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philosophe, biographe et satiriste grec de l'Antiquité De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Lucien de Samosate (en grec ancien : Λουκιανὸς ὁ Σαμοσατεύς / Loukianòs ho Samosateús), né vers 120 et mort vers 180, est un rhéteur et auteur satirique originaire de Samosate (Turquie actuelle), principale ville de Commagène, région alors intégrée à la province romaine de Syrie, qui écrivait en grec, dans un style néo-attique.
Naissance | |
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Décès | |
Nom dans la langue maternelle |
Λουκιανὸς ὁ Σαμοσατεύς |
Époque | |
Activités |
Maître | |
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Genre artistique |
Histoires vraies, Dialogue des dieux (d), Dialogues des morts, Dialogues marins (d), Pseudologista (d) |
Comme pour bien d'autres auteurs antiques, notre connaissance de la biographie de Lucien est lacunaire et les informations en notre possession parfois incertaines[1]. Les auteurs antiques, tant grecs que latins, parlent très peu de lui. Toutefois, Lucien a laissé dans ses textes plusieurs passages qui relèvent de l'autobiographie, dans lesquels il se met directement en scène, si bien que son œuvre constitue une source importante pour connaître sa vie[2]. Cependant, il faut voir que ces passages au ton plus personnel ne nous apportent que des éléments dispersés et éclatés, que la critique s'efforce de relier afin de dégager une vue cohérente de sa vie[3]. Il n'en demeure pas moins, qu'il n'est pas simple d'évaluer cette matière et les spécialistes sont partagés sur la place qu'il faut lui accorder[4].
À ces éléments, on peut encore ajouter un court article consacré à Lucien dans la Souda, une encyclopédie byzantine du Xe siècle[2],[5],[6]. On précisera encore que Lucien n'a pas été retenu par Philostrate dans ses Vies des sophistes, et qu'il n'a en outre pas été reconnu comme un philosophe par ceux qui portaient cette appellation[7].
Lucien naquit à Samosate, ville située sur les bords de l'Euphrate et capitale de la Commagène, province de Syrie. Selon la Souda, il est né vers la fin du règne de Trajan (98-117) et il est sans doute mort vers la fin de celui de Marc Aurèle (161-180)[8]. Samosate était une ville sur la route entre l'Asie Mineure et l'Inde, annexée à l'Empire romain par l'empereur Vespasien. Dans cette ville florissante, on parlait beaucoup de langues, et il est bien possible que la langue maternelle de Lucien ait été l'araméen. Il connaissait probablement le latin sans que cela soit sûr et apprit très jeune le grec. Il devint ainsi finalement « un intellectuel grec, citoyen romain de l'Empire, sans jamais oublier ses origines syriennes »[9].
À l'en croire, il vient d'un milieu modeste et selon l'opuscule Le Songe ou la Vie de Lucien[10], ses parents le destinaient à la profession de sculpteur, jugeant cela suffisant pour leur fils. Mais il quitta le maître à qui on l'avait confié, un frère de sa mère, dès son premier jour d'apprentissage, car celui-ci l'avait frappé, Lucien ayant brisé en deux le marbre qu'il devait préparer. Le rêve qu'il fit la nuit suivante le place au centre d'une confrontation entre l'allégorie de la Sculpture et celle de l'Instruction (paideia), et Lucien choisit cette dernière[Note 1]. Après cela, Lucien quitta ses parents pour apprendre le grec et suivre les enseignements donnés dans les écoles de rhétorique en Ionie[6],[11].
La Souda nous apprend qu'une fois sa formation terminée, il fut avocat à Antioche entre 162 et 165[12], un travail qui ne semble pas lui avoir plu si bien qu'il commença à voyager dans les provinces romaines, de l'Asie Mineure à la Gaule[6] (où il se serait considérablement enrichi grâce à ses talents de rhéteur[13] et à l'enseignement de la rhétorique, un poste très bien payé[6]). Il était donc devenu un sophiste itinérant, fonction dont il avait fait son métier[12]. Après quoi, il se rend à Athènes, nouvelle étape qui marque un tournant dans sa carrière en abandonnant la sophistique et devient un pamphlétaire, se spécialisant dans le genre auquel il devra l'essentiel de sa gloire, le dialogue satirique[6]. Enfin, il se fixa en Égypte, où l'empereur Marc Aurèle lui assigna d'importantes fonctions administratives et judiciaires.
Avant d'arriver aux honneurs, il avait déjà acquis fortune et renom. Ses écrits rencontraient du succès, et il recevait des sommes considérables pour les leçons et les déclamations qu'il faisait sur son passage, à la manière des sophistes et des rhéteurs de son temps. Après avoir raconté le songe qui avait déterminé, disait-il, sa vocation littéraire, il termine ce récit par ces mots[14]:
« (...) si je vous ai raconté mon songe, c'est pour que les jeunes gens prennent le meilleur parti et s'adonnent à l'étude, surtout ceux que la pauvreté inspire mal et incline vers le pire et qui sont prêts à gâter un naturel qui n'est pas sans noblesse. Ceux-là, j'en suis sûr, se sentiront encouragés par mon récit, ils se proposeront mon histoire comme un exemple qui s'applique à eux, en considérant de quel point de départ je me suis élancé vers la plus belle carrière et me suis attaché à l'étude, sans me laisser décourager par la pauvreté qui me pressait alors, et quel enfin je suis revenu vers vous, non moins illustre, pour ne rien dire de plus, qu'aucun tailleur de marbre. »
Il mourut probablement à Alexandrie, dans les premières années du règne de Commode[réf. souhaitée].
Le corpus comprend 86 textes, dont six sont certainement apocryphes[15]. Les philologues et les savants sont plus ou moins divisés sur la liste des textes authentiques et apocryphes. Ainsi, les hypercritiques du XIXe siècle considéraient un tiers de l'œuvre comme pseudépigraphe[16]. Les textes attribués — certainement ou probablement — à tort à Lucien sont l'Alcyon, les Amours, l'Âne ou Loukios, le Charidemus, le Cynique, les Longues Vies, l'Okypous, le Traité sur la danse, l'Éloge de Démosthène, Néron et Philopatris, le Soléciste[16].
Un ouvrage important écrit en dialecte ionien, De Dea Syria (La Déesse syrienne), décrit ce que Lucien savait du culte d'Atargatis à l'époque romaine, dans la ville sacrée d'Hiérapolis de Syrie. D'autre part, Lucien inventa la forme du dialogue humoristique[précision nécessaire], entre le dialogue philosophique et la comédie.
Ses dialogues les plus connus sont les Dialogues des dieux et Dialogues des morts. Il a aussi écrit de nombreux dialogues pour ironiser en un style proche des cyniques contre les philosophes. Il se moqua des chrétiens et de Jésus dans La Mort de Pérégrinus, en les présentant comme naïfs, idolâtres, séditieux et crédules. Il composa aussi des exercices de rhétorique comme des éloges ironiques (Éloge de la calvitie — réponse à l'Éloge de la chevelure de Dion Chrysostome — Éloge de la mouche, etc.).
Lucien est parfois considéré comme un des pères de l'esprit critique. Loin de s'en prendre aux seuls chrétiens, il démonte toutes sortes d'impostures magico-religieuses et de charlatanisme[17]. Ainsi, dans son Alexandre, ou le faux prophète, il décrit et explique les pratiques et les tours de passe-passe d'Alexandre d'Abonotique[18].
Son Histoire véritable[19], dans laquelle le personnage voyage sur la Lune, est parfois considérée comme une des premières œuvres de science-fiction[20], même s'il s'agit plutôt d'un conte facétieux sans aucune base scientifique.
La présente liste est celle qui figure dans la traduction d'Émile Chambry, révisée par Alain Billault et Émeline Marquis et parue chez R. Laffont, coll. « Bouquins » , en 2015. Comme l'indiquent les deux éditeurs, elle se fonde sur le manuscrit de la Bibliothèque Vaticane adopté dans les meilleures éditions scientifiques[21] et repris par Émile Chambry ainsi que Jacques Bompaire dans son édition publiée par les Belles Lettres (v. la bibliographie). Billault et Marquis ont écarté les sept textes généralement considérés comme apocryphes soit les six derniers du manuscrit et le no 75 (Sur les danseurs) qui est une œuvre de Libanios[21].
Lucien influença l'Histoire comique des États et Empires de la Lune de Cyrano de Bergerac[22] et le Micromégas de Voltaire[23]. L'ensemble de son œuvre trouva au XIXe siècle son meilleur écho dans les Petites œuvres morales de Leopardi[24].
Son texte Dialogues des morts a inspiré le Phalarismus (1517) du polémiste Ulrich von Hutten, Les Héros de roman (1688) de Boileau ainsi que les Dialogues des morts (1712) de Fontenelle et l'œuvre du même titre (1712) de Fénelon, et encore le Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu de Maurice Joly en 1864[réf. souhaitée].
En 1606, Volpone, une comédie du dramaturge anglais Ben Jonson, est influencée par le chapitre Dialogues des morts, qui met en scène le personnage de Polystratos[25].
Les Amis du mensonge ou L'incrédule, qui vise à ridiculiser la tendance des philosophes à croire au surnaturel, met en scène un scribe égyptien capable de donner vie à des objets inanimés par des formules magiques, ce qu'il fait en transformant un balai en serviteur. Cette œuvre inspirera le poème de Goethe intitulé L'Apprenti sorcier[26], publié en 1797 ; Paul Dukas composera, en 1897, un poème symphonique portant le même titre, qui sera repris dans une célèbre séquence du film Fantasia de Walt Disney, sorti en 1940. La description d'un tableau (perdu) d'Apelle consacrée à la calomnie, que donne Lucien aux paragraphes 1 et 2 de Qu'il ne faut pas croire à la calomnie à la légère a inspiré Boticelli pour sa toile La Calomnie d'Apelle[27].
La bande dessinée De cape et de crocs d'Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou met en scène brièvement plusieurs créatures des Histoires vraies de Lucien en même temps que le personnage du Maître d'armes, lui-même inspiré de Cyrano de Bergerac dont l’Histoire comique des États et Empires de la Lune s'inspirait déjà de Lucien[28].
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