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photographe, éditeur et réalisateur français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
François Lagarde, né le à Nîmes et mort le à Montpellier[1], est un photographe, éditeur et cinéaste français.
Naissance | |
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François Fernand Marc Lagarde |
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Activités |
Directeur de thèse |
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Issu d’une famille franco-suisse, il passe toute son enfance au Havre où son père, Werner Lagarde, pasteur libéral, officie à l'église réformée de 1952 à 1969. De cette enfance havraise, il garde un souvenir anxieux. Dyslexique, l’apprentissage de l’écriture et de l’orthographe est un véritable calvaire. Seule la pratique de la voile au Club des Régates puis bientôt la photographie le comblent. Il dira plus tard : « C'était grave et autour de moi je n'entendais que cette litanie : « il fait des fautes d'orthographe, il fait des fautes d'orthographe... » De ce refrain mon oreille ne retint que fautes au graphe. Je ne vois que cette explication à ce désir précoce[2]. »
En 1962, François Lagarde reçoit son premier appareil photo (un Agfa Rétinette) de son parrain Jean-René Bory[3], historien et écrivain, spécialiste de l’histoire des Suisses dans le monde, qu’il accompagnera souvent, comme photographe, lors de ses nombreuses recherches iconographiques, notamment au château de Versailles.
Il s’inscrit en 1969 à l’Institut d’art et d’archéologie de Paris où il fait la connaissance de Gérard-Georges Lemaire et d’Alain Pacadis. La photographie, qu’il pratique assidûment depuis son adolescence, le mène d’abord à travailler pour l’Agence Bernand, spécialisée dans le spectacle, où il photographie surtout des comédiens de théâtre. Puis très vite la photographie est un prétexte pour approcher les artistes, performers, musiciens de rock, écrivains et poètes qu’il affectionne : Denis Roche, Roland Barthes, Bernard Lamarche-Vadel, Valère Novarina, Maurice Roche, Dominique Gilbert-Laporte, Jean-Noël Vuarnet, puis plus tard Jacques Derrida, Roger Laporte, Philippe Lacoue-Labarthe, Emmanuel Levinas, ou encore les artistes Jean Azémard, Toni Grand, Jean-Luc Parant, Patrick Saytour, Robert Combas, Hervé Di Rosa, etc.
Les portraits qu’il réalise ont toujours une grande profondeur de champ mais parfois avec un souci de « défocalisation ». La périphérie, le neutre et le net sont des concepts importants dans son travail photographique et cinématographique. « L’image, chez lui, ne renvoie pas à un ailleurs. Elle est sans arrière-monde[4]. » Pas de flou, ni de clair-obscur, juste ce qui est. La photographie qu’il défend est celle qui prend sa source du côté de la peinture hollandaise, ayant consacré certains de ses travaux photographiques aux Vanités[5].
Au milieu des années 1970, il s’installe à Genève et fait la connaissance de Cozette de Charmoy, artiste-graphiste avec laquelle il collabore souvent, ainsi que de son époux Rodney Grey qui intervient en tant que chef négociateur pour la délégation canadienne dans le cadre du Gatt. Ce dernier l’initie à la pensée de Hegel et d’Alexandre Kojève. Cette rencontre est déterminante puisqu’elle provoque un vif intérêt pour la philosophie et développe une vigilance et un esprit critique. Plus tard il fait sienne une phrase de Denis Roche : « l’espace étant aristocratique et le temps démocratique (essayez donc de renverser la formule !)[6]. » Il développe cette idée au cours d’un entretien publié dans la revue Mettray fondée par le photographe et cinéaste Didier Morin : « Jouir de l’espace est un luxe qui demande toujours plus. Un palais ne se décline pas à l’infini. Le temps relève d’une tout autre économie [...]. C’est ce temps démocratique qui m’attire, celui qui se déroule dans l’exercice de la lecture, du parcours de l’œil sur l’image, du défilement de la pellicule et du son, mais surtout du partage de l’unique et de l’intériorité qu’il fabrique. Ce que nous gagnons dans le reproduit m’intrigue bien plus que l’évanouissement de l'aura que Walter Benjamin a si bien éclairé[7]. »
Du 24 au 28 septembre 1975, en compagnie de Gérard-Georges Lemaire, il organise à Genève le « Colloque de Tanger » autour de deux personnalités majeures, Brion Gysin, peintre, écrivain, inventeur du « cut-up » et de la « dreamachine », et William S. Burroughs. Ce colloque donnera lieu à la publication de deux volumes aux éditions Christian Bourgois[8]. À travers eux, ce sont les derniers de la Beat Generation qu’il côtoie et photographie, tels Allen Ginsberg et Gregory Corso, ainsi que les poètes sonores Bernard Heidsieck ou encore Henri Chopin.
Il crée, toujours avec Gérard-Georges Lemaire, en 1976 les éditions « Terra Incognita » puis, en 1977, « Images Nuit Blanche » où la photographie côtoie le texte. Les tirages dépassent rarement les cinquante exemplaires et sont présentés dans des portfolios réalisés entièrement par François Lagarde lui-même, puisqu’il maitrise aussi bien la presse à épreuve que la typographie et la phototypie. « Graphisme, typographie, communication, rien ne fait peur à celui qui fut aussi un homme pragmatique, refusant la hiérarchie culturelle entre les arts nobles et les pratiques secondaires. C’est que la technique lui importe, et qu’il l’aime[4]. » Convaincu que celle-ci a de profondes incidences sur nos modes de pensée.
En 1979 il quitte Genève pour Montpellier où il fonde en 1981 une nouvelle maison d’édition, « Gris banal éditeur », titre qui fait à la fois référence au gris de la photographie mais aussi au plus éloigné possible du nom propre. Il abandonne la typographie et phototypie au profit de l’offset. Il fait paraître un premier titre, « Modèles », portraits de nombreux écrivains connus ou méconnus. Pour François Lagarde, il s’agit de dépasser la simple photo d’identité qu’il qualifie comme faisant partie de l'iconographie chrétienne où le corps est totalement absent. Il préfère mettre en scène son sujet où tout fait signe, aussi bien le corps que l’environnement d’un écrivain ou d’un artiste. « Portraitiste, il a toujours recherché cet instant, où son modèle, quand il pose, retrouve son naturel. C'était à la fois spontané et prémédité. Il ne cherchait pas à idéaliser ceux dont il faisait le portrait, mais à les restituer sur le papier émulsionné, avec leur beauté réelle, entre l'apparence physique et leur intériorité[9]. » Les premiers livres de « Gris banal » : Exode d’Yves di Manno, Légendes de Denis Roche, Légendes de Brion Gysin, Album Ernst Jünger, Jours caucasiens et Jours parisiens de Banine, The Beat Hotel, avec des photographies d’Harold Chapman (en), ainsi que LSD mon enfant terrible du chimiste suisse Albert Hofmann ont tous cette double présence de la photographie et de la littérature. Ces « biophotographies » aux légendes succinctes désacralisent mythe et légende de l’écrivain.
À la fin des années 1990, après avoir enseigné la photographie et la vidéo aux Beaux-Arts de Nîmes, de Marseille puis d’Avignon, il se passionne de plus en plus pour les technologies du numérique et notamment pour le CD-ROM. En 1999, il fonde avec la réalisatrice Christine Baudillon et le créateur multimédia Lionel Broye une nouvelle maison d'édition « Hors œil éditions » au sein de laquelle sont éditées plusieurs publications sur support CD-Rom présentées en coffret ainsi que de nombreuses œuvres filmiques aussi bien ancrées dans le champ philosophique que musical – deux films consacrés au critique et philosophe Philippe Lacoue-Labarthe, Entretiens de l’île Saint-Pierre où celui-ci converse avec l'écrivain Jean-Christophe Bailly, puis un portrait posthume Philippe Lacoue-Labarthe, Altus[10] », ainsi que « La clairière et le refuge. Roger Laporte, leçons sur Heidegger.
En 2012, il produit, réalise et édite son film Simondon du désert[11], portrait du philosophe Gilbert Simondon (1924-1989). Un film poético-philosophique où les nombreux dialogues orchestrés par l'écrivain Pascal Chabot avec des spécialistes de la philosophie de Simondon se substituent à l’image absente du philosophe. « Lagarde a su réserver de longues plages de discours indispensables à la compréhension de la pensée simondonienne mais aussi des respirations qui donnent son souffle et son ampleur au film[12]. » Puis il se consacre au montage de son film titanesque, Le Rouge et le Gris. Ernst Jünger dans la Grande Guerre[13], adaptation du livre de l’écrivain-soldat Ernst Jünger, Orages d'acier (1919), entièrement composé de plus de 3 000 photographies allemandes de la Grande Guerre qu’il recueille pendant plus de vingt ans.
Les films de François Lagarde affichent une certaine prédilection pour le plan-séquence qui permet d’éprouver l’épreuve du temps. Son travail, aussi bien photographique que cinématographique, témoigne d’une obstination pour défendre des pensées dites « marginalisées » qu’il qualifie d’essentielles : « Seuls les irréguliers et les inclassables me touchent car ils sont sans concessions ». À la question posée par Frédéric Joly lors d'un entretien publié dans la revue Septimanie – « Y a-t-il des critères qui président au choix des artistes, penseurs ou musiciens conviés à participer à l'aventure d'un film ? » –, François répondait : « leur complexité, leur courage, leur refus de jouer le jeu des médias ; leur silence, et leur exigence exemplaires[14]. »
De septembre à octobre 2014, la Maison Européenne de la Photographie[15] lui consacre une exposition qui retrace son parcours de photographe des années 70 à nos jours.
Le 24 octobre 2018 sort en salle à Paris le film Le Rouge et le Gris.
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