorious Unit Commendation le [105]. Constitué de 30 appareils dont 24 Rafale M, 4 hélicoptères et 2 appareils de surveillance Grumman E-2 Hawkeye, le groupe aérien embarqué est le plus puissant que la France ait jamais engagé : « 24 Rafale Marine c’est l’équivalent de 48 SEM. Pour faire simple, la force militaire du porte-avions est doublée en capacité d’emport d’armement et même démultipliée puisque le Rafale est multi-missions et dispose d’un potentiel de combat sans commune mesure avec son prédécesseur »[106].
Du au , le déploiement mène le bâtiment de la Méditerranée à Singapour, avec une nouvelle participation dans la lutte contre Daech dans le cadre de l’opération Chammal. Déployé pendant un mois en Méditerranée orientale, le groupe aéronaval participe aux dernières opérations ayant conduit à la chute de Baghouz, dernier bastion de Daech[107].
Les principales interactions ont été l’exercice bilatéral avec le Carrier strike group du porte-avions américain USS John C. Stennis en mer Rouge, l’exercice Varuna en [108], en coopération avec le groupe aéronaval indien[109] constitué autour du porte-avions Vikramaditya, ainsi que la série d'exercices bilatéraux et multilatéraux « La Pérouse »[110] avec le Japon, l’Australie et les États-Unis, dans le golfe de Bengale[111].
Le , le Charles de Gaulle a appareillé pour réaliser la mission Foch avec son groupe aéronaval. Celle-ci est marquée par une première phase en mer Méditerranée et une seconde dans l'océan Atlantique. Le , le porte-avions franchit pour la première fois depuis une décennie le détroit de Gibraltar[112].
Le , le ministère des Armées annonce dans un communiqué[118] qu'une « quarantaine » de marins présente des symptômes de la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19)[119],[120]. La mission du groupe aéronaval, dont la fin était prévue pour le , est en conséquence écourtée de onze jours, le porte-avions et les autres bâtiments devant regagner leurs ports d'attache le plus rapidement possible. Des procédures sont mises en place à bord afin de limiter la propagation d'une éventuelle épidémie[118]. Une équipe médicale du Service de santé des armées est hélitreuillée à bord.
Le , le ministère des Armées annonce que le Charles de Gaulle est bel et bien infecté par le SARS-CoV-2[121]. Sur soixante-six tests réalisés par les médecins militaires, cinquante sont positifs[122]. Trois marins sont évacués pour être soignés à l'hôpital d'instruction des armées Sainte-Anne de Toulon[123]. Le port du masque est généralisé à bord et les marins testés positifs sont confinés à l'avant du bâtiment.
Le porte-avions arrive au port militaire de Toulon le [124]. Les marins infectés sont transférés à l'hôpital Sainte-Anne, tandis que le reste de l'équipage est mis en quarantaine dans différents sites militaires à Toulon, Saint-Mandrier et Hyères[125],[126]. Le débarquement de l'équipage prend quarante-huit heures[127]. Les opérations de décontamination, confiées au 2e régiment de dragons et au bataillon de marins-pompiers de Marseille, commencent le [127].
Dans un communiqué en date du , le ministère des Armées annonce que « 668 » marins du groupe aéronaval sont contaminés, dont la « majorité » appartient à l'équipage du porte-avions[128]. Une hospitalisation à l'hôpital Sainte-Anne a été nécessaire pour trente-et-un d'entre eux, dont un a été admis dans le service de réanimation[128].
La ministre Florence Parly indique que trois enquêtes sont menées en parallèle. La première est diligentée par l'amiral Christophe Prazuck, chef d'état-major de la Marine[129] et menée par le vice-amiral d'escadre Gilles Humeau, inspecteur de la Marine nationale[130],[131],[132]. La seconde est une enquête épidémiologique conduite par le Service de santé des armées. La troisième est ordonnée par le général d'armée François Lecointre, chef d'état-major des armées et conduite par le général de corps d'armée François de Lapresle de l'inspection des armées[133],[134],[135].
L'origine de la contamination du navire n'est pas encore établie, et étonne[136],[137],[138] car les premiers symptômes se sont déclarés au-delà de la période d'incubation normale du SARS-CoV-2 de deux semaines. L'escale à Brest du au est pointée comme le moment probable de la contamination dans un article d'Europe 1 du , qui évoque certains marins qui « n'auraient pas respecté les ordres donnés par le commandant de bord » lors des contacts qu'ils avaient eu à terre avec leurs familles[139],[140].
La Marine nationale indique que plusieurs marins sont tombés malades à bord après le départ de Brest. Néanmoins, les conditions météorologiques de l'Atlantique nord où se trouve alors le navire (« −5 °C » sur le pont d'envol[131]) et le fait qu'ils avaient les « symptômes de maladies saisonnières », n'ont pas alerté le commandement[141]. Par précaution, un « scan pulmonaire » est réalisé sur l'un des malades, mais son analyse ne conclut pas à une infection par le coronavirus[131]. Le nombre de malade augmente « subitement » les 4 et , ce qui conduit le ministère des Armées a interrompre la mission du porte-avions[131] et le commandant du porte-avions, le capitaine de vaisseau Guillaume Pinget, à envoyer une lettre aux familles[142] (publiée par le magazine L'Express[143]). Le journal L'Humanité affirme que même en cas de dépistage positif de la maladie, des marins auraient été maintenus en chambre commune[144].
Auditionnées le par la commission de la Défense nationale et des Forces armées de l'Assemblée nationale, la ministre des Armées Florence Parly et la secrétaire d'État Geneviève Darrieussecq indiquent que, dans le groupe aéronaval, il y a « 1 081 cas positifs, dont 545 symptomatiques et 24 marins hospitalisés »[145],[146]. De plus, Florence Parly dément[145] le témoignage donné anonymement par un membre de l'équipage à la radio France Bleu le , selon lequel le capitaine de vaisseau Guillaume Pinget, commandant du porte-avions, aurait demandé à interrompre la mission lors de l'escale à Brest[147]. Elle déclare enfin que l'amiral Christophe Prazuck l'a informée de la situation à bord le [145].
Plusieurs responsables militaires s'expriment dans la presse les jours suivants. Le contre-amiral Marc Aussedat est interviewé en direct du porte-avions le . Le général d'armée François Lecointre, chef d'état-major des armées, est interviewé en direct le sur le plateau du Journal de 20 heures de TF1 à propos du Charles de Gaulle[148],[149], et le lendemain lors de la matinale de la radio France Inter[150]. L'amiral Christophe Prazuck, chef d'état-major de la Marine nationale, donne pour sa part une interview à la radio Europe 1 le [151] et des entretiens au quotidien régional breton Le Télégramme[152] et à l'hebdomadaire Le Journal du dimanche[153]. Une interview du commandant du porte-avions, le capitaine de vaisseau Guillaume Pinget, parait enfin dans le quotidien Var-Matin le [154].
Le , le ministère des Armées annonce que cinq marins sont toujours hospitalisés et que « les travaux concernant la désinfection du porte-avions sont terminés »[155]. Sur 2 010 tests réalisés sur les équipages du Charles de Gaulle, de la frégate Chevalier Paul et des membres du groupe aérien embarqué, 1081 sont positifs[134], dont 1046 marins du porte-avions lui-même[156].
Florence Parly présente les conclusions des différentes enquêtes[157] sur la contamination du porte-avions lors d'une nouvelle audition devant la commission de la Défense nationale et des Forces armées de l'Assemblée nationale le . Elle révèle que « l’enquête épidémiologique situe les premières introductions du virus à bord » entre une escale à Chypre fin février et l'escale de Brest de la mi-mars, à la faveur de mouvements aériens[156]. Ces derniers avaient permis d'amener à bord du personnel et du matériel depuis la Sicile, les Baléares, l’Espagne continentale et le Portugal[158]. Le virus est à nouveau introduit à bord lors de l'escale brestoise, qui constitue un « facteur d’accélération de sa propagation » sans pour autant en être « la cause première »[156].
Après cette escale, des mesures sont prises par le commandement du navire et aucun cas ne se déclare pendant deux semaines[159]. En parallèle, le moral de l'équipage chute et le commandement décide de relâcher les mesures de distanciation, avec la reprise des briefings communs, du sport individuel et l'organisation d'un concert le [160]. Le nombre de consultations à l'infirmerie du bord augmente subitement le (cf. supra) et Florence Parly est avertie deux jours plus tard de la situation[156]. Elle déclare devant les députés que « des erreurs » liées à « une confiance excessive » du commandement ont été commises et que « la remontée d'informations en temps de crise » doit être améliorée par le chef d'état-major des armées, le général François Lecointre[156],[158],[159],[160].
Le Charles de Gaulle a dirigé le groupe aéronaval dans le cadre de la mission « Clemenceau 21 », appareillant le 21 février 2021. Le CSG est déployé pendant plusieurs mois dans la mer Méditerranée, puis vers l'océan Indien et le Golfe Persique et revient à Toulon en juin[161].
Le Charles de Gaulle a appareillé le 1er février 2022 à la tête du groupe aéronaval français en Méditerranée dans le cadre de la mission Clemenceau 22 (février à avril 2022). Ce CSG est composé d'une frégate de classe Horizon Forbin (D620), une frégate anti-aérienne Alsace (D656), une frégate anti-sous-marine Normandie (D651), un SNA classe Rubis et un pétrolier ravitailleur classe Durance Marne (A630). Le CSG sera rejoint par 3 autres navires alliés et 1 sous-marin[162]. Le 21 février, une activité d'avions russes basés en Syrie est repérée autour du porte-avions[163]. Le 3 mars 2022 Florence Parly déclare que le porte-avions Charles de Gaulle a été déployé en Méditerranée pour des missions « dissuasives » dans le cadre du conflit entre la Russie et l’Ukraine[164]. Le bâtiment a été utilisé pour la protection du flanc Sud-Est de l'OTAN en compagnie des groupes aéronavals des porte-avions Cavour de la Marina Militare et l'USS Harry S. Truman de l'US Navy. Le groupe aéronaval embarqué a renforcé la couverture aérienne de la Roumanie et de la Bulgarie en soutien aux forces aériennes de ces deux pays. Le 8 avril 2022, le Charles de Gaulle est de retour dans la rade de Toulon, marquant la fin de la mission Clemenceau 22.
Portrait | Grade au moment de la nomination |
Prénom - nom | Date de prise de poste et décret de nomination |
Durée | |
---|---|---|---|---|---|
Capitaine de vaisseau | Richard Wilmot-Roussel (d) | [165] | 2 ans, 209 jours | ||
Capitaine de vaisseau | Édouard Guillaud | [166] | 1 an, 333 jours | ||
Capitaine de vaisseau | Richard Laborde (d) | [167] | 1 an, 364 jours | ||
Capitaine de vaisseau | Xavier Magne (en) | [168] | 2 ans, 3 jours | ||
Capitaine de vaisseau | Denis Béraud (d) | [169] | 1 an, 327 jours | ||
Capitaine de vaisseau | Stéphane Boivin | [170] | 2 ans, 3 jours | ||
Capitaine de vaisseau | Jean-Philippe Rolland | [171] | 2 ans, 28 jours | ||
Capitaine de vaisseau | Olivier Lebas | [172] | 1 an, 356 jours | ||
Capitaine de vaisseau | Pierre Vandier[173] | [174] | 2 ans, 7 jours | ||
Capitaine de vaisseau | Éric Malbrunot[175] | [176] | 1 an, 360 jours | ||
Capitaine de vaisseau | Marc-Antoine Lefèbvre de Saint-Germain[177] |
[178] | 1 an, 338 jours | ||
Capitaine de vaisseau | Guillaume Pinget | [179] | 2 ans, 6 jours | ||
Capitaine de vaisseau | Sébastien Martinot[180] | 8 juillet 2021 | [181] | 2 ans, 10 jours | |
Capitaine de vaisseau | Georges-Antoine Florentin | 18 juillet 2023 | [181] | 1 an, 121 jours |
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