Île Clipperton
possession française d'outre-mer, dans l'océan Pacifique Nord De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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L'île Clipperton, aussi appelée île de Clipperton, Clipperton, île de la Passion ou La Passion-Clipperton, est une possession française composée d'un unique atoll situé dans l'Est de l'océan Pacifique nord. Parfois qualifié d'« atoll le plus isolé du monde », les terres continentales les plus proches sont celles du Mexique, à environ 1 100 km. Son lagon est le seul lagon d'eau douce du monde.
Île Clipperton Île de la Passion (mul) | ||||
Image satellite de l'île Clipperton. | ||||
Géographie | ||||
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Pays | France | |||
Archipel | Aucun | |||
Localisation | Océan Pacifique | |||
Coordonnées | 10° 17′ 38″ N, 109° 13′ 02″ O | |||
Superficie | 1,7 km2 | |||
Côtes | 12 km | |||
Point culminant | Rocher de Clipperton (29 m) | |||
Géologie | Atoll ou presqu'atoll | |||
Administration | ||||
Statut | Possession française sous l'autorité directe du gouvernement | |||
Démographie | ||||
Population | Aucun habitant | |||
Autres informations | ||||
Découverte | ||||
Fuseau horaire | UTC-8 | |||
Géolocalisation sur la carte : Amérique du Nord
Géolocalisation sur la carte : Amérique
Géolocalisation sur la carte : océan Pacifique
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Île en France | ||||
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L'île Clipperton est la seule possession française du Pacifique nord. Elle est le quatrième territoire français du Pacifique et le cinquième de l'Outre-mer français par son extension maritime[1]. Elle est une collectivité unique ne possédant aucun statut au sein de l'Union européenne et ne relevant ni des départements français, ni des DROM-COM. Elle est administrée depuis Papeete et est placée sous l'autorité du ministre chargé de l'Outre-mer — autorité qu'il délègue au haut-commissaire de la République en Polynésie française. L'île, relevant du domaine public et des propriétés domaniales de l'État français, est donc classée sous le même régime législatif et l'organisation particulière que les TAAF, en tant que territoires sans population permanente.
L'île Clipperton[2], aussi appelée île de Clipperton, Clipperton[2], île de la Passion ou La Passion-Clipperton, possède de nombreux surnoms :
En , la loi portant sur les dispositions statutaires et institutionnelles relatives à l'outre-mer l'appelle « île de Clipperton »[11]. En , la loi 3DS dispose que « l'île de Clipperton peut également être désignée par l'appellation : “La Passion-Clipperton” »[12].
L'île Clipperton est le seul territoire que possède la France dans l'océan Pacifique nord[13],[14]. Il se situe à 1 081 km au sud-ouest des premières côtes continentales, celles de l'État de Michoacán, au Mexique, et à 945 km[10] au sud-sud-est de la première terre, la petite île Socorro, dans les îles Revillagigedo.
Dans le Pacifique Nord, les autres îles les plus proches sont l'île Isabela (îles Galápagos), à environ 2 260 km[15] à l'est-sud-est, et l'île Hawaï, à environ 5 000 km[15] à l'ouest-nord-ouest.
Les terres françaises les plus proches sont les îles de la Polynésie française dans le Pacifique Sud, notamment à l'ouest-sud-ouest Nuku Hiva (îles Marquises), à environ 4 015 km[15], et au sud-ouest Tahiti, à environ 5 375 km[15]. En France métropolitaine, les côtes du Finistère (Porspoder) sont à environ 10 200 km[15] au nord-est.
Il est parfois qualifié d'« atoll le plus isolé du monde »[16], notamment par le comité français de l'UICN[17]. Il s'agit de la seule terre émergée entre le continent et les îles Marquises : elle représente donc une escale pour de nombreux oiseaux marins[18].
L'île constitue l'unique point émergé d'une zone de failles de la dorsale est-Pacifique, une chaîne de monts et de volcans sous-marins. Elle est issue d'un point chaud, d'une fissure par laquelle le magma s'est accumulé il y a 3,7 millions d'années, formant un volcan. Les atolls ont été constitués par des colonies de madrépores qui ont construit les récifs coralliens en se fixant autour de ces îles tropicales. Une fois que l'activité volcanique et la poussée en direction de la croûte terrestre se sont opérées, l'île s'est progressivement enfoncée dans l'océan. Les coraux, quant à eux, se sont maintenus en s'élevant pour rester à sa surface. Le mont volcanique a fini par disparaître, tandis que subsistait l'anneau corallien qui le ceinturait[19].
Seul atoll corallien de cette partie de l'océan Pacifique, appelée Pacifique oriental, l'île a une forme subcirculaire de douze kilomètres de circonférence. La superficie des terres émergées n'est que de 1,7 km2. L'atoll a un diamètre de 2,4 à 3,9 km. Son altitude est au maximum de 4 mètres pour la partie récifale, mais le point culminant est un rocher volcanique de 29 mètres d'altitude, le rocher de Clipperton, qui émerge du lagon au sud-est de l'atoll. La présence de ce reliquat de l'ancienne île volcanique fait de l'île Clipperton un presqu'atoll et non un véritable atoll au sens strict du terme[20],[21].
L'atoll encercle totalement un lagon d'eau douce, d'une superficie d'environ 710 ha, et qui comprend dix îlots, notamment les îles aux Œufs (ainsi nommées en raison de leur population de fous). La surface totale de tous ces îlots est inférieure à 5 000 m2. Le sol en est constitué de graviers et sables coralliens souvent cimentés de guano. La houle importante dans cette région rend périlleux tout débarquement.
Un temps ouvert par deux passes (au sud-est et au nord-est), le lagon (7,2 km2) s'est fermé entre et , probablement du fait de tempêtes et peut-être de travaux. L'isolement des eaux du lagon de l'océan a entraîné la mort de nombreux coraux et une eutrophisation du milieu, qui forme ainsi un écosystème spécifique[22].
Le lagon est considéré comme le seul lagon d'eau douce de la planète[23],[24] ; en effet, l'évaporation des eaux du lagon est inférieure aux précipitations : l'eau y est donc douce en surface, salée et légèrement acide à partir de 6 mètres de profondeur. Les tentatives d'exploration du fameux « Trou sans fond » du lagon (qui est un puits sous-marin, hypothétiquement un vestige d'une ancienne cheminée volcanique) par le commandant Cousteau ont été empêchées par une trop forte concentration d'hydrogène sulfuré[25].
Ce lagon est constitué d'eau saumâtre, avec une forte concentration de colibacille, de bactéries, en raison de sa fermeture et du guano transporté par les eaux de ruissellement, ce qui l'inscrit dans un processus d'eutrophisation naturel[26]. Aucun poisson n'y vit[27].
Entre et une expédition scientifique a été menée par Jean-Louis Étienne. L'équipe a plongé à plusieurs reprises dans le lagon et estimé sa profondeur maximale à 34 mètres[28].
En , la mission Passion [29], conduite par des scientifiques de l'université de la Polynésie française, a effectué des mesures bathymétriques du lagon. Elle a conclu qu'il présentait notamment plusieurs cuvettes de plus de 25 mètres de profondeur, et qu'en outre sa profondeur maximale atteignait même 55 mètres[30] (au niveau de la fosse orientale). Elle a également mis en évidence que le Trou sans fond n'était pas le point le plus profond du lagon, à l'inverse de ce que son nom pouvait laisser entendre. En effet, selon ces nouvelles mesures — et contrairement aux indications des anciennes cartes qui le faisaient descendre jusqu'à plus de 90 mètres — le Trou ne posséderait en réalité qu'une profondeur de 35 mètres au maximum et de 30 à 32 mètres en moyenne[30].
Le climat de Clipperton est de type tropical. La température de l'air et de l'eau ne varie que très peu tout au long de l'année : entre 25 °C et 30 °C. Les précipitations annuelles sont de 3 000 à 5 000 mm[31]. Le taux d'hygrométrie est compris entre 85 % et 95 %. Les vents dominants sont les alizés de sud-est. Ils sont violents, les averses sont brusques et fréquentes, avec de nombreux cyclones, généralement durant les mois d'avril à septembre[32].
L'eau de pluie est la seule source d'eau douce potable sur l'île[32].
L'île aurait été découverte par l'Espagnol Álvaro de Saavedra Cerón le [33],[34], lors d'une expédition commandée par Hernán Cortés, le conquistador espagnol du Mexique, pour trouver une route vers les Philippines.
Selon d'autres, l'explorateur espagnol d'origine portugaise Fernand de Magellan serait le premier à la trouver en [35],[36], ce qui ferait de Clipperton et de certaines îles de Micronésie les premières régions du Pacifique à être atteintes par les Européens[37].
L'île aurait aussi été découverte par le fait du flibustier, pirate et naturaliste anglais John Clipperton en 1704[38], alors qu'il venait de faire défection de l'expédition de William Dampier. Toutefois, aucune preuve de son passage à proximité de l'atoll n'a été conservée.
Le premier débarquement attesté[réf. nécessaire] sur Clipperton intervient le . Les Français Mathieu Martin de Chassiron[39] et Michel Dubocage, commandant respectivement les frégates la Princesse[40] et la Découverte[41], y débarquent[réf. nécessaire] et en dressent la première carte. En souvenir de cette journée, qui est un vendredi saint, ils la baptisent « île de la Passion », en référence à la Passion du Christ[5].
Ni les portulans ibériques, comme celui d'Andreas Homen en , ni le planisphère portugais de ne mentionnent cette île ; pas plus que l'atlas du Dieppois Jean Guérard en , pourtant très au courant des découvertes espagnoles. De même, ni l'atlas français de Sanson d'Abbeville en , ni la carte de l'Amérique méridionale du Père Feuillée de ne font mention d'une île Clipperton dans ces parages.
Elle apparaît sous le nom d'île de la Passion sur la carte réduite de la Mer du Sud dessinée en par Bellin, ingénieur de la marine, hydrographe du roi, nom repris dans son Hydrographie française de . L'atlas de Malte-Brun de confirme cette appellation.
C'est en , sur une carte de l'Océanie dressée par le géographe Antoine-Remy Frémin (d) pour l'atlas anglais d'Arrowsmith, qu'elle apparaît sous le nom d'île Clipperton, alors qu'Arrowsmith lui-même l'avait indiquée sous le nom d'île de la Passion sur sa carte de l'Amérique septentrionale datée de également.
La confusion s'installe à un point tel que, sur son Atlas de , L. Berthe positionne une île de la Passion dans l'archipel des Revillagigedo au large du Cap Corrientes, une île Cliporton [sic] plus au sud ; et encore plus bas, un Rocher de la Passion, ancienne Isla Medanos, découverte en par le navigateur espagnol Álvaro de Saavedra, et que les Mexicains confondent aujourd'hui avec l'île de la Passion. Amboise Tardieu, en , et Bouillet, en , rétablissent[Comment ?] la situation en ne mentionnant que la seule île de la Passion.
Intéressé par sa position stratégique dans le Pacifique face à l'isthme de Panama dans la perspective d'un percement futur, Victor Édouard Le Coat de Kerveguen en prit possession au nom de la France, ce qui fut confirmé par un décret de l'empereur Napoléon III en date du , et par publication dans divers journaux, sans qu'aucun État ne vienne contester cette possession à cette époque.
Le projet était de faire de l'île un port de relâche pour les bateaux à vapeur, la construction d'un phare sur le « Rocher » (point culminant de l'île) qui serait visible à 30 milles marins, le percement de la passe près du « Rocher ».
En , la goélette Viking charge 200 tonnes de guano vendues 40 dollars US la tonne à San Francisco[4]. En 1895, la Pacific Islands Company, une compagnie britannique, s'installe sur l'île pour y exploiter le guano[38]. En , John Arundel, agent anglais de la Pacific Islands Company qui a clandestinement racheté l'Oceanic Phosphate Company, estime les réserves de guano de l'île à 12 000 tonnes. Il finit par sous-traiter l'exploitation aux Mexicains. Les réserves s'avérèrent toutefois limitées et s'épuisèrent en une vingtaine d'années après l'exploitation mexicaine[42].
En , le Mexique l'occupe puis en , y construit un phare et y laisse un gardien[43]. En , le président mexicain, le général Porfirio Díaz, y dépêche une petite troupe d'une dizaine de soldats et leurs femmes placés sous les ordres du capitaine Ramón Arnaud, descendant d'une famille française, afin de revendiquer la souveraineté mexicaine[38].
En , un cyclone détruit les potagers de la petite garnison[38] de onze soldats installés sur place avec femmes et enfants depuis . La marine mexicaine devait venir les ravitailler environ tous les quatre mois[38]. Mais le bateau de ravitaillement de n'arrive pas. À la fin du mois de , l'USS Cleveland (en) vient secourir l'île, mais le chef de la garnison refuse d'embarquer sur un navire ennemi[38]. La troupe est alors décimée par la famine et le scorbut. En , ils ne sont plus que trois hommes, six femmes et huit enfants[38]. Deux des hommes meurent en tentant de rejoindre un navire passant au large[38]. Le dernier homme survivant, gardien du phare, fait alors vivre un calvaire aux autres et se comporte en dictateur[43],[38]. Il est assassiné à coups de marteau par les femmes survivantes le . Le lendemain l'USS Yorktown (en) les sauve ; il était venu vérifier qu'aucun navire allemand ne s'y cachait[38],[44]. Certaines encyclopédies ont longtemps indiqué que l'île Clipperton avait une cinquantaine d'habitants, restant à ce chiffre de .
Le , la France et le Mexique se décident à faire arbitrer leur désaccord sur la souveraineté de l'île.
Le Mexique n'ayant pu fournir de documents écrits prouvant la découverte de l'île Clipperton par l'Espagne (dont le Mexique hériterait), la souveraineté de la France est reconnue le par l'arbitrage de Victor-Emmanuel III, roi d'Italie (ses experts juridiques)[17],[45].
Cet arbitrage reconnaît en effet que le territoire était terra nullius lors de l'annexion française de 1858, et que celle-ci s'est faite dans les règles[46]. Il considère notamment que la souveraineté française sur Clipperton était aussi effective que possible, aucune administration n'y étant nécessaire en l'absence de population[47]. L'île Clipperton est assimilée à un objet qu'on peut s'approprier s'il n'a pas de propriétaire, à condition de l'avoir possédé un instant et d'avoir alors proclamé publiquement sa prise de possession. Dans cette optique, l'envoi d'un navire français sur place en 1858 suivi de l'annonce de l'annexion dans The Polynesian (en), le journal officiel du royaume d'Hawaï[48], ont paru suffisants. Le fait que la France n'ait effectué aucune exploitation de l'île Clipperton et qu'elle soit à priori moins bien placée que le Mexique pour cela (vu leurs situations géographiques) n'ont pas été considérés[49],[50].
Jusqu'au , l'île est placée sous la juridiction de la Polynésie française.
Le Mexique reconnaît définitivement la souveraineté française sur l'île en [51].
En , les États-Unis occupent l'île d'autorité. Ils ouvrent une passe dans la couronne (qu'ils refermeront en partant) et nivellent une piste d'aviation[52].
À la suite d'une protestation de la France qui vient tout juste d'être libérée, protestation conduite par le ministre français des Affaires étrangères Georges Bidault, les États-Unis rétrocèdent le territoire à la France le [53]. L'armée américaine laisse sur place de nombreuses caisses de munitions[38],[54].
Island Conservation a été fondée par Bernie Tershy et Don Croll, tous deux professeurs au Long Marine Lab de l'UCSC. Ces scientifiques eurent connaissance de l'histoire de l'île de Clipperton sur laquelle s'était rendu l'ornithologue Ken Stager, du Los Angeles County Museum en 1958. Attristé par les déprédations des cochons sauvages sur les colonies de fous bruns et de fous masqués de l'île (réduites respectivement à 500 et 150 oiseaux), Stager se procura un fusil de chasse et élimina 58 cochons. En , les colonies comptaient 25 000 fous bruns et 112 000 fous masqués, soit la deuxième plus grande colonie de fous bruns et la plus grande colonie de fous masqués au monde[55].
De à , Clipperton abrite une mission scientifique française chargée de mesurer les retombées des essais nucléaires français dans le Pacifique. L'objectif est de rassurer les États-Unis, en montrant que les retombées nucléaires n'atteignent pas le continent américain[38].
Depuis , l'île est placée sous l'autorité du ministre chargé de l'Outre-mer, autorité qu'il délègue au haut-commissaire de la République en Polynésie française, bien que l'île ne fasse plus partie de ce territoire d'outre-mer, mais y soit seulement rattachée administrativement. Le haut-commissaire accorde donc depuis Papeete les autorisations de débarquement, de séjour sur Clipperton, ainsi que l'octroi des droits de pêche dans la zone économique exclusive autour de l'île. Aujourd'hui, l'île de Clipperton relève du domaine public et elle est inscrite au tableau des propriétés domaniales de l'État français. L'île est donc classée sous le régime législatif et l'organisation particulière au même titre que les TAAF, en tant que territoires sans population permanente[56].
Avant , les bateaux mexicains pêchaient dans la zone économique exclusive (ZEE) de manière illégale du point de vue français. La France et le Mexique ont signé un accord de pêche en pour une durée de 10 ans. L'accord a été signé à la suite de l'incident du qui a vu un navire de guerre français arraisonner et détruire l'armement d'un bâtiment de pêche mexicain pris par hasard en train de pêcher illégalement dans la zone économique exclusive française. L'accord de prévoit un volume maximum de pêche. Cependant, il apparaît qu'aucune vérification n'est effectuée, les navires mexicains pouvant refuser les contrôles[57].
L'accord a été reconduit dans les mêmes conditions en [58].
Dans les années 2010, la situation de Clipperton a suscité des intérêts politiques et scientifiques relativement importants[59]. À la suite de l'expédition de Jean-Louis Étienne, la question de l'usage de Clipperton a fait débat. L'absence de toute présence humaine permanente contribue en effet à en faire un territoire proche de l'abandon puisque pas exploité économiquement ni scientifiquement. Le député français Philippe Folliot, qui s'est spécialisé sur la question de Clipperton et s'est rendu sur l'île en 2015 lors de la seule visite d'un élu de la République sur ce territoire français, a rendu un rapport au gouvernement sur la valorisation de Clipperton[14],[38].
Jusqu'à présent, la présence française se fait au travers d'une visite annuelle par une frégate de la Marine nationale, en général le Prairial, qui permet d'y entretenir la plaque et le drapeau français censé y flotter. Ceci s'avère nécessaire en vertu du droit international relatif au statut de la mer et le maintien de la zone économique exclusive française, qui permet notamment à la France d'être partie à plusieurs traités internationaux concernant cette zone de l'océan Pacifique, notamment pour les ressources halieutiques (l'île se situe dans une importante zone de ressources pour la pêche au thon), mais exige que la souveraineté soit justifiée par une occupation régulière[60].
Cette réaffirmation régulière de la souveraineté française reste toutefois limitée. Des paquets de cocaïne, attestant de l'utilisation de l'atoll par des narcotraficants, sont régulièrement retrouvés ; la piste aérienne est également utilisée pour le trafic de drogue[38],[61].
De même, des activités de pêche illégale sont probablement menées dans les eaux entourant l'atoll qui souffre d'une pollution non négligeable. Des déchets rejetés par la mer sont régulièrement retrouvés au gré des diverses expéditions. Cette présence réduite de la France a suscité des réactions de la part du Mexique, qui considère que l'atoll n'est qu'un simple rocher ne pouvant servir à des prétentions de ZEE[10] sur la base de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM). Celle-ci indique en effet que seules les terres pouvant être occupées peuvent donner lieu à des ZEE[62].
Par conséquent, des pistes ont été proposées pour raffermir la présence de la France sur ce territoire. L'établissement d'une base permanente, potentiellement ouverte à des scientifiques étrangers, serait une manière d'assurer une présence constante et de renforcer le respect de la légalité sur l'atoll et ses alentours[63]. Des propositions comme les flux logistiques pour alimenter la future station scientifique à vocation internationale, éventuellement à partir des îles Marquises, la construction d'un abri paracyclonique, l'ouverture d'une passe ou encore la dératisation de l'île ont été émises par Philippe Folliot[14].
Depuis l'adoption en de la Convention internationale sur le droit de la mer, l'îlot confère à la France le droit de contrôler et d'exploiter tout autour de l'île une zone économique exclusive (ZEE) de 435 612 km2 (c'est-à-dire, sensiblement, un cercle de 200 milles nautiques de rayon). L'Académie des sciences d'outre-mer, dès 1981, a recommandé la mise en place sur l'atoll d'une base de pêche, avec réouverture du lagon et réhabilitation et extension de la piste aérienne existante.
Après avoir été sous la juridiction des Établissements français d'Océanie dès puis de la Polynésie française jusqu'au , l'île relève aujourd'hui du domaine public et est inscrite au tableau des propriétés domaniales de l'État français. Elle est, à ce titre, sous l'autorité du ministre chargé de l'outre-mer, autorité qu'il délègue au haut-commissaire de la République en Polynésie française, représentant de l'État, à qui il appartenait d'accorder des autorisations aux particuliers désirant aborder l'atoll ou y obtenir des concessions d'exploitation.
Depuis la révision constitutionnelle du complétant la révision du , l'île est mentionnée au dernier alinéa de l'article 72-3 de la Constitution de la République française : « La loi détermine le régime législatif et l'organisation particulière des Terres australes et antarctiques françaises et de Clipperton ».
De fait, cette possession française ne faisait pas formellement partie des anciens territoires d'outre-mer (TOM), ni des collectivités d'outre-mer (COM) qui leur ont succédé : elle n'est pas un département d'outre-mer, ni un territoire d'outre-mer, ni une collectivité territoriale à statut particulier. Depuis , l'île Clipperton est directement administrée par le haut-commissaire de la Polynésie française sous l'égide du ministre de l'Outre-Mer. Depuis la loi no 2007-224 du portant dispositions statutaires et institutionnelles relatives à l'outre-mer[11], l'île Clipperton est soumise au titre II de la loi no 55-1052 du portant statut des Terres australes et antarctiques françaises et de l'île Clipperton.
La situation juridique de l'île n'a pas toujours été claire. Cependant, la loi no 2007-224 du a considérablement simplifié ces questions en plaçant l'île sous le principe de l'identité législative : les lois et règlements de la République s'y appliquent de plein droit[76]. Dès lors, « les juridictions de l'ordre judiciaire ayant leur siège à Paris » sont « territorialement compétentes » (selon les principes de la loi du et le décret du ).
Ce texte affirme enfin de façon claire que l'île ne fait pas partie de la Polynésie française (puisque cette dernière est administrée selon le principe de spécialité législative qui avait cours en tant que TOM et confirmé dans son nouveau statut actuel de COM), même si le ministre chargé de l'Outre-mer délègue encore, pour des raisons pratiques, l'administration de l'île au haut-commissaire (délégué substituant un préfet) représentant l'État en Polynésie française, notamment pour les autorisations d'accès et l'octroi des droits de pêche dans la zone économique exclusive autour de l'île Clipperton[77].
Par cette même loi, l'île reste donc sous l'autorité directe du gouvernement. Elle n'est pas dotée d'une administration locale propre sur le plan exécutif, ni d'une réelle autonomie financière, mais seulement d'une ligne budgétaire dans les comptes publics du gouvernement, qui tient lieu de collectivité locale administrative pour ce territoire, le chef de gouvernement tenant lieu de préfet représentant l'État. Le code officiel géographique (COG) de l'Insee référençait ce territoire sous le code 98799 (correspondant à l'ancien rattachement à la Polynésie française, codée 987, comme s'il s'agissait d'une commune séparée) jusqu'au , mais depuis le ce rattachement artificiel a été supprimé et le territoire est dorénavant codé 989 (ou 98901 pour les applications comptables ou statistiques nécessitant un découpage au niveau communal avec un code à cinq chiffres)[78].
La Marine nationale projette régulièrement sur zone des bâtiments en vue d'affirmer la souveraineté française sur l'île et sur sa zone économique exclusive.
Navire | Dates | Mission | Réf. | |
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Type | Nom | |||
Patrouilleur | Arago | - | Déploiement Tahiti - escale à Clipperton | [79] |
Frégate | Prairial | - | Passion | |
Frégate | Prairial | - | Passion | [80] |
Bâtiments multi-missions (B2M) | D'Entrecasteaux | - | Déminage de munitions | [81] |
Bâtiments multi-missions (B2M) | Bougainville | [81] | ||
Bâtiments multi-missions (B2M) | Bougainville | - | Passion | [82] |
Frégate | Germinal | - | Passion | [83] |
Patrouilleur | Arago | (en cours) | [84] |
Atoll formé à partir d'une île volcanique aujourd'hui en grande partie disparue, Clipperton n'a jamais été en contact avec le continent américain ni avec aucune autre terre. Sa faune et sa flore sont donc entièrement importées, soit naturellement, soit par l'action humaine.
Le lagon, de 5 mètres de fond en moyenne, 55 mètres au maximum (mesures bathymétriques effectuées lors de la mission Passion 2015[30]), dont l'eau de surface est faiblement salée, est clos (ni passe ni hoa). L'eau marine y entre par les vagues qui franchissent le cordon lors des tempêtes, mais il se dégrade : nombreux récifs et coraux morts au sud (sur quatorze espèces de coraux encore présentes en 1958, il n'en restait que huit en ). Aujourd'hui, une vingtaine d'espèces sont répertoriées et les récifs sont globalement en très bonne santé.
On a aussi assisté à une dégradation de l'herbier à Ruppia maritima (Angiospermae) qui couvrait 45 % du lagon, eutrophisation exacerbée par un apport de guano estimé à 650 t/an, par de nombreux oiseaux marins qui y trouvent une escale, puisque l'île est la seule terre émergée entre le continent américain et les plus proches archipels polynésiens (la présence de ces nombreux oiseaux rend délicate l'utilisation de la piste d'atterrissage sur l'île, ou les transbordements par hélicoptère depuis un navire).
Le paysage terrestre uniforme n'offre qu'un petit nombre d'habitats. La flore, qui occupe un peu moins de la moitié de la surface émergée de l'atoll, consiste en une quinzaine d'espèces poussant sur un sol exposé à une forte insolation et aux cyclones sur un substrat pauvre et peu diversifié (sables et graviers coralliens) qui — dans la région nord-ouest de l'île — a été dégradé par l'exploitation du limon phosphaté (de à ). À la suite d'un naufrage daté de , des rats ont été introduits dans cet écosystème fragile qui s'en est trouvé profondément bouleversé.
Une zone de protection du biotope est créée en dans les eaux territoriales de Clipperton[85].
Malgré des ressources limitées, l'île possède une faune composée de nombreuses espèces :
La présence de scolopendres d'une dizaine de centimètres et de nombreux cafards, actifs dès la tombée de la nuit, a été observée sur l'atoll ainsi que des fourmis et des mouches[75].
Des crabes sont présents en nombre sur Clipperton : onze millions de crabes rouge de Clipperton (Johngarthia planata) y vivaient avant l'arrivée des rats en , qui en a fait drastiquement baisser le nombre. Le dernier recensement précis de 2005 indique un chiffre de 1,25 million d'individus, mais il semblerait que la population ne soit plus que de l'ordre de quelques centaines de milliers de ces crustacés. Une tendance étayée par l'observation de la flore rampante, aujourd'hui très vivace et par la présence de nombreuses jeunes pousses de cocotiers qui avant étaient consommées par ces crabes[75].
Une espèce de lézard endémique (Emoia cyanura) est répertoriée, et un gecko (Gehyra mutilata) y est peut-être présent, selon l'IUCN. En , des tortues vertes venaient pondre sur l'île. Elles n'ont pas été signalées depuis[86]. Dans sa Monographie physique et biologique de l'île de Clipperton, Marie-Hélène Sachet signale la possibilité de la présence d'hydrophidés dans les eaux de Clipperton, et ajoute, en laissant toutefois planer un doute, qu'il doit vraisemblablement s'agir du serpent marin noir et jaune (Pelamis platurus)[87].
Dans l'océan qui entoure l'île, la faune sous-marine y est abondante, notamment grâce au zooplancton[27].
Au moins deux espèces de poissons étaient jadis présentes dans le lagon (disparues en ), mais 112 espèces sont répertoriées hors du lagon, dont cinq ou six endémiques comme le poisson ange de Clipperton (Holacanthus limbaughi), le mérou de Clipperton (Epinephelus clippertonensis), les demoiselles de Clipperton (Stegastes baldwini) et le labre de robertson (Thalassoma robertsoni). On trouve également des mérous cuir (Dermatolepis dermatolepis), des mérous à points blancs (Epinephelus labriformis), des carangues à gros yeux (Caranx sexfasciatus), des carangues noires (Caranx lugubris), des carangues bleues (Caranx melampygus), des murènes (en particulier des murènes à petits points Gymnothorax dovii), des chirurgiens bagnards (Acanthurus triostegus), des chirurgiens à points blancs (Ctenochaetus marginatus), des chirurgiens à queue blanche (Acanthurus nigricans), des fusiliers rouges (Paranthias columnus), des lutjans (Lutjanus viridis), des poissons cochers (Zanclus cornutus), des poissons-pincette jaunes (Forcipiger flavissimus), des poissons épervier mouchetés (Cirrhitichthys oxycephalus), des poissons perroquet lie de vin (Scarus rubroviolaceus) et des tétrodons à points (Arothron meleagris). Deux nouvelles espèces de poissons jamais observées à Clipperton ont récemment été identifiées : le poisson ange royal (Holacanthus passer) et le poisson perroquet étoilé (Calotomus carolinensis)[75].
La population des eaux en requins est en hausse sensible. On observe une augmentation de la densité et de la taille des individus notamment en ce qui concerne l'espèce dominante qui est le requin à pointe blanche (Carcharhinus albimarginatus). On trouve aussi des requins des Galapagos (Carcharhinus galapagensis) ainsi que des requins-corail (Triaenodon obesus) et des requins-marteaux halicorne (Sphyrna lewini)[75].
La présence de langoustes, de murènes et de tortues marines a également été relevée[27].
La diversité corallienne du biotope sous-marin est faible. Seulement une vingtaine d'espèces sont répertoriées mais les récifs sont en très bonne santé avec un taux de couverture totale des fonds en corail vivant de l'ordre de 85 % (70 % en moyenne). On note toutefois la présence de quelques colonies blanchies ou en cours de blanchissement. Les édifices coralliens prédominent largement et les espaces sans coraux sont très rares. On trouve principalement trois genres : Porites (coraux massifs), Pocillopora (coraux à branches très courtes) et Pavona (coraux encroûtants). On observe également la présence de Millepora platyphylla (corail de feu en plaques) récemment répertorié à Clipperton. Présence qui étend la distribution de ce dernier dont l'implantation la plus proche est la Polynésie française[75].
Les dauphins sont fréquents autour de l'atoll, dont le dauphin à long bec (Stenella longirostris), le dauphin tacheté pantropical (Stenella attenuata), mais aussi le grand dauphin (Tursiops truncatus), le dauphin bleu et blanc (Stenella coeruleoalba) et le dauphin commun à bec court (Delphinus delphis).
Les mammifères introduits sont à l'origine de graves atteintes à l'avifaune nicheuse[88] :
L'atoll de Clipperton est la seule terre émergée à des centaines de kilomètres alentour. Elle représente donc un lieu d'étape idéal pour les oiseaux marins. Les premières observations scientifiques font état d'une densité exceptionnelle du nombre d'oiseaux marins mais celui-ci a fortement chuté au début du XXe siècle avec l'introduction de cochons par les exploitants de phosphate. En , les cochons sont éradiqués, permettant une reconstitution importante des colonies d'oiseaux. S'il est difficile d'estimer précisément le nombre d'espèces présentes sur l'atoll, les études récentes font mention de treize espèces se reproduisant à Clipperton et vingt-six oiseaux migrateurs pouvant y faire étape[90].
Aujourd'hui, l'atoll abrite la plus importante colonie au monde de Fous masqués (Sula dactylatra), même si leur nombre est en diminution dans les années récentes, passant de 100 000 individus au milieu des années à moins de 40 000 lors du dernier recensement. Les Fous bruns (Sula leucogaster), les Fous à pieds rouges (Sula sula) et les Fous de Grant (Sula granti) sont aussi présents. La Frégate du Pacifique (Fregata minor) est aussi recensée sur l'île avec près de 1 500 individus. La Sterne fuligineuse (Onychoprion fuscatus) est régulièrement observée sur Clipperton avec des variations sensibles puisque certaines expéditions n'en ont parfois croisé aucune. La Foulque d'Amérique (Fulica americana), disparue depuis les années , est apparemment revenue sur l'atoll puisque cent cinquante individus ont été vus en . Le Noddi brun (Anous stolidus) connaît quant à lui une diminution de sa présence depuis quelques décennies mais reste présent sur Clipperton[91].
D'autres espèces peuvent être croisées plus sporadiquement comme la Gallinule d'Amérique (Gallinula galeata), le Phaéton à brins rouges (Phaethon rubricauda), le Puffin fouqeut (Ardenna pacifica) ou la Gygis blanche (Gygis alba), en plus d'espèces migratrices qui y font étape.
Sur l'île de Clipperton, le manque d'eau et l'ambiance saline font que très peu de végétaux peuvent s'y développer. Une quinzaine de plantes pour la plupart halophiles et xérophiles, c'est-à-dire vivant dans des sols salés et adaptées à la sécheresse, y poussent mais aucune n'est endémique. Seules deux espèces végétales ont été introduites par l'homme : le cocotier, par les Américains en et le tabac glauque, introduit par les Mexicains au début des années [92].
Cinquante-quatre espèces d'algues sont répertoriées sur l'atoll. Les herbiers aquatiques se dégradent. La flore de graminées et de vivaces est dominée par quatre espèces. Elle était en 2007 composée de vingt-six phanérogames, trois mousses, quelques lichens et champignons identifiés, pour l'essentiel probablement introduits par les êtres humains. Le tapis d'Ipomoea pes-caprae encore présent en était déjà relictuel en (à la suite d'un excès d'apport azoté par les oiseaux ?). Quelques vasières, mares et fossés abritent près du lagon des Cypéracées (en régression). La flore est extrêmement sensible aux aléas climatiques : la faible altitude de l'île la rend au moins partiellement submersible lors des très grandes tempêtes, ce qui a pour effet la suppression de la végétation dans les zones touchées par la mer.
Une cartographie fine sous système d'information géographique de la couverture végétale de l'île, qui a été réalisée pour la première fois en 2015, a mis en évidence qu'une quinzaine d'espèces de plantes occupait 46 % de la surface émergée de l'atoll alors qu'en aucune couverture n'existait. Cette absence de végétation était sans doute le fait de la surconsommation des crabes qui pullulaient alors et dont la population s'estimait en millions individus. Le nombre de crabes ayant considérablement diminué avec l'arrivée des rats, les jeunes pousses végétales s'en sont trouvées nettement moins prédatées et ont pu se développer. En les observations ont confirmé cette tendance au dynamisme. En , 1 405 cocotiers de plus d'un mètre de haut ont été inventoriés (865 en et 847 en ). La végétation rampante s'est beaucoup développée également, en particulier les prairies d'Ipomoea triloba et d'Ipomea pes-caprae qui montrent une extrême vivacité et ce malgré une submersion régulière de certaines zones par la mer. On trouve aussi les espèces suivantes : Achyranthes aspera, Corchorus aestuans (Tiliaceae), Heliotropium curassavicum, Nicotiana glauca, Salvia occidentalis (Lamiaceae), Sida rhombifolia (Malvaceae) et Portulaca oleoraceae (Portulacaceae)[75],[93].
Les écosystèmes de l'île Clipperton (bosquets, sols dénudés, lagon et fonds marins proches) sont également régulièrement recouverts par des déchets dérivants, qui forment une pollution inquiétante.
Il reste, éparpillées sur l'île, des munitions vides et de nombreuses carcasses de moteurs laissées après l'occupation américaine de et par l'ancienne exploitation du guano au début du XXe siècle. Les anciennes baraques sont en état de délabrement. Toutefois ces déchets constituent des abris artificiels pour les populations de crustacés aux heures les plus chaudes.
L'île a été recommandée par l'Oceania Program de l'Asian Wetland Bureau pour inscription en zone humide Ramsar en [94]. Elle est toujours sur la liste des sites susceptibles d'être désignés au titre de la Convention de Ramsar.
Le , le chimiquier Sichem Osprey de la compagnie norvégienne Eitzen Group (en) s'échoue sur les récifs entourant l'île avec dans sa cale notamment 10 000 tonnes de xylène et des huiles animales et végétales. Des opérations de pompage doivent être mises en place pour prévenir d'éventuelles fuites de xylène (le navire est toutefois à double coque) et alléger le navire qui trois semaines plus tard est toujours échoué[95]. Le navire est remis à flot le sans qu'il y ait eu de pollution à déplorer[96].
Lors d'une escale sur l'atoll en , les membres de l'expédition Tara Pacific (-)[97] font le point sur l'état du récif qui l'entoure et constatent qu'il est normal et qu'il y a beaucoup de corail vivant avec une faible diversité mais qu'il est très dynamique. Par contre, sur terre, c'est un désastre, les déchets sont partout, incessamment rejetés par les courants. Les fous masqués et le fous bruns passent le plus clair de leur temps au large, à la recherche de nourriture, mais à l'heure de la nidification, les femelles cherchent refuge sur des îles comme Clipperton. Serge Planes, directeur scientifique de l'expédition indique que « tous les nids sont faits à partir de déchets plastiques (...) quel triste lieu de naissance que nous offrons à nos jeunes fous, là où ils devraient découvrir une nature pure »[98].
Le phosphate a été exploité de à . Les ressources de guano sont également épuisées. Aujourd'hui inhabité, l'îlot n'abrite plus de station météorologique.
L'intérêt actuel réside dans la zone économique exclusive française de 435 612 km2 qui l'entoure[99] (ce qui représente un disque de 201 milles de rayon, soit à 200 milles d'un atoll qui fait sensiblement un mille de rayon), permettant à la France d'être membre de la Commission interaméricaine du thon tropical (en anglais, Inter-American Tropical Tuna Commission, IATTC)[100] et de pouvoir pêcher le thon. Cette zone représente l'une des plus riches au monde en thonidés[101].
La mission océanographique mexicano-française SURPACLIPP a aussi découvert en la présence de nodules polymétalliques riches en nickel et en cuivre.
Par ailleurs, dans le cadre de son programme EXTRAPLAC, la France n'aurait pas voulu en faire valoir auprès de l'ONU ses droits de possession à Clipperton[102] en relation avec une zone de 40 000 km2 de plateau continental, perdant ses droits de manière définitive[103],[104].
La compagnie américaine qui exploita le guano de l'île Clipperton fit imprimer dix timbres en « Clipperton Island Postage » à San Francisco avec les valeurs faciales de 1, 2, 3, 4, 5, 8, 10, 25, 50 cents et 1 dollar. Ces timbres furent utilisés en et pour le courrier de la compagnie[105].
Pendant l'occupation mexicaine, des timbres mexicains de 1, 2, 3, 4, 5, 10 centavos et 1 peso avec une surcharge diagonale « CLIPPERTON » ont été utilisés jusqu'en .
Un timbre de la poste française est émis en pour commémorer la découverte de l'île (Yvert no 4611). D'une valeur faciale de 1 euro, il est dessiné par Marie-Noëlle Goffin. L'émission de ce timbre est à l'initiative d'Alain Duchauchoy, vice-président chargé de la communication et des relations publiques de l'association Clipperton, projets d'Outre-Mer et responsable de l'expédition scientifique et radioamateur de . D'un point de vue officiel, les timbres de la Polynésie française sont censés y être utilisés mais il n'y a ni bureau de poste, ni courrier sur l'île. Cependant, le code postal 98799 est attribué à l'île.
Le journaliste Gabriel Macé a souvent parlé de l'île Clipperton dans Le Canard enchaîné et est devenu un spécialiste de l'îlot au sein de la rédaction de l'hebdomadaire[106].
Benoît Gysembergh a passé une semaine, en , seul sur l'ile pour un reportage publié dans Paris Match[107].
Le reporter Stéphane Dugast a effectué trois séjours sur l'île et publié de nombreux reportages sur cette île, notamment dans Cols bleus, le journal de la Marine nationale[108].
En littérature, le roman Le Roi de Clipperton[109], de Jean-Hugues Lime, paru en , raconte la tragédie mexicaine.
Le site « Bienvenue sur l'île de la Passion… Clipperton ! » a développé un musée virtuel sur Clipperton, permettant de parcourir l'histoire de l'île en moins de 3 minutes[1][source secondaire nécessaire].
Jusqu'au 31 décembre 2007, Clipperton était codée 98799 ; depuis, elle s'est vue attribuer le code 98-9[110].
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