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mezzo-soprano et compositrice française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Pauline Garcia, connue sous le nom d'épouse Viardot, née le à Paris où elle est morte le , est une cantatrice (mezzo-soprano) et une compositrice française d'origine espagnole, sœur de la Malibran.
Nom de naissance | Pauline Ferdinande Laurence Garcia[1] |
---|---|
Naissance |
Ancien 2e arrondissement de Paris |
Décès |
(à 88 ans) 7e arrondissement de Paris |
Activité principale |
cantatrice, compositrice mezzo-soprano |
Activités annexes | pianiste |
Maîtres | Manuel Garcia et Joaquína Sitchez (dite "la Briones"), parents |
Enseignement | professeur de chant |
Ascendants | Manuel Garcia et Joaquína Sitchez (dite "la Briones"), parents |
Conjoint | Louis Viardot |
Descendants | Paul Viardot, Louise Héritte-Viardot, Marianne Viardot, Claudie Viardot |
Famille |
Maria Malibran, sœur, Manuel Garcia junior, frère Josefa Ruiz García, demi-sœur Antonia Sitchès de Mendi, cousine |
Pauline Garcia est la fille du ténor espagnol Manuel García, un des créateurs du Barbier de Séville, et la sœur de Maria, elle aussi cantatrice, mieux connue comme Maria Malibran, morte en 1836 à l’âge de 28 ans.
Pauline commence ses études de musique par le piano, sous la férule de Franz Liszt et assiste aux leçons de chant de son père, ce qui a contribué à sa formation. Elle donne son premier récital en , à l’âge de 16 ans, et débute sur une scène d’opéra l’année suivante, à Londres, dans le rôle de Desdémone de l'Otello de Gioachino Rossini.
Moins virtuose sur le plan strictement vocal que sa défunte sœur, dont elle était supposée prendre la relève, elle parvient à s’imposer par des dons dramatiques, intellectuels et musicaux. Son fils Louis, dans ses mémoires[2], indique qu'elle avait une étendue vocale particulièrement large. Elle poursuivra aussi une activité de pianiste, jouant notamment à plusieurs reprises à quatre mains avec Clara Schumann et accompagnant sa sœur Maria ou son beau-frère le violoniste Bériot.
Courtisée par Alfred de Musset qu'elle repousse et qui en nourrira un fort ressentiment, elle se marie, en 1840, sur les conseils de George Sand - qui l'adulait et dont elle restera très proche jusqu'à sa mort en 1876[3] -, avec Louis Viardot, critique et directeur du Théâtre des Italiens, de 20 ans son aîné. Ary Scheffer peint alors son portrait dans son atelier rue Chaptal[4]. Elle a une vie de famille heureuse ; ses enfants mèneront aussi une carrière artistique : son fils Paul comme violoniste, sa fille Louise, comme compositrice et écrivain et ses deux autres filles comme cantatrices[5]. Louis Viardot démissionne de son poste quelque temps après le mariage pour se consacrer à la carrière de son épouse.
Quelques années suffisent à Pauline pour s’imposer. Giacomo Meyerbeer lui offre en son rôle le plus écrasant, Fidès dans Le Prophète ; Hector Berlioz crée pour elle une version en français pour mezzo-soprano de l'Orphée de Gluck en ; Charles Gounod compose à son intention l'opéra Sapho, et son air célèbre « Ô ma lyre immortelle » ; Camille Saint-Saëns lui dédie son Samson et Dalila ; Frédéric Chopin admire sa maîtrise du piano. Aux obsèques de celui-ci, le , elle sera une des deux interprètes féminines, avec la soprano Jeanne Castellan, du Requiem de Mozart en l’Église de la Madeleine (dissimulées par un rideau noir derrière l’autel, car à cette époque les femmes n’étaient pas autorisées à chanter dans les églises[6],[7]). Intime de tous ces musiciens, elle réunit le monde de l'art dans son hôtel particulier du quartier de la Nouvelle Athènes dans le 9e arrondissement, ou dans sa propriété de Seine-et-Marne : le château de Courtavenel.
Mais les Viardot, républicains, vivent de plus en plus souvent hors de France après la victoire de Louis-Napoléon Bonaparte à l’élection présidentielle de 1849. La carrière de Pauline se déroule dès lors surtout à Londres et en Allemagne. Le couple s'installe même quelque temps à Baden-Baden[3].
En , elle acquiert, sacrifiant une partie de sa fortune, la partition autographe du Don Giovanni de Mozart, dont elle chante le rôle de Zerline à Saint-Pétersbourg. Cette « relique » musicale est à la fois l’objet de pèlerinage de la part des grands noms de l’époque et l’occasion de faire de nouvelles connaissances. Elle conserve le manuscrit plus de 50 ans avant de le léguer en 1903 au Conservatoire de musique de Paris[8].
En 1859, elle triomphe de nouveau à Paris, au Théâtre-Lyrique, dans Orphée, une version de l'Orphée et Eurydice de Gluck spécialement remaniée pour elle par Hector Berlioz. Malheureusement sa voix se brise[3] et Pauline doit renoncer à la scène en 1863. Elle se consacre dès lors à la composition (plusieurs opérettes, dont Cendrillon en , sur des livrets de Tourgueniev) et à l’enseignement du chant, qu’elle dispense uniquement à des élèves de sexe féminin, au Conservatoire national de Paris. Parmi elles : Felia Litvinne et Jeanne Gerville-Réache, Suzanne Cesbron-Viseur.
Génie musical et théâtral, elle disparaît presque nonagénaire à l’ère du gramophone, emportant avec elle le timbre d'une voix que Saint-Saëns a comparé, par synesthésie, à un goût : celui des « oranges amères ».
Tout au long de sa carrière, elle encouragea de jeunes talents comme Charles Gounod, Gabriel Fauré et Jules Massenet. Elle crée en 1870 la célèbre mélodie « Ah qui brûla d'amour peut seul comprendre », traduction française de la mélodie no 6, Op. 6 « Nur wer die Sehnsucht kennt »(en) de Goethe, mis en musique par Piotr Ilitch Tchaïkovski [9]
L'écrivain russe Ivan Tourgueniev, Pauline Garcia-Viardot et son mari Louis Viardot furent amis inséparables plusieurs dizaines d'années, la liaison entre l'écrivain et la cantatrice étant considérée par Guy de Maupassant comme « la plus belle histoire d’amour du xixe siècle ». En , Tourgueniev achète une belle maison de maître à Bougival où il installe la famille Viardot, et il se fait construire un chalet (une sorte de datcha) quelques pas plus haut, où il décéda en 1883[10]. La datcha de Tourgueniev est devenue un musée, tandis que la villa de la célèbre cantatrice est dans un état de délabrement avancé. Grâce à Jorge Chaminé, la Villa Viardot est un lieu important de concerts et de master-classes et depuis plusieurs années le baryton se bat pour la restauration de ce lieu de mémoire. Chose qui pourrait être entreprise grâce au « Loto du patrimoine », opération lancée par Stéphane Bern et le gouvernement français. La Villa Viardot fait en effet partie des 18 monuments concernés par ce Loto qui a eu lieu le [11]. Les travaux de restauration ont débuté en et le domaine des Frênes fera partie, avec la Maison de Georges Bizet toute proche, d'un grand projet culturel, pédagogique, scientifique, le Centre européen de musique créé et dirigé par le baryton Jorge Chaminé[12].
Elle est inhumée au cimetière de Montmartre (division 28).
Elle se rattache à l'école de chant ancienne, passant sans difficulté du registre de contralto à celui de soprano, maîtrisant aisément une tessiture très longue (sol2-do5 et même selon Reynaldo Hahn fa dièse2-ré5). Selon Berlioz, qui pourtant l'avait d'abord jugée sévèrement[13], « la voix de Mlle Garcia, égale dans tous les registres, juste vibrante et agile, s'élève du fa grave au contre-ut soit deux octaves et une quinte et cette étendue est déjà immense, puisqu'elle réunit trois genres de voix qui ne se trouvent jamais ensemble : le contralto, le mezzo-soprano et le soprano[14] ».
Son timbre est, semble-t-il, assez quelconque, mais l'émotion et la flamme de l'interprétation le rendaient particulièrement émouvant. Elle démontra une agilité sans doute unique dans son type de voix et s'amusait à chanter sans peine les concertos pour violon de son beau-frère Bériot ou les Études de Chopin.
Pauline Viardot commença à composer dès sa jeunesse, mais il ne fut jamais dans ses intentions de devenir compositrice. Ses œuvres furent composées principalement pour développer les capacités vocales de ses élèves de chant. La plupart de ses compositions datent de sa retraite à Baden-Baden[15]. Mais ses œuvres sont de qualité professionnelle et Franz Liszt déclara qu'avec Pauline Viardot, le monde avait enfin trouvé une femme compositrice de génie.
Pauline Viardot fut à maintes reprises l'invitée de George Sand[16] à Nohant, où elle chanta souvent accompagnée par Frédéric Chopin. Elle y revint plus tard avec Tourgueniev[3], et eut ainsi l'occasion de transcrire plusieurs chants populaires locaux[3], dont certains furent publiés par Julien Tiersot.
Beaucoup de textes russes ou traduits en russe ont aussi été mis en musique par Viardot.
Plusieurs œuvres furent orchestrées par Ivan Snoèk.
Sont nommés en son honneur :
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