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La théologie de l’Église adventiste du septième jour se centre sur la personne, la vie, l’activité et les enseignements de Jésus-Christ : sa préexistence, son incarnation, sa mort de substitution pour le salut des pécheurs repentants, sa résurrection, son ministère de médiation dans le sanctuaire céleste et son prochain retour en gloire[1].
La « théologie » (l'étude de Dieu, la connaissance de Dieu) désigne l'unité cohérente et le thème directeur de l'ensemble des doctrines bibliques. Les adventistes du septième jour enseignent que la Bible est inspirée par Dieu (et non un livre purement humain), que ses enseignements conduisent à la connaissance du salut et qu'elle est le récit fiable et authentique des interventions de Dieu dans l'histoire. Correctement compris, les apports de la logique, de l'archéologie, de l'histoire et de la science ne la contredisent pas[2]. La connaissance biblique en elle-même ne sauve pas l'être humain, mais par le soutien du Saint-Esprit qui illumine son esprit à la compréhension des enseignements de la Bible, elle lui permet de découvrir Dieu et les dynamiques d'une relation salvatrice avec lui.
L'adventisme du septième jour est une théologie de l'espérance et de l'amour de Dieu, le retour du Christ étant sa doctrine la plus emblématique. Selon les adventistes du septième jour, celle-ci unifie et donne un sens à toutes les autres doctrines de la Bible[3].
La théologie adventiste adhère aux croyances historiques du christianisme (comme l’inspiration divine de la Bible, la Trinité, les deux natures du Christ) et du protestantisme en particulier (sola scriptura, le salut par la grâce, le sacerdoce de tous les croyants).
Les 28 croyances fondamentales résument la position doctrinale officielle de l’Église adventiste. Toutes ces doctrines sont liées et s'imbriquent entre elles, ne pouvant pas être comprises en isolation dans leur totalité. Comme une mosaïque, elles ne sont pas indépendantes les unes des autres. C'est en regardant à l'ensemble qu'on comprend le mieux la théologie adventiste[3].
Les croyances de l’Église adventiste du septième jour sont énoncées dans la déclaration officielle des 28 croyances fondamentales. Celles-ci reflètent la réflexion collective et la maturation progressive de la théologie adventiste. Vingt-sept croyances ont été officiellement formulées lors de la 53e session de la Conférence générale de l’Église adventiste en 1980. Une croyance (croyance 11 : croître en Christ) a été ajoutée en 2005.
À l’instar de Martin Luther et de William Miller, les adventistes enseignent que la compréhension de la révélation biblique est progressive. De ce fait, ils n’ont pas de credo (un système doctrinal figé) qui ne se prête à aucune révision éventuelle. Le préambule des 28 croyances fondamentales précise :
En plus des croyances fondamentales, l’Église adventiste vote occasionnellement des « déclarations officielles » sur un nombre divers de sujets doctrinaux, éthiques et sociétaux. Ces positions apportent des suggestions, des recommandations et des clarifications[5]. Elles sont postées dans leur intégralité sur le site officiel de la direction mondiale de l’Église adventiste du septième jour[6].
Certaines œuvres majeures fournissent au public et aux chercheurs une présentation détaillée de la pensée adventiste :
Les adventistes du septième jour soulignent dès le départ que l'être humain ne peut pas totalement comprendre la réalité de Dieu en raison de sa raison limitée (Psaume 145:3). Dieu est un mystère mais il s'est révélé[7]. La deuxième croyance fondamentale de l'Église adventiste (la trinité) affirme que les êtres humains ne peuvent pas le découvrir s'il ne prend pas l'initiative de se faire connaître :
La première croyance fondamentale adventiste (les Saintes Écritures) indique le moyen par lequel Dieu se fait connaître :
Les adventistes du septième jour adhèrent au principe protestant de Sola Scriptura, considérant la Bible comme la seule règle de foi et de conduite. Ils notent l'existence de plusieurs modes de révélation de Dieu mais ils soulignent la valeur objective et suffisante de la révélation biblique :
Dieu se fait connaître par la révélation générale qu'est la nature, la conscience humaine et l'histoire mais cette révélation est partielle.
Dieu se fait connaître par la révélation spéciale et écrite qu'est la Bible. Alors que la révélation générale est universelle et accessible à tous, la révélation spéciale est adressée à des individus spécifiques chargés de la transmettre.
Selon la théologie adventiste, la Bible est infaillible (exempte d'erreurs doctrinales, essentielles au salut). Mais elle n'est pas inerrante (exempte d'erreurs de détails mineurs, sans importance pour le salut). Dieu a accommodé sa révélation en s'abaissant au niveau de compréhension de l'être humain et en utilisant le langage humain. Il l'a transmise à des porte-paroles humains faillibles et imparfaits.
Les adventistes adhèrent au mode de " l'inspiration par la pensée ", rejetant celui de " l'inspiration verbale " (selon laquelle Dieu dicte les mots de sa Parole écrite aux écrivains bibliques). Selon eux, les mots de la Bible ne sont pas ceux de Dieu mais des écrivains bibliques[10]. Dieu leur inspira des pensées mais ils les exprimèrent avec leurs propres mots et en utilisant des sources à leur disposition (Luc 1:1-3). Alden Thompson remarque que " la Bible ne dit pas que toute l'Écriture fut transmise par révélation ". Les écrivains bibliques combinèrent la révélation ("la parole du Seigneur me parvint", "ainsi parle l'Eternel", "je vis") et la recherche (tirant des informations d'ouvrages qui ne sont pas dans la Bible comme le livre des Annales de Salomon, 1 Rois 11:41, ou les Annales des prophètes Samuel, Nathan et Gad, 1 Chroniques 29:29)[11].
Dieu se fait connaître par la révélation vivante et incarnée qu'est Jésus-Christ, la révélation la plus complète de Dieu.
Selon la théologie adventiste, le but premier de la Bible est de transmettre la connaissance et la volonté de Dieu aux êtres humains. Son thème central est Jésus-Christ. " Le centre et la substance de la révélation spéciale est Jésus-Christ, Dieu en chair humaine[12] ".
Les adventistes du septième jour utilisent la méthode historico-grammaticale d'interprétation de la Bible. Ils soutiennent que la raison joue un rôle crucial pour comprendre la révélation spéciale car la foi s'appuie sur des évidences. « Or la foi, c'est la réalité des choses qu'on espère, l'attestation de choses qu'on ne voit pas » (Hébreux 11:1). Cependant l'usage unique de la raison (le rationalisme), étant elle-même limitée et souvent arbitrairement restreinte au matérialisme (un présupposé sans preuve que la réalité est uniquement matérielle), ne permet pas de connaître Dieu, ni d'appréhender la réalité spirituelle (1 Corinthiens 2:13-14, 1 Corinthiens 1:21)[2].
En 1986, à Rio de Janeiro au Brésil, le concile annuel de l'Église adventiste énonça les principes de la méthode historico-grammaticale dans une déclaration intitulée, Les méthodes d'étude de la Bible, rejetant les présupposés philosophiques de la critique radicale de la Bible :
Cette déclaration affirme qu'il est " impossible à ceux qui voient la Bible comme un livre purement humain de comprendre son message, aussi prudentes et rigoureuses que soient leurs méthodes[2] ".
De 1839 à 1844, William Miller mena un mouvement de réveil interconfessionnel en Nouvelle-Angleterre aux États-Unis. Les millérites étaient membres de diverses confessions chrétiennes mais étaient principalement unis par l'enseignement du retour du Christ. C'était aussi un mouvement de réveil prophétique car ils consacraient un temps considérable à l'étude des prophéties de la Bible relatives au temps de la fin[13].
Les millérites s'intéressèrent relativement peu aux formulations théologiques précises. Les connexionnistes y étaient même fortement opposés. Ils avaient le désir d'étudier la Bible, de chercher et de redécouvrir le sens des Écritures mais ils voulaient éviter de s'enfermer dans des credos définitifs ou des positions doctrinales trop figées. Comme Martin Luther, Miller partageait la conviction que " la vérité est progressive ". Cette recherche incessante du texte biblique permit aux millérites d'acquérir, de leur point de vue, des " nouvelles lumières " (une plus grande compréhension du message de la Bible)[13].
Après le grand désappointement d', le mouvement millérite s'effrita, en partie à cause de son interconfessionnalisme car il n'était pas assez homogène sur le plan doctrinal. À l'inverse, la plus grande préoccupation des premiers adventistes du septième jour fut de s'accorder sur les points de doctrine, avant même de s'organiser en Église. De 1848 à 1850, ils se rassemblèrent au cours des " réunions sur le sabbat et le sanctuaire " pour étudier intensément la Bible. Ils établirent ainsi les premières bases de la théologie de l'Église adventiste du septième jour[14].
« Les influences les plus importantes dans la formation de la théologie adventiste furent le millérisme, les baptistes du septième jour, la connexion chrétienne et le méthodisme[15] ». Au moins la moitié des premiers adventistes étaient des anciens méthodistes, la première confession religieuse aux États-Unis au XIXe siècle[16]. Tous étaient des anciens millérites. Cependant, les adventistes font remonter à plus loin l'influence originelle de leur mouvement, à la Réforme protestante, et jusqu'à l'Église chrétienne primitive, comme le théologien et historien Leroy Froom l'a richement documenté dans les quatre volumes de The Prophetic Faith of Our Fathers. Paradoxalement, c'est en cherchant dans le passé la source du christianisme pour restaurer des anciennes vérités qu'ils sont devenus le mouvement du présent de la fin, soulignant la proximité du retour du Christ[17].
La théologie adventiste est proche de l'évangélisme par son emphase sur l'autorité de la Bible, la conversion personnelle, l'engagement militant, l'étude prophétique et la christologie mais en diffère par son rejet de l'inerrance biblique et par ses doctrines distinctives (plus ou moins selon les confessions évangéliques).
Les premiers adventistes mirent beaucoup d'emphase sur le concept de " vérité présente " (2 Pierre 1:12), ou de " vérité progressive ", soulignant que certaines révélations bibliques, notamment les prophéties, sont contemporaines aux personnes de chaque époque[18]. James White expliqua ce principe de la sorte : " L'Église a toujours eu une vérité présente. La vérité présente pour aujourd'hui est celle qui présente notre devoir actuel[19] ". " La vérité présente est la vérité contemporaine, pas la vérité future. C'est la Parole, comme une lampe qui brille où nous sommes à présent mais qui sur le chemin est moins brillante à distance[20] ". Ellen White indiqua : " La vérité présente, qui est un test pour les gens de cette génération, ne l'était pas pour ceux des générations du passé[21] ". Le préambule des 28 croyances adventistes partage cette conception en soulignant la possibilité d'éventuelles révisions.
Les fondateurs de l'Église adventiste possédaient un concept dynamique de la vérité présente, opposé à la rigidité doctrinale et ouvert à de nouvelles compréhensions de la Bible. Cependant, les possibilités d'un changement de leurs croyances n'étaient pas illimitées. Étudiées avec grande minutie, les doctrines découvertes furent considérées comme étant des " balises ", des " bornes " ou des " piliers " non négociables de la théologie adventiste[3]. Ellen White déclara : " Quand la puissance de Dieu témoigne de ce qui est la vérité, celle-ci demeurera à jamais la vérité. [...] Dieu nous a donné la vérité pour notre temps comme une fondation de notre foi[22] ". D'un autre côté, elle écrivit aussi :
Robert Johnston remarque : " Sans rejeter la direction passée du Seigneur, elle [l'Église adventiste du septième jour] cherche toujours à mieux comprendre ce que cette direction était. Elle est toujours ouverte à de meilleures compréhensions pour chercher et apprendre la vérité, tel un trésor caché. Les adventistes sont toujours des pèlerins dans ce voyage doctrinal. Ils ne rejettent pas les anciennes bornes mais ils ne s'y arrêtent pas non plus[24] ".
Les piliers, les bornes ou les balises de la théologie adventiste sont les doctrines sur le retour du Christ, l'instruction du jugement, l'état des morts, la loi de Dieu, le sabbat, les dons spirituels, la foi de Jésus et le message des trois anges. On appelle la plupart de ces enseignements des " doctrines distinctives " de l'adventisme parce qu'elles sont moins communes aux autres chrétiens. Cependant, selon l'ouvrage, Les adventistes répondent à des questions de doctrine, les adventistes ont un grand nombre de doctrines communes aux autres chrétiens et aux protestants en particulier : Dieu comme Créateur, la trinité, la Bible comme parole inspirée de Dieu, les deux natures de Jésus-Christ, son sacrifice expiatoire, sa résurrection, son ascension, sa médiation dans le sanctuaire céleste, son retour avant les mille ans, la chute de l'homme, le salut par la grâce, la nouvelle naissance, la justification par la foi, la sanctification, la résurrection des justes, le jugement de tous les êtres humains et le témoignage de l'annonce mondiale de l'évangile[25]. Sur ce fait, le théologien anglican Geoffrey Paxton conclut : « Quel que soit ce que nous pouvons penser de telle ou telle " croyance distinctive " adventiste, nous devons reconnaître le mouvement comme étant chrétien[26] ».
Au cours des premières décennies du mouvement, l'attention des premiers théologiens adventistes (Joseph Bates, James White, John N. Andrews, Uriah Smith, Stephen Haskell) se concentra en priorité sur les doctrines distinctives. Accaparés par leurs recherches sur ces sujets, ils eurent tendance à prêter moins attention aux doctrines plus communes aux autres chrétiens. Cette situation changea à partir des années 1880 quand la seconde génération de théologiens adventistes (Ellet Waggoner, Alonzo Jones, William Prescott, Arthur Daniells) réalisa des recherches plus approfondies sur les doctrines chrétiennes communes, écrivant des ouvrages sur la justification par la foi, les deux natures du Christ ou la trinité. Au sommet de sa maturité théologique, Ellen White publia à ce moment-là ses œuvres majeures : Le meilleur chemin, la série du conflit des âges, Une vie meilleure, Paraboles, Ministère de la guérison et Éducation[27].
Entre 1886 et 1907, elle joua un rôle majeur pour maintenir l'unité doctrinale de l'Église adventiste et déjouer les crises successives : la réaction négative momentanée d'une partie de la direction contre le message de la justification par la foi présenté par Ellet Waggoner et Alonzo Jones (1886-1892), le mouvement perfectionniste de la chair sainte (1899-1901) et l'enseignement panthéiste de John Harvey Kellogg (1903-1906)[27].
Vers la fin des années 1920, les adventistes du septième jour démarrèrent le processus de systématisation des doctrines en publiant les croyances fondamentales (1931), insérées dans la première édition du Manuel d'église (1932), ainsi que les vœux de baptême, des œuvres majeures comme le Commentaire adventiste de la Bible et les ouvrages apologétiques de LeRoy Froom et de Francis Nichol[28]. En dépit de leur réticence initiale à formaliser leurs doctrines, ils avancèrent dans cette direction afin de répondre au besoin d'information du public mais aussi parce qu'ils avaient atteint une plus grande maturité théologique dans la compréhension et la formulation de leurs doctrines[27].
À partir des années 1950, l'Église adventiste se dota d'institutions plus sophistiquées dans la recherche biblique, tels que l'Institut de recherche géoscience (1958), le « Séminaire de théologie »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (1937) transféré à l'université Andrews (1960), l'Institut de recherche biblique (1975) et de nombreuses universités à travers le monde. L'apport des historiens, des archéologues, des linguistes et des scientifiques auprès des théologiens se renforça d'autant dans l'étude de la Bible. Plusieurs associations internationales virent le jour, contribuant à la recherche et à la discussion théologique par des revues professionnelles, des ouvrages et des colloques :
Depuis toujours, les adventistes du septième jour poursuivent une recherche permanente d'une meilleure compréhension du message biblique, ouverte aux questions et aux discussions[29]. Le résultat ne se produit pas toujours en douceur. C'est parfois au travers de controverses, telles que sur la loi dans l'épître aux Galates, la trinité, la perfection chrétienne, le panthéisme, l'inerrance, la nature du Christ, l'inspiration ou l'ordination des femmes[27],[30]. Mais au fil du temps, le consensus est sorti du débat. L'unité doctrinale s'est globalement renforcée. Collectivement, la pensée adventiste ne cesse de se préciser et de s'affiner.
Ce processus de croissance intellectuelle crée souvent une tension dynamique entre le changement et la continuité. L'adventisme du septième jour ne prétend jamais être parvenu au sommet de la compréhension biblique, ni d'avoir épuisé le sens du texte biblique[31]. Il y a ce que les adventistes acceptent mondialement comme des sources sûres de leur compréhension biblique, telles qu'elles sont formulées dans les 28 croyances fondamentales]'. Et il y a ce qu'ils continuent à chercher, à approfondir et à élucider, sur lequel l'Église adventiste n'a pas adoptée de position officielle, qui ne remet pas en cause (ou à la marge) les fondements de leurs croyances mais qui pourrait les éclairer davantage ou affiner encore leurs doctrines. Là se manifestent des discussions, des différences de sensibilité (parfois culturelles) et des échanges de points de vue dans les cercles académiques (habituellement perçus comme plus « progressifs ») et parmi les fidèles (habituellement plus « conservateurs »), jusqu'à-ce qu'un consensus mondial se dégage comme fruit du processus collectif de la maturation théologique[32],[33]. Selon Ángel Manuel Rodríguez, le directeur de l'Institut de recherche biblique, la deuxième moitié du XXe siècle a probablement présenté le plus de défis et de productions théologiques prolifiques et fructueuses dans l'adventisme[32].
Malgré son développement progressif, la théologie adventiste n'est pas un assemblage hétéroclite de croyances. Toutes les doctrines adventistes sont liées au grand thème du conflit cosmique entre Christ et Satan. Selon Herbert Douglass, cette vision du monde présente un méta-récit qui englobe toutes les questions que se pose l'humanité :
Ce « drame biblique » révèle « l'unique solution dans tout l'univers par laquelle les humains peuvent comprendre ce monde de bouleversements où règnent la maladie, la violence, les catastrophes et la mort[35] ».
Comme le concile de Nicée en 325, le concile de Constantinople en 381, désigné sous le nom de symbole de Nicée-Constantinople, et le credo d'Athanase vers 430-500, la deuxième croyance fondamentale (la trinité) de l'Église adventiste du septième jour affirme :
Cette compréhension de la trinité fut progressive. Au début du mouvement, les premiers adventistes provenaient d'un large assortiment d'églises protestantes souvent influençées par l'anabaptisme et le restaurationisme. Deux fondateurs de l'Église adventiste du septième jour, Joseph Bates et James White, étaient des anciens membres de l'Église chrétienne (les connexionnistes), un groupe chrétien qui rejetait en partie la doctrine de la trinité. Certains adventistes pensaient que le Saint-Esprit était " une puissance " ou " une influence " divine impersonnelle[36]. Au cours des années 1850, la position de James White évolua sur la nature du Christ. Il affirma son égalité avec Dieu le Père[37].
Ellen White, l'autre fondatrice de l'Église adventiste, était une ancienne méthodiste, une dénomination qui acceptait la doctrine de la trinité. Au cours des années 1870, elle commença à mettre plus d'emphase sur cette doctrine et à bouger l'adventisme de la position majoritaire semi-arienne à la compréhension chrétienne de la trinité, parlant de Dieu en trois personnes (le Père, le Fils et le Saint-Esprit). Elle contribua considérablement à orienter les adventistes vers cette compréhension. Dans les années 1890, des théologiens comme Ellett Wagonner et William Prescott affirmèrent la plénitude de la divinité du Christ et le Saint-Esprit en tant que personne[38]. Vers la fin du XIXe siècle, les adventistes s'accordèrent pour reconnaître que le Saint-Esprit est une personne. Les théologiens LeRoy Froom, William Branson, G. B. Thompson ou Francis Wilcox écrivirent plusieurs ouvrages sur le sujet[39].
Les adventistes du septième jour considèrent les premiers chapitres du livre de la Genèse comme étant une description authentique de l'origine du monde et des débuts de l'humanité. Jusqu'au XIXe siècle, cette compréhension fut celle de l'ensemble du christianisme et de nombreux scientifiques comme Galileo Galilée, Johannes Kepler, Blaise Pascal ou Isaac Newton[40]. Le mot hébreu yôm (jour) dans Genèse 1 désignant une journée de 24 heures, les six jours de la création sont compris au sens littéral[41]. La sixième croyance fondamentale adventiste (la création) déclare notamment :
Les adventistes acceptent le récit biblique des origines par la foi puisqu'il n'est pas observable (mais toutes les théories des origines ne le sont pas non plus). Ils reconnaissent qu'il ne répond pas à toutes les questions[42], même s'ils estiment que la recherche biblique et scientifique contribue à renforcer leur foi dans le pouvoir créateur de Dieu[43] :
Les adventistes observent que l’organisation de l’univers est très pointue par sa finesse de précision. Cependant, en raison de la loi de l'entropie, la matière et l'énergie tendent à se désorganiser avec le temps (et non l'inverse) car elles ne sont pas éternelles. Or tout ce qui a un commencement, ou une singularité, a une cause. Une singularité est un évènement qui se produit une seule fois dans la nature (c'est le cas pour les origines), à la différence d'une régularité, un évènement qui se produit régulièrement[44]. Selon la Bible, une intelligence surnaturelle, c'est-à-dire Dieu (un Esprit immatériel, hors du temps et de l'espace), a créé sans efforts toutes choses ex nihilo (à partir de rien, Psaume 33:9) : la matière de l'univers, le temps et l'espace. « Dieu est Esprit » (Jean 4:24). Étant le Créateur et éternel, il est incréé et sans cause.
Selon les théologiens adventistes, le récit de la création de la Genèse est celui de l'environnement immédiat de la Terre à une période relativement récente, et non celui de l'univers. Ils s'accordent à penser qu'il existe d'autres créatures intelligentes et d'autres mondes habités éloignés, non contaminés par le mal[45],[46].
Sans indiquer une durée précise, l'Institut de recherche géoscience suggère une existence plus ancienne de l'univers, y compris de la Terre qui, avant l'organisation de sa matière, était " informe et vide " (Genèse 1:1-2). Cette position ne doit pas être confondue avec le gap theory (la théorie de l'intervalle actif) qui parle d'évolution sur des millions d'années, car seul l'univers est considéré ici comme étant probablement ancien[48]. Selon la chronologie biblique, l'organisation de l'environnement terrestre et la création des êtres humains sont estimées à au moins plus de 6000 ans. L'existence des fossiles est expliquée par le cataclysme d'un déluge global[49],[50],[51].
Le théologien Jon Paulien souligne que Dieu descend toujours au niveau de compréhension de l'être humain quand il lui adresse un message[52]. La Bible utilise le langage de l'observation visuelle des phénomènes, décrivant un phénomène naturel tel que l'observateur le voit. Par exemple, on dit couramment " le soleil se lève " ou " il se couche ". De telles expressions ne sont pas une explication scientifique du phénomène. Néanmoins, elles décrivent correctement ce que l'observateur terrestre voit.
Contrairement à une idée répandue, la Bible ne parle jamais de fixité des espèces, de géocentrisme ou de Terre plate. Cette dernière est décrite comme un cercle (ou une sphère) :
כב הַיֹּשֵׁב עַל-חוּג הָאָרֶץ, וְיֹשְׁבֶיהָ כַּחֲגָבִים; הַנּוֹטֶה כַדֹּק שָׁמַיִם, וַיִּמְתָּחֵם כָּאֹהֶל לָשָׁבֶת. | 22 C'est Lui qui siège au-dessus du globe de la terre, dont les habitants sont pour lui comme des sauterelles; c'est Lui qui déroule les cieux comme une tenture, qui les déploie comme un pavillon, pour sa résidence. |
Les scientifiques adventistes voient des évidences de micro-évolution (des changements au sein d'une même espèce) mais pas de macro-évolution (le changement d’une espèce à une autre espèce fondamentalement différente)[53]. Une espèce change à un niveau relativement limité[54]. Ils concluent qu'au moyen de la variation génétique et de la sélection naturelle, Dieu prend soin de sa création en dotant les espèces d’une capacité d’adaptation (jusqu’à un certain point) à la diversité des habitats naturels et des conditions climatiques[55]. Cette compréhension de la nature leur paraît cohérente avec la révélation biblique.
Au cours des premières décennies du XXe siècle, George McCready Price, un professeur de géologie, écrivit de nombreux articles et plus de vingt livres défendant le récit de la création génésiaque qui retinrent l'attention des scientifiques et des théologiens du monde entier. Il inspira des jeunes scientifiques adventistes comme Harold Clark et Frank Marsh à écrire et à faire des recherches. Ces chercheurs ne furent pas toujours d'accord entre eux sur la meilleure explication de certaines données scientifiques mais ils contribuèrent à la fondation de l'Institut de recherche géoscience en 1958 et au développement d'une variété de spécialistes adventistes dans les domaines de la science[56].
Les adventistes se sont tenus à l'écart de la controverse médiatique sur la création et l'évolution, déplorant la polarisation suscitée par les polémiques émotionnelles et le manque d'écoute mutuelle[57]. Ils ne militent pas pour l'enseignement de la création à l'école publique.
Les adventistes soulignent que tout appartient à Dieu : l'univers, la terre, ses ressources et les êtres humains :
Cependant, il a confié la gestion de la terre aux humains pour qu'ils en prennent soin (Genèse 1:27-28).
Les adventistes du septième jour enseignent que le septième jour de la semaine, le samedi, institué à la création, est le sabbat biblique que Dieu a " mis à part dans le but élevé d'enrichir la relation divino-humaine[58] ". Il donna lui-même l'exemple en se reposant ce jour-là. Le mot sabbat signifie " le jour du repos ".
Les adventistes soulignent que le sabbat n'est pas une institution juive puisqu'il a été établi à la création. Son principe est universel, et non limité à un peuple ou à une religion en particulier[59]. Ils constatent la récurrence du sabbat dans la Bible, mentionné dans le récit de la création, rappelé dans les dix commandements au Sinaï et mais aussi observé par Jésus-Christ, le Seigneur du sabbat (Luc 4:16 Marc 2:27-28), et par les apôtres (Actes 17:1-3). Ils enseignent que le sabbat est un mémorial hebdomadaire de la création et un symbole de rédemption. En l'observant, ils se rappellent que Dieu les sanctifie, comme il a sanctifié le sabbat. Ils lui montrent leur loyauté en gardant le quatrième commandement du décalogue[60].
Les adventistes du septième jour observent le sabbat du vendredi au coucher du Soleil au samedi au coucher du Soleil. C'est un temps consacré à Dieu, où ils cessent leurs activités afin de célébrer les œuvres de Dieu (la création, le salut et la seconde venue en gloire de Jésus-Christ), d'accroître la relation familiale et les relations sociales au sein de l'Église[60]. Dans la Bible, le sabbat est appelé le « jour de délices » (Ésaïe 58:13-14), le « jour de célébration » (Psaume 92:1), le « jour pour faire du bien » (Luc 6:7-10). Sakae Kubo l'explique ainsi : « Le sabbat, nous cessons nos propres œuvres. Dieu nous invite à nous détourner de nous-mêmes et de nos œuvres pour nous tourner vers lui et ses œuvres[61]. » Geoffrey Paxton remarque : " On dit parfois que les adventistes du septième jour essaient d'obtenir le salut par l'observation du sabbat. Mais dans mes contacts avec eux, je n'ai jamais entendu cela. Ils ne croient pas être acceptés par Dieu par l'observation du sabbat, pas plus qu'ils croient qu'il les accepte parce qu'ils pratiquent la monogamie[26]".
Les adventistes enseignent que le sabbat n'est pas un simple jour chômé mais un jour de repos, un temps sacré désigné pour la croissance spirituelle des croyants. Son observation ne sauve pas mais c'est un signe de loyauté envers Dieu car aucune évidence biblique indique un changement du jour de repos, passant du sabbat au dimanche. Le livre de Samuele Bacchiocchi, Du sabbat au dimanche, attira une grande attention dans les milieux universitaires. Il montra que le dimanche devint progressivement un jour de repos à Rome parce que les chrétiens cherchèrent à se démarquer des juifs aux yeux des autorités[62]. Ce changement fut universellement décrété par l'édit de l'empereur Constantin en 321 et par le subséquent canon 29 du concile de Laodicée vers 364, déclarant que les chrétiens ne doivent pas travailler le dimanche. Néanmoins à travers les siècles, divers groupes chrétiens ou non chrétiens observèrent le sabbat partout dans le monde[63].
Les adventistes présentent plusieurs arguments théologiques sur la pratique du sabbat :
Vendredi | Samedi | Dimanche | |
---|---|---|---|
Terme populaire | Vendredi saint | Dimanche de Pâques | |
Évènement | Mort de Jésus | Jésus dans la tombe | Résurrection de Jésus |
Terme biblique | Le jour de la préparation (du sabbat) | Le sabbat | Le premier jour de la semaine |
Référence biblique | Luc 23:50-56 | Matthieu 27:62-66 | Marc 16:1-2 Luc 24:1-8 |
Jour biblique | 6e jour | 7e jour | 1er jour |
Les adventistes du septième jour enseignent que peu avant l'organisation de la matière terrestre, un conflit éclata au ciel entre Dieu et Lucifer (Satan) au sujet du caractère de Dieu, de sa loi morale et de sa souveraineté sur l'univers. Lucifer fut chassé du ciel et entraîna Adam et Eve, les premiers humains, dans sa révolte. Dieu le laissa poursuivre sa rébellion sur la Terre afin d'exposer sa fourberie, dévoiler le contraste entre le bien et le mal, et démontrer à toutes ses créatures intelligentes que sa loi est juste et nécessaire à l'harmonie de l'univers. La transgression des commandements de Dieu produit un effondrement moral[66].
La doctrine de la lutte entre Dieu et Satan fait partie d'une longue tradition judéo-chrétienne. Joseph Bates fut le premier théologien adventiste à l'évoquer dans le contexte du temps de la fin mais Ellen White la développa considérablement en une apologie de l'amour de Dieu. Le point essentiel de cet enseignement est que de par sa vraie nature, « Dieu est amour » (1 Jean 4:16). Il veut être adoré uniquement par amour, non par contrainte ou par peur :
Dans le cadre du conflit entre Dieu et Satan, les adventistes identifient l'archange Michel de Jude 9 comme étant Jésus-Christ :
Le mot "ange" ne désigne pas seulement un être céleste. Il vient du mot grec ἄγγελος (ángelos) qui signifie "messager". Michel est considéré comme le chef des anges ("arch" veut dire "chef" ou "prince"), leur communiquant des messages de Dieu mais il n'est pas un ange lui-même. Il a la plénitude de la divinité, n'étant pas moins divin que Dieu le Père. Michel est donc un des nombreux titres de Jésus, Dieu le Fils[68],[69]. C'est le même « Michel, le grand chef » de Daniel 12:1 qui triomphera de Satan à la fin du conflit.
Les premiers adventistes (comme Uriah Smith) et certains millérites (George Storrs) eurent tendance à placer moins d'emphase sur la nature humaine corrompue, héritée de la faute d'Adam, pour se focaliser davantage sur les péchés personnels commis par l'individu. Ils pensaient à la " nature pécheresse " en termes de mortalité physique plutôt que de dépravité morale. Plus tard, les adventistes adoptèrent une compréhension chrétienne plus traditionnelle : l'humanité est séparée de Dieu et possède une nature inhérente corrompue. Le péché originel est donc l'état dans lequel tous les êtres humains naissent et auquel ils ne peuvent échapper sans la grâce de Dieu. Selon le théologien Edward Heppenstall, " le péché originel n'est pas mal agir per se mais mal être[70] ". La nature humaine sera changée uniquement au retour du Christ. Les sauvés hériteront alors d'une nature sans péché (sans aucune tendance, affection ou désir pour le mal).
Les adventistes observent que face à la mort et la souffrance, toutes les poursuites humaines (le pouvoir, la célébrité, la richesse, le bonheur) sont éphémères, dérisoires et ultimement absurdes (Ecclésiaste 1.14). De plus, toutes les solutions humaines pour établir la justice et la paix universelle butent sur l'égoïsme, l'orgueil, la cupidité, la jalousie, la convoitise et la violence inhérents aux êtres humains. Ceux-ci ne peuvent pas échapper à leur sort, ni aux déceptions de l'existence terrestre[71]. La mort les conduit au néant, à la disparition totale. Certaines philosophies comme le nihilisme ou l'existentialisme parviennent à cette même conclusion. Certaines religions comme le bouddhisme se formèrent à partir d'un constat presque identique.
Les adventistes concluent que Dieu seul fournit un sens à l'existence. Il est la seule valeur absolue, durable et satisfaisante. Il est éternel, omnipotent et immuable (Malachie 3:6). Lui seul peut éliminer le mal, la souffrance et la mort. En mettant en œuvre le plan du salut, il n'a pas abandonné les êtres humains à leur triste sort. De ce fait, la théologie adventiste est résolument optimiste et portée sur l'espérance d'un monde nouveau :
Ellen White écrivit : « Nous avons cet espoir qui passe loin au-dessus des trésors de la terre : saisir l’héritage éternel, les trésors durables, incorruptibles, non souillés, indestructibles[72] ».
La doctrine du retour du Christ catalyse de nombreux aspects de la théologie adventiste. Elle présente la fin de la grande controverse sur la Terre entre Jésus-Christ et Satan, la fin des malheurs de l'humanité. Elle apporte du sens et une identité aux adventistes du septième jour. Elle est à l'origine du mouvement et constitue sa raison d'être. Elle lui a donné son nom, du latin adventus qui signifie « arrivée », « venue », « avènement ». Elle est liée à de nombreuses doctrines adventistes. Sans elle, elles sont moins compréhensibles[3].
Dans l'Ancien Testament, la prédiction de cette venue de Jésus apparaît déjà par l'expression, " le jour du Seigneur " (Sophonie 1:14). Dans le Nouveau Testament, la parousie est très clairement explicite, le mot grec παρουσία (parousia) signifiant " l'arrivée " ou " la venue ". Littéralement, la liaison des mots para (avec) et ousia (être) dénote à la fois " une arrivée " et sa conséquence, " la présence " (de celui qui vient). Par exemple, l'apôtre Paul parle de sa parousia (de sa venue, et donc de sa présence) à Philippes, une ville de la province romaine de Macédoine, en contraste avec son apousia (son absence, Philippiens 2:12).
Selon cette doctrine, Jésus-Christ reviendra personnellement pour prendre avec lui les croyants. Sa venue sera visible, audible, glorieuse, triomphante, universelle, soudaine et cataclysmique (2 Pierre 3:10) :
Dans son discours eschatologique sur le mont des Oliviers, en face de Jérusalem, Jésus-Christ présenta les signes des temps, signalant l'imminence de son avènement : la fréquence et la montée en intensité des désastres naturels, des grandes famines, des guerres meurtrières, des menaces sérieuses de conflits, des prodiges des faux christs et des faux prophètes, et de la dégradation morale (Matthieu 24:1-14).
L'attente du retour du Christ ne se caractérise pas par le pessimisme, l'immobilisme et le désintérêt de la situation du monde. Cette espérance est au contraire active[73]. Les adventistes ressentent une responsabilité et une obligation morale de se préparer spirituellement à la parousie, de répandre la nouvelle, de se mettre au service de l'humanité et de respecter l'environnement (Matthieu 24:42-46), d'où leur forte implication dans l'éducation, la prévention sanitaire, la médecine, l'humanitaire et la liberté religieuse.
Les adventistes du septième jour affirment l'historicité de Jésus-Christ et l'authenticité des récits des quatre évangiles sur sa vie (Luc 1:1-4). Ils enseignent qu'il fut " le saint enfant ", né du Saint-Esprit et de la vierge Marie (Luc 1:34-35). Ils soulignent plusieurs types d'évidences :
Quelques prophéties messianiques
Evênements de la vie du Messie | Prédictions | Accomplissements |
---|---|---|
Une jeune fille vierge est enceinte du Messie[77] | Esaïe 7.14 | Matthieu 1:20-23 |
Il naît à Bethléhem | Michée 5:2 | Matthieu 2:6 |
On complôte de le tuer à sa naissance | Jérémie 31:15 | Matthieu 2:13-18 |
Son enfance se déroule en Égypte | Osée 11:1 | Matthieu 2:13-15 |
Un prophète (Jean le Baptiste) lui prépare la voie | Esaïe 40:3 | Matthieu 3:3 |
Il est monté sur une ânon | Zacharie 9:9 | Matthieu 21:1-9 |
Il est trahi pour trente pièces d’argent | Zacharie 11:12-13 | Matthieu 26:14-16, 27:1-10 |
Ses mains et ses pieds sont percés | Psaume 22:15-16 | Jean 19:25-27 |
Il meurt à cause des péchés de l'humanité | Esaïe 53 | Luc 23:33-47 |
Aucun de ses os n'est brisé | Psaume 34:21 | Jean 19:31-36 |
Il est enseveli dans le tombeau d’un riche | Esaïe 53:9 | Matthieu 27:57-60 |
Il est ressuscité | Psaume 16:10-11 | Matthieu 28:1-10 |
Jésus lui-même a clairement indiqué qu'il était le Messie (ou le Christ) et que sa mission était de sauver l'humanité. Les apôtres possédait cette conviction :
Les adventistes du septième jour soutiennent que la résurrection de Jésus-Christ est un fait historique. Ils s'appuient sur plusieurs évidences, confirmant sa mort et sa résurrection.
Quand Jésus expira à la croix, un soldat romain perça son corps d'une lance pour vérifier qu'il était mort. Il en sortit de l'eau et du sang (Jean 19:31-34). Selon Dr. Alexander Metherell, Jésus aurait subi un choc hypovolémique, causant une rapide accélération cardiaque qui contribua à une rupture du cœur. (Habituellement, les crucifiés mouraient d'asphyxie). Un fluide se logea dans une membrane autour du cœur (l'effusion péri-cardiale), ainsi qu'un autre fluide autour des poumons (l'effusion pleurale). Apparemment, la lance traversa le poumon droit et le cœur. Quand le soldat la retira, un fluide clair comme de l'eau se déversa, puis une grande quantité de sang[78].
À l'encontre de ce fait, une hypothèse (la théorie de la syncope) soutient que Jésus n'était pas réellement mort, étant dans le coma quand on le descendit de la croix. Dans le tombeau, il aurait repris reconnaissance, déroulé environ 50 kilogrammes de bandelettes et roulé la pierre d'une tonne qui fermait l'entrée de la tombe. Puis sur la pointe des pieds, il se serait faufilé à l'écart de la garde romaine endormie. Après s'être caché, il se serait présenté à ses disciples et les aurait convaincus de sa résurrection[74].
Les théologiens adventistes rejettent cette théorie. Comment Jésus aurait-il survécu aux blessures de deux séries de 39 flagellations, de la crucifixion et de son côté percé par la lance ? Il avait perdu beaucoup de sang. Les soldats romains s'assuraient toujours que les crucifiés étaient morts, qui de toute façon ne survivaient jamais à leurs blessures. Et comment, en admettant que Jésus soit resté en vie, qu'un homme extrêmement affaibli se serait défait des bandelettes et roulé la pierre massive du tombeau[74] ?
Les adventistes observent que les apôtres n'étaient pas des gens délurés, ni particulièrement crédules. Thomas, Pierre, et les Douze en général, étaient fameusement réticents à croire aux miracles. Ils furent ouvertement incrédules quand les femmes rapportèrent que le Christ était ressuscité (Luc 24:9-12, Jean 20:19-29). Mais il y a le fait réel, non contesté par les chefs religieux juifs et les autorités romaines de Jérusalem, que la tombe était vide. Une autre hypothèse, selon laquelle les apôtres auraient enlevés et cachés le corps de Jésus est improbable. S'étant enfuis lors de son arrestation à Gethsémani, ils étaient trop apeurés et en état de choc pour braver la garde musclée de soldats romains devant le tombeau afin de dérober le corps de Jésus. La garde romaine n'aurait pas commis non plus la lourde erreur de s'endormir. C'eût été l'exécution assurée[78].
Les adventistes rejettent l'hypothèse que les apôtres se soient inspirés d'une mythologie étrangère pour inventer l’histoire de la résurrection. Avant la fin du IIe siècle, il n'existe aucune croyance connue de divinité des religions à mystère qui meure et ressuscite[79]. L'hypothèse d'hallucinations collectives des chrétiens est également difficilement recevable. L'apôtre Paul rapporte qu'après la résurrection, le Christ apparut à plus de 500 personnes :
Selon les penseurs adventistes, il est invraisemblable que plus de 500 personnes puissent en même temps halluciner, ou qu'ils aient vu un fantôme (un esprit désincarné)[74]. Dans le Nouveau Testament, le mot grec ἀνάστασις (anastasis) pour « résurrection » désigne la résurrection d'un corps, jamais la libération de l'esprit d'un cadavre[80].
Pour la théologie adventiste, la résurrection de Jésus-Christ est un fait fondamental de la foi chrétienne, autant célébrée que sa mort salvatrice. C'est elle qui explique la transformation d'hommes craintifs en propagateurs courageux dans tout l'Empire romain. L'apôtre Jean affirma sa véracité (Jean 21:24). Selon l'apôtre Paul, on ne soulignera jamais assez son importance car un Sauveur mort ne serait d'aucune utilité :
Les adventistes du septième jour sont en accord avec le concile de Chalcédoine en 451 qui indique que Jésus-Christ est une seule personne " en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation ", né du Saint-Esprit et de la vierge Marie. Cette christologie affirme qu'il est pleinement Dieu (éternel) et pleinement homme. Ils l'adorent en tant que Créateur, Sauveur, Seigneur du sabbat, Grand Prêtre et Roi qui revient bientôt.
Cette compréhension fut progressive. Au début du mouvement, une majorité d'adventistes acceptait une forme d'arianisme. Ils ne contestaient pas la divinité de Jésus-Christ, son droit d'être appelé Dieu et d'être adoré mais ils croyaient qu'en tant que Fils de Dieu, il avait eu un commencement, et qu'il était égal à Dieu le Père selon le bon plaisir de celui-ci[81].
À partir de 1888, Ellet Waggoner insista sur l'importance de l'incarnation de Jésus, comme étant " Dieu en chair humaine ", pour le salut des êtres humains et comme modèle de vie chrétienne, ayant vécu sur la terre sans commettre de péché (Hébreux 4:14-15).
Ellen White adopta la même position que ce dernier, elle appuya d'ailleurs ce message. Elle souligna que Jésus était en tous points semblable aux êtres humains. Il est un exemple pour eux par sa vie sainte : sa nature pécheresse étant victorieuse du péché, et ce en ayant été tenté en toute chose. La tendance naturelle au péché dont hérite chaque homme, fut aussi celle de Christ incarné. Malgré celle-ci, Jésus vécu sur terre sans commettre de péché, ce par l'obéissance et la soumission complète à la volonté de Dieu :
Dans les années 1890, et au-delà, William Prescott devint le plus grand expositeur adventiste sur la divinité éternelle du Christ et les aspects variés de son ministère. Son influence fut si déterminante sur la christologie de l'Église adventiste qu'elle publia en 1920 l'ensemble de ses recherches en deux volumes intitulés, The Doctrine of Christ[85]. En 1931, cette compréhension fut formulée dans les croyances fondamentales adventistes.
Au sujet de la nature humaine du Christ, l'évolution de la compréhension des adventistes fut plus lente et plus discutée. Les premiers adventistes pensaient que durant son incarnation, Jésus hérita de la nature déchue d'Adam après la Chute (le post-lapsarisme), transmise à toute l'humanité. En dépit de cela, il résista à toutes les tentations, prouvant qu'il était possible de vivre sans péché. Millian Andreasen fut le plus grand défenseur de cette position[86].
À partir du milieu du XXe siècle, la plupart des théologiens adventistes adoptèrent une position plus traditionnelle et nuancée. En 1957, le livre Les adventistes répondent à des questions de doctrine affirma que Jésus-Christ est unique en ce qu'il possédait la même nature qu'Adam avant la Chute. Il n'avait aucune tendance au péché. Ceci ne signifie pas qu'il n'était pas pleinement humain, ni qu'il ne fut pas exposé à des tentations réelles. Il demeure toujours un exemple de vie chrétienne. Ils acceptèrent néanmoins un élément post-lapsarien : Jésus-Christ hérita d'Adam une nature humaine plus affaiblie physiquement. Par rapport à Adam, c'était un désavantage. Mais là où Adam échoua, Jésus-Christ réussit[87]. Il ne céda jamais aux tentations. Leroy Froom, Edward Heppenstall, Hans LaRondelle, Raoul Dederen, Angel Rodriguez ou Norman Gulley ont été les plus grands expositeurs de cette compréhension (le pré-lapsarisme).
De par leur compréhension des enjeux de la grande controverse entre Christ et Satan et de la nature juste et aimante de Dieu, les adventistes du septième jour suivent la tradition méthodiste, elle-même une expression de l'arminianisme[88],[89], sur deux points essentiels : la doctrine du salut et la liberté de choix de chaque individu.
Premièrement, les adventistes enseignent que l'être humain est sauvé uniquement par la grâce de Dieu (sola gratia), obtenu par le sacrifice expiatoire du Christ à la croix, car personne ne peut acheter le salut ou se sauver par ses œuvres et son observation de la loi morale. Par conséquent, les adventistes ne croient pas que les applications pratiques de leur foi comme l'observation du sabbat, le mode de vie sanitaire ou les actes de charité sauvent en aucune façon. La grâce de Dieu est totalement imméritée :
En 1980, l'Église adventiste du septième jour a publié deux textes importants sur la doctrine du salut : les Croyances fondamentales[4] et un document d'étude préparé par l'institut de recherche biblique, intitulé Les dynamiques du salut[90]. La dixième déclaration des croyances fondamentales (l'expérience du salut) indique :
Les adventistes enseignent que l'individu qui se repent sincèrement de sa rébellion contre Dieu et de ses péchés reçoit instantanément le pardon de Dieu. Ce pardon est absolument gratuit, total et inconditionnel. Dieu lui pardonne ses péchés, quels que soient leur nombre ou l'ampleur de leurs conséquences[91]. Sa culpabilité est enlevée. Il ressent alors la paix de Dieu, la joie de le connaître et l'assurance du salut[90].
Comme John Wesley, les adventistes affirment que la sanctification est une conséquence inévitable du salut par la grâce. Cette emphase sur la transformation intérieure par la puissance du Saint-Esprit et sur l'obéissance aux commandements de Dieu ne s'écarte pas du principe de la Réforme protestante de sola fide (la foi seule) car leurs buts sont différents. La grâce de Dieu est la seule cause du salut ; l'obéissance à Dieu en est la conséquence[92].
Deuxièmement, la théologie adventiste met beaucoup d'emphase sur la liberté de choix. Elle enseigne que l'être humain a été créé à l’image de Dieu (certes altérée par le péché), c'est-à-dire avec la liberté de choix, de conscience et de réflexion (Genèse 1 :26). Chaque individu est libre d'accepter ou de rejeter l'offre de Dieu du salut. La préscience de Dieu est passive sur ce point : il ne détermine pas les décisions individuelles. Voulant être adoré uniquement par amour, il ne force personne à croire, à l'adorer et à vivre selon ses instructions. Le chrétien vit dans l'assurance du salut et du pardon de Dieu, il persévère dans son expérience chrétienne par la puissance du Saint-Esprit, mais en raison de sa liberté, il peut abandonner la foi, ou décider après d'y revenir.
Les adventistes observent : « Dieu aurait pu empêcher l'existence du péché en créant un univers de robots pour faire seulement ce pour lequel ils sont programmés. Mais l'amour de Dieu réclame qu'il crée des êtres qui peuvent répondre librement à son amour. Une telle réponse est possible uniquement s'ils ont le pouvoir de choisir[93]. » « Chaque homme est libre de choisir ou de rejeter l'offre du salut à travers le Christ. Nous ne croyons pas que Dieu a prédestiné que certains hommes soient sauvés et que d'autres soient perdus[94]. »
Depuis le début de leur mouvement, les adventistes du septième jour ont défendu le droit inaliénable des individus d’être libres de leurs convictions. Ils soutiennent le principe de la liberté de conscience, de culte et de conviction dans le respect de l’ordre public et de la dignité de la personne, et la séparation de l'Église et l'État. Ellen White a déclaré qu'on ne doit pas légiférer la relation entre Dieu et les êtres humains, étant contraire à la nature d’un Dieu juste et aimant qui respecte la liberté de choix de ses créatures[95]. Son royaume n'est pas terrestre (Jean 18 :36). Sa loi morale est inscrite dans la conscience du croyant (Ezéchiel 36:27) et même—partiellement—dans celle de celui qui ne le connaît pas (Romains 2 :14-15).
Les adventistes sont engagés dans la défense des droits de l'homme, incluant la liberté de religion ou de conviction pour tous partout dans le monde, chrétiens et non chrétiens, croyants et incroyants, par l'activisme d'associations comme IRLA, NARLA ou AIDLR.
Comme les baptistes, les adventistes du septième jour pratiquent le baptême uniquement par immersion totale. Ils soutiennent qu'il nécessite un choix conscient et une responsabilité morale. Par conséquent, ils ne baptisent pas les nouveau-nés et les enfants. Au lieu de cela, un bébé est présenté devant Dieu au cours d'un service symbolique de consécration. Un pasteur ou un ancien de la congrégation locale encourage les parents à élever l'enfant dans l'amour de Dieu et prie avec eux, demandant à Dieu de leur accorder de la sagesse dans son éducation. La congrégation locale s'associe à la joie des parents, remerciant Dieu pour cette naissance.
Le mot « baptême » vient du mot grec βαπτίζω (baptizó) qui signifie « plonger, immerger ». Selon les adventistes, c'est ainsi que le Christ fut baptisé pour servir d'exemple aux croyants. " Aussitôt baptisé, Jésus remonta de l'eau " (Matthieu 3:16). Jean le Baptiste baptisait dans les eaux des fleuves comme le Jourdain ou l'Enon, " parce qu'il y avait beaucoup d'eau " (Jean 3:23).
Selon la théologie adventiste, le baptême est le symbole de la mort au péché et de la résurrection à une nouvelle vie en Christ (Romains 6:3-10). Le néophyte est plongé dans l'eau en signe d'ensevelissement du " vieil homme " (dirigé par le péché) et remonte à la surface comme un " homme nouveau " (dirigé par Dieu). C'est une nouvelle naissance spirituelle (Jean 3:1-8). Le baptême est simultanément d'eau et d'Esprit, résultant de la repentance du néophyte qui reçoit alors la puissance du Saint-Esprit pour mener une vie chrétienne épanouissante et victorieuse :
Aux débuts du christianisme, les baptêmes avaient lieu en plein air, dans les cours d'eau, les points d'eau, les lacs ou à la mer (Actes 8:34-39). Apparaissant à la même période que les basiliques, les premiers baptistères, comme le baptistère Saint-Jean à Poitiers, datent du IVe siècle[96],[97]. Ils contenaient un bassin (ressemblant à une piscine) souvent creusé dans le sol, en général octogonal[98], avec des escaliers, dans lequel on immergeait totalement un adulte[99]. Au Ve siècle, les bassins baptismaux furent réduits en surface ou en profondeur[100],[101],[102]. Jusqu'au XIIe siècle, certains tableaux sur le baptême de Jésus le montrent debout dans le Jourdain, souvent nu ou buste nu[103], l'eau lui arrivant aux hanches, ou à la poitrine et même jusqu'au cou[104],[105],[106].
Les adventistes remarquent que de nombreux Pères de l'Église comme Origène, Jean Chrysostome, Tertullien, Basile de Césarée, Grégoire de Nazianze, Ambroise de Milan, Augustin d'Hippone, Cyrille de Jérusalem, Jérôme de Stridon ou Eusèbe de Césarée furent baptisés par immersion à l'âge adulte (à 30 ans ou davantage), bien qu'ils grandirent dans des familles chrétiennes[107]. Certains écrivirent des instructions pour les catéchumènes mais, comme la Didaché (le plus ancien manuel chrétien de prescriptions disciplinaires), ils ne mentionnèrent jamais le baptême des enfants. Tertullien écrivit : « On ne naît pas chrétien, on le devient[108] ». Sur la base des évidences archéologiques, George Rice conclut que l'immersion était le mode de baptême habituel des dix ou quatorze premiers siècles du christianisme[109].
Les adventistes ont repris les conclusions des réformateurs protestants comme Martin Luther, Jean Calvin ou John Wesley qui reconnurent la validité du baptême par immersion (un pléonasme en soi)[110], des anabaptistes (signifiant " les rebaptiseurs " parce qu'ils se faisaient baptiser à l'âge adulte) et d'autres chrétiens[111] qui insistaient sur l'importance de la repentance et de l'engagement avec Dieu dans l'administration du baptême. Dès le début du mouvement, ils ont pratiqué le baptême par immersion.
Les adventistes considèrent le baptême comme étant la confession publique du converti de son engagement avec Christ. C'est une condition pour devenir membre de l'Église adventiste du septième jour. Le candidat le reçoit seulement après avoir suivi des études bibliques. Être baptisé ne sauve pas mais par cet acte public, une personne manifeste sa repentance et son désir de mener une vie transformée par la puissance du Saint-Esprit. Dans les cas extrêmes d'incapacité à se mouvoir (maladie, handicap) pour être baptisée, une personne peut accepter Christ comme son Sauveur personnel et devenir membre de l'Église adventiste du septième jour par profession de foi.
Comme le réformateur protestant, Ulrich Zwingli, les adventistes du septième jour enseignent que le pain et le vin (jus de raisin) du « repas du Seigneur » sont des symboles du corps et du sang du Christ. À l'instar de la confession de foi de Westminster de 1647 de l'Église d'Écosse, ils soulignent que ce service n'est pas un sacrifice mais seulement une commémoration[113]. Cependant selon la seizième croyance fondamentale (la sainte cène), " le Christ est présent pour rencontrer son peuple et le fortifier " durant cette expérience[4]. Comme il l'a enseigné, les adventistes pratiquent le " service d'humilité " du lavement des pieds avant de partager les emblèmes au cours de la sainte-cène (Jean 13:1-15).
Selon la théologie adventiste, le service de communion est un mémorial de la crucifixion et de la résurrection du Christ, et une promesse de son retour.
Les théologiens adventistes observent qu'aux premiers temps du christianisme, le repas du Seigneur était célébrée en conjonction avec l'agape (la " fête de l'amour "), un repas fraternel au bénéfice des pauvres (1 Corinthiens 11:20-22). Des abus conduisirent à cesser la pratique vers le milieu du IIIe siècle : le service de communion fut alors séparé du repas fraternel. Durant le Ier siècle, le pain et le vin étaient considérés comme des symboles[114].
L'Église adventiste du septième jour célèbre habituellement la cène une fois par trimestre pour éviter de tomber dans la routine et la formalité. Les adventistes pratiquent la « communion ouverte » aux autres chrétiens. Ellen White indiqua que « l'exemple du Christ interdit l'exclusivité au repas du Seigneur », à moins d'un péché ouvertement pratiqué[115].
Selon les adventistes, les services du baptême et de la communion sont aux chrétiens ce que la circoncision et la Pâque furent pour les hébreux. Comme la circoncision, le baptême est le signe d'entrée et d'appartenance à la communauté des croyants. Et de même que la Pâque était un mémorial de la délivrance de l'esclavage en Égypte, le repas du Seigneur est un mémorial de la délivrance du péché à la croix (le salut).
Selon la dix-neuvième croyance fondamentale (la loi de Dieu) de l'Église adventiste, « les grands principes de la loi de Dieu sont contenus dans les dix commandements » et sont « impératifs pour tous les hommes de tous les temps[4] ». Les lois cérémonielles et les sacrifices de l'Ancien Testament ont été accomplis par la mort de Jésus-Christ mais les principes de la loi morale demeurent valables éternellement et universellement. Les mots de Jésus-Christ sont le fondement de cette conviction :
Les dix commandements, écrites sur les deux tables transmises à Moïse (Exode 31:18), démarrent par la négation, « tu ne [feras] pas... » (pour des raisons de concision favorisant la mémorisation), mais leurs préceptes sont intrinsèquement positifs. Ils sont le transcrit du caractère de Dieu, contenant des principes éternels résumés par deux lois générales : l'amour pour Dieu (les quatre premiers commandements sur la première table) et l'amour pour le prochain (les six derniers commandements sur la deuxième table).
Les dix commandements | Principes | |
---|---|---|
1 | Tu n'auras pas d'autres dieux devant moi. | Adorer Dieu seul |
2 | Tu ne te feras pas d'idole... Tu ne te prosterneras pas devant de telles idoles et tu ne leur rendras pas de culte... | Adorer Dieu spirituellement |
3 | Tu n'utiliseras pas le nom de l'Éternel ton Dieu pour tromper... | Respecter la réputation de Dieu |
4 | Souviens toi du sabbat, pour en faire un jour sacré... | Adorer Dieu durant son temps sacré |
5 | Honore ton père et ta mère... | Respecter ses parents |
6 | Tu ne commettras pas de meurtre. | Respecter la vie humaine |
7 | Tu ne commettras pas d'adultère. | Respecter le mariage et la famille |
8 | Tu ne commettras pas de vol. | Respecter le bien d'autrui |
9 | Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. | Respecter la réputation d'autrui |
10 | Tu ne convoiteras pas... | Garder ses pensées pures |
Les adventistes du septième jour soulignent que le but de la loi morale n'est pas de sauver mais de révéler la connaissance du péché. Elle indique à l'être humain sa condition de pécheur devant Dieu. Elle le convainc de rébellion et de sa transgression. Elle lui montre son besoin d'un Sauveur et de la grâce de Dieu. En 1855, James White écrivit sans aucune trace d'ambiguïté : « Que cela soit clairement compris. Il n’y a pas de salut dans la loi, c’est-à-dire qu’elle n’a pas de qualité salvatrice[116] ».
Cette compréhension du rôle de la loi morale n'efface pas cependant la permanence de ses principes. La grâce de Dieu ne l'annule pas. Jésus-Christ ne l'a pas éliminé mais l'a parfaitement accompli. Il a payé le prix de sa transgression à la place des transgresseurs. À la croix, il a été « fait péché » (Ésaïe 53:3-6), mourant à leur place pour satisfaire la sentence de la loi de Dieu. Selon la théologie adventiste, il est impossible au croyant d'être sauvé par ses œuvres et par l'observation de la loi morale (le légalisme). Mais cela ne signifie pas une vie chrétienne contraire aux principes éternels du bien et de la loi de Dieu (l'antinomisme).
Les théologiens adventistes observent que des pères de l'Église comme Irénée de Lyon, Clément d'Alexandrie, Origène et Augustin d'Hippone, ainsi que des réformateurs protestants comme John Wesley[117] ont affirmé que la loi morale est éternelle, qu'elle n'a pas été abolie et que son observation ne s'oppose pas à la grâce de Dieu[118]. Ulrich Zwingli indiqua que la loi est « une manifestation de la volonté de Dieu, et comme la volonté de Dieu, elle est éternelle[119] ».
Dans son organisation ecclésiale, l'Église adventiste du septième jour s'est inspirée du modèle de l'Église chrétienne primitive, mais aussi des méthodistes et des presbytériens. Elle affirme que Jésus-Christ est le seul chef de l'Église :
Le mot « église » vient du mot grec ἐκκλησία (ekklesia) qui signifie littéralement " appelés hors de " ou " assemblée ". À ce titre, elle est " la communauté des croyants ". Elle a été fondée par Jésus-Christ lui-même. D'après le Nouveau Testament, les apôtres (les Douze et leurs associés) furent des missionnaires itinérants qui allèrent de lieu en lieu et fondèrent des communautés chrétiennes. Une congrégation locale était dirigée par un ancien (ou plusieurs), appelé presbyteros (le dirigeant d'âge mûr) ou episcopos (le conducteur, l'évêque) et assisté par un diakonos (diacre) ou plusieurs. Selon les évidences bibliques et archéologiques, des chrétiennes occupèrent des rôles de direction à l'anciennat et au diaconat jusqu'au IIIe siècle, d'autant plus que les chrétiens se réunissaient dans les maisons—jusqu'au IVe siècle[120]. Romains 16:7 mentionne aussi un couple d'apôtres, Andronicus et sa femme Junia[121].
L'organisation adventiste s'est au départ largement inspirée de ce modèle. Jusqu'aux années 1920, les pasteurs adventistes furent essentiellement des évangélistes (des professionnels de l'évangélisation) et des missionnaires itinérants comme les circuit riders méthodistes, laissant aux anciens la charge du soutien pastoral des congrégations locales. Puis deux formes de ministère se sont établies en fonction des secteurs du monde. Dans les pays du Nord, la plupart des pasteurs s'occupent d'une église locale. Dans les pays du Sud, la plupart des pasteurs supervisent plusieurs églises locales[122].
L'Église adventiste du septième jour est démocratique dans ses processus de décision. Tous les membres baptisés participent aux décisions de leur congrégation locale. Un système de représentation proche du système ecclésial presbytérien permet aux délégations des églises locales de s'impliquer dans les décisions de leur Fédération (ou Mission) par la discussion et le vote. Au niveau mondial, toutes les Unions adventistes sont représentées au concile annuel de la Conférence générale (la direction mondiale), et toutes les Fédérations et Missions le sont lors sa session générale quinquennale.
L'organisation adventiste est essentiellement pragmatique mais Arthur Daniells, Harold Richards et Russell Burrill ont appelés (au moins en partie) à un retour au mode initial du ministère des pasteurs, argumentant que le pastorat sédentaire engendre une attitude de dépendance spirituelle et de la passivité chez les fidèles[122].
Dans l'Église adventiste, les femmes sont encouragées à s'impliquer dans toutes les formes de ministère mais elles ne sont pas ordonnées comme pasteures. Jusqu'à la Grande Dépression économique de 1929, il y avait des pasteures (non ordonnées) et des directrices de départements à tous les niveaux de l'organisation[123]. Mais entre 1929 et 1933, les revenus de l'Église adventiste diminuèrent des deux tiers. Un grand nombre d'employés furent licienciés, et en majorité des femmes[124]. Peu à peu, depuis les années 1960, l'afflux de femmes s'engageant dans le pastorat adventiste augmente. Dans les années 1990, la possibilité qu'elles soient ordonnées fut discutée et passée au vote à deux reprises en session de la Conférence générale sans dégager de majorité en sa faveur. Néanmoins, dans certaines Divisions, les pasteures sont « commissionnées » au cours d'une cérémonie identique à l'ordination de leurs confrères masculins. Elles peuvent baptiser et conduire des cérémonies de mariage.
La réticence à ordonner des femmes au ministère pastoral n'est pas d'ordre théologique mais culturel[125]. Selon les enquêtes, la plupart des théologiens adventistes ne voient aucune objection biblique à l'ordination des femmes, étant cohérente avec le principe du " sacerdoce de tous les croyants[126] " et de l'égalité des sexes devant Dieu[127]. Mais c'est une autre histoire pour l'ensemble de l'Église. Les adventistes du Nord y sont largement favorables mais le Sud n'est pas encore prêt.
Les adventistes du septième jour enseignent que tous les êtres humains peuvent lire la Bible, prier et avoir le même accès à Dieu. Selon le principe du " sacerdoce universel ", tous les croyants (clergé et laïcat, hommes et femmes) sont des ministres de l'évangile, ayant reçu " le ministère de la réconciliation " (2 Corinthiens 5:17-18). Selon la dix-septième croyance fondamentale (dons spirituels et ministères), " à toutes les époques, Dieu pourvoit tous les membres de son Église de dons spirituels " pour soutenir la foi des croyants, annoncer l'évangile et servir l'humanité[4].
Selon la théologie adventiste, le Saint-Esprit—au symbole de la colombe—distribue des ministères et des dons spirituels à tous les croyants
(Éphésiens 4:11-13 1 Corinthiens 12:4-11). Il existe une grande diversité de ministères. Un ministère est une fonction dans l'Église, notamment de direction, d'enseignement, d'évangélisation ou de service (pasteur, ancien, diacre, etc.), ou une activité à laquelle l'adventiste consacre sa vie (le service humanitaire, le soin des malades, l'éducation, le témoignage par le chant, etc.), qu'il soit ou non un salarié de la dénomination. Pour servir Dieu et mener à bien leur ministère, tous les croyants possèdent au moins un don spirituel : la capacité d'administrer, de diriger, d'enseigner, de soigner, de secourir, etc[128]. L'unique objectif des dons spirituels est de fortifier la foi des croyants et de l'éveiller auprès des non croyants (1 Corinthiens 14:3).
Dans l'histoire de l'Église adventiste, il y a eu des cas isolés de glossolalie (le parler en langue) mais elle a été critique et prudente vis-à-vis des manifestations charismatiques[129]. Les adventistes considèrent que le seul don des langues légitime est la xénoglossie (parler une langue humaine connue sans l'avoir apprise), le plus souvent dans des situations exceptionnelles. Le livre des Actes des apôtres rapporte que lors de la fête de la Pentecôte à Jérusalem, les apôtres reçurent la plénitude du Saint-Esprit et présentèrent l'évangile aux visiteurs d'une quinzaine de pays dans leur langue maternelle (Actes 2:1-11)[130].
Plaçant sa raison d'être dans le contexte du temps de la fin, l'Église adventiste du septième jour s'identifie au " reste " d'Apocalypse 12:17 qui, selon la treizième croyance fondamentale (l'Église du reste et son mandat), " proclame que l'heure du jugement est venue, prêche le salut par le Christ et annonce la proximité de sa seconde venue[4] ". Son mandat est résumé dans le " message des trois anges " d'Apocalypse 14:6-12, invitant le monde à se préparer à la venue en gloire de Jésus-Christ.
Selon la théologie adventiste, le terme " reste " exprime la fidélité à Dieu, non l'exclusivité. Il englobe tous ceux qui suivent ses enseignements[131], qui " marchent dans la toute la lumière qu’ils ont reçue[132] ". Les adventistes n'enseignent pas qu'ils sont les seuls sauvés.
Directement connecté à la préparation au retour du Christ est le besoin de " l'esprit de prophétie " (ou " l'esprit des prophètes ", Apocalypse 19:9-10, 22:6). L'Église adventiste du septième jour considère que le don de prophétie a été manifesté dans le ministère d'Ellen White. Elle se réfère parfois à Ellen White, à son ministère ou à ses écrits par le terme " l'esprit de prophétie ". La dix-huitième croyance fondamentale (le don de prophétie) déclare que ses écrits sont :
Deux autres déclarations officielles sur le ministère prophétique d'Ellen White ont été votées lors de sessions de la Conférence générale de l'Église adventiste :
Au début du ministère d'Ellen White, les adventistes du septième jour poursuivirent des recherches sur la doctrine des dons spirituels, incluant le don de prophétie. Ils soumirent ses déclarations et les manifestations de son ministère aux critères bibliques d'identification d'un prophète. Vers les années 1880, son autorité était bien établie parmi les adventistes. Les dirigeants de l'Église recherchèrent ses conseils et exprimèrent leur gratitude, à leurs yeux, pour la direction de Dieu par son intermédiaire. Ellen White ne s'attribua jamais le titre de prophétesse. Néanmoins, elle concéda d'être appelée « la messagère du Seigneur ». Elle définit son rôle comme étant d'inciter à l'étude de la Bible, l'autorité finale en matière de foi et de doctrine, et à la réforme de la vie chrétienne[133].
À partir des années 1890, certains adventistes (comme Stephen Haskell, Alonzo Jones ou Dr. David Paulson) ont soutenu la conception de l'inspiration verbale et innérante des écrits d'Ellen White, influencés par le mouvement fondamentaliste naissant de certains protestants américains en réaction contre le libéralisme théologique de la critique radicale. Elle rejeta catégoriquement ce genre de suggestion, rappelant qu'elle n'était pas parfaite et infaillible, ni une autorité dans des domaines comme l'histoire, la médecine ou la science. Ses plus proches collaborateurs (Arthur Daniells, William Prescott et William White) ont défendu l'inspiration par la pensée de ses écrits et ont désavoué la notion d'inerrantisme, notamment à la conférence biblique de Washington en 1919[134].
Aujourd'hui, certains théologiens adventistes parlent dans un sens plus élargi d’une inspiration de la personne entière. Angel Rodriguez indique que " Dieu s'adresse à la personnalité totale de l'individu et non seulement à un aspect de la personnalité des prophètes, tel que par exemple, leurs capacités verbales[135] ". Selon Ellen White, l’inspiration n’agit pas sur les mots du messager mais sur l’individu lui-même, qui reçoit des pensées sous l'influence du Saint-Esprit[136]. Jud Lake explique que la personne entière est affectée dans cette expérience, dans ses pensées, ses émotions, son tempérament, son niveau d'instruction et ses capacités d'expression[137]. Norman Gulley souligne que les prophètes participent au processus d'inspiration en utilisant, sous l'influence du Saint-Esprit, leurs capacités cognitives, linguistiques et logiques dans l'écriture des messages[137]. Le Saint-Esprit les aide dans l'expression de leurs pensées[138]. La pensée divine se combine à l'esprit humain pour produire le message inspiré[136].
L'Église adventiste du septième jour enseigne qu'il existe un sanctuaire dans le ciel, dont le sanctuaire hébreu en fut l'illustration (Hébreux 8:1-2). Selon la théologie adventiste, son service symbolisait le plan du salut :
Selon la vingt-quatrième croyance fondamentale (le ministère du Christ dans le sanctuaire céleste), Jésus-Christ entra dans le sanctuaire céleste comme grand-prêtre après son ascension (Actes des Apôtres 1:9-11, Hébreux 9:11-12) afin " d'accorder aux croyants les bénéfices de son sacrifice expiatoire offert une fois pour toutes à la croix[139] ". En tant que médiateur, il intercède devant le Père pour le pardon des péchés des croyants en vertu de la valeur infinie de son sacrifice[140] :
La doctrine du sanctuaire désigne tous les aspects du ministère du Christ dans le sanctuaire céleste. Les adventistes soutiennent qu'il se produit en deux phases. En plus de son ministère d'intercession dans le lieu saint, Jésus est entré en automne 1844 dans le lieu très saint pour la deuxième phase de son ministère, l'instruction du jugement des croyants, en accomplissement du Yom Kippur, « le jour des expiations », aussi appelé « le jour du jugement ». Ce jour-là, le grand-prêtre procédait au rite d'expiation des prêtres, du sanctuaire, de l'autel et des croyants (Lévitique 16:29-34)[141]. Le livre de Daniel parle d'un jugement au ciel qui se produit avant le retour du Christ :
Selon la théologie adventiste, le but de cette procédure se place dans le contexte du conflit cosmique entre Christ et Satan. Devant tout l'univers, Dieu défend son caractère face aux accusations de Satan. De plus, Jésus-Christ est l'avocat des croyants—ce qui est une bonne nouvelle—face à Satan qui revendique qu'ils soient perdus (1 Jean 2:1-2). Edward Heppenstall explique ainsi la doctrine :
La doctrine de l'instruction du jugement est unique aux adventistes du septième jour mais en peu de points originale. John Wesley enseigna que la liberté des êtres humains entraîne la nécessité d'un jugement final qui examine le parcours de leurs vies. Il situa ce jugement au retour du Christ (le jugement coparousien) alors que les adventistes le placent avant cet avênement (le jugement pré-parousien)[88]. Wesley avait à l'esprit un jugement des croyants et la réhabilitation de Dieu dans ce but. Woodrow Whidden II voit ici une esquisse du grand conflit cosmique qu'Ellen White élabora considérablement plus tard. Il souligne que sans l'influence de Wesley, " il n'y aurait pas eu de justification finale, ni de jugement investigatif dans l'adventisme du septième jour. Et sans l'adventisme, il n'y aurait pas eu de théodicée du caractère de Dieu qui résout la question de l'équibre entre sa justice et sa miséricorde[143] ".
D'autre part, des décennies avant 1844, au moins 80 théologiens chrétiens du monde entier estimèrent séparément que la prophétie de Daniel 8:13-14 des 2300 jours prophétiques (converties en 2300 années) aboutissait aux alentours de cette date. Le principe d'interprétation qui veut qu'un jour prophétique équivaut à une année est très ancien. Il remonte à l'époque de l'Ancien Testament (Nombres 14:34, Ézéchiel 4:1-7).
Comme William Miller, ces théologiens pensaient que " la purification du sanctuaire " désignait la Terre ou l'Église et conclurent sur cette base que le retour du Christ aurait lieu à ce moment-là[144]. Cependant en 1841, Dr. Josiah Litch, un associé de Miller, suggéra qu'un jugement préliminaire (d'un type investigatif) à la parousie devait se produire, déterminant ceux qui seraient sauvés et perdus, mais les millérites ne virent pas la connexion entre le jugement de Daniel 7 et la purification du sanctuaire de Daniel 8. Cherchant une explication après le désappointement d', Hiram Edson et Owen Crosier firent des recherches. D'après leur étude de Hébreux 8-9, ils comprirent que la purification était celle du sanctuaire céleste, et non du sanctuaire terrestre (qui en était une illustration)[145].
Les adventistes utilisent l'approche historiciste pour interpréter les livres apocalyptiques de Daniel et de l'Apocalypse. Ces livres apocalyptiques, remplis de symboles, annoncent des évènements uniques de l'histoire, notamment du " temps de la fin ". L'approche historiciste est une méthode d'interprétation très ancienne qui présente un panorama de l'histoire, par jalons prophétiques, depuis l'époque de l'auteur jusqu'au jugement dernier. Jésus-Christ utilisa cette méthode[146]. Martin Luther, Jean Calvin, Joseph Mede, Isaac Newton, John Gill, Matthew Henry, E. B. Elliott, ou Charles Spurgeon l'ont également utilisée[147].
Les adventistes enseignent qu'avant le retour du Christ, la Bonne Nouvelle de sa venue sera universelle (Matthieu 24:14). Dans une grande opération de séduction, Satan réclamera alors l'adoration mondiale (Matthieu 24:23-27). Il combattra le Christ en s'attaquant à chaque principe de la loi de Dieu—notamment au sabbat. Chacun prendra sa décision. Ce sera la fin du temps de grâce ; le Saint-Esprit se retirera de la Terre (sauf pour les croyants) et il y aura « un temps de détresse tel qu'il n'en a pas eu depuis que les nations existent ». Satan s'attaquera à Dieu et aux croyants, mais il sera vaincu : « En ce temps-là se lèvera Michel, le grand chef », le défenseur du peuple de Dieu. Ceux qui ont leurs noms inscrits dans le livre de vie seront sauvés (Daniel 12:1). Jésus-Christ reviendra en gloire et majesté[148].
La perfection chrétienne a été un sujet discuté, voire controversé parmi les adventistes. Comme John Wesley, Ellen White mit l'accent sur « la perfection du caractère » dans le sens d'un amour croissant pour Dieu et son prochain, mais le terme ne fut pas toujours compris de la sorte.
Influencé par l'enseignement extrême d'Albion Ballenger sur la perfection, S.S. Davis répandit le mouvement de " la chair sainte " (d’une nature sans péché) en Indiana en 1899 et 1900, insistant sur la nécessité d'une vie sans péché pour recevoir la puissance finale du Saint-Esprit prédite dans la Bible (Joël 3:1-4). Ellen White s'y opposa, soulignant qu'il « est incorrect de prétendre avoir dans cette vie une chair sainte. [...] C'est une impossibilité[149] ». Comme Ballenger, Alonzo Jones considéra le mouvement de la chair sainte comme étant une continuation du réveil spirituel de 1893. Il avait lui-même écrit en 1898 que « la perfection parfaite embrasse aussi bien la chair que l’esprit ; elle inclut aussi bien le corps que l’âme. » Toutefois, à cause d’une divergence doctrinale sur la nature du Christ, Jones se ravisa plus tard, affirmant au sujet du mouvement de la chair sainte que « c’était les ténèbres et [que] cela conduirait au fanatisme »[150].
Ellen White ne parla jamais elle-même de « perfection sans péché » ou de « vie chrétienne sans péché », mais souligna que « le caractère se révèle, non par les bonnes ou les mauvaises œuvres occasionnelles, mais par la tendance générale des paroles et des actions »[151]. Dans la Bible, certains personnages comme Noé, Daniel ou Job sont appelés parfaits, intègres ou irréprochables ( Ezéchiel 14:19-20 ) mais leur vie montre que cette perfection n’était pas absolue (sans péché). Ils ne furent pas exempts d’erreurs de jugement, de fautes occasionnelles ou de péchés involontaires. L’être humain naît pécheur. David déclare : « Je suis né dans la faute, ma mère m’a conçu dans le péché » (Psaume 51:7). Une perfection absolue est impossible dans une nature humaine pécheresse. De plus, aucun être humain n’a une relation parfaite avec Dieu, c’est-à-dire constante et ininterrompue[152]. Dans la vie du chrétien, le péché ne règne pas, mais il n’a pas totalement disparu. Ceci apparaît clairement dans la première lettre de l’apôtre Jean, qui ne saurait se contredire lui-même :
En 1947, le danois Millian Andraesen enseigna dans son livre, The Sanctuary Service (" Le service du sanctuaire "), que la perfection sans péché pouvait être atteinte. Sa " théologie de la dernière génération " était une explication de la condition spirituelle des croyants durant " le temps de détresse " (Daniel 12:1), une courte période qui, selon la théologie adventiste, se produira de la fin du temps de grâce au retour du Christ[153].
Du point de vue de certains théologiens adventistes, Andreasen a sous-estimé le problème de la nature humaine pécheresse. L'anglais Edward Heppenstall et le néerlandais Hans LaRondelle ont soutenu que la perfection sans péché n'est pas possible dans cette vie. Les croyants s'appuieront toujours sur le pardon de Dieu, même après la fin du temps de grâce[154]. Selon eux, le mot " perfection " se réfère à la maturité spirituelle, non à la sainteté absolue (Romains 7:18). La sanctification est le processus de toute une vie. Elle s'achèvera seulement au retour du Christ lors de la glorification du corps des croyants. À ce moment-là, ils seront changés en un instant, recevant une nature nouvelle sans péché[155].
L’Église adventiste du septième jour rejette la notion d’une perfection absolue, la jugeant contraire à la doctrine du salut par la grâce seule qui renonce totalement à la revendication d’une perfection de l’être humain par ses efforts ou ses prétentions. Jésus-Christ est le seul homme parfait. La justification par la foi signifie regarder continuellement et exclusivement à lui pour son salut et sa sanctification[155].
Les adventistes du septième jour enseignent la doctrine de l'immortalité conditionnelle, considérant la mort comme étant un état d'inconscience totale jusqu'à la résurrection. Ils basent cet enseignement sur des textes bibliques comme Ecclésiaste 9:4-6 qui affirment que " les morts ne savent rien ", ne font rien et ne communiquent ni entre eux, ni avec les vivants, et sur d'autres passages de la Bible comme 1 Thessaloniciens 4:13-18 qui décrivent la résurrection des morts au retour de Jésus[157].
Cette doctrine a été transmise aux millérites (et ainsi aux adventistes) par le pasteur méthodiste George Storrs. En 1837, il étudia la question de l'état des morts dans la Bible et conclut que l'âme n'est pas immortelle. En 1842, il publia les Six sermons qu'il avait prêché sur le sujet, peu avant de se joindre au mouvement millérite[158].
Les adventistes comparent la mort dans la tombe à un sommeil car selon leur étude de la Bible, tous les êtres humains ressusciteront sans exception—c'est la première mort (temporaire). Les sauvés ressusciteront au retour de Jésus—c'est la première résurrection (Apocalypse 20:5-6). Les perdus ressusciteront mille ans plus tard pour comparaître au jugement dernier—c'est la deuxième résurrection (Apocalypse 20:12-13)[157].
Selon la théologie adventiste, toutes les évidences de la justice de Dieu doivent être montrées aux yeux de tout l'univers. Toutes les accusations de Satan doivent être déboutées. Après le jugement des croyants (durant l'instruction du jugement), le jugement des perdus (durant les mille ans) révélera que Dieu est rempli de justice et d'amour dans sa manière de gouverner l'univers et de traiter le problème du mal. Il est juste dans tous ses jugements. Durant les mille ans, les sauvés jugeront les perdus. Ils examineront les registres de leurs vies. Dieu ne se trompe jamais mais aucune de ses décisions ne doit être mise en doute. Les sauvés reçoivent la vie éternelle parce qu'ils acceptent sa grâce ; les perdus obtiennent la mort éternelle parce qu'ils rejettent sa grâce[159].
Les adventistes ont une compréhension holistique de l'être humain, opposée à la notion de dualisme (séparation de l'âme et du corps). Dans l'Ancien Testament, le mot hébreu נפש, nephesh (âme, être), signifie l'individu dans sa totalité. Dans le Nouveau Testament, le mot grec ψυχή, psuchè, pour " âme ", désigne la dimension psychique de l'être humain, indivisible de soma (la dimension corporelle) et de pneuma (la dimension spirituelle)[160].
Selon la Bible, Dieu forma l'être humain de la terre et insuffla en lui la vie. Le mot hébreu אדם, adam (homme, humanité), signifie littéralement le " terrien " ou le " glébeux " sorti de la terre[161]. Quand l'individu meurt, le souffle de vie s'en va. Il ne respire plus. Avec le temps, il redevient poussière.
Une personne vivante est une âme vivante ; une personne morte est une âme morte. Pour cette raison, les adventistes rejettent les doctrines de l'immortalité de l'âme et de l'enfer (les tourments éternels), enseignant qu'à la fin du jugement dernier, les perdus seront détruits à jamais—c'est la seconde mort (éternelle), aussi appelée la doctrine de l'annihilationisme. Ils soutiennent que la nature aimante de Dieu va à l'encontre de l'infliction d'une souffrance infinie.
Par définition, la théologie adventiste est une théologie de l'espérance. Mais dans une dimension christocentrique. Car l'espérance est une personne. Toutes les doctrines adventistes sont centrées sur Jésus-Christ. Elles affirment sa préexistence, sa réalité historique, sa messianité, son ministère dans le sanctuaire céleste, sa royauté et son retour en gloire[162]. Les adventistes remarquent ses titres, les connexions et les paradoxes le concernant, entre autres :
La théologie adventiste n'est pas seulement christocentrique, Jésus étant au centre de ses doctrines. Elle est aussi linéaire : l'histoire du conflit cosmique est tendue vers un apogée. Toutes les doctrines adventistes s'intègrent à ce méta-récit, autrement appelé « l'histoire du salut », et se projettent vers un but : le retour libérateur du Christ. La parousie est le couronnement de l'espérance chrétienne. Rien n'a de sens sans elle[3]. À quoi servent la mort expiatoire du Christ, la grâce de Dieu, la sanctification ou l'instruction du jugement si Jésus-Christ ne revient pas ? Sa venue signifie la fin du conflit, du mal, de l'injustice, de la souffrance et de la mort, mais aussi la vie éternelle, une Terre nouvelle, la paix et le bonheur[163].
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