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conflits qui ont impliqué la France révolutionnaire contre d'autres pays européens durant la période comprise entre 1792 et 1802 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les guerres de la Révolution française sont les conflits qui ont impliqué la France révolutionnaire contre d'autres pays européens, souvent coalisés, durant la période comprise entre 1792 (guerre contre le Saint-Empire et les royaumes de Bohême et de Hongrie) et le traité d'Amiens de 1802, première phase des guerres de Coalitions. Une distinction peut être faite entre la période dite de la Première Coalition (1792 – 1797) et la Deuxième Coalition (1798 – 1802), même si certains pays, et notamment le Royaume-Uni, étaient en guerre continue contre la France de 1793 à 1802.
Date |
– (10 ans, 1 mois et 5 jours) |
---|---|
Lieu | Europe, Égypte, Moyen-Orient, océan Atlantique, Caraïbes |
Issue |
Victoires françaises |
1 200 000 à 1 500 000 hommes[1],[2],[3] (1791-1799) |
500 000 hommes[4] |
450 000 à 500 000 morts[5],[2],[6] (1791-1799) 10 000 morts[7] (civils inclus) |
210 000 morts[4] ~ 170 000 morts[8] (civils inclus) 5 000 morts[9] |
Batailles
Guerre de la Première Coalition
Insurrections royalistes et fédéralistes
Invasion française de la Suisse de 1798
Guerre de la Deuxième Coalition
Caractérisées par une ferveur révolutionnaire et des innovations militaires, ces multiples campagnes sauvèrent le régime révolutionnaire français, pourtant confronté à une sérieuse opposition européenne. De surcroît, les victoires qui s'ensuivirent contribuèrent à étendre de façon significative l'emprise territoriale de la France.
On distingue en France les guerres de la Révolution française (1792 – 1802) des guerres napoléoniennes (1803 – 1815), qui font partie des guerres de Coalitions (1792 – 1815), séparées par la paix d'Amiens.
Dès 1791, les monarchies d'Europe assistent avec préoccupation à la Révolution française et ses bouleversements et se demandent si elles doivent intervenir, soit pour aider Louis XVI, soit pour profiter du chaos en France. Le personnage clé de la situation était l'empereur Léopold II, frère de la reine Marie-Antoinette, la femme de Louis XVI. Léopold avait d'abord regardé la Révolution avec sérénité mais il devient de plus en plus inquiet lorsque la Révolution se radicalise. Le , Léopold II et le roi Frédéric-Guillaume II de Prusse, après avoir reçu en consultation des nobles émigrés français, publièrent la déclaration de Pillnitz qui déclarait l'intérêt des monarques d'Europe au bien-être de Louis XVI et de sa famille et menaçait de graves mais vagues conséquences quiconque les agresserait. Bien que Léopold II ait considéré la déclaration de Pillnitz comme un geste évasif pour apaiser les monarchistes français, la déclaration fut considérée en France comme une menace sérieuse et dénoncée par les dirigeants révolutionnaires.
En plus de différences idéologiques entre la France et les puissances monarchiques d'Europe, des disputes incessantes étaient provoquées par le statut des biens impériaux en Alsace. Les Français étaient par ailleurs préoccupés par l'agitation des nobles émigrés à l'étranger, en particulier dans les Pays-Bas autrichiens et les États d'Allemagne.
L'Assemblée, sur une proposition du roi Louis XVI, déclare la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie », cette expression désignant l'empereur du Saint-Empire et ses États, lors du vote du après que le ministre des Affaires étrangères, Dumouriez, lui eut présenté une longue liste de griefs. Dumouriez prépara une invasion immédiate des Pays-Bas autrichiens où il espérait un soulèvement populaire contre la domination de la maison d'Autriche. Cependant, la Révolution avait profondément désorganisé l'armée et les forces réunies furent insuffisantes pour tenter une invasion. À la suite de la déclaration de guerre, les soldats français désertèrent en masse et, même dans un cas, assassinèrent leur général.
Alors que le gouvernement révolutionnaire lève d'importantes troupes fraîches et réorganise ses armées, qui étaient minées par les désertions et l'émigration, mal instruites et mal disciplinées, une armée alliée, composée de 112 000 hommes (60 000 Prussiens, 32 000 Impériaux, 8 000 Hessois et 12 000 Émigrés[10]), commandée par Charles-Guillaume-Ferdinand, duc de Brunswick, se rassembla à Coblence sur le Rhin.
Au moment de l'invasion, le général Dumouriez secondé par les généraux Beurnonville, Moreton et Duval dispose de 30 000 hommes dans les camps de Maulde, de Maubeuge et de Lille et 23 000 dans celui de Sedan tandis que le maréchal Luckner avait sous ses ordres le général Biron à Strasbourg avec 20 000 hommes, le général Custine à Landau avec 15 000 hommes et le général Kellermann à Metz avec 20 000 hommes. Dès le 28 avril 1792, en Suisse, Porrentruy est occupée par le général Custine.
En juillet, l'invasion prussienne commence et l'armée de Brunswick prend facilement les forteresses de Longwy le 13 août et de Verdun le 2 septembre. Le duc avait signé quelques semaines plus tôt le manifeste de Brunswick — rédigé par un noble français de l'émigration, le chevalier de Limon — qui faisait part de la volonté des Alliés de restaurer le roi à son poste, de lui rendre les pleins pouvoirs et de traiter toute personne ou ville qui s'y opposerait comme rebelles passible de la peine de mort par la loi martiale. Cela n'eut pour effet que de renforcer la détermination de l'armée révolutionnaire et le gouvernement de s'y opposer par tous les moyens nécessaires. Le , la foule prit d'assaut le palais des Tuileries où séjournaient Louis XVI et sa famille.
L'invasion continue, mais à la bataille de Valmy, le 20 septembre, les alliés reculent face à l'armée française menée par Dumouriez et Kellermann. Bien que le résultat de la bataille fut nul tactiquement, il donne un coup de fouet au moral français. En outre, les Prussiens, constatant que la campagne est plus longue et plus coûteuse que prévu, décident que le coût et le risque de poursuite des combats sont trop grands et se retirent de France pour préserver leur armée. Le lendemain, la monarchie est officiellement abolie et remplacée par la Première République.
Cette campagne de 1792 s’achève sur une dynamique des armées révolutionnaires. Les Français remportent des succès sur plusieurs autres fronts. Dirigés par de Montesquiou, ils occupent Chambéry sans coup férir et la Savoie dès le 21-22 septembre. Nice, alors dans le royaume de Sardaigne, suivra le 28 septembre sous l’effet d’une attaque menée par le général d’Anselme.
Au nord le général Custine à la tête de l’armée des Vosges envahit le Palatinat et même l'Allemagne. Il occupe en septembre et octobre plusieurs villes le long du Rhin (Worms, Spire), tandis que les places fortes perdues en août sont reprises (Verdun le 14 octobre, Longwy le 22 octobre, levée du siège de Thionville dès le 16 octobre…) par Kellerman. Ainsi la place stratégique et de toute première importance qu’est Mayence tombe le 21 octobre aux mains des français commandés par Houchard et le demeure pour neuf mois. Custine arrive jusqu'à Francfort-sur-le-Main le lendemain (22 octobre), ses troupes franchissant le fleuve pour la première fois d’une longue série. En effet sept franchissements du Rhin (dont Provinces Unies) entre 1792 et 1800 vont se succéder pour les armées révolutionnaires avec des succès variés. Malgré des combats victorieux du côté de Limbourg le 9 novembre, Custine est néanmoins repoussé d’Allemagne par les Prussiens dès début décembre. A la différence de Dumouriez, il recule et repasse sur la rive gauche du Rhin sans parvenir à vraiment consolider ses positions sur cette dernière. Cette incursion et les premières opérations — à défaut de campagne — en Allemagne n’auront duré que cinq semaines.
Enfin Dumouriez passe à l'offensive en Belgique. Avec 40 000 hommes et 100 canons, il remporte une importante victoire sur les 20 000 Impériaux à Jemappes le 6 novembre face au gouverneur autrichien Albert de Saxe-Teschen (et son fils adoptif le jeune archiduc Charles). Dumouriez occupe en suivant la totalité des Pays-Bas autrichiens au début de l'hiver. Ainsi Charleroi, Bruxelles le 14 novembre, Liège, Anvers le 30 novembre, Namur le lendemain et enfin Aix-la-Chapelle le 8 décembre tombent successivement aux mains des troupes révolutionnaires qui atteignent la Roer.
Le , Louis XVI est exécuté. L'Espagne et le Portugal rejoignent la coalition anti-française en et, le 1er février, la France déclare la guerre à la Grande-Bretagne et aux Provinces-Unies.
La France décrète une nouvelle levée de trois cent mille hommes, commençant une politique de levée en masse pour pouvoir déployer plus de soldats que les États aristocratiques et se montrer offensive afin de récupérer le matériel de guerre de l'ennemi. Les Alliés lancent une campagne déterminée pour envahir la France avec la campagne de Flandres.
Après l’invasion de la Hollande par Dumouriez en février avec la prise de Breda puis de Mont Sainte Gertrude à l’embouchure de la Meuse, la France subit rapidement de graves revers en ce début de 1793. Elle est chassée du sud de la Hollande et surtout de Belgique à la suite de la lourde défaite de Dumouriez à Neerwinden en mars, puis à son passage chez l’ennemi autrichien début avril.
Les défaites s’enchaînent en Belgique comme dans le Palatinat notamment pour Custine à Bingen en mars, Rixheim en mai et surtout Mayence perdue en juillet après plus de quatre mois de siège. De même la France commence à être à nouveau envahie en mai avec la défaite de Famars puis la chute des places de Condé et Valenciennes le 28 juillet.
En outre la Convention doit faire face à des révoltes internes dans l'Ouest et le Sud du pays. L'une d'entre elles, à Toulon, prépara le terrain pour un capitaine d'artillerie jusque-là inconnu du nom de Napoléon Bonaparte. Sa contribution à la planification du siège victorieux de la ville et de son port grâce à des batteries d'artillerie bien placées fut l'étincelle de sa fulgurante ascension ultérieure.
À la fin de l'année, la levée de nouvelles armées et la Terreur, politique interne de répression féroce avec des exécutions de masse, permettent de repousser les invasions grâce aux victoires de Jourdan à Hondschoote et Wattignies en septembre et octobre 1793 mais aussi de réprimer les révoltes intérieures. Hoche, Desaix et Pichegru parviennent à l’emporter en Alsace du côté de Wissembourg et Woerth en décembre, s’emparant de Spire, même si Mayence (tenue par Kléber et tombée en juillet) ne peut être reprise. Il en est de même pour les places fortes du Quesnoy, de Condé et Valenciennes toujours tenues par les autrichiens (à la différence des forteresses de Maubeuge et Landrecies).
L'année se termine avec les forces françaises reprenant l'ascendant mais toujours en guerre à proximité de leurs frontières. La Révolution demeure sous la menace d’une percée des armées étrangères de la ligne de défenses et de fortifications édifiées par Vauban un siècle auparavant.
La guerre de Vendée est le nom donné à la guerre civile qui opposa, dans l'Ouest de la France, les républicains (bleus) aux paysans et royalistes (blancs), entre l'an I et l'an IV (1793 et 1796) pendant la Révolution française.
Elle fut étroitement liée à la Chouannerie, l'ensemble de ces deux conflits étant parfois désigné sous le nom de « guerres de l'Ouest ». La Chouannerie se déroula sur la rive droite de la Loire, tandis que le soulèvement vendéen eut lieu sur la rive gauche. Le terme Vendée militaire désigne d'ailleurs le territoire insurgé au sud du fleuve.
Comme partout en France, la Vendée a connu des rébellions paysannes entre 1789 et 1792. Mais c'est au moment de la levée en masse de 1793, que la révolte ou insurrection vendéenne s'est déclenchée, dans un premier temps comme une jacquerie paysanne classique, ou du brigandage, avant de prendre la forme d'un mouvement contre-révolutionnaire. Les mêmes rébellions se sont produites en Belgique (Guerre des Paysans) et en Italie (Insurrections antifrançaises).
Étalée sur trois années, la guerre a connu plusieurs phases, avec une brève accalmie au printemps 1795. Elle s'est terminée au début de l'année 1796, après une guerre d'extermination qui a fait plus de 200 000 morts et détruit de nombreux villages[11].
L'année 1794 voit un succès accru des armées révolutionnaires et même décisif sur le front nord.
Plus au sud bien que l'invasion du Piémont ait échoué, la France chasse les armées espagnoles au cours de la guerre du Roussillon lors de la victoire des généraux Dugommier et Augereau au Boulou le 1er mai 1794 et pénètre en Catalogne. L’armée des Pyrénées poursuit jusqu’à la victoire de la Sierra Negra le 20 novembre 1794, suivie par la prise de Figueras. A l’autre bout des Pyrénées, Moncey qui remplace Muller, et les troupes françaises s’emparent de Saint-Sébastien et Tolosa (août 1794) sans atteindre Pampelune objectif initial de la campagne estivale.
Les combats en Italie ne permettent par contre aucune percée majeure vers la péninsule. Malgré les victoires de Saorge le 28 avril et de Dego le 21 septembre 1794, les troupes françaises dirigées par Kellerman, épaulé par Masséna, reviennent à leurs bases de départ vers Nice.
Au nord, les débuts sont difficiles : face aux forces combinées autrichiennes et hollandaises du Stathouder avec la défaite de Beaumont en Cambrésis suivie de la chute de Landrecies -ultime place forte de la deuxième ligne du pré carré de Vauban avant Paris- le 30 avril mais aussi la prise de Kaiserslautern le 23 mai par les Prussiens.
La situation s’inverse pour les armées révolutionnaires notamment grâce à la bascule des deux armées des Ardennes et de Moselle commandées par Jourdan vers la vallée de la Meuse via Dinant et Charleroi. Jourdan remporte alors le 26 juin une victoire décisive à Fleurus. Ce triomphe de la toute nouvelle armée de Sambre-et-Meuse lui permet d'envahir et annexer les États de Belgique, et la Rhénanie en suivant, rattachée de facto à la France (république cisrhénane de 1797), et ce jusqu’en 1814.
Pichegru (épaulé par Moreau, Delmas et Macdonald) à la tête de l’armée du Nord commande l’aile gauche du dispositif français conçu par Carnot. Il est confronté au duc d’York, au général Clerfayt et au prince Frédéric de Saxe-Cobourg. Pichegru remporte plusieurs victoires successives fin avril à Mouscron, en mai à Courtrai, Tourcoing puis Tournai. En juin, la victoire de Hooglede lui ouvre les portes de la place forte d’Ypres qui tombe le 17 juin. Le reflux lié à la victoire de Fleurus lui permet de percer vers le nord de la Belgique (prise d'Ostende et de Gand début juillet, suivie d’Anvers à la fin du mois). La coalition austro-anglaise se disloque sous l’effet des succès français, les Impériaux retraitant vers le Rhin. Pichegru prolonge sa poussée contre les seuls Anglo-Hanovriens du duc d’York et du futur duc de Wellington. Dans les Provinces-Unies, il l’emporte à Boxtel d’abord mi-septembre puis avance jusqu’à Nimègue qui tombe le 8 novembre.
Jourdan, à la tête de l’armée de Sambre-et-Meuse, et secondé notamment par Marceau, Bernadotte, Lefebvre, Championnet et Kléber, poursuit sur sa lancée en ce début d’été 1794.
En premier lieu, il confie à Schérer la libération des places fortes de Landrecies en juillet puis Valenciennes, Condé, Le Quesnoy qui tombent en août. Jourdan investit Mons et Bruxelles le 10 juillet où il opère la jonction avec l’aile gauche confiée à Pichegru. Puis il descend la vallée de la Meuse vers Namur (17 juillet) puis Liège (27 juillet) avant de prendre la direction d’Aix-la-Chapelle, de la Roer et du Rhin.
La poussée est généralisée en Belgique, en Rhénanie et même dans le Palatinat. Ainsi sur la Moselle, Trêves est prise le 9 août 1794 par l’armée de Moselle commandée par Moreaux qui fera sa jonction en aval avec l’armée de Sambre et Meuse début novembre du côté de Coblence. Les victoires de Jourdan de Sprimont le 18 septembre puis Aldenhoven le 2 octobre assurent la conquête de la rive gauche du Rhin. L’armée impériale évacue et repasse le Rhin le 5 octobre du côté de Düsseldorf. Les villes de Cologne, Bonn, Worms, Oppenheim, Coblence tombent successivement en octobre 1794. Esseulée, l’armée prussienne de Möllendorf, successeur de Brunswick, repasse elle aussi le Rhin fin octobre sous la pression de l’armée du Rhin de Michaud secondé par Desaix (aile droite) et Gouvion Saint Cyr (aile gauche). Plus au nord la prise de Maastricht par Kléber est effective 4 novembre. Enfin l’évacuation de Mannheim par Wartensleben le 25 décembre 1794[12] parachève la victoire des armées révolutionnaires sur la rive gauche du Rhin. Seules les forteresses de Luxembourg et Mayence, encerclées, résistent encore.
En mer, au cours de la bataille du 13 prairial an II, la flotte de l'Atlantique française réussit à faire échouer une tentative britannique d'interdire l'arrivée d'un convoi essentiel de céréales en provenance des États-Unis mais au prix de la perte d'un quart de ses forces.
En 1795, après une attaque surprise des Provinces-Unies par Pichegru lors d’un hiver particulièrement rude, la France crée la République batave en février en s’appuyant sur les Patriotes hollandais qui chassent une nouvelle fois le Stathouder Guillaume V. L’offensive éclair lancée à la fin décembre 1794 via le franchissement des cours gelés de la Meuse (île de Bommel), de la Waal puis du Rhin inférieur permet d’occuper toute la Hollande (prise d’Amsterdam le 18 janvier et de La Haye cinq jours plus tard). Les hussards de Pichegru, commandés par le lieutenant-colonel Lahure, réussissent à s’emparer de manière spectaculaire de la flotte ennemie de Texel prise dans les glaces du Helder le 23 janvier.
La conquête complète des Provinces-Unies s’achève par la prise de Zwolle le 14 février. Puis les anglais s’étant retirés vers la Westphalie et la rivière Ems, une ultime victoire de Macdonald eut lieu le 19 février à l’extrémité nord en Groningue. Moreau paracheva la déroute des dernières troupes anglaises en s’emparant du château de Bentheim le 4 mars.
Un traité de paix, signé à La Haye le 16 mai, permet de préciser les limites territoriales et les relations de la France avec cette première république sœur.
La Prusse et l'Espagne décident alors de faire la paix signent le double traité de Bâle le 5 avril 1795 (avec la Prusse) et le (avec l’Espagne) qui donne la rive gauche du Rhin à la France et Saint Domingue, et provoque le retrait des armées françaises d'au-delà des Pyrénées. Cela met fin à la période de crise de la Révolution et la France put se sentir libre de toute menace d'invasion pour de nombreuses années. Néanmoins l’Autriche refuse tout armistice ou traité de paix malgré la perte de la Belgique et de la Rhénanie (chute de la forteresse de Luxembourg le 7 juin 1795 obtenue par le général Hatry), la neutralisation des Provinces Unies et la défection de l’allié prussien.
La Grande-Bretagne tente de soutenir les rebelles vendéens mais échoue. A Paris, une tentative royaliste de renverser le gouvernement par la force fut mise en échec par la garnison menée par Bonaparte le 13 vendémiaire (octobre 1795), conduisant à l'établissement du Directoire.
Sur la frontière du Rhin, une première campagne d’Allemagne contre l’Autriche débute en septembre 1795 avec un double franchissement du fleuve par les deux armées révolutionnaires (Sambre et Meuse de Jourdan et Rhin et Moselle avec Pichegru nommé à sa tête en avril). Les troupes autrichiennes sont dirigées par Wurmser et Clerfayt, épaulé par Latour.
Cette nouvelle campagne, de moins de trois mois, est méconnue. Comme la toute première incursion en Allemagne qui ne dura que quelques semaines à l’automne 1792, elle se déroule pour partie sur la rive droite du Rhin en septembre et octobre. Rapidement l’offensive française en Allemagne est stoppée et l’essentiel des combats se poursuit sur la rive gauche de manière plus défensive. Sans grande bataille ni percée spectaculaire, elle constitue une transition après les victoires du même binôme de 1794 (Jourdan / Pichegru) et une préparation en vue de la double offensive de l’été 1796. Largement cantonnée aux alentours de Mayence et Mannheim, le manque de moyens, d’équipements, de chevaux, d’hommes (et même de motivation pour Pichegru) et enfin d’argent autre que des assignats sans valeur obérera les possibilités de part et d’autre. Jourdan ira jusqu’à souligner fin octobre dans un rapport au Directoire « la plus grande pénurie de subsistances », ainsi que le nombre élevé de désertions qui en découle.
Initiée et planifiée par le futur directeur Carnot, promue par Sieyès, cette campagne vise à faire céder l’Autriche, en vue d’un abandon impérial, c’est-à-dire autrichien, de la rive gauche du Rhin. Cette renonciation sera obtenue deux ans plus tard lors du traité de Campo-Formio d’octobre 1797 grâce aux victoires italiennes de Bonaparte.
Au nord Kléber traverse le fleuve sur un pont flottant au niveau de Düsseldorf le 6 septembre 1795. Les premiers combats de Jourdan sont victorieux avec l’appui des généraux Kléber, Marceau, Bernadotte, Lefebvre, Soult, Championnet. En face de Coblence, Marceau mène le siège de la forteresse de Ehrenbreitstein jusqu’au 18 octobre. Après sa victoire à Hennef le 15 septembre, Championnet (appuyé par Lefebvre) obtient la reddition de la garnison bavaroise de Düsseldorf le 21 septembre.
Plus au sud, Pichegru (épaulé par les généraux Gouvion Saint Cyr, Davout, Delmas et Desaix) passe sur la rive droite au niveau de Mannheim (qui est prise le 20 septembre) et de la Neckar sans réelle coordination avec Jourdan. Il rate l’opportunité de s’emparer de la base de ravitaillement de Clerfayt à proximité de Heidelberg. Cet acte manqué est signifiant, d’autant que les deux armées de Jourdan et Pichegru manquent de moyens et de vivres. Ceci nourrit les premiers soupçons à l’égard du héros de la campagne de Hollande. Une conférence est organisée le 4 octobre entre Jourdan et Pichegru, en présence des représentants Reubell et Merlin de Thionville, du côté d’Ober-Ingelheim afin de coordonner les efforts…sans succès.
Le général Pichegru, négociant secrètement avec Condé et les royalistes en exil, trahit de fait son armée via ses tergiversations, ce qui entraîne alors les défaites sur la rive droite de Handschuhsheim dès le 24 septembre, de Höchst le 12 octobre, puis sur la rive gauche de Monbach le 29 octobre, de Pfeddersheim le 10 novembre, de Frankenthal le 13 novembre. Le général Pichegru décide de se replier sur Landau le 18 novembre, laissant la garnison de Mannheim sans espoir. Quant aux places fortes sur le Rhin, l’évacuation de Mannheim le 22 novembre deux mois après son occupation (10 000 prisonniers français) et l'échec du blocus de Mayence par Jourdan soulignent l’inanité d’une campagne à repenser pour l’avenir.
Quelques combats menés par Marceau seront néanmoins victorieux. Envoyé par Jourdan pour protéger l’aile gauche de Pichegru et éviter tout risque d’enveloppement, Marceau obtient des succès le 10 novembre dans le Hunsrück (gorges de Stromberg et Kreuznach) puis du côté de Sulzbach le 17 décembre juste avant la proposition soudaine d’armistice des autrichiens. Jugée inespéré, Jourdan signe rapidement l’armistice, exigeant néanmoins qu’il intègre l’armée du Rhin et Moselle.
Les armées françaises se positionnent uniquement sur la rive gauche sans gain politique ou territorial. Hormis la conquête de la Hollande en début d’année, l’éviction des prussiens de la Première Coalition en avril et la chute de la place de Luxembourg en juin, l’année 1795 s’achève sur un statu quo entre l’Autriche et la France. Un armistice est alors signé fin décembre avec les autrichiens et clôt l’année 1795.
Il en va de même en Italie du côté du Piémont. Malgré la victoire de Loano le 24 novembre 1795, les troupes françaises commandées par Schérer (qui avait remplacé Kellerman) et épaulé par les généraux Masséna, Joubert, Sérurier, Augereau…) n’ont pu progresser de manière décisive et ce pour la deuxième année consécutive.
Enfin Moncey reprend son offensive avortée de 1794 en direction de Pampelune et Bilbao. Ses victoires de juillet 1795 à Vitoria et la prise de Bilbao permettent la signature accélérée de la paix avec l’Espagne. Les troupes françaises se retirent au delà des Pyrénées, tandis que Saint Domingue passe entièrement sous souveraineté française.
La campagne d’Allemagne est une campagne militaire menée du 31 mai 1796 au 5 février 1797 par les généraux français Jourdan et Moreau en Allemagne (Bavière, Wurtemberg…). Elle se déroule au-delà du Rhin, franchi pour la quatrième fois depuis 1792, la rive gauche ayant été très largement conquise lors des campagnes précédentes en 1794-1795. Pendant plus de huit mois, elle oppose les armées de Sambre et Meuse (dirigée par le général Jourdan) et Rhin et Moselle (dirigée par le général Moreau qui a remplacé Pichegru soupçonné de double jeu) de la République française aux forces du Saint-Empire romain germanique dirigées par le jeune Archiduc autrichien Charles.
La campagne d’Allemagne, conçue comme prioritaire, est combinée avec la campagne d’Italie menée par Bonaparte débutant fin mars 1796 et qui se poursuivra jusqu’en avril 1797. Lors de la conception du plan stratégique par le Directoire sous l’égide de Lazare Carnot[13],[14], l’Italie est perçue comme une diversion et un théâtre d’opérations secondaire permettant une division des forces autrichiennes. La réalité sera inverse.
Une fois l'armistice du 31 décembre 1795 dénoncé, la campagne commence avec le passage du Rhin le 31 mai 1796[15] du côté de Düsseldorf par Kléber et le 10 juin vers Neuwied par Jourdan (général en chef secondé par les généraux Kléber, Marceau, Bernadotte, Lefebvre, Championnet, Soult, Ney...). Elle se renforce le 23 juin par Moreau (épaulé par les généraux Desaix, Ferino, Gouvion-Saint-Cyr, Vandamme, Sainte-Suzanne, Delmas…) qui franchit le fleuve au niveau de Kehl[16]. Ferino fait de même au niveau de Huningue. Les deux armées mal coordonnées mèneront l’offensive en direction de Vienne (sans la menacer, les avant-gardes s’arrêtant à plus de 400 km de la capitale autrichienne) et de la Bohème. Pour l’armée de Sambre et Meuse, la percée s’effectue jusqu’à Amberg, à l’est de Nuremberg et pour l’armée de Rhin et Moselle jusqu’à Mainbourg (sud de Ratisbonne) et les abords de Munich avant de devoir battre en retraite.
L'offensive menée par l'armée de Sambre et Meuse[17] composée de 78 000 hommes fut au départ une succession de combats victorieux (hormis les défaites de Uckerath et de Wetzlar le 15 juin) : Siegburg, Altenkirchen, Neuwied, Francfort sur le Main, Bamberg, Altendorf, Forchheim et enfin Sulzbach. L'échec de Neumarkt et d'Amberg le 24 août précipita la retraite, la défaite de Wurzburg et le retour précipité sur la rive gauche du Rhin fin septembre.
L'offensive de l'armée Rhin et Moselle composée de 79 500 hommes connut davantage de succès[18], avec les victoires successives de Freudenstadt, de Rastatt, Alpersbach, Ettlingen, Stuttgart, Aalen, Neresheim, Friedberg, Geissenfeld et enfin Mainbourg. Le retour sur le Rhin s'imposa pourtant à compter du 10 septembre du fait de l'isolement et des risques engendrés sur le flanc nord et les arrières par la retraite de Jourdan. Malgré la victoire de Biberach le 2 octobre qui sécurisa la retraite, les défaites de Emmendingen puis Schleingen obligèrent Moreau à quitter la rive droite le 26 octobre. Sa proposition d’armistice ayant été refusée, il laissa les places-fortes de Kehl et Huningue encerclées et soumises à un siège de plusieurs mois.
La contre-offensive de l'Archiduc Charles (qui dirigeait à partir du départ de Wurmser mi-juin l'ensemble des forces autrichiennes soit 150 000 hommes et qui était épaulé par Baillet-Latour, Kray, Wartensleben...) menée à partir du 22-24 août depuis Amberg correspond à une tactique napoléonienne classique, à savoir : concentration de ses propres forces, attaques distinctes d'adversaires séparés, poursuite des retraitants pour éviter tout rétablissement[19]... Largement concentrée sur l'armée de Sambre et Meuse, elle eut pour effet direct d'obliger Jourdan à reculer de près de 400 kilomètres en quatre semaines, s’appuyant sur Marceau pour d'ultimes combats d'arrière-garde à Limburg et Altenkirchen ; et pour effet indirect d'amener Moreau à retraverser la Forêt-Noire sous pression.
La campagne d'Allemagne de 1796 n’a donc pas eu l’impact escompté, à la différence de la campagne d’Italie, malgré les traités de paix avec le Wurtemberg (qui cède Montbéliard, Héricourt et Riquewihr) puis le Bade (qui cède Huningue et Kehl) signés en août 1796. À l’instar de la tentative similaire de septembre-novembre 1795 menée par les généraux Jourdan et Pichegru, l’absence de réelle coordination et la division des forces en deux armées sur deux axes distincts (vallée du Main et vallée du Danube) entrainèrent un échec patent. Il demeurera limité sur le plan des pertes grâce aux retraites opérées, particulièrement celle de Moreau au travers des défilés de la Forêt Noire comme le « Val d’Enfer » qui fut perçue comme un modèle du genre[20]. De même les tentatives de contre-attaques autrichiennes pour reprendre pied sur la rive gauche du Rhin avortèrent notamment du côté de Neuwied les 20-21 octobre ou en Alsace en janvier.
L’échec de la campagne aboutit au remplacement de Jourdan par Beurnonville puis Hoche, à la mort de Marceau (21 septembre 1796), à la démission de Kléber (26 décembre 1796) et à la chute des places fortes de Kehl et Huningue (9 janvier et 5 février 1797). Il facilite également l’envoi en renfort pour la deuxième fois de forces autrichiennes en Italie via le Tyrol fin 1796 (Wurmser avait été dépêché vers le front d'Italie dès juin 1796 avec près de 25 000 hommes). Ces renforts n’empêchèrent pas la défaite de Rivoli et la chute de Mantoue. Parallèlement deux divisions (Bernadotte et Delmas) fortes de 17 000 hommes quittèrent le front du Rhin. Elles parviennent à rejoindre en février 1797 Bonaparte en Italie, juste avant son ultime poussée décisive en Vénétie, puis en Carinthie.
Campagne d'Allemagne (avril 1797)
Une troisième campagne d’Allemagne fut donc nécessaire. Elle est menée par les généraux Moreau et Hoche, qui venait d’être dépêché sur le Rhin après son débarquement avorté sur les côtes irlandaises en décembre 1796. L’opération est lancée -à nouveau comme en septembre 1795 et juin 1796- via un double franchissement du Rhin les 18 et 22 avril 1797. Malgré deux précédents échecs, la même stratégie est retenue par le Directoire et Carnot : deux armées distinctes, sans commandement unifié, attaquent conjointement selon deux axes de pénétration en Allemagne au-delà du Rhin.
Hoche, épaulé notamment par Championnet et Lefebvre, initie l’offensive au nord au niveau de Coblence. Plus au sud, Moreau, secondé notamment par Desaix et Gouvion Saint Cyr, complète l’attaque du côté de Kehl quatre jours plus tard. C’est à cette occasion que Moreau s’emparera du fourgon de Klinglin, découvrant la correspondance secrète de son camarade Pichegru avec Condé et sa trahison de 1795.
L’offensive française est stoppée rapidement malgré des succès initiaux (Altenkirchen puis Neuwied, Diersheim et défilé de la Dill) à la suite des préliminaires de paix du traité de Leoben, prélude au traité de Campo-Formio d’octobre 1797 qui consacrera l’abandon de la rive gauche du Rhin par les Autrichiens. Lancée trop tardivement, la double attaque française avorte. Bonaparte a emporté la décision sur le front italien devenu déterminant face au front rhénan et des campagnes répétitives.
L'invasion anglo-russe de la Hollande, également connue sous le nom de « Campagne de Hollande » s'est déroulée du au , et est marquée par l'invasion de la région nord-ouest de Hollande (République batave) par une coalition composée de forces britanniques et russes, de l’ordre de 32 000 hommes. La campagne a pour double objectif de neutraliser la flotte batave et de favoriser un soulèvement des partisans de l'ancien stathouder Guillaume V contre le gouvernement batave, favorable aux Français. Une coalition entre des armées française et batave de puissance équivalente s'oppose à cette invasion.
Le conflit est dans un premier temps favorable aux Anglo-Russes, vainqueurs lors de la bataille de Callantsoog puis du combat du Zyp. Les batailles suivantes sont cependant favorables aux Franco-Bataves, qui remportent un succès stratégique à Bergen le 19 septembre malgré leur infériorité numérique, et parviennent à affaiblir les forces anglo-russes en tirant profit du terrain malgré la défaite d'Alkmaar. La dernière bataille, livrée à Castricum le 6 octobre, inflige de lourdes pertes aux deux camps, mais constitue une victoire décisive pour le camp républicain dirigé par Brune et Daenels.
À la suite de cette dernière, le chef de l'état-major britannique, Frederick d'York, comte d'Ulster et duc d'York et Albany, ordonne un repli de ses troupes au niveau de la tête de pont initiale, située à l'extrême nord de la péninsule. La Convention d'Alkmaar, négociée le avec le commandant en chef des troupes franco-bataves, le général Guillaume Brune, met fin aux hostilités. Il permet aux troupes britanniques et russes, ainsi qu’à leurs partisans orangistes, de quitter la zone sans violence avant le 1er décembre, en échange de la libération de près de 8000 prisonniers hollandais (même si la flotte batave n’est pas restituée).
Le traité d'Amiens marque la fin des hostilités. Pour les conflits ultérieurs, consulter l'article sur les guerres napoléoniennes.
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