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Das Lied von der Erde (Le chant de la Terre) est une « symphonie pour ténor, alto (ou baryton), voix et grand orchestre » composée par Gustav Mahler d’après Die chinesische Flöte de Hans Bethge. Il s’agit d’une suite de six lieder interprétés successivement par les deux chanteurs solistes. Les textes furent revus par Mahler selon son habitude.
Das Lied von der Erde Symphonie pour ténor, alto (ou baryton), voix et grand orchestre | |
Gustav Mahler à Vienne en 1907 | |
Genre | Symphonie (ou Cycle de mélodies orchestral) |
---|---|
Nb. de mouvements | 6 |
Musique | Gustav Mahler |
Texte | De Die chinesische Flöte de Hans Bethge |
Effectif | Orchestre symphonique - Contralto - Tenor |
Durée approximative | Environ 60 minutes |
Dates de composition | 1908 à 1909 |
Création | Munich |
Interprètes | Bruno Walter (dir.) |
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Les six poèmes articulés dans cette œuvre ont été adaptés par Hans Bethge et sont les suivants :
La durée de l'ensemble, soixante minutes environ, autorise le terme de symphonie, que Mahler avait par ailleurs employé pour tenter de contourner une supposée malédiction de la neuvième symphonie.
Plusieurs poèmes de Li Bai, plus ou moins bien traduits et adaptés en allemand par Hans Bethge, furent publiés, avec d'autres poèmes, en 1907 sous le titre Die chinesische Flöte (La Flûte chinoise). Ce recueil passa dans les mains de Gustav Mahler alors qu'il traversait une très grave période de crise familiale (mort de sa fille à quatre ans), personnelle (découverte d'une faiblesse cardiaque) et professionnelle (démission forcée de son poste de directeur de l'Opéra de la Cour de Vienne). Son présent état d'esprit se retrouva dans ces émouvants poèmes qui chantaient la beauté de la Nature et l'éphémère vie des hommes et lui apportèrent une certaine consolation. Il mit alors en musique en 1907-1908 dans sa symphonie Das Lied von der Erde six poèmes chinois de l'Anthologie dont quatre de Li Bai : La Chanson à boire de la douleur de la Terre, De la Jeunesse, De la Beauté, L'Homme ivre au Printemps, respectivement premier, troisième, quatrième et cinquième mouvements de l'œuvre où la musique de Mahler épouse à merveille les poèmes de Li Bai.
Le grand orchestre symphonique est requis pour l'exécution du Chant de la Terre : une flûte piccolo, trois flûtes (la troisième doublant la partie de second piccolo), trois hautbois (le troisième doublant le cor anglais), trois clarinettes , une petite clarinette, une clarinette basse, trois bassons (le troisième doublant le contrebasson), quatre cors, trois trompettes, trois trombones, un tuba basse, des percussions (timbales, tam-tam, grosse caisse, cymbales, caisse claire, glockenspiel, triangle, et tambourin), un célesta, deux harpes, une mandoline et cordes.
En 1918/1920, Arnold Schönberg est amené à transcrire Le Chant de la Terre pour orchestre de chambre. Il ne peut terminer le projet et c'est seulement en 1983, que le musicologue Rainer Riehn (en) achève la transcription à partir des notes (sommaires), laissées sur une partition de l'œuvre. En janvier 2020, à Amsterdam, Reinbert de Leeuw enregistre sa propre réalisation de chambre (2010), avec Lucile Richardot et Yves Saelens, destinée à un effectif similaire aux ébauches de Schönberg, tout en conservant certains instruments indispensables à l’identité de l’œuvre, notamment « le contrebasson pour sa couleur morbide au début de « Der Abschied » et la harpe pour son timbre éthéré dans l’incarnation de l’idylle et de l’éternité. » Au sujet des qualités de cette réduction, de Leeuw précise que « L’instrumentation légère rend réalisable le pianissimo si souvent demandé par Mahler dans les parties vocales et donne vie de façon plus soutenue encore au symbolisme de la délicate poésie chinoise[1] ».
Das Lied von der Erde fut créé à Munich le sous la direction de Bruno Walter.
La toute première performance publique fut jouée le 20 novembre 1911 au Munich Tonhalle, chantée par Sarah Cahier (en) et William Miller, chanteurs américains, sous la direction de Bruno Walter. Mahler était mort six mois plus tôt, le 18 mai de la même année. Une autre des premières performances publiques, à Londres (probablement la première d'Angleterre), s'est jouée en juillet 1913 au Queen's Hall sous la direction de Henry Wood où elle fut chantée par Gervase Elwes et Doris Woodall. Wood aurait mentionné que la pièce était « excessivement moderne mais très belle ».
Biographe de Mahler, Henry-Louis de La Grange écrivait écrivait (1974) à propos de cette œuvre[2] :
« Dans ce moment unique de la musique occidentale, éclairée d’une lumière orientale qui pourrait, dans les premiers mouvements, faire l’effet d’un simple décor chinois, la consolation, la paix soufflent sur l’être humain, résolu à se fondre dans cette nature qui, éternelle, refleurit à chaque printemps. Comment un musicien a-t-il pu, avec des moyens aussi raréfiés – une voix d’alto répétant les deux mêmes notes, quelques instruments bien choisis, un accord parfait d’ut majeur et une sixte “ajoutée” – suggérer, en quelques mesures et de manière aussi forte, le temps et l’espace sans limites, et avec des accents tout à la fois si douloureux et pourtant habités d’espoir et de sérénité ? »
Allegro en la mineur, relatif de do majeur, le thème de l'ivresse, remède à toutes nos peines, s'ouvre en fanfare avec les cors sur un motif de trois notes répété à plusieurs reprises. Mais le répit ne dure qu'un temps, le leitmotiv de la triste réalité résonne une première fois sombre est la Vie, sombre est la Mort. L'espoir renait le firmament depuis toujours est bleu, la Terre longtemps encore fleurira au printemps. Développement où les états d'âme se suivent, du sentiment de révolte, à l'exaltation due au vin et enfin la prise de conscience douloureuse du monde tel qu'il est. Et le mouvement en conclusion reprend le leitmotiv résigné sombre est la vie, sombre est la mort.
Ce mouvement lent dépeint l'homme seul avec ses souvenirs qui laisse échapper quelques larmes car même à l'abri au sein de la nature, il ne trouve pas encore la sécurité intérieure.
Ce mouvement rapide et court qui fait office de scherzo avec les deux suivants, dépeint les paysages de la Chine un pavillon de porcelaine verte et un petit pont de jade, tel le dos courbé d'un tigre.
Suite narrative ou descriptive de trois épisodes « des jeunes filles sur les rives cueillent des fleurs de lotus », « parmi les branches galope une jeune et galante compagnie que les jeunes filles suivent des yeux avec nostalgie », « l'éclat de leurs grands yeux verts et la chaleur de leur regard sombre trahissent encore l'émotion de leur cœur ».
Un ivrogne chante trop haut et un oiseau vient annoncer le printemps, l'ivrogne proteste « que m'importe le printemps, laissez moi à mon ivresse ».
Sur un poème de Mong-Kao-Yen (Meng Haoran) dans l'attente de l'ami et un poème de Wang Wei l'adieu de l'ami. Le poète attend son ami au crépuscule pour gouter ensemble aux splendeurs du soir. L'ami arrive mais pour adresser au poète un éternel adieu. La coda superpose les tons d'ut majeur et la mineur laissant en suspens toute conclusion d'ordre terrestre sur des paroles du compositeur « la Terre adorée, partout, fleurit au printemps et reverdit : partout, toujours, l'horizon bleu luira ! Éternellement... Éternellement... » Cet ewig (éternellement) final est repris sept fois au son du célesta.
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