Forêt de Fontainebleau
forêt d'Île-de-France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
forêt d'Île-de-France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La forêt de Fontainebleau, autrefois appelée forêt de Bière (dérivé de bruyère)[1], est un important massif boisé de 25 000 ha, dont 21 600 ha sont aujourd'hui administrés en forêt domaniale. Ce massif, au centre duquel se trouvent la ville de Fontainebleau et sa voisine Avon, est situé en Seine-et-Marne. La forêt domaniale proprement dite couvre 17 072 ha ; elle a une altitude variant de 42 m (Seine à Bois-le-Roi) à 144 m (Carrefour du Banc du Roi, 2 km au nord de Fontainebleau).
Forêt de Fontainebleau | |||
Paysage vu d'un rocher. | |||
Localisation | |||
---|---|---|---|
Coordonnées | 48° 24′ 07″ nord, 2° 39′ 46″ est | ||
Pays | France | ||
Région | Île-de-France | ||
Département | Seine-et-Marne, Essonne | ||
Géographie | |||
Superficie | 25 000 ha | ||
Altitude · Maximale · Minimale |
144 m 42 m |
||
Compléments | |||
Protection | Site classé (1965), Forêt de protection, Natura 2000, Réserve de biosphère, Réserve biologique | ||
Statut | Forêt domaniale et privée | ||
Administration | Office national des forêts | ||
Essences | Chêne, pin sylvestre, hêtre | ||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Île-de-France
| |||
modifier |
Elle est fragmentée et traversée par l'autoroute A6 (1964), les nationales 6 et 7, ainsi que la ligne de Paris-Lyon à Marseille-Saint-Charles. Chaque année, des millions de visiteurs viennent s'y promener ou y pratiquer l’escalade (13 millions en 2006[2]).
La forêt de Fontainebleau est célèbre dans le monde entier pour avoir inspiré les artistes du XIXe siècle, notamment les peintres de l'école de Barbizon et les impressionnistes, ainsi que des photographes, des écrivains et des poètes. Premier massif labellisé Forêt d'Exception en 2013, il comprend 2 350 ha de réserves biologiques[3], dont l'origine de la protection sous forme de « réserves artistiques » remonte à 1853, et dont certaines parties n'ont pas subi de coupes rases depuis 1372.
Il y a 40 000 ans, des populations nomades s'installèrent aux abords de la forêt. On en a découvert divers témoignages : outils de pierre taillée, ossements d'animaux : ours, éléphants, rhinocéros, cerfs géants. Durant cette période, la forêt était sauvage et hostile. L'homme y pénétrait donc rarement. Plus de 2 000 abris[4],[5] comportant des gravures rupestres sont disséminées dans le massif forestier. Elles sont attribuées à toutes les périodes entre le Paléolithique supérieur (vers 12000 av. J.-C.) et l'époque moderne, mais la plupart d'entre elles sont attribuées au Mésolithique (entre 9000 et 5500 av. J.-C.)[6]. Avec le Néolithique, l'homme développa la culture et l'élevage. Des villages se formèrent autour de la forêt, le centre de celle-ci manquant d'eau ne fut pas habité. On cite entre autres des sites du Bronze moyen avec dans le sud-est près de Montigny l'abri du Croc-Marin et surtout l'habitat de Marion des Roches[7],[8], l’abri de la Gorge-aux-Loups, l’abri de la Grande Vallée, l’abri de la Touche aux Mulets (dit abri des Orchidées)[9]…
À l'époque gauloise, les Ligures et les Celtes établirent d'autres bourgades mais toujours autour de la forêt : à Avon, à Larchant.
Vers l'an 1000, la forêt était formée d'enclaves que se partageaient de petits seigneurs et de riches propriétaires terriens.
En 1067, le capétien Philippe Ier acquiert le comté du Gâtinais, ce qui permet au pouvoir royal de maîtriser l'ensemble du territoire de l'actuelle forêt[10]. En 1137, sous Louis VII, l'existence d'une demeure royale est attestée. Pour les rois de France, la forêt avait en effet plusieurs usages dont la chasse mais aussi un intérêt militaire. Elle fournissait ainsi le bois qui servait à la construction et au chauffage. Fontainebleau représentait également une place stratégique sur la route de Sens et de la Bourgogne.
En 1400, Charles VI ordonne la première réformation de la forêt, c'est-à-dire la fermeture complète de l'espace forestier pour quelques mois, afin de vérifier les droits et usages de chacun sur le gibier et les bois. Cette procédure exceptionnelle va se renouveler de nombreuses fois sous l'Ancien Régime. Le château est rebâti à partir de 1527 par François Ier, afin de venir chasser « les bêtes rousses et noires » qui abondent dans la forêt qui ne comprenait alors que 13 365 ha, mais les rois vont ensuite l'étendre par des acquisitions et des confiscations. Toujours sous François Ier, fut créée la charge de Grand Forestier, responsable des officiers et des gardes à cheval ayant chacun la surveillance et la gestion d'un canton de la forêt. C'est à cette époque, au cours de ce XVIe siècle, que l'administration chargée de la gestion de la forêt prend forme et la gardera jusqu'à la Révolution.
À l'époque de Louis XIV, moins de 20 % de la superficie est boisée. Colbert lance une nouvelle réformation de juin à septembre 1664 ainsi que des chantiers de plantation[11]. Le roi parcourt alors la forêt chaque année en automne pour la chasse. En 1716, à la suite du terrible hiver de l'année 1709, un nouvel aménagement de la forêt est promulgué : 6 000 ha sont plantés de feuillus, mais cela s'avère un échec presque total. En 1750, un nouvel aménagement est relancé et le pourtour de 90 km de la forêt est délimité par 1 050 bornes encore visibles de nos jours. En 1786, une timide introduction de pins sylvestres est tentée. Après la Révolution, à la suite de nombreuses coupes sauvages et de la prolifération du gibier faute de chasse, Napoléon Ier réforme en 1807 l'administration forestière et celle du château. En 1830, la plantation de 6 000 autres ha de pin provoque la colère des artistes qui viennent chercher l'inspiration en forêt. Par ailleurs, la mare aux Evées est drainée et réaménagée en 1837.
Les peintres de l’École de Barbizon, emmenés par Théodore Rousseau, critiquent les plantations de résineux qui sont effectuées sur plusieurs centaines d'hectares par an depuis 1830, les accusant de dénaturer les paysages, et s'opposent à des coupes de régénération projetées dans les vielles futaies en 1837[11]. Ils fondent la Société des amis de la forêt de Fontainebleau pour la protéger[12].
En 1839, Claude-François Denecourt fait paraître son premier guide de promenade en forêt et aménage les premiers sentiers en 1842. Dès 1849, le chemin de fer arrive à Fontainebleau, ce qui va permettre aux Parisiens de visiter Fontainebleau par des excursions à la journée.
À la demande des peintres de l'École de Barbizon, les coupes de feuillus sont suspendues dans certains cantons appréciés des artistes. En 1853, des « sanctuaires de la nature » sont ainsi soustraits à l'action des forestiers sur 624 ha de vieilles futaies et de zones rocheuses (Bas Bréau, Cuvier Châtillon, Franchard, Apremont, la Solle, mont Chauvet), par dérogation aux règles d'exploitation habituelles, en faisant appel au caractère artistique exceptionnel des lieux[11]. Pour la première fois en France, le souci de « protection de la nature », sous l'angle esthétique et paysager, va être associé à la gestion forestière. Puis par le décret impérial du 13 avril 1861, la « réserve artistique » (21e série) est portée à 1 094 ha et enfin à 1 693 ha de 1892 à 1904[13]. Le directeur général des forêts, Henri Faré, expliqua que la neutralisation de 1 600 hectares revenait à perdre un revenu de 300 000 francs or[12]. Cependant elle constitue la première réserve naturelle au monde[14], avant même la création du parc national de Yellowstone aux États-Unis[15].
En , Claude-François Denecourt publie une pétition à destination de l'empereur Napoléon III pour la conservation du côté artistique et pittoresque de la Forêt de Fontainebleau[16], signée entre autres par Rosa Bonheur.
En 1872, le gouvernement d'Adolphe Thiers souhaite, pour y planter des résineux de façon intensive, couper une partie des arbres de ce site pourtant protégé par décret impérial, une pétition d'opposition est signée par les artistes mais sans succès, le Comité de protection artistique de la forêt de Fontainebleau est créé et s'oppose au projet. Amoureuse du lieu, George Sand apporte son soutien aux opposants et se révèle pionnière de la future écologie. Soucieuse de rigueur et de curiosité scientifique, elle convoque toutes les sciences naturelles : la biologie, l'entomologie, la géologie mais aussi les sciences de l'ingénieur pour rédiger un plaidoyer de douze pages[17] où elle écrit : « Si on n’y prend garde, l’arbre disparaîtra et la fin de la planète viendra par dessèchement, sans cataclysme nécessaire, par la faute de l’homme », elle initie ainsi les règles d'une exploitation forestière respectueuse et sauve la première réserve naturelle au monde[18].
Le premier Comité de protection artistique de la forêt de Fontainebleau, auquel adhère, entre autres, Victor Hugo, vote, avant l'intervention de George Sand, la résolution suivante : « Que la forêt de Fontainebleau doit être assimilée aux monuments nationaux et historiques qu'il est indispensable de conserver à l'admiration des artistes et des touristes, et que sa division actuelle en partie artistique et non artistique ne doit être acceptée que sous toutes réserves »[19]. En 1907 l'Association des amis de la forêt de Fontainebleau succède au Comité. Puis, par arrêté du 23 juillet 1945, est créée la Commission consultative des réserves artistiques et biologiques.
Après être restée intacte durant cent ans, la forêt a souffert avec les tempêtes de mars[20] et mai[21] 1967. Elles détruisirent la réserve qu’il fallut régénérer par plantation sur des centaines d’hectares[12].
Un décret de 1875 affecte au Département de la Guerre un terrain situé dans la forêt domaniale[22]. L’École d’application de l’artillerie et du génie située à Metz avait été transférée à Fontainebleau après le traité de Francfort de 1871. Deux champs de tir avaient été aménagés dans la forêt, l'un au nord et l'autre au sud-ouest de la ville[23]. Ce dernier est localisé sur la carte topographique de Denecourt datant de 1895[24].
En 1953, les premières réserves biologiques[25] intégrales (141 ha) et dirigées (411 ha) sont créées en remplacement de 552 ha d'une partie des réserves artistiques, qui sont réduites à 1 070 ha.
Les arrêtés des 7 août 1967 et 11 janvier 1972 délimitent d'abord les réserves biologiques à 416 ha[26], parmi lesquelles :
Puis, les réserves biologiques domaniales retrouvent et dépassent leur surface d'avant 1967, en étant portées en 2011 à 1 050 ha pour les réserves intégrales (RBDI) et à 1 300 ha pour les réserves dirigées (RBDD), soit 2 350 ha au total[3] :
Le genévrier était utilisé pour la fabrication de souvenirs de la forêt de Fontainebleau, boîtes, paniers, cannes sculptées... Le genévrier était également travaillé en tabletterie pour la réalisation de couvertures d'albums de gravures de la forêt et du château. Les fruits du genévrier étaient vendus sous le nom de dragées-genevrines[31].
En 1937, le sénateur de Seine-et-Marne et maire de Fontainebleau, Jacques-Louis Dumesnil, adopte un code vestimentaire pour la forêt en interdisant par arrêt « le port de shorts, costumes de bains et autre ustensiles de l'impudeur et de la libido ». Ce dernier aurait également préparé un arrêté y interdisant les chants révolutionnaires, entre autres, L'Internationale[32].
Il y a 35 millions d'années, la mer occupait la place de la forêt. Elle y déposa des sédiments d'une cinquantaine de mètres d'épaisseur. Ce n'est que beaucoup plus tard, il y a environ cinq-cent-mille ans, que les Grès de Fontainebleau se seraient formés à partir de ce sable quand la nappe d'eau gelait au cours des glaciations successives[pas clair], créant ainsi les barres rocheuses qui caractérisent le paysage de la forêt[34].
Des concrétions gréseuses de ce sable siliceux très pur se sont formées pour donner des formes caractéristiques, appelées gogottes[35].
Les grès de Fontainebleau sont donc formés de ces sables consolidés : grains de quartz cimentés par un gel de silice. Ces sables se sont déposés durant l'épisode de la mer des Sables d'Étampes. Ils sont donc d'âge stampien (Oligocène). Ils sont célèbres pour leurs rochers. En effet, ceux-ci forment d'imposants chaos sur les pentes de sables ; ils ont des formes souvent surprenantes faisant penser à des animaux ou des objets, et ils sont très convoités par les amateurs d'escalade de blocs.
Les rochers occupent une superficie de près de 4 000 ha et forment de longues chaînes, presque parallèles axées est-sud-est, ouest-nord-ouest et séparées par des vallons ouverts aux deux bouts.
Le sol de la forêt contient jusqu’à 98 % de sable[réf. nécessaire]. Il est donc très perméable. Il en résulte que nulle part, sauf sur le versant est, entre Veneux-Nadon et Samois-sur-Seine, on ne trouve la moindre source. Les mares proviennent du séjour de l'eau pluviale dans les dépressions des plateaux rocheux, sauf dans les environs de la mare aux Evées où l'argile domine.
Les arbres les plus représentés sont : les chênes (45 %), le pin sylvestre (40 %), le hêtre (10 %). Les "bouquets du roi" caractéristiques de la forêt sont des chênes dont les branches se séparent dès la base. Espèce rare au départ, le pin sylvestre s'est développé depuis 1830. C'est en 1786 que Le Monnier, médecin de Louis XVI et de Marie-Antoinette, introduisit cette espèce à Fontainebleau[36].
Le pin maritime fut d'abord planté en 1515 sur l'emplacement du Jardin Anglais, alors « jardin des Pins ». Puis à partir de 1590, l'homme l'implanta dans la forêt.
Le châtaignier implanté au Moyen Âge par des moines de grandes abbayes[37] est toujours présent[38].
Les principales essences du massif, d'une surface de 20 272 ha, sont[14] :
Près de 800 arbres notables ont été répertoriés, dont le chêne du Rocher Canon, posé sur un rocher, le seul de la forêt ayant reçu le label Arbres remarquables de France en mars 2006[39],[40].
La flore comprend :
La variété des sols (acides et calcaires, secs et humides) et la diversité des reliefs sont à l'origine de la grande diversité d'espèces, ainsi que la présence de très vieilles futaies, milieu devenu aujourd'hui très rare et abritant quantité d'espèces dépendant du vieux bois, tant animales (insectes, notamment) que végétales (lichens et macromycètes, notamment).
La forêt abrite 54 espèces de mammifères[42].
Parmi les grands mammifères, on trouve des sangliers et des cerfs. Au XVIe siècle, on pouvait croiser dans la forêt des lynx et des loups, lesquels ont disparu au milieu du XIXe siècle. Actuellement, on peut rencontrer des blaireaux, des renards, des sangliers, des chevreuils et des cerfs. La dernière loutre a disparu en 1970.
La densité des cerfs (0,76 individus / 100 ha) est très faible. Les facteurs explicatifs de cette faible densité sont multiples : trop forte pression de chasse, dérangement par certains photographes animaliers pendant le brame[réf. souhaitée].
Les rongeurs sont représentés par :
Les petits mammifères carnivores :
Les petits mammifères insectivores :
La forêt abrite plus 200 espèces d'oiseaux dont 102 nicheuses[42].
Parmi elles : le Guêpier d'Europe, le Pic mar, le Pic noir dont l'arrivée dans la forêt daterait de 1914, la Fauvette pitchou, l'Engoulevent d'Europe, le Pouillot siffleur, le Pouillot de Bonelli, l'Alouette lulu, et le Torcol fourmilier.
La forêt abrite onze espèces de reptiles[42].
Les serpents jouent un rôle important et essentiel dans l'équilibre faunistique.
On rencontre les espèces suivantes :
La forêt abrite 12 espèces d'amphibiens[42].
On peut rencontrer plusieurs espèces d'amphibiens dans les quelques mares de la forêt de Fontainebleau :
La forêt abrite plus de 370 espèces d'Hétéroptères (Royer 1948, complété par Doignon 1978), environ 3 500 espèces de Coléoptères (Cantonnet, Casset, Toda, 1997), 1 640 espèces de Lépidoptères (Gibeaux, 2000), 57 espèces d'Orthoptères (Luquet, 1994 et Luquet, Meriguet et Bruneau de Miré, 2001), 46 espèces d'Odonates (Dommanget, 2002). Le nombre d'espèces de Diptères est quant à lui estimé à 10 000.
98 espèces de mollusques (Viette et Parisot, 2001) vivent au sein de la forêt de Fontainebleau.
Divers statuts coexistent et se superposent, chacun disposant de particularités qui lui sont propres[3]. Ces statuts ne couvrent pas l'ensemble de la forêt mais seulement diverses parcelles plus ou moins intéressantes au niveau environnemental et économique.
désignation attribuée par l'UNESCO dans le cadre du programme sur l'homme et la biosphère. Son objectif est de concilier biodiversité et utilisation durable des ressources naturelles. Sa structure de coordination est l'Association de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais.
Un projet de parc national est également à l'étude pour rationaliser ces différentes servitudes de protection. Dès 1914, un vœu pour la création d'un parc national en forêt de Fontainebleau est émis par la Commission des sites de Seine-et-Marne et plusieurs sociétés savantes et artistiques, un an après la création du « parc de la Bérarde » en haute vallée du Vénéon par l'Administration des eaux et forêt, qui devait préfigurer celle du premier parc national français. Mais la guerre de 1914-1918 interrompt ces initiatives[46]. En 1948, à l'occasion de la conférence internationale tenue à Fontainebleau, qui crée l'Union internationale pour la protection de la nature (devenue UICN), un nouveau vœu est émis pour la création d'un parc national à Fontainebleau, auquel il n'est pas donné suite.
La France s'est engagée dans le cadre du Grenelle de l'environnement, via notamment la Stratégie nationale de création d'aires protégées, et soutenue par l'UICN, à accroître le nombre de ses aires protégées. Cette forêt est considérée comme l'une des plus belles « forêts de plaine » de France, et la possibilité de créer un Parc national à Fontainebleau est en débat depuis longtemps. En 1999, le Rapport Dorst (puis en 2007-2009 le « Grenelle de l'environnement » qui s'en est inspiré) ont d'abord jugé que les oppositions locales des élus, la forte fragmentation écologique du massif (par les routes, pistes et plus de 1 400 km[47] de chemins qui en font la forêt la plus fragmentée de France) et les pressions humaines qu'il subit (plus de 15 millions de visiteurs par an) n'étaient pas compatibles avec les objectifs d'un parc national. La loi de 2006 sur les parcs nationaux a donné plus de poids à la gouvernance locale et la sensibilité des élus et visiteurs à la protection des forêts et à l'intérêt économique de la création d'un parc semble s'être renforcée. « Le label serait aujourd'hui valorisant pour les élus locaux, mais il permettrait surtout de parer aux difficultés futures auxquelles sera exposée la forêt devant la hausse de visiteurs. La gouvernance actuelle du massif empile les statuts de protection ; le parc national serait un gage de cohérence pour assurer sa préservation à terme » estimait Frédéric Valletoux, maire de Fontainebleau en 2010[48]. Certains habitants craignent cependant une protection qui limiterait trop certaines activités ou qui selon eux pourrait contribuer à enclaver la ville. Ce classement rencontre aussi l'opposition de l'association des Amis de la forêt de Fontainebleau[49]. Après un an de concertation, un rapport de 200 pages a été rendu à la ministre de l'environnement fin janvier 2011.
Le camping sauvage est interdit en forêt de Fontainebleau en dehors de 3 aires de bivouac, près du parking de la Grande Vallée à Bouuron-Marlotte, près de l'hippodrome de la Solle et sur le site de la Faisanderie à Fontainebleau. Leur capacité est de 20 tentes chacune et le séjour limité à une nuit.
Le grès est exploité depuis 1330. Dès le XVIe siècle, il est utilisé pour le pavage des rues de Paris. En 1831, trois millions de pavés sont encore produits. À la fin du XIXe siècle, sous la pression des artistes, l'activité de carrière, qui comptait alors 2 000 hommes, est restreinte.
En 1907, la dernière exploitation ferme à la suite de l'interdiction de l'exploitation des grès sur le domaine. Mais l'exploitation s'est maintenue en dehors de ces limites. La dernière aux Trois-Pignons ferme en 1983.
Sur l’ensemble du massif de Fontainebleau, de nombreux sites ont, ainsi, fait l’objet de cette activité intense : le rocher Canon, les gorges de Franchard et du Houx, les Hautes-Plaines, le Long Boyau, etc. Avec l’arrêt de l’extraction en 1907, les savoir-faire et la mémoire ont peu à peu disparu de Fontainebleau. Toutefois, nombreux sont les vestiges de ce patrimoine industriel encore visibles aujourd’hui. Afin de le faire connaître, un sentier de découverte a été créé en 2012.
Le sable très fin et pur de Fontainebleau est exploité pour les verreries dès 1640. Il était utilisé pour la porcelaine de « Vieux Sèvres », pour la manufacture de Vincennes, pour la verrerie et la faïencerie de Paris, Montereau, Nevers, Gien, etc. Autrefois[Quand ?], pour ouvrir un atelier d'exploitation, le carrier demandait une autorisation au Capitaine des Chasses et payait un droit de forage. En outre, il devait remettre en état les routes qui avaient permis le transfert des matériaux. Les ouvriers, atteints de phtisie pulmonaire, mouraient jeunes.
Le sable est toujours exploité en lisière de forêt (par le groupe Sibelco à Bourron-Marlotte[50]).
Les massifs de grès, grottes et abris rocheux de la forêt de Fontainebleau ont, dès le Paléolithique récent, été le support d'œuvres d'art rupestre, gravées dans la pierre. Bien que connu des spécialistes dès la fin du XIXe siècle, celui-ci reste méconnu du grand public. Avec plus de 2 000 abris gravés, la forêt de Fontainebleau abrite l'un des ensembles rupestres les plus vastes d'Europe[51]. Dans leur grande majorité, les représentations sont géométriques et datent du Mésolithique (−11 500 à −7 000 ans), ce qui a dans certains cas, été confirmé par des fouilles archéologiques. Toutefois, outre les figures du Magdalénien, certaines gravures ont été datées du Néolithique, de l'âge du bronze ou du Moyen Âge. Enfin, quelques-unes sont modernes, écritures ou dessins gravés du XIXe siècle, de la guerre de 1870 ou de celle de 1914-1918 ou 1939-1945[52].
Des routes de promenades existent dans la forêt, probablement depuis le XVIe siècle. Elles servent alors essentiellement à la chasse à courre. L'actuelle route ronde est ainsi tracée sous la houlette d'Henri IV. En 1725, Louis XV ordonne le tracé de soixante routes dans la forêt, afin de faciliter ses déplacements, toujours pour la chasse.
Par ailleurs, la forêt est quadrillée par un réseau serré de chemins. Chaque voie porte un nom, lequel figure sur une plaque accrochée, à environ trois mètres de haut, sur un arbre. Muni d'une carte comme celle éditée par l'IGN (par exemple la carte M2417OT Forêt de Fontainebleau), le promeneur peut facilement errer dans la forêt sans se perdre.
En outre, plusieurs GR, balisés en rouge et blanc, sillonnent la forêt. Parmi eux les GR 1 et GR 11 font le tour de la région parisienne en passant par la forêt ; le GR 13 part de Fontainebleau.
Enfin, des promenades spécifiques sont balisées en bleu. Les premières datent du XIXe siècle :
Aujourd'hui, 365 km de promenades sont balisés.
Ils sont numérotés de 1 à 20[53] :
Ce parcours possède un parking d'accès au Carrefour de la Croix de Franchard. Ce circuit passe près d'un lieu appelé « l'antre des druides » comportant une formation rocheuse permettant d'abriter plusieurs personnes. Il fait 8 km et se parcourt généralement en 2 heures.
Ce parcours possède un parking d'accès près de la maison forestière de la Grande Vallée[54]. À cet endroit se trouve un site où le bivouac est autorisé et soumis à certaines règles. Un point d'eau accessible au printemps et à l'été ainsi que des toilettes publiques se trouvent au départ de ce circuit.
Ce circuit passe près d'un lieu appelé « la mare aux fées » ainsi que « la grotte Beatrix » . Il présente plusieurs belvédères offrant autant de panoramas. Il fait 9 km et se parcourt généralement en 3 h 30.
Ce circuit se situe dans le massif des Trois Pignons et est appelé également circuit des Belvédères. Il possède deux parkings d'accès : l'un est situé près du lieu La Croix St Jérôme, au sud ouest du parcours, et l'autre est situé à La canche aux Merciers, à l'est du parcours. Il fait 9 km et présente environ 300 m de dénivelé. Ceci permet à la plupart des randonneurs de le parcourir en 3 h 30 environ.
Sa partie nord traverse la plaine au Charme et offre un paysage composé de beaucoup de bruyère. Étant donné son profil relativement plat et ses chemins suffisamment larges, il est facilement accessible aux VTT. Il forme une boucle ovale orientée ouest-est avec deux raccourcis permettant différentes combinaisons.
Ce circuit offre plusieurs points d'intérêts dont :
Ce circuit fait le tour des hauteurs du massif des Trois Pignons, zone sauvage sans route et sans habitation qui a servi de maquis lors de la dernière guerre, d'où la présence d'une croix de Lorraine sur une hauteur. Ce massif associe des paysages d'une grande variété : étendues sablonneuses qui rappellent certains bords de mer, sentiers très pentus de type montagnard, rochers d'escalade mondialement connus, végétation quasi méditerranéenne (pins, bruyères), faune des régions méridionales (lézards, serpents), absence quasi totale d'eau, panoramas immenses. Ce massif est la zone naturelle la plus originale du bassin parisien.
Le circuit fait partie des circuits balisés de Fontainebleau. Il est censé contenir 25 bosses même si des avis peuvent diverger sur ce point. Le balisage est très important ; sa couleur rouge et sa fréquence importante (une marque tous les 15 mètres environ) rendent le suivi du chemin relativement aisé. Historiquement, ce circuit sert pour l'entraînement aux marches d'approche en alpinisme. Cela est grandement dû à son cumul de dénivelé positif d'environ 800 mètres. De plus, le circuit a été créé en abordant les chemins les plus complexes. Enfin, la succession des montées et descentes accentue la difficulté, notamment pour les néophytes de la randonnée.
Sa distance totale est d'environ 15 km. Son départ se fait généralement au parking de la Roche aux Sabots. Il est possible de diminuer la distance totale et la difficulté en prenant des raccourcis, comme le site d'escalade « Le diplodocus ». Les bosses les plus ardues se situant sur l'ouest du circuit (au Mont Pivot et au Roche de Jean de Vignes), les gens favorisent le parcours du circuit dans le sens des aiguilles d'une montre afin de terminer sur des bosses moins accentuées.
Les coureurs peuvent effectuer le circuit en moins de deux heures tandis que d'autres préfèrent prendre la journée pour le boucler.
Outre son intérêt sportif, il permet de découvrir des paysages diversifiés : fougères, bruyères, pins ponctuent le circuit.
La forêt de Fontainebleau est un lieu internationalement connu pour l'escalade de bloc. Cette discipline est pratiquée sur des blocs de rochers d'une faible hauteur qui ne nécessitent pas de cordage pour s'assurer. On utilise plutôt des tapis matelassés pour amortir les chutes, de la magnésie pour augmenter l'adhérence des prises ainsi que des parades manuelles d'un ou d'une partenaire pour s'assurer et réduire les risques. Elle se pratique sur les blocs de grès caractéristiques de cette forêt.
Une des particularités de l'escalade à Bleau (surnom donné par les grimpeurs à la forêt de Fontainebleau) est l'existence de parcours. Ces parcours de différents niveaux sont balisés à l'aide de flèches de différentes couleurs. Un parcours complet était censé à l'origine correspondre à la difficulté d'une course d'alpinisme en montagne. Le premier parcours fut créé en 1947 par Fred Bernick[réf. nécessaire]. Chaque couleur représente un niveau de difficulté : blanc épais (très facile), jaune (facile ou peu difficile), orange (assez difficile), bleu (difficile), rouge (très difficile), noir ou blanc fin (extrêmement difficile).
Les secteurs d'escalade se répartissent dans toute la forêt. Parmi les plus connus : le Bas-Cuvier, Les Gorges d'Apremont (Barbizon), Franchard Isatis (dans les gorges de Franchard entre Fontainebleau et Milly-la-Forêt), le 95.2 (Milly-la-Forêt), Le Cul de Chien (Noisy-sur-École), le Diplodocus (Le Vaudoué). Certains secteurs sont même en dehors de la forêt domaniale, comme le rocher de Dame Jouanne (Larchant), le massif Canard et le massif de l'I (Buthiers).
Plusieurs championnats ont été organisés dans cette forêt, notamment le Championnat de France 2012[réf. souhaitée].
Sur le territoire de la forêt sont établis la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours de Fontainebleau et l'oratoire Notre-Dame-de-Grâce de Corne-Biche, auxquels on peut ajouter le prieuré de Franchard.
Dans la partie nord de la forêt, sur le territoire de Fontainebleau, se dressent deux tables monumentales construites en 1723 : la table du Grand Maître et la table du Roi. Homonyme de cette dernière, une troisième table est située sur le territoire de Montigny-sur-Loing.
Plusieurs fontaines parsèment la forêt. La fontaine Désirée, alors seulement connue des carriers, est aménagée en 1837 dans le cadre de l'organisation viaire. Par la suite, Denecourt aménage la fontaine Dorly et la fontaine Sanguinède en 1852 ainsi que la fontaine Isabelle en 1866, les deux dernières ayant été restaurées par Colinet, son successeur spirituel, en 1894 et 1893 respectivement.
Au débouché de la forêt sur l'ancienne commune de By, aujourd'hui rattachée à Thomery, les murs à raisins servent à la production du chasselas de Thomery depuis 1730. Ils ont été inscrits aux monuments historiques en 1993.
Plus ou moins connectés et parfois associés à la forêt de Fontainebleau se trouvent :
La forêt de Fontainebleau a été l'objet d'expositions à plusieurs reprises.
Dans le cadre d'une mise en valeur de la diversité des forêts françaises, le système de reboisement et le matériel exploitation forestière sont présentés à l'Exposition universelle de 1867[65]. Durant l'Exposition universelle de 1878, la forêt de Fontainebleau est représentée, ainsi que tout l'espace forestier français, par le pavillon des Eaux et Forêts[66], en bois sculpté, dans le Parc du Trocadéro[67]. Quant au Pavillon des forêts pour l'Exposition universelle de 1889, il est construit en grumes[68].
Par sa proximité avec Paris et la diversité de ses paysages, la forêt de Fontainebleau a inspiré de nombreux artistes et renouvelé la conception du paysage en peinture, avec notamment les peintres de l'école de Barbizon et les impressionnistes.
Les premiers artistes[70],[71] connus ont été Adam François van der Meulen, et surtout, Jean-Baptiste Oudry, essentiellement peintres des scènes de chasse royale dans le décor de la forêt. Camille Corot est l'un des premiers à prendre comme thème principal la forêt elle-même.
À partir du milieu du XIXe siècle, plusieurs artistes viennent peindre la forêt, profitant des facilités que leur offre l'auberge Ganne. Les plus connus portent les noms de Théodore Rousseau et de Jean-François Millet, formant ce qu'on appellera bien plus tard (en 1880 en Angleterre et en 1905 en France) l'école de Barbizon. Pour Rosa Bonheur la forêt, près de laquelle elle résidait, a été une grande source d'inspiration[72].
Les impressionnistes s'y inspirèrent également comme Claude Monet, Auguste Renoir et Alfred Sisley. De même Félix Ziem, Paul Cézanne, Adrien Rousseau, Georges Seurat, Charles Wislin, Henri Sauvard, Émile Bouneau et Jehan Berjonneau firent plusieurs tableaux dans la forêt.
Certains sites ont été particulièrement peints, comme le lieu-dit Le Pavé de Chailly, en lisière de forêt.
Charles Marville (1816-1879) est le premier photographe à s’aventurer en forêt, le 28 août 1848. Gustave Le Gray, le plus célèbre des photographes de cette époque, le suit rapidement, en 1849, fuyant une épidémie de choléra à Paris. La forêt de Fontainebleau est ainsi probablement l’un des premiers espaces naturels photographiés au monde. Après Le Gray viendront Georges Balagny, Charles Famin, William Harrison ou encore Eugène Cuvelier[73]. Mais ces photographes n'atteindront jamais la notoriété des peintres de la même époque.
Traditionnellement, c'est Étienne Pivert de Senancour qui situe son roman Obermann, paru en 1804, pour la première fois en forêt. Mais les romantiques sont les premiers écrivains à trouver dans la forêt une source d'inspiration[74].
La forêt, du fait de sa proximité de Paris et de ses paysages spécifiques, est le lieu de nombreux tournages cinématographiques[80] :
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.