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entomologiste, homme de sciences, humaniste, naturaliste et poète français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean-Henri[2] Casimir Fabre Écouter, né le [3] à Saint-Léons (Aveyron) et mort le à Sérignan-du-Comtat (Vaucluse), est un homme de sciences, un humaniste, un naturaliste, un entomologiste éminent, un écrivain passionné par la nature et un poète français de langue occitane (et à ce titre félibre) et française, lauréat de l'Académie française et d'un nombre élevé de prix.
Majoral du Félibrige | |
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Naissance | |
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Sépulture | |
Nom de naissance |
Jean-Henri Casimir Fabre |
Pseudonymes |
Homère des insectes, Lou Felibre di Tavan |
Nationalité | |
Formation |
École normale d'Avignon (d) |
Activités |
Enseignant du secondaire (à partir de ), professeur de lycée (- |
Rédacteur à | |
Enfant |
Paul-Henri Fabre (d) |
Parentèle |
Jan Fabre (arrière-petit-fils) |
Membre de | |
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Site web | |
Distinctions | Liste détaillée |
Abréviation en botanique |
Fabre |
Archives conservées par |
Il peut être considéré comme l'un des précurseurs de l'éthologie, science du comportement animal, et de l'écophysiologie[4].
Ses découvertes sont tenues en haute estime en Russie, aux États-Unis[5], en Corée du Sud et surtout au Japon où Jean-Henri Fabre est considéré comme le modèle accompli de l'homme de sciences et de l'homme de lettres réunis et, à ce titre, est au programme des enseignements de l'école primaire[6]. Il est aussi mondialement connu pour ses Souvenirs entomologiques, qui ont été traduits en quinze langues[7].
« Un grand savant qui pense en philosophe, voit en artiste, sent et s'exprime en poète », c'est ainsi que Jean Rostand[8] qualifie la polymathie de Jean-Henri Fabre[9].
Son père, Antoine Fabre, est originaire du Puech de la Font, au lieu-dit Malaval[10], au nord de Saint-Léons, sur la paroisse de Vaysse dans l'Aveyron. Marié à Victoire Salgues, fille de l'huissier de Saint-Léons, il s'y établit dans l'espoir de succéder à son beau-père[11]. Jean-Henri est élevé à la ferme du Malaval par ses grands-parents paternels, Pierre-Jean Fabre et Élizabeth Poujade. C'est dans ce Rouergue profond que le petit garçon découvre très tôt les réalités d'une nature contrastée et sauvage, qui va aiguiser son esprit d'observation et sa pugnacité[12].
« L'œil toujours en éveil sur la bête et sur la plante, ainsi s'exerçait tout seul, sans y prendre garde, le futur observateur, marmouset de six ans. Il allait à la fleur, il allait à l'insecte comme la Piéride va au chou et la Vanesse au chardon[13]. »
De retour au village de Saint-Léons à l'âge de sept ans, en compagnie de son frère Frédéric, de deux ans son cadet, le jeune garçon s'instruit dans de nombreux domaines avec les moyens mis à sa disposition. Son instituteur est son parrain, Pierre Ricard. Pendant trois ans, il lui apprend à lire et à écrire dans une grange transformée en classe, entouré d'animaux de basse-cour[10]. Son plus précieux outil scolaire est alors un abécédaire illustré par des animaux que son père Antoine lui a rapporté de la ville. Dans le chapitre IV de la 6e série des Souvenirs entomologiques, sous le titre Mon école, il le décrit de la sorte : « C'était une grande image de six liards, coloriée et subdivisée en compartiments où des animaux de toute sorte enseignaient la série des lettres par les initiales de leur nom […] ». Puis, progressant sur l'utilisation de son abécédaire et ses capacités de lecture : « Comme récompense de mes progrès, on me donne les fables de La Fontaine, livre de vingt sous, très riche en images, petites il est vrai, très incorrectes, délicieuses toutefois. Il y a là le corbeau, le renard, le loup, la pie, la grenouille, le lapin, l'âne, le chien, le chat, tous personnages de ma connaissance. »
Les difficultés professionnelles de son père, paysan devenu cafetier, interrompent sans cesse sa scolarité, obligeant Jean-Henri à être autodidacte dès l'âge de 10 ans. Dès 1833 et pendant les six années suivantes, l'exode rural pousse la famille à Rodez, Aurillac, Toulouse, Montpellier, Pierrelatte et enfin Avignon[14].
À dix ans, brillant élève au Collège royal de Rodez, il est clergeon dans la chapelle de l'établissement universitaire, ce qui lui vaut la gratuité de l'externat[10]. Quatre ans après, son père s’installe à Toulouse où Jean Henri peut suivre gratuitement les cours du séminaire de l’Esquille. Puis la famille déménage à nouveau[15]. À Montpellier, âgé de quatorze ans, il est tenté par la médecine mais doit y renoncer pour aider ses parents. Il abandonne ses études pour gagner sa vie et se retrouve à vendre des citrons à la foire de Beaucaire[16] puis se fait embaucher comme manœuvre pour la construction du chemin de fer Nîmes-Beaucaire.
Il y a pourtant appris assez de latin et de grec pour se passionner pour les auteurs de l'Antiquité. Il affectionne surtout Virgile, en qui il découvre un poète épris de nature. Décidé à se présenter à un examen pour obtenir une bourse, en 1840, ayant appris qu'un concours d'entrée recrutait des élèves instituteurs, il part à Avignon, sort premier de sa promotion et rentre à l'École normale d'instituteurs[17]. Reçu en qualité de pensionnaire boursier, il est, à dix-sept ans, enfin assuré du gîte et du couvert[17].
Les résultats de sa première année sont passables. Au milieu de la seconde, il est déclaré « élève insuffisant et médiocre »[15]. Piqué au vif, il demande et obtient de suivre son dernier semestre en 3e et obtient le « Brevet supérieur »[18] en 1842, avec une année d'avance sur le cycle habituel.
Âgé de dix-neuf ans, il devient instituteur à l’école primaire annexe du collège de Carpentras[14]. Il va y rester sept ans. En cette année 1842, ses émoluments ne dépassent pas 700 francs. Il reprend pourtant ses études latines en relisant Virgile et en traduisant Homère[15]. C'est aussi en 1842 qu'il publie son premier recueil de poèmes, Invocations, et qu'il escalade pour la première fois le mont Ventoux.
L’installation de l’aîné attire sa famille. Son père et sa mère rejoignent Pierrelatte pour tenir un nouveau café sur la Place d’Armes, tandis que son frère est nommé instituteur à Lapalud[19]. Le , il épouse Marie-Césarine Villard[20], institutrice originaire de Carpentras, qui lui donnera sept enfants, dont trois n'atteindront pas l'âge adulte[21].
Étouffé par l'enseignement de l'époque, qu'il qualifie de « prison », il met à profit la clémence du climat de la région pour encourager l'enseignement en plein air. Poussé par son envie d'apprendre, il consacre son temps libre à la préparation de nouveaux diplômes, tout en menant diverses recherches, notamment en entomologie. Il obtient en 1844, à Montpellier, le baccalauréat ès-lettres, en 1846 le baccalauréat en mathématiques, en 1847 la licence de sciences mathématiques et enfin en 1848 la licence de sciences physiques.
C’est cette même année que son jeune fils est atteint de fièvre, son état empirant et devant l’impuissance avouée des médecins traitants, il tente de le sauver avec les méthodes prescrites par François-Vincent Raspail. L’enfant meurt et il annonce son deuil à son frère le . Pour faire face et ne pouvant plus se contenter de son maigre salaire, il postule à un poste de professeur de mathématiques au lycée de Tournon, qui lui échappe tout comme celui d’Avignon[19].
Durant toute cette période, Fabre avait fait sien le précepte de Platon : « Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre[22]. » Entre vingt et trente ans, il se perfectionne en mathématiques, en particulier l'ellipse, l'hyperbole, les tangentes, la mécanique analytique, et le calcul infinitésimal. Pour Fabre, le nombre est empreint de poésie, et il va jusqu'à lui consacrer une ode, Arithmos.
Séduit par la richesse botanique et entomologique de la Provence, il s'adonne à nouveau à sa passion des insectes et commence une carrière d'« historien des bêtes ». Mais c'est la lecture des travaux de Léon Dufour qui va le pousser vers sa nouvelle carrière[23].
Nommé professeur de physique au collège impérial d’Ajaccio[14], le , il s'installe dans l'île avec son épouse. Fabre, qui enseigne à présent la physique et la chimie dans les classes secondaires, bénéficie d'une nette amélioration de ses conditions de travail puisque ses appointements se montent à 1 800 francs. La Corse ouvre au jeune professeur un champ de recherches et d’observations qui va compléter ce qu’il a déjà entrepris sur les pentes du Ventoux[19].
La découverte de la nature corse et de la civilisation méditerranéenne lui offre un important champ d'investigation. Jean-Henri et Marie-Césarine multiplient les excursions, découvrent la richesse de la faune des mollusques, et récoltent de nombreuses espèces de coquillages marins, terrestres ou d'eau douce. Fabre réunit les éléments pour une Conchyliologie de la Corse. Ce travail d’inventaire et de description des mollusques et coquillages, réunissant les connaissances de Linné, Lamarck et bien d'autres savants, est enrichi d'une foule de notes et d'observations personnelles. Il ne sera cependant jamais publié, la brièveté de son séjour ne lui permettant pas de l'achever.
Avec Esprit Requien[14], qui habite Bonifacio, il amasse les plantes rares et, profitant des vacances scolaires pour herboriser, constitue un herbier imposant. Il décrit cela dans Mon école[10] : « En mes heures de liberté, je l'accompagnais dans ses courses botaniques, et jamais le maître n'eut disciple plus attentif. » Leur projet commun de réaliser une flore de la Corse sera anéanti par la mort subite et prématurée du naturaliste avignonnais, emporté par une congestion cérébrale en .
La Corse, c'est aussi pour Fabre la rencontre avec le zoologiste montpelliérain Moquin-Tandon venu y étudier la riche faune d'araignées, insectes, crustacés et reptiles. Grâce à Requien, Fabre avait déjà échangé quelques lettres botaniques avec Moquin-Tandon, et un jour où celui-ci ne trouvait aucune chambre dans les hôtels, Fabre lui offre le gîte et le couvert[10]. Membre de plusieurs Académies, Moquin-Tandon, qui était de plus très cultivé en littérature et poète, a une influence déterminante dans le choix de la carrière naturaliste de Fabre[24]. Il lui donna, dit-il, « la seule et mémorable leçon d'histoire naturelle que j'aie jamais reçue dans ma vie » en disséquant un escargot avec seulement deux aiguilles à coudre, avant de prononcer la fameuse phrase qui eut raison de ses hésitations : « Laissez là vos mathématiques […]. Venez à la bête, à la plante ; et si vous avez, comme il me semble, quelque ardeur dans les veines, vous trouverez qui vous écoutera »[25].
Malgré les conditions idéales que lui offrait la Corse, plusieurs raisons incitent Fabre à demander son retour sur le continent : des accès de paludisme qu'il avait contracté en herborisant exigeaient un climat plus sain ; les traitements des professeurs du collège avaient été réduits de moitié et la chaire de physique risquait d'être supprimée ; il voulait préparer un doctorat ou l'agrégation. Diminué fortement, il demande et obtient son retour sur le continent pour se soigner. Ainsi, il se rapproche de ses parents et de son frère Frédéric[26], durablement installés dans la banlieue d'Avignon, à la ferme de Roberty.
Dans un courrier adressé à son cadet le , il narre les péripéties de son éprouvante traversée. Au lieu des 18 heures normales du trajet, son bateau pris dans la tempête met trois jours et deux nuits pour rejoindre Marseille dans des conditions épouvantables[19].
Ayant choisi de s'orienter vers la recherche en éthologie, la science des mœurs des insectes, Fabre rentre définitivement de Corse en . Il loge 4 rue Saint-Thomas-d'Aquin, puis 22 rue de la Masse[27]. Il est nommé « professeur répétiteur de physique et chimie » au lycée impérial d'Avignon[14] où il enseigne pendant dix-huit ans[28].
L'année suivante, en , il est reçu à la licence ès-sciences naturelles[24] avec les félicitations du jury ; réussite déterminante qui lui ouvre la voie du doctorat ou de l'agrégation. Renonçant à contrecœur à l'agrégation, qui l'aurait empêché de s'engager dans une recherche personnelle, Fabre prépare un doctorat. Son sujet de thèse principal s'intitule Recherche sur l'anatomie des organes reproducteurs et sur le développement des myriapodes, et son sujet secondaire, portant sur la botanique, Recherche sur les tubercules de l'Himantoglossum hircinum. Au cours de l’hiver de la même année, il prend connaissance des travaux de l’entomologiste Léon Dufour, qui venait d’étudier dans les Landes une grosse guêpe, le Cerceris. C’est un déclic. Fabre connaît cet insecte qui a colonisé les pentes du Ventoux. Il se remet à l’étudier, et publie le résultat de ses recherches en 1855 dans les Annales de sciences naturelles sous le titre Observations sur les mœurs des Cerceris et sur la cause de la longue conservation des Coléoptères dont ils approvisionnent leurs larves[29]. La même année, les Fabre emménagent au 14 rue des Teinturiers[30].
Toujours en 1855, il soutient sa thèse à Paris devant un jury composé de deux professeurs au Muséum national d'histoire naturelle, Henri Milne Edwards et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, et du botaniste Jean-Baptiste Payer[26]. Sur place, il rend visite à son ami Moquin-Tandon, qu’il avait hébergé à Ajaccio. Mais les retrouvailles entre le petit professeur de province et celui qui est devenu maître de la chaire d’histoire naturelle de la Faculté de médecine de Paris manquent de cordialité[29].
Enfin, son Étude sur l'instinct et les métamorphoses des sphégiens obtient la mention « honorable » au concours pour le prix Montyon[26] de physiologie, décerné par l'Académie des sciences. À partir de 1856, Fabre multiplie les observations et rompt son isolement en échangeant fructueusement ses notes et échantillons avec Léon Dufour[26]. Il réfute son hypothèse d'une « liqueur conservatrice » à l'origine de la paralysie des proies vivantes des cerceris en démontrant la destruction sélective des centres nerveux non vitaux des buprestes, par les savants coups de stylet des hyménoptères.
En 1857, il décrit les comportements les plus intimes des hyménoptères, scolies et coléoptères avec une rigueur méthodologique et dans une langue de qualité. Il étudie la reproduction de la truffe, sujet sensible pour la prospérité économique du département et, dans une note présentée le à la « Société d'agriculture et d'horticulture de Vaucluse », réfute la théorie de la galle du chêne.
S'étant lié d'amitié avec le botaniste avignonnais Théodore Delacour, qui dirigeait à Paris les Établissements Vilmorin, celui-ci lui présente Bernard Verlot, chef des cultures au Muséum national d'histoire naturelle à Paris[26]. Ensemble, ils explorent la flore du Mont Ventoux[31] et instruisent Fabre des dernières techniques en horticulture.
Pensant tirer profit de ses connaissances en chimie, Fabre effectue des recherches sur la garancine, poudre de racine de garance qui permettait de teindre les tissus en rouge, fournissant notamment les fameux pantalons rouges de l'infanterie française[32]. De 1859 à 1861, il dépose quatre brevets d'invention touchant à des études sur la Garance surtout à l'obtention de l'alizarine pure, qu'il a réussi à extraire par une méthode d’une simplicité étonnante. Mais la découverte de l'alizarine artificielle, réalisée par Carl Graebe et Carl Liebermann en 1868, sonne le glas de l'industrie tinctoriale de la garance et des ressources agricoles qu'elle représentait dans le Vaucluse, ruinant du même coup les dix années d’efforts que Fabre avait consacrées à ces procédés.
En 1862, il publie son premier livre scolaire sous le titre de « Chimie Agricole »[33].
En 1865, sur la recommandation du chimiste Jean-Baptiste Dumas, Louis Pasteur vient en personne le consulter pour tenter de sauver l'industrie séricicole française[34]. Les vers à soie étaient décimés par une désastreuse épidémie de pébrine, caractérisée par l'éruption de points noirs, évoquant des grains de poivre. Fabre lui explique la biologie du bombyx du mûrier et les moyens de sélectionner les œufs indemnes. Il le reçoit à son domicile, 14 rue des Teinturiers, et son hôte est étonné, qu’au milieu de leur entretien, le savant lui demande de voir sa cave[35]. Fabre ne peut que lui montrer une dame-jeanne posée sur un tabouret de paille dans un coin de sa cuisine. Mais la leçon porte ses fruits et Pasteur réussit à enrayer la redoutable épidémie.
En 1866, la municipalité nomme Fabre au poste de conservateur du musée d'Histoire naturelle d'Avignon (rebaptisé Muséum Requien depuis 1851), alors abrité dans l'église Saint-Martial désaffectée[36]. C'est là que Fabre travaille aux colorants et donne des cours publics de chimie. C'est là également qu'il reçoit en 1867 la visite surprise de Victor Duruy (1811-1894). Ce fils d'ouvrier devenu normalien et inspecteur de l'enseignement avait pris en amitié le naturaliste avec qui il partageait le rêve d'une instruction accessible aux plus démunis. Devenu Ministre de l'Instruction publique, Duruy convoque Fabre à Paris deux ans plus tard pour lui remettre la Légion d'honneur et le présenter à l'empereur Napoléon III[24].
Duruy le charge de donner des cours du soir pour adultes qui, ouverts à tous les publics, vont connaître un franc succès. Ses leçons de botanique attirent un public attentif composé de jeunes villageoises qui lui apportent tant de fleurs que « son bureau disparaissait sous les richesses des serres voisines », d'agriculteurs curieux de science, mais aussi de personnalités fort cultivées, telles que l'éditeur Joseph Roumanille et le philosophe anglais John Stuart Mill (1806-1873), directeur de la Compagnie des Indes, qui devient l'un de ses plus fidèles amis.
Mais la loi Duruy () pour la démocratisation de l'enseignement laïque, notamment l'accès des jeunes filles à l'instruction secondaire, déclenche une cabale des cléricaux et des conservateurs, obligeant le ministre à démissionner. Accusés par certains moralisateurs d'avoir osé expliquer la fécondation des fleurs devant des jeunes filles jugées innocentes, les cours du soir sont supprimés après deux années d'existence[26] et Fabre est dénoncé comme subversif et dangereux. Incapable de gérer une telle atteinte à son honneur, il démissionne de son poste au lycée fin 1870[26]. Malgré ses vingt-huit ans de service, il quitte l’enseignement sans obtenir de pension.
De plus, ses bailleuses, deux vieilles demoiselles bigotes, convaincues de son immoralité, le mettent en demeure de quitter la rue des Teinturiers. À leur demande, il reçoit la visite d'un huissier pour être expulsé dans le mois avec sa femme et ses enfants. C'est grâce à l'aide de Stuart Mill, qui lui avance la somme de trois mille francs, que Fabre et sa famille vont pouvoir s'installer, en novembre, à Orange. Bien que riche sur le plan scientifique, cette période n'a pas été favorable à Fabre d'un point de vue financier puisqu'il n'a bénéficié d'aucun avancement ni augmentation de salaire en dix-huit ans[37].
Si la lecture était le réconfort de sa misère[38], c’est sa plume qui va lui permettre d'en sortir. Le succès remporté par deux de ses livres destinés à la jeunesse, Le Ciel, et Histoire de la bûche ; récits sur la vie des plantes, édités par la librairie Garnier en 1867 et largement diffusés par Hachette, l’encourage à poursuivre son œuvre de pédagogue en composant des livres scolaires. Grâce à la confiance et à l'amitié de l'éditeur Charles Delagrave, Fabre participe activement à la naissance de l'école républicaine et aux prémices d'une pédagogie universelle.
Désormais libéré des charges et des contraintes de l’enseignement, Fabre se retrouve, à 47 ans, sans situation, sans ressources et sans toit, alors que la guerre de 1870 bat son plein. Tandis que Marie-Césarine et les enfants séjournent chez ses parents à Carpentras, Fabre loge provisoirement chez un ami, le docteur Ripert, au Castel des Arènes à Orange. Puis il trouve un logement au centre-ville, place des Cordeliers, qui lui permet de réunir la famille, mais trop bruyant et trop loin de la nature pour y poursuivre des études entomologiques.
En 1872, les Fabre s'installent en location pour huit ans dans la maison dite la Vinarde, située à la sortie de la ville. La garrigue aux portes du logis lui permet de recréer, avec l'aide de son fils Jules (né en 1861), un petit jardin botanique et de reprendre ses observations du Chalicodome, d'étudier le Pompile apical, les Halictes, les Chrysomèles, de récolter les champignons et d'en peindre les premières aquarelles.
Mais surtout, Fabre entreprend de très importants travaux de vulgarisation qui le préparent à sa mission d'écrivain scientifique. En plus du premier volume des Souvenirs et une étude sur les Halictes, il rédige pendant les neuf ans de son séjour à Orange plus de quatre-vingt ouvrages destinés à l'enseignement, dont des manuels scolaires et livres de lecture pour enfants qui, publiés par Charles Delagrave, vont connaître un grand succès : Arithmétique, Algèbre et Trigonométrie, Botanique et Zoologie, Géographie, Géologie, Physique, Chimie organique, Astronomie élémentaire, Cours de cosmographie, Le ménage ou causerie sur l'économie domestique, L'industrie…
Plusieurs générations d'élèves ont étudié leurs matières scolaires avec ces textes à la fois scientifiques et littéraires. Fabre, qui se voulait pédagogue, explique dans les Souvenirs qu'il écrit certes pour les savants et pour les philosophes, mais surtout pour les jeunes, car il désire leur faire aimer l'histoire naturelle[39].
Le , il est invité à la villa « Mon Loisir » par Stuart Mill pour déjeuner. Arrivé à Avignon, il s’arrête d’abord chez le libraire Clément Saint-Just à l’angle de la rue des Marchands et de la place du Change, et apprend qu'il vient de décéder[40]. Le lendemain, son ami et protecteur, mort des suites d'une pneumonie, rejoint sa femme qui l'attendait au Cimetière Saint-Véran à Avignon. Fabre lui-même est frappé par une pneumonie mais finit par guérir.
Le , à midi, son fils Jules, gravement malade, décède à l'âge de 16 ans. Fabre est très affecté par cette disparition. Non seulement son fils l'assistait dans ses travaux entomologiques mais il voyait en lui son successeur et il lui dédicaça sa deuxième série des Souvenirs entomologiques[41].
Loin d'être perdues, ces dix années à Orange lui permettent de préparer les neuf volumes suivants de son œuvre capitale, les Souvenirs entomologiques. Un incident va précipiter son départ. Son propriétaire ayant fait élaguer l’allée de platanes qui conduit à sa maison, sans l’avoir prévenu, il l’accuse d’acte de barbarie et décide de quitter Orange et la Vinarde[42].
En , grâce à l'argent que lui rapporte la vente de ses livres[43], Fabre achète[44] une superbe propriété à huit kilomètres d'Orange sur une terre non cultivée, qu'il nomme l'Harmas[45], à la sortie du village de Sérignan-du-Comtat[26]. Il va pouvoir enfin, dans cette nouvelle demeure, se consacrer à son rêve de toujours, l'observation des insectes et faire de l’Harmas de Sérignan[46] le premier laboratoire vivant de la nature et de l’entomologie.
Son installation marque à la fois la dislocation de sa famille, certains de ses enfants sont mariés, d’autres vont le quitter, mais aussi sa recomposition puisqu'il accueille son père. Le vieux cafetier de Pierrelatte devient même une figure familière du village où il va s’éteindre à l’âge de 96 ans[42].
En revanche, Fabre se retrouve veuf. Son épouse décède le , âgée de 62 ans. Pour aider aux tâches ménagères, il décide de prendre à son service une jeune domestique, fille de la dame Daudel, l’épicière du village[42]. Par la suite, le , il épouse en secondes noces la jeune Marie-Josèphe Daudel[47], de quarante et un ans sa cadette[48], qui lui donne trois enfants[26]. Le couple voit naître successivement Paul, le , Pauline, le , et Anna, le [49].
L'entomologiste se heurte à un nouveau problème, la chute de la vente de ses ouvrages à partir de 1884. L'instruction obligatoire — depuis les lois de Jules Ferry — dans le cadre de la laïcité, fait contester par « bon nombre d'inspecteurs primaires ses livres considérés de support de l'autorité de l'Église pour les trop fréquentes allusions spirituelles qui s'y trouvent ». Le , dans une lettre à son éditeur, il avoue son anxiété et confie que le désespoir commence à le gagner[50]. Il est plus ou moins sauvé de la misère par la reconnaissance de ses pairs. Membre correspondant de l'Institut depuis 1887, il reçoit deux ans plus tard le prix Le Petit Dormoy, doté de 10 000 francs[51]. C'est un encouragement qui conforte et stimule Fabre.
L'Harmas devient rapidement son lieu privilégié d'observation des mœurs des insectes[52]. Pour ce faire, Fabre est amené à concevoir des appareils aussi curieux que rudimentaires mais dont l'utilité est prouvée par les résultats de ses observations. Ce qui lui permet d'écrire la deuxième série des Souvenirs entomologiques. Huit autres séries vont suivre, à un rythme irrégulier jusqu'en 1907.
Pour ce faire, il s'adjoint deux jardiniers auxquels il va rendre hommage dans son œuvre. Le premier est Favier, un ancien militaire. Dans son tome II, Fabre cite une anecdote mettant en exergue ses répliques assassines, son esprit vif et son bon sens :
« Je venais de récolter une poignée de crottes de lapin où la loupe m'avait révélé une végétation cryptogamique digne d'examen ultérieur. Survient un indiscret qui m'a vu recueillir dans un cornet de papier la précieuse trouvaille. Il soupçonne une affaire d'argent, un commerce insensé.
Tout, pour l'homme de la campagne, doit se traduire par le gros sou. À ses yeux, je me fais de grosses rentes avec ses crottes de lapin.
« Que fait ton maître de ces pétourles (c'est le mot de l'endroit) ? » demande-t-il insidieusement à Favier. « Il les distille pour en retirer de l'essence » répond mon homme avec un aplomb superbe.
Abasourdi par la révélation, le questionneur tourne le dos et s'en va[53]. »
À la mort de Favier, l'entomologiste engage Marius Guigues, un rempailleur de chaises aveugle depuis l'âge de 20 ans. En dépit de son handicap, celui-ci va se révéler particulièrement doué pour réaliser sur les indications de son employeur tout l'appareillage (cages, pièges, boîtes d'étude) pour les expériences et les observations menées par celui-ci[53].
Ses travaux et les conditions précaires qui conditionnent ses recherches sont maintenant connus au plus haut niveau. En 1907, le préfet de Vaucluse, Belleudy, déclare publiquement être affligé de voir « un aussi grand esprit, un tel savant, un pareil maître de la littérature française » aussi peu aidé. Il intervient auprès du ministre Gaston Doumergue[54] qui accorde à Fabre une allocation de 1 000 francs « sur le crédit des encouragements aux gens de lettres »[55]. Peu satisfait, le préfet revient à la charge lors de la session du Conseil Général de Vaucluse, en . L'assemblée décide de lui verser une rente annuelle de 500 francs « en hommage public rendu à sa haute science et à son excessive modestie ». De plus est mis à sa disposition l'appareillage du laboratoire départemental de chimie agricole qui était inemployé et qui devait être vendu[56].
C'est en 1907 que des liens se créent puis qu'une amitié s'installe entre Fabre et son disciple le docteur Legros, député de Loir-et-Cher. Celui-ci décide de le faire connaître du monde entier et rédige en 1910 une première biographie illustrée de 112 pages, Jean-Henri Fabre, naturaliste, puis une seconde en 1912, richement documentée par la correspondance de Fabre : La vie de J.-H. Fabre, naturaliste, ouvrage qui va être traduit dans de nombreuses langues, la version anglaise paraissant dès 1913.
Le docteur est aussi à l'origine de l'idée de célébrer son jubilé. Pour ce faire, il réussit à réunir autour de lui des personnalités comme Henri Poincaré, Edmond Rostand, Romain Rolland et Maurice Maeterlinck, tous admirateurs de Fabre. Le jour de la cérémonie, le , Edmond Perrier, de l'Institut, lui remet une plaquette d'or sur laquelle avait été gravé au recto le portrait du maître et au verso une composition représentant son œuvre, son village de Sérignan et le Ventoux. Edmond Rostand, qui n'a pu être sur place, envoie un message :
« Empêché de venir au milieu de vous, je suis du meilleur de mon cœur avec ceux qui fêtent aujourd'hui un homme admirable, une des plus pures gloires de France, le grand savant dont j'admire l'œuvre, le poète savoureux et profond, le Virgile des insectes, qui nous a fait agenouiller dans l'herbe, le solitaire dont la vie est le plus merveilleux des exemples de sagesse, la noble figure qui, coiffée de son feutre noir, fait de Sérignan, le pendant de Maillane[57]. »
C'est justement au cours de l'année 1913 que, se rendant à Maillane pour saluer Frédéric Mistral, le président de la République Raymond Poincaré apporte l'hommage de la nation à Fabre[24]. Devant une foule immense, il s'adresse à lui en ces termes :
« Ce n'est pas seulement par la patience de vos recherches et la consciencieuse exactitude de vos observations que vous avez donné à l'entomologie et à la science en général une gloire nouvelle. Vous avez mis dans les êtres les plus humbles une attention si passionnée, une pénétration si ardente, un enthousiasme si bienveillant et si compréhensible, que dans les plus petites choses, vous avez fait voir de très grandes et qu'à chaque pas de votre œuvre nous éprouvons la sensation de nous pencher sur l'infini[58]. »
La déclaration de la guerre en 1914, bouleverse à nouveau sa vie. Devenu une nouvelle fois veuf[59], il est à la charge de sa seule fille Aglaé qui s'adjoint pour le soigner la sœur Adrienne, une religieuse de la congrégation de Viviers. Son fils Paul est sur le front, et un an plus tard, Jean-Henri Fabre apprend avec joie qu'il est sain et sauf après la victoire de la Marne.
Contraint depuis des mois de garder le lit à cause de ses crises d'urémie, Jean-Henri Fabre entre en agonie le 7 octobre et s'éteint le , à six heures du soir, âgé de 91 ans. Il est enterré dans la tombe familiale du vieux cimetière de Sérignan. Fabre y avait fait graver deux phrases en latin : « Quos periisse putamus praemissi sunt » (ceux que nous croyons perdus ont été envoyés en avant) de Sénèque et « Minime finis sed limen vitae excelsioris » (la mort n'est pas une fin mais le seuil d'une vie plus haute), de lui-même[60].
Épris de poésie depuis l'enfance, à l'âge de dix-sept ans, Fabre n'hésita pas à sacrifier ses trois francs durement gagnés pour l'achat des Poésies de Jean Reboul[61]. L'année suivante, il publie un premier poème dans L'indicateur d'Avignon du , suivi du commentaire : « Ces vers, qui annoncent d'heureuses dispositions pour la poésie, sont d'un jeune homme de dix-sept à dix-huit ans, élève de l'École normale d'Avignon. » Il a vingt et un ans quand L'Écho du Ventoux du publie son poème Les Fleurs, puis Ce que donne l'or, bientôt suivi d'une série de poèmes sur la nature, dont Les Mondes paru dans le Mercure Aptésien le , remarqué par Camille Flammarion[62].
En 1854, le Docteur Barjavel de Carpentras, « érudit bibliophile », cherche à faire publier le poème Arytmos de Fabre, mais n'y parvient pas. Il en avait pourtant déjà rédigé un commentaire, qui devait figurer en tête du poème, dans lequel il loue les qualités littéraires du naturaliste : « M. Jean-Henri Fabre, auteur de l'ode remarquable qu'on va lire, n'en est pas, comme poète, à son coup d'essai. Déjà, il y a plusieurs années, son talent littéraire, que corroborent aujourd'hui ses nombreuses acquisitions scientifiques, s'était dévoilé par diverses productions qui étincellent comme des diamants de la plus belle eau »[63].
Dès 1868, Fabre se lie avec Joseph Roumanille, fervent admirateur de ses cours du soir, lequel lui présente ensuite son élève Frédéric Mistral. Ce dernier l'invite à rejoindre le Félibrige et à publier ses poèmes sous le nom de « Felibre di Tavan » (le Félibre des Hannetons)[26]. En 1909, Roumanille édite un recueil de 21 poésies de Fabre en provençal, avec traduction française en regard : Oubreto Prouvençalo dóu Felibre di Tavan et dont le titre complet était : Oubreto Prouvençalo dóu Felibre di Tavan, rambaiado pèr J.H. Fabre[64], (Œuvrettes Provençales du Félibre des Hannetons recueillies par J.-H. Fabre), Avignon, Roumanille, 1909. Il est élu Majoral du Félibrige (Cigalo de Carcassouno, o de l'Amourié) en 1909.
Un recueil de soixante-six poésies, écrites à ses brèves heures de loisir entre 1842 et 1908, dont une série de vingt-six avec pièces musicales composées par Fabre lui-même sur le petit harmonium de l'Harmas, a été publiée pour le centenaire du félibrige chez Delagrave en 1925, puis rééditée en 1980] chez Marcel Petit, Raphèle-lès-Arles : Poésies françaises et provençales de Jean-Henri Fabre, recueillies en édition définitive du Centenaire par Pierre Julian[65].
Pour Revel, qui consacre une biographie à celui qu'il appelle, selon le mot de Victor Hugo, l’« Homère des insectes », « toute l'œuvre de Fabre », et non plus seulement ses poèmes, « est imprégnée de cette humanité virgilienne qui fait frémir les Géorgiques et l’Énéide »[66].
Jean-Henri Fabre entretient une correspondance avec Stuart Mill, Joseph Roumanille et Frédéric Mistral, mais surtout avec Charles Darwin, dont il n'admet pas la théorie de l'évolution. En effet, ce concept va à l'encontre des idées véhiculées par la religion encore très présente à cette époque. Fabre lui-même sera influencé par la religion dans ses analyses et ses écrits.
En 1859, soit vingt ans avant la parution des Souvenirs, Darwin, qui avait déjà pressenti son génie, le cite dans l’Origine des espèces et le sacre « inimitable observer » (observateur incomparable)[67].
Le chapitre VII de la série II des Souvenirs, intitulé Nouvelles recherches sur les chalicodomes, témoign de l'estime que Fabre avait pour Darwin[68] :
« Ce chapitre et le suivant devaient être dédiés, sous forme de lettre, à l'illustre naturaliste anglais qui repose maintenant à Westminster, en face de Newton, à Charles Darwin. Mon devoir était de lui rendre compte du résultat de quelques expériences qu'il m'avait suggérées dans notre correspondance, devoir bien doux pour moi, car si les faits, tels que je les observe, m'éloignent de ses théories, je n'ai pas moins en profonde vénération sa noblesse de caractère et sa candeur de savant. Je rédigeais ma lettre quand m'arriva la poignante nouvelle : l'excellent homme n'était plus ; après avoir sondé la grandiose question des origines, il était aux prises avec l'ultime et ténébreux problème de l'au-delà. Je renonce donc à la forme épistolaire, contresens devant la tombe de Westminster. Une rédaction impersonnelle, libre d'allures, exposera ce que j'avais à raconter sur un ton plus académique. »
Au début des années 1920, Étienne Rabaud, professeur à la Faculté des sciences de Paris, dans un livre intitulé Fabre et la science, affirme que Fabre refusa le transformisme, manque d'originalité et a une trop grande tendance à généraliser. Rabaud donne en exemple des observations assez approximatives, allant jusqu’à écrire que des dix volumes des Souvenirs entomologiques, seules quelques dizaines de pages sont utiles[69].
Jean-Henri Fabre a aussi été critiqué par Patrick Tort, spécialiste du darwinisme et fondateur en 1998 de l'« Institut Charles-Darwin international », qui écrit : — personne ne peut défendre Fabre dans ses attaques contre la théorie de l'évolution —, dans un livre titré Fabre le miroir aux insectes en référence à l'expression « miroir aux alouettes » et au surnom « Homère des insectes » donné à Fabre par Victor Hugo[70]. L’accueil de cet ouvrage a été mitigé[71] notamment par Alain Prévost qui objecte à Tort que « l’homme des insectes conserve pourtant ses adeptes enthousiastes, ses cultes régionaux et ses célébrations jubilaires — en Aveyron, en Provence, à Paris, au Japon et ailleurs —[72],[73] ».
L’étude d’Eileen Crist[74], professeur assistant au Centre des Études interdisciplinaires de l’Institut polytechnique de Virginie, mérite également d'être mentionnée, tout d’abord parce qu’elle est écrite dans un pays, les États-Unis d'Amérique, où le néo-créationnisme connaît un très fort succès sous le camouflage de l’Intelligent Design (le dessein intelligent). Elle met l'accent sur la vision des naturalistes de la fin du XIXe siècle Jean Henri Fabre et George et Elizabeth Peckham[75] face au monde animal.
Appliquant une méthode que les spécialistes des sciences sociales appellent Verstehen[76], ils n’ont, d'après elle, vu à travers l'action de l'animal qu’un moyen de justifier et prouver leurs opinions subjectives. Leurs présuppositions naturalistes sont analysées sans complaisance et leurs effets sur la description comportementale des animaux dénoncés clairement. On peut[Qui ?] reprocher beaucoup de choses à Fabre, mais pas sa solitude, sa pauvreté, son labeur quotidien et ses épreuves[77]. Vivant dans un département qui subit simultanément trois graves crises agricoles, la disparition de la culture du ver à soie et de la garance des teinturiers[78], ainsi que la destruction de son vignoble par le phylloxéra, sa vie de chercheur reflète ce marasme économique. De plus, comme l’explique Jean-Marc Drouin, professeur au Muséum national d'histoire naturelle, il est « à l’articulation de deux époques : par son refus du darwinisme, il clôt une époque révolue, celle où le dogme de la fixité des espèces pouvait encore se glisser dans les interstices de l’histoire naturelle ; par ses observations de terrain, il participe à la construction d’une approche scientifique des comportements animaux, et contribue à ouvrir une époque nouvelle »[79].
Charles Darwin pense que la démonstration de la génération spontanée pourrait s’accorder avec sa théorie de l'évolution[80]. Quant à Louis Pasteur, il ne se réfère jamais à Lamarck et ne cite qu’une seule fois les travaux de Darwin en 1879. Par ailleurs, tous les grands pastoriens d’alors — Pierre Flourens et Henri Milne Edwards en particulier — sont anti-darwiniens[81]. Déjà en 1973, un entomologiste comme Lucien Chopard considérait que l’œuvre de Fabre avait été très injustement attaquée[82] : « Ce que l’on peut reprocher à Fabre, c’est d’avoir, sous le mauvais prétexte de l’isolement, voulu ignorer systématiquement ce qui avait été fait avant lui. Mais son œuvre reste pleine d’observations exactes, et il semble bien que ce soit lui qui, le premier, a signalé les hypermétamorphoses. Quant à son style, qui lui a bien souvent été reproché, il oblige le naturaliste, qui ne cherche que le fait brutal, à lire quelques pages qui lui paraissent inutiles, mais il a aussi permis à des milliers de lecteurs d’entrer agréablement dans le monde des insectes »[83]. Certains[Qui ?] ne peuvent pas comprendre l’opposition de Jean-Henri Fabre à la théorie de l'évolution, du fait de sa popularité d’auteur naturaliste et de pédagogue des sciences[84]. Selon Jean-Marc Drouin :
« Les Souvenirs entomologiques occupent une place centrale dans les textes de langue française sur les insectes. Dans ces dix volumes, se croisent une tradition littéraire informée sur la science et une tradition scientifique soucieuse du bien dire. Rétrospectivement, il est significatif que ceci se fasse à propos des insectes, qui, par leur nombre et leur rôle dans les écosystèmes, constituent une pièce maîtresse de la biodiversité. Enfin la popularité des Souvenirs entomologiques oblige à nous interroger sur la fascination mêlée de répulsion qu’exerce sur beaucoup de lecteurs le monde des insectes. Peut-être parce que les insectes, à la fois proches et étranges, constituent les plus petits acteurs dans lesquels nous pouvons être tentés de projeter nos rapports sociaux et affectifs, nos tâches et nos peines »
[79].
Jean-Henri Fabre demeure donc, plus d'un siècle après sa mort, une référence en matière d'observation du monde des insectes, tant pour le spécialiste que pour l'amateur. C'est pourquoi en 1911, Edmond Rostand lui consacra une série de huit sonnets : « Fabre des insectes »[85],[86]. Toujours en France, Henri Diamant-Berger en 1951 a réalisé Monsieur Fabre[87][source insuffisante], un timbre-poste de France à son effigie à la valeur faciale de 12 f. gravé par Robert Cami a été mis en vente le [88] et le dessinateur Gotlib l'a représenté dans son œuvre.
Le docteur Georges-Victor Legros, dans sa première biographie[89], écrit que sa devise aurait pu être De fimo ad excelsa, du bas vers la perfection. C'est peut-être cette attitude de Jean-Henri Fabre, alliant la rigueur de la morale confucianiste, à la souplesse quasi-shintoïste de la conscience des lois de la nature, qui explique l'admiration dont il est l'objet en Europe orientale et en Extrême-Orient. Malgré sa mauvaise foi et ses parti-pris en faveur de ce qui a été appelé ultérieurement le « dessein intelligent »[90], son œuvre a été glorifiée notamment en Russie et au Japon, car son talent de conteur de la vie des insectes « émerveillé par la création », répondait au « désir d'émerveillement » des lecteurs de ces pays. En URSS, c'est l'entomologiste Nikolaï Plavilchtchikov qui a popularisé l'œuvre de Fabre ; au Japon, elle a été largement diffusée par Toyohiko Kagawa et Sakae Osugi : depuis, la visite de l'Harmas de Sérignan fait partie de l'itinéraire culturel de nombreux touristes japonais visitant la France[91],[92]. Au Japon, où de nombreuses publications et expositions lui ont été consacrées, Fabre connaît toujours, au XXIe siècle, une grande popularité : 2007 a été l'année du centenaire des Souvenirs entomologiques. Pour célébrer cet anniversaire particulier, la maison d'édition sud-coréenne Hyeonamsa a entrepris la traduction en coréen de l'œuvre intégrale de Jean-Henri Fabre ainsi que de la biographie d'Yves Delange[93].
Docteur ès-Sciences, ses recherches touchent à l'entomologie, la botanique, la chimie organique, la mycologie et la biologie :
La botanique occupe une place non négligeable dans l'œuvre de Jean-Henri Fabre[96]. Son carnet de notes, qui ne le quitte pas, est émaillé de diagrammes de fleurs et d'observations originales, notamment sur les aspects dynamiques des végétaux et leur écologie[réf. souhaitée] : il étudie les mouvements des étamines des Opuntia, ceux des vrilles des Cucurbitacées, la germination des Ophrys (orchidées)[97] et les parties hypogées (souterraines) des Vesces.
Jean-Henri Fabre est également mycologue[98] : l'intérêt qu'il a porté aux champignons a été occulté par l'envergure et le renom de son œuvre entomologique. Il s'intéresse aux champignons dès sa prime jeunesse, comme il le raconte au soir de sa vie, dans les Souvenirs :
« Le sol est matelassé de mousse. Dès les premiers pas sur le moelleux tapis, un champignon est aperçu, non étalé encore et pareil à un œuf laissé là par quelque poule vagabonde. C'est le premier que je cueille, le premier qu'entre mes doigts je tourne et je retourne, m'informant un peu de sa structure avec cette vague curiosité qui est l'éveil de l'observation. […] Bientôt d'autres sont trouvés, différents de taille, de forme, de coloration. C'est vrai régal pour mes yeux novices. Il y en a de façonnés en clochette, en éteignoir, en gobelet ; il y en a d'étirés en fuseau, de creusés en entonnoir, d'arrondis en demi-boule. J'en rencontre qui, à l'instant, se colorent de bleu ; j'en vois de gros qui s'effondrent en pourriture où grouillent des vers. » « D'autres, configurés en poires, sont secs et s'ouvrent au sommet d'un trou rond, sorte de cheminée d'où s'échappe un jet de fumée lorsque, du bout du doigt, je leur tapote le ventre. Ce sont les plus curieux. J'en remplis ma poche pour les faire fumer à loisir, jusqu'à épuisement du contenu, qui se réduit enfin en une sorte d'amadou […]. « Mes visites au bois de hêtres se répétant, je parvins à répartir mes trouvailles en trois catégories. Dans la première, la plus nombreuse, le champignon avait le dessous garni de feuillets rayonnants. Dans la seconde, la face inférieure était doublée d'un épais coussinet criblé de trous à peine visibles. Dans la troisième, elle était hérissée de menues pointes pareilles aux papilles de la langue du chat. Le besoin d'ordre pour venir en aide à la mémoire me faisait inventer une classification. « Bien plus tard me tombèrent entre les mains certains petits livres où j'appris que mes trois catégories, étaient connues ; elles avaient même des noms latins, ce qui était loin de me déplaire. […]. « Les mêmes livres me dirent le nom de celui qui m'avait tant amusé avec sa cheminée, fumante. Cela s'appelait Vesse-de-loup. Le terme me déplut ; il sentait la mauvaise compagnie. À côté se trouvait une dénomination plus décente : Lycoperdon ; mais ce n'était qu'apparence, car les racines grecques m'apprirent un jour que Lycoperdon signifie précisément vesse-de-loup [ pet silencieux et nauséabond]. L'histoire des plantes abonde en termes qu'il n'est pas toujours convenable de traduire. Legs des anciens âges moins réservés que le nôtre, la botanique a bien des fois gardé la brutale franchise des mots bravant l'honnêteté. (Série X, Souvenirs d'enfance.)[99]. »
En tant que naturaliste, la première publication mycologique de Jean-Henri Fabre traite de la luminescence de l'agaric de l'olivier, sous le nom latin en vigueur à l'époque de Pleurotus phosphoreus (nom actuel = Omphalotus olearius). Ce travail ne présente plus aujourd'hui qu'un intérêt historique, mais ce phénomène de luminescence a constitué une de ses préoccupations. Malgré ses efforts, le fondement de l'énigme demeure :
« On aimerait à connaître la substance oxydable qui donne à l'Agaric de l'olivier sa blanche et douce luminosité, pareille à des reflets de pleine lune. […] Ces recherches de chimie patiente me tenteraient, si mon rudimentaire outillage, et surtout la fuite irréparable des longs espoirs me le permettaient. Il n'est plus temps, la durée manque. (Série X, Mémorable leçon.) »
La seconde publication est un rapport rédigé à la demande du marquis des Isnards, président de la Société d'Agriculture et d'Horticulture du Vaucluse, qui faisait appel à la fois à ses compétences entomologiques et à ses connaissances mycologiques.
Ce rapport de vingt-trois pages réfute l'éventualité d'une « génération spontanée » et devient un véritable réquisitoire contre les idées avancées par °[pas clair][101], lesquelles trouvaient un accueil favorable dans le grand public et les « Salons » de cette époque. Aussi, l'avocat polémiste Jacques de Valserres, irrité de voir l'Académie des Sciences rejeter la théorie de la « mouche truffigène »[102], pour laquelle il a pris parti, écrit de 1857 à 1868 une série d'articles polémiques dans La Presse, Le Constitutionnel et La Gazette des campagnes, puis en 1874, un petit livre accusant d'emblée l'Académie d'obscurantisme et de parti pris : « Je compte développer mon système dans plusieurs conférences, ce qui me permettra de démontrer jusqu'à l'évidence la vérité des nouvelles doctrines et faire voir toute l'absurdité des doctrines vermoulues de l'Académie… Au reste, les derniers écrivains de la truffe, bien qu'ils soient devenus membres de l'Académie des sciences, laissent percer le petit bout de l'oreille » (Valserres, Culture lucrative de la Truffe par le reboisement, Paris, 1874.)
Et Valserres d’attaquer vertement Tulasne, puis « un enfant terrible de la science, apprenti académicien, M. Fabre, professeur d’histoire naturelle au lycée d’Avignon ». Bien que Valserres ait réitéré ses positions polémiques deux ans plus tard dans un second opuscule, Jean-Henri Fabre n’a jamais évoqué ces violentes attaques personnelles : il a quitté Avignon pour se retirer à Orange où ces querelles ne l’intéressaient plus[réf. souhaitée].
Ce sera le prélude de ses études sur les rapports entre insectes et champignons, mais il faudra attendre le séjour à Orange, et surtout la retraite à Sérignan, pour que se concrétise sa véritable œuvre mycologique, sans incidences entomologiques, qui fait l'objet de deux publications :
La première publication rassemblait les éléments d'une Flore de Vaucluse envisagée en 1869 par Stuart Mill, dont Jean-Henri Fabre s'était engagé à rédiger la partie traitant des plantes cryptogames[103]. Cette œuvre a souffert d'un manque de bibliographie, malgré les dons et prêts d'ouvrages des botanistes Théodore Delacour et Eugène Gaudefroy[104].
Interpelé par la polémique de la « mouche truffigène », l'entomologiste et le mycologue qu'il était, s'est naturellement intéressé aux rapports entre les insectes et les champignons, à commencer par les insectes inféodés aux truffes et autres champignons souterrains :
« Le plus intéressant des coléoptères mangeurs de champignons est le Bolbocère (Bolboceras gallicus Muls.). J'ai dit ailleurs sa façon de vivre, sa chansonnette pépiement d'oisillon, ses puits verticaux, creusés à la recherche d'un champignon souterrain (Hydnocystis arenaria Tul.), son habituelle nourriture. Il est aussi fervent amateur de truffes. Je lui ai pris entre les pattes, au fond de son manoir, une vraie truffe de la grosseur d'une noisette, le Tuber Requienii Tul. J'ai essayé de l'élever afin de connaître sa larve ; je l'ai établi dans une ample terrine pleine de sable frais et surmontée d'une cloche. Les Hydnocystes et les Truffes me manquant, je lui ai servi divers champignons de consistance un peu ferme comme le sont ceux de son choix. Il a tout refusé, : Helvelles et Clavaires, Chanterelles et Pezizes.
Avec un Rhizopogon, sorte de petite pomme de terre fungique, fréquente dans les bois de pins à une médiocre profondeur, souvent même à la superficie, le succès a été complet. J'en avais répandu une poignée sur le sable de ma terrine d'éducation. A la nuit close, bien des fois j'ai surpris le Bolbocère qui sortait de son puits, explorait la nappe sablonneuse, choisissait une pièce non trop grosse pour ses forces et doucement la roulait vers son domicile. Il rentrait chez lui en laissant sur le seuil de sa porte, en manière de clôture, le Rhizopogon trop gros pour être introduit. Le lendemain, je retrouvais la pièce rongée, mais seulement à la face inférieure […] Hydnocyste, Truffe et Rhizopogon sont jusqu'ici les seuls aliments que je lui connaisse. » Série X, « Insectes et champignons » chapitre XX (1907)[105].
En dehors des champignons souterrains, Jean-Henri Fabre a également minutieusement étudié les comportements de ces concurrents légitimes qui envahissent « nos » champignons avant même que nous[Qui ?] puissions les récolter : les larves et asticots.
« L'insecte, à l'état de larve surtout, est l'exploiteur par excellence des champignons. […] En tête des coléoptères amateurs de champignons, je placerai un Staphylin (Oxyporus rufus Lin.), joliment costumé de rouge, de bleu et de noir. En société de sa larve, cheminant à l'aide d'une béquille dressée sur l'arrière, il fréquente l'Agaric du peuplier (Pholiota aegerita Fries). C'est un spécialiste à régime exclusif. Fréquemment je le rencontre, soit au printemps, soit en automne, et jamais autre part que sur ce champignon.
« Il a du reste bien choisi sa part, le gourmet. L'Agaric du peuplier est un de nos meilleurs champignons, malgré sa coloration d'un blanc douteux, sa peau fréquemment craquelée, ses lames souillées de brun-roux à l'émission des spores. Ne jugeons pas des gens sur l'apparence ; des champignons non plus. Tel superbe de forme et de couleur est vénéneux, tel autre de pauvre aspect est excellent.
« Mentionnons après l'Arion, le mollusque goulu qui s'attaque lui aussi à la plupart des champignons de quelque volume. Il s'y creuse des niches spacieuses où le béat consomme. Peu nombreux en comparaison des autres exploiteurs, il s'établit ordinairement solitaire. Il a pour mâchoire un vigoureux rabot qui fait d'amples vides dans la pièce attaquée. C'est lui dont les dégâts sont les plus apparents.
« Or tous ces grignoteurs se reconnaissent à leurs reliefs de table, miettes et vermoulures. Ils creusent des galeries à parois nettes, ils font des entailles, des érosions sans bavures, ils travaillent en découpeurs. Série X, Insectes et champignons. » chapitre XX (1907)[105].
Jean-Henri Fabre a consacré sept années de sa vie à l’étude des champignons du mont Ventoux et aux spécimens envoyés par son fils, Émile Fabre. Alors que ses dessins d'insectes sont peu nombreux, il réalisa près de 700 planches de champignons de format 35×25, qui, « de l'avis d'éminents mycologues, montrent une précision scientifique de haut niveau et, sur le plan esthétique, constituent des œuvres d'art non moins remarquables »[106]. Ces aquarelles ont été retrouvées dans les greniers de l'Harmas en 1955 par son petit-fils. Elles figurent des espèces communes, mais aussi de nombreuses espèces méditerranéennes rares ou peu connues. Ces planches n'ont pas été publiées du vivant de Jean-Henri Fabre, privant la mycologie méditerranéenne d'une contribution qui aurait sans aucun doute fait sensation à l'époque[réf. souhaitée]. Elles ont suscité l'intérêt du mycologue Roger Heim[107].
Le grand souci de Jean-Henri Fabre avait été de préserver ce trésor pour les générations futures car il craignait de le voir disparaître après sa mort[108].
Cependant, ces planches ont été préservées : un tiers d'entre elles sont exposées au musée de l'Harmas, tandis qu'elles connaissaient une publication progressive : quelques planches en 1957[109], quarante-neuf en 1978[110], puis 221 en 1991 dans Champignons de Jean-Henri Fabre[111], suivie d'une adaptation japonaise[112] en 1993.
C'est d'ailleurs pour sauver cette collection qu'a eu lieu la seule et unique visite de Frédéric Mistral à l'Harmas[51]. Le Prix Nobel de littérature — le poète de Maillane l'avait obtenu en 1904 — se rend à Sérignan au cours du printemps 1908, alerté par le désir qu'a le savant de vendre ses aquarelles sur les champignons[51]. Jean-Henri Fabre lui propose de s'en rendre acquéreur pour le Museon Arlaten que le fondateur du Félibrige fonde à Arles grâce à l'argent du prix. Une lettre de Fabre datée du confirme à Mistral cette proposition mais la réponse lui enlève ses illusions[113]. Le poète, ému par sa détresse financière, lui propose alors une solution. Un riche mécène du nom de Mariani est prêt à lui offrir 10 000 francs or pour ses aquarelles. La transaction ne se fait pas et Mistral écrit alors, dans les colonnes du journal Le Matin, un grand article dans lequel il dénonce la misère qui accable le savant. La mobilisation de tous ses amis et admirateurs qui suivit a permis, grâce à la pugnacité du docteur Legros, la vente, au cours de la seule année 1910, de plus de ses livres qu'en 20 ans[114]. Cela lui accorda assez de revenus afin que, aidé également par les allocations que reçoit le naturaliste, dont les successifs Prix Gegner[115] qui lui sont décernés par l'Académie des Sciences de 1903 à 1909 et de 1911 à 1914, il puisse conserver ses aquarelles.
Plusieurs de ces aquarelles ont été dérobées à l'Harmas et certaines sont réapparaues, comme les dix-neuf qui ont été vendues aux enchères par Christie's, à Londres, le .
De nos jours, ces aquarelles de champignons sont reconnues comme des œuvres d'art, et Fabre comme un peintre à part entière. C'est à ce titre qu'il figure dans la dernière édition du plus important dictionnaire consacré aux artistes[116].
La compétence de Jean-Henri Fabre en chimie fut confirmée en remportant le premier prix au concours ouvert sur la recherche des altérations frauduleuses de la garance.
Outre les Souvenirs entomologiques, Fabre a publié les études suivantes :
Œuvre majeure et imposante, avec ses quatre mille pages, publiées en dix séries entre 1879 et 1907, les Souvenirs entomologiques rapportent plus d'un demi-siècle d'études et de descriptions de la vie et des mœurs des insectes, notamment coléoptères et hyménoptères.
La rigueur de la méthode scientifique, la recherche sur le terrain et les expérimentations, les réflexions philosophiques, y sont intégrées dans une foule de souvenirs d'enfance, de récits émouvants sur les personnages étranges du monde des insectes, mais aussi les joies de la découverte et les drames de la vie. À la fois, scientifique, poétique et lyrique, l'ensemble constitue un « hymne à la nature et à la connaissance »[122].
Jean-Henri Fabre a fait œuvre de pédagogue en rédigeant de nombreux ouvrages scolaires dans plus de dix matières. Mais c'est surtout en publiant ses Souvenirs entomologiques, totalisant quatre mille pages publiées en dix séries de 1879 à 1907, qu'il a sensibilisé le grand public au monde et à la vie des insectes. Traduits dans quinze langues et cités dans les manuels scolaires de nombreux pays, notamment au Japon, les Souvenirs entomologiques ont été réédités en 1989 en deux volumes dans la collection « Bouquins » chez Robert Laffont. Pour l'éditeur, ces souvenirs « constituent une œuvre exceptionnelle, à la fois sur les plans littéraire et scientifique »[130].
Parmi les livres scolaires et lectures destinées à la jeunesse, l'on trouve :
Plusieurs odonymes rappellent son nom, dont : Paris (Rue Jean-Henri-Fabre, dans le XVIIIe arrondissement), Carpentras (Vaucluse) (une cité scolaire), Nice (Alpes maritimes) (un collège), Avignon (le campus de l'Université d'Avignon et des pays de Vaucluse, une école primaire et une rue).
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