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émission simultanée de plusieurs sons différents De Wikipédia, l'encyclopédie libre
En musique, l'harmonie est le fait que divers sons perçus ensemble concordent ou vont bien ensemble : par exemple, lorsque la musique jouée par plusieurs instruments semble harmonieuse. De manière plus générale, c'est l'étude des relations note par note entre les diverses lignes mélodiques d'un morceau.
Dans la théorie de la musique occidentale, l'art de l'harmonie étudie la construction des accords, les principes qui les gouvernent et leurs enchaînements. On parle alors de l'aspect « vertical » (instruments simultanés) de la musique par opposition à la dimension « horizontale » (mélodie)[1].
Dans son acception la plus courante, relative aux simultanéités dans la musique, l'harmonie a suscité une abondante littérature, depuis Platon et Aristote, jusqu'à Hindemith ou Messiaen. Cependant, même dans ce domaine précis, le terme peut revêtir différentes significations — historiquement liées :
Le terme harmonie est dérivé du latin harmonia, signifiant initialement « arrangement », « ajustement », et désignant plus précisément la manière d'accorder la lyre, lui-même tiré d'un terme grec équivalent signifiant (dans ce sens) concordance, adéquation, harmonie.
C'est Olympos, fils d'Héraclès et d'Euboée, qui serait l’inventeur mythologique de l’harmonie[2].
Le mot provient du grec ἁρμόζω / harmózô, « joindre, faire coïncider, adapter, emboîter ». Dans son sens le plus large, le mot harmonie désigne traditionnellement une des quatre composantes de la musique — les trois autres étant le rythme, la mélodie et le timbre. L'harmonie relève de l'utilisation délibérée de fréquences simultanées, dans la perspective d'apporter relief et profondeur au chant ou au jeu instrumental : elle représente donc l'aspect vertical de la musique, tandis que la mélodie en représente l'aspect horizontal (relativement au sens de lecture d'une partition : la lecture horizontale décrit la succession de notes qui composent la mélodie, la lecture verticale décrit la ou les notes jouées simultanément).
L'harmonie dans son sens large inclut la polyphonie et s'oppose ainsi à la monodie médiévale, et, plus généralement à tout type de musique traditionnelle jouée ou chantée à l'unisson.
Un instrument de musique est dit « harmonique » ou « polyphonique » quand il est capable de jouer plusieurs sons simultanés et de créer des accords : comme la plupart des instruments à clavier (piano, orgue, clavecin, accordéon, harmonium, etc.), les instruments à cordes pincées de type luth, les instruments à cordes pincées ou frappées de type cithare. Les autres instruments sont le plus souvent mélodiques et ne peuvent produire qu'un son à la fois, mais certains instruments à corde peuvent produire deux sons en même temps[3].
L'usage éventuel de simultanéités délibérées sera qualifié « d'hétérophonie » plutôt que d'harmonie.
La notion d'harmonie est liée à une éducation de l'oreille, et soumise à une évolution historique : ainsi les auditeurs du XXIe siècle auront du mal à entendre un accord de neuvième comme dissonant, alors même que ce type d'accord était proscrit à l'ère baroque. Ce n'est d'ailleurs qu'au cours du Moyen Âge que les intervalles de tierce — base de l'harmonie classique — ont été considérés comme consonants. Auparavant, seuls l'unisson, l'octave, la quinte et la quarte l'étaient.
Pour comprendre la notion d'harmonie, il faut se reporter au phénomène sonore lui-même. Chaque son émis par un corps sonore mis en vibration — corde, peau, métal, etc. — produit une note fondamentale que l'oreille perçoit et dont on peut aussitôt identifier la hauteur. Dans le même temps, sont émis d'autres sons, appelés harmoniques, que l'on peut entendre par exemple en écoutant une note sur un piano au cours de son évolution : les sons harmoniques deviennent progressivement perceptibles à l'oreille lorsque la fondamentale s'atténue.
Mais l'explication des origines de l'harmonie par l'acoustique et les harmoniques du son fondamental a ses limites : ainsi, dans la théorie de Rameau, l'accord parfait mineur — do mi bémol sol — est une sorte d'anomalie, puisque le mi bémol n'est pas un des harmoniques de do. On peut remarquer cependant que ces trois notes ont beaucoup d'harmoniques communs : ainsi le cinquième harmonique de mi bémol est le sol, qui est aussi un des harmoniques de do (et de sol, bien sûr).
Parmi les différentes civilisations antiques, la civilisation grecque mérite d'être traitée à part en matière de musique, d'une part parce qu'un certain nombre de textes décrivant et commentant son système et sa pratique, sont parvenus jusqu'à nous, d'autre part parce qu'elle a souvent servi de point de départ aux théories savantes sur la musique médiévale. À ce titre, la musique de la Grèce antique peut être considérée comme l'une des sources de la musique occidentale, mais aussi de la musique classique arabe, même si les théoriciens médiévaux interprétaient ce qu'ils savaient de la musique grecque.
Dans l'Antiquité, la musique était monodique et le son était donc un élément simple sans aucune notion d'accord[5]. Ce qui n'empêchait pas de jouer des simultantéités sonores — au moins en ce qui concerne certains instruments qui se prêtaient à ce type d'expérience : l'aulos (en duo avec un chanteur), la lyre, la harpe, etc.
Ce n'est qu'au milieu du Moyen Âge que va se produire ce grand bouleversement qu'est la naissance de la notation musicale. La tentative de fixer la musique sur le papier entraînera l'invention du solfège — qui ne trouvera sa forme définitive qu'à la Renaissance — ainsi que le développement du concept de partition, ceci, au détriment de la mémoire et de la transmission orale.
La Renaissance marque la transition entre la polyphonie et l'homophonie, et entre le système modal médiéval et le système tonal du siècle suivant — XVIIe siècle. C'est, somme toute, l'apparition de l'harmonie au sens strict et contemporain du terme lequel, rétrospectivement, implique qu'il n'y avait à proprement parler pas d'harmonie auparavant : la musique médiévale était polyphonique, la notion d'accord lui était étrangère et elle n'effectuait donc aucun travail sur l'enchaînement des accords.
En musique classique, l'harmonie peut désigner la simple utilisation d'accords, on parle alors de polyphonie (système musical en usage de la fin du Moyen Âge à la fin de la Renaissance). Dans son sens le plus étroit, elle désigne la discipline étudiant la disposition et l'enchaînement des accords. Elle est alors qualifiée de « tonale » puisqu'elle est indissociable du système tonal en tant que système d'écriture musicale. L'harmonie classique ou tonale est le système musical qui se substitue à la polyphonie à partir du XVIe siècle, et qui, durant plus de trois siècles, restera le système de référence de l'écriture des simultanéités dans la musique occidentale savante.
L'harmonie n'est pas seulement une théorie statique visant à classifier les accords selon certaines règles, que celles-ci soient naturelles — c'est-à-dire fondées sur des harmoniques communs — ou bien artificielles — c'est-à-dire fondées sur l'éducation de l'oreille et le goût d'une époque. L'harmonie, c'est aussi l'étude des enchaînements d'accords, qui, en utilisant notes de passage, retards, dissonances passagères, permet de structurer une œuvre de musique tonale. Écrire l'histoire de l'harmonie, de Monteverdi à Schönberg, c'est quasiment écrire « l'histoire de la musique tonale ».
La notion d'accord, en tant que simultanéité sonore synthétisée, donc perçue comme une unité spécifique, succède à celle d'intervalle harmonique en usage depuis le Moyen Âge. En harmonie tonale, un accord est une entité particulière, définie comme une combinaison simultanée d'au moins trois notes de noms différents, disposées au départ sous la forme d'une superposition de tierces.
Le contrepoint est de plus en plus en retrait. Il subsistera toutefois en tant que discipline enseignée dans les conservatoires et écoles de musique, afin de contribuer à la formation des musiciens.
La pierre angulaire du système tonal est le principe de « tension-détente » condensé dans la cadence parfaite, à savoir, succession d'un accord dissonant, chargé de tension, et d'un accord consonant ou accord stable — accord parfait — apportant la détente.
En harmonie tonale, une pièce musicale peut être notée sur seulement deux portées, la première affectée à la mélodie, la deuxième, à la basse, avec, entre les deux, un certain nombre de chiffres figurant les accords à réaliser sur un instrument harmonique — clavecin, luth, etc. Ce procédé, très en vogue à la période baroque, est appelé « basse continue ».
Au début du XXe siècle, l'harmonie classique perd le monopole de l'écriture musicale savante. Elle évolue alors dans plusieurs directions divergentes.
Les structures traditionnelles sont remises en question par bon nombre de compositeurs — Debussy, Schönberg, etc. Le système tonal éclate, les anciennes échelles sont souvent abandonnées, etc. Dans les nouveaux systèmes inventés de toutes pièces — musique sérielle, musique aléatoire, musique concrète, etc. — l'harmonie classique ne trouve plus sa place. Celle-ci en effet peut difficilement survivre en dehors de la tonalité et des échelles traditionnelles, échelle diatonique et échelle chromatique.
Lorsque les compositeurs font le choix de travailler dans la musique tonale, ou modale, ou tout au moins, dans des gammes reproductibles sur l'échelle chromatique habituelle, ils utilisent parfois l'harmonie, mais ne manquent pas de faire évoluer celle-ci, au gré de leur inspiration ou de leurs recherches : par exemple, en inventant de nouveaux accords, toujours plus chargés : accords de six notes, accord de sept notes, ou encore, en trouvant des simultanéités inanalysables selon les règles classiques — simplement appelées agrégats.
L'harmonie classique telle qu'elle s'est développée du XVIIe au XIXe siècle subsiste, cependant elle n'a pas pris en compte les évolutions du XXe siècle : elle s'arrête généralement à l'étude des accords de cinq notes. Celle-ci est désormais devenue une discipline enseignée dans les conservatoires et les écoles de musique, au même titre que la composition ou le contrepoint. Ces trois disciplines sont regroupées dans les conservatoires dans les classes dites "d'écriture".
Les ressources de l'harmonie classique sont également adoptées par le jazz, et les musiques populaires plus ou moins apparentées à ce genre musical : blues, rock, variété, etc. Cette utilisation est effectuée cependant au prix d'un certain nombre d'aménagements, notamment en matière de notation des accords.
L'harmonie s'entend alors quasiment exclusivement verticalement, faisant abstraction du contrepoint. Les accords sont notés, non pas pour les notes qu'ils contiennent effectivement dans la partition, mais plutôt comme un champ de pôles d'attraction à un instant donné. C'est spécifiquement le cas dans la musique Jazz, où les accords, bien qu'ils contiennent en théorie un grand nombre de notes, ne sont en réalité que réduits à des formes contractées, où seules les dissonances, qui donnent la couleur spécifique d'un accord sont jouées.
Une harmonie peut ensuite renvoyer à un ensemble de sons agréables à l'oreille (successifs ou simultanés), évoquant une « musique harmonieuse ». Par exemple : « l'harmonie » du chant des oiseaux.
En poésie, on peut parler également de « l'harmonie » d'un vers, pour en désigner les effets sonores — rimes, assonances, allitérations ou consonances, accents toniques, intonation prosodique, etc.
Une harmonie — ou orchestre d'harmonie — est un orchestre composé, pour l'essentiel, d'instruments à vent : bois et cuivres. S'y ajoutent des percussions et quelques instruments à cordes (contrebasse à cordes, harpe, parfois piano).
Le terme Harmonie peut cependant recevoir plusieurs autres significations, en relation ou non avec la musique et les sons, c'est-à-dire qu'outre l'oreille, il s'adresse aux yeux et constitue une appréciation de la valeur agréable dans la communication de caractère général. Communication picturale, architecturale dans les arts, et relationnelle dans les sociétés. De manière très générale, le mot harmonie signifie « bonnes relations », « concordance », « entente », entre des personnes ou des personnes et des objets.
Du point de vue philosophique, en particulier dans la Grèce antique, on peut considérer l'harmonie comme le fait pour tous les éléments d'un tout d'être à la place qui leur est destinée, de telle sorte que le tout est meilleur que la somme des parties. L'harmonie est ainsi une propriété structurelle de ce tout.
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