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fondateur de l'Empire mongol, fin XIIe - début XIIIe siècle De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Gengis Khan écouter (mongol : ᠴᠢᠩᠭᠢᠰ
ᠬᠠᠭᠠᠨ, API Khalkha : [ˈtʃɪŋɡɪs ˈxɑːŋ], VPMC : Činggis qaɣan, cyrillique : Чингис Хаан, Tchinguis Khaan, MNS : Chingis Khaan, littéralement : « souverain universel »), d'abord nommé Temüjin (mongol : ᠲᠡᠮᠦᠵᠢᠨ, cyrillique : Тэмүжин, Témudjin), né vers 1155/1162[2] pendant le Khamag Mongol, dans ce qui correspond à l'actuelle province de Khentii en Mongolie, mort en [3] dans l'actuel Xian de Qingshui (Chine), est le fondateur de l'Empire mongol, le plus vaste empire continu de tous les temps, estimé lors de son extension maximale à environ 23,5 millions de km2 en 1268 sous Kubilai Khan.
Gengis Khan | ||
Portrait imaginaire de Gengis Khan[note 1]. Taipei, Musée national du Palais, XIVe siècle. | ||
Titre | ||
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Khagan des Tatars[1] | ||
– (21 ans) |
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Prédécesseur | Jakha Gambhu (de facto) | |
Successeur | Tolui (régent) Ögödei (khan) |
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Khan des Mongols | ||
– (31 ans) |
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Prédécesseur | Jochi Khan | |
Successeur | Tolui (de facto) | |
Biographie | ||
Titre complet | Khan, Grand Khan Nom posthume: Empereur de la Mongolie (chef suprême Fatian Qiyun Shengwu (法天啟運聖武皇帝) |
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Nom de naissance | Temüjin | |
Date de naissance | ~ 1155/1162 | |
Lieu de naissance | Monts Khentii, Grande Mongolie (Khamag Mongol) | |
Date de décès | (~ 65/72 ans) | |
Lieu de décès | Xian de Qingshui, Chine continentale (Empire mongol) | |
Nationalité | mongol | |
Père | Yesügei | |
Mère | Hö'elün | |
Conjoint | Börte Khulan (en) Yisugen (en) Yisui (en) autres |
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Enfants | Djötchi[note 2] (1182–1227) Djaghataï (1184-1241) Khojen Beki (ru) Ögödei (1186—1241) Alaqai Beki, ° (1187/1190) Tolui (1190–1232) Tümelün, ° (1192) Alaltun (en), ° (1193) Checheyigen, ° (1194) |
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Religion | Tengrisme | |
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Issu du clan des Bordjiguines, il rassemble plusieurs peuples-état (ulus) nomades de l'Asie de l'Est et de l'Asie centrale sous l'identité commune de « mongols » ; il en devient le khan (dirigeant), puis le Tchingis Khagan (empereur), avant même de se lancer à la conquête de la Chine[4]. À la fin de son règne, il contrôle une grande partie de l'Asie, avec, outre la Mongolie, la Chine du nord et la Sogdiane.
Après sa mort, l'empire est considérablement agrandi par ses successeurs qui le dirigent encore pendant plus de 150 ans. Son petit-fils, Kubilaï Khan, est le premier empereur de la dynastie Yuan en Chine.
Pour les Mongols, qui le considèrent comme le père de leur nation, Gengis Khan est une figure légendaire entourée d'un grand respect. Mais, dans nombre de régions d'Asie ravagées par ses guerres ou celles de ses successeurs, il est considéré comme un conquérant impitoyable et sanguinaire[5].
Si l'on étudie les origines des Mongols et l'histoire de l'immense espace dominé par leurs prédécesseurs, l'on comprend rapidement la logique conquérante de Gengis Khan et les traits caractéristiques de l'Empire mongol à travers l'étude de l'Empire des steppes[6].
Gengis Khan | |
Faits d'armes |
Invasion des Kara-Khitans
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Le peuple turco-mongol dont est issu Gengis Khan descendrait des Xianbei, pour les Chinois Hu de l'Est, hypothèse la plus probable[7]. Ces proto-mongols parlent le khitan[8], langue associée au mongol. Ce sont des pasteurs nomades qui chassent au IIe siècle les Xiongnu, établis dans l'actuelle Mongolie orientale depuis le IIe siècle av. J.-C. Premier Empire des steppes, ces Huns d'Asie aux origines troubles sont en effet les premiers nomades à dominer un ensemble territorial et y installent une capitale : Long Cheng. Au IVe siècle, c'est au tour de la « confédération ruanruan » de contrôler une région qui s'étend du Xinjiang à la Sibérie. Peuple de métallurgistes, ils sont les premiers à appeler leur chef Khagan, (aussi écrit sous la forme Khaan), un titre qui se différencie de Khan, comme lui étant supérieur, pouvant être compris comme « Grand Khan », et qui serait l'équivalent de la dignité impériale en Europe[9]. En 552, ce sont les Köktürks qui s'emparent du territoire. Ils surveillent les accès aux routes de la soie et avec Byzance attaquent les Sassanides. L'espace de domination s'agrandit encore, allant du Caucase aux côtes de la Mer Jaune. Avec les Köktürks naît l'idée du chef au mandat divin, homme-providence qui voue sa vie à la soumission des peuples étrangers. De plus, le système administratif türk inspirera les Mongols, avec la création d'une trentaine de bureaux dédiés aux affaires étrangères, civiles ou encore militaires. C'est aussi la date d'introduction du système d'écriture türk, remplacé plus tard par l'alphabet ouïghour (ou vieux ouïghour, dérivé de l'alphabet syriaque et à l'origine de la Mongol et de la mandchoue), un élément important dans l'unité et la gestion de cet Empire des steppes. En 743, ce sont les Ouïgours qui, à la suite de querelles intestines entre aristocrates, s'emparent de ce vaste territoire. Les échanges avec la Chine sont alors foisonnants. Naît aussi une nouvelle capitale à l'emplacement-même de l'ancienne capitale Köktürk, Ordu-Baliq, littéralement Cité de la cour. Ils sont enfin détrônés par les Kirghiz en 840, peuple de l'Ienisseï, fleuve sibérien, dont l’hégémonie sera vite contestée par les Khitans. Ces derniers, voisins des Mongols, forgent un modèle dynastique qui inspirera plus tard les Jürchen puis les Yuan. Ils se convertissent notamment au bouddhisme.
Gengis Khan et le peuple mongol dans son ensemble ont un héritage commun, celui de l'Empire des steppes, caractérisé par un chef charismatique, protégé du Ciel éternel, le Möngke tengri. Ce chef, le Khaan (déformation de Khagan), met ainsi en place un système administratif et un système de poste efficaces, et un territoire centralisé autour d'une capitale, l'ördü : Karakorum, par ailleurs située à quelques kilomètres des anciennes capitales ouïghour et türk. On entrevoit donc un personnage sûr de lui et favori du Ciel, qui prend le pouvoir grâce à des rivalités incessantes, à l'instar de ses prédécesseurs, certain de son succès et à la volonté ferme de domination de territoires immenses et de soumission des peuples étrangers.
Il y a très peu d'informations vérifiables sur Gengis Khan avant qu'il ne commence ses conquêtes. Les quelques sources sur cette période ne sont pas toujours en accord.
Gengis Khan naît à proximité du mont Burkhan Khaldun, non loin de l'actuelle capitale de la Mongolie, Oulan-Bator[10]. À ce moment, les quarante clans mongols sont déchirés par des guerres intestines et divisés face à leurs rivaux, Merkits, Tatars, Naïmans, et Kereïts, dans une steppe elle-même écartelée entre ces différentes confédérations, toutes ennemies.
Il est issu d'une famille noble, étant en effet le fils aîné (en tant que fils de sa conjointe principale mais né après Behter (en), fils issu d'une conjointe secondaire) de Yesügei, aristocrate issue de la maison princière des Bordjiguines[10] (mongol : Боржигин). Yesügei, petit-fils de Khabul Khan, est l'anda (promesse d'entraide entre deux mongols, qui se considèrent comme des frères, sans relation de vassalité proprement dite, contrairement au nökör (en)) de Toghril, khan des Kéraït)[10]. La mère de Gengis Khan, Hö'elün, épouse principale de Yesügei, est issue de la famille aristocratique des Olqunu'Ud, eux-mêmes issus de la maison princière dirigeant les Merkit, les Onggirad[10]. Outre Gengis Khan, elle donne naissance à trois fils, Qasar, Qaci'un et Temüge, et une fille, Temülün.
Il reçoit d'abord le nom de Temüjin[note 3], « le plus fin acier » (du turco-mongol temür, tömör : fer). Selon l'Histoire secrète des Mongols, ce nom de Temüjin vient d'un chef de clan tatar capturé peu avant par son père. Il peut également suggérer que sa famille ait pu être des descendants d'une famille de forgerons[réf. nécessaire].
Le même ouvrage indique qu'il est né en tenant un caillot de sang dans son poing, ce qui, dans la tradition mongole, indique que l'enfant est destiné à devenir un grand guerrier.
La légende lui attribuera aussi des ancêtres mythiques : un loup gris-bleu (Börte Cino), une biche fauve (Qo'ai Maral) et une femme fécondée par un rayon de Soleil, nommée Alan Qo'a (« Garance-la-Belle »)[10].
À neuf ans, donc entre 1164 et 1171, il est fiancé à Börte « la Céruléenne »[10], du puissant clan des Onggirats et vit désormais dans sa belle-famille, selon la coutume, afin de gagner par son travail le prix de sa fiancée. Vers cette époque, il aurait tué un ours à mains nues.
Son père meurt peu après, empoisonné dans la steppe lors d'un festin partagé avec les Tatars[10]. Temüjin est alors trop jeune pour obtenir la soumission du clan et c'est le clan des Tayitchiout (Taïdjioutes) qui s'empare du pouvoir. Ils excluent la veuve de Yesügei et ses quatre enfants (les trois frères et la sœur de Temüjin)[10].
Il passe les années suivantes avec sa famille selon le mode de vie des nomades. Capturé un jour par des soldats des Tayitchiouts, sous les ordres du Khan Targutaï, il réussit à s'échapper peu de temps après avec l'aide d'un de ses ravisseurs. Pendant ces années de misère, se battant pour manger[10], Temüjin et son frère Qasar tuent leur demi-frère Behter. Temujin commence dès lors à rassembler les anciens fidèles de son père qui l'ont abandonné à sa mort, le laissant, selon l'Histoire secrète, dans l'indigence, au point d'avoir à manger des taupes. Il rencontre le premier de ses grands généraux les plus proches : Bortchou, (qui devient son nökör) et devient l'anda de Djamuqa. Il renoue aussi avec Toghril, anda de son père, qui a manqué à son devoir en n'aidant pas le fils de son anda Yesugei, alors même que celui-ci lui a rendu son trône et l'a maintes fois aidé. Cependant, n'étant pas aussi puissant que son père, Temüjin doit pour sa part prêter allégeance, sous la forme d'une relation de nökör, devenant ainsi « vassal » de Toghril.
Vers 1181, il épouse Börte, obtenant un statut social grâce à sa belle-famille. Celle-ci est enlevée par des Merkit[10]. Temüjin, avec l'appui de Toghril et de Djamuqa, écrase les Merkit sur les bords de la Buura, et délivre sa famille. Son premier fils Djötchi naît en 1182, quelques mois après la libération de sa femme, ce qui suscite des doutes quant à sa paternité[10]. Plusieurs fils naissent ensuite : Djaghataï en 1184, Ögödeï (1186), Tolui en 1193[11].
De haute taille, de charpente robuste, possédant un large front, « des yeux de chat » et une longue barbe à la fin de sa vie[12], Temüjin est un puissant guerrier mais aussi un habile politicien, ce qui va lui servir dans sa tentative d'unification des tribus mongoles. Sa renommée grandit[réf. nécessaire] et de nombreux jeunes gens avides d'aventures le rejoignent. Parmi eux, Qubilai, Djelmé, Djebé la Flèche, Subötai restent toujours ses quatre chiens féroces.
À cette époque, les peuples nomades d'Asie centrale, divisés, sont facilement manipulés par les peuples sédentaires dirigés par de puissants monarques, tels ceux de la dynastie Jin au nord de la Chine[13].
Se forgeant de solides amitiés parmi les chefs des clans mongols, Temüjin se fait nommer vers 1195-1197, après une série de guerres et d'alliances mouvantes[réf. nécessaire], Khan par le qüriltaï (assemblée plénière)[10]. Son élection le brouille avec Djamukh[10].
En 1202, Temüjin est vainqueur des Tatars avant de dominer la Mongolie orientale puis centrale[11].
En 1206, un nouveau qüriltaï le proclame « Empereur » : il reçoit en effet le titre de Tchingis Khagan (« Souverain océanique », c'est-à-dire « Souverain universel »[10],[note 4]. C'est à partir de cette date que Temüjin est connu sous la dénomination de « Gengis Khan », qui est en fait un titre (comme Augustus, « Auguste » pour Octavien à Rome à partir de 27 av. J.-C.).
Vers 1206, Gengis Khan a laissé un recueil de lois mongoles[14] appelé Yassa.
Ce code politique et moral teinté de traditions ancestrales servira de référence à ses successeurs[10].
Entre 1203 et 1209, Gengis Khan lance ses trois premières campagnes contre la Dynastie des Xia occidentaux, après avoir envoyé son fils Djötchi soumettre une tribu du nord[11]. Ces campagnes aboutissent à un accord de paix par lequel l'empereur vaincu se soumet aux Mongols et promet d'associer ses troupes à celles de Gengis Khan en cas de besoin[10].
Divers royaumes se rallient alors à Gengis Khan : les Qarluq, les Ouïghours, dont l'alphabet inspirera le mongol bitchig, alphabet encore en usage de nos jours en Mongolie-Intérieure et par certains en extérieure, les Khitans du nord (北辽, pinyin běiliáo) et les Kara Khitaï[10].
Cependant, la cible principale de Gengis Khan est la dynastie Jin régnant sur la riche Chine du nord. La guerre commence en mars 1211[10]. Pendant deux ans, les Mongols ne dépassent guère la Grande Muraille mais conquièrent la Mandchourie[10]. Victorieux en campagne, ils voient leurs assauts se briser sur les murailles des grandes villes, jusqu'à ce qu'ils acquièrent des machines pour les assiéger.
Ils avancent ensuite avec trois armées au cœur du territoire chinois, entre la Grande Muraille et le fleuve Jaune. Après avoir dévasté le nord de la Chine et pris de nombreuses villes, Gengis prend Pékin en 1215, mais refuse d'entrer lui-même dans la ville[10].
Entre-temps, certains de ses adversaires se réfugient à l'ouest dans le royaume des Kara-Khitans, pourtant allié occidental de Gengis Khan. Celui-ci envoie Djebé, un de ses principaux généraux, à leur poursuite par la conquête du territoire, qui, selon lui, conspirait contre lui[10].
En 1217, Gengis Khan quitte la Chine, laissant un autre de ses généraux, Muqali, avec la charge des régions conquises[11].
En 1218, il envahit le royaume de Khwarezm[10] ; dès 1220, le Khwarezm est vaincu, la Sogdiane est occupée, en particulier Boukhara et Samarcande[11].
Un récit plus ou moins fiable affirme que Gengis Khan avait envoyé des émissaires au gouverneur d'une province orientale du Khwarezm, qui les aurait fait exécuter. Gengis aurait pris ce prétexte pour envoyer une force de 100 000 à 200 000 hommes. Des travaux historiques récents mettent en doute la réalité de l'exécution des émissaires de Gengis Khan :
« En effet, la structure de l'empire Khwarezm Chahian était basée sur le commerce. Même, Mohammad Kharazm Chah encourageait vivement le commerce et le troc, et invitait souvent à son palais les grands commerçants aussi bien nationaux qu'étrangers. Deux à trois fois par semaine, il organisait en leur honneur des fêtes royales. Donc, il est improbable qu'un tel acte soit commis. Ce n'est qu'une légende et peu crédible au point de vue historique »
— Hossein Oreizi, L'invasion de l'Iran par Gengis Khan et la conquête de Bagdad : Deux événements inséparables, Ispahan, EFE, 1972, p. 76.
En 1221, il occupe Balkh (Bactres) et arrive jusqu'à l'Indus[11] où, près de quinze siècles auparavant, un autre conquérant, Alexandre le Grand, s'était arrêté en provenance de Grèce. Un de ses petits-fils, Mütügen, meurt à Bâmiyân[11].
Alors que Gengis Khan est en Iran, les Xia Occidentaux et les Jin s'allient contre les Mongols.
Avec le temps, Gengis songe à sa succession. Parmi ses descendants, il choisit son troisième fils Ögödei comme héritier et établit une méthode de sélection de ses sous-chefs spécifiant qu'ils doivent provenir de sa descendance directe[réf. nécessaire].
Dans le même temps, il étudie les rapports de ses espions sur les Xia et les Jin[réf. nécessaire] et prépare une force de 180 000 hommes pour sa nouvelle campagne.
En 1226, il attaque les Tangoutes sous le prétexte qu'ils hébergent des ennemis des Mongols. En février, il s'empare des villes de Heishui (黑水城), Ganzhou(甘洲) et Suzhou (肃州) ; durant l'automne, il prend Xiliangfu (西凉府).
Un général xia attaque alors les Mongols dans une bataille près des monts Helan (贺兰山 / 賀蘭山) mais son armée est vaincue. En novembre, Gengis Khan mène le siège contre la ville tangoute de Lingzhou (zh) (靈州) puis traverse le fleuve Jaune et anéantit le reste de l'armée tangoute. Un alignement de cinq étoiles est observé le soir de cette bataille[réf. nécessaire].
En 1227, il attaque la capitale tangoute et s'empare de Lintiaofu (临洮府) en février. En mars, il prend les préfectures de Tiaozhou (洮州), Hezhou (河州), puis la préfecture de Xiningzhou (西宁州) en avril, la préfecture de Deshun (zh) (德顺 / 德順). À Deshun, le général xia Ma Jianlong (马肩龙) résiste aux Mongols pendant plusieurs jours et mène personnellement les attaques pour les maintenir en dehors de la ville. Ma Jianlong meurt peu après sous les assauts des archers mongols. Après avoir conquis Deshun, Gengis Khan se dirige vers les Monts Liupan (六盘山, ) pour passer l'été. Sur la montagne, il décrète que les Mongols ne doivent plus tuer aveuglément, conformément à la parole qu'il avait eue un an auparavant, lors de l'alignement des cinq étoiles[réf. nécessaire]. Il ne reste plus que la capitale Zhongxingfu (中兴府 / 中興府, ), encerclée par l'armée mongole. Après six mois de siège, le dernier empereur de xia capitule, et il est tué avec toute sa famille.
Gengis Khan meurt le 18 août 1227 dans le Ningxia, semble-t-il dans les monts Liupan, « blessé d'une flèche au genou si qu'il mourut du coup » selon le Livre de Marco Polo[15], ou des suites d'une chute de cheval lors d'une partie de chasse[10], lors de laquelle un groupe d'hémiones a débouché devant sa monture qui, de peur, s'est cabrée, le faisant chuter. Il aurait connu de vives douleurs internes à la suite de cette chute et jusqu'à sa mort un an plus tard[16]. D'après l'Histoire secrète, il aurait eu le temps d'exposer à son plus jeune fils, Tolui, les plans utilisés plus tard pour achever la destruction de l'empire des Jin.
Son corps est ramené en Mongolie. Sur le chemin du retour, son escorte tue tout témoin du cortège, et elle est ensuite tuée, afin que le lieu de sa dernière demeure reste secret. Ce lieu n'ayant pas été découvert, le mausolée de Gengis Khan, situé dans le district de Dongsheng, à Ordos n'est en fait qu'un cénotaphe, comportant quelques objets lui ayant appartenu, dont son arc. Deux importants rituels y sont pratiqués depuis tous les ans par la lignée des gardiens du cénotaphe. Il est probablement enterré dans les montagnes de Burkhan Khaldun.
Temüjin avait trois frères et une sœur légitimes, et deux demi-frères issus des concubines de Yesügei (en italique) :
On lui connait huit épouses et au moins une concubine, de ses épouses et concubine, il a 14 enfants.
Épouse principal, Borte, fille de Dei Seichen, Onggirat, et de Tchotan ; épousée en 1180 ; morte après 1206 / 1207, avec qui il eut quatre fils et cinq filles :
« Nos descendants se vêtiront d'habits dorés, mangeront des mets gras et sucrés, monteront d'excellents coursiers, presseront dans leurs bras les plus belles femmes et oublieront qu'ils nous le doivent. »
— Gengis Khan, d'après l'historien persan Rachid al-Din[18].
Le Khagan successeur ne pouvait avoir de réelle légitimité que s'il était du même sang que Gengis Khan, limitant donc les successeurs potentiels à la seule famille du dernier Khagan. Tolui assura la régence de la mort de Gengis en 1227 à la nomination d'Ögödei en 1229 après une autre assemblée plénière[19].
Les quatre fils de Gengis Khan avaient participé aux campagnes de leur père et occupèrent donc des rôles de première importance dans l'empire. Si Ögödei devint Khagan, ses trois frères devinrent Khan de différents Khanats
À partir de 1260, l'Empire Mongol se divisait en quatre ulus (pays, région) :
Tatiana Zerjal et d'autres chercheurs déclarent en 2003[20],[21] avoir identifié une lignée de chromosome Y sur environ 8 % des hommes d'une grande partie de l'Asie (soit environ 0,5 % du total mondial des hommes). L'étude démontre que la forme des variations génétiques trouve son origine il y a 1 000 ans en Mongolie. Une expansion aussi rapide n'a pas pu se faire par simple dérive génétique mais par sélection naturelle. Les auteurs supposent que cette lignée est portée par des descendants de Gengis Khan et qu'elle s'est répandue par sélection sociale.
En plus des Khanats et d'autres descendants, la mère de l'empereur moghol Bâbur était une descendante de Gengis Khan. Tamerlan, chef militaire turco-mongol du XIVe siècle, prétendit aussi descendre de Gengis Khan.
Les traditions animistes des Mongols étaient assez profondes. La relative absence de pratiques religieuses ne masquait pas leur attachement à Tengri, le dieu du Ciel[22]. Certains auteurs rapportent que Gengis Khan était un strict monothéiste faisant preuve d'une grande tolérance vis-à-vis des autres croyances[23].
Gengis Khan récupère et met en exergue les atouts des Mongols, ce sera la base des conquêtes mongoles. Mais Gengis Khan participe en de nombreux points au développement des stratégies et des tactiques de combat.
L'armée repose sur un système décimal sans doute d'origine achéménide, le « tümen », les armées étant divisées en groupes de 10, 100, 1 000 et 10 000 hommes. Les liens étroits des clans mongols sont adaptés aux unités de combat, mettant l'accent sur le collectif avec les recrues au centre et les vétérans sur les ailes[24].
Dès 1217, Gengis s'intéresse au problème des attaques de places fortifiées. Aidés par des artilleurs chinois qu'il forme en corps d'armée, ils bâtissent progressivement les techniques qui feront d'eux de redoutables meneurs de sièges, en particulier grâce à l'utilisation de poudre à canon[24].
L'arc réflexe (très ressemblant à un arc recourbé), précis et maniable, est réputé être l'arc le plus efficace[24].
Les chevaux originaires des steppes sont endurants. Ils peuvent parcourir jusqu'à 100 kilomètres par jour en conditions optimales. Ils se nourrissent facilement avec ce qu'ils trouvent. Les campagnes d'hiver sont préférées, les chevaux étant reposés et rassasiés[24].
Les soldats disposent de plusieurs chevaux, généralement au moins trois, afin d'avoir une monture fraîche toujours disponible[24].
La tactique, loin des clichés de hordes barbares, est très travaillée. Évitant les grands affrontements, ils préfèrent le harcèlement pour démoraliser. Ainsi, une technique appliquée est la charge directe avec un repli avant le contact simulant une fuite, les ennemis se lancent de manière désordonnée à la poursuite des fuyards en rompant la formation. Une fois arrivés sur un terrain favorable, les cavaliers mongols décochent des flèches par-dessus leur épaule, décimant les adversaires. Cette technique de tir sera appelée « flèche de Scythe ou du Parthe »[24].
En Irak et en Iran, il est vu comme un seigneur de guerre sanguinaire et génocidaire qui causa d'immenses destructions[25]. Un descendant de Gengis, Hulagu Khan, détruira une grande partie du nord de l'Iran. Il est l'un des conquérants les plus haïs des Iraniens, avec Alexandre le Grand et Tamerlan[26],[27].
Il en est de même en Afghanistan, au Pakistan ainsi que dans d'autres pays non turcs à majorité musulmane, bien que dans certains pays il faille nuancer le tableau. On raconte que l'ethnie des Hazaras d'Afghanistan descend d'une grande garnison mongole qui stationnait autrefois sur leur terre d'origine. Les sacs de Bagdad et de Samarcande causèrent des massacres et le sud du Khuzestan fut complètement détruit. En Russie, Ukraine, Pologne et Hongrie, Gengis Khan, ses descendants et les Mongols et/ou Tatars sont généralement décrits comme de grands destructeurs.
Aujourd'hui, Gengis, ses descendants, ses généraux et les Mongols en général restent connus pour leurs forces militaires féroces, leur endurance, leur cruauté et leurs conquêtes destructives dans les livres d'histoire du monde entier.
La perception négative de Gengis Khan est donc très courante, beaucoup d'historiens citant souvent la cruauté de son règne et la destruction provoquée par les troupes mongoles, mais certains mettent l'accent sur les aspects positifs des conquêtes de Gengis Khan. Il est parfois crédité d'avoir mis la route de la soie sous un système politique cohérent. Ce système aurait ainsi théoriquement accru la communication et le commerce entre le monde occidental, le Moyen-Orient et l'Asie en étendant les horizons de chacun. Plus récemment, des historiens remarquent que Gengis Khan a instauré certains niveaux de méritocratie, et qu'il semblait assez tolérant envers les religions.
De même, il a mis en place des règles protégeant les femmes, afin de limiter les tensions entre hommes et entre tribus. Ainsi, l'interdiction d'enlever des femmes, de les vendre à des époux et l'interdiction de l'adultère sont mises en place sous son empire[28].
Aujourd'hui, en Turquie, on voit en Gengis Khan un grand chef militaire et beaucoup de garçons sont nommés en son honneur.
Gengis Khan a longtemps été énormément respecté par son peuple pour ses victoires militaires et son association avec la culture et les systèmes politique et militaire mongols. Durant la République populaire mongole, il deviendra un symbole encombrant. Gengis Khan et les Mongols étaient des sujets sévèrement réprimés par un gouvernement qui craignait probablement un regain de ferveur nationaliste. Par exemple, en 1962 la construction d'un monument sur son lieu de naissance et une conférence en son honneur mena à des critiques de la part de l'URSS et au licenciement de Tömör-Ochir, un secrétaire du Comité central du Parti révolutionnaire du peuple mongol.
Quand la démocratie est instaurée en Mongolie après la révolution démocratique du début des années 1990, le souvenir de Gengis Khan et l'identité nationale mongole virent un renouveau ; Gengis Khan lui-même deviendra la figure centrale de cette identité. Il n'est pas rare d'entendre les Mongols appeler la Mongolie « la Mongolie de Gengis Khan », eux-mêmes « les enfants de Gengis Khan » et Gengis Khan « le père des Mongols », surtout les plus jeunes. En effet, au lendemain de cette révolution la figure de Gengis Khan permet de légitimer un État finalement très jeune. Cette passion pour le Khan a quelque peu comblé le vide brutal qu'a laissé la chute des idéaux communistes, les statues de Lénine ayant été remplacées par celles du Père de la mongolité[29]. Contrairement aux pays d'Asie Centrale où il est perçu comme un conquérant sanguinaire, il est en Mongolie, à la fois le Père de la Nation mais aussi le père des coutumes (le mariage, l'écriture) et donc le protecteur et garant de l'identité de la Mongolie. Ainsi, dans un pays ethniquement homogène, Gengis Khan devient aussi l'ancêtre commun du Peuple mongol et donc encore une fois une figure fédératrice. À l'image des fêtes de 2006, pour les 800 ans de l'État gengiskhanide, un véritable engouement a lieu pour celui qui est le représentant de la Mongolie. Le khan divinisé n'est cependant pas propriété uniquement des Mongols, il est aussi revendiqué par les différents peuples türks (Kazakhs, Touvas, Kirghiz), mais aussi par la Chine elle-même, où Gengis Khan est même devenu un héros national avec l'arrivée au pouvoir du Parti communiste, dans le but de justifier la sinisation des Mongols[30], mais aussi pour des intérêts commerciaux.
Beaucoup de choses sont nommées en son honneur : produits, rues, immeubles, parcs… On peut voir son portrait sur des bouteilles de boisson alcoolisée ainsi que sur les billets de 500, 1 000, 5 000 et 10 000 tögrög. Le principal aéroport du pays, près de la capitale, Oulan-Bator, a été rebaptisé aéroport international Gengis Khan, de grandes statues le représentant ont été érigées devant le parlement[31] et près d'Oulan-Bator. Il y a un débat continuel sur la surutilisation de son image et la crainte de la voir banalisée. La Mongolie le voit comme une figure centrale de la fondation de la nation mongole et comme le socle de l'idée de la Mongolie comme pays. Il y a une incompréhension sur la perception de sa brutalité, les Mongols croyant souvent que les documents historiques, écrits pour la plupart par des non-Mongols, sont injustement trop sévères envers Gengis Khan, exagérant sa barbarie et ses massacres et minimisant son rôle positif. Il renforça beaucoup de traditions mongoles et offrit la stabilité et l'unité aux Mongols à une époque très incertaine due à des facteurs internes et externes.
Aujourd'hui, Gengis Khan est largement reconnu comme l'un des leaders mongols les plus grands, les plus légendaires et les plus aimés. On le croit responsable de l'émergence des Mongols en tant qu'identité ethnique et politique, ainsi qu'à l'origine de l'écriture mongole et de la yassa, premier code juridique mongol.
La république populaire de Chine considère Gengis Khan comme un héros national chinois. Pour justifier ce point de vue, on affirme le plus souvent qu'il y a plus de Mongols habitant la Chine que partout ailleurs, y compris en Mongolie. On affirme aussi que son petit-fils, Kubilai Khan, fonda la dynastie Yuan qui réunifia et régna sur la Chine durant 89 ans, de 1279 à 1368. En tout cas, les Mongols ont laissé des traces importantes et durables, quoique discutables, sur les structures sociales et politiques chinoises[32].
Selon le sinologue canadien Timothy Brook, l'expression de « Grand État » désigne une conception du pouvoir que l'Empire mongol diffuse à partir du XIIIe siècle dans l'ensemble de l'Asie. Au départ traduction du Yeke Ulus des Mongols, on retrouve symptomatiquement des expressions similaires dans d'autres langues asiatiques et notamment Da Guo en chinois : la dynastie mongole des Yuan est ainsi la première à se désigner comme Da Yuan, le « Grand État Yuan » et les dynasties suivantes ne manquent pas de se faire appeler Da Ming, puis Da Qing. Au cœur du Grand État se trouve l'idée de pouvoir absolu, universel : il a vocation à s'étendre sans limite sur les territoires avoisinants, et son dirigeant à recevoir l'allégeance des puissants du monde entier. C'est cette conception du pouvoir, héritée des Mongols, qui détermine la conquête des actuelles Mongolie-Intérieure et Mongolie extérieure par les Qing, et qui, aujourd'hui encore, détermine les ambitions hégémoniques de la Chine dans le monde, ainsi que son refus de laisser ses minorités nationales s'émanciper du Grand État chinois[33].
Au Japon, une légende populaire à l'époque Edo (1603-1867) voulait que Gengis Khan soit en fait Minamoto no Yoshitsune (1159-1189), qui aurait réussi à s'enfuir lors de la bataille de Koromogawa et à traverser la mer du Japon[34]. Cette histoire est notamment évoquée dans le manga Oh-roh de Kentarō Miura et Buronson.
La route de la soie a perduré durant la totalité du XIIIe siècle grâce à une politique volontariste de Gengis Khan ainsi que des autorités locales[35]. Les marchands sont protégés et les Ortog[36] traversent tout le continent pour récolter des produits exotiques à la cour de Karakorum, principalement de Chine et d'Iran. Ce système de libre-échange pan-asiatique a aussi été favorisé par des services administratifs efficaces et une paix relative au sein de l'Empire. Or si ce commerce s'étend jusqu'à la mer Noire, où sont présents Vénitiens et Génois qui y possèdent des comptoirs, le commerce pour les Européens n'était destiné en réalité qu'à un marché strictement régional, allant tout au plus jusqu'à Tabriz pour les tapis et au Khwarezm pour la soie, en somme une zone très réduite, mais auparavant interdite d'accès par les marchands musulmans qui bloquaient les voies maritimes, et dès lors accessible grâce à la stabilité qui règne dans l'Empire. Le véritable attribut de la route de la soie pour les Européens ne réside donc pas comme on pourrait l'imaginer dans les échanges qui n'ont finalement pas été particulièrement foisonnants, mais bien dans l'accès aux voies d'échanges favorisé par la grande Pax Mongolica. Selon l'historien Étienne de la Vaissière, plus qu'un espace d'échange global, l'apport principal de la route de la soie en Europe a été avant tout d'apporter aux Occidentaux une véritable prise de conscience d'un Monde au-delà du Monde musulman[37], l'Asie ayant été depuis le VIe siècle quelque peu oubliée. L'héritage de Gengis Khan pour l'Europe a donc été la mise en place d'une géographie primitive du monde, avec la naissance de marchés prometteurs et une certaine idée de la grandeur asiatique. La route de la soie gengiskhanide a ainsi plus participé à la connaissance de l'Autre qu'à un enrichissement relatif des puissances marchandes européennes.
L'influence de Gengis Khan est estimée dans plusieurs publications nord-américaines :
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