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peintre français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean Louis Robert Labellie, dit Jean Labellie[Note 1], né le [1] à Saint-Mamet-la-Salvetat (Cantal)[2] et mort le à Eus[Note 2] (Pyrénées-Orientales), est un peintre paysagiste abstrait français.
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Jean Louis Robert Labellie |
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Après des études secondaires au lycée Émile-Duclaux d'Aurillac où son professeur de dessin, Monsieur Delaris, l'inscrit par dérogation aux cours de dessin de la ville d'Aurillac[3], Jean Labellie est élève de François Desnoyer à l'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris[Note 3], cela grâce à la convaincante intervention auprès de ses parents instituteurs du médecin, homme de lettres, amateur d'art et découvreur de jeunes talents, Henri Mondor[Note 4].
En 1942, se dérobant à une convocation militaire, Jean Labellie quitte Paris, franchit clandestinement la Ligne de démarcation et rejoint le maquis dans le sud du Cantal jusqu'en 1945. « J'y vis caché dans les bois, aussi mes tableaux du Pays vert, qui naîtront de mes dessins d'alors, proviennent-ils du vécu » évoquera-t-il plus tard dans une allocution au musée d'Aurillac[4]. La fin de la Seconde Guerre mondiale signifie son retour à la peinture, son retour à Paris, mais aussi son retour dans son pays natal : s'intéressant déjà à la tapisserie d'art, il est l'initiateur d'une exposition Jean Lurçat à Aurillac dès 1945[3].
Après son succès au concours de professorat de dessin de la ville de Paris, Jean Labellie donne des cours de dessin dans des établissements de la région parisienne. Au musée du Louvre, il copie Gustave Courbet, Jean Siméon Chardin et les primitifs italiens. Ses premiers tableaux sont des portraits (Autoportrait, Monsieur Thion, grand-père de l'artiste, Portrait du philosophe Jean-François Lyotard) et des paysages réalistes des Buttes-Chaumont (où il réside alors) et du bassin de la Villette[3]. Des voyages en Espagne, Italie et Hollande l'amènent de même tant à l'étude des maîtres (Zurbaran, El Greco, Rembrandt, Vittore Carpaccio, Goya, Hercules Seghers) qu'à des toiles (Le Port d'Amsterdam peint en 1954, La Mer du Nord, La Corrida, Venise, La Spezia) où déjà « l'art de suggestions se substitue à l'art de représentations »[5]. C'est Yves Alix qui l'introduit dans le cercle des peintres parisiens où sa découverte de la peinture gestuelle, liée à l'amitié de Gustave Singier, mais aussi à la fréquentation d'Alfred Manessier, Hans Hartung, Edouard Pignon, Zoran Mušič et Mario Prassinos[6], le mènera définitivement à l'abstraction.
En 1964, Jean Labellie aborde sa série intitulée Le Pays vert, suite de grandes toiles consacrées au Cantal où, énonce-t-il, c'est l'omniprésence du châtaignier qui imprègne son regard et lui inspire durablement de virulentes monochromies vertes dont la libre spontanéité, à l'instar de chez son ami Jean Messagier, n'est qu'apparente : celles-ci sont toutes situées (Paysage de Parlan, Le Chemin de ma mère, Selves, Paysage de la Châtaigneraie, Le Bois Lisette) pour signifier que c'est un regard attentif porté sur la nature qui les inspire. « Je ne peins pas le paysage, mais je suis tributaire de son empreinte » dit Jean Labellie[7]. Dans ce même temps, l'artiste visite le Maroc, l'Espagne et Israël, voyages dont les notes et études seront inspiratrices de séries de gouaches et de cartons de tapisseries[3].
En 1970, Jean Labellie s'installe à Eus dans une ancienne étable où il fait du grenier son atelier, au pied du pic du Canigou, attiré là par la lumière[Note 5] et par le paysage[8]. En même temps qu'il abandonne le châtaignier auvergnat pour l'olivier catalan, son regard change, sa palette se colore, son abstraction jusqu'alors lyrique se géométrise[9], le geste fougueux cède la place à une écriture, à une élaboration point, trait et cercle tout aussi personnelle (L'Olivier du matin, La Tramontane de l'olivier, L'Olivier de Marie). La relation formelle qu'il perçoit entre la feuille de l'olivier et le cercle conduit Jean Labellie à un nouveau langage, une nouvelle expression qu'il investit là encore tant dans la peinture que dans la tapisserie.
À partir de 1990, la peinture de Jean Labellie se minimalise : le cercle y est nettement cerné de noir, les couleurs y sont rares. L'époque est associée à son passage de l'inspiration végétale (le châtaignier et l'olivier) à l'inspiration minérale (la pierre des ruelles d'Eus, pentues et cheminant vers le ciel, ou encore les galets des rivières[Note 6]) et le cercle devient à lui seul sujet du tableau, sans aucune référence à la nature. « Chaque été, je monte à son atelier et il me montre des choses de plus en plus simples, claires, dorées et blanches, stratosphériques » peut ainsi témoigner l'écrivain Bernard Blanc, voisin et ami de l'artiste à Eus[10]. Relevant alors que notre artiste prend également pour supports de grandes bâches flottantes et non plus uniquement des toiles tendues sur châssis, Bernard Blanc d'évoquer : « C'était superbe, jovial, puissant, cela ne représentait plus rien mais c'était la voix du ciel… Rechercher sur les toiles une construction, une couleur, une luminosité spécifique à chacune d'elles, c'était l'aboutissement de l'abstraction pure… Un retour à la source, au primitif, au primordial, à un monde apaisé, à l'alphabet de Dieu »[7].
Maurice Halimi écrit : « Jean Labellie a rejoint le sacré, l'omphalos initial, le nombril du monde, le zéro de la création »[11]. Dans cette économie de moyens et cette palette limitée, on pense à Joan Miró que du reste, à l'instar d'Henri Matisse, l'artiste dit « admirer fabuleusement ». Comme ses deux grands aînés, Jean Labellie, dans sa magnifique jeunesse de caractère et d'esprit (Marie Costa ne parle pas de ses « années » mais de ses « printemps[12] »), affirme au soir de sa vie s'être efforcé, en une vie faite d'efforts et de recherches pour enrichir le regard, d'inventer un autre monde qui n'appartient qu'à lui[7]. Il meurt à Eus le 29 novembre 2021[9].
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