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corps expéditionnaire français durant la Seconde Guerre mondiale De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le corps expéditionnaire français d'Italie (CEF ou CEFI), commandé par le général Juin, est un ensemble de quatre divisions militaires constituées en grande partie de soldats issus de l'Armée d'Afrique, qui de novembre 1943 à juillet 1944 combattent avec les Alliés lors de la campagne d'Italie, repoussant les forces allemandes d'une grande partie de la péninsule.
Corps expéditionnaire français en Italie | |
Insigne de manche d'épaule | |
Création | 1943 |
---|---|
Dissolution | 1944 |
Pays | France |
Allégeance | France libre |
Branche | Armée |
Effectif | 112.000 |
Guerres | Seconde Guerre mondiale Campagne d'Italie |
Commandant historique | Général Alphonse Juin |
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Le CEF s'est particulièrement illustré au cours de la bataille du Monte Cassino lors de la percée de la ligne Gustave en mai 1944 qui permit aux Alliés de reprendre leur progression vers Rome, interrompue depuis janvier 1944.
En 1944, il redonne à la France son prestige et son rang de quatrième grande puissance[1]. Sa réputation est néanmoins ternie par l'importance des exactions, ainsi que par les nombreux viols, commis par des soldats du CEF envers les populations civiles qui vont jusqu'à provoquer un scandale diplomatique[2].
En mai 1944, le CEF comporte 112 000 hommes[3], dont 60 % de Maghrébins commandés par des officiers français[4],[5], 12 000 véhicules et 2 500 chevaux et mulets.
Au total, quatre divisions, seize régiments d'infanterie (neuf régiments de tirailleurs, les trois groupements de tabors marocains (GTM) du général Guillaume, les trois brigades d'infanterie et le 1er régiment de fusiliers marins de la 1re DMI), cinq régiments de l'arme blindée cavalerie, cinq régiments d'artillerie et trois bataillons du génie participèrent aux opérations.
Une cinquième division, non rattachée au CEF, la 9e DIC du général Magnan sera engagée en juin 1944 dans la conquête de l'île d'Elbe.
Un régiment de tirailleurs nord-africains comporte un peu plus de 3 000 hommes (dont près de 500 officiers et sous-officiers) et 200 véhicules. La proportion de Maghrébins atteint 69 % pour le régiment, 74 % pour le bataillon, 79 % pour la compagnie de fusiliers-voltigeurs, 52 % pour la compagnie antichar et 36 % pour la compagnie de canons d'infanterie[6].
Un régiment d'infanterie type montagne comporte près de 4 000 hommes (dont près de 600 officiers et sous-officiers) et 170 véhicules. La proportion de Maghrébins atteint 77 % pour le régiment, 79 % pour le bataillon, 82 % pour la compagnie de fusiliers-voltigeurs et 77 % pour la compagnie motorisée[6].
Un groupe de tabors marocains comporte près de 3 000 hommes (dont près de 250 officiers et sous-officiers) et 170 véhicules. La proportion de Maghrébins atteint 77 % à 78 %[6].
L'artillerie des divisions d'infanterie (1re DMI, 2e DIM et 3e DIA) comprend une batterie hors rang, trois groupes d'obusiers de 105 mm et un groupe d'obusiers de 155 mm et compte plus de 2 000 hommes (dont 420 officiers et sous-officiers) et 380 véhicules. La proportion de Maghrébins atteint 38 %[7].
L'artillerie de la division de montagne (4e DMM) comprend une batterie hors rang, et trois groupes équipés de canons de 75 et compte plus de 2 700 hommes (dont 360 officiers et sous-officiers) et 180 véhicules. La proportion de Maghrébins atteint 67 %[8].
Un régiment de reconnaissance compte près de 900 hommes (dont 150 officiers et sous-officiers) et 220 véhicules. La proportion de Maghrébins atteint 15 % pour la troupe et 13 % pour l'ensemble du régiment[6].
Un régiment de chasseurs de chars compte près de 900 hommes (dont 140 officiers et sous-officiers) et 220 véhicules. La proportion de Maghrébins atteint 27 % pour la troupe et 25 % pour l'ensemble du régiment[6].
La campagne d'Italie débute par les opérations de Sicile en juillet 1943 et le débarquement au sud de Naples en septembre 1943. L’objectif des Alliés anglo-américains, placés sous le commandement allié du maréchal britannique Alexander, est Rome.
Sur leur route, la ligne Gustav, défendue par les 10e et 14e Armées allemandes du maréchal Kesselring, coupe l’Italie à travers le massif des Abruzzes et bloque toute avance alliée.
Le CEF débarque à partir de novembre 43 et est engagé en deux phases :
Les premières unités débarquent en Italie à partir du 19 novembre 1943 et prennent officiellement le nom de corps expéditionnaire français en janvier 1944. Le CEF du général Juin est intégré à la Ve Armée américaine du général Clark au sein XVe Groupe d'armées allié du général Alexander, au côté de la VIIIe armée britannique (commandée par le général Leese à partir de fin décembre 1943 en remplacement du général Montgomery).
Le 13 décembre 1943, la 2e D.I.M. du général Dody reçoit l'ordre de prendre le Monte Pantano (1 100 mètres) et de relever la 34e division d'infanterie américaine qui a perdu 1 500 hommes en tentant de s'en emparer sans succès. Après deux jours de combats acharnés face à la 305e division d'infanterie allemande, le 5e régiment de tirailleurs marocains du colonel Joppé parvient à s'en emparer. Le 8e régiment de tirailleurs marocains s'empare lui de la Mainarde (1 478 mètres) le 26 décembre. Les pertes sont lourdes mais ce premier résultat suscite l'admiration des Américains.
En janvier 1944, a lieu la bataille du Belvédère, dans le massif des Abruzzes, lors de la bataille du mont Cassin. Le général de Gaulle considérait cette bataille du Belvédère, conduite par l'armée française seule sur ordre du général Clark, comme l'un des faits d'armes les plus glorieux de l'armée française durant la Seconde Guerre mondiale. Les combats se sont déroulés du 25 janvier 1944 au 4 février 1944 impliquant essentiellement le 4e régiment de tirailleurs tunisiens qui perdra les deux tiers de ses effectifs dans les combats (279 tués, 426 disparus et 800 blessés).
En mai 1944, au cours de la la bataille du Garigliano, les troupes du CEF débordent puis enfoncent la ligne Gustave permettant ainsi aux Alliés de reprendre leur progression vers Rome, interrompue depuis janvier 1944.
La ville de Sienne est prise en juillet 1944. Le CEF est retiré du front le même mois et ses unités intégrées au sein de l’armée B commandée par le général de Lattre de Tassigny pour débarquer en Provence en août 1944.
Libération de l'île d'Elbe par la 9e DIC, non rattachée au CEF, lors de l'opération Brassard, du 17 au 19 juin 1944. Au cours de trois jours de combat, la 9e DIC, soutenue par le 2e GTM, le bataillon de choc et les commandos d'Afrique et avec l'appui aéronaval des Britanniques et des Américains, prend d'assaut l'île d'Elbe, très puissamment fortifiée par les Allemands. Les pertes françaises sont de 201 tués, 51 disparus et 635 blessés soit 7 % de l'effectif engagé. Les Italiens et les Allemands ont quant à eux perdus 500 hommes et 1 995 prisonniers.
Le corps expéditionnaire français est accusé de meurtres, vols, pillages et du viol de plusieurs milliers de femmes et d'enfants commis par les troupes françaises aux deux-tiers marocaines lors de la campagne de 1944[9]. Le rapport d’un inspecteur du ministère de la Santé, envoyé par le gouvernement italien dans le bas Latium en septembre 1944, fait état de d'environ trois mille cent victimes dans les provinces de Frosinone et de Latina, mais les chiffres n'incluent pas de nombreux centres urbains parmi les plus touchés et de nombreuses petites villes. Donner des statistiques fiables est d'autant plus difficile que les victimes éprouvaient de la honte à en parler, pour des raisons intimes et en raison culture locale « marquée par une culture masculine et machiste dominante, tendant à culpabiliser les victimes des viols et leur imposant le silence sur les méfaits subis »[9].
La France après-guerre acceptera de dédommager 2 000 victimes et 20 000 cas de pillage[10],[11].
Selon l'historienne Julie Le Gac[10], vu la réticence des femmes italiennes à porter plainte, le chiffre devait être plus proche des 4 000 à 5 000 viols, le chiffre de 60 000 avancé par les autorités italiennes semblant être exagérément gonflé comme élément de négociation[10]. Elle explique ces exactions qui ont eu lieu principalement au printemps par la décompensation due au blocage de la situation militaire pendant l'hiver[10], le mépris des Français vis-à-vis des Italiens qu'ils considéraient comme les traîtres de 1940[10], un manque d'encadrement accentué par l'isolement de certaines unités à cause du relief de la péninsule[10] et « un droit de razzia ou de viol » qui aurait perduré chez certains supplétifs comme les goumiers après la pacification du Maroc[10]. Le général Juin condamnera ces violences tout en les minimisant mais face aux protestations des Américains, il ordonnera que soit fusillé tout soldat pris sur le fait[10], ce qui conduira selon Julie Le Gac à quelques dizaines d'exécutions sommaires[10] avant que la justice militaire ne reprenne les choses en main. Elle prononcera 185 condamnations pour violences sexuelles mais dont une seule exécution car le viol avait été suivi du meurtre de la victime[10].
Dans une lettre adressée au général de Gaulle le 18 juillet 1944, le général Jean de Lattre de Tassigny considère que « de tels faits ont été singulièrement déformés et exagérés à des fins anti-françaises »[12].
Quant au général Juin, jugeant suspecte la vigueur de la réaction italienne, il dénonce dans une lettre adressée le 22 juillet 1944 au général Clark une « manoeuvre habilement orchestrée dont le but est de discréditer les troupes françaises et de jeter partout une ombre sur la page de gloire qu'elles ont ouverte en Italie »[13].
Pour l'écrivain Jean-Christophe Notin, les chiffres ne sont soutenus par aucune archive française[14]. Il estime que si les 360 cas jugés par la justice militaire française sont certainement sous-estimés, le nombre de 4 000 à 5 000 viols avancés par Julie Le Gac « relève d'une fantaisie, que les premiers concernés, les anciens du CEF, par la force de l'âge, ne sont plus guère en mesure de contester. Ils auraient pu expliquer que pareille orgie aurait signifié que pratiquement chaque soldat engagé au front [...] se serait livré au moins à un viol... ». Pour l’écrivain, « c'est tout bonnement inconcevable de la part d'individus éreintés par des journées d'un combat dont le XXIe siècle ne peut plus comprendre la violence, sous la conduite d'officiers qui auraient été voués à ne plus avoir aucune autorité sur eux s'ils les avaient laissé ainsi épancher leurs pulsions les plus basses — voire incités comme le laisse entendre cette étude [de Julie Le Gac] de la manière la plus regrettable[15]. »
Les chiffres de Julie Le Gac sont également contestés par Claude Sornat, contrôleur général des armées, commandeur de la légion d'honneur[16] et président de la Koumia (Association des anciens des goums marocains et des Affaires indigènes en France), qui « interroge sa méthode de comptabilité et conteste l'idée qu'une « carte blanche » aurait été donnée par des cadres aux goumiers pour piller et violer »[17].
Selon l'historienne Claire Miot, maitresse de conférences en histoire contemporaine à Sciences Po Aix, autrice de l'ouvrage La Première Armée française. De la Provence à l’Allemagne 1944-1945 publié en 2021[18], en Italie comme en Allemagne, les soldats coloniaux « subissent prioritairement les rigueurs de la répression militaire » et sont « sans doute plus souvent suspectés des viols et poursuivis ». L’inégalité face à la répression est soulignée par un officier français, Henri Brunel[19], chef de bataillon au 4e RTM : « Ils [les tirailleurs] ne comprennent pas qu’on leur interdise de violer et de piller alors qu’ils voient ces troupes françaises le faire au grand jour sans aucune réaction des cadres. » [20].
Le CEF en Italie perd, de novembre 1943 à juillet 1944 après huit mois d'opérations, 32 171 hommes (dont 60 % de Maghrébins) sur 80 000 réellement engagés (6 577 tués, 2 088 disparus et 23 506 blessés) et répartis de la façon suivante[4],[21] :
Unité | Tués | Disparus | Blessés | Total |
ERG et services | 1 953 | 935 | 4 386 | 7 274 |
Goums marocains | 598 | 8 | 2 392 | 2 998 |
1re DMI | 673 | 2 066 | 2 739 | |
2e DIM | 1 396 | 315 | 6 744 | 8 455 |
3e DIA | 1 068 | 679 | 4 529 | 6 276 |
4e DMM | 889 | 151 | 3 389 | 4 429 |
Total | 6 577 | 2 088 | 23 506 | 32 171 |
Après la guerre, six noms de bataille sont attribués pour rappeler la Campagne d'Italie et s'inscrivent dans les plis des drapeaux : Abruzzes, Le Belvédère, Garigliano, Pontecorvo, Rome et Toscane.
Trois nécropoles (Venafro, Monte Mario et Miano) furent créées après la guerre en Italie regroupant 7 037 sépultures de soldats du CEF dont 4 600 musulmanes. En 1991, la translation des tombes du cimetière de Miano fut effectuée vers le cimetière de Venafro.
Nécropoles [22] | Nombre de tombes (CEF) | dont stèles musulmanes |
Venafro | 4 578 | 3 130 |
Monte Mario (Rome) | 1 709 | 1 142 |
« Engagé aux côtés des forces alliées pour la libération de l'Europe de la dictature nazie, le Corps expéditionnaire français commandé par le général Juin a débarqué à Naples (libérée depuis septembre par l'armée américaine du général Clark) le 23 novembre 1943. Le front s'est stabilisé sur les fleuves Garigliano et Sangro et sur le massif des Abruzzes où les Allemands se sont retranchés derrière la Ligne Gustav. Dès le 16 décembre, la deuxième Division d'infanterie marocaine du général Dody prend sa place sur le front suivie d'autres troupes de volontaires recrutés en Afrique du Nord. Dans le froid de l'hiver des combats acharnés se déroulent pour la possession du Monte Cassino. Le 18 mai 1944, grâce à l'audacieuse manœuvre du général Juin dans les Monts Aurunci, le verrou saute, ouvrant la voie à la prise de Rome (le 4 juin 1944). Au nombre de 15 000 en décembre 1943, 113 000 en mai 1944, les troupes françaises ont déploré 6 577 tués, 2 088 disparus et 23 506 blessés. Le cimetière de Venafro regroupe les soldats morts lors des combats pour la prise de la Ligne Gustav y compris ceux décédés dans les hôpitaux de Naples et précédemment enterrés à Miano soit 4 922 sépultures. PASSANT, SONGE QUE TA LIBERTÉ A ÉTÉ PAYÉE DE LEUR SANG ! »
— Texte de la dédicace principale du Cimetière militaire français de Venafro
« Sur le sol d'Italie de novembre 1943 à juillet 1944, le Corps expéditionnaire français armé sur la terre d'Afrique a marqué du sang de 7 000 des siens la route victorieuse qui l'a conduit de Naples à Sienne avant son élan pour la libération de la France »
— Texte de la deuxième dédicace du Cimetière militaire français de Venafro
« Après Keren, Bir Hakeim, le Fezzan, la Tunisie, la gloire de nos troupes d'Italie rendait sa chance à la France. »
— Charles de Gaulle, Memoires de guerre : L'unité, 1942-1944[23]
« Présentez mes félicitations au général Juin et à ses commandants de divisions du C.A français pour le grand succès qu'ils ont remporté. Dites leur qu'ils ont fait revivre l'armée française que je connaissais, celle de la Marne et de Verdun. »
— Télégramme du général Marshall, chef d'état-major général des armées américaines, au Pentagone, au général Clark, commandant la Ve Armée anglo-américaine en Italie, 5 juin 1944[24]
« Je vous apporte, à vous personnellement mes plus profonds remerciements et vous exprime mon admiration sans bornes pour la maîtrise avec laquelle vous avez conduit vos troupes et mené vos batailles. Sous votre direction éclairée et ardente, la gloire des Armées Françaises a été une fois de plus manifestée au monde. A la bravoure de vos Officiers et Soldats, j'apporte ma très chaude admiration et ma profonde reconnaissance. La France peut à juste titre être fière de la bravoure de ses enfants du Corps expéditionnaire français. »
— Lettre du général Alexander, commandant les armées alliées en Italie, au général Juin[25]
« Je perds [...] l'appui infiniment précieux de quatre des plus belles divisions ayant jamais combattu [...]. Pour moi, cela a été une source profonde de satisfaction que de constater combien la part vitale prise par les troupes françaises de la Ve Armée pendant toute notre campagne d'Italie contre l'ennemi commun a été universellement reconnue. Pendant ces longs mois, j'ai eu le réel privilège d'être moi-même témoin des preuves les plus éclatantes que les soldats français, héritiers des plus belles traditions de l'Armée française, nous ont apportées. Néanmoins, non satisfaits de ceux-ci, vous et tous les vôtres avez ajouté un nouveau chapitre d'épopée à l'histoire de France [...]. L'allant et le mépris complet du danger constamment démontrés par le C.E.F. sans exception, ainsi que les hautes qualités militaires professionnelles de l'officier français, ont suscité l'admiration de vos Alliés et la crainte chez l'ennemi. »
— Lettre du général Clark, commandant la Ve Armée anglo-américaine en Italie, au général Juin[26]
« On ne peut présager de l'avenir de notre Pays, mais il est permis de penser qu'on ne reverra jamais une troupe plus magnifique, ayant plus d'allant et davantage animée du désir de se battre. Le soldat du Corps Expéditionnaire Français en Italie, en 1944, aura droit dans l'Histoire, à prendre place au premier rang des plus beaux soldats qu'ait jamais eu la France. »
— Général René Chambe[27]
« Le Corps expéditionnaire, composé par moitié d'Européens et de Musulmans, et qui fut le plus beau corps du monde, a démontré la fidélité de nos Algériens, de nos Tunisiens, de nos Marocains conduits par des chefs qui les comprennent, leur donnent l'exemple et les aiment. Ces tirailleurs, qui se ruaient à l'assaut pour venger leur officier tué, ou qui tombaient sans une plainte, pour la France, ont porté le plus beau des témoignages, mais aussi ont acquis des droits et nous imposent des devoirs. »
— Colonel Adolphe Goutard (1947)[28]
« Pour trop de nos contemporains, les campagnes de Tunisie et d'Italie restent des inconnues, éclipsées qu'elles ont été par les récits de la Résistance et de la Déportation et l'épopée de la 2e D.B. Juin n'a pas, comme Leclerc, une rue dans toutes nos villes. Et pourtant ses soldats ont contribué à la Libération, sur le plan stratégique en perçant le redoutable front défensif allemand d'Italie, et sur le plan moral, en montrant aux Alliés et au monde que l'armée française était redevenue crédible. Le courage des poilus de 14-18 reste un symbole du courage militaire mais il a été rejoint par celui des combattants d'Italie. Ces derniers avaient en effet à vaincre trois adversaires à la fois : un hiver rigoureux à des altitudes élevées, un terrain très accidenté et un ennemi très aguerri après quatre ans de campagne incessantes et victorieuses, supérieurement armé et terriblement pugnace. Les engagés algériens et marocains constituaient l'essentiel des troupes du Corps Expéditionnaire Français d'Italie. Ils ont fait la preuve de leur bravoure et de leur fidélité à la France mais ils se sont battus essentiellement par attachement à leurs chefs directs, gradés Français de carrière ou pieds noirs mobilisés. [...] Il en résulte que nous avons une immense dette de reconnaissance à la fois vis-à-vis de ces soldats maghrébins et de leurs descendants, et vis-à-vis de leurs chefs. »
— Général Jean Delaunay, ancien Chef d'état-major de l'armée de terre française de 1980 à 1983[29]
Malgré un apport important à la victoire alliée en Italie, dont la rupture du front sur le Garigliano, les lourdes pertes subies et la valeur militaire de ses soldats reconnue dans le monde militaire[10], l'histoire et les victoires du Corps expéditionnaire français en Italie restent peu connues du public français[10], même à l'époque, occultées dans la mémoire collective par le débarquement de Normandie[10] (et dans une moindre mesure celui de Provence dont une grande partie des troupes françaises provient du Corps expéditionnaire), les Forces françaises libres et la Résistance intérieure[10].
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