Cette voie part du quartier des principaux sièges de banques, longe des grands magasins auxquels on associe souvent son nom aujourd'hui, puis traverse des quartiers comportant surtout des bureaux, mais toujours cossus.
Comme son prédécesseur Rambuteau, Haussmann voit son activité récompensée dès son vivant par l'attribution de son nom à l'une des principales voies dont il a ordonné le percement. Le boulevard n'est pourtant achevé que bien après sa mort. C'est seulement en 1926 que le boulevard Haussmann, après une vingtaine d'années de travaux, rejoint finalement le boulevard des Italiens, faisant disparaître le passage de l'Opéra où deux ans auparavant flânait un personnage du Paysan de Paris d'Aragon.
No31: immeuble où demeurèrent Gustave Caillebotte et Martial Caillebotte après la mort de leur mère en 1878, jusqu'en 1887 (après le mariage de Martial). Plusieurs tableaux de Gustave Caillebotte reprennent la vue du balcon de l'appartement; par exemple L'Homme au balcon (1880); Homme au balcon, boulevard Haussmann (1880)[5]; Un balcon à Paris (1881)[6] et l'intérieur, comme La Partie de bésigue (1881). C'est aujourd'hui le siège de la Société générale (entrée d'honneur au 29).
No45: pour le centenaire de l'installation de la banque Worms à cette adresse, en 1978, Georges Albertini publie la monographie Cent ans boulevard Haussmann[8]. En 1951, l'immeuble est victime d'un attentat[9].
No81: hôtel particulier d'Edgar Mareuse (1848-1926), historien, président de la Société historique du VIIIe arrondissement et propriétaire d'une belle bibliothèque de livres sur Paris[12] (en 1910)[13].
No86: siège du Centre d'archives et de documentation politique et sociale de Georges Albertini à partir de 1951.
Nos93-98-98 bis: anciens locaux de la maison de mode Babani.
No102: Marcel Proust (1871-1922) a emménagé dans cet immeuble après la mort de ses parents, le , dans un grand appartement de six pièces au deuxième étage entre rue et cour où il voyait «le triomphe du mauvais goût bourgeois[15]». Il y vécut jusqu'en 1919 et y écrivit À la recherche du temps perdu. L'immeuble appartenait à son grand-oncle, Louis Weil. À la mort de son oncle le , Mme Proust en avait hérité pour moitié, l'autre moitié revenant à son frère, l'avoué Denis-Georges Weil. Après la mort des deux cohéritiers, l'immeuble appartint pour une moitié à Marcel et Robert Proust et pour l'autre moitié à la veuve de Denis-Georges Weil, née Amélie Oulman et leur fille Adèle. L'appartement loué par Marcel Proust appartenait à Amélie Oulman. Le , l'immeuble fut vendu aux enchères. Amélie Oulman le racheta entièrement et proposa à Marcel Proust d'acheter l'appartement qu'il occupait, mais ce dernier déclina l'offre et préféra conclure un bail de quinze mois le . Il trouvait à l'appartement de nombreux désagréments: le pollen des marronniers devant sa fenêtre qui lui donnait des crises d'asthme, la proximité des grands magasins et de la gare Saint-Lazare, le bruit du boulevard[16]. Pour se prémunir contre le bruit, en septembre 1910, il fit clouer sur les murs de sa chambre d'épaisses plaques d'écorce de liège brut, sur les conseils d'Anna de Noailles. L'architecte Louis Parent dirigea l'aménagement. Proust installa dans sa chambre les meubles de la chambre de sa mère plutôt que les siens[17]. En janvier 1919, Amélie Weil revendit l'immeuble, sans prévenir son neveu, à la Société Nancéienne Varin-Bernier qui congédia tous les locataires pour aménager des bureaux et une agence bancaire. La banque a fait reconstituer et ouvert au public en 1996 la chambre de Marcel Proust[18], privée de son mobilier qui se trouve au musée Carnavalet[19]. Présence d'une plaque commémorative.
cet immeuble qui fait l'angle avec l'avenue de Messine abritait au rez-de-chaussée le magasin du tailleur Sutton, spécialisé dans les livrées pour gens de maison, et à qui, selon la duchesse de Clermont-Tonnerre, «tant de gens du Faubourg Saint-Germain devaient plus de cent mille francs[21]»;
No162: immeuble où a habité et où est mort André Becq de Fouquières (1874-1959), homme de lettres, président des Parisiens de Paris, fondateur du Comité de la courtoisie française et du Comité de prestige et de propagande nationale (plaque commémorative).
No169: Marie-Gabrielle Krauss (1842-1906), chanteuse de l'Opéra, est morte dans cet immeuble.
No170 bis: une plaque commémorative rend hommage au neurologue Joseph Babinski et à son frère, le gastronome Henri Babinski, qui y vécurent à partir de 1896.
No173: en 1910, le marquis de Rochegude signale à cette adresse: «Hôtel du XVIIIesiècle (s'ouvre 186, rue du Faubourg-Saint-Honoré). Cet hôtel ancien constitue un intéressant anachronisme sur le boulevard moderne (propriété de M. Lorin.)[25].»
«J'ai mis tout le premier album dans l'tos-ma, vue large comme sur le boulevard d'Haussmann» est la première rime du morceau aaa écrit par Nekfeu (ft. Alpha Wann).
«Bien sûr on me klaxonne, sur Haussmann à l'envers» est la première phrase du morceau Haussmannà l'envers écrit par Clio.
Bernard Génies et Jean-Gabriel Fredet, «Le casse de Hitler. À la recherche des chefs-d'œuvre volés aux Juifs», Le Nouvel Observateur, no2575, semaine du 13 mars 2014, p.64-77.
Christine Salles, Paulilles. La conception d'un territoire-outil. 1870-1911, mémoire de master II, Castaner-Munoz Esteban (dir.), Université de Perpignan Via Domitia, Perpignan, 2009.
Cité par Henri Raczymow, Le Paris retrouvé de Marcel Proust, Paris, Parigramme, 2005, p.70. Il écrit à Mme Catusse, vieille amie de sa mère: «Ce n'est même pas démodé dans le sens charmant du mot» (ibidem).
Il écrit à Mme Catusse: «Je n'ai pas pu me décider à aller habiter, sans transition, dans une maison que Maman n'aurait pas connue et j'ai sous-loué pour cette année l'ancien appartement de mon oncle, dans la maison du 102, boulevard Haussmann, où j'allais quelquefois dîner avec Maman, où j'ai vu mourir mon oncle dans la chambre qui sera la mienne, mais dont, sans ces souvenirs, les décorations dorées sur une muraille couleur chair, la poussière du quartier, le bruit incessant et jusqu'aux arbres appuyés contre la fenêtre répondent évidemment fort peu à l'appartement que je cherchais!» (Raczymow, op. cit., p.71-73).
Un lit de cuivre, un bureau, une bibliothèque, deux fauteuils, un paravent, un tapis, une paire de candélabres, un portrait du docteur Adrien Proust par Louise Brouarel, un jade offert par Anna de Noailles, une canne offerte par le marquis d'Albufera, une table de chevet, un plumier, un encrier, une lampe, un miroir.
L'inauguration officielle du «salon de Marcel Proust» eut lieu le . Une convention de partenariat fut alors signée entre la banque SNVB et l'Association des amis de Marcel Proust, présidée par Maurice Schumann (Raczymow, op. cit., p.77).
Affiche de l'exposition, collection du musée d'art et d'histoire Louis-Senlecq à l'Isle-Adam, reproduite dans le catalogue collectif, Double je Jacques Henri Lartigue, peintre et photographe, 1915-1939, Somogy éditions d'art, musée d'art et d'histoire Louis Senlecq, 2010, 176p.(ISBN978-2-7572-0347-7), p.128.