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peintre français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean Édouard Vuillard né le à Cuiseaux (Saône-et-Loire) et mort à La Baule (Loire-Atlantique) le est un peintre, dessinateur, graveur et illustrateur français.
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Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 12071-12160, 96 pièces, -)[2] |
Membre fondateur du mouvement nabi, il s'illustre dans la peinture de figure, de portrait, d'intérieur, de nature morte, de scène intimiste, de composition murale et de décor de théâtre.
Édouard Vuillard est le fils de Joseph François Henri Vuillard et de son épouse, née Alexandrine Justinienne Marie Michaud. À sa naissance, son père était percepteur des contributions directes[5] et sa mère sans emploi[6]. Ses grands-parents étaient originaires du Haut-Jura du côté paternel, du Haut-Jura et de Paris du côté maternel[7].
Vuillard est élevé à Paris dans une famille modeste. Il fréquente le lycée Condorcet, où il rencontre Maurice Denis, Pierre Hermant, Ker-Xavier Roussel, Paul Sérusier et Pierre Veber. Son père meurt lorsqu'il a vingt ans et sa mère vit d'un peu de couture. Son frère aîné Alexandre entre dans la carrière militaire et quitte tôt le foyer familial. Édouard Vuillard est sous l'influence des femmes de sa famille : sa mère, sa grand-mère et sa sœur aînée, qui épousera plus tard son meilleur ami, le peintre Ker-Xavier Roussel. Édouard Vuillard restera très proche de sa mère jusqu'au décès de celle-ci survenu le en son domicile du 6 place Vintimille[8]alors que le peintre avait soixante ans. En 1885, il quitte le lycée et rejoint Ker-Xavier Roussel, son ami le plus proche, au studio du peintre Diogène Maillart. Ils y reçoivent les rudiments de l'enseignement artistique. Vuillard commence alors à fréquenter le musée du Louvre et se décide à suivre une carrière artistique, cassant ainsi avec la tradition familiale qui le destinait à l'armée.
Au mois de , il entre à l'Académie Julian, où il a pour professeur Tony Robert-Fleury. En , à sa troisième tentative, il est admis à l'École des beaux-arts de Paris. L'année suivante, pendant six semaines, il a pour professeur Jean-Léon Gérôme. Pendant ses études, Vuillard s'intéresse aux natures mortes réalistes et aux intérieurs domestiques. Les artistes allemands du XVIIe siècle l'intéressent particulièrement.
Plus tard, Vuillard peint aussi de grands panneaux décoratifs représentant des paysages.
En 1889, Maurice Denis le convainc de se joindre à un petit groupe dissident de l'Académie Julian, qui réalise des œuvres empreintes de symbolisme et de spiritualité, et qui s'autoproclame « confrérie des nabis ». Paul Sérusier développe dans le groupe nabi un amour de la méthode synthétiste, qui repose sur la mémoire et l'imagination plus que sur l'observation directe. Vuillard, d'abord réticent à l'idée que le peintre ne cherche pas à reproduire de façon réaliste ce qu'il voit, finit, vers 1890, par s'essayer à ses premières œuvres synthétistes.
Jos Hessel est son marchand exclusif et son mécène dont l'épouse, Lucy, est son modèle favori, mais aussi sa maîtresse pendant de nombreuses années ; il la représente dans L'Allée en 1907[9]. Dans l'entre-deux-guerres, le peintre séjourne souvent chez eux au château des Clayes (Yvelines). Le château et son parc lui furent une source d'inspiration pour de nombreuses œuvres[10] (Sous-bois au printemps au château des Clayes, Le Parc du château des Clayes, etc.). Une place de la commune porte depuis son nom.
Pierre Bonnard en 1910 ébaucha son portrait de profil qui était conservé dans une collection Mellon en 1966, ainsi qu'un autoportrait de 1891[11].
Vuillard a représenté de nombreuses scènes d'intérieurs, notamment avec sa mère jusqu'à la mort de cette dernière en 1928[12]. La douce atmosphère de ces scènes de la vie quotidienne, dont il fait un sujet de prédilection, le qualifient comme artiste « intimiste ». Il a cependant contesté trouver le plus d'inspiration dans ces « lieux familiers[13] ». « Vuillard ne faisait jamais poser ses modèles, il les surprenait chez eux, dans le décor qui leur était familier. Sa mère remplissait une carafe, K. X. Roussel lisait un journal, la chanteuse était à son piano, l'homme d'affaires à sa table, les enfants à leurs jeux, et le peintre leur disait : « Ne bougez plus, restez comme ça ! ». Il faisait alors un croquis et, dans cette première vision, on pouvait retrouver tout le tableau. Certaines de ses œuvres exigeront des mois, voire des années de travail, mais une fois achevées elle conserveront la fraîcheur de la première vision » (Antoine Salomon)[14].
Il est élu membre de l'Académie des beaux-arts en 1938. Début , il tombe malade.
Ses amis Lucy et Jos Hessel, qui avaient décidé de quitter la capitale devant l'avancée des troupes allemandes, ne veulent pas le laisser seul à Paris et le transportent à La Baule[7] où il meurt quelques semaines plus tard au Castel Marie-Louise. Il est inhumé à Paris, au cimetière des Batignolles (26e division).
Tout en peignant des peintures de format intimiste, Vuillard a créé de nombreux ensembles décoratifs de commande pour orner les appartements, les hôtels particuliers et les villas, surtout pour ses patrons-amis, les frères Natanson, créateurs de La Revue blanche. Cette création s’inscrit dans l’esprit nabi, basé sur l’esthétique d'Albert Aurier ou le mouvement de Arts & Crafts, qui a pour but d'abolir les frontières entre les arts majeurs et mineurs et de faire pénétrer l’art dans le cadre de la vie quotidienne.
Dans ses souvenirs, Jan Verkade, artiste nabi et futur moine-peintre, témoigne de l'enthousiasme partagé par des jeunes artistes vers le début de 1890 pour la peinture murale ou le panneau décoratif : « Plus de tableaux de chevalet ! À bas les meubles inutiles ! La peinture ne doit pas usurper une liberté qui l'isole des autres arts. Le travail de peintre commence quand l'architecte considère le sien comme terminé[15]. » Intéressés plus par l'intégration de la peinture dans l'architecture que par le tableau de chevalet isolé, Vuillard et d'autres artistes nabis pratiquent de nombreuses décorations intérieures, dont le panneau décoratif.
Alexandre Natanson a commandé à Vuillard en 1893 cette suite de panneaux pour orner la salle à manger ou le salon de son hôtel particulier, situé au 60, avenue du Bois (actuel 74, avenue Foch) à Paris.
Un amateur parisien, le docteur Louis Henri Vaquez, a commandé ces panneaux à Vuillard pour décorer la bibliothèque de son appartement, situé au 27, rue du Général-Foy à Paris[25].
Destinés à l'écrivain Claude Anet, pseudonyme de Jean Schopfer, ces deux panneaux présentent la scène de la maison de campagne de Thadée et Misia Natanson, « Les Relais », à Villeneuve-sur-Yonne, où le couple se plaisait à recevoir ses amis.
Face à l'essor de la photographie, la fonction de la gravure devait être repensée. Elle allait au-delà de son rôle d'origine de reproduction d'œuvres d'art, tout en sollicitant la créativité et l'originalité de l'artiste qui la faisait. Puis la révolution de la technique de la lithographie en couleurs a facilité le développement de cet art graphique.
Vuillard a commencé à pratiquer la lithographie en noir à partir de 1893. Il a dessiné plusieurs illustrations pour des livres et des programmes théâtraux. En 1899, une belle suite des lithographies en couleurs, qui s'intitule Paysage et intérieurs, est publiée par un célèbre marchand d'art, Ambroise Vollard. Vuillard a aussi créé plusieurs eaux-fortes vers la fin de sa vie.
Grâce à son amitié avec Lugné-Poe, qui fut l’un des grands réformateurs du monde théâtral de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle, Vuillard s'est engagé dans la mise en scène du théâtre idéaliste, notamment dans les années 1890. Vuillard a partagé un atelier, situé au 28, rue Pigalle dans le 9e arrondissement de Paris, avec Lugné-Poe, Pierre Bonnard et Maurice Denis, dès le début des années 1890[35].
Il a accompagné Lugné-Poe aux répétitions du Conservatoire de Paris que ce dernier avait fréquenté, et à la Comédie-Française, où Lugné-Poe a essayé de trouver des protecteurs pour les jeunes amis peintres en montrant leurs œuvres aux acteurs[36]. Vuillard a laissé quelques dessins et aquarelles qui représentent les acteurs (par exemple, Coquelin-Cadet) dans leurs rôles.
En 1890, Vuillard commence à collaborer avec les théâtres expérimentaux. Tout d’abord, il a dessiné un programme lithographié, en couleurs, de Monsieur Bute, pièce de Maurice Biollay (), pour le Théâtre-Libre d’André Antoine, auquel Lugné-Poe a participé comme acteur. Il a aussi fait des projets de programmes pour ce théâtre naturaliste, mais ils n’ont pas abouti à des programmes lithographiés.
Ensuite, il a participé au théâtre d’Art fondé en 1890 par un poète, Paul Fort. Alors que sa collaboration avec le Théâtre-Libre est restée assez limitée, Vuillard, ainsi que d’autres nabis, ont établi une plus profonde complicité entre ce théâtre idéaliste, soutenu par les intellectuels symbolistes, et les habitués du Café Voltaire, tels Édouard Dujardin, André Fontainas, Jean Moréas ou Alfred Valette, directeur du Mercure de France et époux de Rachilde (Marguerite Eymery)[37]. Vuillard a été sollicité, comme d’autres nabis, non seulement pour l’illustration de programmes, telle Le Concile féerique, pièce de Jules Laforgue, montée le , et pour la création des décors et des costumes. Quelques dessins de sa main sont publiés dans la revue Livre d’Art dont Paul Fort est directeur et Remy de Gourmont rédacteur, qui paraît en . Il réalise le décor de La Farce du pâté et de la tarte, dont Maurice Denis façonne les marionnettes et dessine les costumes que réalisent Marie Vuillard, sœur d'Édouard, et France Ranson, la femme de Paul Ranson qui, lui, illustre le programme.
L’originale et riche, mais courte expérience du théâtre d’Art, a été confiée au théâtre de l’Œuvre, dont les fondateurs sont Lugné-Poe, Camille Mauclair et Vuillard. Celui-ci a donné le nom « Œuvre » qu’il avait trouvé par hasard en tournant les pages d’un dictionnaire, et il est un des plus assidus collaborateurs de ce théâtre, notamment dans les premières saisons[38].
Vuillard a brossé le décor et a dessiné le programme pour Rosmersholm de Henrik Ibsen que Lugné-Poe appréciait : « Édouard Vuillard fut prestigieux d’invention économique, d’ingéniosité pour créer la décoration scénique et l’atmosphère ? Le décor du deuxième acte imprima à notre jeu de la distinction et de l’intimité. Pour la première fois, on jouait vraiment de l’Ibsen à Paris. Le drame fut présenté avec une très belle litho[graphie] de Vuillard, la première de la série des lithos-programmes dont “l’œuvre” eut à s’enorgueillir »[39]. Mais les conditions dans lesquelles ont souvent été réalisés ces décors étaient précaires[40].
Parmi les autres dessinateurs de programmes de l’Œuvre, Vuillard en a créé le plus grand nombre, y compris ceux pour Un ennemi du peuple (1893), Solness le constructeur (1894) et Les Soutiens de la société (1896) d'Ibsen, Âmes solitaires (1893) de Gerhart Hauptmann, Au-dessus des forces humaines (1894 et 1897) de Björnstjerne Björnson, L'Image (1894) et La Vie muette (1894) de Maurice Beaubourg, La Gardienne (1894) de Henri de Régnier.
Date | Titre de la pièce | Auteur de la pièce | Lieu de représentation |
---|---|---|---|
1891.05.20-21 | L'Intruse | M. Maeterlinck | théâtre d'Art |
1891.12.11 | Le Cantique des Cantiques | adp. de P.-N. Roinard et al. | théâtre d'Art |
1891.12.11 | Berthe aux grands pieds | adp. d'A. Retté | théâtre d'Art |
1892.04.10 | Les Sept Princesses | M. Maeterlinck | théâtre des Pantins |
1892. | La Farce du pâté et de la tarte | inconnu | inconnu |
1893.11.08 | Rosmersholm | H. Ibsen | théâtre de l'Œuvre |
1893.12.13 | Âmes solitaires | G. Hauptmann | théâtre de l'Œuvre |
1894.04.03 | Solness le constructeur | H. Ibsen | théâtre de l'Œuvre |
1894.06.21 | La Gardienne | H. de Régnier | théâtre de l'Œuvre |
1896.02.12 | Salomé | O. Wilde | théâtre de l'Œuvre |
1896.12.10 | Ubu roi | A. Jarry | théâtre de l'Œuvre |
1897.01.26 | Au-delà des forces humaines (II) | B. Björnson | théâtre de l'Œuvre |
(titre de pièce, auteur de pièce, la date de représentation au théâtre)
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