La ville de Kachgar se situe à l'ouest du désert du Taklamakan au pied des montagnes du Tian Shan. L'oasis de Kachgar se trouve au point de rencontre des routes nord et sud qui contournent le désert de Taklamakan. La route du Karakorum qui emprunte le col de Khunjerab relie Kachgar à la ville d'Islamabad au Pakistan. Le Kirghizistan voisin est aussi accessible depuis Kachgar via les cols de Torugart et d'Irkeshtam.
Histoire
Sous la dynastie chinoise des Han, le général han Ban Chao est envoyé pour soumettre les royaumes de la région qui s'étaient rebellés. Après avoir soumis la région, il y installe des souverains pro-chinois, et poussa ses explorations vers l'Ouest jusqu'à la Mésopotamie et au-delà.
Pendant toute la période allant du IIesiècle jusqu'à l'arrivée de l'Islam au IXesiècle, Kachgar et sa région sont une terre où domine le bouddhisme hīnayāna («Petit Véhicule»), notamment au sein de l'Empire kouchan, premier royaume bouddhiste.
À l'époque de la dynastie Tang (618-907), les Chinois ont pleine souveraineté sur Kachgar au sein du Protectorat des Régions de l'Ouest, et y installent une garnison.
Le christianisme se diffuse en Chine, sous sa forme nestorienne, à partir de l'an 635. On trouve encore un évêché nestorien à Kachgar au XIVesiècle[4].
En 711, les Arabes envahissent la région. Il est question d'une conquête par Qutayba ben Muslim du Xinjiang, mais elle est controversée.
Les Qarakhanides (peuple turc), diffusent l'islam dans la région[5].
Au XIIIesiècle, le khaganmongol, Gengis Khan et ses successeurs prennent le contrôle de la région et de l'ensemble de la Chine, sous la dynastie Yuan. Plus tard, les armées de Tamerlan déferlent sur l'Asie centrale. Viennent ensuite des guerres entre différentes tendances religieuses de l'islam[6].
L'intérêt de la Russie pour la région est au XIXesiècle un foyer d'instabilité dans le Turkestan chinois. Profitant de cette situation et de la lassitude des musulmans de la région vis-à-vis du despotisme mandchou, le chef militaire Yakoub Beg (ou en transcription anglaise Yaqub Beg; chinois: 阿古柏; en persan: یعقوب بیگ) conquiert Kachgar et Yarkand et prend progressivement le contrôle de la région. D'abord vassal du Khan de Kokand, il déclare l'indépendance de la Kachgarie ou Kasgharie en 1866, et y établit un pouvoir musulman, qui est rapidement contesté par ses sujets. Profitant de la concurrence entre Chine, empire ottoman, Russie et Grande-Bretagne, Yakoub Beg signe des traités avec ces dernières puissances et obtient des armes de l'Empire ottoman, mais se révèle impuissant à décider ses partenaires à le soutenir effectivement contre la première. Les forces chinoises, menées par le général Tso tsung T'ang, entament la reconquête et défont les forces de Yakoub Beg, qui meurt (à un moment et dans des circonstances donnant lieu à controverse) vers 1877.
Depuis 1955, la région nommée Xinjiang par les Mandchous de la dynastie Qing en 1760[7] devient Région autonome ouïghoure du Xinjiang, avec Ürümqi pour capitale.
Kachgar a été le point de rencontre des routes de la soie du Sud et du Nord pendant 2 000 ans, car c'était un lieu remarquablement situé, après la traversée du désert de Taklamakan à l'Est, et après les hautes montagnes du Pamir lorsqu'on vient de l'Ouest, et qu'il fallait échanger les yaks contre des chameaux. Elle fut longtemps une région de culture bouddhiste contrôlée par différentes civilisations et l'on y trouve des sites archéologiques majeurs. Arrivée au IXesiècle, chassés des steppes de l'actuelle Mongolie par les Kirgizhes, sa population à 90% ouïghoure continue aujourd'hui d'exercer sa vocation principale: le commerce. À la différence d'Ürümqi, la capitale officielle du Xinjiang, Kachgar a su rester une ville à l'identité ouïgoure fortement marquée. Celle-ci est notamment réputée dans la région pour son marché du dimanche, réputé le plus gros marché d'Asie centrale, et où se pressent des commerçants de tous les pays alentour (Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizistan, Afghanistan, Pakistan et Inde).
À la fin des années 2000, les autorités ont lancé un programme de destruction de la vieille ville ouïgoure, dont les habitants sont relogés dans de nouveaux quartiers en périphérie (jusqu'à plusieurs kilomètres de distance). Selon le magazine Time, plus de 85% du vieux Kachgar devrait être rasé avant fin 2009[8]. Ainsi, sous prétexte de «rénovation» afin de pallier les risques sismiques consécutifs au séisme de 2008, de nombreuses habitations historiques de Kachgar sont détruites afin de bâtir des maisons certes plus sûres, mais que les locaux assimilent à la destruction d'un patrimoine architectural[9].
Un conte des Mille et une nuits (Le Conte du tailleur, du bossu, du Juif, de l’Intendant et du Chrétien[10]) se déroule à Kachgar[11].
Principaux monuments et sites
Mosquée de Aid Kah: c'est la plus grande mosquée de Kachgar et peut-être la plus grande en Chine. Cette «mosquée du Vendredi» peut abriter jusqu'à 10 000 fidèles. Dans son état actuel, elle remonte à la première moitié du XVIIIesiècle, mais fondée en 1442. La salle des prières est soutenue par 140 piliers de bois.
Tombe de Yusup Hazi Yajup: c'est la tombe d'un poète et d'un penseur ouighour du XIesiècle. Son poème épique, La connaissance du bonheur, est particulièrement connu. La tombe est surmontée d'une coupole bleue.
Mausolée d'Abakh Khoja: construit au XVIIesiècle, c'est le lieu le plus sacré du Xinjiang, et l'un des plus beaux exemples d'architecture islamique en Chine. Abakh Khoja était à la tête de six villes de la région, tout en étant vénéré comme un prophète. Sa renommée était telle que ce mausolée prit finalement son nom, alors qu'il avait en fait été construit pour son père Yusup. On appelle aussi ce mausolée du nom de Xiang Fei, en souvenir de la petite-fille de Abakh Khoja, Iparhan, qui fut la «concubine parfumée» de l'empereur Qianlong.
Grottes des Trois Immortels (Sianxian Dong) : ces trois grottes datent probablement du IIesiècle après Jésus-Christ. Ce sont donc les grottes bouddhistes les plus anciennes de Chine. Elles sont situées en hauteur sur une falaise de grès, au point d'être pratiquement inaccessibles.
Les importants vestiges de puits karez (井渠,jǐngqú,«canal-puits»), destinés à irriguer l'endroit[12]. En particulier aux ruines de Gaochang[13] ou aux Ruines de Ha-Noi[Quoi ?], une ville du temps de la dynastie Tang, pendant la seconde moitié du VIIesiècle[14],.
Wupoer: on y trouve la tombe de Mahmoud de Kashgar, l'éminent linguiste du XIesiècle précédemment cité. Son tombeau a été reconstruit en 1983.
La population était estimée à 400 225 en 2010 et à 318 890 habitants en 1999[15].
La population est à forte majorité ouïghoure, bien que la proportion de Hans soit en constante progression.
On y parle l'ouïghour et le dialecte chinois de Kachgar du mandarin Zhongyuan.
Le climat de Kachgar est de type désertique avec une pluviométrie annuelle de seulement 64 mm. Les températures connaissent de forts contrastes en fonction de la saison en raison du caractère continental du climat. Les températures moyennes vont d'environ −6°C pour le mois le plus froid à +26°C pour le mois le plus chaud, avec une moyenne annuelle de 11,8°C[16].
Davantage d’informations Mois, jan. ...
Relevé météorologique de Kachgar-altitude:1289 m (période 1961-1990)
Catégorie:Textes Anonyme, «Le Livre des mille nuits et une nuit», dans Le Livre des mille nuits et une nuit, Eugène Fasquelle, éditeur, (lire en ligne), p.7–20.
Pamela Kyle Crossley, «Pluralité impériale et identités subjectives dans la Chine des Qing», Annales. Histoire, Sciences Sociales, no3, , p.597-621 (lire en ligne).
Colin Mackerras, Kashgar. Oasis City on China's Old Silk Road, Frances Lincoln, 2008.
Judy Bonavia, Route de la Soie, 2006, Éditions Olizane, (ISBN2-88086-343-0).