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type de feu De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Un feu de forêt est un incendie qui se propage sur une étendue boisée. Il peut être d'origine naturelle (dû à la foudre ou à une éruption volcanique) ou humaine (intentionnel et criminel ou involontaire et accidentel à partir de feux agricoles ou allumés pour « l'entretien » de layons ou des zones ouvertes pour la chasse par exemple).
Par souci écologique ou de réduction du risque de grands feux, quand le milieu, le contexte et la législation le permettent, on peut localement utiliser des « feux contrôlés ».
L'étude des microcharbons préhistoriques montre que l'humain a joué un rôle dans de nombreux incendies, volontaires ou non, depuis la Préhistoire[3]. Aujourd'hui encore, la plupart des feux sont volontaires (déboisement à fin de mise en culture), voire criminels. Ils ont souvent pour origine une imprudence (barbecue, mégot de cigarette, écobuage)[4] et pas seulement dans les pays secs.
Les grands feux de forêt tuent un grand nombre d'organismes vivants, et leur répétition peut durablement compromettre l'écosystème forestier[5]. Ils génèrent localement et à distance une pollution de l'air, des eaux et des sols et affectent la santé des pompiers (et audelà la santé publique car leur fumée expose les yeux et les poumons à des concentrations nocives de divers polluants).
Les feux sont à la fois une cause et une conséquence du réchauffement climatique. Selon les estimations satellites de l'Agence spatiale européenne, les feux de forêts produisent entre 25% et 35% des émissions de gaz à effet de serre[6].
L'attention médiatique se porte souvent sur l'Amazonie[7] ou Bornéo, mais les feux touchent surtout l'Afrique : 70% des surfaces forestières brulées sont africaines[6],[8],[9],[10],[11],[12], généralement pour l'agriculture sur brûlis, pratiquée depuis près de 12 000 ans[13].
En 2010, 6 000 communes de France métropolitaine étaient classées à risques[14] et selon le PNACC-2 la moitié de la France sera soumise à ce risque en 2050 en raison du réchauffement climatique.
Les éclairs et les volcans sont des sources d'incendies de forêt, dont on trouve des preuves paléontologiques (via les fossiles de plantes rhyniophytoïdes conservés dans les couches de charbon, par exemple dans les Marches galloises) datent au moins du Silurien (−420 millions d'années environ). Des feux de surface couvants et produisant du charbon de bois sont connus avant le début du Dévonien (−405 millions d'années environ) ; à cette époque la teneur de l'air en oxygène était plus basse, et moins propice aux feux (on voit une diminution de l'abondance du charbon de bois)[15],[16]. Des charbons de bois fossilisés suggèrent que les incendies se sont poursuivis pendant tout le carbonifère. Plus tard, avec l'accroissement global du taux d'oxygène de l'air (passé de 13% au Dévonien tardif à 30-31% au Permien supérieur s'est accompagnée d'une répartition plus étendue des incendies de forêt et probablement d'une fréquence accrue[17]. Plus tard, une diminution des dépôts de charbon de bois liés aux incendies de forêt du permien supérieur au trias est expliquée par une diminution des niveaux d'oxygène[18].
Au Paléozoïque et au Mésozoïque les incendies ont diminué, pour être probablement comparables à ce qu'ils étaient au début de l'Anthropocène, en lien notamment avec les saisons sèches et humides, par exemple dans les forêts de progymnospermes du Dévonien et du Carbonifère. Les archives fossiles des paléopaysages dominés par le Lepidodendron de la période carbonifère présentent des pics calcinés. Les archives fossiles des forêts de gymnospermes du Jurassique témoignent aussi d'incendies fréquents mais légers[18].
Une augmentation des incendies se manifeste à la fin du Tertiaire[19] ; elle est probablement due à la dispersion sur une partie de la planète d'un nouveau type de graminées (dite en C4), très inflammables, qui ont probablement formé des prairies ou savannes brûlant périodiquement sur des terres antérieurement boisées[20]. Certains habitats propices aux incendies ont sans doute coévolué avec des arbres et autres espèces dites pyrophytes, c'est-à-dire relativement résilients aux incendies (par exemple pour les arbres, des genres Eucalyptus, Pinus et Sequoia, dotés d'une écorce épaisse et peu combustible permettant à ces arbres d'utiliser la sérotinie[21].
Dans la période récente, notamment après la maîtrise du feu par les premiers humains, les incendies de forêts ont parfois été très importants, à échelle continentale comme en Australie. Des preuves archéologiques, et des témoignages écrits historiques le montrent, y compris pour des périodes récentes dans le nord de la France, par exemple en forêt de Raismes-Saint-Amand-Wallers[22]. Des historiens ont spécifiquement étudié cette question, dont en France Henri Amouric[23]. Les archives montrent un risque relativement cyclique (des décennies relativement calmes succédant à d'autres plus propices aux feux).
Si l'on en croit les chroniqueurs et les archives, même si les grands incendies étaient autrefois moins fréquents qu'aujourd'hui, les forêts ont toujours brûlé[24]. Bien entendu, les zones sèches y sont plus sensibles ; les exemples des massifs des Maures et de l'Esterel sont parlants :
La liste complète des incendies de ces massifs serait trop longue. De nombreux sapeurs-pompiers ont péri en luttant contre ces feux.
En France, l'ordonnance de 1669 sur les Eaux et Forêts précise qu'il « est fait défenses à toutes personnes de porter et allumer le feu, en quelques saisons que ce soit, dans les forêts, landes et bruyères, à peine de punitions corporelle et d'amende arbitraire, outre la réparation des dommages que l'incendie pourrait avoir causés »[28]. En 1706, la Chambre des eaux et forêts du parlement de Provence arrête : « Il est défendu à tous les gardiens de troupeaux de mettre le feu aux bois, sous peine de punition corporelle ». Le Conseil général du Var et les préfets continuent la lutte, aidés par le Code pénal (article 458) et par le Code forestier (1827), lequel en son article 148, maintient la prohibition de l'ordonnance de 1669 et l'étend à une zone de deux cents mètres de large à partir de la lisière de la forêt[24].
Dans certaines forêts à risque, les feux peuvent être interdits toute ou une partie de l'année, de même que les feux d'artifice dans le boisement et à ses abords :
Chaque année, plus de 60 000 feux de forêt se déclarent en Europe et 8 000 au Canada. Dans le monde 350 millions d'hectares sont touchés par an (six fois la taille de la France ; deux fois plus que trente ans plus tôt, malgré des moyens accrus de lutte). La forêt amazonienne est particulièrement touchée : lors des pires années de sècheresse (2005, 2007 et 2010), la surface parcourue par les feux de sous-bois a même supplanté la déforestation directe par l'humain. En dix ans, 85 500 km2 ont été ainsi détruits, soit presque 3 % du « poumon » amazonien. Le 20 août 2019, à la suite des nombreux incendies ravageant l'Amazonie, l'INPE a signalé la détection de « 39 194 incendies dans la plus grande forêt tropicale du monde » depuis janvier[29]. Cela représente une augmentation de 77 % du nombre d'incendies par rapport à la même période en 2018.
Surfaces brûlées chaque année (environ ; NB : 1 km² = 100 ha) :
Les experts prévoient une augmentation mondiale des incendies extrêmes pouvant atteindre 14 % à l’horizon 2030, 30 % d’ici à 2050 et 50 % d’ici à la fin du siècle[31].
Des incendies épisodiques déclenchés par la foudre sont - dans une certaine mesure - normaux en forêt ; ils tuent de nombreux organismes fixés ou incapables de fuir. Les écosystèmes y sont adaptés, mais des feux anormalement fréquents et/ou violents ou répétés freinent la régénération des sols et affectent la capacité de résilience écologique de l'écosystème. Ainsi en Asie du Sud-Est, en Afrique et localement en Amérique du Sud, de nombreux feux volontaires contribuent à la déforestation et parfois à la désertification et/ou à des phénomènes graves d'érosion (à Madagascar par exemple).
Les feux de forêt sont aussi d'importantes sources de pollutions[38], qui varient selon le type de forêt, d'incendie et l'humidité des végétaux.
Après un incendie, le sol est plus vulnérable à l'érosion par exemple à la suite de la disparition de l'humus, à la formation d'une croûte de « cuisson » du sol, au dépôt d'une couche hydrophobe de cendres qui diminuent la perméabilité du sol[39],[40], en l'absence de végétation. 500 à 2 000 tonnes de terres peuvent ainsi être emportées par km2/an, pour un site perdant 10 à 30 tonnes/an en temps normal. L'érosion éolienne du sol brûlé et du tapis de cendres et particules résiduelles deviennent pour plusieurs mois ou années une nouvelle source d'aérosols source de pollution de l'air ou de l'eau (en plus de ceux formés par le feu lui-même)[41]. En cas de pluies intenses, les risques de coulées de boue ou d'inondation augmentent[32]. Le puits et le stock de carbone sont dégradés pour plusieurs mois ou années : une grande quantité de carbone et de nutriments sont perdus vers les cours d'eau ou emportés par le vent ; ainsi Gimeno-Garcia et al. (2000) ont mesuré une érosion fortement aggravée 4 mois après des feux expérimentaux en maquis méditerranéen et les zones exposées aux feux les plus intenses perdaient alors encore un peu plus de 4 tonnes de sol par hectare (contre 3,3 environ dans les zones modérément brûlées)[42].
Un autre impact concerne la capacité de régénération du sol, et donc de la forêt, après des feux répétés sur de courts intervalles de temps. C'est ce qu'ont démontré les scientifiques dans le cadre du programme IRISE[43] (2003-2007). Ils ont montré qu'une forêt peut se régénérer si les feux interviennent tous les 25 ans. En revanche ce n'est plus le cas pour deux incendies très rapprochés dans le temps (à moins de 10 ans d'intervalle) ou pour un seuil de quatre feux sur 50 ans. « À ce seuil, on constate la raréfaction d'espèces et de communautés essentielles au fonctionnement de l'écosystème (microfaune et vers de terre), ainsi que la diminution du stock de matière organique et de sa qualité »[44].
Ils varient selon le contexte écopaysager, et selon l'intensité et la durée du feu.
L'imagerie satellitale montrent les panaches d'aérosols denses qui causent une pollution ponctuelle ou chronique parfois jusqu'à plusieurs milliers de kilomètres de leur origine (par exemple dans le cas du Dixie Fire de l'été 2021 en Californie)[54]. Avec le dérèglement climatique, ces feux « augmentent en fréquence, en taille et en intensité dans le monde, et les saisons de fumée s'allongent »[54]. Selon Sam Heft-Neal (économiste de l'environnement à l'Université de Stanford, étudiant les risques des incendies de forêt pour la santé) le années 2015-2020 ne sont pas comparables aux 10 à 15 ans précédents « c'est comme un régime de feu totalement différent »[54] ; ainsi la fumée des incendies de l'été noir australien a nuit à des millions de personnes à la fois (80 % de la population a été concernée), causant plusieurs milliers d'hospitalisations et des centaines de décès supplémentaires[55],[56]. Des effets négatifs sur la santé mentale des australiens ont aussi été constatés[57].
La pollution de l'air générée par les feux de forêt est un problèmes de santé publique : les fumées exposent des populations à des taux nocifs de monoxyde de carbone, de formaldéhyde, d'acroléine, d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et autres composés organiques volatils (COV), des goudrons et des suies cancérigènes, et ce d'autant plus que le bois était humide. On suspecte[58] que près des mers (ou après les largages d'eau de mer par des avions bombardiers d'eau), le chlore issus du sel marin produit au contact de la matière organique en feu des organochlorés toxiques tels que dioxines et furanes. L'INERIS a analysé en 2003 les fumées de quelques feux correspondant à une surface débroussaillée de 4 m2, dans une chambre de combustion de 80 m3 surmontée d'une hotte d'extraction des fumées : les émissions de dioxines et furanes étaient en moyenne de 10,5 ng I.TEQ/kg de biomasse brûlée (de 1,0 à 25,9). Dans cette expérience, ce n'est pas la combustion des végétaux collectés près de la mer, mais celle de ceux qui étaient les plus humides qui a produit le plus de polluants (CO, NOx et COVT) et d'organochlorés. Par contre les végétaux très secs s'ils émettaient bien moins de CO et COVT en brûlant, produisaient beaucoup plus de NOx. Mais il ne s'agissait pas dans ce cas d'arbres vivants, et les températures n'atteignaient pas celles des grands incendies[59]. Les taux de PM2.5 sont parfois plus de 15 fois supérieurs à la norme maximale d'exposition sur 24 heures établie par l'EPA (35 microgrammes par mètre cube d'air) [54].
Ces fumées affectent d'abord les yeux et les voies respiratoires. Leur inhalation augmente la production de cortisol, induit un pic de glycémie, qui ensemble dérèglent le rythme cardiaque et rendent le sang plus coagulable. Les muqueuses pulmonaires sont enflammées, rendant la respiration plus difficile. Prunicki a récemment (2019) montré que chez les enfants - même à plus de 100 km du feu de forêt - la fumée inhalée induit d'importants changements dans les biomarqueurs de dysfonctionnement immunitaire et cardiovasculaire[60].
Ces fumées causent chaque année des dizaines à des centaines de milliers de décès prématurés de par le monde[61],[54], via des effets à court termes (toux, maux de tête, vertiges, nausées) et à long terme (altération des fonctions respiratoires et cardiaques, risque accru de certains cancers).
La fumée peut aggraver l'état d'asthmatiques[62] et prédisposer des gens en bonne santé ou fragiles à certaines maladies infectieuses (respiratoires notamment) et/ou exacerber les symptômes inflammatoires aggravant ces maladies (ex : COVID-19, grippe). Une étude statistique récente (2021)[63] a conclu que le taux accru de PM2.5 lié aux incendies de 2020 à Washington et en Californie ou en Oregon était corrélé à environ 19 700 cas supplémentaires de COVID-19 et 750 morts. Des chercheurs ont montré que les particules émises par le bois qui brûle altèrent, dans les cellules épithéliales nasales humaines infectées par le SRAS-CoV-2, l'expression des gènes qui codent la réponse immunitaire contre le virus[64].
Dans certains cas, le port de masque filtreur est fortement conseillé pour limiter l'inhalation de poussières, de particules fines et de gaz toxiques.
La combustion d'arbres ayant bio-accumulé des métaux lourds ou des radionucléides (par exemple après les essais nucléaires dans l'atmosphère ou après le passage du nuage radioactif émis lors de la catastrophe de Tchernobyl, à la suite des essais nucléaires dans l'atmosphère ou ayant poussé sur des sols naturellement radioactifs) est source de pollutions métalliques. Le plomb (répandu en forêt à la suite de son usage dans les munitions de chasse et de guerre), ainsi que le mercure sont particulièrement volatils à des températures très inférieures à celles atteintes par les feux de forêt.
Les gaz émis interagissent avec les rayons solaires ultraviolets pour produire une pollution dite photochimique.
Les incendies de forêt rejettent de grandes quantités de gaz carbonique, puissant gaz à effet de serre. Selon Greenpeace, les émissions mondiales ont été de 7,7 Gt par an en moyenne entre 1997 et 2017, soit 1,45 fois les émissions des États-Unis[65].
En décembre 2020, une étude en ligne[66] du Service Copernicus pour la surveillance de l'atmosphère (CAMS), branche du programme européen Copernicus, révèle que, malgré les incendies dévastateurs survenus en 2020, comme ceux qui ont ravagé d'immenses territoires du continent australien, 2020 se solde même par « une nouvelle diminution » des émissions de CO2 liée à ces désastres écologiques. L'année 2020 a été « l'une des plus calmes pour les incendies actifs à l'échelle mondiale » : environ 1 690 Mt de carbone ont été rejetées dans l'atmosphère entre le 1er janvier et le 7 décembre 2020, contre 1 870 Mt en 2019. Ces rejets se situaient à près de 3 000 Mt par an en 2003 ; les experts de Copernicus constatent une « diminution progressive des taux d'émission » qu'ils attribuent « à une meilleure gestion des incendies et à des mesures de mitigation ». Alors que l'activité du feu dans le Sud de l'Afrique tropicale a été très faible en 2020, elle a notablement augmenté en Sibérie, dans le Colorado, la Californie, dans le sud du Brésil (région du Pantanal), en Amérique centrale et surtout en Australie (plus de 400 Mt)[67]. Légèrement moins de 1500 Mt de CO2 sont émis en 2022[68].
De plus, l'incendie favorise le lessivage de la matière organique des sols qui étaient une partie du puits de carbone forestier. Cependant, si la combustion a été lente (en zone humide et pluvieuse), les charbons de bois, incorporés au sol contribueront provisoirement à adsorber et stabiliser certains toxiques, le temps qu'ils soient dégradés par les microbes et champignons du sol, ce qui favorise la restauration du substrat. Ce charbon de bois pourraient ainsi avoir joué un rôle dans certains sols tropicaux pauvres où l'apparition d'un sol anormalement riche et productif, la terra preta leur semble pour partie liée.
En France, même si la plupart des incendies sont anthropiques, en 2018 ces polluants — hormis parfois le CO2 en tant que gaz à effet de serre — ne sont toujours pas comptabilisés dans les cadastres et inventaires nationaux. Pourtant, rien qu'en métropole française, de 1980 à 2000, ce sont 5 218 feux de forêt par an et 30 738 hectares brûlés par an[69] qui ont été sources d'une pollution de l'air non mesurée ni évaluée.
Lorsque les réserves d'eau du sol sont entre 100 et 30 %, l'évaporation de l'eau des plantes est compensée par l'eau puisée dans la réserve du sol et un peu par le phénomène de rosée. En dessous de ce seuil, la plante ne peut plus s'hydrater, et chez certaines espèces ce sont les essences de la plante qui s'évaporent. En cas de sècheresse prolongée, on a donc d'une part une atmosphère contenant des essences inflammables, et d'autre part des plantes très sèches donc très inflammables.
Les plantes poussant sur des sols siliceux (comme le maquis) sont à ce titre moins exposées que les plantes poussant sur sol calcaire (comme la garrigue).
La fragmentation des forêts par des routes peut diminuer la captation d'eau par les sols et augmenter (presque doublement en montagne) le débit maximum de crue[70] des cours d'eau forestier[71]. En forêt tropicale l'analyse de 14 ans d'imagerie satellite pour de l'est de l'Amazonie a montré que plus la fragmentation anthropique des forêts est importante, plus le risque d'incendie augmente[72].
Une fois déclaré, le feu peut progresser :
Sur un terrain plat et avec une végétation homogène, il se propage en forme d'ellipse, dans l'axe du vent. Dans le Sud-Est de la France, on estime qu'il progresse à environ 3 à 8 % de la vitesse du vent selon les terrains (pente, densité et nature de la végétation).
Bien que l'on soit en plein air, il peut se produire dans certains cas un embrasement généralisé éclair (EGE, ou flashover), dû à l'accumulation d'une poche de gaz de pyrolyse ; on peut ainsi voir plus de 50 000 m2 s'embraser instantanément (détails dans l'article sur l'EGE). La variation des températures autour du brasier peut également mener au développement de tourbillons de feu.
En Australie et au Canada, lorsque de gigantesques incendies se déclarent, on peut observer des phénomènes de « sautes de feux ». Des particules enflammées (écorce, feuilles, brindilles, cônes de pins…) sont emportées par des colonnes de convection en avant du front de flammes sur de grandes distances. Elles peuvent alors déclencher un nouveau départ de feu quelques centaines de mètres plus loin. En Europe, les incendies de forêts sont moins puissants et ce phénomène était peu connu, jusqu'à ce que le programme européen Saltus en révèle aussi l'existence, avec un maximum de saute de feu à 2,4 km observé en Espagne[73].
Les services forestiers américains et canadiens ont, les premiers, expérimenté une méthode d'analyse des causes d'incendies de forêt dans les années 1950. Ils ont été suivis en Europe, par le Portugal en 1989, puis par l'Espagne en 1991[74]. Les méthodes de recherche utilisées en Espagne, au Portugal et aux États-Unis ont été adaptées en 2008 au contexte français et mises à disposition des différents acteurs intervenant dans la recherche des causes de départ de feu sous la forme d'un guide de référence[4].
Une étude réalisée par Irstea à partir des données fournies par Prométhée (une base de données sur les incendies de forêts dans les 15 départements méditerranéens français) entre 1996 et 2006, a permis d'établir des statistiques sur les causes de départs de feux[75] :
Différentes bases de données répertorient en France et en Europe les données sur les feux déclarés dans les espaces naturels et les forêts, quelle que soit leur surface[77]. "Grâce aux informations collectées sur les feux, les bases de données permettent l'analyse spatio-temporelle du nombre des feux, de la surface brûlée ou des causes de départ de feux. Une meilleure prévention des départs de feu est alors possible"[78]. Compte tenu de l'hétérogénéité des données liées aux causes de départ de feux, un travail d'harmonisation a été réalisé 2009, à la demande de l'Union européenne (coordination Irstea et financement JRC). Ces données normalisées sont désormais consultables sur la plateforme EFFIS (European Forest Fire Information System)[79]. Au Québec, des données statistiques de feux de forêts classés par cause sont disponibles sur le site de la SOPFEU[76].
Le réchauffement climatique exacerbe le risque de feux : les données du satellite Aqua (NASA) montrent une augmentation des nuits chaudes (qui empêchent la formation de rosée), une baisse du taux d'humidité nocturne de la forêt qui se traduisent par un assèchement des sols[80].
Plusieurs difficultés sont fréquentes :
Il est généralement préconisé de :
En France, les plans locaux d'urbanisme, les plans de prévention des risques naturels... peuvent contribuer à réduire le risque en limitant l'habitat isolé en forêt et en imposant des règles d'entretien entre la forêt et la ville.
D'autres politiques sont quant à elles favorables à la prévention du risque incendies. C'est le cas par exemple des politiques favorisant le maintien ou la réactivation de l'agriculture (qui permet de fragmenter les grands espaces forestiers) ou encore l'exploitation et la valorisation forestière pour le bois[32].
Un autre volet important de la prévention concerne la surveillance des interfaces habitats-forêts, matérialisées par les zones de contact entre les surfaces naturelles et les milieux urbanisés, car ce sont des zones privilégiées de départ de feux. Or, dans un contexte de pression urbaine croissante et d'accumulation de biomasse combustible importante à l'abandon de terres agricoles et à la sous-exploitation forestière, ces interfaces se multiplient et deviennent une véritable préoccupation pour la gestion du risque d'incendie de forêt.
Depuis 2010, la connaissance de ces interfaces s'est considérablement renforcée[88], notamment en France avec la mise à disposition des acteurs de l'aménagement des territoires de différents outils pour les cartographier. C'est le cas d'un logiciel de calcul des interfaces habitat-forêt, dont la première version française WUImap a été transmise dès 2010 à toutes les DREAL, puis adaptée à l'échelle européenne[89]. La version élargie du logiciel permet de présenter trois types de cartes allant de l'échelle locale à l'échelle d'un département voire d'une région. Les cartes produites permettent par exemple d'évaluer la vulnérabilité d'un bâti, la faisabilité de nouveaux projets (implantation d'un nouveau centre commercial, extension d'une école, etc.) ou encore de contrôler le débroussaillement.
En 2016, des préconisations de végétaux ornementaux pour les interfaces habitats-forêts ont été réunies dans un guide en accès libre[90]. Après les incendies de l'été 2017 du sud-est de la France, les experts d'Irstea, y préconisent une règlementation sur les végétaux ornementaux, à l'instar de l'obligation de débroussailler arrêtée dans les années 1990[91].
Depuis la fin du XXe siècle, malgré les mesures de lutte et de surveillance, les feux de forêt touchant de vastes surfaces (plus de 1 000 hectares) augmentent en fréquence et en gravité. Le facteur climatique ne semblant pas être le seul en jeu, des études ont cherché à lister les facteurs (biotiques ou abiotiques) favorisant ou aggravant ces grands incendies. On étudie aussi les facteurs ayant permis à certains îlots forestiers de ne pas brûler au sein de ces grandes surfaces. L'étude[92] des zones épargnées par un vaste incendie (de 1998) dans le nord-est de l'Espagne a mis en évidence l'importance de divers facteurs microclimatiques, ainsi que de la qualité de la couverture végétale du sol, de la pente et de son exposition, de la structure du peuplement. Cette étude a montré l'importance déterminante de la qualité de la couverture végétale du sol : les îlots épargnés par le feu sont plus fréquents là où la forêt est la moins fragmentée. Une des conclusions de ce travail est que contrairement à une idée répandue, les coupe-feux peuvent faciliter ou accélérer la propagation du feu, de même que des lisières linéaires et artificielles, et qu'il faudrait défragmenter les forêts et restaurer l'intégrité écologique de ces milieux[92].
Une étude de 2009 montre qu'en zone boréale, la régénération post-incendie se fait mieux, et avec plus de biodiversité, quand il n'y a pas eu de coupes rases avant l'incendie[93].
Des scientifiques invitent à adapter les forêts au risque incendie par des choix d'espèces adaptées au feu et à la sècheresse, des modes de gestion limitant les dépérissements et les maladies en préférant, par exemple, les forêts mélangées à pin et chênes aux pinèdes pures[94]. À la suite des feux de forêt de 2022 en Gironde, Thomas Brail, fondateur du Groupe national de surveillance des arbres, enjoint de cesser les plantations de résineux, plus lucratives, mais très inflammables[95].
Depuis 2014, en France, un site internet recense les départs de feu et assure un suivi un temps réel. En 2017, l'application mobile "Feux de forêt" a été lancée sur iOS et Android. D'après l'éditeur, la même année, les alertes envoyées par l'application mobile ont été lues plus de 4,5 millions de fois[réf. nécessaire].
La lutte contre les feux de forêt fait appel à trois types d'intervenants[96] :
Il est impossible de directement éteindre un feu de forêt avec les moyens hydrauliques. Les équipes au sol et/ou des avions ou hélicoptères bombardiers d'eau attaquent généralement les fronts gauche et droit pour resserrer la tête et canaliser la propagation. Le largage aérien d'eau ne peut se faire au-dessus du personnel ; une dizaine de tonnes d'eau pouvant causer de graves blessures. La coordination radio est donc indispensable entre les équipes au sol et les équipes aériennes. quand l'équipe au sol entend un moteur, elle lève la lance pour signaler sa présence aux pilotes et éviter les accidents.
L'eau est larguée seule ou avec des additifs ; des « retardants » largués sur la végétation voisine du feu évitent l'extension du sinistre (retardant dit « à long terme »). Il s'agit de polyphosphate d'ammonium additionné d'oxyde de fer qui lui donne une couleur rouge, il inhibe les réactions d'oxydation : la combustion dégage moins d'énergie, donc elle se propage moins vite. On utilise également fréquemment un tensioactif ou « agent mouillant » : en diminuant la tension superficielle de l'eau, celle-ci peut passer la couche grasse qui recouvre la végétation (le tensioactif agit à l'instar d'un savon), et par ailleurs, l'eau forme une pellicule plus fine, mais plus étendue, sur la végétation.
Manœuvre de « défense des points sensibles » (DPS) : les populations sont évacuées et/ou invitées à protéger les habitations, en :
Défendre une habitation unique nécessite typiquement quatre véhicules. Les habitations isolées en forêt posent donc de gros problèmes. Certaines entreprises proposent des arroseurs fixes à poser sur les maisons, de type gicleur.
Certains pays, comme les États-Unis, pratiquent souvent des contre-feux : en brûlant une partie de la végétation de manière contrôlée, on prive le feu de carburant quand il arrive. Mais, outre que le feu peut « sauter » la zone, le contre-feu peut échapper au contrôle et devenir un nouveau foyer. Parfois des zones coupe-feu sont pratiquées en urgence, au bulldozer dans le même but.
On dit qu'un incendie est[97] :
Par souci écologique, quand le milieu, le contexte et la législation le permettent, on peut localement utiliser des « feux contrôlés » pour :
La forêt en France métropolitaine représente 31 % du territoire avec 16 900 000 ha[101]. Depuis 1973, plus de 1,1 million d'hectares ont brûlé en France, dont près du tiers en Corse. Entre 1980 et 2018, 4663 feux de forêts sont enregistrés en moyenne chaque année en France. Les deux tiers de la surface annuelle détruites se trouvent en zone méditerranéenne, soit 10 000 des 15 000 hectares détruits en 2019[102].
À partir de 1992 et à la suite des grands incendies dans le sud-est de la France, une nouvelle politique et stratégie de prévention et de lutte a été mise en place, prônant notamment une attaque massive des feux naissants. Une étude menée en 2017 a montré l'efficacité de cette approche avec une réduction de 25 % des départs de feu et de 60 % des surfaces brûlées entre deux périodes de 20 ans (1975-1994 par rapport à 1995-2014), alors que les conditions favorables au départ d'incendies étaient en hausse. Ces résultats sont cependant à nuancer dans un contexte de météorologie avec des épisodes chauds et secs qui engendre une "nouvelle génération d'incendies", comme l'ont démontré les feux très intenses de 2003, 2016 et 2017[103]. Parmi les autres effets attendus des changements globaux (liés au climat, à l'occupation du sol, l'urbanisation...), on observe une remontée des départs de feux en altitude et dans l'arrière-pays ainsi qu'une extension de la saison à risque.
D'ici à 2050, 50% des forêts métropolitaines pourraient être concernées par un risque incendie élevé, contre un tiers en 2010[104].
90 % des feux de forêts ont une origine humaine et 50 % sont la conséquence d'une imprudence[102]. La Défense des forêts contre les incendies a permis une diminution de 80 % de la superficie détruite entre 1978 et 2017[105]. La lutte contre les feux mobilisent 35 000 personnes dans le pays à ces différentes étapes.
L'Office national des forêts définit quatre missions principales pour les forestiers : prévenir (patrouilles mobiles, piste d'accès aux massifs, débroussaillement), intervenir (assistance aux pompiers), sécuriser les lieux et accompagner la reconstruction écologique[105].
On utilise le terme Défense de la forêt contre les incendies (DFCI) ; on parle de « coordonnées DFCI »[106] pour localiser les massifs forestiers, de « chemins DFCI » pour l'accès à ces massifs…
En période estivale, 300 personnels sont chargés de la lutte contre les incendies, y compris à leur prévention. Leur rôle en amont est de diminuer la végétation combustible, d'entretenir les pistes d'accès des secours et de créer des discontinuités dans le couvert végétable afin de réduire la propagation des incendies[107].
Outre les sapeurs-pompiers, l'État emploie des ouvriers forestiers spécialisés dans la DFCI (ouvriers forestiers rapatriés d'Afrique du Nord et auxiliaires de protection de la forêt méditerranéenne) encadrés par des sous-officiers de l'Office national des forêts (ONF), avec des véhicules porteurs d'eau jaunes jonquille, des véhicules d'encadrement et de verbalisation, des tours de guet en points hauts et des équipes spécialisées.
Les forestiers entretiennent et développent les moyens de Défense des forêts contre l'incendie. En plus des diagnostics du dessèchement du couvert végétal afin d'éviter des départs de feu, les forestiers mènent des patrouilles et peuvent intervenir sur des départs de feu. Ils participent également au respect du débroussaillement[108].
Différentes prestations sont fournies par les fonctionnaires de l'ONF selon les départements à la demande des services forestiers de l'État des directions départementales de l'agriculture et de la forêt (DDAF) : Cellule forestière d'appui sur grand incendie (cartographie informatique en direct des feux et aide à la prévision), Équipes de guidage des moyens et de reconnaissance, Équipe Pluridisciplinaire d'Investigation sur l'Origine des Incendies de Forêts (équipe d'enquête mixte forestiers - gendarmes), équipe de feux tactiques, etc. Les collectivités territoriales emploient aussi des agents territoriaux appelés forestiers-sapeurs (véhicules jaunes jonquille) formés par l'ONF à l'origine, mais repris par les départements à la suite du désengagement de l'État, ainsi que des bénévoles regroupés dans des Comités communaux de feux de forêt (CCFF, véhicules orange)[109].
Les véhicules terrestres spécifiques à la lutte contre les feux de forêt sont :
Les sapeurs-pompiers disposent d'un « lot de repli » qui leur permet de se protéger un minimum s'ils sont piégés hors du véhicule. Il se compose d'une cagoule avec une cartouche filtrante (type masque à gaz) — les feux de forêt s'attaquent sans appareil respiratoire isolant — et d'un « poncho » métallisé qui permet de se protéger de la chaleur rayonnée.
En période estivale, les unités de sapeurs-pompiers des départements à risques (départements boisés du Sud de la France) ou des marins pompiers de Marseille, sont renforcés par des pompiers d'autres départements, des militaires des Unités d'instruction et d'intervention de la sécurité civile ou des marins pompiers réservistes.
Tous les avions de lutte contre le feu du midi de la France sont placés sous l'autorité du COZ (Centre opérationnel de zone), auparavant installé à Valabre dans les Bouches-du-Rhône lors de sa création en 1979 et à Marseille Saint-Loup,depuis 2016. Ce centre prévient, évalue les risques, met en œuvre et coordonne les forces aériennes et terrestres. Il se met à la disposition du préfet de la zone sud (Provence-Alpes-Côte d'Azur/Occitanie/Corse).
Répartition des causes connues de feu de forêt en France entre 1996 et 2006 (données de la base Prométhée)[75] :
Au Canada, la province est responsable de la protection de ses forêts. Au Québec la SOPFEU est chargé de la prévention, la détection et l'extinction des feux de forêt. L'organisation est similaire à celle de la France.
Par exemple la région du Nord Est de l'Alberta est touchée par un feu important qui brûle près de 3000 hectare de forets .
Depuis les années 1980, les incendies de végétation deviennent un grave problème en Indonésie ; ainsi environ 3,6 millions d'hectares de forêts de province de Kalimantan oriental on brûlé, fait sans précédent historique, et d'autres feux sont régulièrement signalés dont l'un des plus importants fut celui de 1997 perdurant jusqu'en 1998 sur plus de 400 000 hectares[110], causé par la sècheresse sévissant à cette période en Asie du Sud-Est, elle-même provoquée par une oscillation d'un courant de l'océan Pacifique dénommée « El Niño ». Cette anomalie climatique forme une énorme masse d'air chaude produisant des dérèglements à grande échelle, et dans ce cas-ci, des extrêmes sècheresses[111]. Alors que l'impact des incendies de végétation de 1982-1983, 1987, 1991 et 1994 s'était limité à des échelles locales, ceux de 1997 ont affecté une région très vaste » (FAO, 2001, p. 295). La pollution (fumées et brumes sèches) a touché les pays voisins[112],avec d'importants dommages sanitaires, environnementaux et pour l'agriculture, notamment pour la biodiversité et le réchauffement climatique[113]. Les provinces de Sumatra du Sud et de Kalimantan central ont été les plus gravement touchées, notamment par les feux de tourbe des marais ainsi que par les feux de houille, qui ont libéré de l'oxyde de soufre et de l'oxyde nitreux, affectant sérieusement la santé humaine, mais plus de vingt millions de personnes d'Asie du Sud-Est ont souffert d'affections respiratoires, d'asthme et d'irritations des yeux[113].
Plus de 90 000 hectares de forêt ont brûlé dans dix-neuf zones de conservation, dont des réserves appartenant au patrimoine mondial et parmi les plus riches du monde en matière de biodiversité. Une grande diversité d'animaux sauvages, d'espèces végétales et d'écosystèmes forestiers uniques, protégés par la législation nationale, voire internationale, a péri dans le feu.
La fumée a notablement réduit l'activité photosynthétique, et plus d'un milliard de tonnes de dioxyde de carbone ont été relâchés dans l'atmosphère à cause des incendies. Dès lors, ce phénomène néfaste contribue au réchauffement de la planète[114].
L'une des pires conséquences écologiques du feu est la forte probabilité que surviennent de nouveaux incendies dans les années suivantes, à mesure que les arbres morts tombent, causant alors des trouées dans la forêt à travers lesquelles la lumière du soleil peut s'infiltrer et dès lors, dessécher la végétation, et où les combustibles s'accumulent. En effet, « les feux répétés sont destructifs car ils représentent un facteur clé dans l'appauvrissement de la diversité biologique des écosystèmes de forêt ombrophile »[115]. Néanmoins, la « suppression » des incendies, qu'ils soient naturels ou d'origine humaine, n'est pas une solution envisageable à long terme car cela pourrait provoquer des conséquences encore plus néfastes, notamment par l'accumulation de combustibles qui, lorsqu'ils s'enflammeront inévitablement, causeront des incendies d'une grande intensité[112].
En conclusion, il y a une importance à diminuer la fragilité croissante des écosystèmes et des populations humaines vis-à-vis des incendies incontrôlés, ainsi que l'usage inadéquat et abusif du feu pour modifier le couvert végétal. Afin de formuler des politiques éclairées, il faudrait définir les soucis posés par les incendies au sein des régions, les synthétiser au niveau mondial, et comprendre le rôle que les impacts des incendies jouent dans les processus de changement mondiaux[112].
L'été 2003, caractérisé par des températures caniculaires, a été la proie d'incendies de forêt extrêmement ravageurs. Cette année-là, l'Espagne était le deuxième pays le plus touché du Sud-ouest de l'Europe. Néanmoins, la situation n'était pas exceptionnelle. En effet, entre 1993 et 1994, le bilan était encore plus dramatique[116]. Les incendies d'octobre 2017 sur la péninsule ibérique ont touché une grande partie des régions espagnoles de Galice, d'Asturies et de Castille-et-León, et la quasi-totalité du nord et du centre du Portugal. Entre le vendredi 13 octobre et le dimanche 18, 156 incendies affectèrent l'Espagne et 523 au Portugal.
Dans la région méditerranéenne, 92 à 98 %[117] des feux de forêt sont d'origine anthropique, par négligence ou malveillance. Ce dernier est le plus dangereux et porte en lui des enjeux économiques et des conflits pour le contrôle de l'espace. Les autres origines sont climatiques et biologiques[118]. Les aléas météorologiques (coup de chaleur, vent violent…) peuvent entraîner la propagation du feu[116]. Selon les projections effectuées par le GIEC concernant l'impact du réchauffement climatique sur les feux de forêt, l'Espagne, et au-delà dans les pays du pourtour méditerranéen, doit s'attendre à une augmentation de fréquence et de gravité des incendies[118]. De plus, les feux de forêt contribuent eux-mêmes à accentuer le réchauffement car ils augmentent la concentration en dioxyde de carbone dans l'atmosphère[119].
La forêt méditerranéenne est dotée d'une végétation vigoureuse, caractérisée par des essences pyroclimaciques[120] (dépendant de la présence du feu durant son cycle de reproduction), adaptée aux incendies récurrents[116]. Les incendies répétitifs ont détruit et éliminé les individus les plus faibles. Les espèces méditerranéennes sont donc caractérisées par une stabilité et une adaptabilité à ce type de perturbations[121].
Les feux de forêt causent des dégâts importants au niveau environnemental et social. Au premier niveau, les principaux impacts sont la destruction de la faune et de la flore,la combustion de la biomasse, la détérioration des sols, le réchauffement de l'eau et l'accroissement de la sédimentation[122]. Cependant, des études ont permis de découvrir le faible impact des incendies sur les sols et la végétation. L'impact sur le sol varie en fonction du régime des incendies et la végétation n'est modifiée que durant un court moment, sous réserve que les feux interviennent à des intervalles de temps d'environ 25 ans, et en dehors d'un climat de sècheresse sévère[5]. Après cette perturbation, les écosystèmes reprennent presque leur aspect d'antan[121].
Au second niveau, les incendies de forêt apparaissent comme une menace à la santé publique. En effet, la fumée produite peut exposer des populations à de nocives concentrations de polluants (monoxyde de carbone, formaldéhyde, acroléine) ce qui peut provoquer des problèmes de santé pouvant affecter les yeux et les voies respiratoires. De plus, des maux de tête, des vertiges et des nausées peuvent se manifester. À long terme, celle-ci peut entraîner une altération des fonctions respiratoires et une augmentation du risque de cancer[123]. Soulignons que les forêts servent de plus en plus de cadre naturel à des résidences, des lieux de loisir et de détente. En présence d'un incendie de forêt, ces infrastructures peuvent être prisonnières des flammes et menacer des vies[124],[125].
Les incendies provoquent des perturbations majeures[125]. La réduction des sinistres est donc primordiale. Il s'agit dès lors de prévenir les mises à feu en reconnaissant les causes qu'elles soient accidentelles ou fortuites et de rendre les forêts moins sensibles à l'incendie[124].
Communément appelés « feux de brousse », les incendies de végétation australiens sont réguliers dans le pays, où la saison des feux s'étend de juillet à octobre au nord et de janvier à mars au sud. Entre 2000 et 2012, l'Australie a eu à faire face non seulement à de petits incendies de forêt quasi quotidiens mais également à des méga-feux tels que les « Victorian Alpine Fires » et les « Capital Territory Fires » en 2003, le « Wangary Fire » en 2005 ou encore les « Victorian Great Divide Fires » de 2007. Cependant, les plus marquants et les plus lourds de conséquences restent sans doute les « Black Saturday Fires » qui, durant le caniculaire été de 2009, détruisaient 430 000 hectares de forêts du sud-est australien, rejetaient 8,5 millions de tonnes de dioxyde de carbone et faisaient 173 morts, le plus accablant tribut civil jamais porté par la population australienne en temps de paix[126]. Les feux de brousse de 2019-2020 figurent parmi les plus importants de l'histoire du pays.
Il arrive qu'un feu de forêt puisse enflammer le sous-sol composé de tourbe ou de charbon. L'incendie souterrain peut alors couver plusieurs semaines voire plus d'un an et jusqu'à cinq mètres de profondeur dans les régions tropicales ; certains feux ont ainsi pu couver durant la saison des pluies en Indonésie[127].
Des produits chimiques (système Coalex : coal extinguishment, pour « extinction des feux de houille ou de charbon ») existent, réputés améliorer de 5 à 7 fois les performances de l'eau. Le sol peut être dynamité, et la tourbe ainsi mise à jour enterrée sous du sable mouillé, si possible, en pleine saison des pluies[128]. Un terril boisé contenant du charbon peut aussi entrer en combustion interne et tuer les arbres qui ont poussé dessus, en général sans produire de flammes.
Les feux de sous-sol au Québec sont assez fréquents. Ce sont principalement des feux de racines, les conifères et surtout le cèdre ayant des racines très combustibles tout près de la surface, entourées d'humus inflammable lorsque sec. C'est pourquoi il y est recommandé de ne pas creuser de fosse pour installer un feu de camp, le creusage exposant les racines et causant ainsi souvent des feux de sous-sol. Les feux de camp les plus sécuritaires ont une couche de sable et de roches entre le sol et le rond de feu, ou sont construits sur une fosse beaucoup plus large que le feu et bien remplie de roches et sable. Les feux de racine sont aussi presque toujours présents au Québec après qu'un feu de forêt ait été éteint en surface. On peut parfois les déceler par l'odeur de fumée ou par la chaleur du sol au toucher.
Les feux de forêt font partie d'une dynamique naturelle dans les forêts méditerranéennes : de nombreuses plantes s'y sont adaptées, certaines ont même besoin du feu pour vivre. Ces feux causent cependant des dommages économiques et écologiques importants et présentent un danger pour l'être humain. Leur trop grande répétition appauvrit les sols et modifie de façon irréversible l'état biologique caractéristique de ces forêts[5].
Auparavant, les feux d'origine anthropique étaient moins fréquents. Les habitats de la faune et de la flore n'étaient pas fractionnés par l'implantation humaine et participaient à la recolonisation des espaces adjacents touchés par le feu. Cette régénération naturelle est freinée et appauvrie par le fractionnement des habitats. La recolonisation par les espèces est alors partielle : la biodiversité des zones diminue avec le risque d'extinction de certaines espèces comme la tortue d'Hermann.
Ce fractionnement des habitats prend plusieurs formes (autoroutes, nouvelles habitations…), mais les causes en sont presque toujours les mêmes, l'étalement urbain (autour de Toulon par exemple) : le développement des résidences secondaires et du tourisme nécessite infrastructures et terrains, donc il y a artificialisation des terres, fractionnement de l'habitat et multiplication des zones sensibles aux feux[129].
Les causes des incendies sont diverses, elles vont des systèmes de freinage des trains au mégots jetés négligemment de la fenêtre d'une voiture en passant par les barbecues sauvages et surtout les incendiaires.
Mais une autre cause semble se dessiner : ce sont les modifications climatiques qui entraînent une baisse des précipitations sur ces forêts et donc une augmentation des incendies.
Elles varient selon les pays, les saisons, le sol et le pourcentage de ligneux hauts.
Certaines essences brûlant facilement et diffusant les feux sont dites pyrophiles. Ce sont souvent des essences à croissance rapide telles que le pin sylvestre et l'eucalyptus, mais aussi la bruyère, ou le ciste de Montpellier en zone tempérée et/ou méditerranéenne. Ils ont une faible capacité à capter l'eau profonde, et des caractéristiques physiologiques (résine, essences inflammables).
Il existe inversement des essences résistant mieux aux incendies, dites pyrorésistantes. Ce sont par exemple la bruyère arborescente, le pin d'Alep, le chêne vert, le châtaignier ou le chêne-liège.
La responsabilité comparée des feuillus et résineux est discutée, car si en laboratoire les bois résineux semblent moins propager le feu que le chêne par exemple, ceci ne semble pas toujours se vérifier dans la nature. Divers facteurs externes à l'arbre et à l'essence sont à considérer ;
En zone méditerranéenne, l'olivier qui brûle mal est réputé faire un bon coupe-feu et freiner les incendies. Les coupures agricoles, dont vignes, vergers, prairies et cultures sont réputés pouvoir bloquer ou freiner les feux de forêt, mais leurs impacts différés dans l'espace et à long terme via le drainage et de l'appel d'eau pour leur irrigation sont encore mal mesurés. Il semble que le bocage brûlait et brûle rarement, même quand il s'agit d'arbres plantés sur talus, peut-être parce qu'il favorise une meilleure rétention de l'eau sur la parcelle lors des pluies.
La généralisation de monocultures équiennes (d'une même classe d'âge) d'Eucalyptus ou de résineux semble avoir favorisé les feux de forêt, surtout sur des sols pauvres et en pente, sur des substrats drainants (sable) et/ou préalablement drainés (exemple : Landes en France).
Une biodiversité naturellement élevée semble améliorer la capacité des sols et de l'écosystème forestier à utiliser l'eau et à l'exploiter à différentes profondeur, y compris sous forme de rosée ou condensats de brume, comme à l'ouest du Pérou où il ne pleut parfois jamais durant l'année, mais où la brume présente presque chaque matin ruisselle sur les troncs, au point que les premiers explorateurs espagnols ont nommé certains arbres « arbres à pluie ». Dans les zones où la brume est fréquente, bien des essences (et leurs épiphytes) captent efficacement « la pluie horizontale » ; ou plus exactement, elles condensent sur leurs feuilles, branches et troncs la vapeur d'eau apportée de la mer, ou par les brumes. Jusqu'à 1 000 mm/an dans la forêt pluvieuse de lauriers du parc de Garajonay de l'île de La Gomera aux îles Canaries). Cette eau qui ruisselle le long des troncs ne crée pas d'érosion au sol, et elle favorise la création d'un humus riche et capable de la stocker.
Sur la ceinture équatoriale, zone qui reçoit le plus de rayonnement solaire, de Bornéo à l'Amazonie, il semble que les milliards de spores et certaines molécules émises par les arbres tropicaux et leurs épiphytes (mousses, fougères, lichens notamment…) contribuent aussi à nucléer, condenser et alourdir les gouttes d'eau qui forment alors des gouttes de rosée, pluie ou ruissellement de condensation, permettant de récupérer une part importante de l'eau évapotranspirée par les arbres.
Les forêts tempérées biodiversifiées non exploitées produisent également un humus plus riche et épais que celui des forêts cultivées, plus riche en mycéliums et en une microfaune plus diversifiée. Les essences s'y complètent les unes les autres pour une prospection améliorée de l'eau dans tous les compartiments de l'écosystème et à tous les niveaux du sous sol accessible aux racines, grâce notamment à leurs champignons symbiotes et mycorhisateurs. La biodiversité semble aussi permettre une meilleure résilience écologique, limitant le risque de retour rapide d'incendie. Des animaux défoliateurs (chenilles défoliatrices, criquet pèlerin, etc. voire des insectes affaiblissant puis tuant les arbres affaiblis par le stress hydrique (ex. : scolyte) pourraient aussi en période de longue ou grave sècheresse jouer un rôle en freinant ou bloquant l'évapotranspiration des arbres, et donc en protégeant la ressource en eau du sol.
La diversité des essences forestières diminue naturellement et drastiquement dans les milieux extrêmes (circumpolaires, forêts d'altitudes et subsahariennes, c'est alors la diversité génétique au sein des populations d'arbres qui pourrait alors avoir une certaine importance, de même que leurs interactions avec d'autres espèces influant sur le contrôle de l'eau).
Lorsque le milieu est sec et qu'un incendie est lancé, il ne semble pas y avoir d'essences ou de variétés génétiquement plus adaptées qui puisse atténuer la puissance du feu. Ce sont alors la nature et la structure (horizontale et verticale) de la forêt et de ses lisières, et la nature des coupures qu'il faut considérer pour leur rôle majeur. Certaines coupures ont un rôle véritable de coupe-feu, mais peuvent paradoxalement si elles sont mal conçues ou mal positionnées avoir un impact déshydratant ou dans certains cas attiser les flammes par un effet de conduction du vent.
En zone tropicale humide et en zone tempérée, face à des feux naturels et peu fréquents la forêt dispose de capacités de résilience écologique suffisante pour reconstituer un couvert végétal protégeant le sol en quelques semaines à quelques mois et l'ambiance forestière est généralement rétablie en une quinzaine d'années. Il faut cependant quelques décennies à plusieurs siècles si l'incendie était très important ou si les feux se succèdent trop vite. La forêt peut même disparaître en cédant la place à une savane ou au désert.
En zone méditerranéenne, les incendies ont par endroits supprimé la forêt, alors remplacée par des arbustes, le maquis voire par des herbacées. Il faudrait des siècles pour que la forêt et sa diversité se reconstituent entièrement naturellement. Actuellement, seuls le pin d'Alep et le chêne-liège repoussent sur les terrains incendiés. Cependant l'action conjuguée des feux et des sècheresses pourraient nuire aux peuplements de ces deux espèces emblématiques[131],[132]. Des études scientifiques[133] et des essais expérimentaux, notamment à Saint-Mitre-les-Remparts (13), sont menés afin de déterminer les conditions d'intégration de plants de feuillus pour régénérer de la biodiversité et rendre la forêt méditerranéenne plus résiliente[134].
La diversité biologique antérieure et périphérique semble être un élément important de cette résilience. Par exemple, les coléoptères saproxylophages et en particulier le longicorne noir au Canada contribuent à la régénération des forêts résineuses qui ont brûlé, grâce à ses déjections qui réapprovisionnent le sol en nutriments utiles à l'activité microbienne et fongique, lesquelles dopent la régénération naturelle. Supprimer le bois-mort des forêts en pensant que cela limite les incendies pourrait donc ne pas être une bonne solution. Tyler Cobb (Université d'Alberta recommande même d'en laisser volontairement dans les forêts pour nourrir les invertébrés qui entretiennent les sols forestiers en les rendant capables de mieux conserver l'eau, et les rendent plus résilients face aux incendies.
Quelques types d'habitats dépendent d'incendies pour se maintenir et conserver leur biodiversité : c'est le cas notamment des forêts de pin des marais du Sud-Est des États-Unis, qui ne se régénèrent pleinement qu'en présence de feux de forêt assez réguliers, sans lesquels des feuillus peu résistants aux incendies mais très bons compétiteurs prennent le dessus. Des feux de forêt réguliers et contrôlés y sont allumés, dans des conditions particulières de température, vent et humidité, afin de pouvoir les maîtriser et de ne pas indisposer ou mettre en danger les habitations alentour.
Dans le cas de régions très habituées aux incendies telles que l'Australie, des végétaux ont développé des capacités de résistance élevées aux feux, voire une dépendance aux feux, qui permettent la reproduction de certaines espèces végétales dites pyrophytes ou pyrophiles. C'est par exemple le cas de l'Eucalyptus qui favorise les départs de feu en produisant des vapeurs inflammables[135],[136].
L'ONU et la FAO estiment que le risque d'incendie ira croissant, dans un contexte de réchauffement climatique aggravé par le drainage et l'artificialisation des forêts et tourbières. La FAO invite en particulier les États à développer de nouvelles stratégies de gestion pour prévenir et lutter contre les « méga-incendies de forêt. "Parmi tous les feux de forêt, les méga-incendies sont les plus coûteux, les plus destructifs, et les plus préjudiciables" » et ils « remettent en question l'efficacité des stratégies conventionnelles de protection de la forêt »[137]. L'incendie australien du « Samedi noir » a en 2009 tué 173 personnes et rasé plusieurs villes. En Russie en 2010 32 000 foyers d'incendies ont été détectés et le feu a tué 62 personnes et détruit 2,3 millions d'hectares[138]. En zone tropicale les méga-feux proviennent souvent du défrichage de terres à des fins agricoles, or en 2011, les perspectives démographiques de nombreux pays tropicaux pour 2030, 2050 et 2100 ont été revues à la hausse par l'ONU. Ces « méga-feux, pour la plupart imputables à l'homme, seraient exacerbés par le changement climatique, mais nous soupçonnons désormais qu'ils puissent constituer aussi un cercle vicieux qui accélère le réchauffement de la planète ». Plus largement, l'ONU invite tous les pays à mieux se préparer à toutes les catastrophes naturelles[138].
Après le livre vert de la Commission européenne sur l'impact du changement climatique, en 2011, le Parlement européen a recommandé la mise en place d'une règlementation européenne pour améliorer la prévention et gestion des feux de forêts[14]. Le 1er mars 2010, la Commission Européenne a aussi adopté un livre vert « Protection des forêts et information en Europe : préparer les forêts au changement climatique »[139].
En France, les scénarios climatiques annoncent tous une remontée vers le nord des zones à risques ; ainsi dès 2040, le Poitou-Charentes, les Pays de la Loire, le Centre, la Bretagne et le Nord de la région Midi-Pyrénées seront probablement touchés par des feux de forêt. D'environ 5,5 millions d'ha à risque en 1989-2008, la France métropolitaine pourrait passer à 7 millions d'ha avant 2040[14].
Des forêts brûlent alors qu'elles sont ou étaient des puits de carbone et protégeaient aussi contre d'autres catastrophes (érosion, coulées de boue ...)[140]. Dans une boucle de rétroaction positive, ces feux contribuent probablement à entretenir le réchauffement qui lui-même aggrave le risque "Incendie de forêt".
Dans les forêts boréales, telles que celles qui sont présentes au Canada, on estime que les changements climatiques vont accentuer la vulnérabilité des forêts aux incendies[141]. En effet, on estime que les émissions de gaz à effet de serre qui proviennent de tous les incendies au Canada augmentent d'environ 162 Tg d'équivalent CO2 par an[142].
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