Ancien tracé de l'enceinte de Charles V sur la rue de Richelieu et ses abords vers 1648.
De 1668 à 1705, l'enceinte de Louis XIII est rasée et les remparts sont déplacés plus au nord, sous la forme d'un large boulevard de terre bordé d'ormes, le «Nouveau-Cours» (actuels Grands Boulevards). La porte Richelieu est rasée en 1701. Le , un arrêt du conseil d'État du roi ordonne le prolongement de la rue Richelieu entre l'actuelle rue Feydeau et les Grands Boulevards[5].
À l'extrémité de la rue ainsi prolongée, le financierPierre Crozat (1661-1740) se fait construire, en 1706, un hôtel particulier[6] (nos91/95), prenant ainsi le relais de Richelieu et Mazarin, grands argentiers, qui avaient successivement occupé la partie méridionale et la partie centrale de l'actuelle rue[7],[8].
Au XVIIIesiècle, l'ancien palais de Mazarin abrite la Bourse de Paris ainsi qu'à partir de 1721 les collections de la Bibliothèque royale, ancêtre de la Bibliothèque nationale de France. En 1868, Henri Labrouste reconstruit totalement l'aile de la bibliothèque donnant sur la rue Richelieu.
Durant les Trois Glorieuses (1830), la voie est le théâtre d'affrontement entre les insurgés et la troupe.
Dans la seconde moitié du XIXesiècle, dans la partie nord de la rue, au-delà de la Bibliothèque — alors impériale —, se trouvaient de nombreux ateliers et boutiques de confection, notamment pour dames. Des magasins d'étoffes de luxe s'installent alors rue de Richelieu: Au Persan au no78, la Compagnie des Indes au no80 , Rosset et Normand aux nos82-84[9].
No8: ancienne boutique Fauré Le Page, célèbre arquebusier parisien qui distribua des armes à la foule lors de la révolution de 1830 (alors boutique Lepage, installée au no2);
le même bâtiment accueillait également le Royal Palace Hôtel qui ouvrit ses portes en 1909 et qui, après avoir été exploité sous l'enseigne Citadines, porte le nom La Clef Louvre depuis 2016[11].
No 12: restaurant chinois Davé, entre 2001 et 2017 (auparavant 39, rue Saint-Roch), qui accueille de nombreuses stars françaises et américaines[12]; et hôtel Montpensier. Le chorégraphe danois Auguste Bournonville séjourna à cette adresse en 1838[13].
No15: avec le no17, une des premières maisons édifiées du côté des numéros impairs de la rue; immeuble habité par Jules Grévy[14]. Un cadran solaire orné d'une frise figure dans la cour du no15. En 2015, le no17 fait l'objet d'importants travaux de rénovation, selon le procédé du façadisme, et un hôtel-boutique y ouvre en 2016[15].
No23: dans l'entre-deux-guerres, l'immeuble était occupé par l'hôtel de Bretagne et d'Orléans. Les blasons de la région et de la ville sont toujours visibles au-dessus de la porte d'entrée en 2018.
No26: Rose Bertin habitait au premier étage en 1789[17] et avait sa boutique au rez-de-chaussée. Elle venait d'aménager cette boutique, précédemment installée à l'enseigne Le Grand Mogol, rue du Faubourg-Saint-Honoré (depuis 1770).
No 27: Agostina Segatori, modèle pour peintre, y ouvrit dans le début des années 1880 son premier restaurant Au Tambourin, qu'elle ferma au début de l'année pour en ouvrir un second sous le même nom en au 62, boulevard de Clichy. De ce premier établissement est conservée une affiche de Jules Chéret pour sa réclame[18],[19].
Nos28 et 28 bis: ancien hôtel meublé de Londres. La façade et les balcons de l'hôtel actuel sont classés. No28, Inscrit MH(1975)[20].
No28.
No28 bis. Siège de la maison d'édition Paul Ollendorff à la fin du XIXeet au début duXXesiècle.
No32: hôtel particulier de quatre étages construit sous Louis XIV. Il a été surélevé de deux étages sous combles ultérieurement. Des sociétaires de la Comédie française[Qui?] y ont logé aux XXeetXXIesiècles[réf.nécessaire].
No39: une plaque commémorative figure sur la maison où est mort Denis Diderot[22] en 1784. Ensemble de deux hôtels bâtis à partir de 1663 pour Antoine Le Menestrel, conseiller du Roi, Inscrit MH(1996)[23].
No43: emplacement de la maison où est mort le réformateur de l'artillerie française Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval en 1789. Une plaque commémorative lui rend hommage.
No47: un restaurant pour dames seules s'y trouvait vers 1900[21].
No52: entrée du passage de Beaujolais depuis 1822. Le marquis de Rochegude rapporte en 1910 la rumeur selon laquelle, dans sa jeunesse, Napoléon Bonaparte aurait logé au quatrième étage de l'immeuble sis à cette adresse avant l'ouverture du passage, mais il n'est pas en mesure de le démontrer[25].
No56: immeuble d'angle, il est le seul encore debout de ceux construits sur le domaine du cardinal de Richelieu, vers 1655-1660. Dans les années 1790, la librairie de la veuve Gorsas y est établie[26]. Du XIXesiècle aux années 1970, il a abrité un hôtel, qui s'étendait à l'immeuble contigu sur la rue des Petits-Champs[27]. Fusionné avec son voisin sur la rue de Richelieu sur l'atlas de Jacoubet en 1827, l'immeuble d'angle porte le no54[28]. Cette confusion obligea par la suite à créer le no58 bis pour l'hôtel de Nevers. Les garde-corps d'époque Louis XV des deux premiers étages sont signalés au titre des protections patrimoniales arrêtées par le PLU[29].
No59: ancien hôtel de La Popelinière. À la fin de l'année 1739, Le Riche de La Popelinière, fermier général et mécène de Rameau, achète l’hôtel construit pour Michel Villedo en 1662. Il le conserve jusqu'à sa mort et y adjoint en 1757 une autre maison située au 18 rue des Petits-Champs qu'il fait aménager en résidence pour musiciens; les deux bâtiments communiquaient. L'hôtel fut détruit et remplacé à la fin du XIXesiècle par un immeuble de rapport où est né le peintre Robert Lotiron (1886-1966).
No61: Stendhal y réside entre 1822 et 1823; une plaque lui rend hommage.
No62: immeuble très ornementé de la fin du XIXesiècle. Dans les années 1960, il abritait les bureaux de l'agence de publicité Havas[21], lesquels se trouvaient ainsi à proximité de ceux de l'Agence France-Presse (place de la Bourse), autre entité issue de la scission de ce qu'était jusqu'en 1940 l'Agence Havas.
No63: immeuble occupé par l'hôtel Malte. Le révolutionnaire Simón Bolívar habita cet hôtel en 1806; une plaque lui rend hommage. En 1813, c'est l'exilé Sebastián Miñano qui y logeait. Le général argentin Conrado Villegas est mort dans l'hôtel le . Rufino José Cuervo y habita en 1904 [réf.nécessaire].
De sa construction en 1685 à sa démolition en 1736, l'hôtel Ménars (ancien hôtel de Grancey) était situé entre les nos77-79 rue de Richelieu, le no1rue Ménars et les nos2 à 8rue Saint-Augustin.
No80: le magasin Compagnie des Indes s'y trouvait, s'étendant de la rue Feydeau à la rue de la Bourse. Il y était vendu des cachemires et des dentelles[37].
Nos81-83: immeubles de bureaux dit «Cardinal», appartenant à la Société foncière lyonnaise, ayant fait l'objet d'un programme de réhabilitation de grande ampleur entre 2013 et 2015[38]. Le no83 est l'emplacement de la maison où vécut La Malibran[21].
No85? , en tout cas «vis-à-vis la rue Feydeau», habita François Baudon (né à Fontainebleau le et mort à Paris le ), fermier général de 1756 à 1779. Il fait partie des soixante-cinq fermiers généraux ayant contribué à l'édition dite des «Fermiers généraux» des Fables de La Fontaine par Joseph Gérard Barbou en 1762[39].
No87: Hoffman & Barthe, tailleur d'habits (en 1834).
Auguste de Gourcuff, fondateur des AGF et promoteur immobilier demeure à cette adresse[40]
Immeubles de bureaux, ancien siège des AGF, devenu le siège français d'Allianz lors du rachat des premières, construit en 1979. Il sera démoli et reconstruit au cours d'un chantier de trois ans à partir de 2015[41].
No89: Arnoux, tailleur d'habits (vers 1830-1840). Prédécesseur: Louis-Hippolyte Leroy (1763-1829), couturier de l'impératrice Joséphine. Le lieu est connu comme hôtel Boutin
Nos91-93-95: immeubles Inscrit MH(1975)[42]. — Dans les premières années du XVIIIesiècle, l'emplacement était occupé (du sud au nord) premièrement par un terrain nu appartenant au maître-tonnelier Edme Dufour, deuxièmement par une maison composée d'une boutique et d'une chambre à l'étage, propriété de Denis Bourgoin, seigneur en partie de la Grange-Batelière, qui la loua au maître-menuisier Pierre Saury, et troisièmement par un autre terrain nu qu'Angélique-Marie du Breuil, épouse de l'ex-commissaire de la marine Jean Le Clerc, tenait de sa mère. À ces trois terrains, respectivement acquis en 1702, 1706 et 1703 par le financier Pierre Crozat (1661-1740), celui-ci en ajouta un quatrième «quelque peu marécageux» situé plus à l'ouest, l'ensemble totalisant alors une surface de 17 000 mètres carrés. —L'hôtel Crozat de la rue de Richelieu, plus tard dénommé hôtel de Choiseul, que l'architecte Jean-Sylvain Cartaud bâtit pour Pierre Crozat sur cet emplacement en 1706 et dont la décoration fut confiée à Gilles-Marie Oppenord et Charles de La Fosse passa en 1740 par donation à son neveu Louis-François Crozat puis, en 1754 par héritage, à la seconde fille de celui-ci, Louise-Honorine, mariée depuis 1750 à Étienne-François, comte de Stainville, futur duc de Choiseul. L'hôtel de Choiseul fut loti et acheté en 1782 par une compagnie d'assurances qui y fit construire en 1788 47 maisons.
No106: on y trouvait au XIXesiècle le très aristocratique «salon des Étrangers» dont Talleyrand fut membre[50].
Nos110-112 (angle avec le boulevard Montmartre): emplacement du Café Frascati. Honoré de Balzac habita l'immeuble construit là en 1837[21]. Siège du journal L'Humanité de 1904 à 1909. Auparavant, au moins entre 1895 et 1903, le n°112 avait été le siège du journal contre-révolutionnaire Soleil[51].
Adolphe Alphand (dir.), Adrien Deville et Émile Hochereau, Ville de Paris: recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques, Paris, Imprimerie nouvelle (association ouvrière), (lire en ligne), p.1.
L'hôtel Crozat de la rue de Richelieu, construit en 1706 pour Pierre Crozat, dont la petite-nièce l'apporta en dot, en 1750, à Étienne-François de Choiseul (d'où la seconde dénomination hôtel de Choiseul), ne doit pas être confondu avec l'hôtel Crozat qu'Antoine Crozat, frère de Pierre, fit bâtir place Vendôme.
Paul Le Vayer, Recueil des inscriptions parisiennes: 1881-1891, Paris, Imprimerie nouvelle, , 328p. (lire en ligne), p.163-166. Autre photographie de l'immeuble sur Gallica.