Chemin du Roule Rue d'Angoulême-Saint-Honoré (1777) Rue de l'Union (1792) Rue d'Angoulême-Saint-Honoré (1815) Rue de la Charte (1830) Rue de l'Union (1848) Rue Lapeyrouse Rue d'Angoulême (1852) Rue de Morny (1863) Rue de la Commune (1871) Rue Mac-Mahon Rue Pierre-Charron
Le quartier est desservi, à l’est, par les lignes de métro 9 et 13 à la station Miromesnil et à l’ouest par la ligne 9 à la station Saint-Philippe du Roule.
À partir de 1640, l'espace compris aujourd'hui entre les rues du Colisée et de Berri, l'avenue des Champs-Élysées et la rue du Faubourg-Saint-Honoré fut occupé par la pépinière royale, qui fournissait les résidences royales en arbres, arbustes et fleurs. Elle fut désaffectée sous la Régence pour faire place à une opération de lotissement projetée par John Law mais qui ne fut pas réalisée.
Cette pépinière était longée au sud par le grand égout reconstruit en 1740. L'égout qui coulait à ciel ouvert fut recouvert vers 1770 sur le tronçon proche de l'actuelle rue de la Boétie ce qui permit l'urbanisation du secteur environnant.
Le terrain de l'ancienne pépinière devint en 1755 la propriété du comte de Saint-Florentin, secrétaire d'État à la maison du Roi, qui le céda en 1764 à sa maîtresse, la comtesse de Langeac (1725-1778). Celle-ci le vendit en 1772 au comte d'Artois, frère cadet de Louis XVI. Des lettres patentes du autorisèrent le prince à percer sur ce terrain une «rue d'Angoulême» d'une largeur de 30 pieds[1], ainsi nommée en l'honneur du fils aîné du comte d'Artois, le duc d'Angoulême (1775-1844). De nouvelles lettres patentes du approuvèrent l'ouverture des rues de Ponthieu, Neuve-de-Berri (actuelle rue de Berri), Neuve-de-Poitiers (actuelle rue d'Artois) et d'Angoulême-Saint-Honoré. Cette dernière correspondait à la partie de l'actuelle rue La Boétie allant des Champs-Élysées à la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Un procès-verbal d'alignement fut dressé par le bureau de la ville de Paris le . Une décision ministérielle du 6 nivôse an XII () fixa la largeur de la rue à 10 mètres.
Sous la Révolution française et jusqu'en 1815, la rue porta le nom de «rue de l'Union». Elle reprit ensuite sa dénomination initiale jusqu'en 1830, date à laquelle elle devint la «rue de la Charte». Elle fut ensuite «rue Lapeyrouse», «rue d'Angoulême» à nouveau (1852), «rue de Morny» (1863), «rue de la Commune» (1871), «rue Mac-Mahon» et «rue Pierre-Charron» après 1871.
La partie située entre la place Saint-Augustin et la place Chassaigne-Goyon établie sur l'ancien «chemin du Roule aux Porcherons» ou «chemin de la Pépinière à la Pologne» était nommée «rue de la Pépinière» jusqu'en 1868. La rue longeait à partir de la rue de Courcelles la nouvelle pépinière royale créée en 1720, remplaçant l'ancienne, désaffectée. Cette pépinière s'étendait au nord de la rue jusqu'approximativement à l'emplacement de la rue de Miromesnil. Les terrains de cette pépinière furent lotis à la fin des années 1780[note 2].
La rue fut dénommée «rue Abattucci» à partir de 1868 et prit sa dénomination actuelle en 1879, sur l'ensemble de sa longueur, la rue de la Pépinière ne conservant son nom que sur sa partie est de la place Saint-Augustin à la place Gabriel-Péri.
dans les mémoires de Céleste Albaret, la gouvernante de Marcel Proust: «[…] qui courait jusque chez Latinville, rue La Boétie, qui restait ouvert très tard, heureusement»;
dans Nana d’Émile Zola: «De la musique, la causerie était tombée aux fournisseurs. Il n’y avait que Boissier pour les fondants et que Catherine pour les glaces; cependant, Mme Chanterau soutenait Latinville.»
no10: c'est à ce n° que siégeait un hôtel qui a été occupé par la famille de Nicolaï au mois en 1836[4].
No12: dans cet immeuble se trouvait la galerie Reitlinger[5] puis la galerie Jacques Massol, de 1957 à 1982.
No17 bis: immeuble de 1902-1903, réalisé par les architectes P. Noël et R. Fournez, signé en façade.
No19: l'écrivain britannique d'origine américaine Henry James y habita en 1856.
No20 bis: domicile de René Renoult, homme politique français (1867-1932) radical-socialiste, auteur de la formule «Pas d’ennemis à gauche!».
No21: dans cet immeuble se trouvait la galerie de tableaux du marchand Georges Wildenstein offerte par son père Nathan qui avait la sienne au 57. Elle deviendra celle de Paul Rosenberg (1881-1959). Cet immeuble fut réquisitionné par les nazis sous l'Occupation et abrita l'Institut d'étude des questions juives, officine de propagande antisémite. Une plaque commémorative y est installée.
No23: Pablo Picasso eut son atelier dans cet immeuble à partir de 1918. Au témoignage du photographe Brassaï, envoyé rue La Boétie en 1932 par Tériade afin d'y réaliser un reportage photographique pour la revue Minotaure: «Lorsqu’en hiver 1932, je franchis pour la première fois le seuil de son “atelier”, 23, rue La Boétie, où il habitait depuis quatorze ans, Pablo Picasso venait juste de dépasser le cap de la cinquantaine. Artiste “arrivé”, il en avait tous les attributs; un duplex de grand bourgeois, un coffre-fort, une Hispano-Suiza conduite par un chauffeur en livrée. […] Si j’ai mis “atelier” entre guillemets, c’est qu’en guise d’atelier, il s’agissait, rue La Boétie, d’un appartement de quatre ou cinq pièces transformé en capharnaüm. Les chambres, chacune avec sa cheminée surmontée d’une glace, étaient entièrement vides de meubles, mais remplies de tableaux entassés, de rames de papier, de monceaux de livres, de paquets, de balluchons contenant des moules de sculptures, posés pêle-mêle à même le sol et recouverts d’une épaisse couche de poussière. […] Les portes ayant été supprimées, l’appartement était transformé en un vaste atelier fragmenté en de multiples coins pour les multiples activités du peintre. On marchait sur un parquet recouvert d’un tapis de mégots. Picasso peignait dans la pièce la plus vaste, la mieux éclairée, la tour Eiffel sous les yeux et dont la svelte silhouette m’apparut à travers une forêt de cheminées.».
No26: emplacement de la galerie Jos Hessel de 1915 à 1941[8]. L'homme de lettres, producteur, réalisateur et présentateur Jacques Chabannes (1900-1994) a habité cet immeuble de 1951 à 1993 (plaque commémorative).
No48: Fédération nationale du Crédit Agricole. La Fédération nationale du Crédit Agricole est l’instance de réflexion des Caisses régionales, le lieu où sont prises les grandes orientations du groupe: à ce titre, on la qualifie de «Parlement des Caisses régionales». Autrefois s'y trouvait la demeure du général de Ségur, maison natale de Pauline de Pange[12]. Au début des années 1900; les automobiles électriques de Louis Antoine Kriéger y avaient leur bureau des ventes puis leur grand garage, construit en 1906 par l'architecte Édouard Arnaud[13].
Nos49-51: bureau central de La Poste pour le 8earrondissement. De style Art déco, le bâtiment est construit à la fin des années 1920 et surélevé dans les années 1980. Si la façade est préservée, toutes les parties intérieures sont démolies et réaménagées lors de travaux menés en 2016-2017[14].
No55: siège de l'UMP de 2002 à 2011[18]. En y ouvre le Village de l'innovation, incluant la Pépinière La Boétie[19], que le Crédit agricole, propriétaire du lieu, compte ouvrir à une centaine de start-up[20].
No51: bureau central de La Poste du 8earrondissement.
No57: hôtel Wildenstein.
No57: souvent confondu, à tort, avec la maison construite en 1776 par l'architecte Charles De Wailly pour lui-même[21], cet hôtel particulier est l'oeuvre de Walter-André Destailleur et est édifié entre 1898 et 1905 pour le compte du marchand d'art Nathan Wildenstein (1852-1934)[22],[23]. Demeuré ensuite dans la famille Wildenstein, il abrite en 2011 le Wildenstein Institute fondé en 1970. En novembre 2010 et janvier 2011, l'institut est l’objet d’une perquisition menée par l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC). Les policiers y découvrent, à l’intérieur d’une chambre forte, plusieurs centaines de tableaux et sculptures, dont une trentaine d’œuvres déclarées perdues ou volées[24].
No109 (ancien no1): hôtel Thiroux de Montsauge, dit également hôtel de Massa. Bâti en 1777-1778 par l'architecte Jean-Baptiste Le Boursier pour Thiroux de Montsauge, receveur des finances et fermier des Postes. Déplacé et remonté pierre à pierre en 1928 au 38, rue du Faubourg-Saint-Jacques.
No55: le romancier Eugène Sue habita à cette adresse en 1840. Puis hôtel de Mme A. Baroche (en 1910).
No49: hôtel de Mme A. André (en 1910).
No44: ancien hôtel particulier où logeait la comtesse de Lavalette, née Émilie de Beauharnais (1781-1855), en 1815. C'est de là qu'elle partit délivrer son mari, Antoine Marie Chamans de Lavalette (1769-1830), directeur général des Postes sous le Premier Empire de 1804 à 1814 et pendant les Cent-Jours, emprisonné, en organisant une rocambolesque évasion. Les jardins de ce bel hôtel s'étendaient jusqu'à la rue de La Baume et l'avenue Percier. Hôtel du comte L. de Ségur en 1910.
No39: emplacement de l'Université des Arts fondée en 1908 par la peintre Madeleine Lemaire (1845-1928).
No37: hôtel de Monbel. Hôtel de style romantique[9]. Eugène Rouher y mourut en 1884. Hôtel du marquis de Tracy en 1910.
Ancien no40: hôtel construit pour la comtesse de Luçay née Jeanne Charlotte Papillon d'Auteroche (1769-1842), première dame d'atours de l'impératrice Marie-Louise, mère de l'historien Hélion de Luçay. L'hôtel appartenait en 1856 à la marquise de Préaulx[32] qui le conserva jusqu'à ce qu'il soit démoli (avec les dédommagements, elle achètera l'hôtel de Coigny au 89, rue du Faubourg Saint-Honoré)
Ancien no45: selon Charles Lefeuve, dans une notice rédigée en 1856: «Une cité ouvrière occupe […] les anciennes dépendances d'une maison dans laquelle s'est exploitée une taverne anglaise à l'usage des nombreux jockeys et grooms de ce quartier à grandes guides. […] L'origine de ce no45 dont Glorian, fumiste, est propriétaire, remonte à plus d'un demi-siècle. C'est justement un fils d'Albion qui fit bâtir l'hôtel, d'abord isolé. Ses excentricités étaient connues et goûtées dans les boxes du voisinage: il était allé au Brésil, avec un bâtiment chargé de marchandises, pour y gagner d'un seul coup un million; par malheur, dès qu'il eut embarqué son nouveau trésor pour retourner en Angleterre, le spleen voulut être du voyage; pour combattre ce spleen, il but et il joua tant à bord qu'il y dépensa deux millions, dont une forte somme sur parole[33].»
Ancien no87, rue de la Pépinière: hôtel édifié par Charles De Wailly pour le sculpteur Augustin Pajou, qui fut habité par le prince Anatole Demidoff lorsqu’il servit à Paris comme diplomate, puis par M. Hainguerlot et le comte polonais Alexandre Branicki. Détruit en raison de l'élargissement de la rue.
Hôtel d'Aligre, puis de Saulty et Alfonso, construit par Charles De Wailly. Détruit en raison de l'élargissement de la rue.
À l'origine, la rue d'Angoulême-Saint-Honoré était considérée comme commençant avenue des Champs-Élysées et se terminant au 1, rue du Faubourg-du-Roule et au 127, rue du Faubourg-Saint-Honoré, le dernier numéro impair étant le no33 et le dernier numéro pair étant le no28 (Lazare et Lazare 1844-1849, p.15). Sa numérotation a été inversée et progresse désormais dans le même sens que celle du boulevard Haussmann. Le dernier numéro impair est aujourd'hui le no109 (les 52-60, avenue des Champs-Élysées), correspondant à l'ancien no1, tandis que le dernier numéro pair est désormais le no130 (le 62, avenue des Champs-Élysées) qui correspond à l'ancien no2.
La pépinière a disparu sur les plans de la fin des années 1780, notamment le plan Verniquet dressé en 1790, où des hôtels particuliers occupent les terrains de l'ancienne pépinière (numéros pairs).
«Louis, etc. Notre très cher et aimé frère Charles Philippe, fils de France, comte d'Artois, nous a fait exposer que, devenu propriétaire du terrain connu sous le nom de l’Ancienne Pépinière, situé à Paris, faubourg Saint-Honoré, il se proposait d'ouvrir une rue au lieu appelé l'ancien chemin du Roule, laquelle rue porterait à l'avenir le nom d’Angoulême, aurait 30 pieds de large, et serait d'une ligne droite […]; permettons à notre dit frère le comte d'Artois de percer et ouvrir une rue au lieu connu sous le nom de l'ancien chemin du Roule, laquelle rue portera à l'avenir le nom d’Angoulême, et sera sur une ligne droite et de 30 pieds de largeur […] 29 novembre 1777. Signé: LOUIS.» (cité par Lazare et Lazare 1844-1849, p.15).
MM. Alphand, A. Deville et Hochereau, Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques.
Auteur non identifié, Galerie Marcel Bernheim (producteur), Chabchay, peintures, du 17 au 27 octobre 1955, affiche d'exposition, Paris, Larue & Chappuis, 1955 (en ligne) sur le site des archives de Seine-Saint-Denis archives.seinesantdenis.fr.
Jean-Michel Decugis, Mélanie Delattre et Christophe Labbé, «Exclusif: trente œuvres “disparues ou volées” ont été saisies à l'institut Wildenstein», Le Point, (lire en ligne, consulté le ).
Daniel Robbins, Albert Gleizes 1881-1953: A retrospective exhibition, The Solomon R. Guggenheim Museum, New York, Solomon R. Guggenheim Foundation, New York, 1964, p.121 (en ligne).
Charles Lefeuve, Les Anciennes Maisons de Paris. Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Paris, C. Reinwald, 5eédition, 1875, 5 vol., tome I, p.58.