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archéologue et archiviste français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
André Berthier, né le à Beaumont-sur-Oise et mort le au Chesnay[1], est un archiviste et archéologue français.
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Archiviste paléographe de la promotion 1931, André Berthier dédie sa thèse de l'École nationale des chartes à Raymond Martin, frère prêcheur[2]. Sorti de l’École des chartes, il arrive au printemps 1932 à Constantine pour occuper un poste d'archiviste du département de Constantine, poste qu'il occupera jusqu'en 1971.
En plus de cette fonction, on lui confie la direction de la circonscription archéologique de Constantine. Il y effectue des fouilles sur de nombreux sites, participant à la mise au jour d'une cinquantaine d'édifices paléochrétiens de Numidie centrale, puis il mène des fouilles sur le site préhistorique de Mechta-el-Arbi et contribue à la connaissance des sites puniques d'El-Hofra et Sidi-M'Cid[3], son plus important chantier étant celui de Tiddis fouillé sans interruption entre 1940 et 1973[4].
Il proposa en 1949 une nouvelle localisation pour Cirta, lieu important de la guerre de Jugurtha[5]. Contestée par la majorité de la communauté des historiens et des archéologues dès la publication de l'ouvrage[6],[7],[8],[9],[10],[11], cette localisation fut reprise et défendue dans différents cadres, souvent des chercheurs amateurs[réf. nécessaire] tels Lionel R. Decramer[12],[13],[14],[15],[16]. Autre cadre de survie de l'hypothèse de Berthier : l'interprétation des frontières antiques proposée par ce dernier trouva aussi un écho et une récupération au cœur des débats nationalistes contemporains sur les frontières de la Tunisie, expliquant de fait son utilisation ponctuelle dans les milieux universitaires maghrébins : la localisation de la capitale numide en Tunisie et non en Algérie constitue en effet un enjeu de mémoire pour les populations locales, mais aussi un enjeu de revendications territoriales face aux frontières post-coloniales. L'identification hypothétique de la montagne de la Kalaat Senan avec le castellum de la Muluccha décrit par Salluste dans la Guerre de Jugurtha, sur la base de l'étymologie et de la toponymie[17],[18] a ainsi été reprise par A. M'Charek. Cette thèse, aujourd'hui considérée comme invalide par la communauté universitaire, du fait de l'ensemble de la documentation épigraphique, archéologique, et numismatique documentant les sites de Constantine et du Kef, fut baptisée à son origine par André Berthier sous le nom de « problème de Cirta ».
Il est élu correspondant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1961. À cette époque troublée de l'indépendance algérienne, il est conservateur régional des Archives de l'Est algérien[19]. Après l'indépendance de l'Algérie, il garde son grade et reste payé par le gouvernement français comme coopérant. Ce n'est qu'en 1971 qu'il lui est proposé un poste aux Archives nationales à Paris. Il termine sa carrière comme Conservateur en chef aux Archives nationales (1973-1978). Il repose au cimetière de Beaumont-sur-Oise.
Quand André Berthier commence à restaurer le cadre urbain de Tiddis en dégageant des monuments dont on ne savait rien, les ruines n’avaient fait l’objet que de simples explorations sous le second Empire, et c'est Stéphane Gsell qui en 1897 et 1898 identifie les indices susceptibles de désigner un emplacement archéologique d'importance. L’occupation humaine de cette « véritable acropole » enfouie depuis le XIe siècle avait reçu des Algériens le nom de Ksantina-el-Kdima, « vieux Constantine » et ne laissait apparaître qu’une zone de dolmens établie sur sa partie occidentale. A l'orient, seules des lignes de remparts et des boursouflures annonçaient des édifices enfouis.
Ayant déjà reconnu le site par avion en 1935, André Berthier reçoit en instruction du préfet Max Bonnafous, alors en poste à Constantine, de lui soumettre un projet d'ouvertures de chantiers archéologiques dans les environs, Tiddis s'impose naturellement. C'est une compagnie de travailleurs démobilisés qui s'installe fin 1940 sur le site. Le premier coup de pioche intervient le et les résultats sont immédiats. Le forum est dégagé d’abord, suivi d'une voie rapidement identifiée au cardo de la cité, qui mène à une porte monumentale. La pérennité de cette voie était telle qu'au-dessus des plusieurs mètres de remblais superposés un sentier de berger filait, reprenant exactement le même tracé.
À l'été 1941, Louis Leschi, directeur des antiquités de l'Algérie, vient se rendre compte sur place des remarquables résultats déjà enregistrés, et il peut ainsi copier trente inscriptions inédites. Puis le , c'est au tour de Jérôme Carcopino, inspecteur général des antiquités et des musées d'Algérie, de contrôler sur le terrain les travaux de dégagement et de restauration du cadre urbain de Tiddis. Le compte rendu qu'il en fera dans une publication à l'académie des inscriptions et Belles-Lettres est évocateur : « Après 18 mois seulement, c'est une révélation »[20].
Les fouilles de Tiddis vont se poursuivre pendant une trentaine d'années et dégageront plus de 40 ha, elles ne connaîtront jamais d'interruptions, pas même en pleine seconde guerre mondiale, et pas plus pendant les événements qui précipiteront l'Algérie vers l'indépendance. C'est cette continuité qui permettra d'appréhender pleinement l'histoire du site grâce notamment à la mise au jour de la plus grande partie des quartiers étagés du bourg antique qui ne sera définitivement abandonné qu'au Moyen-Âge.
Berthier soulignera la richesse du site, qui, d'abord occupé par les Berbères, subira ensuite l'influence punique, puis sera colonisé par les Romains auxquels on devra la prouesse de respecter les règles de l'urbanisme, avec l’établissement d’un cardo et d’une voie décumane sur un terrain doté d'un fort dénivelé. Les très nombreux objets retrouvés par les équipes de Berthier, outils de potier, céramiques, éléments de parures des Tidditaines, sceaux gravés sur des pierres dures ou intailles, sont toujours exposés au musée Gustave Mercier qu'il dirigeait, devenu le Musée National Cirta[21].
La situation archéologique du site de Tiddis est ainsi commentée par Berthier : « C'est à Tiddis que l'on peut le mieux étudier dans un même lieu la succession des civilisations depuis les temps néolithiques jusqu'au Moyen-âge. Cette leçon du passé, le simple visiteur saura l'entendre tout en étant saisi par le cadre pittoresque d'une montagne étonnante. Quant au chercheur, sans oublier l'incomparable beauté du paysage, il aura la joie d'y découvrir le plus merveilleux laboratoire. C’est là qu'il trouvera des éléments susceptibles d'éclairer des problèmes fondamentaux dont la solution importe au plus haut point à l'histoire de l'Algérie antique et médiévale »[22].
André Berthier consacre la fin de sa vie à l'histoire du siège d'Alésia, site qu'il soutient pouvoir identifier à Chaux-des-Crotenay dans le département du Jura[23], sur la base d'une méthode dite du « portrait-robot » qui consiste à retrouver dans les textes antiques, les éléments géographiques, topographiques et hydrographiques permettant de dégager les caractéristiques du site recherché, ainsi que les données stratégiques et tactiques nécessaires. Cette méthode, contestée par la suite, notamment par Michel Reddé[24], Gilbert Charles-Picard[25] ou Richard Adam[26], fut établie à distance depuis Constantine en Algérie alors que Berthier n'avait jamais séjourné dans le Jura. Dans une publication, intitulée André Berthier, un homme, une œuvre, la veuve d'André Berthier, raconte le cheminement d'André Berthier dans sa recherche de localisation du site d'Alesia qu'il ne pourra visiter qu'en 1963[27]. Les travaux d'André Berthier concernant le site de Chaux-des-Crotenay ont été repris et poursuivis par Danielle Porte, maître de conférences honoraire en littérature latine à l'université de Paris IV-Sorbonne, notamment dans son livre Vercingétorix, publié en 2013[28].
Après le décès d'André Berthier en , sa famille a confié à l’association ArchéoJuraSites, la conservation, la gestion et la valorisation du fonds des archives jurassiennes d'André Berthier ainsi que celles de la collection des mobiliers archéologiques trouvés lors des rares fouilles et sondages autorisés. Une partie de ces archives a été numérisée et mise en ligne, ainsi que des photos du site de Chaux-des-Crotenay[29].
Les travaux d'André Berthier, n'ont jamais connu dans la communauté scientifique l'écho positif qu'il souhaitait leur donner : les nombreuses fouilles réalisées à Alise Sainte-Reine tranchent nécessairement avec l'absence de résultats publiés pour le site de Chaux, sur lequel les quelques fouilles et prospections réalisées indiquent, d'après de nombreux archéologues, que Berthier se trompait[30]. Il existe ainsi un consensus dans la communauté des universitaires historiens et archéologues, en France et aussi à l'étranger, consensus renforcé par les fouilles franco-allemandes des années 1990 pour désigner Alise-Sainte-Reine comme le site de la bataille d'Alésia[31],[32].
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