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compositeur, chef d'orchestre, auteur et pianiste français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Pierre Boulez [pjɛʁ bulɛz][1], né le à Montbrison et mort le à Baden-Baden, est un compositeur et chef d'orchestre français.
Nom de naissance | Pierre Louis Joseph Boulez |
---|---|
Naissance |
Montbrison, France |
Décès |
(à 90 ans) Baden-Baden, Allemagne |
Activité principale | Compositeur, chef d'orchestre |
Style | Musique contemporaine |
Années d'activité | 1945—2015 |
Collaborations | IrcamCité de la musiqueBBC SymphonyNew York PhilharmonicEnsemble intercontemporain |
Formation | Conservatoire national de musique et d'art dramatique |
Maîtres | Olivier MessiaenRené Leibowitz |
Enseignement | Collège de FranceAcadémie du festival de Lucerne |
Distinctions honorifiques | 26 Grammy AwardsPraemium Imperiale |
Œuvres principales
Fondateur, puis directeur de l'Institut de recherche et coordination acoustique/musique (IRCAM) et de l'Ensemble intercontemporain, il est également professeur au Collège de France, chaire « Invention, technique et langage en musique », de 1978 à 1995.
Au début de sa carrière, il joue un rôle important dans le développement de la musique sérielle, de la musique électronique et de la musique aléatoire. Ses vues polémiques sur l'évolution de la musique lui valent une réputation d'enfant terrible[2].
Comme chef d'orchestre, Pierre Boulez est connu principalement pour sa direction des œuvres des compositeurs du XXe siècle comme Béla Bartók, Alban Berg, Claude Debussy, Gustav Mahler, Maurice Ravel, Arnold Schönberg, Igor Stravinsky, Edgard Varèse et Anton Webern, mais aussi les œuvres de certains de ses contemporains, tels Elliott Carter ou György Ligeti. Il a été par ailleurs directeur musical des orchestres symphoniques de la BBC, de New York et de Chicago.
En 1976, pour le centenaire du festival de Bayreuth, où il est régulièrement invité, il dirige L'Anneau du Nibelung, cycle de quatre opéras de Richard Wagner dans une mise en scène de Patrice Chéreau. Durant sa carrière, Pierre Boulez se sera vu décerner vingt-six Grammy Awards.
Fils de Léon Boulez, ingénieur et industriel, et de Marcelle Calabre, Pierre Boulez a une sœur, Jeanne[3], et un frère, Roger[4], qui deviendra bibliothécaire de l'École normale supérieure. Il prend ses premiers cours de piano à l’âge de six ou sept ans. Après des études secondaires au petit séminaire de Montbrison, l’institut Victor de Laprade, il est admis pour l’année scolaire 1941-1942 à Lyon en classe de mathématiques supérieures, qu’il abandonne l’année suivante pour préparer le concours du Conservatoire national de musique et d'art dramatique à Paris, où il entre en 1943 dans la classe préparatoire d'harmonie de Georges Dandelot. Il y côtoie Annette Vaurabourg — nièce d’Arthur Honegger et d’Andrée Vaurabourg — qui le présente à sa tante ; celle-ci l’accepte dans sa classe de contrepoint[5],[N 1]. En 1944, après avoir échoué au concours d'entrée de la classe de piano, il intègre la classe d'harmonie avancée d'Olivier Messiaen, d'où il sort l'année suivante avec un premier prix. Il étudie brièvement le sérialisme avec René Leibowitz. Mais jugeant l'enseignement de ce dernier trop rigide quant à l’application des techniques héritées de la seconde école de Vienne, il prend ses distances avec lui dès l'automne suivant et retrouve assez vite une complicité avec Messiaen : « Échanger Messiaen contre Leibowitz, c’était échanger la spontanéité créatrice, combinée avec la recherche incessante de nouveaux modes d’expression contre le manque total d’inspiration et la menace d’un académisme sclérosant » confiera-t-il plus tard à Antoine Goléa. Le , la pianiste Yvette Grimaud crée à l’École normale de musique ses Douze notations et ses Trois psalmodies, premières œuvres personnelles du compositeur (après ses essais pour voix et piano en 1942-1943)[7].
En 1945, pour gagner sa vie, Pierre Boulez se spécialise dans les ondes Martenot, jouant, entre autres, dans la fosse des Folies Bergère[8]. Il est engagé en 1946, aux côtés de Maurice Jarre, pour jouer la musique de scène du Hamlet, monté par la compagnie de Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault qui, rapidement, le nomme directeur de la musique de scène. Abandonnant les ondes Martenot, Pierre Boulez dirige son premier ensemble instrumental constitué pour cette création[9]. Il dirige notamment les musiques de Georges Auric, Francis Poulenc et Arthur Honegger[10].
Il compose durant cette période sa Première Sonate pour piano (1946) qui, plus encore que la Sonatine pour flûte et piano, effectue la synthèse des influences récentes du jeune compositeur. Puis se trouvent ses cantates Le Visage nuptial et Le Soleil des eaux, appuyées sur des poèmes de René Char et souvent décrites comme sa période lyrique, ainsi que sa 2e sonate pour piano (1948) écrite à 23 ans, chef-d'œuvre du « premier Boulez », d’un lyrisme véhément prenant pour cadre le modèle de la sonate beethovénienne pour mieux le pulvériser en poussant plus loin l’exploration des techniques sérielles[11].
En 1953, soucieux de faire entendre la musique moderne dans de bonnes interprétations mais surtout exaspéré par ce qu’il entend ailleurs, « toutes griffes dehors » pour reprendre l'expression de Jean-Louis Barrault[12], il organise avec ce dernier, et sur la base du mécénat privé, les concerts du « Petit Marigny » dans la petite salle du théâtre où sa programmation d'avant-garde va devenir le Domaine musical. Mais la difficulté à trouver des chefs disponibles pour la création contemporaine le contraint à diriger lui-même les œuvres, d'abord pour des petites formations instrumentales. Il commence à diriger des ensembles plus vastes en 1957 à Cologne, où Hermann Scherchen le laisse diriger son Visage nuptial. Il participe à la création de Déserts de Varèse le au théâtre des Champs-Élysées; il est l'auteur du texte de présentation qui est lu en direct sur l'antenne de France 4, plus tard France musique.
En 1958, sur l'invitation d’Heinrich Strobel, alors directeur de la station de radio du Südwestfunk, Pierre Boulez prend résidence à Baden-Baden pour seconder le chef d'orchestre Hans Rosbaud, créateur du Marteau sans maître le . Celui-ci étant affaibli par la maladie, il le remplacera au pied levé pour de grands concerts orchestraux à Donaueschingen les 17 et où il entame sa véritable carrière de chef[13].
Dans les années 1950, il est considéré comme le « musicien des modernes », un mouvement comprenant notamment Michel Butor, Roland Barthes ou Michel Foucault, devenant leur « unique référence en matière musicale »[14]. À ce titre, il partage des combats politiques très engagés à gauche. En 1960, il signe par exemple le « Manifeste des 121 », déclaration sur le « droit à l'insoumission » dans le contexte de la guerre d'Algérie[14]. À cette époque, « polémiste redoutable », il s’exprime régulièrement de manière très critique contre des « personnages installés »[14].
À partir des années 1960, Boulez devient un chef d’orchestre de renommée internationale. Sa carrière se poursuit à l'Orchestre de la Résidence de La Haye[15], puis au Concertgebouw d’Amsterdam, notamment après la mort de Rosbaud. À Paris en 1963, il se charge de la célébration du cinquantenaire du Sacre du printemps dont l’enregistrement sera récompensé par l'Académie du disque. Ses représentations de Wozzeck faciliteront son engagement à Bayreuth en 1966 pour la production de Parsifal, son opéra fétiche[14]. Il devient alors de plus en plus difficile pour lui de refuser les offres qu’on lui propose à la tête des plus grandes formations et les contrats vont désormais s’enchaîner avec l'Orchestre de Cleveland en 1967, puis avec l'Orchestre symphonique de la BBC de 1971 à 1975, en alternance avec l'Orchestre philharmonique de New York, où il succède à Leonard Bernstein, de 1971 à 1978 et, plus tard, avec l'Orchestre symphonique de Chicago en 1995.
Après André Cluytens de 1955 à 1958, et avant Alain Altinoglu en 2015, il est le second chef français à être invité au Festival de Bayreuth à diriger la musique de Richard Wagner. En 1966, 1967, 1968 et 1970, il choisit d'y interpréter l'opéra en trois actes Parsifal produit par Wieland Wagner[16].
De 1976 à 1980, il revient à Bayreuth pour diriger une nouvelle version du Ring mis en scène par Patrice Chéreau. Si, en s'écartant de l'imagerie et de l'interprétation traditionnelles, la mise en scène de Chéreau a causé un scandale lors des premières représentations en 1976, elle a finalement gagné l'assentiment de tout le public du festival et a été saluée par quatre-vingt-cinq minutes d'applaudissements et cent-un levers de rideau lors de la dernière représentation, le [17].
Sur le plan discographique, ses interprétations du Sacre du printemps de Stravinsky, de l’opéra Wozzeck d’Alban Berg ou de la Tétralogie de Richard Wagner, aux côtés de Patrice Chéreau, deviennent une référence dans le monde musical[10].
À la demande du président Georges Pompidou, Pierre Boulez fonde en 1976-1977 deux institutions dont les coûts sont entièrement pris en charge par des subventions publiques[14] : l’Ircam (Institut de recherche et coordination acoustique/musique) ainsi que l’Ensemble intercontemporain, formation de 31 solistes vouée à l'exécution de la musique contemporaine. C’est dans les studios de l’Ircam qu’il compose Répons, œuvre spatialisée pour ensemble instrumental et dispositif électroacoustique en temps réel. Il est également impliqué dans les grands chantiers de l’Opéra Bastille, la Cité de la musique et la Philharmonie de Paris[10]. Par la suite, l'influence croissante qu'il exerce en France sur le monde de la musique contemporaine lui valent des critiques qui dénoncent un « système d'influences » et, d'une manière générale, son rôle d'« homme de pouvoir »[14],[18]
En 1979, il dirige Lulu d'Alban Berg à l'Opéra de Paris dans la version complétée par Friedrich Cerha. En 1992, Il reprend Pelléas et Mélisande à Cardiff avec le metteur en scène Peter Stein, qu'il retrouve en 1995 à Amsterdam pour une nouvelle production de Moïse et Aaron. Puis il dirige de nouveau Parsifal en 2004 dans la mise en scène controversée de Christoph Schlingensief. Interrogé sur les idées iconoclastes de ce dernier, il déclarera : « Il vaut mieux avoir trop d’imagination que pas assez ».
En 1988, dans le cadre du festival d'Avignon, il dirige Répons en plein air à la carrière Boulbon et est le compositeur invité du centre Acanthes, à Villeneuve-lès-Avignon, où il donne une série de cours de direction d'orchestre à de jeunes musiciens[19]. La même année, les thèmes concernant le rythme, la mélodie, le timbre, l’harmonie, le matériau et la forme sont abordés dans une série de six films pédagogiques « Boulez XXe siècle » réalisés par Nat Lilenstein. Soucieux de transmettre son expérience, il dirige également à plusieurs reprises des ensembles tels que l'Orchestre des jeunes Gustav Mahler ou celui de l’Académie du festival de Lucerne qui permettent à des apprentis-musiciens de se familiariser avec le travail collectif et à la vie professionnelle.
Dans les dernières années il souffre d'un glaucome et d'autres symptômes neurodégénératifs[20]. À l'automne 2010, une opération à l’œil l'oblige à annuler ses concerts en tant que chef pour plusieurs mois. S'il remonte par la suite à quelques occasions sur un podium, il ne donne plus de concerts à partir de 2012.
Fondateur de l'académie du Festival de Lucerne en 2004, Pierre Boulez met fin à son enseignement en 2015, mais reste directeur artistique de l'Académie[21].
Il meurt le à l'âge de 90 ans à Baden-Baden[22]. Il est inhumé dans le cimetière principal de la ville[23].
Au début des années 1950, influencé par le « Mode de valeurs et d’intensités » d'Olivier Messiaen (1949), Pierre Boulez s’oriente vers un sérialisme généralisé.
Parmi les œuvres les plus marquantes du sérialisme généralisé il est possible de citer : Polyphonie X (1950) pour 18 instruments, les deux études de musique concrètes (1951) et Structures pour deux pianos[24]. Structures est aussi une étape clé pour Boulez. Comme c'est l'une des plus visibles de ses œuvres totalement sérialisées, elle a focalisé les critiques. György Ligeti, par exemple, a publié un article qui examine les normes de durée, de dynamique, les attaques en grand détail. Il en conclut que son ascétisme est proche de la compulsion et lui recommande de rompre avec cela. Cette remarque a conduit Boulez à créer le monde sensuel et félin du marteau[25].
Le Marteau sans maître, œuvre pour ensemble et voix a été écrit de 1953 à 1957. Sur des poèmes de René Char, elle est créée en 1955 à Baden-Baden[10]. Elle est considérée à la fois comme l'œuvre la plus accomplie du sérialisme et comme une pièce maîtresse de la musique du XXe siècle[24].
« Pourquoi composer des œuvres destinées à chaque exécution ? Parce qu'un déroulement fixe d'une manière définitive m'a paru ne plus coïncider exactement avec l'état actuel de la pensée musicale, avec l'évolution même de la technique musicale qui, à vrai dire, se tourne de plus en plus vers la recherche d'un univers relatif, vers une découverte permanente — comparable à une “révolution permanente”. »
— Pierre Boulez, « Sonate, que me veux-tu ? », 1963[26]
Pierre Boulez ne sera jamais un musicien "du hasard" ou d'un "aléa" au fondement d'une œuvre. Il reste, de ce point de vue, dans une appréhension historiquement "classique" de la composition et de son contrôle, composition combinatoire dans laquelle il va introduire non plus une seule direction ou possibilité, mais plusieurs, au choix de l'interprète (sonate pour piano no 3, Éclat/Multiples…). Cette flexibilité du matériau musical dans un réseau de possibilités créant plusieurs lectures d'une même œuvre au choix de l'interprète (parties de l‘œuvre ou paramètres du son, hauteurs, nuances...) sera aussi expérimentée aux mêmes époques dans les années 1950 et 1960 par d'autres compositeurs comme Karlheinz Stockhausen, Luciano Berio..
En effet à partir de sa Troisième sonate pour piano, Boulez expérimente ce qu'il appelle la chance contrôlée dont il développe les vues dans les articles[27] « Aléa » et « Sonate, que me veux-tu ? » Il expérimente cette démarche en partie en réaction aux techniques de composition aléatoire de John Cage auquel il reproche, dans l'article « Aléa »[28], l’usage peu contraignant d’un « hasard par inadvertance ». Il introduit une part de hasard nettement plus contrôlé dans ses œuvres dès 1957 en laissant à l'interprète le choix d'interpréter ou non certains fragments, ou de changer leur ordonnance, se trouvant en cela une parenté d’inspiration avec Stéphane Mallarmé ; en particulier la typographie particulière du poème Un coup de dés jamais n'abolira le hasard ou la structure en feuillets mobiles du « Livre », ouvrage posthume dont Jacques Scherer avait publié les notes la même année.
Boulez a été particulièrement influencé par la littérature et notamment la poésie, comme beaucoup de compositeurs de son temps[29]. Le titre de ses compositions peut en témoigner : Le Soleil des eaux, Le Marteau sans maître et Le Visage nuptial sont empruntés à René Char ; Poésie sans pouvoir à Henri Michaux et Explosante-fixe à André Breton. D’autres œuvres réfèrent à des poètes : c’est le cas de Deux improvisations sur Mallarmé et de Pli selon pli. Portrait de Mallarmé.
Parallèlement à son projet avec l’Ircam et à son propre travail de compositeur, Boulez entame ses cours au Collège de France qui l’occuperont de 1978 à 1995 et siège à la Fondation Hugot du Collège de France dès sa création jusqu'en 1995. « L’opacité voire l’hermétisme des cours tels qu'ils ont paru dans Jalons (441 pages d'une densité toute boulézienne) ont découragé ou retardé l'appropriation des défis posés par ces articles. De plus, l'absence d'exemples musicaux et la pénurie relative de références à des œuvres musicales n'ont certainement pas manqué de dérouter le lecteur » note Jonathan Goldman dans un article de 2003[30]. Dans la préface de la seconde édition des Leçons de musique, ce dernier donne une liste d’expressions duales utilisées par Boulez — par exemple figure/structure, formel/informel, temps lisse/temps strié, déterminisme/incertitude, etc. — qui témoignent de la volonté de son auteur de mieux cerner les enjeux de la composition, de l’interprétation et de la perception.
Sur la quatrième de couverture des Leçons de musique, qui regroupent une grande partie des leçons données par Boulez au Collège de France[31], on peut lire ceci : « De 1976 à 1995, il a occupé au Collège de France la chaire Invention, technique et langage. » Puis sont citées quelques-unes des questions qui occupaient Boulez et qui ont précisément jalonné ses cours :
« Comment naît l'idée musicale ? Comment passe-t-on de l'idée à sa réalisation ? Quels sont, dans l'acte d'invention, les rapports entre le métier et l'imagination ? La mémoire risque-t-elle d'occulter la création ? Peut-on parler d'authenticité en musique ? »
Au long de ces années, Boulez y aborde des thèmes tels que la mémoire, la création, l'idée et la naissance de l'idée, la notion de thème et son évolution au sein de l'œuvre musicale, l'œuvre comme un tout ou comme fragment, et d'autres notions dont on peut avoir un aperçu assez clair dans les résumés en ligne[32].
Dans le domaine de la direction, son premier maître est Roger Désormière, pour qui la précision et la transparence sont les plus nobles qualités de cet art[33].
Le répertoire de prédilection de Pierre Boulez, correspond avant tout aux œuvres des compositeurs qui ont nourri son propre imaginaire et qu’il évoque le plus souvent dans ses articles, à savoir Berlioz, Debussy, Stravinsky et les membres de la seconde école de Vienne, Schönberg, Berg et Webern (dont il enregistre l’intégrale à deux reprises). Boulez est également particulièrement connu pour ses interprétations de Ravel, Bartók, Messiaen et Varèse. Quant à Mahler, peu fréquenté au début de sa carrière, il grave en 1970 Das klagende Lied puis, à partir de 1994, entreprend l'enregistrement de toutes ses symphonies. Mais, dans ce cas aussi, l’intérêt qu’il y porte est motivé par ses propres préoccupations de compositeur à l’époque où il enseigne au Collège de France, attribuant aux symphonies mahlériennes « une forme narrative qui crée au fur et à mesure les articulations formelles dont elle a besoin pour progresser et se déterminer », tandis que germe dans son esprit le développement en « spirale » de Répons.
Boulez dirige également un répertoire plus contemporain (ainsi Luciano Berio, György Ligeti ou encore Elliott Carter), mais ressent pour cela le besoin d’avoir un ensemble de solistes qui puissent s’adapter à toutes sortes de stylistiques. Son contact avec les orchestres et les institutions de la musique à l’étranger, en particulier avec le London Sinfonietta, lui inspire l’idée de l'Ensemble intercontemporain (EIC), créée en 1976, avec l’appui de Michel Guy, alors secrétaire d’État aux Affaires culturelles. Grâce à son installation dans les locaux de l'Ircam puis, plus tard, dans ceux de la Cité de la musique, cet ensemble composé d’une trentaine de musiciens collabore étroitement avec les compositeurs et va devenir l’un des plus remarquables en matière d’interprétation des œuvres du XXe et du XXIe siècle, poursuivant et perfectionnant pour ainsi dire pendant plusieurs décennies l’aventure du Domaine Musical.
Après les productions de Wozzeck et de Parsifal en 1966, l'intérêt de Boulez pour l'opéra reste vivace. Il enregistre pour CBS Pelléas et Mélisande en 1969, puis Moses und Aron en 1975.
Dans sa carrière, il lui arrive de collaborer avec des personnalités d’autres domaines artistiques comme les chorégraphes Pina Bausch, Maurice Béjart ou lors du spectacle équestre « Triptyk » de Bartabas. Il dirige également des compositeurs que l’on imagine plus éloignés de son domaine de prédilection, comme Frank Zappa[34] ou, plus récemment, Bruckner, Karol Szymanowski, Leoš Janáček et son opéra De la maison des morts, pour lequel il retrouve Patrice Chéreau, et même André Jolivet à l’occasion du centenaire de la naissance du compositeur.
Le catalogue des œuvres de Pierre Boulez est assez court, car il n'a cessé de remettre ses compositions sur le métier pour les retravailler. Certaines ont ainsi subi de nombreux remaniements (Pli selon pli, …explosante-fixe…). Par ailleurs, de nombreuses compositions sont restées en permanence « inachevées » (3e sonate, Livre pour quatuor), et d'autres ont même été reniées par leur auteur (Polyphonie X). Tout ceci complexifie l'établissement d'un catalogue clair et compréhensible. Ne sont citées ici que les compositions importantes, celles demeurées au catalogue :
En 1960, il compte au nombre des signataires du Manifeste des 121.
Boulez a reçu au cours de sa vie 27 Grammy Awards[39] ainsi que les prix suivants :
Pierre Boulez était citoyen d’honneur de la ville de Baden-Baden, le titre lui ayant été remis le [45],[46] (et citoyen d’honneur en Allemagne depuis le [47]). Il a été nommé également membre d'honneur de l'Orchestre symphonique de la radio de Baden-Baden et Freiburg, le [48].
Après sa mort, deux salles de concert portant son nom ont été inaugurées :
Le centre musical de Montbrison porte son nom ; il est situé sur la colline du calvaire.
En astronomie, est nommé en son honneur (13602) Pierreboulez, un astéroïde de la ceinture principale découvert en 1994[51].
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