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La réintégration de la France dans le commandement intégré de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord est annoncée par le président de la République Nicolas Sarkozy au Congrès à Washington le .
À l'Assemblée nationale, cette politique donne lieu à une motion de censure le et à un vote de confiance le . Les deux votes sont favorables au gouvernement et le vote de confiance entérine le retour. Ce retour devient effectif lors du sommet de l'OTAN à Strasbourg-Kehl les 3 et .
Le , lors d'une conférence de presse à Paris, Charles de Gaulle rend publique la sortie de l'OTAN, tout en réaffirmant l'Alliance atlantique avec les États-Unis : « la France considère, qu’encore aujourd’hui, il est utile à sa sécurité et à celle de l’Occident qu’elle soit alliée à un certain nombre d’États, notamment à l’Amérique, pour leur défense et pour la sienne dans le cas d’une agression commise contre l’un d'eux. » Il avance plusieurs arguments pour justifier le retrait, qui dérivent du fait que la signification de l'Alliance a changé depuis 1949 : « Rien ne peut faire qu’un traité reste valable intégralement quand son objet s’est modifié ». Il développe 5 arguments[1]:
Le , Charles de Gaulle adresse au président américain Lyndon B. Johnson une lettre pour l'informer de la décision de la France de recouvrer l'entier exercice de sa souveraineté sur le sol national et de son intention de se retirer des commandements intégrés de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord.
La réponse du président Johnson témoigne de la grave préoccupation des États-Unis face à la décision de De Gaulle :
Le , François Fillon publie une tribune dans Le Monde[5],[6] où il écrit que l'Europe de la défense actuellement en débat est une « chimère »[7]. Il s'oppose à la formation d'une structure militaire européenne indépendante de l'OTAN. Il prône la formation d'une composante européenne de l'OTAN qui soit assignée à l'Union de l'Europe Occidentale dans le cas d'une intervention militaire européenne, mais refuse que l'UEO dispose d'une structure militaire autonome.
Par ailleurs, François Fillon propose la réintégration dans le commandement intégré de l'OTAN :
Avec l'arrivée de Jacques Chirac à la présidence de la république en 1995, le gouvernement Juppé entame des négociations en vue de la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'OTAN. Pour Alain Juppé, deux conditions sont posées :
Annoncée le 5 décembre 1995, la réintégration de la France au sein du Conseil des ministres et du Comité militaire de l'OTAN ne suscite guère de réactions. Le journaliste Paul-Marie de La Gorce dénonce un « retour honteux de la France dans l'OTAN »[9].
Les élections législatives françaises de 1997 changent la majorité parlementaire, et le nouveau gouvernement Lionel Jospin interrompt les pourparlers. Le Premier ministre Lionel Jospin déclare à ce sujet qu'« En tête-à-tête à l'Élysée, j'ai dit très clairement au président que ma majorité et moi-même y étions tout à fait hostiles et que, s'il poursuivait les discussions dans ce sens, nous allions au-devant d'un conflit majeur devant l'opinion sur cette question ».
D'après le Premier ministre Alain Juppé, les négociations ont échoué car la diplomatie américaine a refusé de donner un commandement suffisamment important à l'armée française. Pour Lionel Jospin il ne s'agit là que d'un prétexte, pour interrompre de manière « élégante » les négociations[10].
Nicolas Sarkozy prononce une allocution aux journées UMP de la Défense le à Paris pendant la campagne présidentielle française de 2007. Il évoque l'OTAN, mais pas la réintégration dans le commandement intégré. Il s'agit de sa seule déclaration sur le sujet pendant la campagne. Il déclare :
Le à Paris Nicolas Sarkozy prononce son premier discours de politique étrangère à la conférence des ambassadeurs[12]. Il parle de « faire avancer la relation avec l'OTAN » :
Le , le ministre de la Défense Hervé Morin fait un discours à l'Université d'été de la défense à Toulouse. Pour ce qui est de la « consolidation des alliances », la « priorité » du ministre est l'Europe de la défense : « Notre priorité est de soutenir et de relancer la politique européenne de sécurité et de défense ». La première piste évoquée est « le renforcement des capacités de planification et de commandement de l’Union Européenne - et notamment, rendre permanent le centre d’opérations de l'Union Européenne. » Mais l'Europe de la défense ne peut pas avancer tant que la France ne change pas sa politique à l'égard de l'OTAN :
Par ailleurs, la France n'a pas assez d'« influence » sur les « postes de commandements » et sur les « opérations militaires » de l'OTAN. En conséquence la « réflexion personnelle » d'Hervé Morin est que « ces quelques éléments nous amènent ainsi à penser qu’il faut avancer sur le chemin initié en 1996 afin de faire avancer l'Europe de la Défense ». Hervé Morin fait ici une allusion à la tentative avortée de réintégration de Jacques Chirac en 1996[14],[15].
Le , Nicolas Sarkozy parle de « l'éventualité d'une évolution » de la place de la France dans l'OTAN lors d'une interview avec le New York Times :
Le , Nicolas Sarkozy annonce le projet de réintégration de la France dans le commandement intégré de l'OTAN à la tribune du congrès des États-Unis. Toutefois celle-ci est conditionnée par une avancée sur l'Europe de la défense. Nicolas Sarkozy déclare que « plus l'Europe de la défense sera aboutie, plus la France sera résolue à reprendre toute sa place dans l'OTAN. »
Il déclare par ailleurs :
Lors du sommet de l'OTAN Bucarest 2008 Nicolas Sarkozy parle une nouvelle fois de la réintégration. Le , Nicolas Sarkozy annonce dans une conférence de presse avec Angela Merkel la tenue du sommet de l'OTAN à Strasbourg-Kehl en 2009. À un journaliste lui demandant si la France allait réintégrer le commandement de l'OTAN à cette occasion, il répond :
Le , le Parti socialiste dépose une motion de censure ayant pour objet le projet du gouvernement de réintégration du commandement intégré de l'OTAN, ainsi que l'envoi de troupes combattantes en Afghanistan.
La motion est défendue par François Hollande, et combattue par le Premier ministre François Fillon, qui défend la réintégration en faisant valoir qu'elle fera progresser l'Europe de la défense[réf. nécessaire]. La motion est également combattue par Jean-François Copé qui fait état des avancées de l'Europe de la Défense au sommet de Bucarest, et par François Sauvadet (Nouveau Centre), qui rappelle que la réintégration n'est qu'une hypothèse subordonnée à une avancée de l'Europe de la Défense[réf. nécessaire].
La motion de censure est soutenue par Noël Mamère[19].
La motion de censure est rejetée par la majorité UMP et Nouveau Centre[20].
Le un décret du président de la République crée une commission chargée de l’élaboration du nouveau livre blanc sur la défense et la sécurité nationale[21]. La lettre de mission de la commission précise : « Je vous demande d'accorder une attention particulière au renforcement de la dimension européenne de notre politique de Défense et de sécurité ainsi qu'à notre contribution à la sécurité de l'Alliance Atlantique dans son ensemble »[22],[23].
Le livre blanc est rendu public le . Dans ses conclusions, le rapport préconise la réintégration :
Le , lors d'une cérémonie de présentation du nouveau Livre Blanc à la Porte de Versailles, Nicolas Sarkozy fait un pas supplémentaire dans la réintégration :
La présidence de l'OTAN et des États-Unis le félicitent pour son discours[28].
Le , le président Sarkozy prononce un discours au Forum de Munich sur les politiques de Défense qui rassemble les principaux acteurs de la politique internationale. Il y parle de « rénover la relation à l'OTAN »[29].
Le , le président Nicolas Sarkozy clôture le colloque « La France, la défense européenne et l'OTAN au XXIe siècle » à l'École militaire. Il est organisé par le président de la Bibliothèque nationale de France Bruno Racine et la Fondation pour la recherche stratégique[30].
Le gouvernement de François Fillon organise un vote de confiance le . François Fillon défend la réintégration dans une déclaration en ces termes :
Laurent Fabius déclare au nom du Parti socialiste :
Noël Mamère déclare pour Les Verts :
François Baroin, membre de la majorité UMP, est dubitatif sur la réintégration :
François Bayrou pour le Modem déclare :
La confiance est accordée par 329 voix contre 238[33].
Le sommet de l'OTAN des 3 et à Strasbourg entérine la réintégration dans le commandement intégré.
Nicolas Sarkozy déclare dans une allocution au conseil de l'Atlantique Nord :
« La France reprend donc toute sa place dans l'Alliance parce que la position de la France n'était plus comprise. Nous sommes de la famille, nous sommes dans la famille. Nous sommes des alliés, nous sommes des amis. Nous avons nos convictions, nous voulons être des alliés et des amis debout. [réf. souhaitée] »
« L'Europe sera désormais un pilier encore plus important, plus fort de l'Alliance. Parce que les États-Unis ont besoin d'alliés forts et les mots que lui-même, président des États-Unis, a prononcés à l'endroit de l'Europe de la défense montrent qu'il a compris que l'Europe de la défense, ce n'était pas en opposition avec l'OTAN, c'était en complément de l'OTAN. Nous voulons les deux : le lien transatlantique et l'Europe de la Défense. »
Lors d'une conférence de presse avec Barack Obama, un journaliste interroge Nicolas Sarkozy sur les garanties qu'il a obtenues de la part des États-Unis sur la défense européenne en « compensation » du retour de la France dans le commandement intégré. Le journaliste l'interroge notamment sur le projet de « cellule de planification et de conduite des opérations strictement autonome » et demande des clarifications sur un pilier européen dans l'OTAN. Nicolas Sarkozy répond :
« J'ai toujours été convaincu que les États-Unis et la France étaient de la même famille. On est à Strasbourg. J'aime l'histoire. Je dis aux Français : jamais il ne faut oublier ce qu'a fait la démocratie américaine pour nous. Le 6 juin prochain, on sera ensemble sur les plages de Normandie pour se recueillir sur les tombes des jeunes Américains qui sont morts pour nous, qui avaient l'âge de nos enfants aujourd'hui. »
[…]
« On s'est mis d'accord sur tout il y a bien longtemps, mais cela n'a pas été un marchandage, ce n'est pas une question comme cela. Cela a été la même vision du monde. Il y a une famille. Nous ne voulons imposer nos valeurs à personne, mais nous voulons que personne, à travers le monde, nous défende de croire dans nos convictions. »
D'octobre à , l'association WikiLeaks publie de nombreux câbles diplomatiques américains confidentiels. Certains d'entre eux concernent la réintégration dans l'OTAN, et sont publiés par le quotidien Le Monde. Ils révèlent que dès que Nicolas Sarkozy a été élu président, ses proches conseillers contactent les diplomates américains et leur disent « clairement » que Nicolas Sarkozy a « déjà pris sa décision de réintégrer le commandement militaire intégré ». Le public français n'en sera informé que plus tard[35].
Dans un câble diplomatique daté du , la sous-secrétaire américaine à la défense Ellen Tauscher s'entretient avec François Richier, le conseiller militaire de Nicolas Sarkozy. La partie française s'inquiète des discours de Barack Obama sur un monde sans armes nucléaires, et craint qu'ils ne remettent en cause l'arme nucléaire française. Par ailleurs, François Richier déclare que ces discours réduiraient « la capacité de la France à intégrer ses forces nucléaires dans l'OTAN ». Cette éventualité n'a jamais été évoquée publiquement[36].
Le , le président Nicolas Sarkozy participe à une cérémonie d'hommage aux victimes des attentats du 11 septembre 2001 à l'ambassade des États-Unis en France et déclare notamment :
Quelques jours plus tôt, il s'était déjà félicité du retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan, estimant que celui-ci avait permis à la France de jouer un rôle de premier plan dans l'intervention militaire de 2011 en Libye qui a conduit au départ de Mouammar Kadhafi[38].
L'élection présidentielle française de 2012 est l'occasion pour les candidats de se prononcer sur le sujet de la réintégration. Tous les candidats sont interrogés par le Nouvel Observateur. Le magazine leur pose la question : « Faut-il quitter le commandement intégré de l’Otan ? » en , peu avant les élections[39].
Cette décision dénonce celle prise par Charles de Gaulle début 1966. La France intègre le Comité des plans de défense, mais le pays reste en dehors du groupe des plans nucléaires.
La France est, en 2007, le quatrième contributeur de l’Alliance en termes budgétaires (avec 138 millions d'euros) et humains (forces sur les théâtres d'opération), mais ne représente qu'un pour cent de l'ensemble du personnel militaire directement affecté à l'OTAN avec 290 représentants (contre 117 officiers de liaison en 1992)[41].
Elle augmentera le nombre d'officiers en poste dans les services de l'OTAN à environ 1 250 dont 17 généraux et prendra le commandement de deux commandements militaires, le Commandement allié Transformation (ACT)[42] à Norfolk et le Joint Command Lisbon (Portugal)[43],[44],[45]. En 2012, les Français devraient représenter 10 % des 12 000 militaires des états-majors et structures permanentes de l'OTAN[46].
Le ministre de la Défense Hervé Morin soutient la réintégration dans un entretien au journal Le Monde le , mais il se déclare opposé à un référendum sur la question. Il déclare par ailleurs :
Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner soutient la réintégration dans une tribune dans Le Monde le :
La réintégration est critiquée par certains anciens ministres des affaires étrangères et premiers ministres, à l'instar de l'ancien premier ministre Laurent Fabius, qui défend pour le parti socialiste la question de confiance du sur la réintégration à la tribune de l'assemblée[49].
L'ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Alain Juppé déclare dans un entretien avec Libération le :
Alain Juppé s'interroge à nouveau sur la réintégration dans une tribune publiée par Le Monde le :
Il déclare en outre :
En 2010, Alain Juppé déclare dans la revue Défense :
« Je ne suis pas sûr qu'on ait gagné à perdre notre position originale […] Il n'y a pas eu d'avancement sur le plan de l'Europe de la Défense[52]. »
L'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine déclare le :
L'ancien Premier ministre Lionel Jospin déclare le :
L'ancienne ministre et candidate à l'élection présidentielle de 2007 publie une tribune dans Le Monde le :
L'ancien ministre de la Défense (1985-1986) et ancien président de la Commission de la Défense de l'Assemblée nationale (1997-2002) publie dans une tribune dans Le Figaro le [56] :
Roland Dumas est ministre des Affaires européennes (1983-1984), ministre des Affaires étrangères (1984-1986 et 1988-1993). Il déclare :
Pour l'ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin, la réintégration est une « faute »[58]. Il déclare par ailleurs :
L'ancien ministre de la Défense et de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement écrit fin 2009 :
Michèle Alliot-Marie est ministre de la Défense de 2002 à 2007, ministre de l'Intérieur de 2007 à 2009, garde des Sceaux de 2009 à 2010 et ministre des Affaires étrangères de 2010 à 2011. Elle publie une tribune dans Le Figaro le pour justifier la réintégration[61]. Se présentant comme une « Gaulliste de conviction », elle dénonce les « craintes infondées » et les « facilités démagogiques » des opposants à la réintégration. Pour Michèle Alliot Marie, la France gagnera en influence dans l'OTAN :
Toutefois, Michèle Alliot-Marie repose les trois conditions à la réintégration que s'était données Nicolas Sarkozy. La première est que la force nucléaire reste indépendante. La seconde condition est « la reconnaissance de la Défense européenne comme pilier de l'Alliance ». Enfin, la troisième condition est « la juste reconnaissance de notre poids dans l'Europe de la Défense et l'européanisation de l'Alliance. Elle passe par l'attribution de grands commandements ». Ainsi, pour Michèle Alliot-Marie, la réintégration dans le commandement intégré s'inscrira « dans la fidélité à l'une des plus fortes exigences du gaullisme : le refus de la fatalité et la grandeur de la France ». [réf. souhaitée]
La réintégration est critiquée par une partie de la classe politique française :
D'après le journaliste Jean-Dominique Merchet, « les diplomates — à part une minorité que l’on retrouve au sein de la direction des affaires politiques et de sécurité du Quai d’Orsay — n’ont jamais été des atlantistes farouches et ils ont dû faire contre mauvaise fortune bon cœur lors de la décision de Nicolas Sarkozy de revenir dans l’Otan. La haute hiérarchie militaire, en revanche, était devenue très pro-Otan, ne serait-ce que pour les opportunités de carrière qu’offre l’Alliance »[67].
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