rue de Paris, en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La rue de Vaugirard, qui traverse les 6e et 15e arrondissements, est la plus longue voie de Parisintra-muros, avec 4 360 mètres de longueur[1], correspondant à quatre cent sept numéros d'immeubles.
En outre, la station Saint Placide, sur la ligne 4, est sur le tracé de la rue. L'arrêt s'est également appelé Vaugirard à l'origine, du fait que les deux lignes appartenaient à des réseaux différents, mais il a rapidement changé de nom pour éviter la confusion.
Le nom de la rue fait référence à l'ancienne commune de Vaugirard, aujourd'hui intégrée à Paris. Il est une déformation de «val Gérard», en hommage à Gérard de Moret, abbé de Saint-Germain. Il contribua au XIIIesiècle à l'essor de ce qui était alors un hameau, qui s'est successivement appelé «Valgérard», «Vaulgérard» et enfin «Vaugirard[2]».
Elle est citée sous le nom de «rue de Vaugirard» dans un manuscrit de 1636 dont le procès-verbal de visite, en date du , indique qu'elle est «en aucuns endroitz nette, et en d'autres avons veu plusieurs boues et fanges».
Après l'annexion de Vaugirard à Paris par la loi du , la grande rue du village de Vaugirard est annexée officiellement le [7]. La rue de Vaugirard et la grande rue de Vaugirard fusionnent le [8] pour donner une rue de plus de quatre kilomètres de long. Le village de Vaugirard s'est développé le long de sa grande rue et ce n'est qu'au début du XIXesiècle que la commune se développe, du fait notamment de l'urbanisation de la rue Lecourbe en avant de la barrière de Sèvres[9]. Au moment du rattachement de Vaugirard à Paris, la rue est presque entièrement bâtie entre l'ancienne barrière de Vaugirard et la porte de Versailles[10].
Au début du XXesiècle, la rue est prolongée vers l'est pour rejoindre le boulevard Saint-Michel, passant le long du lycée Saint-Louis, débouchant en face de la Sorbonne (mais ce court prolongement représente moins de 1% de la longueur totale de la rue)[11]. Elle a son autre extrémité à la porte de Versailles.
Entre le boulevard Saint-Michel et le boulevard Pasteur: la rue de Vaugirard historique
No1: le général John Armstrong, Jr., ambassadeur des États-Unis en France, habita en 1810 dans l'édifice qui se trouvait à cette hauteur[13].
No3 bis: le comédien André Falcon vit soixante ans dans cet immeuble. Une plaque lui rend hommage.
No4: le poète Paul Verlaine fréquenta cet hôtel de 1889 à 1894. Une plaque lui rend hommage.
No8: l'écrivain norvégien Knut Hamsun vit et travaille dans cet immeuble entre 1893 et 1895. Une plaque lui rend hommage.
Plaque en hommage au résistant Robert Jacques Houbré, au croisement avec le boulevard Saint-Michel.
Plaque au no3bis.
Plaque au no4.
Plaque au no8.
École au no9.
No9: en 1855, adresse de l'imprimerie Charles Lahure (ancienne maison Crapelet) pour le Sénat et la Cour de cassation[14]. Ensuite, une école élémentaire puis, depuis 2020, la Cité Audacieuse[15].
No10: Émile Zola habite un temps un logement au sixième, à la terrasse donnant sur le jardin du Luxembourg, un des multiples domiciles parisiens successifs de cet écrivain durant l'existence précaire de sa jeunesse[16].
No13: ancien jeu de paume, racheté par François de La Guérinière et son associé Jean-François de Colmenil, qui le transforment en manège d'équitation. École ouverte aux jeunes nobles qui fermera en 1733 pour s'installer 6, rue de Tournon.
No14: le peintre Diogène Maillart (1840-1926) avait un atelier à cette adresse en 1870[17].
No20: en juin 1899, une antéfixe, ornement décorant le bord d’un toit dans l’Antiquité, est découverte à la hauteur de ce no lors de fouilles conduites par l’inspecteur du département de la Seine, Charles Magne. Celle-ci est aujourd’hui conservée au musée Carnavalet[19]. Une partie de l’immeuble relève du patrimoine immobilier affecté au Sénat[20].
No22: adresse de décès de l'imprimeur Joseph Tastu en 1849. Emplacement, en 1885, de La Librairie artistique de l'éditeur Henri Launette[21].
Nos26-36: une partie de l’immeuble relève du patrimoine immobilier affecté au Sénat[20].
No36: en 1793, Jean-François-Thérèse Chalgrin y installa une des seize plaques en marbre dans lesquelles était gravé le mètre étalon. À l'origine, celle-ci devait être posée rue de Tournon. Dans cet immeuble se trouvait l’imprimerie Béthune et Plon. C'est ici que l'imprimeur éditeur Joseph Tastu (1787-1849) installe son imprimerie en 1821[23], en compagnie de son épouse Amable Tastu (1795-1885), écrivaine.
No37: les comtesse hongroises Blanche et Emma Teleki y vécurent; une plaque leur rend hommage.
Nos40 et 42: embouchure de la rue Servandoni, précédemment rue des Fossoyeurs. Face à cette rue fut fondé, en 1622, le premier couvent parisien de bénédictines de Notre-Dame du Calvaire dit «couvent des filles du Calvaire[25]». Pour le distinguer du second couvent de Notre-Dame du Calvaire parisien, érigé en 1634 dans le quartier du Marais, il est aussi désigné sous les noms de «couvent du Petit-Calvaire[26]» et, plus rarement, sous celui de «couvent du Petit-Luxembourg». Établi sous la haute protection de Marie de Médicis, à l'instigation du père Joseph (1577-1638), le couvent des filles du Calvaire de la rue de Vaugirard était attenant à la façade ouest de l'hôtel particulier dit Petit Luxembourg[27], dans l’enceinte même des terres acquises par la reine mère (actuel jardin du Luxembourg) pour la construction du palais du Luxembourg (achevé en 1625).
No46: immeuble relevant du patrimoine immobilier affecté au Sénat[20].
No47 bis: l'historien et enseignant à Sciences PoAlbert Sorel y est mort en 1906[28]. Deux plaques lui rendent hommage.
No48: le compositeur Jules Massenet meurt dans cet immeuble le . Une plaque lui rend hommage.
Plaque au no36.
Plaque au no37.
Plaque au no47bis (façade).
Plaque au no47bis (cour intérieure).
Plaque au no48.
No50: domicile parisien de la vicomtesse Pernety. Presbytère de Saint-Sulpice.
Couvent des Carmes, extrait du plan de Bullet et Blondel, 1676.
Plaques au no70.
Plaque au no70.
No71: demeure du baron Petit, grand officier de la Légion d'honneur. C'est l'ancien no89: en 1842, la mère Camille de Soyécourt rachète aux Bernardines qui partent en province la maison qui s'y trouve pour installer son couvent de Carmélites car le couvent des Carmes qu'elles occupaient était trop grand pour elles. Elles s'y installent en 1845 mais sont expropriées par la Ville en 1849 en raison du percement de la rue de Rennes. Les Carmélites quittent la rue de Vaugirard le 22 avril 1847, et campent au couvent des Oiseaux, en attendant que leur nouveau couvent soit construit au no26avenue de Saxe, où elles emménagent le 21 août 1855. La Ville de Paris revend alors en 1852 ce qui reste de la parcelle à la Société de Patronage de jeunes filles détenues, libérées et abandonnées, du Département de la Seine, dont la maison de patronage, installée depuis 1845 au no65 rue de Vaugirard (ancien no81), avait été également expropriée. Cette société, fondée en 1837 par Mme de Lamartine pour accueillir les jeunes filles sorties de prison, y déménage sa maison de patronage. Celle-ci, placée sous la direction intérieure des Sœurs de Marie-Joseph (religieuses qui se consacrent au service des prisonniers), a un double caractère: elle est tout à la fois une maison de correction pour les jeunes filles placées sous l'application de l'art. 66 du Code pénal[35], et un asile «pour les libérées qui, à leurs premiers pas dans la vie libre, chancellent et se découragent[36].» En 1888, cette maison est transférée à Châtenay-Malabry dans l'hôtel La Faulotte et les bâtiments sont démolis.
No85: ancienne École mutuelle, dont la façade est ornée d'un bas-relief du sculpteur Aimé Millet (1850), où il a exécuté son autoportrait dans la figure de l'ouvrier dessinant à droite[37]. La façade et la toiture du pavillon d'entrée sont inscrites aux monuments historiques depuis le [38]. Ce bâtiment a abrité l'École nationale de photographie et cinématographie, aujourd'hui École nationale supérieure Louis-Lumière, transférée à Noisy-le-Grand, dont l'entrée s'effectuait rue Littré. Elle était auparavant une école primaire, puis le redevint au déménagement de l'École nationale de photographie et cinématographie. Plaque en hommage à l'homme politique Victor Bucaille. Le le baron Pasquier, préfet de Police, envoie une lettre au préfet de la Seine, le priant de faire enlever une borne milliaire portant encore une fleur de lys et un bonnet de la liberté, qui se trouve rue de Vaugirard (cette borne existe toujours, sans sa fleur de lys, encastrée dans le mur de l’immeuble no85, rue de Vaugirard)[39]
No88, anciennement no90: la famille de Victor Hugo y habite de au printemps 1827. Leur fille Léopoldine naquit dans l'appartement en [40].
No89: atelier du peintre Henri Bouché-Leclercq (1878-1946), loué ensuite durant sa retraite par son frère Émile (1884-1963), docteur en droit, préfet, croix de guerre 1914-1918, chevalier de la Légion d’honneur, époux d'Élisa Lucia Margareta Rosa (1897-1977), descendante de Salvator Rosa, peintre et poète. Le peintre Fred Klein, père d'Yves Klein, y vécut dans les années 1960. Paul Arzens, artiste ingénieur auquel on doit, entre autres inventions, la locomotive BB 15000, y avait son atelier.
Nos93: Le sculpteur Gabriel Forestier y vécut et y avait son atelier de 1909 à 1969. Le sculpteur A. Janniot y avait également un atelier.
No95: immeuble Art nouveau conçu par l'architecte Ferdinand Glaize en 1891 avec une marquise à l'entrée et un bow window sur toute la hauteur de l'immeuble[41],[42]. Atelier du peintre Frederik Hendrik Kaemmerer, qui s'y suicide en 1902[43].
Nos98-100: emplacement du prieuré des Bénédictines de Notre-Dame-des-Prés[44].
No99: le sculpteur Étienne Leroux réalisa, entre 1879 et 1880, le Monument à Jeanne d'Arc érigé ultérieurement sur la place de l'Hôtel-de-Ville de Compiègne.
No102 bis: chapelle Notre-Dame-des-Anges, inscrite aux monuments historiques[45], construite en 1863. D'architecture néo-gothique, elle doit ses plans au père Gally. Elle possède 37 vitraux dédiés à la Vierge Marie, réalisés par Joseph Vigné[46].
Entre les nos104 et 106 finissait la rue de Bagneux, aujourd'hui disparue et où existaient des ateliers d'artiste, notamment occupés par Adolphe Lavée ou Boleslas Biegas, qui débutait entre les nos85 et 87 de la rue du Cherche-Midi[49].
No110: ancien monastère de la Visitation. Le bâtiment est acheté par l'ordre en 1819 et largement réaménagé à partir de 1821. En 2010, les religieuses le quittent pour rejoindre le monastère de l'avenue Denfert-Rochereau. Le site revient alors au diocèse de Paris. Il comprend un hôtel particulier construit à l'origine, vers 1775, pour la maison de Clermont-Tonnerre, un jardin de 4000 m², une chapelle, un cloître et une ancienne vacherie (qui fut la dernière de Paris). Sous le nom de Maison Marguerite-Marie, un projet mené par le diocèse prévoit la construction de nouveaux bâtiments afin d'accueillir des logements, un équipement de petite enfance et une résidence pour personnes handicapées. Pour cela, plusieurs édifices datant de la fin du XVIIIesiècle et du XIXesiècle doivent être détruits (oratoires, vacherie surmontée d'une claustra, chapelle encastrée, pilastres style Louis XVI, etc.) et le jardin réaménagé (42 arbres doivent être coupés), une densification (notamment deux immeubles de 6-7 étages) qui suscite les critiques de défenseurs du patrimoine[50] et de riverains, comme l'acteur Gérard Depardieu (arrière du site, 93 rue du Cherche-Midi)[51],[52].
No114 bis: le peintre Jean Dubuffet habita cette adresse. Le photographe Marc Vaux avait son atelier à cette adresse, de même que le sculpteur Jules Déchin.
No115: emplacement du cabaret Le Trapèze Volant, lié à la grande époque de Montparnasse, ouvert en 1927 dans un ancien garage, aménagé et décoré à la demande de Roland Toutain par Berthold Lubetkin et Bob Rodionov. Après la faillite du cabaret qui comptait Jean Cocteau parmi ses clients, en 1933, les locaux sont transformés en salle de cinéma d'environ quatre cents places: le Studio-Ciné-Gilbert, renommé ultérieurement dans les années 1930 Studio de la Bohème, qui ferme en 1955. Le bâtiment est détruit et remplacé par un immeuble d'habitation.
No118: emplacement de l'ancienne imprimerie Draeger & Lesieur, fondée en 1886, renommée «Draeger frères» en 1899 et transférée au 46, rue de Bagneux à Montrouge en 1907 ou 1908[55].
No189: la brasserie Moritz était établie à cet emplacement de sa création en 1848 à la cessation de son activité en 1960. Un immeuble de bureaux a alors remplacé les installations[60].
No195: le sculpteur Pablo Gargallo y avait son atelier à partir de 1933.
No289: le philosophe Michel Foucault y vécut; une plaque lui rend hommage.
No297: le dramaturge et scénariste Steve Passeur (1899-1966) y habite lors de son mariage avec Renée Passeur en 1934[69]
No310: chapelle des sœurs de la Charité dominicaines de la Présentation de la Sainte-Vierge de Tours. Emplacement de l'ancien orphelinat Saint-Charles, créé en 1854 par l'abbé Bayle pour recueillir les enfants devenus orphelins à la suite des premiers pandémies de choléra. Un panneau Histoire de Paris, placé vers le no397 de la rue, sous le viaduc de la Petite Ceinture du 15e, le rappelle.
No340: emplacement, en 1843, lors de sa fondation, de l'ouvroir de Notre-Dame-de-la-Miséricorde, atelier de travail créé à l'initiative des dames de l'Œuvre des prisons et confié aux sœurs de Marie-Joseph pour soutenir et loger des jeunes filles sortant de la prison de Saint-Lazare après y avoir purgé leurs peines et qui montraient de bonnes dispositions[70].
No354 bis: l'Aviatic Bar dont le décor intérieur en céramique datant de 1910 a été réalisé par la faïencerie belge Gilliot et Cie de Hemixem. Il est inscrit aux monuments historiques[72].
La rue Vaugirard fait partie des emplacements à acheter dans l'édition française du jeu de Monopoly.
Une partie de l'action de l'album S.O.S. Météores de Blake et Mortimer se déroule au n°69 bis. Néanmoins, les dessins du porche d'entrée reprennent l'entrée du n°58[79].
L'avenue Daumesnil fait 6 270 mètres au total mais seulement 3 400 mètres dans Paris intra-muros, son extension étant dans le bois de Vincennes, rattaché administrativement au 12earrondissement de Paris, mais au-delà des limites historiques de la ville.
Jean Junié, Plan des paroisses de Paris avec la distinction des parties éparses qui en dépendent dressé par J. Junié, ingénieur géographe de Monseigneur l’Archevêque et géomètre des Eaux et forêts de France en 1786, service des Travaux historiques de la Ville de Paris, 1904 ([lire en ligne]).
Adolphe Alphand (dir.), Adrien Deville et Émile Hochereau, Ville de Paris: recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques, Paris, Imprimerie nouvelle (association ouvrière), (lire en ligne), «Classement de rues dans la zone annexée à Paris», p.338.
La Clef du cabinet des princes de l’Europe ou recuëil historique & politique sur les matières du tems, tome 85, impr. André Chevalier, janvier 1772, p.153 (en ligne)
Photographie des vestiges de l’ancien couvent des filles du Calvaire vus depuis le jardin du Luxembourg, prise vers 1903/1920 par Eugène Atget (en ligne) sur le site gallica.bnf.fr.
Lorsque l'accusé aura moins de seize ans, s'il est décidé qu'il a agi sans discernement, il sera acquitté; mais il sera, suivant les circonstances, remis à ses parents ou conduit dans une maison de correction pour y être élevé et détenu pendant un nombre d'années que le jugement déterminera. (Art. 66.)
Claire Bommelaer, «Le monastère de la Visitation au cœur d'une polémique patrimoniale parisienne», Le Figaro, encart «Le Figaro et vous», 16-17 janvier 2021, p.31 (lire en ligne).
Michel Périn, «Naissance dans le XVe d’une multinationale, la Thomson», Vaugirard-Grenelle, Paris, Société historique et archéologique de Paris XVe, no4, (résumé).
Brigitte Hermann et Sophie-Marguerite, Paris 15e. Balades et bonnes adresses, Paris, Christine Bonneton éditeur, , 224p. (ISBN978-2-86253-492-3), p.15.