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rafle d'enfants juifs en 1944 à la Maison d'Izieu en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les « enfants d'Izieu » désigne un groupe de 44 enfants juifs de différentes nationalités, réfugiés dans une maison transformée en colonie de vacances pendant la Seconde Guerre mondiale, sur le territoire de la commune française d'Izieu, dans le département de l'Ain. Ces enfants furent déportés à la suite d'une rafle de la Gestapo, le jeudi , et furent exterminés à Auschwitz, à l'exception des deux plus âgés qui sont déportés et assassinés à Tallinn, en Estonie. Six des adultes qui les encadraient subirent le même sort. Ils auraient été dénoncés par un Français de Metz[1]. Le procès de Klaus Barbie se termine sans que l'on connaisse, en définitive, le responsable de cette dénonciation[2].
En 1942, Sabine Zlatin prend la direction d’une maison d’enfants juifs à Palavas-les-Flots.
Au printemps 1943[3], Roger Fridrici, chef de division de la préfecture de l'Hérault, prévient le sous-préfet de Belley (dans l'Ain), Pierre-Marcel Wiltzer, de la venue de Sabine Zlatin, juive polonaise réfugiée en France avant la guerre et infirmière de la Croix-Rouge. Elle veut éloigner des enfants juifs de Montpellier où les rafles nazies sont nombreuses.
Pierre-Marcel Wiltzer propose une maison à Sabine Zlatin, pour créer une colonie d’enfants[4]. Il sait qu’il s’agit d’enfants juifs provenant de Lodève (Hérault), qu’il faut soustraire au danger.
La maison du hameau de Lélinaz, à l’entrée d’Izieu, se situe en retrait de la route de Belley, à l’abri. Izieu est un petit village perché au-dessus d’un bras du Rhône à la frontière de trois départements français : l’Ain, l’Isère et la Savoie.
« Ici, vous serez tranquilles », dit Pierre-Marcel Wiltzer à Sabine Zlatin[5].
Elle accepte et entame avec son mari, Miron Zlatin, les démarches pour amener les enfants et recruter les éducateurs pour en prendre soin.
Pierre-Marcel Wiltzer intitule officiellement la maison d'Izieu, « Colonie d'enfants réfugiés de l'Hérault ». Il présente Marie-Antoinette Cojean, secrétaire en chef de la sous-préfecture, qui va jouer, elle aussi, un rôle important dans l'installation et la vie quotidienne de la maison d'Izieu. Pierre-Marcel Wiltzer se déplace en personne à Bourg-en-Bresse pour obtenir des cartes d'alimentation et parvient à en obtenir quarante. Pour Noël 1943, il vient rendre visite aux enfants les bras chargés de cadeaux.
Jusqu'en 1942, Izieu était située en Zone libre, à proximité de la Suisse ; puis, de à , elle était englobée dans la zone d'occupation italienne. Le , l’Italie capitule et l’armée allemande occupe aussitôt les départements de l’ancienne zone italienne. Les persécutions antisémites s’y intensifient.
Dans les premiers mois de 1944, Sabine Zlatin prend conscience de la nécessité de disperser les enfants de la colonie.
Jusqu'en , selon le registre tenu par Miron Zlatin, 105 enfants ont séjourné à Izieu. La durée du séjour va de quelques semaines à quelques mois[6].
Le , le médecin de Sabine Zlatin et de la colonie, le docteur Albert Bendrihen[7] ou Bendrihem[8] est arrêté, à 16 h, par les Allemands, à son domicile, situé à 3 kilomètres d'Izieu, au hameau voisin de Glandieu. Sabine Zlatin lui avait rendu visite le même jour, ainsi que deux autres patients, d'après son carnet de visites. Le docteur Albert Bendrihen, âgé de 37 ans, est un juif converti au catholicisme. Il a obtenu une dérogation pour conserver le droit d'exercer[9],[10]. Né le , à Oran (Algérie), il est de nationalité française. Il est déporté[11] par le convoi no 67, du , du camp de Drancy vers Auschwitz. Sa dernière adresse est Brégnier-Cordon[12],[13] (Ain)[14]. Avant d'être amené à Drancy, il est passé par Lyon[15],[16].
Le , la Gestapo effectue une rafle dans les locaux et arrête le personnel du siège de la 3e direction de l’UGIF à Chambéry dont dépend la colonie d’Izieu. Une assistante sociale de l’Œuvre de secours aux enfants (OSE), Marguerite Kahn (plus tard Marguerite Cohn) du Réseau Garel (Lyon, 1942-1944)[17], se rend à Izieu et pousse à la dispersion des enfants[18].
L'arrestation du docteur Bendrihen et la rafle de Chambéry sont deux événements qui amènent les Zlatin à vouloir disperser les enfants[9].
Le , le Service social d’aide aux émigrants de Lyon, rédige un rapport après une visite de la colonie organisée à la demande de Sabine Zlatin qui « cherche à céder cette maison » et disperser les enfants.
Le , Pierre-Marcel Wiltzer est muté à la sous-préfecture de Châtellerault (Vienne). La colonie perd un allié dans l’administration.
Il est remplacé par Jules Serieyx, ancien rédacteur d'un journal séparatiste breton, qui ne jouit pas d'une bonne réputation auprès de la Résistance locale[9].
Sabine Zlatin est à Izieu en . Elle repart fin mars-début avril pour Montpellier[18], où elle tente de trouver un refuge plus sûr pour les enfants et disperser la colonie. Elle était venue demander de l'aide à l'abbé Charles Prévost[19]. C’est à Montpellier qu’elle apprend la nouvelle de la rafle, par un télégramme que lui adresse Marie-Antoinette Cojean : « Famille malade - maladie contagieuse. »[20]. Marie-Antoinette Cojean avait aidé la colonie à résoudre de nombreux problèmes administratifs[21].
Les Enfants d'Izieu auraient été dénoncés par un Français de Metz[1]. Cependant, le procès de Klaus Barbie se termine sans que l'on connaisse, en définitive, le responsable[2].
Fritz Loebman, qui travaille, depuis [22] à la ferme de Lucien Bourdon à Brens, est de retour à la Maison d'Izieu, une semaine avant[23] la rafle du [20].
Lucien Bourdon est né en Lorraine en 1906, donc officiellement né en Allemagne. Il fréquente l'école allemande. Mais il ne veut pas s'engager dans la Wehrmacht. Avec son épouse, il décide de quitter la Lorraine et de s'installer dans une ferme à Izieu. Durant l'occupation, il est de notoriété publique en bons termes avec les Allemands qui avaient une garnison dans la ville voisine de Belley. Un jour, Lucien Bourdon demande à Miron Zlatin, le mari de Sabine Zlatin, la directrice de la Maison d'Izieu, s'il y a un grand garçon pour l'aider à sa ferme. Les Zlatin désignent Fritz Loebmann, grand pour son âge de 15 ans, et qui possède une fausse carte d'identité, au nom de François Loban. Il est probable que Fritz Loebmann a laissé trainer une lettre dans la maison des Bourdon. Lucien Bourdon se rend compte que Fritz Loebmann et les autres Enfants d'Izieu sont Juifs. L'information passe à Klaus Barbie. Il ordonne la rafle. Lucien Bourdon renvoie Fritz Loebmann chez les Zlatin, au motif qu'en définitive, il n'a pas besoin de lui, n'étant pas en pleine saison. Une semaine plus tard, le , les Allemands arrivent à la Maison d'Izieu.
Lucien Bourdon accompagne la Gestapo et assiste aux arrestations[22]. Sa présence est attestée par Julien Favet, ouvrier agricole à Izieu, lors du procès Barbie[24].
Le lendemain, le [23], ou, selon les sources, le [22] ou encore la semaine suivante[25], en tous cas certainement peu après, Lucien Bourdon et son épouse retournent, avec l'aide des Allemands, en Lorraine[23].
Dans les derniers mois de la guerre, Lucien Bourdon devient garde dans le camp d'internés politiques à Sarrebruck[22], en Sarre (Allemagne). Le , il est incorporé dans les rangs de la Wehrmacht, avant d'être arrêté par l'armée américaine, quinze jours plus tard. En , il est rapatrié en France[22],[26].
Lucien Bourdon est soupçonné d'avoir dénoncé les enfants d'lzieu. Il est à nouveau arrêté le près de Metz et transféré à Lyon où il est inculpé de trahison. L'un des chefs d'inculpation est d'avoir entretenu des intelligences avec une puissance étrangère, l'Allemagne, ou avec ses agents, en vue de favoriser les entreprises de cette puissance contre la France. Faute de preuves suffisantes, l'accusation de dénonciation n'est pas retenue mais, le 13 juin 1947, la Cour de justice de Lyon le juge « coupable d'indignité nationale » et le condamne à la « dégradation nationale à vie »[22]. Il est néanmoins immédiatement remis en liberté[20].
En 1987, lors du procès Barbie, Lucien Bourdon est toujours en vie. Malgré une demande à comparaître, il est absent au procès[2],[27].
Le correspond aux vacances de Pâques 1944 et le premier jour des vacances scolaires[4].
Ce , les troupes de la Gestapo, sous le commandement de Klaus Barbie, investissent la colonie et arrêtent les 44 enfants résidents de différentes nationalités (Algérie, Allemagne, Autriche, Belgique, France et Pologne) et 7 adultes présents les encadrant.
Les enfants et les adultes sont embarqués dans des camions vers la prison Montluc[29] à Lyon. Ils y restent le et le . Au procès Barbie, la seule survivante, Léa Feldblum témoigne que les enfants étaient assis sur le sol et les adultes avaient leurs mains liées haut sur les murs. Les adultes et les adolescents sont interrogés, mais pas les enfants. Le , ils sont emmenés à la gare de Perrache par tram et transférés dans des trains en direction de Drancy. Léa Feldblum voyage dans un compartiment avec les plus petits et elle aperçoit, dans le corridor, les adolescents Théo Reiss et Arnold Hirsch passant menottés[30].
Ils sont ensuite expédiés au camp de Drancy, où ils arrivent le . Au camp, ils se voient attribuer les numéros 19185 à 19235. Léa Feldblum possède de faux papiers d'identité mais elle dévoile son vrai nom pour accompagner les enfants[30].
Les enfants et les adultes sont emmenés vers les camps de la mort en plusieurs convois partis de la gare de Bobigny (convois no 71, 73, 74, 75 et 76 respectivement des , , , et )[31],[15]. Trente-quatre enfants partent par le convoi no 71, deux par le convoi no 73, deux par le convoi no 74, trois par le convoi no 75, et les trois derniers enfants partent par le convoi no 76. Quarante-deux enfants sont gazés dès leur arrivée à Auschwitz, le plus jeune, Albert Bulka, étant âgé de 4 ans. Léa Feldblum, une éducatrice de la colonie sera déportée à Auschwitz avec les enfants, mais survivra, après avoir subi des « expériences » médicales. Les autres adultes déportés sont : Lucie Feiger, Mina Friedler, Suzanne Levan-Reifman, Eva Reifman, Moïse Reifman et Miron Zlatin.
Deux adolescents (Arnold Hirsch, 17 ans et Theodor Reis, 16 ans) et Miron Zlatin sont déportés par le convoi no 73 à destination de Tallinn où ils disparaissent.
Le , Sabine Zlatin se trouve à Montpellier, pour trouver un nouveau refuge pour les Enfants d'Izieu. Elle était venue demander de l'aide à l'abbé Charles Prévost[19],[32]. Elle était à Montpellier depuis la fin -début [18]. Elle est prévenue par un télégramme codé de Marie-Antoinette Cojean, la secrétaire de la sous-préfecture de Belley : « famille malade, maladie contagieuse ». Elle comprend. Elle se rend à Vichy, rencontre Joseph Darnand, Secrétaire général au Maintien de l’ordre (Régime de Vichy), qui menace de la faire arrêter. Les Enfants d'Izieu sont déjà à Drancy[26].
Absente au moment de la rafle, Sabine Zlatin, désormais surnommée « la Dame d'Izieu », a consacré le reste de son existence à son combat pour la mémoire des enfants.
À la suite de l’émotion soulevée par le procès de Klaus Barbie, dit le « Boucher de Lyon », en 1987, un mémorial est fondé à l’initiative de Sabine Zlatin et de la communauté juive de Lyon dans la maison et les dépendances de la maison pour enfants, sous le nom de musée-mémorial des enfants d’Izieu. Il est inauguré par le président François Mitterrand le . Sabine Zlatin meurt le à l'âge de 89 ans.
Les lettres et dessins des enfants d'Izieu sont conservés au département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France (cote Réserve Qe-1183 (1-6)-Pet. Fol.)[33]. Ils ont fait l'objet d'une exposition à la Bibliothèque nationale en 1994.
Le , le président de la République, François Hollande, inaugure la maison d'Izieu après une fermeture de quelques mois pour rénovation.
Une stèle à la mémoire des Enfants d'Izieu est profanée à Lyon le [34].
Les noms, par ordre alphabétique, sont :
René Wucher (ou René-Michel Wucher[52]), il vient juste d'arriver à la colonie, pour les vacances de Pâques, le dimanche de Pâques tombant le . Seul enfant non-juif présent à la colonie, il est âgé de 8 ans[53]. Il est arrêté lors de la rafle du jeudi . Lors d'un arrêt à Brégnier-Cordon, village en contrebas d'Izieu[54], les Allemands le font descendre du camion, à la demande d'une tante[5],[52],[55],[27] qui travaille dans une confiserie située juste à l'endroit où le camion le transportant tombe en panne[56]. Il témoigne au procès Barbie[57],[26],[58].
Les noms, donnés par ordre alphabétique, sont[15] :
Témoignage de Léon Reifman, rescapé et témoin de la rafle :
Une rescapée d'Auschwitz, Edith Klebinder[80], raconta le destin des enfants, lors du procès de Klaus Barbie :
L'artiste allemand Gunter Demnig a encastré dix Stolpersteine en mémoire des enfants d'Izieu dans le sol des rues en Belgique et en France. On trouve quatre Stolpersteine :
Sept autres pierres de mémoire pour les enfants d’Izieu originaires d’Anvers — Hans Ament, Lucienne Friedler, Max Tetelbaum, Herman Tetelbaum, Paula Mermelstein, Marcel Mermelstein et Samuel Stern — sont toujours en attente de pose dans la ville d’Anvers[86].
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