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enseignant français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Yann Sohier de son nom breton (Jean Sohier pour l'état-civil), né le à Loudéac et mort le à Plourivo, est un instituteur, militant de la langue bretonne et internationaliste. Il est le père de Mona Ozouf, née en 1931.
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Yann Sohier naît le 10 septembre 1901 à Loudéac. Il est le fils de Jean-Marie Sohier, gendarme à cheval, et de Louise Sohier[1].
La famille se déplace successivement au Sel-de-Bretagne (mai 1905-décembre 1906), puis à Uzel (jusqu'en août 1907). Après 15 ans de service, le père se reconvertit comme percepteur, d'abord à Peillac (Morbihan) en août 1907, puis à Lamballe, de 1912 à 1918.
Yann Sohier poursuit ses études d’instituteur jusqu'en 1921 à l'École normale de Saint-Brieuc. Originaire de Haute-Bretagne, il s'efforce d'apprendre la langue bretonne et réussit à la lire et à l'écrire aisément, bien que n'ayant jamais réussi à la parler vraiment couramment. Il adhère, dès sa fondation semble-t-il, à l'Unvaniezh Yaouankiz Vreizh (Union de la jeunesse de Bretagne), où il est déjà en contact avec François Debeauvais et Olier Mordrel. Il est séduit à cette même époque par le tout jeune Parti communiste français, auquel il n'adhère jamais. En octobre 1921, il est incorporé au 48e régiment d’infanterie, à Guingamp. Ses activités militantes se poursuivent ; il se lie d'amitié avec le frère François Uguen, spécialiste des langues celtiques. Il est déjà militant du Groupe régionaliste breton. Il devient aussi antimilitariste. Libéré de ses obligations militaires, il est nommé instituteur en Basse-Bretagne, à Plouguiel, près de Tréguier.
Il se marie le avec Anne Le Den, institutrice originaire de Lannilis, qui collabore à Ar Falz sous le pseudonyme de Naïg Sezny, et plus tard à la revue pédagogique An Eost. À son mariage, célébré à la cathédrale de Tréguier, assistent, en plus de plusieurs membres de sa famille, Olier Mordrel, François Debeauvais et son épouse Anna Youenou, Morvan Marchal et plusieurs autres militants. Le couple passe six mois à Prat puis, en août 1929 est nommé à Plourivo. Leur fille Mona (future Mona Ozouf), naît en 1931 et sera élevée en breton.
Durant cette période, son activité culturelle et politique prend une grande ampleur : il participe au Congrès panceltique de Quimper de 1924, avec François Debeauvais, Youenn Drezen, Jakez Riou, Abeozen, Marcel Guieysse, sous la bannière du Groupe régionaliste breton. Il est au premier congrès du parti autonomiste breton à Rosporden, en septembre 1927, où le mouvement donne naissance au Parti autonomiste breton. Il devient un militant actif du nouveau parti. Au printemps 1929, il est élu à l'unanimité secrétaire général de la fédération du Trégor du Parti autonomiste breton.
Lors de la séparation de 1931 à la suite du départ des fédéralistes (dont Maurice Duhamel), il soutient les nationalistes François Debeauvais, Mordrel. Le congrès de Rennes du 11 avril 1931 décide l'abandon du journal Breiz Atao, qui est remplacé momentanément par War Zao, journal des nationalistes du Trégor, Goëlo, Haute-Cornouaille, qui réclame un retour au nationalisme sans exclure le séparatisme.
Au congrès de Guingamp (août 1931), le P.A.B. devient le Parti national breton. Le , à Landerneau, a lieu le premier congrès du P.N.B.. Breiz Atao reparaît, simple organe de liaison entre les militants. Voici ce qu'en pense Sohier : « J'ai donc lu le nouveau Breiz Atao et bien que je regretterai en partie l'essentiel de la Déclaration de Châteaulin qui nous donnait une base précieuse pour la propagande, je pense qu'il y a du travail à faire sans songer à vouloir préciser ce que pourrait être la Bretagne future. Mais il fallait choisir, et je me rallie à cette idée que je préfère aux idioties de War Zao et de Breiz da zont ».
L'histoire militante bretonne a retenu qu'en 1932, lors du 4e centenaire de l'union de la Bretagne à la France, le 7 août à Vannes, Sohier bondit sur la voiture d'Édouard Herriot en criant : « Vive la Bretagne indépendante ». Il aurait été conduit au poste de police. Cette action est démentie par sa propre correspondance, comme le rapporte sa fille Mona Ozouf dans Composition française.
Il fonde son bulletin Ar Falz (La Faucille) en janvier 1933 et en fait en moins de deux ans le centre de tout un mouvement en faveur du breton à l'école laïque, auquel s'intéressent non seulement ses collègues instituteurs, mais encore des Bretons de toutes professions. Il rédige la plupart des articles sous divers pseudonymes : Yann ar Ruz, Mestr skol bihan, Fañch Divadou, Yann Keryel. Il s'inspire fortement de l'écrivain Emile Masson, bretonnant, libertaire et internationaliste.
Il continue à travailler à son manuel de breton Me a lenno, qui ne paraît qu'en 1941 (à titre posthume, donc), avec une préface fort contestée de Roparz Hemon.
Il entretient des relations plus ou moins étroites avec une pléiade d'écrivains bretons, surtout Fañch Elies (Abeozen), Jakez Riou, Youenn Drezen, Loeiz Andouard, sans parler de Yann Kerlann qui collabore étroitement à la rédaction d'Ar Falz, et qu'il choisira pour successeur.
Il s'occupe de sa famille et élève en breton sa fille Mona, pour qui il traduit Per ar C'honikl ! et Hiawaza de l'Américain Henry Longfellow. Il compose des poèmes comme E tal ar groaz(mis en musique par Alan Stivell sur Trema'n Inis en 1976).
Son activité politique se ralentit. Il adhère, sans doute dès 1931 au Parti national breton ; mais il se trouve en désaccord avec le programme Saga présenté dans Breiz Atao par Olier Mordrel en . Son engagement politique très marqué ne l'empêche pas de fréquenter Marcel Cachin, communiste breton et directeur du journal L'Humanité. Celui-ci possède une maison à Lancerf, près de Plourivo. Il tint à faire la connaissance de Sohier. Les deux hommes se revirent à plusieurs reprises.
Mais, dès 1934-1935, des ennuis financiers s'abattent sur Ar Falz.
Yann Sohier meurt d'une bronchopneumonie le .
Une foule hétéroclite assista à ses obsèques célébrées deux jours plus tard en l'église de Plourivo. Entre autres, l'abbé Perrot, les frères Herry et Ronan Caouissin, le communiste et directeur du journal L'Humanité Marcel Cachin, le fasciste Olier Mordrel, Yann Kerlann, Anna Youenou. Le cercueil est recouvert du gwenn ha du. Mordrel, sur la demande de madame Sohier, parle au nom de Breiz Atao[réf. nécessaire], en lançant comme conclusion : « la Bretagne aux Bretons ».
Dans le numéro de mars- du bulletin de l'union des œuvres bretonnes, la une reprend le portrait de Sohier et affiche une de ses citations suivante : « C'est par le breton devenu un instrument de culture que pourra se faire le redressement culturel de notre race et que la Bretagne pourra regarder le monde et réaliser tout son destin. - (publication Ronan Caouissin) »[2].
Sohier ne sépara jamais, dans son esprit, la lutte pour la langue bretonne de celle pour l'émancipation des classes populaires. Il voulait que le breton soit enseigné dans les écoles du pays.
Dans « Ar Falz » et dans ses actes, les multiples facettes de sa personnalité apparaissent :
La phrase suivante résume la dualité fondamentale de son personnage : « Nous devons être — nous tous les “Falzerien” — de vivants exemples que l'on peut être à la fois Bretonnistes acharnés et Prolétariens agissants ».
Une rue porte son nom dans le quartier des Longschamps à Rennes.
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